Un Saint Solitaire franciscain: Benoît-Joseph Labre

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Alexandre
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Doctrine spirituelle de saint Amon de Nitrie,Art.1: " Soyez attentifs sur vous-mêmes, et considérez que Notre-Seigneur Jésus-Christ, quoiqu'il fût Dieu, et par conséquent dans la splendeur et la gloire ineffable de sa divinité, a pourtant voulu s'abaisser profondément pour vous servir de modèle: prenant la forme de serviteur; embrassant la pauvreté et l'humiliation; souffrant toutes sortes d'opprobres; se laissant conduire à la mort avec la même douceur qu'un agneau sans former aucune plainte. c'est ainsi qu'il a voulu que nous apprissions de lui à souffrir avec patience et même avec une sainte joie les injures, les affronts, les contradictions, les coups et la mort même pour l'expiation de nos péchés, et qu'il veut que bien loin de nous élever contre ceux qui nous maltraitent, nous leur opposions de la douceur, l'humilité, et tout au moins le silence."

Chan. Beaudenom, "formation à l'humilité", p.127: "De l'action de l'humilité: ...C'est à travers ses larmes que passe la miséricorde; c'est sur son front courbé que descend le pardon. C'est elle qui fait disparaître notre triste personnalité, pour mettre Jésus à sa place..."

"Rome.
Le Pauvre des quarante heures.


L'attrait de Rome.

Le Pèlerin sans cesse en mouvement avait un port d'attache, sinon, une résidence habituelle: c'était la ville éternelle, vers laquelle il était dirigé au sortir de Sept-Fons, où tout le monde connaissait, sans avoir son nom, le saint Pauvre des quarante heures, où il devait mourir et garder jusqu'à nos jours, avec son tombeau, une immense popularité.
Ce n'étaient certes pas les souvenirs de la Rome païenne qui y avait attiré Benoît Labre, encore ses études latines l'eussent préparé à entendre les voix de ses ruines. Que lui importaient les triomphes sans lendemain évoqués par la Via Sacra ou les arcs monumentaux de Titus, de Septime-Sévère ou de Constantin? la majesté du Sénat de l'éloquence de Cicéron, qu'eussent rappelé à un humaniste les vestiges de la Curie ou des Rostres, éveillait en son esprit une vague réminiscence des leçons du presbytère d'Erin. Ce n'est pas lui qui aurait pleuré l'écroulement de temples païens ni des statues de leurs faux dieux, pas plus que la désaffection des Thermes. Marc-Aurèle lui-même, le sage empereur, philosophant du haut de son cheval de bronze, sur la lace du capitole, n'était pour lui qu'un odieux persécuteur. tout ce qui était, en un mot, la Rome antique, loin d'exercer sur lui cette "force d'avertissement" qui, d'après Montaigne, émane des lieux qui furent témoins de grandes choses, produisait sur lui la même impression de futilité et de vanité que lui avaient donné naguère les textes des auteurs païens.
Ce n'était pas les chefs-d'oeuvre artistiques de la Renaissance, ni les trésors, périssables et frivoles à ses yeux, accumulés par un Jules II ou un Léon X qui le séduisait.
Mais la cité des premiers chrétien et des confesseurs de la foi, la Rome éternelle de Pierre et du Vicaire de Jésus-Christ, alors le pape Clément XIV, la capitale spirituelle de la Chrétienté, le coeur de l'Eglise, dont chacun des sanctuaires fleurissait sur la tombe d'un martyr, et dont les 170 000 fidèles professaient la plus fervente dévotion: voilà ce qui faisait tressaillir de bonheur l'âme de l'enfant de l'Artois tandis qu'il faisait ses premiers pas dans la ville pontificale, le 3 décembre 1770.
Il arrivait de Lorette et d'Assise, après une marche pénible à travers la montagne pendant la saison pluvieuse.
Par une faveur réservée aux pèlerins français, il fut reçu, dès son arrivée, à l'hospice de Saint-Louis-des Français. Notre église nationale, à la belle façade de la Porta, desservie, alors comme aujourd'hui, par des chapelains français, était en effet, à cette époque, dotée d'un asile destiné aux pèlerins français pauvres ou malades.
Mais c'était trop confortable au gré de notre saint Pénitent: dès les premiers jours il en sortit, t choisit pour gîte nocturne un trou de muraille situé près du palais du Quirinal, à la suite du corps de garde. Plusieurs mois durant, l'abbé Carézani, qui passait chaque matin de bonne heure par la place de Monte Cavallo, se dirigeant vers Saint-Sylvestre, le considéra dans cette sorte de niche. A ses signes de croix et à son attitude de prière, il soupçonna un serviteur de Dieu. Les soldats du quartier, de leur côté, le contemplaient avec pitié sans que celui-ci leur prêtât attention. Le jeune abbé Rossi, passant là régulièrement pour se rendre au cours de théologie, le remarqua, saluant de signes d'amour, au risque de provoquer les moqueries des passants ou les algarades des gardes suisses, une image de la Madone: cette dernière était une mosaïque aux couleurs vives de la Vierge, dont Grégoire XIII avait voulu orner le fronton du donjon de l'horloge de son palais: deux falots dorés renfermaient des lampes qui brûlaient continuellement devant elle.
La multiplicité des images de Marie suspendues dans les rues et aux carrefours de la ville, non moins que dans les magasins, les hôtelleries ou les maisons particulières, et munie d'une lampe, étaient un des spectacles qui avaient le plus touché le Pèlerin. Le voyageur moderne en compterait six ou sept encore dans la seule rue Coronari, près de la place Navona. C'est d'elle qu'au siècle dernier, Renan, venu à Rome, avouait-il, "prévenu contre la religion méridionale", écrivait à Berthelot: "Eh bien, mon ami, les Madones m'ont vaincu: j'ai trouvé dans ce peuple, dans sa foi, dans sa civilisation, une hauteur, une poésie, une idéalité incomparables." Devant elles, Benoît Labre s'arrêtait, se livrait à force démonstrations de dévotion.
Ses allées et venues à Rome, les premiers jours, durent être un peu incertaines. Peu à peu, et nonobstant l'isolement volontaire où il se retranchait, il acquit la connaissance des principaux sanctuaires, et des dates et des heures de leurs cérémonies, que publiait le journal des fonctions."
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Alexandre
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"Au Colisée
A partir de 1772, sa retraite habituelle pour la nuit devint le Colisée.
Ce n'était pas seulement la commodité des ruines ni la solitude qui avait attiré Benoît Labre vers cette retraite, dont les abords n'avaient alors rien de moderne Via dell' impero, mais selon l'expression de Louis Veuillot dans " le Parfum de Rome, "un asile en un recoin de cette arène où combattirent ceux qui ont vaincu le monde."
Là, une croix plantée au milieu de l'amphithéâtre et que Michelet devait un jour saluer d'un coeur ému, en s'avouant "vaincu par elle", évoquait les souffrances et les humiliations du Rédempteur. Là étaient tombés, sous la griffe et la dent des lions et des tigres et dans la sublime beauté du sacrifice, Ignace d'Antioche, Eustache, Martine, Prisque, et des légions de martyrs, jeunes gens et vieillards, femmes et vierges craintives. La pensée des flots de sang versées là pour la foi, et du céleste sourire porté là par les athlètes de Jésus-Christ sous les sarcasmes et les cris de haine de 80 000 païens stimulait sa soif d'immolation. Approchant ses lèvres de la poussière sacrée, il demandait, devançant d'un siècle la sublime prière de la petite sainte de Lisieux, la grâce d'être martyr pour Jésus.
Il s'installa d'ordinaire sous l'arcade XLIII, dans une anfractuosité où il se fit un lit de foin et de fougère.
"Que faites-vous là?"lui demanda un passant.
-"Je fais la volonté de Dieu!"
L'abbé Rossi, l'abbé Reder, en voyant prier celui qu'ils appelaient "le Pauvre du Colisée", conjecturèrent qu'il accomplissait un pieux pèlerinage de pénitence.
Quatorze stations du chemin de croix avaient été, vingt-cinq ans auparavant, inaugurées autour de l'arène par saint Léonard de Port-Maurice, et la Confrérie des Amants de Jésus et de Marie, fondée par le même saint Franciscain, les parcouraient processionnellement, les dimanches et jeudi de chaque semaine. Benoît suivait toujours ce saint exercice. Aux accents du narrateur sacré, il versait des larmes à l'unisson avec Véronique et les saintes femmes; dans sa soif de réparation pour ses propres péchés et pour ceux des hommes, il suppliait le divin Maître de faire peser sur ses épaules à lui, nouveau Cyrénéen, sa croix rédemptrice. N'aspirait-il pas à faire toute sa vie un nouveau calvaire de douleur et d'ignominie? N'apparaissait-il pas à des témoins tels que le jésuite espagnol Ibarra comme un Ecce homo?
Que de fois ne le revit-on pas refaire seul ce chemin de la croix au Colisée, selon que Gagliardi l'a représenté dans un magnifique tableau exposé aujourd'hui dans la chambre mortuaire du Saint? La gravure populaire se plut à le voir pratiquant cet exercice la nuit, sous un rayon de lune qui lui rappelait le sinistre abandon du Jardin des Oliviers.
D'autres fois, on le voyait gravir lentement la Via Bonaventura, qui s'incurve au flan du Palatin, puis, parvenu au sommet et dans l'étroite avenue du couvent, y parcourir les stations qu'on y voit encore encastrées dans les deux murs latéraux.
La même dévotion de Benoît Labre à la Passion le rendit assidu à visiter la Scala Santa, escalier de marbre du palais de Pilate, parcouru quatre fois par le Sauveur dans la matinée du Vendredi Saint.
Il y venait à l'heure où la sieste des Romains favorisait la solitude et où les rayons brûlants du soleil rendaient tout exercice particulièrement pénible. Il gravissait à genoux les marches sacrées,méditant longuement à chacune, accompagnant par la pensée, son doux Maître bafoué, condamné injustement, flagellé, couronné d'épines. Soudain ses gémissements éclataient librement: se croyant seul, il arrosait les degrés de ses sanglots, les couvraient de ses baisers d'amour et de repentir,; il se frappait la poitrine comme étant celle d'un pécheur et d'un bourreau."

