COSME D’ALEXANDRIE (6e siècle).
Cet auteur avait été inconnu dans ces derniers siècles jusqu’à ce que Dom Bernard de Montfaucon le tirât de la poussière et en fît part au public dans son livre intitulé : Collectio nova , etc. — Cosme était égyptien et avait beaucoup voyagé dans l’Inde et dans l’Etyopie, de là vient qu’on l’appelle Indico-Pleusta, c’est-à-dire navigateur des Indes. Ensuite il se fit moine et composa plusieurs ouvrages. On trouve, dans ce qui nous en reste, des fragments curieux de plusieurs ouvrages des anciens pères, que nous n’avons plus, et surtout de saint Athanase. Cosme écrivait au milieu du sixième siècle, sous l’empire de Justinien et vers l’an 536.
Sous le titre Enoch. « C’est cet Enoch qui a été transféré. — C’est lui qui, dans les derniers temps, doit venir avec Elie pour résister à l’Antéchrist et confondre la séduction, comme nous l’enseigne la tradition de l’Eglise. »
Sous le titre Elie : « C’est cet Elie qui, le premier, a su apprendre aux hommes à monter au ciel, etc. C’est lui qui est réservé, etc., pour s’opposer à l’Antéchrist et confondre ses fourberies et son orgueil. C’est lui qui, à la fin des siècles, détrompera les hommes de la séduction de l’Antéchrist pour les faire revenir à Dieu. C’est lui qui a été jugé digne d’être précurseur du second et glorieux avènement de Jésus-Christ Notre Seigneur. »
(à suivre…)
DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
ARETAS (6ème siècle).
Arétas a été évêque de Césarée en Cappadoce, vers le milieu du sixième siècle et a composé, d’après André de Césarée, un commentaire sur l’Apocalypse.
« Que le prophète Elie doive venir, c’est ce qui est clair et évident, puisque l’Ecriture nous le déclare par Malachie, etc. Mais c’est une tradition générale qui n’a point varié, laquelle nous est venue par le moyen des prédicateurs de la foi, qui se sont répandus de toutes parts, et qui est reçue d’une voix unanime dans l’Eglise, savoir qu’Enoch viendra avec Elie de Thesbé. Ils viendront donc pour conjurer ceux qui vivront alors, de ne point se laisser tromper par les faux prodiges de l’Antéchrist. »
On peut remarquer que voilà deux auteurs contemporains, Cosme et Arétas, qui écrivent l’un, en Afrique, l’autre, en Asie, et qui prennent à témoin la tradition de l’Eglise. Nous examinerons dans la suite ce qu’on aura à dire contre ce témoignage.
(à suivre…)
Arétas a été évêque de Césarée en Cappadoce, vers le milieu du sixième siècle et a composé, d’après André de Césarée, un commentaire sur l’Apocalypse.
« Que le prophète Elie doive venir, c’est ce qui est clair et évident, puisque l’Ecriture nous le déclare par Malachie, etc. Mais c’est une tradition générale qui n’a point varié, laquelle nous est venue par le moyen des prédicateurs de la foi, qui se sont répandus de toutes parts, et qui est reçue d’une voix unanime dans l’Eglise, savoir qu’Enoch viendra avec Elie de Thesbé. Ils viendront donc pour conjurer ceux qui vivront alors, de ne point se laisser tromper par les faux prodiges de l’Antéchrist. »
On peut remarquer que voilà deux auteurs contemporains, Cosme et Arétas, qui écrivent l’un, en Afrique, l’autre, en Asie, et qui prennent à témoin la tradition de l’Eglise. Nous examinerons dans la suite ce qu’on aura à dire contre ce témoignage.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
PRIMASE
Primase, évêque d’Adrumète en Afrique, était un homme également versé dans les lettres divines et humaines, bel esprit et grand amateur des ouvrages de saint Augustin. II se trouva au cinquième concile général tenu à Constantinople l’an 553 et s’opposa à la condamnation des trois Chapitres. Il avait composé beaucoup d’ouvrages dont il nous reste des commentaires assez étendus sur saint Paul et sur l’Apocalypse.
