LA TRAVERSÉE DU TUNNEL (Testament spirituel d’un ancien missionnaire en Chine)

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


Editorial


LA TRAVERSÉE DU TUNNEL

ou testament spirituel d’un ancien missionnaire en Chine


Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


Par exemple, l'Immaculée Conception de Marie, la conversion du bon larron et celle de saint Paul, pour ne pas parler des autres, prouvent à l'évidence que Dieu n'a besoin ni du temps, ni des autres moyens ou causes secondes, pour purifier ou sanctifier une âme qu'Il a choisie pour la rendre plus semblable à son divin Fils.

Celui-ci, pendant sa vie mortelle, a pu guérir des malades à distance et montrer ainsi une puissance égale à sa bonté.

Maintenant qu'Il est ressuscité et glorieux au Ciel, Il peut encore jouer son rôle de Sauveur quand et comme Il le veut, avec ou sans le secours de personne ni d'aucun instrument humain.

Cette mise au point, solidement fondée sur la doctrine et sur l'expérience des saints, est très consolante, surtout pour les pécheurs à l'agonie qui se trouveraient privés de toute assistance religieuse venant de l'extérieur.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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LA TRAVERSÉE DU TUNNEL

ou testament spirituel d’un ancien missionnaire en Chine


Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


On peut donc affirmer, d'après la théologie la plus sûre, que la Providence de Dieu (c.à.d. sa façon de gouverner le monde et l'Eglise en général et chaque homme en particulier) est sainte, adorable, infaillible et souverainement aimable.

Il n'en reste pas moins vrai qu'elle est presque toujours incompréhensible, souvent déroutante et même crucifiante.

On serait souvent tenté de croire que le Souverain Maître gère très mal les intérêts de son Royaume.

Pourtant Il a toujours droit à notre soumission humble et confiante, à notre obéissance inconditionnelle, parce qu'Il est la Perfection infinie et qu'Il ne saurait ni se tromper ni nous tromper.

La suprême sagesse consiste à ne jamais douter de Lui, ni de son Amour, ni de son secours, ni de son pardon, ni de l'intercession toute-puissante de la Vierge Marie... et de Lui rester toujours fidèle quoi qu'il arrive.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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LA TRAVERSÉE DU TUNNEL

ou testament spirituel d’un ancien missionnaire en Chine


Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


En conséquence, plus la nuit est obscure, plus les ténèbres sont profondes et l'épreuve douloureuse, plus il est beau de croire à la lumière, et plus méritoire de se soumettre humblement et courageusement au mystère impénétrable de la divine Providence.

C'est ce que déclarait à sa façon un missionnaire éprouvé :

"Dans le ciel le plus sombre et le plus chargé de nuages, il y a toujours un coin de bleu !"

Ce n'est pas vrai du ciel visible, quand le temps est complètement bouché.

Mais c'est exact de celui de l'âme illuminée par une Foi vive et bien éclairée.

[Abbé Zins]

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Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


Autrement dit, dans les situations les plus dramatiques, les plus douloureuses et sans issue apparente, il y a, il devrait du moins y avoir toujours une place réservée à l'espérance.

Non pas l'espérance béate et naîve qui se repaît d'illusions ou de fausses nouvelles, mais celle qui faisait dire à sainte Thérèse d'Avila :

"Dieu sait tout, Il peut tout et Il m'aime ! "

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


Ou encore celle qui a dicté à Bernanos cette phrase à retenir et à méditer :

"La forme suprême de l'espérance, c'est le désespoir dépassé" !


Il va sans dire longuement que celui-ci ne peut être dépassé que par une dose massive des trois vertus théologales,

que Dieu ne saurait refuser à qui les demande humblement, instamment !

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


Les exemples cités plus haut parmi d'autres soulignent et illustrent cette vérité réconfortante :

Dieu est infiniment bon, puissant et fidèle.


En aucun cas, le malheur, la souffrance ou la malveillance humaine ne saurait supprimer, ni même diminuer l'efficacité de sa grâce dans les âmes.

Aussi, quand les brebis du bercail sont privées de la sollicitude et du dévouement de leurs pasteurs habituels, elles ont le droit et le devoir de compter d'autant plus sur des secours extraordinaires.

Jésus, le Pasteur des âmes et le Maître de l'impossible, ne peut pas et ne veut pas laisser les brebis de son troupeau dépérir d'inanition ni mourir de faim.

Il est donc toujours prêt à leur accorder toutes les grâces nécessaires à leur salut.