Chan. Beaudenom, "formation à l'humilité": "L'Anachorète. C'est un saint Antoine, un saint Pacôme, un saint Hilarion... Suivons-le dans le désert.Oubli et silence autour de lui! -Le regard de Dieu est le seul astre qui éclaire ses voies-prières presque continuelles-Sommeil et nourriture mesurés juste assez pour éloigner la mort.-Effrayantes mortifications de tous les jours, de toutes les nuits, de la vie entière! ..."

Doctrine spirituelle de saint Amon de Nitrie, art.13: " Jésus-Christ vous a racheté par son sang; ainsi vous n'êtes plus à vous, mais vous lui appartenez. Cela étant, vous devez lui être soumis comme une bête de charge très douce et très soumise au maître à qui elle lui appartient. Mourez donc à vos passions, à votre volonté, à la concupiscence, pour vous soumettre docilement à ce divin Maître, sous la puissance duquel vous êtes, et dont vous devez suivre la volonté et non pas la vôtre. Veillez aussi sur vous, comme étant à tout moment sur le point d'être ou attaqué par la tentation, ou éprouvé par la tribulation; et soyez toujours déterminé à vous y soutenir avec un courage et une ardeur généreuse, étant persuadé qu'on n'entre dans le ciel qu'après avoir passé par de grandes épreuves."
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Alexandre
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"A l'oeuvre Evangélique

Un charitable prêtre, l'abbé Stuter, qui avait conduit le saint Pauvre du Quirinal au Colisée, l'agrégea à l'Oeuvre Evangélique, dont il était l'apôtre. Celle-ci consistait à réunir à jours fixes un certain nombre de pauvres: des ecclésiastiques les conduisaient à des exercices variés, prédications, prières publiques: après quoi ils leur distribuaient l'aumône.
De même Benoît participait à la Mission perpétuelle, dite Mission Urbaine, qui voyait les membres de diverses confréries, entourés de foules qu'ils avaient racolées dans leurs quartiers, se réunir, durant un mois, successivement en douze églises de la ville.
Familiarisé maintenant avec la langue italienne par les catéchismes et les prédications, il ne perdait pas un de ces exercices.
Il admirait ces pieuses industries du zèle apostolique, et rayonnait de joie devant leurs consolants résultats. Belle Rome! sainte Cité! répétait-il dans ses transports. Quant aux Romains, ils se demandaient quel pouvait être ce pauvre d'une pitié et d'une vertu si hautes, ce Français d'une telle majesté qu'on l'appelait le "Monsieur": d'où sortait-il, et que faisait-il à Rome?" C'est certainement un grand Saint" répondait le P.Bertarelli, du couvent de Saint-Côme."Voyez ce pauvre, s'écriait une femme: comme il est beau, comme il est bon! Il semble vraiment en Jésus!"
C'est la même remarque que put faire le peintre lyonnais André Bley. Un jour de 1778, comme il méditait le grand tableau de la Vocation de saint-Pierre, ayant rencontré le jeune homme, "mis en mendiant, dit-il, et portant une petite barbe rousse", il pensa aussitôt que sa tête pourrait bien lui servir pour celle du Christ qu'il avait à faire. Il l'accosta, le supplia. L'autre se résigna, par charité à titre de compatriote, et , considérant l'étude achevée après trois ou quatre heures de travail: "Allons, dit-il en souriant, que ce soit pour la gloire de Dieu!"
L'Oeuvre Evangélique, soucieuse de procurer aux malheureux le soulagement corporel avec la sanctification, avait ouvert, près de Saint-Martin-des-Monts, sous la direction de dom Mancini, un hospice destiné à donner asile pour la nuit à douze pauvres.
Or un jour de juin 1779 que Benoît arrivait de Lorette exténué, affligé d'une grave infirmité, se traînant à grandes peines sur ses jambes enflées et blessées, il excita la commisération d'un brave homme, Théodose Grimaldi, gardien de cet hospice. Celui-ci obtint de son maître l'admission du Pèlerin. Benoît ne se sentait plus la santé suffisante pour coucher en plein air, et il avait promis à son directeur d'y renoncer. Encouragé par la régularité que la vigilance de l'abbé Mancini faisait régner à l'hospice évangélique, il accepta avec reconnaissance l'offre de son bienfaiteur.
Ce dernier ne tarda pas à apprécier de quel trésor le Ciel avait enrichit sa maison, au point qu'il imposa par testament à ses héritiers son assistance perpétuelle.
Le nouvel hôte de Saint-Martin-des-Monts se montra aussitôt d'une ponctualité exemplaire: toujours en avance sur l'heure de la rentrée vespérale, il se tenait aux abords en égrenant son chapelet.
Il parlait peu, assez cependant pour exercer la correction fraternelle auprès de compagnons qui n'avaient pas la délicatesse de conscience."Les pauvres, disaient un jour l'un d'eux, n'ont-ils pas assez de peines et de privations pour être dispensés du jeûne et de l'abstinence?"-"Ah! observa Benoît, les pauvres ont besoin, comme les autres de mortifier et de dompter la chair!"
Il avait conquis ce droit de parler de la modestie, et par une charité ingénieuse qui le faisait partager jusqu'à son nécessaire, et choisir pour lui la place la plus incommode près de l'escalier du couloir.
A l'heure de la prière du soir en commun, sa piété s'exaltait. Comme il fixait avec amour, le cou tendu, l'image de la Sainte Vierge:" Tiens, murmuraient à mi-voix ses compagnons, regarde, voilà Benoît qui va entrer en extase!" Toute la nuit, il poursuivait ses prières et ses soupirs: "Miserere mei Deus... Seigneur, ayez pitié de moi!" Le matin, on le retrouvait à genoux, en oraison.
L'abbé Mancini s'en expliquait avec ses confrères: "Oh! pour celui-là, c'est une vertu de gros calibre et, si nous vivons quand il mourra, les prodiges feront fracas!" Et à l'abbé Carézani qui souhaitait que Dieu guérît par des miracles la parcimonie des riches à l'égard des pauvres: "Ces miracles, observa-t-il, propres à exciter la charité, sans nul doute ils s'accompliront à la mort du Pauvre français de l'Hospice Evangélique!"
Quand se terminait la prière du matin et que les portes s'ouvraient, tandis que les pauvres hères de la maison se dispersaient à la recherche de leur pitance, Benoît se dirigeait vers quelque église pour y commencer sa journée de garde devant la Sainte Eucharistie, "Jésus sacramenté", selon l'expression italienne.

