Résumé de théologie dogmatique, Livre III : La création et l'ordre surnaturel

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre III : La création et l'ordre surnaturel

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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :
II. Bien que la différence des sexes, sous le rapport extérieur et matériel, soit la même dans les hommes que dans les animaux, les relations positives des sexes entre eux et leur liaison doivent être tout autres, et d'autant plus relevées que la génération tend à un produit essentiellement plus parfait. De même, en effet, qu'elles sont destinées à produire une nouvelle image de Dieu avec son concours spécial ; de même, l'homme et la femme doivent, dans leurs mutuels rapports, se considérer comme des images de leur Créateur.

Ces relations élevées entre les deux sexes humains sont, dans le sens de l'Écriture et d'après une opinion générale, la raison pour laquelle Dieu n'a pas créé (d'après le chapitre ii de la Genèse) les sexes humains indépendamment l'un de l'autre, comme il a fait pour les sexes des animaux, et pourquoi, au lieu de tirer le corps des deux immédiatement de la terre, il a « construit » la femme avec une côte d'Adam. Il est évident, en effet, que cette action de Dieu, décrite avec tant de détail et de solennité en Gen. 2, doit avoir un sens profond et sublime, et quoique ce sens dépasse beaucoup les relations des sexes, c'est à elles cependant qu'il doit se rapporter directement. Cette manière de voir est confirmée par l'explication qu'en a donnée Adam, et les commentaires du Nouveau-Testament (cf. Matth. 19:4).
chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre III : La création et l'ordre surnaturel

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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :

III. La création de la femme au moyen d'une côte d'Adam a donc cette première et fondamentale signification : Dieu a voulu à plusieurs égards donner au principe de la transmission de la nature humaine par l'union des deux sexes une unité plus haute que celle qui existe dans les animaux. Il a voulu sauvegarder par cette union la dignité personnelle de l'image de Dieu soit dans les époux, soit dans les fruits de leur union. La création de la femme n'avait donc pas seulement pour objet d'instituer la différence des sexes, mais de montrer par la manière dont elle a été instituée que le principe ordinaire de la propagation doit être conforme à la ressemblance divine de la nature humaine. Cette intention se révèle (1) dans les résultats du fait lui-même, et (2) dans la loi divine qui est énoncée par le fait et qui détermine la valeur morale du premier mariage comme de tous les mariages subséquents.
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :
Avant de passer à la démonstration de ces deux affirmations, nous redonnons le passage sur laquelle elle est fondée :
Genèse 2:18-24 a écrit : 18 Le Seigneur Dieu dit aussi : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui. 19 Le Seigneur Dieu ayant donc formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin qu’il vît comment il les appellerait. Et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. 20 Adam appela tous les animaux d’un nom qui leur était propre, tant les oiseaux du ciel que les bêtes de la terre. Mais il ne se trouvait point d’aide pour Adam qui lui fût semblable. 21 Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et lorsqu’il était endormi, il tira une de ses côtes, et mit de la chair à la place. 22 Et le Seigneur Dieu forma la (une) femme de la côte qu’il avait tirée d’Adam, et il l’amena à Adam. 23 Alors Adam dit : Voilà maintenant l’os de mes os, et la chair de ma chair. Celle-ci s’appellera d’un nom qui marque l’homme (femme), parce qu’elle a été prise de l’homme (d’un). 24 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair.
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :

III. 2. La loi divine énoncée dans le fait. Elle donne à l'union des sexes humains sa plus haute consécration comme union matrimoniale, en même temps qu'elle détermine la nature du mariage lui-même. Cette loi contient les éléments suivants :

III. 2a. Le fait exprime d'abord que dans l'idée et dans les vues de Dieu, avant et à côté de l'unité physique et charnelle qui est commune à l'homme et aux animaux, qui sert de moyen à la génération même ou qui résulte de la génération, il devait y avoir, comme condition préalable et complément de cette union, une idéale et spirituelle union de la chair produite par Dieu même entre les deux époux, d'une appropriation morale et juridique de la chair d'un époux par l'autre époux, et, puisqu'elle est produite par l'auteur même de la nature, une appropriation sainte et religieuse. C'est par là que l'un des époux acquiert sur la chair de l'autre un droit véritable, exclusif, inamissible, et que le second perd le droit de disposer de sa chair en faveur d'autres personnes. Le côté idéal et spirituel de cette appropriation est indiqué par l'origine de la première femme, qui apparaît comme un membre de l'homme et comme tirée de ses os. Dieu lui-même, après avoir produit la femme de cette sorte, l'a présentée et remise à l'homme comme la chair de sa chair, ou plutôt l'a présentée à Adam comme lui étant unie. Cette union ainsi opérée de Dieu renferme l'idéal, la vraie notion de l'union matrimoniale, et notre fait, au lieu d'énoncer une simple propriété du mariage, exprime son essence la plus intime. Le rapport de cette liaison idéale et spirituelle à la dignité de l'homme comme image de Dieu, puis la possibilité, la nécessité intrinsèque de ce lien, résultent des considérations suivantes :
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :

III. 2a, i. Comme les époux sont eux-mêmes des images de Dieu, qu'ils possèdent à ce titre la dignité et la liberté morale, et surtout un véritable droit de propriété sur les membres de leur propre corps, tels que des organes qui sont à la disposition de l'esprit, il s'ensuit que l'une peut acquérir le droit de disposer du corps d'autrui, car il lui appartient au point de vue moral et juridique de la même manière que ses propres membres lui appartiennent naturellement. Par là, les deux corps, le corps propre et le corps étranger, appartiennent à un seul esprit comme s'ils étaient naturellement les membres d'un seul ; ils constituent un seul corps sous le rapport idéal et spirituel. Or, il est nécessaire que cet abandon, cette appropriation réciproque des corps ait lieu, parce que l'homme, comme être moral, ne peut employer que ce qui est sien, ou ce dont l'usage lui est accordé, et que, dans notre cas surtout, à cause de la nature du but, l'appropriation doit être durable et non passagère.
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :
Toutefois, ce point de vue purement moral et juridique ne nous montre pas encore assez clairement pourquoi l'unité idéale et spirituelle des corps des époux peut avoir cette consistance inaltérable qui échappe à toute atteinte du côté de la volonté humaine, et qui la fait participer à l'indivisibilité et à l'indissolubilité de l'union naturelle des membres. Elle ne peut avoir en effet cette solidité tant que la remise du corps d'une personne à une autre est simplement un acte de la volonté humaine disposante son gré de ce qui lui appartient ; et que l'appropriation n'est que l'acte d'une autre volonté acceptant cette propriété. Il faut encore de toute nécessité que la même volonté par laquelle le Créateur a établi l'unité naturelle du corps, établisse cette unité idéale et spirituelle il faut qu'il dispose en maître absolu des corps réciproques comme de sa propriété, afin de faire de l'un l'organe de l'esprit de l'autre, soit que Dieu agisse seul et immédiatement, comme pour les deux premiers époux, dont il a prévenu la volonté ; soit qu'il agisse par la volonté des époux disposant de leur corps sous son autorité, et qu'il établisse ainsi une union sainte et religieuse.
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :
III. 2a, ii. Qu'il faille envisager l'union des deux sexes dans ce sens plus complet et plus élevé, cela résulte de la ressemblance divine que doit avoir le fruit de leur union. Cette ressemblance exige que le produit lui-même ne puisse être, dans sa substance, que la propriété de Dieu, qu'il ne puisse entrer dans l'existence que comme une chose qui lui est consacrée ; elle exige encore que l'union charnelle ne puisse produire son fruit sans un concours spécial du Créateur. Or, dans l'acte de la génération, les époux n'agissent qu'au service spécial et comme des instruments spéciaux du Créateur ; le corps de l'un des époux n'est pas seulement, en qualité de principe générateur, l'organe de l'esprit de l'autre époux, mais les deux corps, dans leur réunion physique, coopèrent comme organes de l'esprit de Dieu. Il faut donc aussi, dans cet abandon, dans cette appropriation morale et juridique du corps, que le corps soit traité de part et d'autre comme la propriété spéciale de Dieu, comme son droit réservé. Par là, non-seulement l'abandon moral et juridique des corps se trouve sanctifié dans son fond le plus intime ; mais l'unité qui en résulte, étant basée sur l'autorité absolue de l'esprit de Dieu, reçoit un caractère absolument sacré ; elle acquiert la même solidité que le Créateur a donnée à l'unité naturelle des membres d'une personne ; elle enlève aux époux le pouvoir de dissoudre cette unité de leur propre gré.
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :
III. 2b. Il est évident que l'union des sexes n'a pas pour unique objet le concours simultané de deux êtres dans la génération, ni à plus forte raison son usage physique, la jouissance sensible d'une partie par le moyen de l'autre. Bien au contraire, le fait qu'Ève ait été tirée d'une côte d'Adam indique que les principes de la génération doivent en se réunissant contracter entre eux une véritable société, une communauté d'amour, une unité des esprits et des cœurs ; une société qui, étant la racine de toutes les autres, doit être la plus complète et la plus indissoluble. Ce côté spirituel ou social de la réunion des sexes ordonnée par le Créateur est tellement essentiel, que le mariage peut subsister, non pas, il est vrai, sans la possibilité de l'union charnelle, mais sans sa réalisation effective, et remplir au moins un but essentiel. On peut donc concevoir l'union des sexes comme une virginité perpétuelle conforme aux vues du Créateur. Ces vues, elle les remplit d'une façon éminente, quand les époux considèrent leur société, formée par Dieu lui-même, comme lui étant entièrement consacrée, et qu'ils s'aident mutuellement dans le service de Dieu.
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SWS, Livre III, I, C5, §128 traduit par le chartreux a écrit :
III. 2c. Enfin, la création d'Ève indique également la coordination qui doit exister entre les époux unis de corps et de société. L'homme étant le principe de la femme et la femme une aide que Dieu a donnée à l'homme, la femme se présente comme un membre adapté à l'homme, comme une compagne qui lui est associée ; tandis que l'homme, selon l'expression de saint Paul (Eph. 5:23), apparaît comme sa tête. La femme lui est donc subordonnée. Mais parce que l'homme n'est devenu le principe de la femme qu'en livrant sa propre substance, et que la femme a été créée de Dieu en qualité « d'aide semblable » à l'homme, cette subordination ne doit pas être celle d'un esclave, car les enfants eux-mêmes ne sont pas tels à l'égard de leurs parents ; ce doit être en même temps une véritable coordination ou un rapport de droits réciproques. Ce rapport consiste en ce que le corps de l'homme appartenant aussi à la femme comme un de ses membres, la femme ne doit pas être moins aimée et respectée de l'homme que l'homme ne l'est de la femme, et en ce que la femme, appartenant à l'homme plus que tout le reste, doit avoir part à son autorité. Cf. l'encyclique Arcanum de Léon XIII.
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SWS, Livre III, I, C5, §129 traduit par le chartreux a écrit :

Section 129. Reproduction de la nature humaine par la génération.

I. Immédiatement après avoir créé le premier homme et la première femme, Dieu les bénit en Gen. 1:28 comme il avait fait pour les animaux, afin qu'ils se multipliassent : "Croissez et multipliez-vous, remplissez la terre". Ces expressions signifient d'abord, que la multiplication de la nature humaine aura lieu par la génération, par conséquent sous la forme d'une reproduction de la nature par ses premiers possesseurs. Elles signifient en outre que la génération sera accompagnée d'un concours spécial de Dieu, promis dans la bénédiction, d'autant plus que pour les plantes il n'est question ni de bénédiction ni de multiplication, mais seulement d'une production de fruits.

Dans le texte, cette bénédiction de la génération est la même pour les hommes et pour les animaux. Cela n'empêche pas qu'il y ait une différence entre les hommes et les animaux quant à la manière dont cette multiplication doit se faire par la génération et par la bénédiction de Dieu : la bénédiction prononcée sur les hommes, sur les premiers comme sur ceux qui se sont multipliés, est accompagnée de l'ordre de régner sur la terre. Comme cette différence dans le produit n'est pas seulement extérieure, mais encore intérieure et essentielle, il doit y avoir aussi une différence dans le principe, surtout en ce qui concerne le concours de Dieu promis dans la bénédiction.

Et de fait un examen attentif, 1) de l'idée divine de l'homme comme image de Dieu et 2) de la description de l'origine du premier homme, montre comment cette idée a été réalisée dans l'origine.
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