Matt. 27, 3-8 a écrit : 3 Tunc videns Iudas qui eum tradidit quod damnatus esset paenitentia ductus rettulit triginta argenteos principibus sacerdotum et senioribus 4 dicens peccavi tradens sanguinem iustum at illi dixerunt quid ad nos tu videris 5 et proiectis argenteis in templo recessit et abiens laqueo se suspendit 6 principes autem sacerdotum acceptis argenteis dixerunt non licet mittere eos in corbanan quia pretium sanguinis est 7 consilio autem inito emerunt ex illis agrum figuli in sepulturam peregrinorum 8 propter hoc vocatus est ager ille Acheldemach ager sanguinis usque in hodiernum diem
3 Alors Judas, qui L’avait trahi, voyant qu’Il était condamné, poussé par le repentir, rapporta les pièces d’argent aux princes des prêtres et aux anciens, 4 en disant : J’ai péché, en livrant le sang innocent. Mais ils dirent : Que nous importe ? c’est ton affaire. 5 Ayant jeté les pièces d’argent dans le temple, il se retira, et alla se pendre. 6 Mais les princes des prêtres, ayant pris les pièces d’argent, dirent : Il ne nous est pas permis de les mettre dans le trésor, parce que c’est le prix du sang. 7 Et ayant tenu conseil, ils en achetèrent le champ d’un potier, pour la sépulture des étrangers. 8 C’est pourquoi ce champ a été appelé jusqu’à ce jour Haceldama, c’est-à-dire champ du sang.
Il n'est pas tout-à-fait évident de concilier ces deux passages ; dans le premier Judas rend l'argent et ce sont "les princes des prêtres" qui achètent le champ, tandis que dans le second il semble que Judas garde l'argent et c'est lui qui achète le champ.Actes 1, 18-19 a écrit : 18 et hic quidem possedit agrum de mercede iniquitatis et suspensus crepuit medius et diffusa sunt omnia viscera eius 19 et notum factum est omnibus habitantibus Hierusalem ita ut appellaretur ager ille lingua eorum Acheldemach hoc est ager Sanguinis
18 Cet homme [Judas], après avoir acquis un champ avec le salaire du crime, se pendit et se brisa par le milieu, et toutes ses entrailles se répandirent. 19 Le fait a été si connu de tous les habitants de Jérusalem, que ce champ a été nommé dans leur langue Haceldama, c'est-à-dire, champ du sang.
Il n'est peut-être pas inutile de citer ici le commentaire de S. Augustin à ce sujet, cité dans la Catena Aurea :
S. Augustin, Sermon sur la Cène a écrit : Je regarde comme un effet particulier de la providence divine, que le prix de la vente du Sauveur n’ait pas tourné au profit des pécheurs, mais ait servi à procurer un lieu de repos aux étrangers, pour montrer que Jésus-Christ rachetait ainsi les vivants par le sang de sa passion, et qu’il sauvait aussi les morts au prix du même sang répandu. Le champ du potier est donc acheté avec le prix du sang du Seigneur. Or, nous lisons dans les Écritures que le genre humain tout entier a été racheté par le sang du Sauveur. Par ce champ, il faut donc entendre le monde enfler, et ce potier, qui doit avoir l’empire sur tout l’univers, est celui qui a formé du limon de la terre les vases de notre corps. C’est le champ de ce potier qui a été acheté avec le prix du sang de Jésus-Christ pour les étrangers sans famille, sans patrie, exilés, et errants sur toute la terre, et à qui le sang du Sauveur prépare un lieu de repos. Ces étrangers sont les chrétiens pleins de dévouement qui, renonçant au siècle, et ne possédant rien dans le monde, trouvent leur repos dans le sang de Jésus-Christ, car la sépulture de Jésus-Christ est le vrai repos du chrétien. " Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour la mort du péché, dit 1’Apôtre " (Rm 6.) Nous sommes donc des voyageurs en ce monde, et comme des étrangers sur cette terre. — S. Jér. On peut dire aussi que nous étions étrangers à la loi et aux prophètes, et que les mauvaises dispositions des Juifs ont été pour nous une cause de salut. — Orig. Ou bien, nous appelons ici étrangers, ceux qui demeurent séparés de Dieu jusqu’à la fin ; car si les justes ont été ensevelis avec Jésus-Christ dans le sépulcre neuf qui a été taillé dans le roc, ceux qui demeurent jusqu’à la fin étrangers à Dieu, sont ensevelis dans le champ de ce potier qui façonne la boue, champ qui a été acheté avec le prix du sang et qui est appelé pour cela le champ du sang : " C’est pourquoi ce champ est encore aujourd’hui appelé haceldama, c’est-à-dire le champ du sang ".