Card.Pie:" J'ai scruté sa vie et je vous jure que Benoît Labre avait reçu d'en haut une nature assez riche pour être dans le monde quelque position qu'il y eût occupée, un personnage au-dessus du commun. La vérité est que, nonobstant le genre d'existence auquel il était voué par vertu, jamais il n'a pu réussir à se rendre abject et méprisable comme il l'aurait voulu. Sa physionomie démentait son costume; à travers cet accoutrement, il perçait quelque chose, non seulement de poli, mais de noble. J'ai honte de descendre à ce détail, et je ne sais si le Bienheureux me pardonnera d'oublier à ce point l'austérité de mon ministère; mais la futilité publique sera mon excuse. Je le dirai donc:
notre pèlerin, tout affublé qu'il était de son enveloppe sordide, exhalait malgré lui un parfum de distinction. Sa voix était douce et sympathique; sa parole, quoique brève et sobre jusqu'à la rudesse, avait du trait et donnait à penser. La blancheur de la carnation, la finesse de la peau, la délicatesse des mains, accusaient ce qu'on est convenu d'appeler un homme comme il faut. Derrière cet extérieur négligé et rebutant, on sentait une âme forte et une nature choisie. Sa vue produisait une impression profonde sur tous les coeurs nobles et chrétiens."






https://www.google.com/search?q=peintre ... 72&bih=521
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Alexandre
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"Le Pauvre des quarante heures

"Le Pauvre des quarante heures": voilà ce qu'il devait être avant tout dans la Ville Eternelle.
Ce qui l'avait séduit jadis à Sept-Fons, c'était la piété eucharistique du Trappiste. "Les moindres chefs d'Etat, devait expliquer un jour dom Chautard à son ami Clémenceau, comme celui-ci parlait de "vie inutile", ont leur cour, des êtres choisis, dont la fonction principale est d'assister le Maître. Un piquet d'honneur présente les armes à nos présidents d'assemblée. Pour le Roi des rois caché sous l'hostie, n'y aurait-il pas des hommes qui regarderont comme un suprême honneur de l'adorer et en feront leur vocation?" Benoît résolut de remplir dans l'univers cette fonction d'ange adorateur dont il avait goûté les suavités dans les églises du Saint-Polois (Région d'Artois). L'Emmanuel serait le soleil de lumière auquel s'allumerait son soleil intérieur, la source de vie où puiserait à longs traits son âme altérée. Communion à la vie intime de Dieu dans le tête-à-tête, dans le coeur-à-coeur: telle serait sa vie, et c'est dans le Saint-Sacrement qu'il avait résolu de passer la plus notable partie de ses journées.
Le séjour dans la capitale de la Chrétienté était particulièrement favorable à cette vocation.
Chaque jour, dans l'une ou l'autre des deux cents églises urbaines, à des dates fixes que l'on affiche aujourd'hui tous les semestres, les prières des Quarante heures et de l'Adoration du Saint-Sacrement, istituées par le Pape Clément VIII en 1592 et réglementées par Clément XII en 1731, déroulaient leur cycle annuel.
De plus, le quartier des Monts qu'il habitait offrait à Benoît le cycle hebdomadaire de ses bénédictions: le lundi et le jeudi à l'église des Saints-Apôtres; le mardi matin aux Saints-Côme-Et-Damien; le soir à Notre-Dame-des-Boulangers; le mercredi après-midi au Très-Saint-Nom-de-Marie; le jeudi et le samedi à Notre-Dame-des-Monts; le vendredi à Sainte-Agathe, puis au Gesu, puis aux Saints-Cyr-et-Julitte de Tore di Conti; le dimanche à midi en sa paroisse même aux Saints-Vincent-et-Martin; ensuite à Sainte-Marie in Campo Carleo, à Sainte-Marie-de-la-Minerve.
Ajoutons-y divers sanctuaires que le Saint affectionnait: Sainte-Marie-Majeure, Sainte-Praxède, Saint-Ignace, l'Ara-Coeli.
Tels étaient les multiples tabernacles où l'infatigable adorateur allait se réfugier, comme sur autant de Thabors, auprès du divin Maître et où s'écoulerait, en colloques intimes avec Dieu, toute son existence. C'est dans ces temples, à leurs portes, sur leurs chemins, que se déroulèrent les mille incidents qui constituent l'histoire de ses séjours dans la Ville Eternelle.
La basilique et la Confession de Saint-Pierre furent naturellement parmi les premiers pèlerinages que fit Benoît Labre dans la villes des papes. Son attachement à l'Eglise romaine et à son Chef était tel qu'il n'entendait ou ne prononçait jamais le nom du Souverain Pontife sans incliner la tête: c'était, disait-il, le vice-Dieu sur la terre.
Qui eût osé, à la vue du pauvre gueux prosterné au tombeau des Apôtres, s'imaginer que là même, dans la basilique et sur la place de Saint-Pierre, moins d'un siècle plus tard, les foules déferleraient, délirantes d'enthousiasme, pour l'acclamer dans la gloire?
C'est aussi à Saint-Jean-de-Latran que les souvenirs des témoins placent les premières démarches du saint Pèlerin. Dès son arrivée à Rome, en décembre 1770, il s'était adressé en confession à un père Observantin, Adrien Tisson, pénitencier français de la basilique patriarcale. Dès lors aussi il avait attiré l'attention d'une vieille demoiselle, Dominica Bravi, pénitente du même père, laquelle le considéra comme un personnage de haut rang appelé à la stricte observation de la pénitence évangélique. Elle attacha à ses pas, lui faisant la charité, et engageant avec lui de pieux entretiens.
Dominica raconte encore avoir rencontré le saint Pauvre en 1774, devant Saint-Paul-hors-les-Murs, au cours de sa visite des quatre basiliques.
C'était le moment où les cardinaux allaient entrer en conclave, après la mort du pape Benoît XIV, en vue d'élire le pape Pie VI. les évènements les plus critiques s'annonçaient pour la Sainte Eglise, à la veille de la Révolution Française, et le nouveau pontife aurait, du pressentiment de tous, à faire face à une situation exceptionnelle."Oh! dit-elle à Benoît, priez Dieu de donner un saint pontife à son Eglise, qui en a tant besoin présentement!"
Chan. Beaudenom, « formation à l’humilité » : « Pastores erant in regione illa: des pâtres, des pauvres gens, voilà ceux que Jésus honore de sa première audience. Il les préfère parce qu’il est humble. »
Card.Pie: "Enfin, on s'obstine à le qualifier de mendiant. Certes, nous ne travestirons jamais en vice et en déshonneur la mendicité chrétienne, la mendicité évangélique. Il est vrai, si benoît Labre ne demandait rien pour lui-même, il en résultait pour lui un dénuement poussé à l'excès. Et vous, tandis que vous vous asseyez aux tables les plus exquises, tandis que vous posez fièrement sous votre habit de fin drap, peut-être sous votre manteau de sénateur ou sous votre pourpre royale, quel aliment donnez-vous à votre intelligence et à votre âme? Eh! quoi, ce sont des viles feuilles maculées d'encre, de mensonges et d'ordure, qui vous dispensent votre pâture journalière; pâture cent fois au-dessous de ces mets grossiers qui, après tout, contenaient encore quelque suc nutritif! L'habillement de votre esprit, c'est un rapiècement de tous les sophismes, de tous les paradoxes, de tous les mensonges qui traînent la rue depuis bientôt un siècle! "Idées modernes", comme vous les appelez, qui sont depuis longtemps usées et surannées: de votre aveu, elles ont au moins soixante-dix ans de date, trop pour être des nouveautés, trop peu pour être des vérités."
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Alexandre
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" Le servant de la Madone

