Extraits de l'Histoire sainte de Dom Monléon

Doumé
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Parce que leur générosité est insuffisante, les âmes ont vite fait de se lasser du chemin : alors elles se découragent, murmurent, harcellent leurs supérieurs de leurs plaintes et de leurs critiques, comme les Juifs avec Moïse. Elles regrettent non seulement les plaisirs quelles goûtaient dans le monde, mais même les travaux qu’elles devaient assumer. « Qui nous donnera, disent-elles, de la chair à manger ? » Les Hébreux qui méprisent la manne et lui préfèrent les oignons d’Égypte, sont d’abord l’image de nombreux chrétiens qui, malgré le baptême qu’ils ont reçu et les promesses qu’ils ont faites, délaissent les joies et les douceurs de la doctrine évangélique, pour se repaître des plaisirs du monde.
« À partir de maintenant, ton nom ne sera plus Abram, c’est-à-dire père élevé, mais tu t’appelleras Abraham, c’est-à-dire père d’une multitude ». Ce changement était le signe d’une faveur exceptionnelle. Dieu dira plus tard à saint Jean : « À celui qui vaincra, c’est-à-dire qui saura se vaincre lui-même, je donnerai la manne cachée et un nom nouveau ». Cette mutation n’était donc pas seulement destinée à exprimer la nouvelle dignité conférée au serviteur de Dieu, c’était aussi la reconnaissance officielle de la victoire qu’il avait remportée sur lui-même, au cours des épreuves dont sa vie avait été traversée.
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La manne (suite)
La manne est une figure du sacrement de l’Eucharistie : toute la tradition
de l’Église le proclame, et la liturgie de la fête du Saint-Sacrement le confirme. Comme la manne, en effet, l’Eucharistie est un pain descendu du ciel, un pain « qui se trouve prêt sans semailles et sans labour », dit saint Grégoire de Nysse. Elle se plie à tous les goûts, elle satisfait à tous les besoins que peut éprouver l’âme humaine, dans le désert de la vie présente, elle la guérit de toutes ses infirmités.

Si le Sauveur, après avoir distribué sa chair en nourriture à ses disciples, était descendu dans le tombeau pour n’en plus ressortir ; si sa carrière s’était terminée ce soir-là, si cette chair était restée prisonnière de la mort, elle n’aurait pu devenir l’aliment quotidien des fidèles jusqu’à la fin des siècles. Ce n’est que dans l’éclat de la Résurrection faisant suite à la Passion, que nous pouvons apprécier vraiment la manne, c’est-à-dire comprendre quelle vitalité, quelle substance, quelle richesse spirituelle nous apporte le pain vivant descendu du ciel, la Sainte Eucharistie.
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Message par Doumé »

À l’imitation d’Israël, l’âme qui a goûté la manne et qui a bu une fois aux
fontaines de la Sagesse éternelle, ne doit pas se croire pour autant au bout de
ses peines. Elle a encore bien des zones désertiques, bien des périodes de sécheresse à traverser, bien des assauts à subir de la part des Amalécites, ses ennemis intérieurs. « Persévère jusqu’à la fin, dit saint Augustin, parce que la
tentation dure jusqu’à la fin », c’est-à-dire jusqu’au terme de la vie. Souvent,
après une bonne retraite, ou une période de ferveur, on croit que l’on a atteint
la terre promise, le royaume de la paix et des consolations célestes, que la partie est gagnée, que l’on a définitivement rompu avec le mal.

Et brusquement, un bouillonnement de colère, une tentation de la chair fondent sur nous à l’improviste, avec une violence et une soudaineté telles qu’il semble impossible de les contenir. Cela, ce sont les Amalécites qui nous assaillent pour nous anéantir spirituellement, parce que la chair convoite continuellement contre l’esprit. Pour les arrêter, pour les forcer à lâcher prise, il faut, comme Moïse, recourir aux armes spirituelles ; il faut élever son cœur et ses mains vers Dieu, c’est-à-dire s’appliquer à la prière et à la pureté d’intention dans ses œuvres.
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Message par Doumé »

Les passions
Les quatre rois auxquels s’attaque successivement David représentent les quatre passions principales dont l’homme doit s’affranchir, s’il veut arriver à la pure connaissance de la vérité et suivre la voie droite qui conduit à Dieu.