« Le Seigneur dit de Jean : Elie est déjà venu, nous marquant ainsi Jean-Baptiste de qui il avait été promis avant sa naissance qu’il précéderait dans l’esprit et dans la vertu d’Elie, et nous faisant connaître qu’à cause de la grâce et de la forme du ministère qui est la même dans tous les deux, il désigne la personne de l’un dans celle de l’autre, donnant à Jean le nom d’Elie parce que comme l’un a précédé le premier avènement, l’autre doit précéder le second. »
Voilà le texte de Primase tel que nous l’avons. Cependant Grotius n’a pas craint de nous dire que Primase est d’un avis contraire, dissentit Procopius, dissentit Prinmius, dubitat Nazianzenus. Primase vient de donner le premier démenti à Grotius ; Procope va donner le second.
(à suivre...)
Primase, évêque d’Adrumète en Afrique, était un homme également versé dans les lettres divines et humaines, bel esprit et grand amateur des ouvrages de saint Augustin. II se trouva au cinquième concile général tenu à Constantinople l’an 553 et s’opposa à la condamnation des trois Chapitres. Il avait composé beaucoup d’ouvrages dont il nous reste des commentaires assez étendus sur saint Paul et sur l’Apocalypse.
« Le Seigneur dit de Jean : Elie est déjà venu, nous marquant ainsi Jean-Baptiste de qui il avait été promis avant sa naissance qu’il précéderait dans l’esprit et dans la vertu d’Elie, et nous faisant connaître qu’à cause de la grâce et de la forme du ministère qui est la même dans tous les deux, il désigne la personne de l’un dans celle de l’autre, donnant à Jean le nom d’Elie parce que comme l’un a précédé le premier avènement, l’autre doit précéder le second. »
Voilà le texte de Primase tel que nous l’avons. Cependant Grotius n’a pas craint de nous dire que Primase est d’un avis contraire, dissentit Procopius, dissentit Prinmius, dubitat Nazianzenus. Primase vient de donner le premier démenti à Grotius ; Procope va donner le second.
(à suivre...)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
PROCOPE
C’est Procope de Gaza qui vivait dans le sixième siècle, à peu près en même temps que Primase, et dont nous avons des commentaires sur plusieurs livres de l’Ecriture.
Procope, en commentant le trente-deuxième chapitre de la Genèse, fait ainsi un parallèle du patriarche Jacob avec Jésus-Christ.
« Jacob étant persécuté par Esaü, se retire chez Laban dans une terre étrangère. Jésus-Christ persécuté en Judée se retire dans la Galilée (des nations). Comme Jacob paît les brebis de Laban livré aux idoles, Jésus-Christ a le même soin des brebis, c’est-à-dire du monde qui adore les idoles. Enfin dans les derniers temps Jacob retourne dans son pays et se réconcilie avec Esaü. Tout de même Jésus-Christ se réconcilie avec les Juifs, revenant à ses frères dans les derniers temps du monde.» Or, voici comment cette réconciliation se doit faire selon Procope.
« Ensuite, dans les derniers temps Jésus-Christ fera une alliance avec Israël, c’est-à-dire avec ses persécuteurs, comme il est arrivé au temps de Jacob et d’Esaü. Israël attend que le Christ revienne de la vocation des Gentils pour s’unir à lui. Jacob revient de Charan ; il est reçu favorablement d’Esaü, à cause des envoyés qu’il a fait marcher devant lui pour lui offrir des présents. Or, ici il faut remarquer ce qui est dit par un prophète : J’enverrai Elie de Thesbé avant l’arrivée du grand et terrible jour du Seigneur. C’est cet Elie qui réconciliera Israël avec le Christ, ôtant de leur cœur cette ancienne inimitié qu’ils ont contre lui. C’est lui qui offrira les présents d’hospitalité pour le Christ et donnera une espérance qui ne sera pas longtemps différée. Car la grâce et la réconciliation sera bientôt accompagnée de ses saints anges. »
Voilà donc Elie dans Procope, qui est l’envoyé de Jacob, c’est-à-dire de J.-C., pour préparer les Juifs à son arrivée de chez les Gentils, et pour leur ôter cette ancienne inimitié qu’ils ont toujours gardée contre le Sauveur.
Qu’on juge à présent du commentaire de Grotius pour la dernière fois.
« Que si nous voulons consulter les écrivains postérieurs qui ne sont pas d'une si grande autorité en fait de tradition, Procope est d’un avis contraire, Primase est d’un avis contraire, Grégoire de Nazianze a douté. Ce qui montre assez que cette venue d’Elie n’a jamais été tellement crue que ce fût un crime de ne la point croire.» (In Math. 17)
Il n’y a plus rien à dire, ni à penser, sinon que Grotius a parlé à l’aventure sur une matière qu’apparemment il ne jugeait pas digne de ses recherches. Ce n’est point d’aujourd’hui que les savants ont remarqué que Grotius ne cite point toujours les auteurs sur les originaux. Grotius n’avait certainement pas lu ni Primase, ni Procope. Il n’est point possible qu’un homme de bon sens, comme l’était Grotius, prenne le oui pour le non dans les auteurs. Mais il s’en sera lié à quelque auteur de sa communion. Peut-être Grotius avait-il lu dans Procope qu’Elie a dépouillé la mortalité, et en a-t-il conclu après d’autres que Procope n’a point cru qu’Elie dût revenir dans le monde. On voit quel fonds il y a à faire sur de pareilles inductions.
C’est sur le chapitre de la Genèse que Procope nous dit qu’Elie a dépouillé la mortalité. C’est sur le 32e chapitre de la même Genèse que Procope dit formellement qu’Elie reviendra dans le monde. Ces deux assertions de Procope ne sont pas contraires. En lisant attentivement Procope sur le 5° chapitre de la Genèse, on verra qu’il n’affirme point qu’Elie jouisse déjà de l’immortalité, de la manière qu’elle est propre aux saints dans le ciel. Procope dit qu’Elie et Enoch ont été enlevés dans des tabernacles éternels. C’est à quoi il s’en tient dans une objection qu’il se fait; on lui demande comment il sera vrai, comme l’a dit saint Paul, que tous les hommes doivent mourir une fois ; si Enoch et Elie demeurent toujours avec leurs corps. Procope n’adopte pas la supposition qu’Enoch et Elie demeureront toujours avec leurs corps. Il se contente de répondre en deux mots que ces deux saints hommes ont dépouillé la mortalité d’une manière toute divine et qui nous est inconnue, divina quadam ratione nobis inexplorata mortalitatem exuerunt. Ce qui nous fait entendre qu’il ne parle que de l’état où sont maintenant Enoch et Elie, sans préjudice de leur retour dans le monde, dont il ne s’agissait pas. C’est ainsi que le même saint Jérôme qui nous a dit qu’Elie reviendra dans son propre corps, a dit ailleurs qu’Elie est devenu immortel avant que de mourir, ante immortalis quam mortuus. C’est ainsi que l’auteur des questions aux orthodoxes dans les ouvrages de saint Justin, nous apprend que ceux qui ressuscitèrent en même temps que J.-C., demeurent dans l’immortalité aussi bien qu’Enoch et Elie, et qu’ils attendent le renouvellement éternel, où J.-C. est entré par sa résurrection. Car, ajoute-t-il, personne, si ce n’est J -C. n’est encore ressuscité pour une vie éternelle et incorruptible. (Quest. 85). Selon cet auteur, ceux qui sont avec Enoch et Elie dans l’immortalité ne sont pas encore dans l’état des bienheureux et ils ne font que préluder à l’incorruptibilité, comme nous l’a déjà dit saint Irénée. Mais ils sont dans un état où rien ne leur cause la mort, c’est uniquement ce qu’on doit entendre par cette immortalité qu’on trouve dans Procope, dans saint Ambroise et aussi dans saint Jérôme. Enfin, Procope eût-il supposé qu’Elie ne mourra jamais, tout ce que Grotius en devait conclure, nous l’avons déjà dit, c’est qu’Elie revenant dans le monde passera sans mourir, de l’immortalité où il est, à l’état des bienheureux.
A l’égard de S. Grégoire de Nazianze j’ai lu attentivement tous les ouvrages de ce père, et j’y ai cherché le doute dont nous parle Grotius. Je ne l’ai point trouvé. Pamélius nous apprend que S. Grégoire de Nazianze a douté si Elie était revêtu de l’immortalité. Il ne cite point l’endroit de S. Grégoire, et tous ceux qui ont parlé de ce doute, s’en sont rapportés à lui.
Si ce doute est tel, il n’a pu être fondé que sur une tradition qui régnait longtemps avant S. Grégoire, qu’Elie sera un des témoins de l’Apocalypse. Ainsi un tel doute ne peut qu’être favorable au retour d’Elie. Du moins je ne vois pas comment un homme judicieux en pourrait conclure que S. Grégoire de Nazianze a douté si Elie reviendrait à la fin des siècles.
(à suivre…)
C’est Procope de Gaza qui vivait dans le sixième siècle, à peu près en même temps que Primase, et dont nous avons des commentaires sur plusieurs livres de l’Ecriture.
Procope, en commentant le trente-deuxième chapitre de la Genèse, fait ainsi un parallèle du patriarche Jacob avec Jésus-Christ.
« Jacob étant persécuté par Esaü, se retire chez Laban dans une terre étrangère. Jésus-Christ persécuté en Judée se retire dans la Galilée (des nations). Comme Jacob paît les brebis de Laban livré aux idoles, Jésus-Christ a le même soin des brebis, c’est-à-dire du monde qui adore les idoles. Enfin dans les derniers temps Jacob retourne dans son pays et se réconcilie avec Esaü. Tout de même Jésus-Christ se réconcilie avec les Juifs, revenant à ses frères dans les derniers temps du monde.» Or, voici comment cette réconciliation se doit faire selon Procope.
« Ensuite, dans les derniers temps Jésus-Christ fera une alliance avec Israël, c’est-à-dire avec ses persécuteurs, comme il est arrivé au temps de Jacob et d’Esaü. Israël attend que le Christ revienne de la vocation des Gentils pour s’unir à lui. Jacob revient de Charan ; il est reçu favorablement d’Esaü, à cause des envoyés qu’il a fait marcher devant lui pour lui offrir des présents. Or, ici il faut remarquer ce qui est dit par un prophète : J’enverrai Elie de Thesbé avant l’arrivée du grand et terrible jour du Seigneur. C’est cet Elie qui réconciliera Israël avec le Christ, ôtant de leur cœur cette ancienne inimitié qu’ils ont contre lui. C’est lui qui offrira les présents d’hospitalité pour le Christ et donnera une espérance qui ne sera pas longtemps différée. Car la grâce et la réconciliation sera bientôt accompagnée de ses saints anges. »
Voilà donc Elie dans Procope, qui est l’envoyé de Jacob, c’est-à-dire de J.-C., pour préparer les Juifs à son arrivée de chez les Gentils, et pour leur ôter cette ancienne inimitié qu’ils ont toujours gardée contre le Sauveur.
Qu’on juge à présent du commentaire de Grotius pour la dernière fois.
