LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

Message par InHocSignoVinces »

II. Pour nous, la crainte et l'abattement
du Sauveur sont une lumière et une force,
dans toutes nos appréhensions, spécialement
à notre dernière heure. N'a-t-on pas vu des
saints trembler, comme lui, aux approches
de la mort?
Que la crainte qu'il éprouve nous
remplisse nous-mêmes d'une sainte frayeur
pour ce redoutable passage ; qu'elle nous
stimule à mieux nous y préparer, qu'elle nous
console de nos répugnances- et les sanctifie !
Si la nature en nous craint, tremble,
murmure, ne nous en inquiétons pas; mais
que notre cœur, qui seul est en notre disposition,
s'unisse au Cœur du divin agonisant,
pour s'effrayer avec lui, espérer avec lui,
se résigner avec lui. Avons-nous jusqu'ici
pratiqué cette union ?...



III. Nous ne saurions avoir tant de défaillances
au cœur, que Jésus n'en ait ressenti plus encore pour
nous obtenir du courage. Il a tremblé, pour que ses
martyrs allassent au supplice comme à une fête.
L'intrépidité humaine commence par une forcé
audacieuse et superbe, mais se termine souvent
à la crainte et à la faiblesse. L'intrépidité
que la grâce inspire, commence par un
abattement de l'âme, par une vive appréhension,
par un humble aveu de notre insuffisance. Mais
la vraie valeur, la valeur chrétienne, après avoir
considéré tous les justes motifs de craindre le
péril, passe et s'élève au-dessus de tous les
obstacles pour l'affronter. Ainsi Jésus sera
d'autant plus courageux qu'il a paru plus timide :
après avoir tremblé à la vue d'iniquités qui ne
sont pas les siennes, il n'hésitera pas à souffrir
la passion la plus ignominieuse et la mort la plus
cruelle, pour en faire pénitence. Ah ! prenons,
prenons dans son Cœur le courage et l'humilité
qu'il nous faut, pour n'hésiter jamais à laisser
voir le repentir et la crainte, que nous causent
des péchés qui sont les nôtres !...



A SUIVRE...
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Message par InHocSignoVinces »

Pratique.

Combattons la timidité comme la présomption,
et ne reculons jamais devant une difficulté à
vaincre pour accomplir un devoir. — Foulons aux
pieds toutes ces vaines terreurs, qui représentent
à notre imagination nos plus saints projets comme
impraticables. — Que la peine ressentie en
entreprenant une chose ardue, ne nous fasse pas
différer ni remettre au lendemain.



Exemple.

Saint Pierre Paschal, né à Valence en
Espagne, l'an 1227, religieux de l'ordre de
Notre-Dame de la Merci, évoque deJaën,
eut la tête tranchée par les Maures de
Grenade, le 6 décembre de l'an 1300.
Il se prépara avec joie à ce sacrifice,
qu'il avait tant désiré. Son ange gardien
l'ayant averti qu'il serait massacré le
lendemain matin, il passa toute la
nuit en prières; il offrit sa vie à
Dieu pour le salut des esclaves chrétiens,
et pria même pour les Maures qui avaient résolu
de le faire mourir. Il sentit néanmoins des
craintes et des frayeurs en sa partie inférieure,
et il souffrit une agonie pareille à
celle de Jésus-Christ dans le jardin des
Oliviers ; mais il se calma bientôt par un
parfait abandon aux dispositions de la divine
Providence.
Le Sauveur lui apparut
alors et lui dit : « Pierre, j'ai été sensible comme
toi, et j'ai enduré d'horribles tourments pour ton amour. »

Ces paroles répandirent une telle onction dans l'âme du saint,
qu'il ne respira que le martyre. Il en reçut la couronne,
pendant qu'il faisait son action de grâces après la messe 1.
Sainte Félicité, se trouvant enceinte au moment
de sa condamnation à mort, vit différer l'exécution.
Elle avait peur des douleurs de l'enfantement, et
nullement des tortures du martyre. Comme
le geôlier s'en étonnait, elle lui répondit :
« Maintenant c'est moi qui souffre ce que
j'endure ; mais alors ce sera un autre qui
en moi souffrira pour moi, parce que moi aussi
je souffrirai pour lui 2. »

Cet autre était Jésus-Christ agonisant dans ses membres.