Ces passions sont bien connues par le quatrain célèbre de Boèce :

" Gaudia pelle
Pelle timorem
Spemque fugato
Nec dolor adsit."


Écarte les joies frivoles que te font concevoir les biens qui t’adviennent, ou les succès que tu remportes ici-bas ; repousse la crainte, qui te fait appréhender toutes sortes de malheurs imaginaires pour l’avenir, et vivre dans une continuelle anxiété ; expulse l’espérance, les espoirs immodérés qui naissent de la présomption, ou des élucubrations de la « folle du logis » ; ne laisse pas la douleur t’abattre quand survient l’adversité.(P.206-1066)
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Message par Doumé »

Vaine curiosité
Lisons l’Écriture Sainte, mais lisons-la comme la lisaient les Pères, qui nous ont montré que c’était la meilleure manière d’en profiter, lisons-la à genoux ! Lisons-la non pas avec des intentions de critique, avec cette sotte curiosité qui ne va qu’à la vanité, mais avec la passion d’un cœur affamé ! (P.6)
Job a dit dans le même sens : Entre dans le sépulcre, et tu y trouveras
l’abondance, comme un morceau de blé. L’âme entre dans ce sépulcre quand,
se séparant de toutes les choses extérieures et se recueillant en elle-même, elle se met en présence de sa destinée éternelle. Elle meurt alors au monde, comme le demande saint Paul, mais elle s’élève avec le Christ à une nouvelle vie. Et elle trouve là une abondance comme un monceau de blé, parce que les richesses qu’elle acquiert dans cet exercice lui assurent une abondante réserve spirituelle. Mais cet esprit de pénitence ne s’obtient qu’argent comptant, c’est-à dire au prix d’un certain nombre d’actes de renoncement. Il faut verser quatre cents sicles, c’est-à-dire renoncer pour lui aux quatre appétits qui règnent sur notre âme : l’appétit de domination, le désir des richesses, le désir des jouissances, et la vaine curiosité. (P.119)
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Message par Doumé »

Abraham oublia sa tendresse naturelle, il chassa Ismaël : et toujours il a obéi à ma voix et il a gardé mes commandements. Quand enfin je lui ai commandé de m’offrir en sacrifice Isaac, cet enfant accordé à sa vieillesse, ce fils tant chéri, il n’a cherché aucun prétexte pour se dérober, il n’a montré aucune curiosité indiscrète ; il n’a pas perdu la tête, il n’a révélé ni à votre mère, ni à ses serviteurs, ni à vous-même l’action qu’il fallait faire. D’une âme forte, d’une volonté dégagée, ardente, il s’est hâté d’accomplir mon commandement. Et moi, en conséquence, j’ai couronné sa volonté, sans permettre que l’œuvre s’accomplit. Voilà pourquoi, parce qu’en toutes choses, il m’a montré la perfection de son obéissance, son zèle à garder mes commandements, vous qui êtes nés de lui, vous êtes, je le veux, l’héritier de toutes les promesses qui lui ont été faites » (P.147)
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Jacob avait donc établi son campement sur le territoire de Sichem, et ses fils rayonnaient de là pour aller faire paître les troupeaux dans la région environnante. Comme nous venons de le dire, ils conservaient les habitudes du nomadisme, vivaient entre eux, à l’intérieur de la tribu et ne frayaient pas avec les Chananéens. Mais il advint un jour que les habitants de la ville donnèrent une grande fête, et Dina, la fille de Jacob et de Lia, ne pouvant réprimer sa curiosité, sortit, dit l’Écriture – malgré la défense qui lui en était faite pour voir les femmes de ce pays-là. L’historien Josèphe ajoute ici que ce fut pour regarder surtout comment elles se paraient. Or, tandis qu’elle considérait ainsi le spectacle qui s’offrait à elle, elle fut aperçue par un jeune prince qui s’appelait Sichem, et qui était le propre fils d’Hémor, le roi du pays. Celui-ci s’enflamma aussitôt pour elle d’un ardent amour...(P.210)
Au lieu d’observer la réserve que n’eussent pas manqué de garder Rébecca ou Rachel, Dina prit plaisir à se sentir remarquée et se laissa faire la cour. Et comme Sichem était un païen, dans toute la force de l’âge et incapable de maîtriser ses passions, il l’enleva séance tenante et consomma la faute avec elle avant qu’il eût été même question de mariage.
L’histoire de Dina est peut-être notre histoire à tous. Notre âme aussi a
commencé par être une jeune fille, chaste, modeste, candide, lorsque nous étions enfants et dans l’état d’innocence. Mais un jour elle est sortie d’elle même, elle est devenue curieuse de savoir ce que faisaient les autres, elle a regardé les femmes du pays, les personnes de son entourage. Elle s’est comparée à elles, et elle s’est trouvée mieux. Tel fut le péché de Lucifer, aux origines du monde : il regarda les autres anges, se trouva plus beau et se préféra à eux. Tel fut aussi le péché d’un Pharisien qui disait : « Seigneur, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme les autres hommes », et qui méprisait le publicain. C’est là le principe du dérèglement intérieur de tous les hommes.
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Message par Doumé »

