HOMÉLIES SUR LES ÉVANGILES DE TOUS LES DIMANCHES DE L'ANNÉE
par M. GRANET Curé archiprêtre de Séderon
Avec approbation de Mgr l'Évêque de Valence.
1860
SIXIÈME DIMANCHE APRÈS L'ÉPIPHANIE.
ÉVANGILE.
Grain de sénevé,-Levain de la pâte.
« Jésus leur proposa une autre parabole, disant : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme prend et va semer dans son champ. Ce grain et la plus petite de toutes les semences ; mais lorsqu'il a crû, il est plus grand que tous les autres légumes, et il devient comme un arbre, en sorte que les oiseaux du ciel viennent se reposer sur ses branches. Il leur dit encore cette autre parabole : Le royaume des cieux est semblable au levain qu'une femme prend, et qu'elle met dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que la pâte soit levée. Jésus dit toutes ces choses au peuple en paraboles, et il ne leur parlait point sans paraboles, afin que cette parole du Prophète fût accomplie : J'ouvrirai ma bouche en paraboles : je publierai des choses qui ont été cachées depuis le commencement du monde. » (Matth. , XIII, 31-35 ; Marc., IV, 31-34 ; Luc. , XIII, 19-21.)HOMÉLIE.
L'Évangile que je viens de vous lire renferme deux paraboles, différentes, quant aux termes dans lesquels Jésus-Christ les propose au peuple ; mais le sens en est le même à peu près, et l'une et l'autre tendent évidemment au même but. Heureux, mes frères, si Dieu, bénissant mes efforts, je puis en faire passer l'intelligence dans vos esprits, et vous faire comprendre les leçons qu'elles renferment !
La parabole de la semence, que nous vous proposerons au prône de dimanche prochain, et qui est rapportée au commencement de ce treizième chapitre de saint Matthieu, d'où sont tirées celles du grain de sénevé et du levain, nous fait voir que, des quatre portions de cette semence, une seule conserve et porte des fruits, et les trois autres n'en donnent point, parce qu'elles tombent ou sur le chemin, ou dans un terrain pierreux, ou au milieu des épines. Dans celle de l'ivraie, au contraire, que nous vous avons expliquée dimanche dernier, la bonne semence éprouve tant de dommage, qu'elle est comme étouffée et réduite à rien par suite de l'ivraie que l'homme ennemi y avait sursemé, tandis que les serviteurs du père de famille dormaient. Dès lors les disciples de Jésus-Christ étaient presqu'en droit de lui demander : Mais quels seront donc les fidèles, et quel est leur nombre ?
Jésus-Christ les éclaire et dissipe leur crainte en leur proposant les paraboles du grain de sénevé et du levain que nous allons expliquer. Il les rappelle à la foi, et leur montre que la prédication de l'Évangile se répandra dans tout l'univers. (S. Chrys. , Hom. XLVI, al. 47, In Matth. )
(à suivre)