Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le XXe dimanche après la Pentecôte

Avatar de l’utilisateur
Laetitia
Messages : 2607
Inscription : ven. 20 oct. 2006 2:00

Re: Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le XXe dimanche après la Pentecôte

Message par Laetitia »

III.



Il nous reste à voir ce que notre Seigneur répondit à la demande de l'officier : « Allez, lui dit-il, votre fils est en vie. Il crut à la parole de Jésus, et s'en alla. » Certes, voilà un merveilleux accroissement de la foi dans cet homme, fruit sans doute du reproche que Jésus lui avait adressé. Le centurion, à la foi duquel l'Evangile rend un si magnifique hommage, croyait-il autre chose, si ce n'est que le Sauveur pouvait guérir de loin, par une parole ? C'est ce que croit aussi l'officier, et il le croit si bien qu'il part à l'instant même sans exiger davantage la présence de notre Seigneur : ce qui montre clairement que Jésus avait en même temps rendu la santé au fils et donné la foi au père.

Ce bienfait nous avertit de ne pas perdre courage quand le Seigneur nous reprend ou nous traite avec sévérité ; relevons au contraire plus haut notre espérance. Plus il aura été sévère au commencement, plus il se montrera doux et miséricordieux à la fin. Souvent, en effet, il semble au premier abord abandonner ou négliger les siens ; mais il les comble de ses faveurs au moment même où ils s'imaginent qu'il les délaisse. Aussi les âmes pieuses se plaignent-elles souvent d'être abandonnées de Dieu. Ecoutez David au psaume XIe : « Jusques à quand, Seigneur, m'oublierez vous ? Jusques à quand détournerez-vous de moi votre face ? » Et ailleurs : « Levez-vous ; pourquoi restez-vous endormi, Seigneur ? Levez-vous et ne nous repoussez pas pour toujours. Pourquoi détournez-vous votre visage et oubliez-vous notre pauvreté et notre affliction ? » Ps. XLIII, 23, 24. C'est de cette manière que le Seigneur exerce et éprouve les justes : « Je vous ai éprouvé, dit-il, aux eaux de contradiction, » Ps. LXXXVI, 8 (cf. Exod. XVII, 2 ), c'est-à-dire, j'ai voulu que l’eau vous manquât pour connaître votre foi et votre confiance en moi. Au milieu de ces épreuves, l'homme doit, quoiqu'il semble repoussé de Dieu, se livrer à la prière avec plus d'instance, à l'exemple du Prophète qui disait : « J'ai crié vers vous, Seigneur; tout le jour j'ai étendu mes mains vers vous, » Ps. LXXXVII, 10. Ce saint personnage savait que le Seigneur a coutume d'effrayer d'abord les siens, pour les rassurer et les consoler ensuite. C'est ainsi qu'au chapitre vie du Deutéronome nous lisons des Israélites : « Je vous ai affligés par la disette, je vous ai donné la manne, » afin que nous apprenions par cet exemple à ne point perdre confiance lorsque Dieu nous envoie quelque fléau, mais à le regarder comme un indice de sa miséricorde prochaine. Le Seigneur en agit ainsi dans l’Évangile avec la Chananéenne, qu'il semblait repousser d'abord, Malth. XV ; et avec le père du lunatique, qu'il interpella sévèrement avant de guérir son fils, Matth. XVII ; et avec l'officier d'aujourd'hui, à qui il commença par adresser un grave reproche, et qu'il traita ensuite avec tant de bonté, qu'il donna au fils la santé, et la foi au père, ainsi qu'à toute sa famille. Car la foi est un don de Dieu, et le plus grand de tous, et il l'accorda à l'officier qu'il éclairait au dedans d'une lumière céleste, en même temps qu'il lui adressait au dehors des paroles sévères.

(à suivre)
Avatar de l’utilisateur
Laetitia
Messages : 2607
Inscription : ven. 20 oct. 2006 2:00

Re: Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le XXe dimanche après la Pentecôte

Message par Laetitia »

Mais par quel miracle cette famille fut-elle amenée à croire ? Parce qu'elle vit disparaître subitement, à la parole de Jésus-Christ, la fièvre qui consumait le corps du jeune homme, fièvre qu'aucun art, qu'aucun remède n'avait pu guérir. Ce que ni la science, ni la nature n'avaient pu faire, un seul mot du Sauveur l'accomplit en un instant. Ce changement subit et inespéré transporta tout le monde d'admiration, et ils rendirent hommage à la vertu toute-puissante de Jésus-Christ, qui seule peut rendre instantanément la santé. L’Église est chaque jour témoin de miracles semblables dans l'ordre surnaturel, miracles qui éclairent et augmentent merveilleusement la foi des âmes pieuses. Quelle fièvre ardente, quelles passions vives, dans certains hommes, avant leur conversion ! L'un est dévoré par la fièvre de l'avarice, l'autre par la fièvre de l'ambition ; cet autre, c'est la colère, c'est la haine, c'est l'envie qui le consume. Car toutes ces passions sont pour l'âme un feu non moins ardent que la fièvre ne l'est pour le corps. Or, il arrive souvent qu'un homme, revenu à Dieu par une sincère pénitence, éprouve un tel changement, qu'il méprise maintenant ce dont il était épris naguère, et ce qui excitait le plus sa convoitise ne lui inspire plus que du dégoût. Le chrétien fidèle, à la vue du merveilleux changement qui s'est fait en lui, est frappé de ce prodige, et, ne se reconnaissant plus lui-même, il attribue tout à la main toute-puissante de Dieu, et s'écrie avec le Prophète ( Ps. CXVII, 16-7 ) : « La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, la droite du Seigneur m'a élevé; la droite du Seigneur a fait éclater sa puissance. Je ne mourrai point,mais je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur, » qui seul a pu opérer un si grand changement.

S'il en est ainsi, où sont ceux qui refusent de se convertir au Seigneur parce qu'ils ne pourraient plus désormais jouir de leurs satisfactions coupables. Ils ne font pas attention qu'une véritable pénitence leur donnerait la grâce nécessaire et guérirait leur âme; et leur âme une fois guérie, ils n'éprouveraient plus cette soif ardente qui naît de la maladie du péché, et ce qui leur est maintenant une jouissance deviendrait l'objet de leur dédain. Car la conversion ayant fait disparaître la maladie, les passions sont par là en grande partie assoupies et apaisées. C'est donc une erreur de croire que ces inclinations mauvaises, ces violentes révoltes qui accompagnaient l'état de péché, subsisteront dans l'état de grâce. Une comparaison familière mettra cette vérité dans tout son jour. Ne vous est-il jamais arrivé, consumés par les ardeurs de la fièvre et dévorés d'une soif brûlante, de vous représenter en imagination des fontaines limpides dont vous aviez autrefois admiré la fraîcheur, et, n'en pouvant boire alors, de vous bien promettre, aussitôt la santé revenue, d'aller vous y abreuver à satiété.

Mais, plus de maladie, plus de soif; vous avez passé auprès de ces fontaines sans éprouver le moindre désir, que dis-je ? en riant peut-être des vains désirs et des vaines illusions d'autrefois. De même donc qu'avec la maladie s'évanouissent les appétits qu'elle fait naître, ainsi disparaissent, dans une âme guérie par la pénitence, les passions et les penchants mauvais dont le péché est la source : de telle sorte que le chrétien revenu à Dieu par une conversion sincère jouit de la paix et du repos de l'âme.

Ainsi,mes frères, renoncez à ce préjugé, quittez le vice, faites une sincère pénitence, implorez le secours du Seigneur : et puissiez-vous par là mériter la paix du cœur en cette vie, et dans l'autre la gloire du ciel promise à la véritable conversion. Ainsi soit-il.
Répondre

Revenir à « Temporal&Sanctoral de l'année liturgique »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité