DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
SAINT JEAN DAMASCÈNE (8ème Siècle).
« Voilà donc, comme je l’ai déjà dit, l’Antéchrist qui nait d’une fornication, qui est élevé en secret, qui paraît tout d'un coup, qui se rend le maître et qui règne. Dans les commencements de son règne, ou plutôt de sa tyrannie, il est plein d’hypocrisie et se donne pour un homme saint et religieux. Mais dès qu’il se voit maître, il persécute l’Eglise et dévoile toute sa malice. Or, il viendra avec des signes de prodige et de mensonge ; prodiges contrefaits et qui ne seront point véritables. Il séduira ceux qui n’auront point l’esprit ferme et appuyé sur la base inébranlable de la foi. Il les rendra déserteurs du Dieu vivant ; de telle sorte que les élus même seront scandalisés, si cela pouvait être. Mais Enoch et Elie seront envoyés. Ils feront revenir le cœur des pères aux enfants, c’est-à-dire la synagogue à Notre-Seigneur J.-C. et à la doctrine des apôtres, et ils seront mis à mort part l’Antéchrist. Alors le Seigneur viendra des cieux.»
(à suivre…)
« Voilà donc, comme je l’ai déjà dit, l’Antéchrist qui nait d’une fornication, qui est élevé en secret, qui paraît tout d'un coup, qui se rend le maître et qui règne. Dans les commencements de son règne, ou plutôt de sa tyrannie, il est plein d’hypocrisie et se donne pour un homme saint et religieux. Mais dès qu’il se voit maître, il persécute l’Eglise et dévoile toute sa malice. Or, il viendra avec des signes de prodige et de mensonge ; prodiges contrefaits et qui ne seront point véritables. Il séduira ceux qui n’auront point l’esprit ferme et appuyé sur la base inébranlable de la foi. Il les rendra déserteurs du Dieu vivant ; de telle sorte que les élus même seront scandalisés, si cela pouvait être. Mais Enoch et Elie seront envoyés. Ils feront revenir le cœur des pères aux enfants, c’est-à-dire la synagogue à Notre-Seigneur J.-C. et à la doctrine des apôtres, et ils seront mis à mort part l’Antéchrist. Alors le Seigneur viendra des cieux.»
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
AMBROISE AUTPERT
Ambroise Autpert ou Austbert ou Ansbert, religieux de l’ordre de saint Benoît, vivait dans le VIIIème siècle, vers la fin, comme l’ont prouvé les derniers critiques. Il fut abbé de Saint-Vincent dans l’Abruzze, en Italie. Il avait composé plusieurs ouvrages moraux et plusieurs commentaires sur l’Ecriture. Il y en a un fort ample sur l’Apocalypse où je trouve ce qui suit:
« Je donnerai à mes deux témoins... sur cet endroit, Victorin croit que les deux témoins seront Elie et Jérémie. Je trouve qu’il pense de l’un selon la vérité, mais non pas de l’autre. Car le Seigneur nous prédit qu’Elie viendra. Mais nous ne trouvons cela nulle part de Jérémie. Nous respectons ce martyr de Dieu, comme nous le devons, mais ce n’est pas par cet endroit qu’il est respectable. Il dit que la mort de Jérémie n’est point marquée dans l’Ecriture, et que le Seigneur l’ayant établi prophète pour les Gentils, nous devons croire que puisque pendant sa vie il n’a point été envoyé aux Gentils, il doit venir avec Elie pour fortifier l’Eglise des Gentils contre la perfidie de l’Antéchrist. Mais sans rien perdre de la vénération qui est due à ce saint martyr, nous disons que si la mort de Jérémie n’est point marquée dans l’Ecriture, son enlèvement n’y paraît pas non plus. Que d’ailleurs, Jérémie a prophétisé des malheurs non-seulement à sa nation, mais aussi à beaucoup d’autres, soit dans le temps qu’il annonçait la perte d’Israël, soit lorsqu’il la voyait arriver. C’est à savoir à Edom, à Moab, à Tyr, etc. Ainsi ces deux raisons ne sont point suffisantes pour assurer que Jérémie viendra avec Elie. Jérôme et Grégoire évêque de Rome nous attestent que c’est Enoch qui viendra avec Elie, et nous nous en rapportons volontiers à leur témoignage, à cause de ce que nous apprennent la Génèse et l’apôtre Paul. La Genèse nous dit qu’Enoch a été transféré, et l’apôtre Paul ajoute qu’il vit encore dans sa chair. C'est par la foi, dit-il, qu’Énoch a été enlevé du monde pour ne point mourir, etc. Nous donc, par les deux témoins, nous entendons Elie et Enoch, qui ont paru l’un avant la loi, l’autre sous la loi ; de manière cependant que dans leurs personnes nous comprenons aussi l’Eglise avec ses prédicateurs.» (Lib. I in Apocal. c. 11.)