« Que si nous voulons consulter les écrivains postérieurs qui ne sont pas d'une si grande autorité en fait de tradition, Procope est d’un avis contraire, Primase est d’un avis contraire, Grégoire de Nazianze a douté. Ce qui montre assez que cette venue d’Elie n’a jamais été tellement crue que ce fût un crime de ne la point croire.» (In Math. 17)
Il n’y a plus rien à dire, ni à penser, sinon que Grotius a parlé à l’aventure sur une matière qu’apparemment il ne jugeait pas digne de ses recherches. Ce n’est point d’aujourd’hui que les savants ont remarqué que Grotius ne cite point toujours les auteurs sur les originaux. Grotius n’avait certainement pas lu ni Primase, ni Procope. Il n’est point possible qu’un homme de bon sens, comme l’était Grotius, prenne le oui pour le non dans les auteurs. Mais il s’en sera lié à quelque auteur de sa communion. Peut-être Grotius avait-il lu dans Procope qu’Elie a dépouillé la mortalité, et en a-t-il conclu après d’autres que Procope n’a point cru qu’Elie dût revenir dans le monde. On voit quel fonds il y a à faire sur de pareilles inductions.
C’est sur le chapitre de la Genèse que Procope nous dit qu’Elie a dépouillé la mortalité. C’est sur le 32e chapitre de la même Genèse que Procope dit formellement qu’Elie reviendra dans le monde. Ces deux assertions de Procope ne sont pas contraires. En lisant attentivement Procope sur le 5° chapitre de la Genèse, on verra qu’il n’affirme point qu’Elie jouisse déjà de l’immortalité, de la manière qu’elle est propre aux saints dans le ciel. Procope dit qu’Elie et Enoch ont été enlevés dans des tabernacles éternels. C’est à quoi il s’en tient dans une objection qu’il se fait; on lui demande comment il sera vrai, comme l’a dit saint Paul, que tous les hommes doivent mourir une fois ; si Enoch et Elie demeurent toujours avec leurs corps. Procope n’adopte pas la supposition qu’Enoch et Elie demeureront toujours avec leurs corps. Il se contente de répondre en deux mots que ces deux saints hommes ont dépouillé la mortalité d’une manière toute divine et qui nous est inconnue, divina quadam ratione nobis inexplorata mortalitatem exuerunt. Ce qui nous fait entendre qu’il ne parle que de l’état où sont maintenant Enoch et Elie, sans préjudice de leur retour dans le monde, dont il ne s’agissait pas. C’est ainsi que le même saint Jérôme qui nous a dit qu’Elie reviendra dans son propre corps, a dit ailleurs qu’Elie est devenu immortel avant que de mourir, ante immortalis quam mortuus. C’est ainsi que l’auteur des questions aux orthodoxes dans les ouvrages de saint Justin, nous apprend que ceux qui ressuscitèrent en même temps que J.-C., demeurent dans l’immortalité aussi bien qu’Enoch et Elie, et qu’ils attendent le renouvellement éternel, où J.-C. est entré par sa résurrection. Car, ajoute-t-il, personne, si ce n’est J -C. n’est encore ressuscité pour une vie éternelle et incorruptible. (Quest. 85). Selon cet auteur, ceux qui sont avec Enoch et Elie dans l’immortalité ne sont pas encore dans l’état des bienheureux et ils ne font que préluder à l’incorruptibilité, comme nous l’a déjà dit saint Irénée. Mais ils sont dans un état où rien ne leur cause la mort, c’est uniquement ce qu’on doit entendre par cette immortalité qu’on trouve dans Procope, dans saint Ambroise et aussi dans saint Jérôme. Enfin, Procope eût-il supposé qu’Elie ne mourra jamais, tout ce que Grotius en devait conclure, nous l’avons déjà dit, c’est qu’Elie revenant dans le monde passera sans mourir, de l’immortalité où il est, à l’état des bienheureux.
A l’égard de S. Grégoire de Nazianze j’ai lu attentivement tous les ouvrages de ce père, et j’y ai cherché le doute dont nous parle Grotius. Je ne l’ai point trouvé. Pamélius nous apprend que S. Grégoire de Nazianze a douté si Elie était revêtu de l’immortalité. Il ne cite point l’endroit de S. Grégoire, et tous ceux qui ont parlé de ce doute, s’en sont rapportés à lui.
