Cette Cause avait une marche si rapide et si heureuse, accompagnée de tant d'allégresse, que deux miracles furent aussitôt proposés à l'examen, choisis entre une multitude de divers prodiges que l'on disait avoir été obtenus dans tout l'Univers chrétien, par l'intercession puissante de la Vénérable Thérèse. Le premier concerne la Soeur Louise de Saint-Germain, de la Congrégation des Filles de la Croix, souffrant d'une maladie organique, à savoir : d'une lésion anatomique et pathologique, c'est-à-dire d'un ulcère très grave de l'estomac, de forme hémorragique. Après avoir imploré l'intercession auprès de Dieu de la Vénérable Thérèse de l'Enfant-Jésus, la malade recouvra une parfaite santé, comme trois éminents médecins le reconnurent unanimement, ayant chacun donné son sentiment, par écrit, à la demande de la Sacrée Congrégation des Rites. Le second miracle, assez semblable au premier, est la guérison du jeune séminariste, Charles Anne, malade de tuberculose pulmonaire hémoptysique en période cavitaire. Il invoqua avec confiance l'aide de la Servante de Dieu et guérit parfaitement, comme cela résulte avec évidence des conclusions de trois médecins et de la série d'arguments sur lesquels se basait leur décision.
Aussi tous ceux qui étaient appelés à donner leur sentiment furent en mesure, après avoir mûrement pesé toutes choses, de formuler un jugement certain et indubitable sur la question soumise à l'examen. Après donc les deux Congrégations Anté-préparatoire et Préparatoire, vint la Congrégation Générale, le trente janvier mil neuf cent vingt-trois, dans laquelle fut discuté, en Notre présence, le Doute suivant : « Y a-t-il certitude de miracles, et de quels miracles, dans le cas et pour l'effet dont il s'agit ? » Les Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine présents, et les Pères Consulteurs exposèrent, chacun à leur tour, leur manière de voir. Après les avoir écoutés avec attention, Nous avons cru pouvoir suspendre Notre décision, suivant l'usage, pour obtenir, en une chose si grave, un secours plus abondant du Père des Lumières.
Enfin, le dimanche de la Quinquagésime, fête de l'Apparition de l'Immaculée Vierge Marie, à Lourdes, et veille du premier anniversaire de Notre couronnement, Nous avons voulu, en ce jour doublement heureux, manifester Notre décision ; et, en présence de l'Eminentissime Cardinal Antoine Vico, Evêque de Porto et de Sainte-Rufine, Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites et Ponent de la Cause, ainsi que des autres dignitaires de cette Congrégation, Nous avons déclaré solennellement : « II y a certitude de miracle dans les deux cas proposés, à savoir : la guérison instantanée et parfaite de la Soeur Louise de Saint-Germain, de la Congrégation des Filles de la Croix, d'un très grave ulcère de l'estomac, de forme hémorragique, et la guérison instantanée et parfaite du séminariste Charles Anne, d'une tuberculose pulmonaire hémoptysique en période cavitaire. » Et Nous avons donné ordre d'en publier le Décret et de l'insérer dans les Actes de la Sacrée Congrégation, le onze février de l'an mil neuf cent vingt-trois.