Brochure de 1983 sur le changement d’attitude de Mgr Lefebvre

[Abbé Zins]

Brochure, publiée en avril 1983.

Présentation, faite au dos de la couverture :



Après la condamnation des nouveautés conciliaires

et liturgiques issues de Vatican II

par « J’accuse le Concile » et « La Messe de Luther »,

Mgr Marcel Lefebvre en est venu à chercher

un accord avec les novateurs,

en leur demandant de lui

laisser faire l’expérience de la Tradition

et en acceptant le Concile dans le sens de la Tradition.


Après l’avoir mise en doute,

il reconnaît l’autorité des pontifes et évêques conciliaires.

Il proteste souvent leur être soumis

et veut se maintenir dans leur communion,

tout en leur désobéissant et

en vivant en marge d’eux dans la pratique.


Rappelée brièvement dans une première partie,

la position passée du prélat y est montrée conforme au

devoir des Catholiques face aux nouveautés

en matières de foi et de moeurs.


Dans la deuxième partie,

il est prouvé par la citation de nombreux documents officiels,

tant du prélat d’Ecône que du Magistère de l’Eglise,

que l’attitude actuelle de Mgr Lefebvre est fondée sur

une double erreur

explicitement condamnée par la doctrine catholique :


1°) l’une d’ordre pratique, consistant d’une part à

refuser de jeter l’anathème sur des hérétiques formels et notoires

par diplomatie humaine,

d’autre part à les considérer comme des autorités légitimes

tout en ne leur reconnaissant dans les faits aucune juridiction ;


2°) l’autre d’ordre doctrinal,

réduisant le domaine de l’infaillibilité pontificale

et prétendant qu’en dehors de ce domaine

on peut reconnaître un pape et en pratique

refuser opiniâtrement de lui obéir.

[Abbé Zins]

Page 2 de la couverture :


« Tu ne haïras point ton frère dans ton coeur, mais tu le reprendras publiquement, afin de ne pas te charger d’un péché à cause de lui.» (Lev. 19,17)

« Dans le cas d’un péril imminent pour la foi, les prélats doivent être blâmés, même publiquement, par leurs inférieurs.

Ainsi, Saint Paul, qui était soumis à Saint Pierre, le blâma publiquement, en raison d’un danger imminent de scandale en matière de foi.

Et comme il est dit dans la Glose de Saint Augustin, "Saint Pierre lui-même donna l’exemple à ceux qui gouvernent, afin que ceux-ci, lorsqu’ils s’écartent parfois du droit chemin, ne repoussent pas comme une chose inqualifiable une correction venant de leurs inférieurs eux-mêmes".»

(Saint Thomas, IIa, IIae q. 33, a. 4 ad 2)


« Saint Paul fit cette réprimande comme il convenait, c’est-à-dire publiquement et ouvertement. C’est pourquoi il écrit :

« Je l’ai dit à Pierre devant tout le monde, car cette simulation était un péril pour tous.».»

(Saint Thomas, com. in Galat. 2,11 ; lect. 3, n° 84)

Page 3 de la couverture :

« Il a été donné aux prélats un exemple d’humilité, pour qu’ils ne refusent pas d’accepter une réprimande venant de leurs inférieurs et sujets ; il est donné aux inférieurs un exemple de zèle exercé avec liberté, pour qu’ils ne craignent pas de reprendre leurs prélats, surtout si la faute est publique et pourrait devenir un péril pour un grand nombre.»

(Saint Thomas, in Galat. 2, 11, l. 3 n° 77).


« Il est à remarquer, en outre, que l’inférieur qui avertit charitablement son supérieur, ne s’estime pas pour autant au dessus de lui, mais il vient en aide à quelqu’un qui est "entouré de dangers d’autant plus grands, qu’il occupe un poste plus élevé", selon l’expression de Saint Augustin.» (Saint Thomas, IIa, IIae, q. 33 a. 4 ad 3)


« La vérité est donc que lorsqu’un grave péril menace, c’est un devoir de le dévoiler publiquement et de ne pas agir en secret dans la peur de scandaliser certains.»

(Saint Thomas, in Galat. 2,11, l.3, n° 83)

[ Plusieurs des faits ou citations mentionnés en cette brochure ne nous ont été connus qu’après notre mise à l’écart, et après avoir eu entre les mains des ouvrages, dont plusieurs ne nous ont été prêtés alors que temporairement.

Cette brochure a donc été publiée en avril 1983, et a été personnellement expédiée à Mgr L dès sa parution.

Soit 2 ans avant les actes publics des multiples communications in sacris avec toutes sortes de sectaires et idolâtres faites par Karol Wojtyla sous le vocable de “JP 2", pour préparer le panthéon d’Assise en 1986.

Tout ceci entraîna un sursaut dans le bon sens de Mgr L, dont cela :

« Il est possible que nous soyons obligé de croire que ce pape n’est pas pape » (Sermon de Pâques 1986) ;

« La Chaire de Pierre et les postes d’autorité de Rome étant occupés par des antichrists » (Lettre aux 4 futurs évêques, 28 août 1987).

On pouvait espérer qu’il puisse enfin aller jusqu’au bout.

Mais une fois de plus la subversion moderniste lui a tendu la main, fait croire qu’ils allaient lui permettre de poursuivre son oeuvre avec leur autorisation, y compris pour des sacres.

Et cela à de nouveau réussi, et l’a ramené à ses déplorables contradictions.

Ce qui sera rappelé par la citation, à la suite de cette brochure, de deux autres documents. ]

[Abbé Zins]

INTRODUCTION :

« C’est une grande tentation de voir un homme que l’on regarde comme un prophète, comme un disciple des prophètes, comme un docteur, comme un champion de la vérité, qu’on environne de respect et d’amour, se mettre tout d’un coup à introduire sourdement de dangereuses erreurs.

On ne le découvre pas tout de suite, parce que l’on conserve envers lui le préjugé favorable, à cause de son enseignement antérieur.

On hésite à condamner un ancien maître auquel on reste lié par une réelle affection.»

(Saint Vincent de Lérins, Commonitorium, ch.10)

L’erreur de Monseigneur Lefebvre a d’abord été d’ordre pratique :

choisir pour défendre la Foi et l’Eglise la voie de la diplomatie

au lieu de la voie de la confession publique de la Foi.


Après son rejet catégorique du concile "Vatican II" et de "l’église conciliaire" qui en est issue, par une subite volte-face il a accepté de "reconnaître le Concile dans le sens de la tradition" et a demandé que l’on accorde le droit de tendance à sa position et le droit de cité à son oeuvre dans l’ "église" qu’il avait auparavant déclarée hérétique et schismatique.

Or, une telle attitude est explicitement condamnée par la doctrine catholique.

Car si en face de l’hérésie « le propre des catholiques est de garder le dépôt confié par les Saints Pères, de condamner les nouveautés impies ..»,

c’est aussi, « comme l’a dit et répété l’Apôtre, de crier "anathème" à quiconque annonce une doctrine différente de celle qui a été reçue.» (Saint Vincent de Lérins, Commonitorium, ch. 24).

Car s’ « il n’a jamais été permis, n’est pas permis, et ne sera jamais permis de prêcher aux Chrétiens Catholiques une autre doctrine que celle qu’ils ont reçue »,

de même « jamais il n’a fallu, jamais il ne faut, jamais il ne faudra omettre d’anathématiser ceux qui annoncent autre chose que la doctrine une fois reçue.» (Saint Vincent de Lérins, ibid. ch. 9)


L’erreur de Monseigneur Lefebvre est devenue ensuite doctrinale :

prétendre que l’on peut reconnaître un Pape et demeurer dans sa communion,

tout en lui désobéissant en tout dans la pratique,

en refusant de communier aux mêmes sacrements que lui et que ceux qui lui sont soumis,

et en agissant de par le monde entier comme si ni lui, ni les Evêques en communion avec lui

n’avaient plus aucune juridiction, bravant leurs interdictions formelles,

méprisant leurs condamnations, mais reconnaissant néanmoins leur autorité.


Pie IX condamne une telle doctrine comme hérétique,

et affirme qu’une telle pratique est digne d’anathème.


Que le lecteur de ces lignes veuille bien étudier cette brochure composée presque exclusivement de documents officiels qui montrent avec évidence que telle est malheureusement la triste réalité, avant de s’emporter en disant qu’il ne s’agit là que d’affirmations purement gratuites.

