Douceur et facilité extrême de la fréquence des actes d’amour de Dieu.
Écoutons l’un des grands maîtres de la vie spirituelle au XIXe siècle, nous recommander la grande fréquence des actes d’amour. « Faire des actes d’amour, écrit Mgr Gay, c’est chose aisée autant que douce. Cent fois, mille fois le jour, retournez-vous vers votre coeur, rentrez en vous, dans ce centre de votre âme où l’être infini a son trône, et là, agenouillé en esprit, dites à cet hôte sacré : Je vous aime, je vous aime ; vous savez bien, Maître, que je vous aime 1. Dites-le-lui à propos de tout, des lumières aperçues, des grâces reçues, des mécomptes survenus, des tentations subies, même des fautes commises. Dites-le-lui à propos de rien, par la seule exubérance naturelle de l’amour.
« Laissez cet amour s’épancher en toutes sortes d’adorations, de félicitations, de complaisances, de louanges joyeuses et d’actions de grâces ; laissez-le s’épanouir en désirs, en souhaits passionnés, en soupirs, en appels, en prières ardentes ; qu’il s’exhale en regrets amers pour tant de blessures faites par vous et par tous les hommes à l’amour ; qu’il se transforme en compassion pour cet amour vivant qui a souffert ici-bas, prenant sur lui toute la douleur pour expier toute l’iniquité... Faites beaucoup d’actes d’amour 2."
Suivons ce conseil pratique de saint Alphonse : « Quelle que soit notre occupation, ne laissons guère passer un quart d’heure sans élever notre coeur à Dieu par un acte fervent 3. » Les âmes qui aiment Dieu ardemment ne se contenteront pas de ce minimum, d’autant plus que rien ne demande moins de temps, et n’est aussi facile qu’un acte d’amour, car, dit encore le saint Docteur : « Vous pouvez, sans parler, pousser un soupir d’amour, élever votre esprit vers Dieu ou vos yeux vers le ciel, jeter un regard d’affection vers le Saint Sacrement ou sur le Crucifix ; ces actes sont peut-être même les meilleurs, parce qu’ils sont plus faciles, qu’ils peuvent se faire plus souvent, et sont parfois plus fervents 4.»
A SUIVRE...
1. Joan., XXI, 16.
2. De la vie et des vertus chrétiennes : De la charité envers Dieu, n. 2.
3. Loc. cit., t. 1, ch. 15, § 2. — Sainte Jeanne de Chantal demanda un jour à saint François de Sales, s’il était longtemps sans penser à Dieu.
« Quelquefois, presque un quart d’heure », répondit-il. (Vie du saint par Hamon, t. 2, 1. 7, ch. 6.) — Saint Vincent de Paul se rappelait la présence divine au moins quatre fois par heure ; néanmoins : « Il était aisé de voir à son recueillement, à son égalité d'âme, à la nature et à l’accent de ses paroles, que Dieu lui était sans cesse présent. » (Maynard : Vertus et doctrine du saint, ch. 5.)
4. Loc. cit., t. 2, ch. 22, § 2.