La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Et si le doute sur notre vocation finit par nous
gagner, parce que nous aurons méprisé la lumière
et l’appel de Jésus, aurons-nous le droit
de nous en plaindre ?
Ah ! comme nous devons
craindre de voir passer la grâce et d’en abuser !

« J’ai peur de Jésus qui passe et ne revient pas »,
s’écrie saint Augustin. Hélas ! c’est là le sort de
bien des âmes appelées à la vie religieuse, et
qui perdent leur vocation par leur négligence et
leurs perpétuelles lenteurs.



Elles ont supplié Jésus de venir, et elles l’ont
laissé s’éloigner. Elles ont entendu sa voix, mais
elles ne l’ont point écouté. Elles ont accepté la
grâce, mais elles n’ont point su la faire fructifier.
Il fallait avancer quand Jésus était là et qu’il
appelait ; maintenant que, las d’attendre, Il s’est
tu et n’attire plus, l’âme infidèle n’en prend que
trop facilement son parti.
Vocation retardée, vocation perdue.


L’Apôtre a beau supplier ces âmes indolentes
et indécises de ne pas compromettre leur vocation :
« Je vous conjure de marcher d’une manière digne
de la vocation à laquelle vous avez été appelés »

(Ephés., IV, 7), elles ont toujours des
raisons pour ne jamais se décider ; et ainsi elles
éclairent douloureusement le sens de cette parole
du divin Maître, qui ressemble bien plus à
une condamnation qu’à la proclamation d’une
vérité :
« Il y a beaucoup d’appelés, mais peu
d’élus »
(Mat., XX, 16).


Il n’y a qu’une attitude permise pour les âmes
appelées à la vie religieuse : c’est, après avoir
crié comme saint Paul : « Seigneur, que voulez-vous
que je fasse ? »
(Act., IX, 6), de suivre promptement
et docilement les indications de la Providence,
et de prouver à Jésus la sincérité de ce
qu’elles prétendent lui dire du fond du cœur :
« Mon cœur est prêt, mon Dieu, mon cœur est
prêt »
(Ps. LVI, 8).



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InHocSignoVinces
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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

6.La générosité dans le détachement uni¬
versel.



Ceux qui sont honorés de la dignité d’une
vocation doivent apporter à correspondre à la
grâce autant de générosité que de promptitude.

Quand ils ont entrevu la vie religieuse, ils en
ont saisi les côtés crucifiants autant que les joies
pures et saintes. A mesure que la lumière sur la
vocation se faisait plus vive, ils ont mieux com-
pris que la vie religieuse est la voie royale de la
croix, et que, pour y marcher, il faut élever ses
sacrifices à la hauteur de son amour. « C’est une
grâce d’endurer des peines, dit saint Pierre ; car
c’est à cela que vous avez été appelés, parce
que le Çhrist aussi a souffert pour nous, vous
laissant un exemple, afin que vous suiviez ses
traces »
(I Pier., ii, 19, 21). Maintenant que la vo-
lonté de Jésus s’est pleinement manifestée, ils
sont instruits des obligations rigoureuses de dé-
tachement et de renoncement qui s’imposent
à eux.



L’heure n’est plus aux examens et aux hésita-
tions, mais à l’action et à la fermeté. Autant
l’âme est heureuse de se donner à Jésus, autant
elle doit être généreuse dans le don de tout
elle-même à son Bien-Aimé.



La vocation religieuse entraîne la séparation
du monde ; c’est de tout cœur et complètement
qu’il faut l’abandonner.
Se réserver la moindre
parcelle de ses joies, de ses plaisirs, de ses rela-
tions, de son esprit, de ses maximes, ce serait
n’avoir qu’une vocation de façade qui s’écroule-
rait au premier choc.
« Tout, dans l’amour du
monde, est nuisible »,
dit saint Léon. Et saint
Augustin
emprunte une comparaison qui fait
image : « Je crois, dit-il, qu’on a comparé le
monde à un moulin, parce qu’il est emporté
par la roue du temps et qu’il broie ceux qui
l’aiment »



Elle demande le sacrifice des biens terrestres,
qui ne sont plus d’aucune utilité dans la vie de
renoncement et de mortification qu’il s’agit d’em¬
brasser ; ce dépouillement doit se faire avec joie
et empressement.
Les biens de ce monde se-
raient une entrave à la marche d’une âme vers
la perfection ; et ce serait une réelle infidélité
que de lésiner quand il s’agit d’échanger avec
Jésus des objets périssables. Ceux qui marchan-
deraient ainsi leur donation, mériteraient de
perdre le trésor de la vocation religieuse et de
rester les esclaves des faux biens de la terre.