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


Nous nous contenterons ici des citations les plus marquantes. On en trouvera une étude complète dans le n° 59-60 (Ancienne série) de la revue Forts dans la Foi.

1) Position passée sur le "Concile Vatican II" :

« Pourquoi ce titre "J’accuse le Concile" ?

Parce que nous sommes fondés à affirmer, par des arguments tant de critique interne que de critique externe que l’esprit qui a dominé au Concile et en a inspiré tant de textes ambigus et équivoques et même franchement erronés n’est pas l’Esprit-Saint mais l’esprit du monde moderne, esprit libéral, teilhardien, moderniste, opposé au règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Toutes les réformes et orientations officielles de Rome sont demandées et imposées au nom du Concile.

Or, ces réformes et orientations sont toutes de tendance franchement protestantes et libérales.

C’est dès le Concile que l’Eglise ou du moins les Hommes d’Eglise occupant les postes-clés ont pris une orientation nettement opposée à la tradition, soit au Magistère officiel de l’Eglise.

Ils se sont pris pour l’Eglise vivante et maîtresse de vérité, libre d’imposer aux Clercs et aux fidèles de nouveaux dogmes : soit le progrès, l’évolution, la mutation et une obéissance aveugle et inconditionnelle. Ils ont tourné le dos à la véritable Eglise de toujours, lui ont donné de nouvelles instructions, un nouveau sacerdoce, un nouveau culte, un nouvel enseignement toujours en recherche, et cela toujours au nom du Concile.

Il est aisé de penser que quiconque s’opposera AU CONCILE, LEUR NOUVEL EVANGILE, sera considéré comme hors de l’union de l’Eglise.

On peut demander de quelle Eglise ? Ils répondent de l’Eglise conciliaire.

Il est donc indispensable de démythiser ce "Concile".»

(Mgr L., "J’accuse le Concile", p. 9)

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


1) Position passée sur le "Concile Vatican II" :

« Il faut le dire ouvertement... le Concile a été 1789 dans l’Eglise. ..

Le résultat est pire que celui de 1789...

Ce qui s’est passé depuis le Concile est pire que ce qui s’est passé à la Révolution.» ...

« La Révolution qui s est faite au cours du concile et après le concile est la révolution de 1789, et moi je ne veux pas obéir à la révolution de 1789 à l’intérieur de l’Eglise.»

(Sermon du 22 août 1976)


« Qu’est-ce qu’ont voulu les catholiques libéraux pendant un siècle et demi ?

Marier l’Eglise et la Révolution... Ce mariage de l’Eglise, il est inscrit dans le Concile..

C’est précisément ce mariage qui a été tenté dans le Concile par des hommes d’Eglise, et non pas par l’Eglise, car jamais l’Eglise ne peut admettre une chose comme celle-là..

Ce qu'a fait la Révolution n’est rien à côté de ce qu’a fait le Concile Vatican II, rien ! ..

L’erreur et la vérité ne sont pas compatibles. ..

La vérité et l’erreur ne sont pas sur un pied d’égalité.

Ce serait mettre Dieu et le diable sur le même pied, puisque le diable est le père du mensonge, le père de l’erreur. ..

Nous ne pouvons pas admettre ce dialogue !

Nous savons ce qu’a valu LE DIALOGUE AVEC LE DIABLE !

Le premier dialogue d’Eve avec le diable.

Elle NOUS A PERDUS, elle nous a tous mis dans l’état de péché parce qu’elle a dialogué avec le diable.

On ne dialogue pas avec le diable.

On ne dialogue pas avec l’erreur... Non possumus ! »

(Sermon de Lille du 29 Août 1976)

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


1) Position passée sur le "Concile Vatican II" :


Dans "Le coup de maître de Satan" p. 19, Mgr Lefebvre parle "d’un nouvel humanisme" qu’il dénonce en détail p 20 et 21.


Dans un entretien du 10 décembre 1976, il résume ainsi l’opposition absolue entre l’enseignement de Vatican II et la doctrine catholique :

« "La liberté religieuse", au nom de laquelle on supprime tous les Etats catholiques, est conçue dans un sens absolument opposé à la doctrine officielle de l’Eglise catholique.