Je fais ici deux réflexions :
Premièrement Ambroise Autpert ne nous dit pas que saint Victorin donne son sentiment sur le retour de Jérémie, comme une vérité de tradition. Cependant on doit supposer qu’Ambroise Autpert avait lu attentivement saint Victorin puisqu’il le réfute. Il réfute les deux raisons de saint Victorin et ne dit rien sur cette tradition que nous avons vue dans le texte de ce saint martyr. Il est donc très-vraisemblable et je crois même qu’on peut assurer qu’Autpert n’avait point trouvé cette prétendue tradition dans saint Victorin. Car cette preuve que le saint martyr donnait de son sentiment n’était pas moins à réfuter que son sentiment même. Ce n’est donc pas tout à fait sans raison que je n’ai point cru que cela fût dans la véritable production de saint Victorin.
Ambroise Autpert cite saint Jérôme au sujet du retour d’Enoch. Ce retour se trouve en effet dans un commentaire sur les psaumes qui est parmi les œuvres de saint Jérôme. Mais tous les savants conviennent que ce commentaire n’est pas de saint Jérôme.
Ma seconde réflexion est qu’Ambroise Autpert, quoique moins bon critique qu’on ne l’est aujourd’hui, entendait mieux le langage des pères, que n’ont fait depuis quelques théologiens qui ont pris à la lettre les allégories des pères sans y présupposer, comme eux, un sens littéral ; car après nous avoir dit qu’Enoch et Elie sont les deux témoins, il ne laisse pas de voir dans ces deux témoins les prédicateurs de l’Eglise. C’est ce qu’avait fait saint Jérôme, lorsqu’après avoir dit dans son commentaire sur saint Mathieu qu’Elie viendra dans son propre corps, il dit encore dans son commentaire sur Malachie qui est postérieur, que dans Elie on doit voir les prophètes. Ainsi on voit qu’Ambroise Autpert a lu avec discernement les commentaires des anciens pères, et qu’il ne confond pas un commentaire spirituel avec un commentaire littéral.
(à suivre…)
Ambroise Autpert ou Austbert ou Ansbert, religieux de l’ordre de saint Benoît, vivait dans le VIIIème siècle, vers la fin, comme l’ont prouvé les derniers critiques. Il fut abbé de Saint-Vincent dans l’Abruzze, en Italie. Il avait composé plusieurs ouvrages moraux et plusieurs commentaires sur l’Ecriture. Il y en a un fort ample sur l’Apocalypse où je trouve ce qui suit:
« Je donnerai à mes deux témoins... sur cet endroit, Victorin croit que les deux témoins seront Elie et Jérémie. Je trouve qu’il pense de l’un selon la vérité, mais non pas de l’autre. Car le Seigneur nous prédit qu’Elie viendra. Mais nous ne trouvons cela nulle part de Jérémie. Nous respectons ce martyr de Dieu, comme nous le devons, mais ce n’est pas par cet endroit qu’il est respectable. Il dit que la mort de Jérémie n’est point marquée dans l’Ecriture, et que le Seigneur l’ayant établi prophète pour les Gentils, nous devons croire que puisque pendant sa vie il n’a point été envoyé aux Gentils, il doit venir avec Elie pour fortifier l’Eglise des Gentils contre la perfidie de l’Antéchrist. Mais sans rien perdre de la vénération qui est due à ce saint martyr, nous disons que si la mort de Jérémie n’est point marquée dans l’Ecriture, son enlèvement n’y paraît pas non plus. Que d’ailleurs, Jérémie a prophétisé des malheurs non-seulement à sa nation, mais aussi à beaucoup d’autres, soit dans le temps qu’il annonçait la perte d’Israël, soit lorsqu’il la voyait arriver. C’est à savoir à Edom, à Moab, à Tyr, etc. Ainsi ces deux raisons ne sont point suffisantes pour assurer que Jérémie viendra avec Elie. Jérôme et Grégoire évêque de Rome nous attestent que c’est Enoch qui viendra avec Elie, et nous nous en rapportons volontiers à leur témoignage, à cause de ce que nous apprennent la Génèse et l’apôtre Paul. La Genèse nous dit qu’Enoch a été transféré, et l’apôtre Paul ajoute qu’il vit encore dans sa chair. C'est par la foi, dit-il, qu’Énoch a été enlevé du monde pour ne point mourir, etc. Nous donc, par les deux témoins, nous entendons Elie et Enoch, qui ont paru l’un avant la loi, l’autre sous la loi ; de manière cependant que dans leurs personnes nous comprenons aussi l’Eglise avec ses prédicateurs.» (Lib. I in Apocal. c. 11.)