Jésus pourrait leur dire : « Malheur à vous, ri-
ches, qui avez votre consolation ! Malheur à
vous qui êtes rassasiés, parce que vous aurez
faim »
(Luc, vi, 24, 25).


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Néanmoins, il n’y a pas que les riches qui
soient attachés aux biens terrestres ; les pau-
vres eux-mêmes jouissent du peu qu’ils ont et
ils l’aiment. Se détacher, c’est donc renoncer
librement et généreusement à ce que l’on pos-
sède, que ce soit peu ou beaucoup ; et c’est
n’avoir aucun désir de ce que l’on n’a pas et que
l’on pourrait avoir. Quand une âme prétend se
consacrer totalement à Jésus dans la vie reli-
gieuse, Jésus doit lui suffire, et tout le reste ne
doit plus avoir de valeur à ses yeux. L’auteur de
l'Imitation a mille fois raison de dire que
« celui-là est bien avare à qui Jésus ne suffit pas ».


La vocation religieuse exige enfin le sacrifice
de sa propre liberté. C’est pour plusieurs celui
qui coûte le plus ; et cela se comprend, car
l’homme tient essentiellement à sa liberté. Il fera
tous les sacrifices, pourvu qu’il conserve la libre
disposition de lui-même, de ses occupations, de
son temps, de sa volonté. A cause de cela, il n’y
a aucun sacrifice qui plaise tant au Seigneur ;
et c’est pourquoi ceux qui le font généreusement
arrivent à une grande perfection.


« L’homme obéissant, est-il dit dans nos saints
Livres, parlera de victoire »
(Prov., xxi. 28). Parce
que, comme dit saint Paul, « là où est l’esprit du
Seigneur, là se trouve la liberté »
(Il Cor., 111, 17),
et que la vraie liberté est dans la soumission au
joug de Jésus, dont la vérité nous délivre, sui-
vant les enseignements mêmes du Maître : « Si
vous demeurez dans ma parole, vous serez véri-
tablement mes disciples, et vous connaîtrez la
vérité, et la vérité vous délivrera... Si donc le
Fils vous délivre, vous serez vraiment libres »

(Jean, viii, 3i, 32, 36).


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Que de fautes et d’erreurs, dont notre liberté
est la cause ! C’est parce que nous nous condui-
sons nous-mêmes et que nous n’avons de compte
à rendre à personne, que nous nous trompons si
souvent, que nous nous compromettons et que
nous retombons toujours dans les mêmes infi-
délités. C’est pour la même raison que nous
perdons tant de temps et que, souvent, nous
inutilisons nos talents et rendons notre vie si
improductive.



Cela seul devrait nous faire soupirer après
la vie religieuse, où l’on suit une règle, où
l’on vit dans la dépendance et la soumission,
et où la perte de sa liberté est compensée par
tant d’avantages qui procurent une plus grande
gloire à Dieu et une sanctification personnelle
plus assurée.
Comme elle est vraie cette parole
de saint Bernard : « Que la volonté propre cesse,
et il n’y aura plus d’enfer ».



Que l’âme donc qui a la vocation religieuse,
se montre généreuse dans le dépouillement uni-
versel qui devient pour elle une obligation de
conscience. Qu’au lieu de chercher ce qu’elle
pourrait bien se réserver, sans être positivement
infidèle, elle s’étudie plutôt à trouver des sujets
nouveaux de détachement.
Plus elle donnera,
plus elle recevra ; plus elle méprisera tout ce
qui est terrestre, humain et personnel, plus elle
possédera Jésus, plus elle goûtera Jésus, plus
elle jouira de son amour et de son intimité.



Libre et dégagée, elle ne soupirera plus
qu’après l'unique Bien-Aimé de son cœur, et,
avec le Psalmiste, elle s’écriera : « Qu’ai-je à
désirer dans le ciel, et que veux-je sur la terre,
sinon vous, ô le Dieu de mon cœur et mon par-
tage pour l’éternité »
(Ps. LXXII, 25).



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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

7.Donation totale dans la joie et l'amour.


Il reste un dernier et doux devoir à accomplir
pour l'âme appelée à la vie religieuse. Il ne lui
suffit pas de répondre avec promptitude à l’ap-
pel de Jésus et de se débarrasser de tout ce qui
pourrait la retenir dans le monde ; mais il faut
encore que, après avoir opéré ce dépouillement
universel qui est une condition essentielle de sa
liberté et s’être mise en mesure de réaliser sa
vocation, elle se consacre au Seigneur dans une
sainte allégresse et avec un amour qui ne con-
naisse aucune limite.


Il y aura des sacrifices, peut-être nombreux ;
elle sera heureuse de les faire. Plus il lui en
coûtera, et plus elle éprouvera de joie intime,
puisqu’elle y trouvera un moyen de prouver à
Jésus son amour et comme une monnaie pour
payer sa vocation.


Si toutes les grâces doivent s’acheter, de quel
prix ne devrait-on pas payer celle de la voca-
tion religieuse ! Il n’en est qu’un, c’est la dona-
tion de tout soi-même. « Vous cherchez, dit saint
Augustin, quel don vous pouvez faire à Dieu.
Offrez-vous vous-même; car, que requiert de
vous le Seigneur, sinon vous ? Il vous demande
donc vous-même à vous-même. »



Se donner, devient un besoin pour l’âme qui
se voit si miséricordieusement aimée ; et pour
que son don soit plus agréable à Jésus, elle met
son bonheur à le rendre plus complet et à le
lui renouveler sans cesse. Elle suit en cela les
instructions que saint Paul donnait aux Corin-
thiens : « Que chacun donne selon qu’il l'a résolu
dans son cœur, non avec tristesse ni par con-
trainte ; car Dieu aime celui qui donne avec
joie »
(II Cor., ix, 7).


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

Et si, à certaines heures, le ciel s’assombrit,
les difficultés augmentent et les sacrifices de-
viennent plus aigus, elle trouve dans son amour
une réponse lumineuse à toutes les objections,
et une force qui la rend capable d’affronter tous
les obstacles. « Il n’y a rien, si dur que ce soit,
dont le feu de l’amour ne triomphe »,
dit saint
Augustin.


L’amour n’enlève pas la peine, mais il la fait
aimer. C’est là le délicieux mélange d’amour et
de sacrifice qui fait la beauté comme le bonheur
de l'âme des saints.


Jésus s’est fait en cela notre adorable mo-
dèle. Il nous a aimés et II s’est livré ! Il nous
a aimés à l’excès, et II s’est sacrifié ! Son amour
a été imbibé de son sang, et son sang n’a coulé
que sous la pression de son amour. « Nous
avons connu la charité de Dieu, en ce qu’il a
donné sa vie pour nous »,
dit saint Jean (I Jean,
iii, 16).


Depuis lors, pour aimer Jésus, on se donne à
Lui ; pour L’aimer davantage, on multiplie ses
sacrifices ; pour L’aimer sans mesure, on s’im-
mole et se constitue sa victime. Ces immola-
tions de l’amour sont pleines de suavité, et Jésus
nous en prévient, quand, nous appelant à pren-
dre notre croix et à Le suivre, Il nous dit que
« son joug est doux et son fardeau léger» (Mat.,
xxix, 30).


C’est ce qui a inspiré à saint Bernard ces gra-
cieuses pensées : « Le fardeau du Sauveur est
léger, dit-il ; plus il paraît s’augmenter, plus on
le porte avec facilité. N’est-il pas vrai que le
grand nombre de plumes attachées aux ailes des
oiseaux, loin de les charger, les rend légers, les
aide à s’élever ? Otez ces plumes, qui cependant
ont un poids, et tout le corps tombe par terre de
toute sa pesanteur. Ainsi en est-il du joug suave
de Jésus-Christ, de son fardeau léger; il porte
plutôt qu’on ne le porte. »



Que l’amour qui brûle dans les âmes privilé-
giées, que Jésus s’est choisies pour en faire ses
épouses, leur donne des ailes pour s’envoler loin
du monde, dans la douce solitude que leur a pré-
parée la tendresse de leur Bien-Aimé. Qu’elles
s’écrient avec le Psalmiste : « Qui me donnera
des ailes, comme à la colombe, et je m’envo-
lerai, et je me reposerai »
(Ps. liv, 7); et qu’elles
s’élancent, sous l’ardeur de leur amour, dans le
Cœur de l’Epoux divin qui les invite à y demeu-
rer à jamais : « Demeurez en moi, demeurez dans
mon amour »
(Jean, xv, 4, 9).


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE HUITIÈME - Bienfaits de la Vocation Religieuse


Il n'est pas besoin de réfléchir longtemps pour
comprendre que la vocation religieuse est une
grande et une très grande grâce ; une grâce de
choix, dont on ne peut trop apprécier la valeur,
et à laquelle, en règle générale, on ne peut être
infidèle sans exposer le salut de son âme.


Indépendamment de la grâce que comporte
essentiellement en lui-même l'état religieux, il
n'y a qu'à considérer l’auteur de toute vocation
religieuse pour en connaître l'excellence. C'est
Jésus Lui-même qui choisit et qui appelle ; c'est
Jésus qui se plaît à user ainsi de miséricorde à
l'égard de l'âme de son choix, et qui trouve son
bonheur à la combler de ses dons ; c'est Jésus
qui la soustrait au monde, s'en fait une épouse
et la conduit dans un sanctuaire de solitude et
de prière, où elle est destinée à vivre dans une
intimité toute divine avec Lui.


Peut-il y avoir une grâce comparable à celle-là ?
Et cette grâce, elle est d’autant plus pré-
cieuse, qu’elle est celle d'un petit nombre. C'est
entre des milliers et des milliers que Jésus choi-
sit les privilégiés de son Cœur. Chacun peut se
dire : pourquoi moi et non un autre ? Il n’y a
qu’une réponse à faire : Jésus m’aime et II m’a
choisi.


« Seigneur, que vos amis sont honorés », dit le
Psalmiste (Ps. cxxxviii, 17). «Heureux celui que
vous avez choisi et que vous avez appelé pour
habiter votre sanctuaire » (Ps. lxiv, 5), Ah ! vrai¬
ment, « vous n’avez pas agi avec tant d’amour
envers tous » (Ps. cxlvii, 20), et « vos voies sont
impénétrables » (Rom., xi, 38).


Les nombreux bienfaits de la vocation reli-
gieuse peuvent se classer en bienfaits négatifs
et en bienfaits positifs. Les uns et les autres
proviennent d’un même amour et concourent
au même but : consacrer l’âme exclusivement à
Jésus et en assurer la perfection.


En premier lieu, l’éloignement du monde et la
délivrance des soucis terrestres sont une prépa-
ration nécessaire à la constitution même de l’état
religieux, et ils font partie de la série des grâces
dont la vocation religieuse est la source.


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

1. — La séparation du monde.

La séparation et l’éloignement du monde est
le premier devoir et la grâce initiale de l’âme
appelée à la vie religieuse. C’est pour servir plus
fidèlement Jésus que l’âme se sépare du monde,
et c’est parce que dans le monde elle ne peut Le
servir et Lui appartenir selon ses désirs, qu’elle
aspire à le quitter et à s’en éloigner.
« Que celui
qui veut posséder Dieu, dit saint Prosper, re-
nonce au monde, afin que Dieu soit sa douce
possession. »



Elle connaît assez le monde, pour savoir qu'il
n’est pas l’ami de Jésus, dont elle a fait son Bien-Aimé, et son bonheur est de le mépriser dans
la proportion même de l’amour qu’elle a voué
à Jésus. Aussi, tient-elle compte de la recom-
mandation de l’apôtre saint Jacques : « Ne savez-vous pas que l’amour de ce monde est ennemi
de Dieu ? Quiconque veut être ami de ce monde,
se fait donc ennemi de Dieu »
(Jac., iv, 4). Son
désir est de s’enfuir au loin, sûre qu’elle trouvera
Jésus, suivant ces paroles de saint Augustin :
« Sortir du monde, c’est aller à Dieu ». Et trou-
ver Jésus, c’est le ciel !



C’est pourquoi elle goûte une joie inexpri-
mable à se détacher de tout. Tout ce dont elle se
prive est pour elle l’occasion d’une liberté plus
grande et d’une possession plus complète de Ce-
lui à qui elle a consacré sa vie. Elle s’inocule en
quelque sorte du bonheur, à mesure qu’elle fait
le vide en elle, car Jésus prend la place de tout
ce qu’elle chasse de son cœur. C’est la pensée de
saint Augustin : « Si vous le voulez, dit-il, vous
serez le ciel. Si vous voulez être le ciel, chassez
de votre cœur tout ce qui appartient à la terre ».



Forte de sa grâce de vocation, elle a le courage
de rompre tous ses liens. Dans cette lutte entre
la nature et la grâce, elle triomphe, parce qu’elle
s’appuie sur Jésus : « Tout ce qui est né de Dieu
se rend victorieux du monde »,
dit saint Jean
(v, 4) ; et elle chante avec le grand Apôtre : « Le
monde m’est crucifié, et moi au monde »
(Gal.,
iv, 14), et pour toujours «je suis attachée avec
Jésus-Christ à la croix»
(Gal., ii, 19).


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

2. — Eloignement des dangers et des obs-
tacles au salut.


Si le monde n’avait que l’inconvénient d’offrir
moins de moyens de sanctification aux âmes ap-
pelées à une plus grande perfection, il faudrait
déjà l’abandonner ; mais lorsqu’on réfléchit aux
dangers qu’on y court, et aux obstacles sans
nombre qu’on y rencontre dans la vie spiri-
tuelle, on comprend mieux la recommandation
de saint Jean, quand il dit : « N’aimez pas le
monde, ni ce qui est dans le monde. Si quel-
qu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas
en lui »
(I Jean, ii, 15).


Ces paroles pourraient paraître exagérées, si
le même apôtre ne nous en donnait l’explica-
tion : «Tout ce qui est dans le monde, dit-il,
n’est que convoitise de la chair, convoitise des
yeux et orgueil de la vie »
(I Jean, iy, 12).


Et c’est pourquoi un si grand nombre d’âmes
font naufrage dans le monde. Exposées à tant
d’ennemis à la fois, sollicitées par tant de char-
mes trompeurs, tirées en tout sens par la corrup-
tion du siècle et leurs propres passions, elles fai-
blissent, tombent et se perdent. Saint Augustin a
raison de dire que « ce monde est plus à redouter
dans ses douceurs que dans ses amertumes, et
qu’il faut plus se précautionner contre ses attraits
séducteurs que contre ses mépris et ses rebuts ».



Ce n’est donc pas une grâce de peu d’impor-
tance que d’être délivré de ces dangers mortels.
Lors même que nous n’aurions pas faibli grave-
ment, comme tant d’autres, qui peut nous assu-
rer que nous resterons toujours victorieux et
que nous ne tomberons pas, un jour ou l’autre,
dans les pièges que nous rencontrerons sur notre
route? Le salut éternel ne vaut-il pas la peine de
se mettre à l’abri, même avant que la tempête
éclate ?



A la vue de ce qui nous est arrivé, et de ce
qui pourrait nous arriver encore, comprenons
la grâce immense de la vocation religieuse, et di-
sons avec le Psalmiste : « Le Seigneur a délivré
mon âme de la mort, mes yeux des larmes, et
mes pieds de l’abîme. Je m’efforcerai de plaire au
Seigneur dans la terre des vivants »
(Ps. cxiv, 8, 9).