L’ "oecuménisme" entraînant la réforme liturgique est une attitude tout à fait nouvelle de l’Eglise vis-à-vis des non catholiques (soit les protestants-musulmans-boudhistes et même communistes-francs-maçons, etc...), manifestement opposée à la doctrine et à la pratique de l’Eglise catholique pendant des siècles.

Enfin, l’idée de "collégialité" mal comprise est en train de briser l’unité de l’Eglise en constituant des Eglises nationales, par la disparition de l’exercice de l’autorité personnelle du pape et des évêques, contrairement à la constitution divine de l’Eglise.»

(voir les mêmes points plus développés dans Cor Unum n° 2 p. 13-14, conférence du 21.12.1978 à Ecône).


« A l’intérieur du Concile, à travers le Concile, dans des documents du Concile, il y a des choses qui sont affirmées, qui ont été condamnées précédemment par les papes.»

(Conférence du 14.12.1978 à Ecône)

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


1) Position passée sur le "Concile Vatican II" :

« Ce Concile représente, tant aux yeux des autorités romaines qu’aux nôtres, une nouvelle Eglise, qu’ils appellent d’ailleurs l’Eglise conciliaire.

Nous croyons pouvoir affirmer, en nous en tenant à la critique interne et externe de VATICAN II,

c’est-à-dire en analysant les textes et en étudiant les avenants et les aboutissants de ce CONCILE,

que CELUI-CI, TOURNANT LE DOS A LA TRADITION ET ROMPANT AVEC L’EGLISE DU PASSÉ,

EST UN CONCILE SCHI5MATIQUE...


C’est donc un renversement total de la tradition et de l’enseignement de l’Eglise qui s’est opéré depuis le Concile et par le Concile.

Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bouleversement, acceptent et adhèrent à cette nouvelle église conciliaire... entrent dans le schisme.»


(Déclaration du 2 août 1976)

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


2) Position passée sur "l’église conciliaire" :

« De ce Concile est née une nouvelle Eglise que S.E. Mgr Benelli appelle lui-même l’Eglise conciliaire.»

(J’accuse le concile, p. 8)


« Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un différend entre Mgr Lefebvre et le Pape Paul VI.

Il s’agit de l’incompatibilité radicale entre l’Eglise catholique et l’Eglise conciliaire, la messe de Paul VI représentant le symbole et le programme de l’Eglise conciliaire.»

(Note préliminaire du 12 juillet 1976)

Car il ne faut pas confondre

« L’Eglise catholique et romaine éternelle avec la Rome humaine et susceptible d’être envahie par des ennemis couverts de pourpre.»

(Déclaration du 2 août 1976)

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


2) Position passée sur "l’église conciliaire" :

« A messe nouvelle, correspond catéchisme nouveau, sacerdoce nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles, Eglise charismatigue, pentecôtiste, toutes choses opposées à l’orthodoxie et au magistère de toujours.»

(Déclaration du 21 novembre 1974)


« Cette nouvelle messe est un symbole, est une expression, est une image d’une foi nouvelle, d’une foi moderniste .. une foi gui n’est pas la nôtre, une foi gui n’est pas la foi catholique.»

(Sermon du 29 juin 1976)


« Il est évident que le rite nouveau est sous-tendu et si je puis dire, suppose une autre conception de la religion catholique. Une autre religion.» (ibid.)

[Abbé Zins]

CHAPITRE I : RÉSUMÉ DE LA POSITION ANTÉRIEURE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE :


2) Position passée sur "l’église conciliaire" :

« Si nous étudions ce qui est enseigné aujourd’hui, dans la nouvelle religion, nous nous apercevons qu’ils n’ont plus la même foi, le même Credo, le même Décalogue, la même Messe, les mêmes Sacrements, ils n’ont même plus le même Notre Père.» *

(Le Coup de maître de Satan, p. 12).


« Alors nous ne sommes pas de cette religion. Nous n’acceptons pas cette nouvelle religion.

Nous sommes de la religion de toujours, nous sommes de la religion catholique, nous ne sommes pas de cette religion universelle, comme ils l’appellent aujourd’hui.

Ce n’est plus la religion catholique.

Nous ne sommes pas de cette religion libérale, moderniste, qui a son culte, ses prêtres, sa foi, ses catéchismes, sa bible, sa bible oecuménique...

Nous ne pouvons pas accepter ces choses-là. C’est contraire à notre foi.»

(Sermon du 29 juin 1976).