Réponse à diverses études de J.S. Daly

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Abbé Zins
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Réponse à diverses études de J.S. Daly

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Réponse à diverses études de J.S. Daly


28/5/2001


Cette réponse est entreprise à la demande de plusieurs personnes, qui ont gardé de l'affection ou de la sympathie pour lui tout en réprouvant son changement de comportement en matière grave.

Entreprise, bien que toute une série d'autres demandes et de projets de soi plus importants ait dû pour cela être mise en attente.

Il est en effet passablement affligeant de devoir assez régulièrement passer, pour ne pas dire perdre, du temps à des controverses internes ou semi-internes, plus d'une fois sur des sujets en outre secondaires, tandis qu'il y a tant à faire contre les ennemis déclarés ou non de l'Eglise.


J.S. semble être un amoureux de la controverse pour la controverse, surtout en des points moins connus ou des thèmes de soi secondaires, principalement dans ce contexte de crise gravissime généralisée.

Ainsi, en est-il de questions comme celles du crâne d'Adam, de l'héliocentrisme, du millénarisme (sinon en tant que piège à faire éviter ! ) , tandis que ses études sur V 2, JP 2 ou le faux traditionalisme s'avèrent plutôt rares ou bien anciennes.


En ce qui concerne la controverse qu'il a ici soulevée par son changement complet de comportement envers les prêtres "guérardiens" et "lefebvristes", elle a d'abord commencé entre lui et son beau-père.

Celui-ci s'était réjoui d'avoir trouvé en lui un gendre non compromis et fermement opposé à leurs théories et comportements hérético-schismatiques, avant d'être cruellement déçu par une pareille volte-face, et plongé dans une déchirante inquiétude de voir sa fille détournée par lui de la Vérité.

(Est-ce pour la couper aussi complètement ou habituellement de sa famille et la "posséder" plus "pleinement", comme on en voit faire, malheureusement, plus d'un ou d'une ? Puisse son attitude clairement démontrer qu'il n'en est rien !)


Néanmoins, J.S. réduit de plus en plus cette "controverse" à une simple divergence sur la notion d'hérésie, et la dirige de plus en plus à mon encontre, en cherchant à ménager quasi tous les autres.

Pourtant, d'une manière qui n'est point le fruit du "hasard", il omet presqu'à chaque fois de me faire part de ses études, dont il ne m'a envoyé qu'une seule, accompagnée d'une lettre.

Pour celles des autres qui me sont parvenues, elles ne m'ont été connues que par personnes interposées.


De même, en s'attaquant au passage du R.P. Beste cité par le Professeur Corbi [prof. de philosophie et plus spécialement de logique à l'Université de Buenos-Aires], il donne l'impression qu'il vient de moi, comme si ce n'était pas le Professeur qui l'avait fait sien et qui devrait dès lors être considéré comme aussi "pauvre" ou piètre que lui en « semblant s'imaginer transmettre une doctrine commune n'ayant pas besoin de preuve, et non pas une opinion communément rejetée et qualifiée d'absurde..» !?


Resterait, pour cela, qu'il ait compris, ou malheureusement qu'il n'ait pas volontairement déformé tant ce que dit le R.P. Beste que ce qu'explique le Cardinal Billot.

Celui-ci déclare qu'il serait absurde de tenir pour hors de l'Eglise les Catholiques qui se trompent en matière de Foi seulement par ignorance, tandis que le R.P. Beste explique que la négation d'une vérité de Foi implique une présomption de pertinacité, jusqu'à preuve du contraire, c.à.d. jusqu'à ce que soit éventuellement établie la bonne foi de celui qui l'aurait émise seulement en raison de son ignorance.

Il n'y a là aucune opposition, et nous tenons ce qu'expliquent l'un et l'autre.


Aussi, J.S. devrait-il prendre pour ligne directrice la déclaration qu'il a mise en exorde de sa dernière étude sur le canon 2200 et la pertinacité : « Plions nos idées aux autorités, et non pas les autorités à nos idées.» !

Car il paraît être un vrai spécialiste en ce dernier procédé de plier les autorités à ses idées.


Ainsi encore, il cite souvent le passage de Saint Alphonse sur celui qui soutiendrait son erreur même mordicus avant de la savoir opposée au jugement et à la doctrine de l'Eglise, mais il omet deux éléments du contexte de ce passage, qui mettent à mal ce qu'il tente de démontrer.