Si ce doute est tel, il n’a pu être fondé que sur une tradition qui régnait longtemps avant S. Grégoire, qu’Elie sera un des témoins de l’Apocalypse. Ainsi un tel doute ne peut qu’être favorable au retour d’Elie. Du moins je ne vois pas comment un homme judicieux en pourrait conclure que S. Grégoire de Nazianze a douté si Elie reviendrait à la fin des siècles.
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
SAINT GRÉGOIRE LE GRAND
S. Grégoire le Grand était plein du retour d’Elie. On trouve ce retour dans plusieurs de ses ouvrages. Je me contente de trois ou quatre témoignages tirés de ses morales sur Job.
1er Texte. « Nous apprenons par le témoignage des livres saints que la Judée, qui maintenant est abandonnée, sera rappelée vers la fin des temps au giron de la foi. C'est pour cela que deux grands prédicateurs ont été enlevés de ce monde, leur mort étant différée jusqu’à la fin des siècles. Alors ils seront rappelés pour prêcher la foi. Un de ces deux grands prédicateurs nous a été promis par la vérité même dans l’Evangile, quand elle a dit, Elie viendra. » (L. 9, c. 8.)
2ème Texte. « C’est lui qui change le langage des hommes sincères et qui ôte la doctrine aux vieillards. Cela marque à découvert les Juifs qui avant l’Incarnation avaient la vérité dans la bouche et l’annonçaient aux autres, etc. Mais les lèvres qui annonçaient la vérité ne sont plus les mêmes, depuis qu’ils ont rejeté Celui qu’ils attendaient et qu’ils voyaient. C’est donc à eux que la doctrine des vieillards est ôtée, parce qu’ils n’ont point conformé leur créance à ce qu’ils savaient bien qu’ont prédit leurs pères. Et voilà pourquoi il a été promis qu’Elie viendra et qu’il ramènera le cœur des enfants à leurs pères. » (L. 11, c. 15).
3ème Texte. « Les derniers élus, ceux qui vivront à la fin du monde, succomberont à la mort de la chair : je dis ceux-là qui nous ont précédés dans les premiers temps. Enoch et Elie seront rappelés dans le monde, et ils éprouveront dans leur chair mortelle la cruauté de l’Antéchrist. » (L. 14, c. 23).
4ème Texte. « La vérité est dans l’Evangile ; Elie viendra et rétablira toutes choses. Car à présent l’Eglise a perdu les enfants d’Israël qu’elle n’a pu convertir par la prédication de l’Evangile. Mais alors (quand la plénitude des nations sera entrée) Elie prêchant la foi, l’Eglise rassemblera tout ce qu’elle avait perdu, et réparera abondamment les pertes qu’elle avait faites. » (L. 35, c. 14).
(à suivre…)
S. Grégoire le Grand était plein du retour d’Elie. On trouve ce retour dans plusieurs de ses ouvrages. Je me contente de trois ou quatre témoignages tirés de ses morales sur Job.
1er Texte. « Nous apprenons par le témoignage des livres saints que la Judée, qui maintenant est abandonnée, sera rappelée vers la fin des temps au giron de la foi. C'est pour cela que deux grands prédicateurs ont été enlevés de ce monde, leur mort étant différée jusqu’à la fin des siècles. Alors ils seront rappelés pour prêcher la foi. Un de ces deux grands prédicateurs nous a été promis par la vérité même dans l’Evangile, quand elle a dit, Elie viendra. » (L. 9, c. 8.)
2ème Texte. « C’est lui qui change le langage des hommes sincères et qui ôte la doctrine aux vieillards. Cela marque à découvert les Juifs qui avant l’Incarnation avaient la vérité dans la bouche et l’annonçaient aux autres, etc. Mais les lèvres qui annonçaient la vérité ne sont plus les mêmes, depuis qu’ils ont rejeté Celui qu’ils attendaient et qu’ils voyaient. C’est donc à eux que la doctrine des vieillards est ôtée, parce qu’ils n’ont point conformé leur créance à ce qu’ils savaient bien qu’ont prédit leurs pères. Et voilà pourquoi il a été promis qu’Elie viendra et qu’il ramènera le cœur des enfants à leurs pères. » (L. 11, c. 15).