Je fais ici deux réflexions :
Premièrement Ambroise Autpert ne nous dit pas que saint Victorin donne son sentiment sur le retour de Jérémie, comme une vérité de tradition. Cependant on doit supposer qu’Ambroise Autpert avait lu attentivement saint Victorin puisqu’il le réfute. Il réfute les deux raisons de saint Victorin et ne dit rien sur cette tradition que nous avons vue dans le texte de ce saint martyr. Il est donc très-vraisemblable et je crois même qu’on peut assurer qu’Autpert n’avait point trouvé cette prétendue tradition dans saint Victorin. Car cette preuve que le saint martyr donnait de son sentiment n’était pas moins à réfuter que son sentiment même. Ce n’est donc pas tout à fait sans raison que je n’ai point cru que cela fût dans la véritable production de saint Victorin.
Ambroise Autpert cite saint Jérôme au sujet du retour d’Enoch. Ce retour se trouve en effet dans un commentaire sur les psaumes qui est parmi les œuvres de saint Jérôme. Mais tous les savants conviennent que ce commentaire n’est pas de saint Jérôme.
Ma seconde réflexion est qu’Ambroise Autpert, quoique moins bon critique qu’on ne l’est aujourd’hui, entendait mieux le langage des pères, que n’ont fait depuis quelques théologiens qui ont pris à la lettre les allégories des pères sans y présupposer, comme eux, un sens littéral ; car après nous avoir dit qu’Enoch et Elie sont les deux témoins, il ne laisse pas de voir dans ces deux témoins les prédicateurs de l’Eglise. C’est ce qu’avait fait saint Jérôme, lorsqu’après avoir dit dans son commentaire sur saint Mathieu qu’Elie viendra dans son propre corps, il dit encore dans son commentaire sur Malachie qui est postérieur, que dans Elie on doit voir les prophètes. Ainsi on voit qu’Ambroise Autpert a lu avec discernement les commentaires des anciens pères, et qu’il ne confond pas un commentaire spirituel avec un commentaire littéral.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
ALCUIN.
Alcuin était anglais et enseignait les lettres saintes à York vers la fin du huitième siècle. Charlemagne le retint en France pour combattre les erreurs de Félix et d’Elipand au concile de Francfort. Ce fut Alcuin qui dressa la lettre synodique du concile, et il passait pour le plus habile homme de son temps dans les matières ecclésiastiques.
« Entre les signes des derniers temps dont le Seigneur nous parle dans l’Evangile, les uns sont déjà passés, comme nous le voyons dans l’histoire, les autres, qui n’arriveront pas moins certainement, font déjà sentir leurs approches. Au nombre de ces derniers nous devons mettre 1° la foi du peuple d’Israël, selon ce que que nous dit l’apôtre, quand la plénitude des nations sera entrée, tout Israël sera sauvé ; 2° le règne de l’Antéchrist et sa cruauté envers les saints. Ce sera la dernière persécution avant le jugement dernier, et la sainte Eglise y sera exposée dans toute la terre. Ce sera toute la cité du Christ qui sera persécutée par toute la cité du diable etc. L’Antéchrist séduira les uns par les caresses, les autres par la terreur, d’autres par des prodiges, afin qu’ils l’adorent comme Dieu. L’Apocalypse nous prédit que cette persécution sera déchaînée sur toute la terre pendant trois ans et demi. Mais la créance de l’Eglise est que, de peur que la persécution venant surprendre le monde, elle n’enveloppe tous ceux qui ne s’y attendaient pas, les très-grands prophètes Elie et Enoch viendront, et qu’à leur prédication le peuple d'Israël sera converti à la foi ; qu’ensuite après avoir prêché trois ans et demi, ils seront couronnés de la gloire du martyre avec les autres fidèles de Jésus-Christ. »
J’ai traduit Ecclesiae fides, la créance de l’Eglise, et non pas la foi de l’Eglise, parce que rien ne m’obligeait de prendre fides dans le sens le plus rigoureux, vu principalement qu’Alcuin y comprend la venue d’Enoch avec celle d’Elie.
Le savant Estius a eu deux doutes sur ce texte d’Alcuin et sur celui d’Arétas qu’on a vu plus haut. On peut, dit-il, mettre en doute si les deux auteurs parlent d’une foi certaine et proprement dite, ou seulement d’une créance telle qu’on la donne à des choses probables ; comme aussi, si leur autorité est assez grande pour que sur leur assertion la chose doive être regardée comme de foi (In 4 sent. dist. 4, 7).
Alcuin et Arétas ont résolu le premier doute d’Estius. Car Alcuin nous dit que les signes des derniers temps, qui sont encore à venir, n’arriveront pas moins certainement que ceux qui ont déjà précédé. Or, un de ces signes est l’arrivée de l’Antéchrist et sa cruauté contre Elie et contre Enoch. Ce n’est donc pas d’une pieuse créance qu’Alcuin nous parle, mais d’une créance qui a un objet certain : futura esse certissime creduntur. Arétas en parlant du retour d’Elie, fait intervenir toute la clarté et toute l’évidence des Ecritures : quod Elias venturus sit clarum est cum nec Scriptura siluerit per Malachium. A l’égard du retour d’Enoch, c’est, selon lui, une tradition perpétuelle et unanime qui le lui apprend : Ex traditione concorditer ab Ecclesia recepta. Arétas ne s’est donc pas mis dans les probabilités, non plus qu’Alcuin.
Le second doute d’Estius, savoir si l’autorité d’Alcuin et d’Arétas est assez grande, etc., n’est pas plus contre ces deux auteurs que contre tous les pères qui ont parlé affirmativement. Ainsi il est peu important de peser en particulier les deux autorités d’Alcuin et d’Arétas, et il suffit de confronter leur témoignage avec celui de tous les pères.
(à suivre…)
Alcuin était anglais et enseignait les lettres saintes à York vers la fin du huitième siècle. Charlemagne le retint en France pour combattre les erreurs de Félix et d’Elipand au concile de Francfort. Ce fut Alcuin qui dressa la lettre synodique du concile, et il passait pour le plus habile homme de son temps dans les matières ecclésiastiques.
« Entre les signes des derniers temps dont le Seigneur nous parle dans l’Evangile, les uns sont déjà passés, comme nous le voyons dans l’histoire, les autres, qui n’arriveront pas moins certainement, font déjà sentir leurs approches. Au nombre de ces derniers nous devons mettre 1° la foi du peuple d’Israël, selon ce que que nous dit l’apôtre, quand la plénitude des nations sera entrée, tout Israël sera sauvé ; 2° le règne de l’Antéchrist et sa cruauté envers les saints. Ce sera la dernière persécution avant le jugement dernier, et la sainte Eglise y sera exposée dans toute la terre. Ce sera toute la cité du Christ qui sera persécutée par toute la cité du diable etc. L’Antéchrist séduira les uns par les caresses, les autres par la terreur, d’autres par des prodiges, afin qu’ils l’adorent comme Dieu. L’Apocalypse nous prédit que cette persécution sera déchaînée sur toute la terre pendant trois ans et demi. Mais la créance de l’Eglise est que, de peur que la persécution venant surprendre le monde, elle n’enveloppe tous ceux qui ne s’y attendaient pas, les très-grands prophètes Elie et Enoch viendront, et qu’à leur prédication le peuple d'Israël sera converti à la foi ; qu’ensuite après avoir prêché trois ans et demi, ils seront couronnés de la gloire du martyre avec les autres fidèles de Jésus-Christ. »
J’ai traduit Ecclesiae fides, la créance de l’Eglise, et non pas la foi de l’Eglise, parce que rien ne m’obligeait de prendre fides dans le sens le plus rigoureux, vu principalement qu’Alcuin y comprend la venue d’Enoch avec celle d’Elie.
Le savant Estius a eu deux doutes sur ce texte d’Alcuin et sur celui d’Arétas qu’on a vu plus haut. On peut, dit-il, mettre en doute si les deux auteurs parlent d’une foi certaine et proprement dite, ou seulement d’une créance telle qu’on la donne à des choses probables ; comme aussi, si leur autorité est assez grande pour que sur leur assertion la chose doive être regardée comme de foi (In 4 sent. dist. 4, 7).
Alcuin et Arétas ont résolu le premier doute d’Estius. Car Alcuin nous dit que les signes des derniers temps, qui sont encore à venir, n’arriveront pas moins certainement que ceux qui ont déjà précédé. Or, un de ces signes est l’arrivée de l’Antéchrist et sa cruauté contre Elie et contre Enoch. Ce n’est donc pas d’une pieuse créance qu’Alcuin nous parle, mais d’une créance qui a un objet certain : futura esse certissime creduntur. Arétas en parlant du retour d’Elie, fait intervenir toute la clarté et toute l’évidence des Ecritures : quod Elias venturus sit clarum est cum nec Scriptura siluerit per Malachium. A l’égard du retour d’Enoch, c’est, selon lui, une tradition perpétuelle et unanime qui le lui apprend : Ex traditione concorditer ab Ecclesia recepta. Arétas ne s’est donc pas mis dans les probabilités, non plus qu’Alcuin.
Le second doute d’Estius, savoir si l’autorité d’Alcuin et d’Arétas est assez grande, etc., n’est pas plus contre ces deux auteurs que contre tous les pères qui ont parlé affirmativement. Ainsi il est peu important de peser en particulier les deux autorités d’Alcuin et d’Arétas, et il suffit de confronter leur témoignage avec celui de tous les pères.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
CHRISTIAN OU DRUTHMAR.
