Brochure de 1983 sur le changement d’attitude de Mgr Lefebvre

[Abbé Zins]

(distribué notamment à la sortie des églises Saint-Nicolas-du-Chardonnet et Port-Marly)



Des sacres par Mgr Lefebvre ?

Oui ! Mais à quelles conditions ?



Oui à des sacres vraiment catholiques ! Car sans Evêques légitimes, plus de Prêtres, plus de Messes, plus de culte social ni de sacrements, plus de Hiérarchie. ..

Mais non à des sacres à tout prix, à n’importe quel prix, même à celui du péché grave : de désobéissance, de volonté propre, de manque de confiance, de schisme.

En résumé : Oui aux sacres légitimes et conformes à la volonté de Dieu, non aux sacres illégitimes, opposés aux lois et à la doctrine de l’Eglise, contraires donc à la volonté de Dieu.

Or selon la doctrine et les lois de l’Eglise, en temps normal, « la consécration épiscopale est réservée au Pontife Romain, de telle sorte qu’il n’est permis à nul Evêque de consacrer quiconque Evêque, avant que le Mandat du Pontife ait été reconnu établi.» (Can. 953).

L’Evêque qui passerait outre, de même que le ou les sujets ainsi consacrés, seraient frappés ipso facto d’une suspense a divinis (Canon 2370), d’une excommunication (Décret du S. Office du 9/4/1951), un tel "refus d’obéissance au Souverain Pontife" en matière si grave impliquant en outre le schisme (Can.1325,2), comme ce fut le cas d’Evêques chinois illégitimement consacrés sous Pie XII, sans son autorisation.

En temps normal donc, il n’est point possible qu’un Evêque consacre un sujet non choisi ou agréé par le Pape sans commettre une série de péchés mortels, dont le pire est celui de schisme.

[Abbé Zins]

(distribué notamment à la sortie des églises Saint-Nicolas-du-Chardonnet et Port-Marly)



Des sacres par Mgr Lefebvre ?

Oui ! Mais à quelles conditions ?



N ‘existe-t-il pas des exceptions à cette règle ?


Si, en certains cas très exceptionnels.

Après en avoir cité deux exemples au temps de l’Arianisme (les saints Evêques Eusèbe de Verceil et Eusèbe de Samosate qui ont sacré des Evêques sans avoir pu en référer au Pape), Dom Gréa (dans "l’Eglise et sa divine constitution" -1885-) en indique trois conditions précises et gravissimes qui les ont rendus légitimes, et en sous-entend une quatrième :


« Il a fallu, pour les rendre légitimes, des nécessités telles que :

1°) l’existence même de la religion y fût engagée,

2°) le ministère des pasteurs particuliers fût entièrement anéanti ou rendu impuissant,

3°) on ne pût espérer aucun recours au Saint-Siège.»

4°) Il est nécessaire que le ou les Evêques consécrateurs soient des Evêques légitimement consacrés dans l’Eglise Catholique.


Si ces quatre conditions sont actuellement remplies, des sacres sont légitimement possibles, et mêmes nécessaires dans les circonstances tragiques présentes.

Mais si ces quatre conditions ne sont pas remplies, ces sacres seraient gravement illégitimes et conduiraient les âmes qui les feraient ou accepteraient dans une voie de perdition éternelle.

Cela reviendrait à admettre que l’on puisse commettre un ou une série de péchés mortels du moment que c’est avec l’intention de sauver le monde. Or la doctrine catholique enseigne l'opposé. (1)



(1) Contre cela, certains modernisent l’adage romain : "Salus populi suprema lex",

en prétendant : La loi suprême est le salut des âmes.

Non ! La loi suprême est la loi de Dieu, dont le premier Commandement nous enseigne que la fin première est, non le salut des âmes, mais la gloire de Dieu, donc le respect de ses lois et de celles de Son Eglise.

N’inversons pas les finalités !

[Abbé Zins]

(distribué notamment à la sortie des églises Saint-Nicolas-du-Chardonnet et Port-Marly)



Des sacres par Mgr Lefebvre ?

Oui ! Mais à quelles conditions ?



Ces quatre conditions pourraient-elles être actuellement remplies ?


Objectivement elles le sont.

Subjectivement, cela dépend de ce que l’on reconnaît ou non publiquement.


Quant au 1°) : L’existence même de la religion est effectivement engagée, si l’on tient que de Vatican II est née une "nouvelle fausse religion" pour supplanter la vraie, comme de l’intérieur.


Quant au 2°) : Le ministère des pasteurs particuliers, c.à.d. des Evêques dans leurs diocèses, n’est entièrement anéanti que s’ils sont déchus et sans juridiction du fait de leur adhésion publique au schisme et aux hérésies de l’ "église conciliaire" et à l’apostasie de Jean-Paul II ; ou, s’ils demeuraient légitimes, leur ministère ne serait rendu impuissant que si les nouveaux rites sont reconnus invalides.


Quant au 3°) : On ne peut actuellement espérer aucun recours au Saint-Siège que si celui-ci est vacant, car sinon on peut facilement de nos jours user du téléphone, de l’avion, des voies de la presse ou des postes, etc. ..

Prétendre que des sacres seraient légitimes sans l’autorisation de Jean-Paul II tout en le reconnaissant pape sous prétexte qu’il n’a aucun motif de les refuser serait se mettre au-dessus de l’autorité.

Prétendre que l’on ne peut accéder à lui moralement parce que l’on sait pertinemment que Jean-Paul II n’accepte pas et même interdit de tels sacres, serait une rouerie et une tromperie.

Prétendre que Jean-Paul II ne veut pas en fait, mais devrait vouloir en droit comme pape, serait se faire juge de l’autorité.


Quant au 4°) : Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer sont des Evêques légitimement consacrés dans l’Eglise Catholique,

ce qui n’est pas le cas du P. Guérard des Lauriers et de ses émules Mexicains, Américains, et Allemand consacrés illégitimement par un Evêque (Ngo Dinh Thuc) consécrateur de multiples évêques schismatiques.


De tels sacres devraient évidemment être faits au profit de toute l’Eglise, et non pas pour la survie d’une oeuvre particulière comme celle de la Fraternité Saint Pie X.

[Abbé Zins]

(distribué notamment à la sortie des églises Saint-Nicolas-du-Chardonnet et Port-Marly)



Des sacres par Mgr Lefebvre ?

Oui ! Mais à quelles conditions ?



( Ces quatre conditions pourraient-elles être actuellement remplies ? )


Enfin, avant de procéder à de tels sacres, il faudrait, pour les légitimer, déclarer publiquement que les trois raisons fondamentales et nécessaires indiquées par Dom Gréa sont bien remplies.

C’est ce que montre le canon 151 du Code :

« Quand un office est vacant de droit mais encore illégitimement occupé, il peut être conféré à un autre, du moment que, selon l’usage des Saints Canons, son occupation est déclarée illégitime ; et l’on doit faire mention de cette déclaration dans l’acte de la nomination.»

Cela, parce qu’il est nécessaire qu’il soit publiquement clair que la nouvelle nomination n’est légitime que parce que l’occupation de fait est illégitime.

Il en est de même ici. Seule la vacance de droit du Saint-Siège légitimerait de tels sacres.

Mais comme il est occupé de fait, il faut qu’il soit publiquement déclaré que cette occupation est illégitime et nulle pour rendre manifeste que les conditions exposées par Dom Gréa sont bien remplies.

Oui donc aux sacres dans de telles conditions légitimes !

non, autrement.

Car mieux vaut qu’il n’y ait pas de sacres, plutôt que sacres gravement illégitimes, et donc forcément contraires à la Volonté de Dieu et appelant Sa malédiction.


Eté 1987
Un groupe de prêtres

[ Adresse de l'un des prêtres, en vue de pouvoir prendre contact.]

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n° 12 (Juin 1988)

(expédié aux abonnés mercredi 22 juin ; porté à Ecône par l’abbé Zins, et remis le 28 à Mgr de Castro Mayer par l’intermédiaire de l’abbé Rifan)


EDITORIAL


Que penser des projets de sacres par Mgr Lefebvre ?



Nous avons déjà indiqué les exigences de la doctrine catholique à ce sujet

dans le tract inséré dans le n° 9 de Sub Tuum Praesidium,

montrant les 4 conditions nécessaires à leur légitimité dans les circonstances actuelles ;

conditions se résumant à une seule, dans le cas de Mgr Lefebvre :

proclamer publiquement auparavant la vacance présente du Saint-Siège,

qui est la seule justification catholique actuellement possible pour les rendre légitimes.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n° 12 (Juin 1988)

(expédié aux abonnés mercredi 22 juin ; porté à Ecône par l’abbé Zins, et remis le 28 à Mgr de Castro Mayer par l’intermédiaire de l’abbé Rifan)


EDITORIAL


Que penser des projets de sacres par Mgr Lefebvre ?



Certains sont néanmoins tentés de faire le raisonnement suivant.

Puisque le Saint-Siège est de fait vacant, quoiqu’on en dise, puisque J.P.II est un imposteur

et n’a donc aucune juridiction, se séparer de lui ne serait point faire schisme,

être excommunié par lui n’aurait aucune valeur ;

ne pouvant pas recourir à un vrai Pape, il n’y a pas de mandat pontifical possible

et l’autorisation des sacres doit être présumée pour la survie de la Hiérarchie

et le bien général de toute l’Eglise militante.


Du reste, l’histoire de l’Eglise confirme qu'en bien des cas par le passé les sacres

n’ont eu lieu qu’avec l’accord implicite du Pape,

et en quelques occasions avec son accord seulement présumé

(comme le fit Saint Eusèbe de Samosate).


Jusque là, le raisonnement est tout à fait exact.

Mais c’est l’application pratique, qui en est faite par certains, qui ne l’est point.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n° 12 (Juin 1988)

(expédié aux abonnés mercredi 22 juin ; porté à Ecône par l’abbé Zins, et remis le 28 à Mgr de Castro Mayer par l’intermédiaire de l’abbé Rifan)


EDITORIAL


Que penser des projets de sacres par Mgr Lefebvre ?



Car, disent-ils, Monseigneur Lefebvre peut donc bien se couper de J.P.II,

passer outre à ces refus et interdictions, peu importe alors

s’il n’a pas de mandat de cet imposteur

et se trouve faussement excommunié par lui : il peut donc sacrer des Evêques sans crainte.


Or cette application pratique est fausse, par manque de considération

ou omission de l’aspect le plus important de la question :

à savoir la justification publique d’un tel acte hors de la norme légale.


Car si la justification publiquement mise en avant par Mgr Lefebvre s’avère hérétique,

comme c’est le cas jusqu’à maintenant,

celle-ci ferait reposer ces sacres sur un fondement hérétique

et donc non catholique et les rendrait par conséquent illégitimes et non catholiques.


Ils marqueraient la fondation d’une secte épiscopalienne lefebvriste,

à la suite de celle des guérardo-thucistes (cf. p. 21 à 23).


Montrons donc en quoi la justification actuellement mise publiquement en avant

par Mgr Lefebvre est hérétique.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n° 12 (Juin 1988)

(expédié aux abonnés mercredi 22 juin ; porté à Ecône par l’abbé Zins, et remis le 28 à Mgr de Castro Mayer par l’intermédiaire de l’abbé Rifan)


EDITORIAL


Que penser des projets de sacres par Mgr Lefebvre ?



Après l’avoir fait de 1976 à 1978 au sujet de "Paul VI"

et également pour le futur élu (cf. notre broch. sur Mgr L. p. 8-9 et 19-20),

Mgr Lefebvre a publiquement envisagé au sujet de J.P.II qu’

« il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape »

(sermon du 30/3/1986 à Ecône ; cf. S.TP. n° 4 p. 2).


Dans les deux circonstances, les chefs conciliaires lui ont tendu une main

qu’il s’est empressé de prendre,

semblant montrer par là que ses déclarations n’étaient que des moyens tactiques de pression,

de menaces devant servir uniquement de monnaie d’échange :

si vous me condamnez, je vous déclare déchus ;

si vous me laissez faire, je continue à vous reconnaître comme

"véritables chefs" de l’Eglise Catholique (cf. S.T.P. n° 10 p. 41-42).


Partant de là, il y a un accord extérieur tacite de reconnaissance réciproque,

quoique hypocrite et factice.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n° 12 (Juin 1988)

(expédié aux abonnés mercredi 22 juin ; porté à Ecône par l’abbé Zins, et remis le 28 à Mgr de Castro Mayer par l’intermédiaire de l’abbé Rifan)


EDITORIAL


Que penser des projets de sacres par Mgr Lefebvre ?



Mgr Lefebvre n’en reconnaît pas moins toujours officiellement l’antipape J.P.II comme "Pape légitime" et, tout en proclamant bien haut l’hérésie, le schisme et l’apostasie de cet imposteur, il persiste à se dire publiquement en communion dans la foi avec lui (attitude aberrante qui est depuis bien longtemps aussi celle de l’abbé de Nantes).

Par le fait même de cette attitude publique contradictoire, il professe implicitement l’hérésie consistant à tenir et croire qu’un hérétique, schismatique et apostat public puisse être et demeurer Pape.

Cette hérésie sous-jacente établit déjà toute son action sur un fondement non catholique.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n° 12 (Juin 1988)

(expédié aux abonnés mercredi 22 juin ; porté à Ecône par l’abbé Zins, et remis le 28 à Mgr de Castro Mayer par l’intermédiaire de l’abbé Rifan)


EDITORIAL


Que penser des projets de sacres par Mgr Lefebvre ?



En outre, se proclamant en communion avec un schismatique public, il se rend complice et participant de son schisme, aggravant encore ainsi le fondement non catholique de son action.

Ce postulat de base étant publiquement professé : “J.P.II est le Pape légitime”, Mgr Lefebvre envisage alors deux cas possibles :

ou bien il a l’accord, au moins implicite par non intervention et non condamnation, de J.P.II pour sacrer des Evêques pour la Fraternité S. Pie X,

ou bien il ne l’aura pas et passera néanmoins outre (cf. S.T.P. n° 11p. 40-41).


La première possibilité implique un accord public (dont Mgr Lefebvre a lui-même suggéré les modalités ; cf. S.T.P. n° 11 p. 41), au moins tacite, qui ferait de Mgr Lefebvre et de sa Fraternité l’aile droite de la secte conciliaire, ayant son petit recoin dans le Panthéon conciliaire de toutes les sectes et fausses religions.

Des sacres, en une telle condition, ne sauraient donc être légitimes, s’opposant aux exigences les plus élémentaires de la confession publique de la foi et de la séparation nécessaire d’avec tous les hérétiques, schismatiques, apostats et idolâtres.