Purifiez ainsi la terre et occupez-la, elle est à vous, car c’est moi qui vous l’ai donnée, pour être votre bien, et vous la partagerez entre vous par le sort. Si vous ne voulez pas exterminer les habitants du pays, ceux qui survivront vous seront comme des clous dans les yeux et des lances dans les flancs, c’est-à-dire : ils piqueront votre curiosité par leurs cérémonies sacrilèges et leurs fêtes licencieuses ; ils vous harcelleront de mille manières, comme un cheval auquel on donne de l’éperon pour le faire aller là où il ne voudrait pas, jusqu’à ce que vous soyez tombés dans les mêmes turpitudes et les mêmes crimes qu’eux. (P.627)
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Message par Doumé »

Abordons maintenant, mais non sans quelque appréhension, le commentaire proprement mystique de ce chapitre, car, dans tel ou tel de ses détails, il ne peut que déchaîner l’ironie et les sarcasmes de ceux qui préfèrent l’esprit de Voltaire à celui des Pères de l’Église. Mais en nous dérobant à cette explication, nous craindrions de décevoir la sainte curiosité de ceux pour lesquels tout est pur, parce qu’ils sont purs eux-mêmes, et auxquels la simplicité de leur foi fait comprendre que si l’Église conserve dans ses livres sacrés des traits parfois rebutants, c’est parce qu’ils cachent sous leur grossière écorce de précieux ferments de sainteté (P.893)
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Message par Doumé »

LES PIERRES - pierres d'autel non taillées
Pénétrant dans le pays de Chanaan par le nord-est, Abraham gagna d’abord Sichem, petite ville fortifiée, située à quatre cents mètres d’altitude, en plein cœur de la Palestine, à l’entrée d’une vallée que surplombent l’Ébal (neuf-cent-trente-huit mètres), et le Garizim (huit cent-soixante-huit mètres). Rasée lors de la conquête romaine, mais reconstruite plus tard, elle existe encore aujourd’hui, sous le nom de Naplouse. Le Patriarche établit son campement dans un lieu que la Vulgate nomme : vallée illustre, et le texte hébreu : Térébinthe de Moreh. C’était un petit bois de chênes, situé auprès du village actuel de Balabah. L’écrivain sacré en a soigneusement noté le nom, parce que c’est là que, pour la première fois, Dieu apparut à Abraham. Il se manifesta à lui, probablement sous une forme corporelle, et lui dit :
« C’est à ta postérité que je donnerai cette terre ».
Abraham, profondément ému, voulut reconnaître cette faveur insigne par un témoignage durable, et il éleva un autel au Seigneur. (P.31)
Saint Ambroise remarque qu’Abraham, après avoir élevé un autel au lieu
dit : le Térébinthe de Moreh, n’offrit point sur lui de sacrifice. En effet, ajoute-t-il, Abraham ne connaissait pas encore le vrai sacrifice, celui dont l’oblation
d’Isaac serait la figure, celui en vue duquel il recevrait lui-même la bénédiction
de Melchisédech. Et par ailleurs, il comprenait que des sacrifices d’animaux
irraisonnables étaient insuffisants pour rendre au Dieu qu’il venait de voir un
culte digne de lui. Ainsi le père des croyants s’élevait au-dessus du culte juif,
avant même que celui-ci ne fût établi. Il se rangeait déjà parmi les vrais adorateurs, ceux qui adorent en esprit et en vérité. (P.34
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