Christian, autrement Druthmar était moine de l’abbaye de Corbie. Il a écrit vers l’an 840.
« Jean est Elie par l’esprit et par l’opération, parce que, comme Elie précédera le second avènement, Jean-Baptiste a précédé le premier. »
(à suivre…)
Christian, autrement Druthmar était moine de l’abbaye de Corbie. Il a écrit vers l’an 840.
« Jean est Elie par l’esprit et par l’opération, parce que, comme Elie précédera le second avènement, Jean-Baptiste a précédé le premier. »
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
PASCHASE RADBERT.
Paschase Radbert natif de Soissons, abbé de Corbie, simple diacre, parce qu’il fut assez humble pour ne point vouloir monter plus haut, était célèbre à peu près vers le milieu du IXe siècle. Il est connu surtout par la fameuse dispute qu’il eut sur le corps et sur le sang de Jésus-Christ. Cet auteur était instruit et parlait bien pour son siècle.
« Si vous êtes venu déjà dans la gloire, comment donc Elie qui vient de paraître et qui s’est retiré, n’est-il point venu avant vous, et que veulent donc dire les Scribes? — Considérons maintenant avec quelle sagesse le Seigneur leur a répondu. Il ne rejette point ce que les Scribes leur avaient appris d’Elie etc. Il est vrai qu’Elie viendra, c’est-à-dire à un second avènement dans son corps véritable. »
Ce commentaire est formé de celui d’Origène et de saint Jérôme que nous avons cités.
(à suivre…)
Paschase Radbert natif de Soissons, abbé de Corbie, simple diacre, parce qu’il fut assez humble pour ne point vouloir monter plus haut, était célèbre à peu près vers le milieu du IXe siècle. Il est connu surtout par la fameuse dispute qu’il eut sur le corps et sur le sang de Jésus-Christ. Cet auteur était instruit et parlait bien pour son siècle.
« Si vous êtes venu déjà dans la gloire, comment donc Elie qui vient de paraître et qui s’est retiré, n’est-il point venu avant vous, et que veulent donc dire les Scribes? — Considérons maintenant avec quelle sagesse le Seigneur leur a répondu. Il ne rejette point ce que les Scribes leur avaient appris d’Elie etc. Il est vrai qu’Elie viendra, c’est-à-dire à un second avènement dans son corps véritable. »
Ce commentaire est formé de celui d’Origène et de saint Jérôme que nous avons cités.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
ANGELOME.
Angélome était religieux de l’ordre de saint Benoît dans l’abbaye de Luxeuil en Bourgogne. Il a composé des stromates ou tapisseries sur le livre des rois.
« (Elie) a été enlevé dans le ciel éthéré pour être aussitôt conduit dans une région inconnue de ce monde et pour y vivre dans une grande paix d’esprit et de corps jusqu’à ce qu’il revienne à la fin du monde pour payer le tribut à la mort. »
(à suivre…)
Angélome était religieux de l’ordre de saint Benoît dans l’abbaye de Luxeuil en Bourgogne. Il a composé des stromates ou tapisseries sur le livre des rois.
« (Elie) a été enlevé dans le ciel éthéré pour être aussitôt conduit dans une région inconnue de ce monde et pour y vivre dans une grande paix d’esprit et de corps jusqu’à ce qu’il revienne à la fin du monde pour payer le tribut à la mort. »
(à suivre…)
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VALFRIDE STRABON.
Valfride Strabon, religieux de saint Benoît, est l’auteur de ce qu’on appelle la glose ordinaire. Il écrivait vers le milieu du IXe siècle.
« Si vous voulez etc., afin que vous soyez inexcusables de ne le point recevoir, je vous déclare qu’il est Elie en vertu et non en personne, précédant le premier avènement du Christ, comme Elie doit précéder le second. »
Strabon a composé sa glose ou commentaire en compilant les ouvrages des pères, comme c’était la coutume de son temps. Il rapporte l’interprétation allégorique de saint Jérôme sur le prophète Elie, telle que je l'ai citée, et cela ne l'empêche pas d’admettre le sens littéral de la venue d’Elie. C’est en quoi Strabon est aussi judicieux qu’Ambroise Autpert qui admet aussi les deux sens littéral et allégorique des deux témoins, comme nous l’avons vu, et un peu plus que Remi d’Auxerre qui paraîtra bientôt.
(à suivre…)
Valfride Strabon, religieux de saint Benoît, est l’auteur de ce qu’on appelle la glose ordinaire. Il écrivait vers le milieu du IXe siècle.