A) En sa citation, il saute les termes de matériel et formel : « duo requiri : 1. Judicium erroneum, quod est ejus quasi materiale. Pertinaciam, quae est quasi formale.» : terminologie inventée au XIXe S. ? ).

B) Surtout, il s'abstient, il sait pourquoi, de citer l'explication du grand Docteur du XVIIIe S. qui se trouve entre les deux passages qu'il en rapporte :

« Non est haereticus, qui exterius tantum fidem negat, aut adorat idolum. Ratio est, quia non errat ; neque talis incurrit in foro conscientiae censuras latas contra haereticos, etsi in foro externo secundum externa procedatur.».

Ne serait-ce la précision finale, qui correspond à l'explication du R.P. Beste que J.S. repousse, ce passage aurait de quoi lui plaire :

« N'est pas hérétique celui qui renie la foi ou adore une idole seulement extérieurement

[même s'il fait en cela un péché mortel contre la confession de la Foi : cf. Catalogue : 378df, et si l'Eglise le tient toujours publiquement alors pour un apostat ou lapsus : cf. 139cd ; 154c].

La raison en est qu'il n'erre pas ; il n'encourt pas non plus au for de la conscience les censures portées contre les hérétiques, bien que ce soit le cas selon ce qui est externe au for externe.».


Ultime distinction qui correspond exactement, par contre, tant à ce qui a été précisé en STP 63. 41 :

« Ces censures ipso facto peuvent être encourues soit aux deux for, interne et externe, quand il y a culpabilité interne effective,

soit au seul for externe, quand il y a transgression effective de la loi, mais non grave culpabilité interne..»
,

qu'à ce qu'explique (le R.P.) Cance, en commentant à la fois les canons 2199 et 2200 :

« Au for interne, celui qui a conscience de n'avoir pas commis de péché mortel peut donc se considérer comme non délinquant, et juger qu'il n'a encouru aucune peine latae sententiae ;

mais au for externe, le supérieur, qui ne voit pas le fond des coeurs, est obligé de s'en tenir aux apparences et aux présomptions, jusqu'à preuve du contraire.»
.


Pourtant, cette précision de Saint Alphonse ne contredit nullement ce que lui-même ajoute ensuite :

« Nul n'est hérétique tant qu'il est prêt à soumettre son jugement à celui de l'Eglise, ou ne sait pas que la vraie Eglise du Christ tient le contraire, même s'il soutient sa sentence mordicus, en raison d'une ignorance coupable et crasse. N'est pas hérétique non plus, celui qui serait disposé, au moins habituellement, à quitter son erreur s'il la savait contraire à la Foi, si toutefois il n'a jamais eu de pertinacité actuelle... mais la retenir après que le contraire a été suffisamment proposé, ou quand on sait que le contraire est tenu par l'Eglise universelle.. c'est errer pertinacement..».

Nous ne disons point autre chose que cela.


Or, que J.S. essaye donc de dire à n'importe quel prêtre "guérardien", dont celui auquel il adhère depuis peu, tenant que quelqu'un puisse être pape d'une certaine manière (selon un lien même "juridique") sans avoir l'autorité ou la juridiction universelle sur toute l'Eglise,

que cette ineptie est expressément condamnée ainsi : « Si quelqu'un dit qu'un Pontife Romain n'a pas le plein et suprême pouvoir de juridiction sur l'Eglise universelle.. qu'il soit anathème.» (Vat. I, Pastor Aeternus, ch.3),
et il ne sera pas long à voir combien ils en détourneront leur intelligence, ou plutôt persévèreront à dire le contraire, comme ils le font depuis des années, en inventant certes de subtiles arguties pour dire que, tout en étant pape, il ne l'est pas !?


Et s'il veut les "défendre", et l'ensemble des "lefebvristes" avec eux, en déclarant qu'ils « reconnaissent le devoir de se soumettre au magistère de l'Eglise »,

qu'il médite et surtout qu'il leur présente, comme nous l'avons fait si souvent, cet enseignement indiscutable de Pie IX :

« A quoi bon reconnaître hautement le dogme de la suprématie du bienheureux Pierre et de ses Successeurs ?

A quoi bon répéter si souvent des déclarations de Foi Catholique et d'obéissance au Siège Apostolique,

lorsque ces belles paroles sont démenties par ses actes ?

Bien plus, est-ce que la rébellion n'est pas rendue plus inexcusable par le fait que l'on reconnaît que l'obéissance est un devoir ?..