La dévotion filiale de Benoît à la Très Sainte Vierge le conduisit souvent à la basilique de Sainte-Marie-Majeure.
L'abbé Pompéi y fut témoin d'une de ses extraordinaires transfigurations. On était aux derniers jours du Carnaval, février 1783, et le Saint-Sacrement était exposé à la chapelle Borghèse. L'abbé, s'avançant pour faire son adoration, aperçut le Pauvre, tête droite, dans l'attitude de la contemplation. Tout à coup son visage s'illumina, des étincelles brillantes ruisselèrent de sa tête, et inondèrent le pavé: cela dura un bon moment. Quand cessa le prodige, la face du jeune homme réapparut plus pâle et plus épuisée. Le témoin conserva de cette scène un souvenir inoubliable.
Le jour de la Purification de cette même année, le P.Bertarelli, célébrant la messe à Saints-Côme-et-Damien, vit le serviteur de Dieu, qu'il avait souvent admiré, s'approcher de la table de communion. Au moment de déposer l'hostie sainte sur ses lèvres, il aperçut deux larmes arrêtées, comme deux perles, sur ses paupières, tandis que des éclairs d'amour jaillissaient de ses prunelles." Il m'apparut, témoigna-t-il, comme un chérubin terrestre, et mon émotion n'eût pas été différente si j'avais eu la vision d'un habitant du Ciel."
Au sommet du Mont Capitolin, l'église très ancienne de Sainte-Marie-in-Ara-Caeli est bâtie sur des ruines du fameux temple de Jupiter Capitolin, comme si, remarque Mgr Julien, évêque d'Arras, la Rome chrétienne, en plongeant ses racines jusque dans la Rome païenne, avait voulu offrir en hommage à son Dieu les restes de sa gloire et de sa grandeur. Elle possédait, au maître-autel, l'image de la Vierge que saint Grégoire-le-Grand avait fait porter en procession dans un temps de peste.
Dans une chapelle, elle renfermait une statuette de l'Enfant-Jésus en bois d'olivier de Géthsémani, sculptée au XVè siècle, à Jérusalem, par un Franciscain, et devant laquelle, chaque année à l'Epiphanie, les petits enfants venaient réciter de naïfs compliments. Benoît y montait souvent faire ses dévotions à la Sainte Vierge et au Santo Bambino.
Il satisfaisait sa dévotion à son Saint Patron en se rendant à la chapelle dite des Menuisiers, élevée en l'honneur du charpentier de Nazareth par la confrérie des artisans du bois. Cette chapelle se trouvait au pied du Capitole, au-dessus de la prison Mamertine, qui reçut Pierre et Paul avant leur martyre: le serviteur de Dieu honorait ainsi en même temps les Apôtres prisonniers du Christ.
Le 1er juin 1782, il assistait à la fête du Sacré-Coeur célébrée dans l'église de Saint-Théodore, au pied du Palatin. La dévotion au Sacré-Coeur-de-Jésus fut toujours chère au pèlerin de Paray-le-Monial. Chaque soir, il lui renouvelait sa consécration
."Je veux de tout mon coeur, suppliait-il, reposer dans votre sainte grâce. Ce coeur, que vous m'avez donné, où puis-je mieux le placer que dans le vôtre? C'est là que je le dépose, ô mon doux Jésus; c'est là que je veux habiter et que je vais prendre mon repos!"


Notre-Seigneur Jésus-Christ à Soeur Marie Lataste:" Heureuses les âmes qui, comme Marie, suivent, dès leur enfance l'attrait que Dieu met dans leur âme, qui se consacrent à Lui et ne désirent d'autre union que son union! En vérité je vous le dis, ma fille, ces âmes deviendront ma Mère comme Marie; je reposerai en elles, non-seulement neuf mois, mais toute leur vie, et pendant l'éternité elles reposeront en moi. J'aurai pour elles comme j'en ai eu pour Marie, des faveurs spéciales sur la terre et dans le ciel. Ma fille je vous appelle à moi, dites avec Marie :" Voici la servante du seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole." prononcez souvent ces mots, prononcez-les comme Marie, les yeux levés au ciel, votre coeur tout entier abandonné à Dieu, votre esprit et votre âme ne demandant, ne désirant, ne cherchant que la volonté de Dieu."
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Alexandre
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Re: Un Saint Solitaire franciscain: Benoît-Joseph Labre

Message par Alexandre »

" Prodiges.