« Si vous voulez etc., afin que vous soyez inexcusables de ne le point recevoir, je vous déclare qu’il est Elie en vertu et non en personne, précédant le premier avènement du Christ, comme Elie doit précéder le second. »
Strabon a composé sa glose ou commentaire en compilant les ouvrages des pères, comme c’était la coutume de son temps. Il rapporte l’interprétation allégorique de saint Jérôme sur le prophète Elie, telle que je l'ai citée, et cela ne l'empêche pas d’admettre le sens littéral de la venue d’Elie. C’est en quoi Strabon est aussi judicieux qu’Ambroise Autpert qui admet aussi les deux sens littéral et allégorique des deux témoins, comme nous l’avons vu, et un peu plus que Remi d’Auxerre qui paraîtra bientôt.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
HAYMON D’ALBERSTAT.
Haymon, évêque d’Alberstat en Basse-Saxe, écrivait dans le IXe siècle, et la plupart de ses commentaires ont passé longtemps sous le nom de Remi qui était évêque d’Auxerre dans le Xe siècle.
« Jean est Elie etc. — Je ne suis pas Elie. Sont-ce là deux témoignages contraires ? Non. Tous les deux disent la vérité. Comme Elie précédera l’avènement du juge, de même Jean a précédé l’avénement du Rédempteur. »
Dans le commentaire sur l’Epitre aux Romains qui est sous le nom de Remi d’Auxerre au 8e tome de la Bibliothèque des pères : « Il y a, dit Haymon, bien de la différence entre ces deux choses, être brisé et être arraché. Un rameau qui n’est que brisé se peut remettre, et on le raccommode sur l’arbre le mieux qu’on peut. Il n’en est pas de même d’une branche arrachée. Remarquez que l’apôtre dit seulement que les Juifs sont des rameaux brisés, et c’est parce qu’à la prédication d’Elie et d’Enoch ces rameaux seront raccommodés et affermis dans la foi du Christ. »
(à suivre…)
Haymon, évêque d’Alberstat en Basse-Saxe, écrivait dans le IXe siècle, et la plupart de ses commentaires ont passé longtemps sous le nom de Remi qui était évêque d’Auxerre dans le Xe siècle.
« Jean est Elie etc. — Je ne suis pas Elie. Sont-ce là deux témoignages contraires ? Non. Tous les deux disent la vérité. Comme Elie précédera l’avènement du juge, de même Jean a précédé l’avénement du Rédempteur. »
Dans le commentaire sur l’Epitre aux Romains qui est sous le nom de Remi d’Auxerre au 8e tome de la Bibliothèque des pères : « Il y a, dit Haymon, bien de la différence entre ces deux choses, être brisé et être arraché. Un rameau qui n’est que brisé se peut remettre, et on le raccommode sur l’arbre le mieux qu’on peut. Il n’en est pas de même d’une branche arrachée. Remarquez que l’apôtre dit seulement que les Juifs sont des rameaux brisés, et c’est parce qu’à la prédication d’Elie et d’Enoch ces rameaux seront raccommodés et affermis dans la foi du Christ. »
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
RABAN MAUR.
Raban, surnommé Maur, abbé de Fulde, était le premier théologien de son siècle. Il fut conciliateur entre Louis-le-Débonnaire et ses enfants, et ayant été élu archevêque de Mayence, il tint un concile où il condamna les erreurs de Gotescalc.
Raban Maur expliquant ces paroles : Si vous voulez, etc., en saint Mathieu, ch. 11, met tout de suite le texte de saint Jérôme tel que nous l’avons rapporté dans une homélie sur la veille de saint Jean-Baptiste à propos de ces paroles de l’Ange : Il précédera. Il dit qu’Elie sera le précurseur du second avènement comme Jean l’a été du premier. Voici ce que je trouve de particulier dans son opuscule sur l’Antéchrist.
« L’Antéchrist s’élèvera contre les fidèles en trois manières, par la terreur, par les largesses, par les miracles. Il donnera à ceux qui croiront en lui de grandes sommes d’or et d’argent. Ceux que ses libéralités ne pourront gagner, il les abattra par les voies de la violence et de la terreur. Ceux que la terreur ne pourra vaincre, il tâchera de les séduire par les miracles. Ceux que les miracles n’auront point séduits, il les fera périr misérablement à la vue de tout le monde etc. Alors tout chrétien fidèle niera Dieu, ou s’il demeure fidèle il périra par le fer ou par le feu de la fournaise, ou par les bêtes, ou par toute autre sorte de tourments, etc. Mais de peur que l’Antéchrist, etc. Les prophètes Enoch et Elie seront envoyés. » Ensuite Raban Maur continue ainsi : « Les docteurs nous apprennent que l’Antéchrist sera mis à mort sur la montagne des Olives, d’où le Seigneur est monté aux cieux. Or, vous devez savoir qu’après que l’Antéchrist aura été mis à mort, le Seigneur ne viendra point tout d’un coup, mais que, comme Daniel nous le fait entendre, il attendra que quelques-uns qui ont été séduits, reviennent à la pénitence. Mais après qu’ils auront rempli le temps qui leur était donné pour faire pénitence, de savoir combien il s’en écoulera jusqu’à ce que le Seigneur vienne, c’est ce qui demeure dans le secret de Dieu. »
J’ai rapporté ce dernier endroit de Raban Maur, parce qu’on y voit un exemple des tons différents que prenaient les pères suivant les degrés de certitude. Raban Maur parle affirmativement quand il dit que les deux prophètes Enoch et Elie seront envoyés. Il ne cite que les docteurs, quand il ajoute que l’Antéchrist mourra sur la montagne des Olives,
et alors il ne parle plus d’un ton si ferme, et il adoucit encore le ton lorsqu’il propose sa conjecture sur le temps qui parait être accordé, selon Daniel, à ceux qui feront pénitence. Enfin il demeure tout à fait dans le doute lorsqu’il s’agit de déterminer le moment précis où le Seigneur viendra des cieux pour juger le monde. Nous ferons dans la suite une application plus générale de cette réflexion.