Nous ne saurions trop être reconnaissants à
Jésus de nous avoir protégés de tant de dangers
à la fois, et d’avoir été ainsi l’objet de son amour
miséricordieux, qui est venu, comme s’exprime
encore le Psalmiste, nous prendre par la main
et nous sauver de l’abîme : « Du haut des cieux
le Seigneur a daigné me tendre la main ; il m’a
protégé et m’a retiré des eaux de l’abîme. Il m’a
ouvert un chemin spacieux ; il m’a sauvé à cause
de son amour »
(Ps. xvii, 17, 20).


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Re: La Vocation Religieuse - Réflexions et Conseils

Message par InHocSignoVinces »

3. — Délivrance des soucis et des préoccupa-
tions terrestres.


Outre les périls sans nombre que l’âme ren-
contre dans le monde, à cause de sa corruption
et de sa malice, il y a encore les mille soucis qui
nous y poursuivent et sont également un danger
pour notre salut éternel.


Il est impossible de vivre dans le monde, sans
y avoir des ennuis, des tristesses, des inquié-
tudes et des préoccupations de tout genre.
Saint
Augustin interpelle ceux qui y vivent, et il leur
demande « s’ils ont eu dans cette vie une joie
sans douleur, une union sans discorde, un repos
sans inquiétude, une lumière sans ténèbres, une
paix sans souffrance et un rire sans larmes ».



Il n’y aurait encore qu’un demi-mal, de vivre
au milieu de tant de misères, si l’on savait en
dégager son âme et s’en servir pour mépriser le
monde et s’attacher davantage à Jésus ;
mais le
malheur est que, malgré ce qu’il est et ce qu’il
donne, on est facilement gagné par les séduc-
tions du monde.
Ce qui fait dire au même saint
Docteur : « Voici que le monde n’offre que des
inquiétudes et on l’aime ; que serait-ce s’il don-
nait le repos ? »



Il faut donc avouer que les simples embarras
du siècle, même ceux qui sont d’ordre purement
matériel, sont une gêne et souvent un obstacle
pour la sanctification.
Les nécessités qui s’im-
posent deviennent des chaînes, et aussi parfois
des sujets de trouble et de tentation. Comme il
est difficile alors de se recueillir, de se livrer à la
prière et de consacrer un temps notable aux inté-
rêts de son âme !
Saint Pierre Damien n’exagère
pas, du moins pour le plus grand nombre, quand
il dit : « Quiconque s’implique dans les préoccu-
pations et les soins du monde doit nécessaire-
ment perdre la lumière de la contemplation ».



Et pourtant, le monde n’est point notre de-
meure stable et permanente ; nous ne faisons
qu’y passer.
Quel malheur de s’en servir pour
se lier, d’en jouir pour s’en rendre esclave, et
de s’occuper de tant de choses pour négliger en
même temps la seule chose qui devrait nous
captiver, celle de notre salut éternel !



Saint Augustin, qui avait connu le monde,
supplie les âmes de s’en méfier :
« Usez du
monde, dit-il, mais ne vous laissez pas captiver
par le monde où vous êtes entré ; vous y voya-
gez, vous êtes venu pour en sortir, non point
pour y rester. »



Bienheureux, dès lors, sont ceux qui n’atten-
dent pas la mort pour se détacher du monde et
briser ses liens ; mais qui, dans un désir de plus
grande perfection, méprisent tout ce qui passe et
se consacrent au Seigneur dans l’état religieux.



« Ceux qui aiment le monde, dit saint Isidore
d’Espagne, sont en proie aux soucis cuisants et
aux amères inquiétudes ; mais ceux qui le haïs-
sent et l’abjurent jouissent du calme et du repos
intérieur, et commencent à goûter en quelque
sorte ici-bas la joie et la paix de la vie future. »



La vocation religieuse ne procurerait point
d’autre bien, qu’il faudrait encore la regarder
comme un des plus grands bienfaits du ciel.



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