Car, s'Il ne le faisait pas, Il mentirait, en reniant pratiquement la définition qu'Il a Lui-même donnée du Bon Pasteur (Jn. 10,12-16).

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


Toutefois, comme le dit saint Augustin, "Dieu qui nous a rachetés sans nous, ne nous sauvera pas sans nous".

Le Sauveur met toujours à notre disposition la grâce qu'Il Lui a tant coûté de mériter pour nous.

Elle est capable, aujourd'hui et demain comme hier, d'opérer des miracles. Mais à la condition expresse qu'on prenne la peine de la Lui demander et d'y correspondre.

En temps normal, quand tout va bien et quand la paix règne, il y a déjà des efforts à faire, des sacrifices à consentir pour se convertir, pour se relever du péché ou s'élever dans la vie spirituelle.

Mais quand les épreuves s'accumulent, quand les dangers se font plus menaçants, quand les moyens ordinaires d'acquérir la grâce deviennent plus rares ou font défaut totalement, les brebis apparemment abandonnées ont besoin de s'attacher d'autant plus étroitement à leur Sauveur et Pasteur suprême, car Lui seul est capable en l'occurrence, de les soutenir par sa présence, de les nourrir de sa grâce.

Car Il est alors, plus que jamais, devenu leur bouée de sauvetage, leur unique planche de salut.

C'est assez dire qu'ils doivent intensifier leur vie de prière et leur recherche de l'intimité divine, au moins autant que cela leur est possible.

[Abbé Zins]

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Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


Dans ce rude combat de la fidélité, la dévotion à la Sainte Vierge et au Saint Rosaire peut jouer un rôle déterminant.

Seul l'esprit de prière ou une vie de prière adaptée aux circonstances permettra aux fidèles privés de tout secours extérieur, de s'accrocher, de se cramponner à Dieu avec l'énergie du désespoir.

Par leur union à Jésus, Unique Sauveur, et à Marie, Médiatrice secondaire auprès du Médiateur, ils pourront garder patience, confiance et courage dans leurs épreuves, si dures et si longues soient-elles.

Et si c'est nécessaire, ils sacrifieront leur liberté et même leur vie pour témoigner au Seigneur un amour sans réserve.

Les exemples cités plus haut, prouvent clairement que Celui qui fortifiait saint Paul (Phil.4,13) n'a rien perdu de sa puissance salvatrice.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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Essai de commentaire — Déductions théoriques et pratiques :


On peut dégager de ces réflexions, à la fois théoriques et pratiques, un enseignement valable pour les catholiques vivant en deçà des rideaux de fer et de bambou, et notamment en France.

Car chez nous, qu'on en ait ou non conscience, qu'on l'admette ou non, la persécution a déjà commencé... à l'égard de ceux qui veulent rester fidèles à la Tradition ...

De là, pour les catholiques décidés à résister à toutes les influences destructrices, l'urgente nécessité de se préparer...

Que ceux qui tiennent à garder et à transmettre la Foi catholique de toujours soient résolus à opérer leur salut quoi qu'il arrive...

En attendant, qu'ils recourent au ministère des prêtres, aussi longtemps que celui-ci restera accessible et valable... pour écouter leur prédication, assister à leur Messe, recevoir les sacrements, quand ils le peuvent.

Mais en même temps, qu'ils apprennent à se passer de tous ces secours, chaque fois que font défaut les prêtres fidèles, la Messe authentiquement catholique et non équivoque, et les sacrements certainement valables et valides.

Qu'ils se rappellent alors que Dieu est fidèle, même et surtout si ses ministres ne le sont pas...

Que sa grâce est toute puissante pour sauver les âmes sans secours extérieur.

Elle les rendra capables, comme nos frères japonais, chinois et autres, de garder une fidélité sans défaillance, aussi longtemps que ce sera nécessaire.

[Abbé Zins]

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 8 (3e trimestre 1987)


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Conclusion : En attendant la sortie du tunnel :


Par un beau matin ensoleillé, un voyageur prit le train à Saint Claude (Jura), pour rentrer à Paris.

La locomotive étant à l'arrière du convoi, il put prendre place dans le premier wagon, et regarder droit devant lui la belle nature environnante.

Au bout d'un certain temps, le train pénétra dans un tunnel assez long et absolument rectiligne.

Ce fut soudain l'obscurité presque totale.

Mais, ô surprise, à l'extrémité brillait déjà un petit point lumineux qui paraissait insignifiant.

Longtemps, ce lumignon sembla minuscule.

Finalement, tout d'un coup, le train sortit du tunnel et déboucha en pleine lumière.

Cette étonnante constatation suggère une comparaison très instructive.