A SUIVRE...


1 Giry, Vie des Saints, 23 octobre.
2 Ruinart, Acta martyrum, Passio Perpetuae et
Felicitatis, n°xv.
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SEPTIEME JOUR

LES ENNUIS DU CŒUR DE JÉSUS.



Avec la crainte, le Sauveur éprouva dans
le jardin des Olives une autre peine, la
fatigue, le dégoût, l'ennui, et tœdere
(Marc, XIV, 33.) C'est une consolation pour
nous tous, qui avons tant de dégoûts et
d'ennuis à dévorer : L'Homme-Dieu n'en
a-t-il pas eu lui-même sa part ?


Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. V,
ch. V, Le dégoût et l'ennui dans les membres
mystiques de Jésus



Méditation.


I. Lorsqu'ils sont à leur comble, les dégoûts
et les ennuis nous font haïr et abhorrer toutes choses,
notre vie même. Tel est l'état du Fils de Dieu en son
agonie. Devant lui une mort ignominieuse et cruelle;
à sa droite un petit nombre d'âmes, qui consentent
à être rachetées par le prix infini de ce trépas; à sa
gauche, l'immense multitude des pécheurs endurcis
et des damnés, qui ne s'en servent que pour aggraver
leurs torts. Son Cœur devient comme une cire fondue,
et sa force se dessèche comme la terre cuite au feu
(Ps. XXI, 15, 16.) La vie lui est à charge, et plus
malheureux que Job il redit mieux que lui : Je
m'ennuie de vivre, mon âme est dégoûtée de la vie,
tœdet animam meam vitœ meœ (Job. X, 1.)
A la vue de nos péchés, plus que de nos douleurs et
de nos épreuves, disons aussi : Mon âme est ennuyée
de ma vie, de ma vie tiède, de ma vie peu chrétienne,
de la vie mondaine ou criminelle que je mène depuis
longtemps !...



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Message par InHocSignoVinces »

II. En éprouvant le dégoût et l'ennui les plus
accablants qui furent jamais, le Sauveur expiait les coupables
dégoûts des uns, et consolait les autres dans leurs ennuis invo-
lontaires. Il se proposait de me reveiller, de secouer mon indolence,
de changer ma lâcheté en courage, de rallumer dans mon âme
une noble et sainte ardeur, pour tout ce qui est vrai et beau,
grand et saint. Il voulait nous donner à tous sa persévérance,
sa promptitude, sa vivacité, son empressement à prier, à parler,
à agir, à souffrir pour le bien. Plus généreux que saint Martin,
le voici qui se dépouille de son manteau tout entier, du manteau
de sa gloire et de sa félicité, pour nous revêtir de la plénitude de
ses contentements et de ses joies. Il prend pour lui le dégoût
et l'ennui suprêmes, afin que son allégresse passe en nous, remplisse
et fasse déborder notre âme, comme celle de l'Apôtre qui s'écriait :
Je surabonde de joie en toutes mes tribulations (II, Cor. VII, 4) !

Quel reproche pour moi qui ne fais rien, ne donne rien, ne
souffre rien, dans le but d'épargner aux autres un peu de dégoût
et d'ennui !...



III. Suite nécessaire de l'inquiétude d'un cœur qui
n'est point à sa place, et qui ne peut l'être tout à fait ici-bas,
les ennuis et les dégoûts sont inévitables en cette vie.
Parce que notre nature est sujette au caprice
et à l'inconstance, parce que la piété contrarie nos
anciens goûts et nos premiers penchants, nous éprouvons
au service de Dieu des répugnances et des amertumes,
qui mettent notre patience ou notre fidélité en péril.
Le désir de changement, si commun dans notre siècle,
fait que la stabilité même nous ennuie.
Tenons ferme,
et l'expérience nous apprendra que, dans la piété,
les ennuis et les dégoûts sont moins amers qu'on ne
se le figure, moins amers que ceux des mondains,
qu'ils ont des ressources que ceux-ci n'ont pas,
et que la vertu n'a point de peine qui n'ait sa consolation.
Mais comment nous conduisons-nous dans l'agonie du
dégoût et de l'ennui?...