Il s'agit, en effet,.. d'accorder ou de refuser obéissance au Siège Apostolique ;

il s'agit de reconnaître sa suprême autorité même sur vos Eglises, et non seulement quant à la Foi, mais encore quant à la discipline.

Celui qui la nie est hérétique, celui qui la reconnaît et refuse opiniâtrement de lui obéir est digne d'anathème.»


(Encyclique Quae in Patriarchatu),

et il verra s'ils changeront d'un pouce leur théorie et leur pratique de la communion dans la désobéissance envers quelqu'un qu'ils tiennent pour Souverain Pontife légitime !?


Qu'il essaye de leur citer, une fois, dix fois, la condamnation de la proposition janséniste que l'Eglise puisse établir des lois universelles ou une liturgie nocives,

et nous dise s'il ne constatera pas qu'après un temps de silence, ils la remettront une Nième fois en avant pour justifier leur "position" intenable ?


Qu'il médite et cite la condamnation de la proposition janséniste qu'il est nécessaire que chaque cas soit d'abord jugé en particulier avant de tomber sous une censure latae sententiae,

et il verra si eux, comme lui-même, ne "s'assiéront pas dessus" en pratique, même si, en ce qui le concerne, ce ne sera que de façon détournée !?


Or cette condamnation en revient à la présomption de droit énoncée par le canon 2200 et découlant du canon 16.


Mais, plutôt que de le reconnaître, pour son plus grand bien, J.S. préfère une fois de plus nous faire dire autre chose que ce que nous disons,

et répondre à cet autre chose, comme un nouveau Don Quichotte ou Johas,

répondant sur des pages et des pages à côté, en se lançant complaisamment, pour jeter de la poudre aux yeux, en de longues démonstrations hors sujet.


Comme me le disait le Professeur Corbi au téléphone, au sujet de la dernière étude de J.S. sur le canon 2000 et la pertinacité,

on peut lui appliquer cette remarque de Saint Augustin : « Bene curis, sed extra viam.» !


Ainsi, là où nous parlons « des faits, actes et comportements ou états habituels et objectifs d'une personne ou d'une communauté » (STP 63. 40),

il traite non seulement « des intentions intimes ou subjectives »,

mais encore réduit tout à des expressions de la sorte : « propos hérétique » , « de gens qui ne se rendent pas compte que leurs idées s'opposent à un dogme », « ces confus », « fourvoyés », « confusion entre un propos jugé impossible à concilier avec l'orthodoxie et l'hérésie même », « on pourrait présumer la pertinacité toutes les fois qu'un catholique se trompe en matière de doctrine.., erre en doctrine..», etc.,

nous attribuant gratuitement une notion d'hérésie proprement dite sans pertinacité,

ou faisant semblant que nous ignorons ou nous opposons à la distinction élémentaire de matière à hérésie (improprement mais communément dite hérésie matérielle) et hérésie formelle (ou proprement dite).


Puis, toujours par le même procédé de faire dire autre chose, au lieu de le faire par mode de réduction indue, il le fait par mode d'extension indue,

passant ainsi de présumé être jusqu'à preuve du contraire à être, soit hérétique, soit censuré, et de là à être exclus d'office ;

de « l'ignorance généralement pas présumée » (canon 16) à la présomption universelle de connaissance de cause ;

de l'intention objective(ment) manifestée au for externe à celle subjective purement interne,

faisant fi des précisions souvent données sur les deux for, sur l'importante différence entre les censures latae et les ferendae, entre les cas déjà tranchées, en fait ou en soi, ou non, etc..


Il met aussi souvent en avant, pour "mieux" tenter de repousser la présomption de pertinacité, les cas d'hérésies seulement larvées,

par mode de simples insinuations ou d'expressions habilement ambiguës, comme Erasme et les jansénistes en étaient particulièrement spécialistes,

qui obligeaient l'Eglise à les tolérer un temps, et à oeuvrer pour les dévoiler expressément.


Enfin, il a recours à un argument, nouveau chez lui, mais déjà employé par les "guérardiens", notamment l'abbé Lucien (STP 26. 42s), tendant à réduire le cas public d'hérésie ou d'hérétique au cas occulte, du fait que l'opposition à la Foi serait publique, mais non la pertinacité de soi interne.