3ème Texte. « Les derniers élus, ceux qui vivront à la fin du monde, succomberont à la mort de la chair : je dis ceux-là qui nous ont précédés dans les premiers temps. Enoch et Elie seront rappelés dans le monde, et ils éprouveront dans leur chair mortelle la cruauté de l’Antéchrist. » (L. 14, c. 23).
4ème Texte. « La vérité est dans l’Evangile ; Elie viendra et rétablira toutes choses. Car à présent l’Eglise a perdu les enfants d’Israël qu’elle n’a pu convertir par la prédication de l’Evangile. Mais alors (quand la plénitude des nations sera entrée) Elie prêchant la foi, l’Eglise rassemblera tout ce qu’elle avait perdu, et réparera abondamment les pertes qu’elle avait faites. » (L. 35, c. 14).
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
SAINT MAXIME (7e siècle).
Saint Maxime, moine de Constantinople, vivait du temps de l’empereur Héraclius, et il mourut vers l’an 660. Nous avons de lui plusieurs ouvrages. Le témoignage suivant se trouve dans des dialogues attribués à Césaire, frère de saint Grégoire de Nazianze, dont l’auteur qui n’est point connu a pris de saint Maxime ce que nous citons :
« Demande : Que signifie ce que le Seigneur dit de Jean-Baptiste : Jean est Elie qui doit venir. Nous savons qu’Hérode a fait mourir Jean. Comment donc sera-t-il encore Elie ?
Réponse : C’est avec raison que le Seigneur nomme Elie celui qui était envoyé dans l’esprit d’Elie pour précéder la manifestation théandrique de Dieu fait homme, et c’est à cause de l’égalité de la grâce et de la ressemblance du ministère. Jean a été le commencement et la fin des deux testaments, la fin de la loi, le commencement de l’Evangile. C’est lui qui nous a enseigné une autre forme de vie, que celle de la loi. Nous attendons de même Elie au second avènement de Dieu fait homme. Elie le précédera de bien près, et ce sera pour nous annoncer la fin du monde et la vie future. Et comme Jean a été mis à mort par Hérode, Elie sera ôté de la vie par un autre Hérode. » (Bibliot. PP. t. 5. p. 799).
(à suivre…)
Saint Maxime, moine de Constantinople, vivait du temps de l’empereur Héraclius, et il mourut vers l’an 660. Nous avons de lui plusieurs ouvrages. Le témoignage suivant se trouve dans des dialogues attribués à Césaire, frère de saint Grégoire de Nazianze, dont l’auteur qui n’est point connu a pris de saint Maxime ce que nous citons :
« Demande : Que signifie ce que le Seigneur dit de Jean-Baptiste : Jean est Elie qui doit venir. Nous savons qu’Hérode a fait mourir Jean. Comment donc sera-t-il encore Elie ?
Réponse : C’est avec raison que le Seigneur nomme Elie celui qui était envoyé dans l’esprit d’Elie pour précéder la manifestation théandrique de Dieu fait homme, et c’est à cause de l’égalité de la grâce et de la ressemblance du ministère. Jean a été le commencement et la fin des deux testaments, la fin de la loi, le commencement de l’Evangile. C’est lui qui nous a enseigné une autre forme de vie, que celle de la loi. Nous attendons de même Elie au second avènement de Dieu fait homme. Elie le précédera de bien près, et ce sera pour nous annoncer la fin du monde et la vie future. Et comme Jean a été mis à mort par Hérode, Elie sera ôté de la vie par un autre Hérode. » (Bibliot. PP. t. 5. p. 799).
(à suivre…)
Re: DISSERTATION CRITIQUE ET THEOLOGIQUE DU PERE HOUBIGANT DE L'ORATOIRE SUR LA VENUE D'ELIE
SAINT JULIEN DE TOLÈDE
Saint Julien était évêque de Tolède vers la fin du 7ème siècle. Il mourut l’an 690. Nous avons de lui un ouvrage contre les Juifs, où il fait contre eux le raisonnement que voici :
« Je vous enverrai mon ange et il préparera la voie devant vous, etc. Vous prétendez que cet ange est Elie. Nous, nous prétendons que c’est Jean-Baptiste. Et le Seigneur Jésus nous a interprété lui-même cet endroit du prophète. Or ce qui suit : Le dominateur que vous attendez viendra dans votre temple ; vous l’interprétez de votre Christ que vous attendez pour les derniers temps. Il est assez étonnant que l’événement ne vous fasse point connaître la vérité. Dans quel temple viendra ce dominateur, tandis que le vôtre est détruit jusque dans ses fondements. Et si un autre le doit relever, afin que votre Christ y puisse faire son entrée, que restera-t-il à faire à ce Christ, après qu’un autre aura tout rétabli ? Si cet ange qui n’est point nommé est Elie, comme vous le dites, pourquoi n’est-il pas nommé Elie, et quelle raison peut avoir le prophète de cacher le nom d’Elie au premier avènement et de le nommer, quand il parle du second ? Car c’est certainement le second avènement pour lequel il annonce Elie, quand il dit : J’enverrai le prophète Elie. Le Seigneur enverra donc Elie avant qu’il vienne pour juger le monde, et c’est afin de tourner le cœur des enfants vers le cœur des patriarches et des prophètes, et que leur postérité croie en ce même Jésus qu’ils ont prédit et attendu. Mais si jusqu’à présent les Juifs croient, comme on doit croire, à quels propos le dernier de leurs prophètes a-t-il pu dire que c’est pour les convertir qu’Elie viendra dans les derniers temps ? Reconnaissez donc que vous êtes dans l’aveuglement, puisque vous êtes dans l’incertitude jusqu’à la fin du monde ; et que si vous ne croyez au Seigneur Jésus, vous qui vivez avant la venue d’Elie, vous périrez tous dans votre aveuglement. »
(à suivre...)
Saint Julien était évêque de Tolède vers la fin du 7ème siècle. Il mourut l’an 690. Nous avons de lui un ouvrage contre les Juifs, où il fait contre eux le raisonnement que voici :
« Je vous enverrai mon ange et il préparera la voie devant vous, etc. Vous prétendez que cet ange est Elie. Nous, nous prétendons que c’est Jean-Baptiste. Et le Seigneur Jésus nous a interprété lui-même cet endroit du prophète. Or ce qui suit : Le dominateur que vous attendez viendra dans votre temple ; vous l’interprétez de votre Christ que vous attendez pour les derniers temps. Il est assez étonnant que l’événement ne vous fasse point connaître la vérité. Dans quel temple viendra ce dominateur, tandis que le vôtre est détruit jusque dans ses fondements. Et si un autre le doit relever, afin que votre Christ y puisse faire son entrée, que restera-t-il à faire à ce Christ, après qu’un autre aura tout rétabli ? Si cet ange qui n’est point nommé est Elie, comme vous le dites, pourquoi n’est-il pas nommé Elie, et quelle raison peut avoir le prophète de cacher le nom d’Elie au premier avènement et de le nommer, quand il parle du second ? Car c’est certainement le second avènement pour lequel il annonce Elie, quand il dit : J’enverrai le prophète Elie. Le Seigneur enverra donc Elie avant qu’il vienne pour juger le monde, et c’est afin de tourner le cœur des enfants vers le cœur des patriarches et des prophètes, et que leur postérité croie en ce même Jésus qu’ils ont prédit et attendu. Mais si jusqu’à présent les Juifs croient, comme on doit croire, à quels propos le dernier de leurs prophètes a-t-il pu dire que c’est pour les convertir qu’Elie viendra dans les derniers temps ? Reconnaissez donc que vous êtes dans l’aveuglement, puisque vous êtes dans l’incertitude jusqu’à la fin du monde ; et que si vous ne croyez au Seigneur Jésus, vous qui vivez avant la venue d’Elie, vous périrez tous dans votre aveuglement. »
(à suivre...)
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