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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

Message par InHocSignoVinces »

Pratique.


Ne laissons pas voir aux autres, surtout à ceux
qui pourraient en être scandalisés ou
refroidis, les ennuis et les dégoûts que nous
éprouvons parfois au service de Dieu. — Afin
de les diminuer, donnons-nous purement
en sacrifice au Seigneur, sans en attendre
rien d'extraordinaire et de sensible.



Exemple.


Sainte Madeleine de Pazzi désirait si vivement
souffrir sans aucune consolation, qu'elle conjurait
souvent le Seigneur de lui retirer tous les goûts et
plaisirs spirituels. Elle fut si bien exaucée qu'elle
se comparait à un morceau de bois, à une pierre
insensible. Mais jamais son visage ne parut ni
troublé ni altéré ; on y vit toujours cette grâce
angélique et cette douce paix, qu'elle avait dans
le cœur. Néanmoins, pour échapper à toute illusion,
pour ne point aggraver par ses négligences son
tourment le plus cruel, l'extrême aridité d'esprit,
elle redoublait ses macérations et ses efforts, afin de
s'exciter à la dévotion, de réveiller en son cœur le
goût des choses spirituelles. Pour sauver des âmes
en péril, elle s'offrit à rester privée de tout sentiment,
dépouillée même de toute grâce, excepté de la grâce
principale qui est l'amour de Dieu et la volonté de
le servir. Le Seigneur l'exauça encore, en l'éprouvant
par de longues et atroces souffrances dans le corps
et dans l'âme. Mais plus la sainte souffrait pour le
salut des pécheurs, plus elle désirait souffrir
1.


1 Vita e Ratti. p. I, cap. 104, 135, 147.


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HUITIÈME JOUR

MON AME EST TRISTE.



Mon âme est triste, tristis est anima mea
(Matth. XXVI, 38), dit le bon Maître à Pierre,
Jacques et Jean, pour les réhabiliter à leurs
propres yeux. En l'entendant lui-même parler
de sa tristesse, ils n'ont plus honte d'éprouver
une telle tristesse, que saint Luc l'alléguera
bientôt comme excuse à leur sommeil, dormientes
prœ tristitia
(Luc. XXII, 45).

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. V, ch. VIII,
Motifs de la tristesse de Jésus.


Méditation.


I. Comment peut-il être éclipsé par la tris-
tesse ce soleil divin, qui fait briller de célestes
splendeurs et surabonder de joies ineffables
toute âme qui s'attache à lui ? Sa tristesse
vient de sa charité. On s'attriste de
ce qui est désavantageux à celui qu'on aime,
et dans le cœur des hommes le poids de
l'affliction est égal au poids de l'amour. Plus
le Cœur de Jésus nous aime, plus il s'attriste
de nos fautes, plus il s'attriste de nos maux.
Notre aimable Sauveur n'est-il pas un
médecin charitable ? Au chevet d'un malade
chéri, auquel il donne les meilleurs remèdes,
il s'attriste de l'indocilité de ce malheureux,
qui rend tous les remèdes inutiles. N'est-il
pas un père compatissant ? A côté de son
enfant coupable, condamné mais impénitent,
il se désole doublement et à cause du
crime et à cause du supplice. N'est-il pas un
époux tendre et jaloux ? En face de nos âmes,
ses épouses bien-aimées, dont il voit toutes
les infidélités, il est rempli de dégoût
pour le présent, et de crainte pour l'avenir.
O stérilité de l'agonie de mon Maître, que tu
es déchirante pour son Cœur si tendre et si
aimant ! Quelle est mon affliction des péchés
d'autrui ?...



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II. Jésus s'attriste pour ses disciples, qu'il chérit plus qu'une mère ne chérit ses enfants, et qu'il va laisser comme des brebis sans pasteur, dispersés, exposés au scandale, livrés à la tentation. Il s'attriste plus encore pour la Vierge Marie, dont l'insondable douleur vient de la sienne, et reflue sans cesse vers son Cœur filial. