Sur le récit de nouveaux prodiges de la Bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus, Nous avons ordonné à la Sacrée Congrégation des Rites, le vingt-cinq juillet de l'an mil neuf cent vingt-trois, de reprendre la Cause de cette même Bienheureuse. Deux miracles ayant été proposés à son examen, les Procès instruits et les témoins entendus, la Sacrée Congrégation rendit ce Décret : « On est assuré de la validité des procès accomplis, par l'autorité apostolique, dans les diocèses de Parme et de Malines, au sujet de miracles attribués à l’intercession de la BIENHEUREUSE THÉRÈSE qui avait été sollicitée, dans le cas et pour l'effet dont il s'agit. » Ce Décret a été ratifié et confirmé par Nous, le onze juin de l'an mil neuf cent vingt-quatre.
Les deux miracles proposés à la discussion étaient les suivants : Le premier est la guérison de Gabrielle Trimusi, le deuxième, la guérison de Maria Pellemans.
Gabrielle, entrée à vingt-trois ans dans la Congrégation des « Pauvres Filles des Sacrés-Cœurs », dont la Maison-Mère est dans la ville de Parme, commença à souffrir du genou gauche en mil neuf cent treize. Employée aux travaux domestiques, elle avait coutume de briser sur son genou, à la force de son bras, le bois à brûler. La répétition de cet acte finit par produire, sans qu'elle s'en aperçût, une lésion à la jointure, qui dégénéra en affection tuberculeuse. Elle n'éprouva d'abord qu'une sensation de douleur sourde, puis vinrent un tremblement du genou, la perte de l'appétit et l'amaigrissement de la malade.
Deux médecins appelés visitèrent la Soeur et ordonnèrent des remèdes, mais sans aucun succès, si bien qu'au bout de trois ans, elle fut envoyée à Milan où l'on employa l'héliothérapie, les bains, les vésicatoires, les injections et autres choses semblables, sans aucun résultat; au contraire, au bout de quatre ans, l'épine dorsale était atteinte à son tour. La Sœur Gabrielle revint à Parme où plusieurs médecins qui la visitèrent reconnurent une lésion de nature tuberculeuse, et ordonnèrent des remèdes généraux. Le médecin ordinaire de la Communauté, constatant que l'état de l'épine dorsale allait aussi en empirant, conseilla de conduire la malade à l'hôpital. En attendant, il effectua l'examen radioscopique du genou malade et constata une périostite du sommet du tibia. Reçue à l'hôpital, elle fut de nouveau soumise à l'application des rayons X. Pendant ce séjour à l'hôpital de Milan, atteinte de la grippe, dite espagnole, elle éprouva dans la partie dorsale de la colonne vertébrale de nouvelles douleurs qui allèrent toujours en augmentant.
Comme tous les remèdes restaient inutiles, un ecclésiastique qui la visitait conseilla, le treize juin mil neuf cent vingt-trois, de faire une neuvaine en l'honneur de la Bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus, devant une petite image où était aussi imprimée une prière à la Bienheureuse.
La malade s'y unit, plus préoccupée de la santé des autres sœurs que de la sienne propre. Comme le dernier jour de cette neuvaine coïncidait avec la clôture d'un Triduum solennel, célébré en l'honneur de la Bienheureuse dans l'Eglise des Carmes, toute proche du Couvent, quelques-unes des Sœurs, et la malade elle-même, demandèrent la permission d'y aller. Au retour, après avoir parcouru cette courte distance d'un pas lent et très douloureux, la Sœur Trimusi entra dans la Chapelle de la Communauté où les autres sœurs étaient réunies, comme de coutume. La Supérieure exhorta la malade à prier avec confiance, et lui enjoignit de regagner sa place. Chose merveilleuse ! l'infirme, inconsciemment, se mit à genoux sans ressentir aucune douleur et, sans plus de difficulté que s'il avait été parfaitement sain, resta ainsi, reposant sur son genou malade, et ne s'apercevant pas de cette merveille, parce que son attention était absorbée par les douleurs dorsales qui, à ce moment, la tourmentaient plus cruellement. Elle alla au réfectoire avec les Sœurs. Le repas fini, elle monte l'escalier avec lenteur, entre dans la première chambre qu'elle rencontre, enlève son appareil et crie à haute voix : « Je suis guérie ! Je suis guérie ! »
Aussitôt, elle reprit les emplois et les travaux de sa condition et les exercices de la vie religieuse, sans aucune souffrance, ni fatigue, rendant grâce à Dieu du miracle opéré par l'intercession de la Bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Les médecins, désignés par la Sacrée Congrégation, discutèrent longuement cette guérison, et statuèrent que la lésion du genou était une arthrosynovite chronique, et celle de l'épine dorsale, une spondylite également chronique. Ces deux lésions organiques, rebelles à tous les remèdes, ont cédé à la Toute-Puissance de Dieu, et Sœur Gabrielle a recouvré par miracle la santé, et y a persévéré.