A Notre-Dame-de-Lorette-des-Boulangers, près de la place Trajane, Benoît se trouvait agenouillé sur l'une des marches de la balustrade du choeur, un mardi après-midi de Carême de 1783, le dernier qui lui restait à passer ici-bas, quand survint Lucia Gaïni-Zecchini. Celle-ci avait été cent fois témoin de ses mouvements et de ses attitudes extraordinaires aux prières des Quarante Heures. Sans s'arrêter au dégoût que pouvait éveiller la négligence de la personne, elle aimait à se placer près de lui dans les églises, pour jouir de l'édification de son exemple. Elle l'enviait, disait-elle, et allait jusqu'à s recommander intérieurement à lui pour obtenir un peu de ferveur. Le voyant donc de loin les mains croisées sur la poitrine, selon son habitude et les yeux fixés sur le Saint-Sacrement exposé, insensible à toute impression du dehors, elle s'approcha et s'agenouilla auprès de lui. Elle entendit ses soupirs et comme un gémissement contenu. Presque aussitôt, elle vit tout le corps du Saint tressaillir dans un mouvement si violent et si rapide qu'elle le crut saisit d'un mal subit. Son visage était devenu pâle et exsangue; ses yeux étaient fixés sur la Sainte Eucharistie; il ne touchait la balustrade ni de ses mains, ni de sa poitrine renversée; ses genoux étaient élevés de terre: tout le poids de son corps retombait sur le bas d'une jambe, dont le tibia reposait par le milieu sur le rebord d'un degré. Il resta dans cette attitude plus d'un quart d'heure. "S'il n'eût été absorbé en Dieu, ajoute Lucia Zecchini, il eût dû ressentir une douleur intolérable, et si le Dieu qui l'absorbait ne l'eût soutenu lui-même, il n'eût pu rester une seconde dans cette posture impossible."
Portons-nous auprès du Panthéon, à la basilique Constantinienne, dite église des Douze-apôtres.
Souvent le Saint y intrigua les fidèles par sa récitation du bréviaire: il se sentait par là en communion permanente avec l'Eglise universelle et avec les moines ses frères, en même temps que son âme y trouvait un aliment substantiel. Devant la façade se produisit, en février 1783, un prodige d'irradiation dont le témoin fut Antoine Daffini, secrétaire du cardinal Archinto. Le vénérable prêtre arrivait sous le portique de l'église, son parapluie ouvert sous la pluie. Soudain, il aperçut le Pauvre tout resplendissant d'une lumière semblable, dit-il, à la flamme de l'esprit-de-vin, et qui l'enveloppait de la tête au pied. Stupéfait devant ce "phénomène curieux et extraordinaire", le témoin le considéra d'abord attentivement l'espace d'un Ave Maria, puis, fermant son parapluie, il le contempla longuement. Benoît était toujours brillant; la lumière scintillait autour de son corps et sortait spécialement de sa tête, manifestation sensible des clartés intérieures qui illuminaient son âme.
Le rétable du maître-autel de l'église Saint-Ignace est formé d'un tableau qui représente le Sauveur remettant sa croix entre les mains du saint Fondateur. Un jour que Benoît le contemplait, à une heure de l'après-midi où il se croyait seul, son âme brûlante déborda, tandis que son corps s'agitait en mouvements saccadés. "Cette croix, s'écria-t-il, est mal placée sur vos épaules, ô mon Jésus! Elle ne convient pas non plus à Ignace, qui est un Saint. Donnez-la moi, qui suis un pécheur. A moi! A moi, cette croix!" L'heureux témoin de cette scène avait été le Père Arbusti, professeur de dogme au collège Romain, qui était entré faire sa visite au Saint-Sacrement, et se trouvait caché derrière un pilier.
Le prêtre sacristain de cette même église, Morelli, n'avait longtemps éprouvé que du mépris pour le saint Pauvre. Il s'étonnait de trouver l'abbé Marconi accorder audience à ce va-nu-pieds dégoûtant et mal-propre.
Quand on lui avait parlé de sa qualité de Français:" Ce n'est pas possible, s'était-il récrié, les Français ne sont pas si déguenillés!" A peine daignait-il l'écouter, quand ce dernier lui adressait la parole. "Pardonnez-moi, crut devoir un jour lui dire le Saint, si j'ai pu vous offenser en quelque chose." Mais voici qu'en disant la messe en sa présence, le prêtre se sentit pénétré d'une commotion intérieure inexprimable. Présentant ensuite l'hostie aux lèvres du Pauvre, il resta interdit à la vue du feu qui brillait dans ses yeux et de la béatitude qui rayonnait sur son visage. En rentrant à la sacristie, encore tout ému, il ne pût s'empêcher de dire :" Oh, je viens de communier un Saint!"
Le saint français de Rome ne fut pas sans retourner quelquefois à l'église nationale Saint-Louis, alors paroissiale, qui l'avait accueilli dans ses premiers séjours.
Le 1er janvier 1783, fête de la Circoncision, l'abbé Marconni y commençait la mission mensuelle. Il eut l'inspiration, à la fin de son sermon, de proposer à ses auditeurs la pratique de consacrer à Marie une année entière de leur vie, et de les inviter à choisir celle qui commençait, et qui devait être pour plus d'un la dernière. Benoît était présent, appuyé contre l'escalier de la chaire, cette chaire où étaient montés d'illustres Saints français, et où devaient un jour retentir ses louanges à lui, le dernier des humains. Docile à la recommandation du prédicateur, qui était en même temps son directeur, il consacra à la Mère de Dieu tous les instants de l'année qui commençait.
Et cette évocation de la mort du saint Pauvre nous transporte naturellement à Sainte-Marie-des-Monts, le sanctuaire qui eut, entre tous, ses préférences. Cette église présentait au Pauvre du Colisée, outre l'attrait de son image miraculeuse de la Madone, l'avantage d'être située à la portée de son refuge primitif, comme plus tard de l'hospice Mancini, et d'être fréquentée, en plein quartier déshérité, par des frères de misère parmi lesquels il se trouvait à l'aise.
Une maîtresse pie, Victoria Brandi, raconte qu'une de ses petites élèves n'ayant pas osé accéder à un confessionnal parce que le saint Pauvre était assis dans son voisinage, le confesseur admonesta vertement ce dernier:" Levez-vous d'ici, la place des pauvres est au tambour de la grand'porte!"
En revanche, une enfant prédestinée, domiciliée au quartier des Monts, et élève des maîtresses pie de la Via Graziosa, Anne-Marie Taïgi, ne pouvait contempler sans admiration le saint Pauvre. Comme si elle voulu dès lors calquer sa vie sur la sienne, la Bienheureuse devait reproduire de façon frappante les vertus et les pratiques du Saint: sa soif de pauvreté, d'humiliation et d'expiation, sa dévotion à la Passion du Sauveur, à la Sainte Eucharistie et à la Sainte Vierge.
Comme Benoît labre, on la verrait bientôt, à son tour, assidue au Chemin de Croix du Colisée, ravie en contemplation des églises de Rome, saluée à sa dernière heure par la complainte populaire: "La sainte est morte!"
" Oh! heureux mortel, murmurait là Françoise Massimini en apercevant les regards de Benoît tournés vers le ciel, qui sait ce que tu vois?"
la nuit de Noël de l'an 1782, la dernière que le Saint devait célébrer sur terre, l'église Sainte-Marie-des-Monts fut le théâtre d'une de ces grâces de bilocation qu'on assurait, avec toute sorte de précisions, qu'il était devenu coutumier. Tandis que l'hospice de l'abbé Mancini avait fermé ses portes, comme d'ordinaire, le retour règlementaire de ses clients étant effectué, les maîtresses pies aperçurent Benoît dans le sanctuaire de la Madone, prosterné à sa place habituelle près du maître-autel, puis baisant avec ferveur le Saint Bambino.
Là se multipliaient ses lévitations, ses extases, ses irradiations. "Mais il brûle!", criait, épouvantée, Barbe Fracassi à sa compagne Madeleine Cecchini. Là, enfin, se développait la série des guérisons opérées par sa prière.
Illustrée par l'assiduité et les prodiges du saint Pauvre, l'église de Notre-Dame-des-Monts n'était-elle pas désignée pour être un jour le lieu de sa sépulture? Dieu en donna à celui-ci le pressentiment.
L'un des premiers jours d'avril, où devait finir son exil sur la terre, à l'heure de midi, Maria Poéti, qui l'observait plongé dans la méditation, le vit se lever de sa place. Il fit quelques pas en avant, puis s'arrêta, fixant ses regards sur la chapelle latérale de droite, dédiée à saint Vincent de Paul.Il reprit sa marche, regardant toujours fixement du même côté, s'arrêta de nouveau, quatre ou cinq fois de suite, de plus en plus longuement. Après quoi, il gagna lentement la porte pour sortir. Maria Poéti ne comprit ces allures qu'au mati de Pâques, lorsqu'elle vit une fosse creusée, pour y déposer le corps du Saint, précisément à cet endroit.
Alors elle ne douta plus que Dieu n'eût fait connaître à son serviteur l'emplacement de son tombeau. Son confesseur, le P.Palma, alors le recteur de l'église, fut de cet avis."

Card.Pie:"Car malgré son humilité, Benoît Labre a eu la conscience de son rôle; il a compris qu'il était une victime, un contrepoids, il qu'il serait une leçon. Lui, dans son corps amaigri, exténué, il avait une âme dégagée, vigoureuse, dont toutes les facultés fonctionnaient avec une liberté et une puissance merveilleuses."
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Alexandre
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"Les Confesseurs du Saint.

Appelé à Dieu à poursuivre, dans des voies si extraordinaires, une si haute sainteté, Benoît avait-il trouvé aisément à Rome des confesseurs et des directeurs de conscience à sa mesure? La Providence lui avait fait encore cette grâce d'en trouver d'éminents, à Rome comme en Chrétienté, comme si elle avait voulu faire connaître et publier ses vertus par leurs témoins les plus autorisés.
Dès son deuxième séjour, en 1772, il eut pour confesseur stable le P.Gabrini. Ce noble descendant de Cola di Rienzo était un religion de saint François de Caracciolo, aussi savant que pieux, helléniste, philologue, philosophe, accoutumé à prendre la parole dans les Académies, devant les Souverains Pontifes, et souvent consulté par les congrégations romaines.
Surpris dès l'abord, par l'emphase que revêtait l'humilité de son pénitent:" Mon père, je suis un grand pécheur!" il ne tarda pas, grâce à d'habiles interrogations, à découvrir, sous l'enveloppe de la misère, une âme privilégiée de Dieu, et qui craignait jusqu'à l'ombre du mal. Il en conçut à son égard une crainte révérentielle de disciple devant son maître. Jamais il n'osa même lui demander son nom, qu'il ne connût pas la rumeur publique à l'occasion de sa mort. En de pieux colloques, le théologien apprit des lumières et les grâces dont l'Esprit Saint inondait l'âme de son pénitent et la fidélité de celui-ci à y répondre. C'était de ses aridités, et de son impuissance à formuler des actes d'amour aussi fervents qu'ils l'eût voulu, que le Saint s'accusait comme de fautes.
Il éprouva son obéissance en lui prescrivant de changer de vie et de s'engager comme domestique: mais personne n'osa embaucher un valet si peu avenant. Apprenant qu'il distribuait à la fin du jour ce qui lui restait, il lui conseilla de se réserver pour le lendemain de quoi se nourrir et se vêtir moins misérablement. Benoît en toute modestie, sortit son Evangile et lut: "Ne vous mettez point en peine du lendemain... Voyez les petits oiseaux... Voyez les lis des champs..." Il lui conseilla de ne plus coucher à ciel ouvert ni sur le sol: Benoît lui demanda si le Fils de l'homme avait eu où reposer sa tête. Il se mit à sa disposition pour mettre fin aux espiègleries cruelles des gamins des rues envers lui: Benoît implora pitié en faveur de petits égarés qui lui procuraient la joie de souffrir quelque chose pour l'amour de Jésus-Christ.
Après dix ans de ces pieuses confidences, en 1782, le docteur Gabrini devint curé de Saints-Vincent-et-Athanase et du, en raison de ses charges pastorales, renoncer à diriger son saint ami: il ne devait plus entendre qu'une seule confession de lui, sa dernière, que celui-ci ferait trois jours avant de mourir.
S'étant présenté alors à divers confessionnaux, le Saint essuya bien quelques refus, mais il eut de la joie de trouver bientôt un nouvel et éminent directeur en la personne du docteur Marconi, professeur de théologie à l'Université Grégorienne, celui-là même qui serait son premier historien.
Le zélé directeur d'âmes reçut en peu de temps de son nouvel et saint pénitent, en une série de profonds entretiens, les confidences spirituelles qui avaient fait le bonheur et l'édification des pères Temple à Lorette et Gabrini à Rome. Celui-ci avait beau protester de son ignorance, le père ne parvenait pas à croire qu'il n'eût pas étudié la théologie. Il fut bien obligé de conclure à des révélations célestes quand il le vit, à plusieurs reprises, pénétrer ses pensées et intentions les plus secrètes.
Au mois de septembre, Benoît arriva, tout hors de lui, trouver son confesseur."Mon père, lui raconta-t-il en pleurant, j'ai eu hélas! une horrible vision: j'ai pensé que j'étais mort; qu'on m'avait enterré à Sainte-Marie-des-Monts, à côté de l'Epître; qu'il y avait autour de mon vil corps et de mon tombeau une quantité prodigieuse de monde faisant grand bruit et se pressant pour le vénérer, Jésus-Christ m'a dit:"Je te cède ma place... Je m'en vais!" Et Benoît tremblait en pensant à ces hommages qu'on lui rendrait en lui retirant au Saint-Sacrement, aux profanations qui auraient eu lieu dans l'église, près de son tombeau, bien plus, aux impudicités qui y seraient commises dans le tourbillon de la foule.
"Je ne puis dire, ajoute le confesseur, combien étaient grands le trouble et l'horreur que lui causait cette vision; car, jamais je ne l'ai vu auparavant, ni oncques ne l'ai vu depuis, agité comme ce jour-là; et cette agitation venait évidemment du véritable esprit d'humilité dont il était animé, et d'une aversion incommensurable de l'offense de Dieu."
L'abbé Marconi put vérifier à la lettre, aux incidents survenus à Notre-Dame-des-Monts au lendemain de la mort de son pénitent, l'exactitude et le caractère surnaturel de sa prédiction."

Card.Pie: "Pèlerin de la fortune, de l'ambition, de la volupté, de la fantaisie, soyez plus indulgent au Pèlerin de Jésus-Christ, au touriste de la pénitence, de la pauvreté, de la prière, de a contemplation, du sacrifice. Souffrez que votre cosmopolitisme moderne, qui n'est point agréable à Dieu, reçoive son correctif et son expiation dans la vie errante de notre voyageur évangélique. Et trouvez bon aussi qu'en un temps où l'esprit vivificateur vient de ranimer dans l'Eglise de France le zèle trop longtemps affaibli des pèlerinages sacrés, je proclame opportune et providentielle, à ce point de vue encore, la béatification de notre Pèlerin français."
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Alexandre
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"Mort et Glorification

La mort de Benoît

Si toute la vie e Benoît avait été une préparation à la mort, sa dernière année fut une continuelle aspiration au Ciel. Cupio dissolvi! "Appelez-moi, mon Dieu, afin que je vois voie!" répétait-il souvent dans sa prière favorite.

"Il avait maintenant, dit Marconi, le vol d'un séraphin, et son corps allait fondant comme la cire à l'ardeur du feu de sa charité."Les fatigues, les privations, les pénitences avaient fini par avoir raison de son frêle tempérament. au commencement du carême de l'année 1783,il avait contracté un rhume catarrheux accompagné d'une forte toux; parfois sa tête de secousses spasmodiques. Une diarrhée vint achever la déroute de son pauvre organisme usé. Son visage était maintenant cadavéreux, ses yeux caves, ses membres languissants et squelettiques, sa démarche vacillante. Il portait ce masque de moribond si bien rendu par Cavalucci dans son portrait de la galerie nationale de Rome." (lien en bas)
"En vain, l'exhortait-on, à l'hospice, à se reposer, à ne plus sortir... On eût dit que le pauvre des Quarante Heures voulait redoubler d'assiduité dans les sanctuaires. C'est à Sainte-Marie-des-Monts qu'il s'obstinait surtout à traîner le reste de sa vie.
"Vous êtes bien mal, lui dit, à Sainte-Croix-de-Jérusalem, Dominica Bravi, vous vous en allez!" Il leva la tête, croisa les mains et répondit:" Ce que veut le Bon Dieu!"
Il n'était plus possible, en effet, de se faire d'illusion sur la fin prochaine du saint Pauvre. Le soir du mardi-saint, il avait, pour la première fois, demandé au gardien de l'hospice, en rentant, la permission de gagner immédiatement son lit. Le mercredi-saint 16 avril venu, on crut qu'il allait expirer de l'effort qu'il fit pour se lever. Mais lui, obsédé par la pensée de Jésus crucifié, voulait gravir avec Lui jusqu'au bout de son calvaire: il se traîna à pas lents, soutenu par ses compagnons, jusqu'au seuil, qu'il ne devait plus revoir.
Parvenu à Notre-Dame, la maison bénie de sa mère du Ciel, qui allait être pour lui le vestibule du Paradis, il suivit, à genoux, une première messe, dite par le P.Piccilli, puis une seconde. Autour de lui, le fidèles épiaient ses gestes avec angoisse. Vers neuf heures se sentant défaillir, il sortit pour respirer: à peine arrivé sur le perron, il s'effondra. Un attroupement s'était formé autour de lui, quand survint, par hasard, le boucher Zaccharelli, qui revenait de faire ses dévotions à Saint-Sauveur et rentrait chez lui, au n°2 de la Via dei Serpenti, au chevet de l'église. Reconnaissant, dans le malade étendu sur les marches, son pauvre d'adoption: "Benoît, supplia-t-il avec compassion, si vous veniez chez moi!" Il le souleva et l'emporta. Par l'escalier étroit, les épaules vigoureuses de son fils le hissèrent jusqu'au premier étage. Sur un lit fut étendue en hâte une paillasse, cette paillasse que rapporta en 1866 le zouave pontifical Arthur Guillemin à l'église d'Amettes, comme pour unir la tombe au berceau du Saint."(lien en bas)
"On y étendit un drap et l'on y déposa, tout habillé, le moribond. On courut chercher le P.Piccilli: Benoît avait fait ses Pâques le matin des Rameaux. "N'avez-vous rien qui vous inquiète?"-"Grâce à Dieu, rien!" Ce furent ses dernières paroles, à peine perceptibles, empreintes de la sérénité des élus. Pendant la dernière assistance, comme on lui présentait le crucifix à baiser, il entr'ouvrit les paupières et regarda amoureusement Jésus crucifié. A huit heures du soir, on récitait les prières des agonisants et les litanies des Saints; à ces mots:" Sainte Marie, priez pour lui!" son visage devint blanc comme du lait: sans la moindre agonie, le Saint était retourné à Dieu.

Précisément à cette heure, toutes les cloches de Rome commençaient à sonner, annonçant aux fidèles l'heure des trois Salve Regina demandés par le Pape Pie VI pour les besoins de l'Eglise. Cette coïncidence fut interprétée par la famille Zaccharelli et par les assistants comme un signe de l'entrée au Ciel de cette âme angélique. Un certain Rinaldi, qui avait déclaré souvent: "Celui-ci, quand il mourra, fera sonner toutes les cloches", connaissant l'accident arrivé le matin au saint Pauvre, s'écria:"Nul doute, Benoît est mort!"
Et tandis que là-bas, sur la place de Notre-Dame-de-Lorette, le petit Beppino Sori annonçait à ses parents que leur cher Pèlerin ne viendrait pas cette année et qu'il était parti pour le Ciel, dans toutes les rues de la ville de Rome, où le "nouvel Alexis" était universellement connu, les enfants s'en allaient criant leur complainte: "E morto il Santo, il est mort, le Saint!"
Le premier soin de Zaccharelli fut de procéder à la toilette funèbre du défunt: opération d'importance. on le revêtit de l'insigne de la confrérie des Pénitents Blancs de Notre-Dame-des-Neiges: un long sac blanc et un cordon blanc, symbole de pénitence et d'innocence. Devant l'empressement de mains dévotement indélicates, le boucher se hâta de mettre sous clef les hardes et les objets qui lui avaient appartenu. On les vénère aujourd'hui dans sa maison et surtout Via Monza, chez les Soeurs de l'Immaculée."

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Alexandre
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Re: Un Saint Solitaire franciscain: Benoît-Joseph Labre

Message par Alexandre »

« A Saint-Marie-des-Monts

Le lendemain jeudi-saint, de grand matin, la maison se trouva assaillie d’une influence inouïe de visiteurs. Il fallu faire appel à la garde corse pour en canaliser le flot ; et celle-ci eut davantage encore à faire le soir, pour ouvrir un cortège lorsqu’il fût décidé que le corps serait inhumé à Sainte-Marie-des-Monts. On n’avait rien vu de semblable depuis saint Philippe de Néri, l’apôtre de Rome au siècle précédent, et quoique les souvenirs du bienheureux Crispin de Viterbe et de saint Léonard de Port-Maurice fussent encore récents, personne ne se rappelait avoir vu dans la ville de Rome une commotion aussi extraordinaire.
Le matin du vendredi-saint, dès l’ouverture de l’église, le public arriva en foule, et il fallut l’introduire par groupes. Autour du corps, exposé dans la nef, elle ne cessa plus de grossir.
Le samedi-saint, vers dix heures, un grand miracle se produisit : Angélique Gardellini, une religieuse clarisse de 24 ans, abandonnée comme incurable par quatre médecins et deux chirurgiens, plusieurs fois extrémisée, n’eût pas plutôt collé sur la main du Saint ses lèvres aphones qu’elle se sentit ébranlée dans tout son être. « Bienheureux Benoît, je vous remercie ! Cria-telle de sa voix recouvrée, ma sœur, je suis guérie ! » Et elle se jeta à corps perdu sur le cadavre, lui baisant les pieds et les mains.
Impossible de décrire l’émotion générale, le tumulte et le brouhaha qui remplirent le sanctuaire le dimanche de Pâques. « Frappez, frappez, criait-on sous la bastonnade des soldats, pourvu que j’ai la consolation de voir le corps saint… Mort ou vif, je veux y arriver ! » les miracles, disait-on, ne se comptaient plus, et l’on amenait, à grand renfort de bras, les malades au contact du cadavre.
Et exaltavit humiles ! C’est ainsi que Dieu mettait à l’honneur celui qui s’était fait le dernier des hommes. Plus d’un, et non des moindres ecclésiastiques, qui l’avaient pu mépriser, et condamner pour son extravagance et sa sordidité, lui faisaient maintenant amende honorable.
Le soir du dimanche de Pâques, sous les dernières acclamations de la foule, le corps fut reconnu solennellement et inhumé dans un caveau, du côté de l’épître, où il devait rester jusqu’en 1860, date de son transfert du côté de l’évangile.
Le concours du peuple ne se ralentit pourtant pas les jours suivants. On avait été obligé, raconte le Diario Romano de l’époque, à qui nous avons emprunté tous ses détails, en raison des désordres, d’enlever le Saint-Sacrement du tabernacle et de suspendre les offices pour une durée de plusieurs semaines.
Ce n’était là que le prélude d’un culte d’une extraordinaire ferveur qui allait, comme une traînée de poudre, se généraliser dans le monde et marquer tous les lieux où le Saint était passé. La commotion ne fut pas moins vive en Artois, à Conteville, à Erin, à Amettes surtout, où l’on peut se représenter sous quelles impressions les parents du Saint, qui pleuraient leur fils depuis treize ans, accueillirent soudain l’universelle rumeur.
Des procès informatifs en vue de la canonisation s’ouvrirent aussitôt, avec comparution de témoins sans nombre, à Rome, à Lorette, à Autun, à Boulogne-sur-Mer, où Mgr Patz de Pressy se fit un honneur de recevoir à sa table Jean-Baptiste Labre et Anne-Barbe Gransir. »

Card.Pie :  « Quand l’Église, d’accord avec Dieu, nous donne une telle leçon, il faut savoir en profiter. N’allons pas nous plaindre que le procédé céleste ne soit pas assez insinuant. Il ne nous appartient pas de juger le mode divin. Tant pis pour les programmes de conciliation, pour les théories d’économie religieuse, et sociale dont le cadre ne comporterait pas une existence comme celle de notre Bienheureux. C’est par les coups de cette protée que Dieu sauve intégralement dans le monde son esprit, sa vérité, sa loi ; c’est ainsi qu’il fait acte conservatoire, qu’il empêche et arrête la prescription. Force reste à l’Evangile et à la Croix de Jésus-Christ.
Pontife de cette cité, Dieu vous a donné une juste récompense pour vos travaux, de longs combats pour la vérité. Ce naturalisme dont vous avez été si souvent l’adversaire, il trouve ici sa condamnation solennelle. Les fêtes que nous achevons resteront comme un grand souvenir, elles resteront encore plus comme un grand enseignement. Benoît Labre est un saint, il a été un héros, il a été presque un martyr, il est un thaumaturge. Mais dans le plan d’en-haut, il est en outre un docteur. Il l’est à notre profit à tous. Est-ce que, même chez les âmes chrétiennes, même dans les ministres du sanctuaire, l’estime de la pénitence, la pratique de la pénitence, l’esprit de la pénitence n’aurait pas faibli dans ces derniers temps?Est-ce que les privations, les veilles, les jeûnes volontaires ne seraient pas sortis des habitudes de ceux-là même qu’ils veulent servir Dieu et sauver leur âme ? Est-ce que l’efficacité même des sacrements ne serait pas souvent compromise par l’absence de la vertu de pénitence ? Est-ce que l’Enfer ne se peuplerait pas de nos immortifications ? Notre Bienheureux n’a-t-il pas dit que le manque de contrition et de satisfaction y fait descendre à toute heure les âmes par milliers, comme des flocons de neige dans un jour d’hiver ?
Merci, ô Bienheureux Benoît, merci de vos instructions, merci de vos exemples qui resteront pour nous des leçons.
Evêques, prêtres, et fidèles, nous remporterons d’ici la plus haute idée de la pénitence, nous la prêcherons plus souvent, et, pour notre part, nous en embrasserons les pratiques avec plus d’ardeur. »


« Vies choisies des Pères du désert »,1827, introduction de l’éditeur: Société catholique des bons livres, extrait : « Quand donc vous seriez tentés de regarder comme excessif, d’une mortification violente, imposée à la fois l’esprit et à la chair, il ne faut point vous indigner, et dire : « Je ne comprends pas comment. » Vous ne comprenez pas ? Mais l’Église a compris, mais les Saints ont compris. Il est donc sage de croire, ou si vous ne voulez pas vous contenter ici de la foi, devenez saints, et vous comprendrez. Ah ! Si vous aviez pour le monde la haine profonde, et pour Jésus-Christ le vif amour que vous leur avez voué sur les fonts de baptême; si vous accomplissiez toute l’étendue des préceptes de l’Evangile, vous ne seriez pas étonné de voir les âmes, aspirant à une lus haute perfection, entrer dans la voie des conseils évangéliques et briser les chaînes du monde, pour aller vivre seule avec Jésus-Christ seul, au fond des déserts. »
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Alexandre
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Re: Un Saint Solitaire franciscain: Benoît-Joseph Labre

Message par Alexandre »

" Une pluie de miracles

Car les miracles se multipliait sur tous les points de la Chrétienté. On en comptait avant la fin de l'an 1784, plus de cent, en 1787, cent soixante-huit, dont les dossiers, établis de façon scientifique et rigoureuse, imprimés, remplissent aujourd'hui dans les archives d'énormes in-folios.
Des actes officiels du Procès de la Béatification extrayons la relation de deux guérisons miraculeuses, retenues parmi les nombreuses faveurs que le Saint prodigua à la Belgique, en récompense du culte qu celle-ci avait voué dès le principe au pauvre Artésien.
La première eut lieu à Ciney au diocèse de Namur, le 6 mars 1785.
Soeur Anne-Josepha de Saint Jean-Baptiste, dite Jamaigne dans le monde, avait eu la jambe et le bras droit paralysés depuis 1776, la trentième année de son âge, moins de trois mois après sa profession, au Carmel de Ciney. Des abcès périodiques se déclaraient à la poitrine. Elle ne pouvait plus se soutenir que de quelques biscuits trempés dans du vin. Quatre fois elle avait reçu l'Extrême-Onction. Le 23 février, se sentant très mal, elle fit appeler son confesseur. Celui-ci lui offrit une notice sur Benoît Labre, mort à Rome récemment, et sur la pluie de miracles qu'il faisait tomber du ciel. Une neuvaine fut commencée le mercredi 2 mars. Le 7, après 6 jours d'aggravation apparente de la maladie, elle se précipita, non sans peine, à genoux devant l'image du Saint contenue dans sa brochure. L'infirmière, survenant et la croyant défaillante, jeta un cri d'alarme. Mais la malade se mit à battre des mains en criant: "N'ayez pas peur, Marie-Thérèse, je suis guérie!" La Supérieure accourut, lui ordonna de venir au choeur rendre grâce à Dieu... Celle-ci obéit aussitôt car ce corps, exténué par huit années de maladie, en instant s'était retrouvé plein de forces; le visage était frais et vermeil, les yeux vifs et sémillants, les pieds agiles, la démarche assurée. D'une voix émue, la miraculée chanta vêpres et matines et reprit la vie de communauté, Clergé, magistrats, habitants en foule accoururent la saluer avec bonheur, comme un autre Lazare sorti du tombeau.
Un nouveau miracle eut lieu en 1789 à Jodoigne, en Brabant.
Marie-Catherine Malcorps, âgée de 49 ans, souffrait depuis 29 ans de convulsions, de crachements de sang, d'un rétrécissement de l'oesophage, et ne pouvait plus depuis longtemps absorber que de liquide. De nombreux médecins, venus même de Louvain, s'étaient avérés impuissants devant la maladie. La malheureuse s'en remit à Benoît Labre. Ayant reçu de Rome une image et une relique, elle entreprit, de concert avec le curé du village, une nouvelle neuvaine.
Le 17 juillet, septième jour, sa foi et sa confiance reçurent leur récompense. Après des souffrances encore accrues, tout-à-coup, elle se sentie guérie, demanda des vêtements pour se lever-Ses proches crurent d'abord à un accès de fièvre. Mais elle s'habilla seule et se mit à manger avec appétit: tout vestige de ses maux passés avaient disparu. On devine la joie avec laquelle les témoins et le curé récitèrent, avec la miraculée, les litanies de la Sainte Vierge.
Le 14 septembre 1792, Marie-Catherine rédigea, sur la demande romaine du P.Palma, une relation où elle disait: "Puisse le détail des maux qui m'ont accablée et des circonstances de ma guérison manifester à l'univers combien le Seigneur se plaît à confondre les ennemis de l'Evangile, en faisant éclater la Sainteté de ceux qui étaient de leur injuste mépris!"

En 1797, Corneille Stevens, délégué par le grand-vicaire capitulaire de Namur, dressa un procès authentique du miracle, après audition de onze témoins, et, passée la tourmente révolutionnaire, en 1818, comme il était retiré à Wavres, près de Bruxelles, l'envoya au secrétaire de la Congrégation des Rites.
Ce miracle était le 190ème officiellement reconnu par Rome.
Le postulateur de la cause, Mgr Virili, eut la partie belle."

Notre-Seigneur Jésus-Christ à Soeur Marie Lataste: " Heureux celui qui ne murmure pas, qui élève ses yeux au-dessus de la terre, au-dessus des sens pour monter jusqu'à Dieu et comprendre en lui le mystère de la souffrance! Heureux celui qui ne murmure pas et me prend pour modèle de sa conduite dans la tribulation, qui ouvre ses mains, ses pieds et son côté à la douleur! Il sera élevé par sa croix, au-dessus de la terre, il sera rapproché de Dieu, et sa mort sera une naissance à la vie de la gloire.
Ma fille, soyez de ce nombre; mettez-vous au-dessus de la faiblesse, de la timidité et de la crainte, si ordinaire aux personnes de votre sexe; surpassez, par votre courage, ces hommes pusillanimes, ces hommes lâches qui craignent les incommodités de la vie, les sacrifices, les peines et les pleurs, et ne cherchent en tout que leurs satisfactions et leurs aises. Les satisfactions de la vie et les aises auront une fin; n'ayant rien acquis pendant leur pèlerinage ici-bas, ils se présenteront à Dieu plein de confusion à la vue de leur pauvreté.
Vos peines, vos tribulations, vos pleurs auront un terme aussi; mais vous aurez gagné par ces tribulations un trésor immense de mérites, et quand vous vous présenterez à Dieu, vous vous réjouirez, parce que vous aurez bien accompli sa loi et ses desseins sur vous , et il vous introduira dans ses tabernacles éternels."
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