(à suivre…)
Raban, surnommé Maur, abbé de Fulde, était le premier théologien de son siècle. Il fut conciliateur entre Louis-le-Débonnaire et ses enfants, et ayant été élu archevêque de Mayence, il tint un concile où il condamna les erreurs de Gotescalc.
Raban Maur expliquant ces paroles : Si vous voulez, etc., en saint Mathieu, ch. 11, met tout de suite le texte de saint Jérôme tel que nous l’avons rapporté dans une homélie sur la veille de saint Jean-Baptiste à propos de ces paroles de l’Ange : Il précédera. Il dit qu’Elie sera le précurseur du second avènement comme Jean l’a été du premier. Voici ce que je trouve de particulier dans son opuscule sur l’Antéchrist.
« L’Antéchrist s’élèvera contre les fidèles en trois manières, par la terreur, par les largesses, par les miracles. Il donnera à ceux qui croiront en lui de grandes sommes d’or et d’argent. Ceux que ses libéralités ne pourront gagner, il les abattra par les voies de la violence et de la terreur. Ceux que la terreur ne pourra vaincre, il tâchera de les séduire par les miracles. Ceux que les miracles n’auront point séduits, il les fera périr misérablement à la vue de tout le monde etc. Alors tout chrétien fidèle niera Dieu, ou s’il demeure fidèle il périra par le fer ou par le feu de la fournaise, ou par les bêtes, ou par toute autre sorte de tourments, etc. Mais de peur que l’Antéchrist, etc. Les prophètes Enoch et Elie seront envoyés. » Ensuite Raban Maur continue ainsi : « Les docteurs nous apprennent que l’Antéchrist sera mis à mort sur la montagne des Olives, d’où le Seigneur est monté aux cieux. Or, vous devez savoir qu’après que l’Antéchrist aura été mis à mort, le Seigneur ne viendra point tout d’un coup, mais que, comme Daniel nous le fait entendre, il attendra que quelques-uns qui ont été séduits, reviennent à la pénitence. Mais après qu’ils auront rempli le temps qui leur était donné pour faire pénitence, de savoir combien il s’en écoulera jusqu’à ce que le Seigneur vienne, c’est ce qui demeure dans le secret de Dieu. »
J’ai rapporté ce dernier endroit de Raban Maur, parce qu’on y voit un exemple des tons différents que prenaient les pères suivant les degrés de certitude. Raban Maur parle affirmativement quand il dit que les deux prophètes Enoch et Elie seront envoyés. Il ne cite que les docteurs, quand il ajoute que l’Antéchrist mourra sur la montagne des Olives,
et alors il ne parle plus d’un ton si ferme, et il adoucit encore le ton lorsqu’il propose sa conjecture sur le temps qui parait être accordé, selon Daniel, à ceux qui feront pénitence. Enfin il demeure tout à fait dans le doute lorsqu’il s’agit de déterminer le moment précis où le Seigneur viendra des cieux pour juger le monde. Nous ferons dans la suite une application plus générale de cette réflexion.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
REMI D’AUXERRE
Remi était moine de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre. Il a commencé à être connu vers la fin du neuvième siècle, et apparemment écrit au commencement du dixième. Nous avons de lui un commentaire sur onze petits prophètes et non point sur douze comme le dit M. Du Pin. Le commentaire sur Osée ne paraît pas dans ce qui nous reste de ses ouvrages. Voici de quelle manière Rémi finit son commentaire sur Malachie.
« Avant que le jour du Seigneur arrive, le Seigneur enverra Elie qui est interprété Mon Dieu, et qui est de la ville de Thesbé, qui signifie conversion, c’est-à-dire qu’il enverra tout le chœur des prophètes etc. — Voilà ce que nous avons dit d’Elie suivant les docteurs. Ce n’est pas qu’il n’y en ait beaucoup des nôtres, qui croyent à la lettre qu’Elie viendra et paiera le tribut à la mort. Au reste, le Seigneur étant interrogé par ses apôtres sur l’arrivée d’Elie, a répondu : Elie est venu. Voulant que par Elie on entende Jean-Baptiste. C’est pourquoi il ajoute : Si vous voulez recevoir, il est Elie. »
On ne sait point trop qui sont beaucoup des nôtres dont Remi nous parle. Peut-être entend-il les moines de son ordre, peut-être aussi les docteurs de l’Eglise latine. Mais ces docteurs qu’il a suivis, sont tous ceux qui avaient fait avant lui des compilations de saint Jérôme, dont il emprunte avec eux une partie du commentaire sur Malachie. Rémi ne comprenait pas ce qu’avaient fort bien compris les docteurs, savoir que saint Jérôme n’explique ici que le sens spirituel de Malachie. Voilà pourquoi Rémi a douté de la réalité du sens littéral.
Au reste, ce doute de Rémi n’est pas un doute raisonné; ce n’est qu’une perplexité. Rémi n’apporte aucune raison de douter. Il se contente de compiler ses manuscrits; et voyant bien que de la manière qu’il les prend, ils ne s'accordent pas avec la tradition et avec le sentiment de beaucoup des nôtres, il nous fait part de l’embarras où il se trouve. Nous aurons lieu de parler encore de ce doute de Rémi d’Auxerre. Du temps de ce moine on ne connaissait guère les véritables ouvrages des Pères. L’ignorance du Xe siècle gagnait déjà. Il n’est pas étonnant qu’un siècle de fer ou de plomb comme le Xe ait perdu de vue une partie du dépôt des traditions de l’Eglise. La tradition est ici comme ces fleuves qui se cachent pour quelques moments sous terre. Le fleuve ne cesse jamais de couler pour cesser de paraître. Avançons quelques pas, le fleuve reparaîtra tel qu’il était.
(à suivre…)
Remi était moine de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre. Il a commencé à être connu vers la fin du neuvième siècle, et apparemment écrit au commencement du dixième. Nous avons de lui un commentaire sur onze petits prophètes et non point sur douze comme le dit M. Du Pin. Le commentaire sur Osée ne paraît pas dans ce qui nous reste de ses ouvrages. Voici de quelle manière Rémi finit son commentaire sur Malachie.
« Avant que le jour du Seigneur arrive, le Seigneur enverra Elie qui est interprété Mon Dieu, et qui est de la ville de Thesbé, qui signifie conversion, c’est-à-dire qu’il enverra tout le chœur des prophètes etc. — Voilà ce que nous avons dit d’Elie suivant les docteurs. Ce n’est pas qu’il n’y en ait beaucoup des nôtres, qui croyent à la lettre qu’Elie viendra et paiera le tribut à la mort. Au reste, le Seigneur étant interrogé par ses apôtres sur l’arrivée d’Elie, a répondu : Elie est venu. Voulant que par Elie on entende Jean-Baptiste. C’est pourquoi il ajoute : Si vous voulez recevoir, il est Elie. »
On ne sait point trop qui sont beaucoup des nôtres dont Remi nous parle. Peut-être entend-il les moines de son ordre, peut-être aussi les docteurs de l’Eglise latine. Mais ces docteurs qu’il a suivis, sont tous ceux qui avaient fait avant lui des compilations de saint Jérôme, dont il emprunte avec eux une partie du commentaire sur Malachie. Rémi ne comprenait pas ce qu’avaient fort bien compris les docteurs, savoir que saint Jérôme n’explique ici que le sens spirituel de Malachie. Voilà pourquoi Rémi a douté de la réalité du sens littéral.
Au reste, ce doute de Rémi n’est pas un doute raisonné; ce n’est qu’une perplexité. Rémi n’apporte aucune raison de douter. Il se contente de compiler ses manuscrits; et voyant bien que de la manière qu’il les prend, ils ne s'accordent pas avec la tradition et avec le sentiment de beaucoup des nôtres, il nous fait part de l’embarras où il se trouve. Nous aurons lieu de parler encore de ce doute de Rémi d’Auxerre. Du temps de ce moine on ne connaissait guère les véritables ouvrages des Pères. L’ignorance du Xe siècle gagnait déjà. Il n’est pas étonnant qu’un siècle de fer ou de plomb comme le Xe ait perdu de vue une partie du dépôt des traditions de l’Eglise. La tradition est ici comme ces fleuves qui se cachent pour quelques moments sous terre. Le fleuve ne cesse jamais de couler pour cesser de paraître. Avançons quelques pas, le fleuve reparaîtra tel qu’il était.
(à suivre…)
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