Procédé par lequel les "guérardiens" cherchent à "excuser" les monstres d'hérésies wojtyliennes,

ou au moins à déclarer "inconnaissable" sans intervention de l'Eglise leur caractère formel ou pertinace,

rejetant ou rendant "vaine" ainsi la sentence unanime des Pères et Docteurs du « depositus est »

et étant logiquement conduits à adhérer à l'opinion fausse et réfutée par Saint Robert du « deponendus est » !


Or, lui comme eux, s'opposent en cela au canon 2200,2 comme au canon 16, car devant le cas de soi délictueux d'affirmations publiquement hérétiques, le dol (ou pertinacité) est présumé,

et non l'ignorance et l'innocence !, et la preuve éventuelle à faire ultérieurement est non pas celle de la culpabilité mais celle de l'innocence !


Il y a là présomption de droit, non pas universelle, comme J.S. prétend nous le faire dire pour "mieux" répondre à côté,

mais « généralement » comme le précise le canon 16,

« c.à.d. qu'on présume alors la pertinacité, à moins qu'il existe des raisons sérieuses de penser qu'elle n'existe pas »,

comme l'explique le R.P. Bride dans l'Encyclopédie Catholicisme cité par le Professeur Corbi,

notamment dans le cas d'enfants récitant mal une leçon, selon l'exemple cité par J.S., ou celui de personnes ignorantes (rustici ou simpliores, comme le dit Saint Alphonse),

ou d'autres en des propos en passant ou par lapsus linguae avant qu'on leur ait rappelé ou appris l'opposition de ces propos au jugement de l'Eglise ; et ce, jusqu'à preuve éventuelle du contraire.


Tandis qu'avec sa nouvelle théorie, J.S. peut prétendre "justifier" non seulement son nouveau comportement d'objective communicatio in sacris cvm acatholicis,

dont les tenants de la fou-thèse qui ont été d'avance frappés d'anathème par l'Eglise,

mais il peut même prétendre "justifier", à la manière de Dolan, les déviations les plus graves :

« je ne vois pas pourquoi ce qui vient d'être dit ci-dessus ne s'appliquerait pas également, per se, à ceux qui s'associent avec le clergé de la ligne Thuc...
Et de toute façon, ceux qui ont reçu des ordres d'un évêque de la ligne Thuc de la 2e ou 3e génération ne sont pas forcément infectés par tout ce qu'il y avait de vicieux dans le fait originel des aberrations de Thuc.»
!?


Délire étonnant ou délit patent ? pourtant tristement réel et d'autant plus fortement coupable pour qui en sait autant que lui !

Voyons, les ordres reçus chez les "Vieux Catholiques", les Jansénistes, les "Orthodoxes" de la Xe génération.... je ne vois pas pourquoi ce qui vient d'être dit ci-dessus ne s'appliquerait pas également, per se, à eux !?

En cela, il va beaucoup plus loin que le prêtre "guérardien" chez qui il va, qui, lui, a eu jusqu'ici la sagesse de repousser ces abominables communications in sacris avec les "Vieux Catholiques".


Qui, dès lors, mérite à présent le titre de "pauvre", du R.P. Beste très mal compris ou exposé par J.S., ou de J.S. lui-même ?


A quoi bon chercher, voire réussir à tromper habilement un temps, alors qu'en ce cas on finit toujours par être confondu, au plus tard au jour du Jugement !?

Ne vaut-il pas mieux l'être avant, afin de pouvoir se reprendre ?

Pourquoi utiliser tant de si précieux talents pour de si mauvaises causes ?

Croyez-nous, John, tant votre salut que votre gloire véritable en dépendent, l'intelligence s'émousse et la volonté se pervertit à défendre l'erreur, tandis qu'elles s'exaltent en servant la Vérité !


Comme l'écrivait si bien le Professeur Corbi dans une lettre d'accompagnement de l'envoi d'une de ces études :

« l'homme n'est pas doué que de l'intellect. Il a en plus des H.P. : habitudes et passions, qui expliquent souvent mieux ses prises de positions...

Il ne nous reste qu'à prier Notre Dame, Sedes Sapientiae, et tous les Saints que Dieu Notre Seigneur daigne mouvoir son intelligence vers l'amour du Vrai, et son coeur vers la charité.»
.


Que le Père Eternel, dont Elles émanent, fassent triompher la Vérité en nos intelligences et la Charité en nos coeurs.

Abbé V.M. Zins

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Re: Réponse à diverses études de J.S. Daly

Message par Abbé Zins »


Sam Jan 19, 2008 10:12 pm Sujet du message:


Outre mes réponses précédentes y répondant d’avance au niveau des principes, surtout pour les questions finales concernant la nature de l’hérésie formelle, voici quelques précisions sur les cas particuliers mis en avant par JSD.

JSD a écrit : St Cyprien était-il hérétique pour avoir nié la validité du baptême des hérétiques, malgré les réprimandes du pape Etienne ?

Le cas de la dissension de l’Evêque de Carthage, le futur Martyr Saint Cyprien, d’avec le Pape Saint Etienne demeure très controversé.

Certains auteurs parlent d’une simple menace d’excommunication à l’encontre de l’Evêque de Carthage, d’autres d’une sentence effectivement portée.

Certains disent que l’incident s’est clos avec le Martyre de l’Evêque de Carthage avant que la sentence ne tombe ; d’autres avec le Martyre du Pape Saint Etienne avant ou après que la sentence ne soit tombée, du fait que l’Evêque de Carthage, ayant d’abord cru voir une faiblesse envers les hérétiques en la sentence du Saint Pontife, touché par son vaillant Martyre, se soumit ensuite entre les mains du Successeur de Saint Etienne.

Autrement dit, ce qui parait assuré, c'est l'existence de la controverse, la résistance un temps de Saint Cyprien à la sentence du Pape Saint Etienne, et sa bonne solution dans le sens du triomphe de la Vérité, tenue en l'occurrence par le Saint Pape, et non tout d'abord par le Saint Evêque.

Aussi, peut-on conclure au sujet de ce cas particulier par cet avis fort autorisé : « L'effusion d'un sang glorieux a dissipé le nuage qui avait pu obscurcir cette belle âme ; son erreur a été compensée par l'abondance de charité, et lavée dans le sang du martyre.» (St Augustin, De bapt., I, 18)

Quoi qu’il en soit, donc, historiquement à ce sujet, cela ne change en rien la doctrine de l’Eglise sur la nature de l’hérésie publique.

JSD a écrit : St Jacques de la Marche, était-il hérétique pour avoir nié la divinité du Précieux Sang, ce dont il a été accusé devant l’Inquisition et qu’il a avoué ?

Resterait à JS à citer (avec références précises à l’appui) la preuve de son affirmation.

Et là, à y regarder de plus près, on trouve à nouveau une présentation gravement déformée de la réalité :
http://www.newadvent.org/cathen/08278b.htm

Under Callistus III, in 1455, he was appointed an arbiter on the questions at issue between Conventuals and Observants. His decision was published 2 Feb., 1456, in a papal Bull, which pleased neither part . A few years later, on Easter Monday, 1462, St. James, preaching at Brescia, uttered the opinion of some theologians, that the Precious Blood shed during the Passion was not united with the Divinity of Christ during the three days of His burial. The Dominican James of Brescia, inquisitor, immediately cited him to his tribunal. James refused to appear, and after some troubles appealed to the Holy See. The question was discussed at Rome, Christmas, 1462 (not 1463, as some have it), before Pius II and the cardinals, but no decision was given. James spent the last three years of his life at Naples, and was buried there in the Franciscan church of S. Maria la Nuova, where his body is still to be seen. Beatified by Urban VIII, 1624, he was canonized by Benedict XIII, 1726. Naples venerates him as one of its patron saints (feast, 28 Nov.)

Outre cela, la matière à hérésie (dite improprement hérésie matérielle) ne suffit point à faire l’hérétique formel s’il y a simple ignorance de (et non opposition consciente à) la doctrine de l’Eglise en la matière, comme cela a déjà été rappelé en une précédente réponse. Notion élémentaire que JS sous-entend calomnieusement que j’ignorerais ou nierais.

JSD a écrit : St Augustin était-il hérétique pour avoir nié que le propos « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » n’était pas adressé à St Pierre .

La réponse citée par Gabrielle montre que Saint Augustin n’a jamais nié, purement et simplement, que cette parole était dite aussi de Saint Pierre et de sa Primauté.

En voici une autre preuve :

Saint Augustin a écrit :

« Seul parmi les Apôtres, Pierre mérita d’entendre cette parole : « En vérité, je te le dis : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise.» Oui vraiment, il en était digne, celui qui était la pierre fondamentale de l’édifice formé de tous les peuples de la terre, la nouvelle maison de Dieu ; celui qui en était la colonne de soutien, et la clef qui ouvre le royaume. C’est de lui qu’il est dit dans la Parole divine : « Ils plaçaient leurs malades de manière qu’au moins l’ombre de Pierre, à son passage, les couvrît.» (Act. 5,15).»

(Saint Augustin, sermon 29 super Sanctos)


Voici donc une nouvelle démonstration de la manière dont JS sollicite les textes de Saints Docteurs en un sens qui n’est pas leur.

JSD a écrit : Cajetan, Suarez et Jean de St Thomas, étaient-ils des hérétiques pour avoir tenu qu’un pape pouvait tomber en hérésie sans perdre automatiquement son office ?


Ces auteurs ne tenaient point que l’hérésie publique serait compatible avec le maintien d’un office ecclésiastique, mais que cette perte, au moins dans le cas d’un pape, devait être solennellement portée par un concile, penchant au moins indirectement dans la thèse de la supériorité d’un Concile sur un Pape.

Cette opinion fausse ayant alors été tolérée par l’autorité pontificale malgré son opposition à des données de foi, on peut appliquer à ces auteurs ce que Saint Robert Bellarmin a exposé en un cas similaire :

Saint Robert Bellarmin a écrit :

« De ces quatre opinions, la ... 2e n’est point à proprement hérétique puisque nous voyons encore tolérés par l’Eglise ceux qui suivent cette sentence, elle paraît néanmoins tout à fait erronée et proche de l’hérésie.»

(Saint Robert Bellarmin De Romano Pontifice, L. IV Ch. II )

JSD a écrit : Mgr Darboy était-il hérétique pour avoir tenu devant le sénat français le 16 mars 1865 un discours s’opposant clairement à la primauté divine du pontife romain sur l’Église entière (ce qui, à la différence de l’infaillibilité pontificale, appartenait déjà au corps de la doctrine catholique) et pour ne pas l’avoir rétracté même après que Pie IX lui signala que ses propos heurtaient l’enseignement du IVe concile du Latran ?

N’ayant pas sous la main les documents pour vérifier l’exactitude de telles affirmations, il m’est cependant possible de citer le témoignage suivant.

La cadette de l’épouse de JS m’a rapporté ce qui suit. Cette étonnante affirmation de son beau-frère l’ayant décidé à se rendre à la bibliothèque de l’Université Catholique d’Angers ; elle y a découvert un document prouvant la rétractation effective de Mgr Darboy, en a obtenu photocopie qu’elle a adressée à son beau-frère dont elle n’a plus eu de nouvelle depuis à ce sujet. Ceci, il y a déjà plusieurs années.

(Lisant l'article sur Mgr d'Arboy, il résulte des paroles mêmes du Pape, que l'év. a mérité de soi les censures dont les effets ne sont tenus en suspens que par la volonté expresse du Pape, tant en vue d'obtenir la correction du coupable que bien plus encore pour éviter un schisme appuyé par le pouvoir civil.)

chartreux
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Re: Réponse à diverses études de J.S. Daly

Message par chartreux »

Abbé Zins a écrit : ven. 17 nov. 2017 17:54
JSD a écrit : Mgr Darboy était-il hérétique pour avoir tenu devant le sénat français le 16 mars 1865 un discours s’opposant clairement à la primauté divine du pontife romain sur l’Église entière (ce qui, à la différence de l’infaillibilité pontificale, appartenait déjà au corps de la doctrine catholique) et pour ne pas l’avoir rétracté même après que Pie IX lui signala que ses propos heurtaient l’enseignement du IVe concile du Latran ?

N’ayant pas sous la main les documents pour vérifier l’exactitude de telles affirmations
Il y a cependant certains des documents que l'on peut trouver sur Internet : ainsi, le site Gallica contient un numéro de la Revue d'histoire et de littérature religieuses (ici) où l'on trouve plusieurs lettres et documents sur cette affaire. Il est instructif de comparer ces pièces à la version qu'en donne J.S. Daly sur son site .
Mgr Darboy à Pie IX, 1er août 1865, p.259 a écrit : (...) La seconde chose dont V. S. se plaint, c'est que j'avais prétendu, dans mon discours au Sénat, le 16 mars dernier, que si les Articles organiques n'existaient pas, il faudrait les faire. La vérité est que je n'ai pas dit cela, tout le monde peut le savoir. Je n'ai point proclamé une nécessité, ni un droit; j'ai constaté un fait, en m'appuyant sur les intérêts et les tendances de l'époque et du pays, et j'ai dit textuellement, comme vous pouvez le voir dans le discours même que je vous envoie et qui est extrait du Moniteur :" Les articles organiques n'existeraient pas, qu'on les ferait, ils ne seraient pas faits, qu'on les pratiquerait" (...)


Voilà ce que J.S. Daly appelle un discours s’opposant clairement à la primauté divine du pontife romain sur l’Église entière , a public defiance of the Pope .

Au sujet de ce que J.S. Daly appelle the presence of Mgr Darboy at the funeral of a freemason and other scandals :
Mgr Darboy à Pie IX, 1er août 1865, p.259 a écrit : (...) La troisième chose qui, paraît-il, émeut surtout V. S., c'est que j'ai assisté à un service funèbre pour le Maréchal Magnan, et où l'on aurait exposé ses insignes de franc- maçon. J'affirme n'avoir point vu ces insignes ils n'ont pas été vus non plus par les prêtres qui m'accompagnaient; plusieurs personnes interrogées à ce sujet, n'en ont pas vu davantage. Du reste, si l'on veut dire en quoi consistent ces insignes (car je l'ignore complètement) et où ils étaient placés dans l'église pendant la cérémonie à laquelle j'assistais, je prouverai par la description des lieux et par des témoignages suffisants qu'il ne m'était pas possible de les apercevoir et qu'il n'y avait aucune raison d'agir autrement que je ne l'ai fait. (...)

Le chargé d'affaires de France à Rome, au Ministre des Affaires Étrangères, 16 août 1865, p.261 a écrit : La situation tendue, qui, depuis quelque temps, existait dans les relations de Mgr l'Archevêque de Paris et le Saint-Père, semble fort heureusement appelée à entrer dans une phase plus satisfaisante (...)
En se justifiant des griefs élevés contre lui [Mgr Darboy], le prélat avait touché à la question des obsèques du Maréchal Magnan et déclaré que ni lui ni son clergé n'avaient aperçu aucun insigne anti-canonique. Le ton de cette lettre serait affectueux, respectueux et aurait fait la meilleure impression sur le coeur du Saint-Père.

J.S. Daly insiste sur un certain refus de se justifier publiquement chez Mgr Darboy, en omettant les explications de l'intéressé :
Mgr Darboy au cardinal Antonelli, 7 décembre 1868 a écrit : (...) En ce qui touche le fond de l'affaire, puisque la lettre de 1865 n'aurait pas dû être publiée, la justice, la loyauté et le bon sens veulent qu'on fasse en sorte que le blâme qu'elle contient, soit regardé comme non avenu, d'autant plus qu'il est immérité (...)

Comment! Je suis l'objet d'une injure, et vous m'invitez à présenter des excuses! On me diffame avec passion, par les soins d'agents malhonnêtes qui croient faire plaisir au Saint-Siège (...)

Mais le Saint-Père sait sans doute à quoi s'en tenir sur mon compte. Trois ans se sont écoulés depuis sa lettre et la réponse que j'y ai faite dans cet intervalle, il m'a souvent écrit, et il m'a vu, il y a six mois, sans me demander de compléter ma réponse. (...)


Mgr Darboy au Comte Armand, secrétaire d'amhassade à Rome, 8 mars 1869 a écrit : (...) La chose est très simple. On me demande de m'expliquer sur la lettre pontificale de 1865. Cette mise en demeure m'est adressée sous la forme et dans des circonstances qui ne permettent pas de l'accepter. La forme, c'est la honteuse publicité donnée à ce document, au bout de trois années et après une visite où l'on ne m'en a rien dit. Les circonstances, c'est l'acte du gouvernement français prononçant mon nom pour ce que vous savez, et l'acte du gouvernement pontifical le repoussant si je ne subis une condition indigne de moi. Vous faites remarquer, il est vrai, qu'il s'agirait moins de répondre aux griefs articulés en 1865, que d'exprimer des sentiments de déférence envers la chaire de Saint-Pierre. Mais la teneur et l'étendue de l'explication importe peu du moment qu'on l'impose comme condition préalable de ma promotion, il est de mon devoir de la refuser. Je puis recevoir une faveur du Saint-Père, mais non la mendier ; je suis de ceux qui se donnent, et non de ceux qu'on achète. (...)
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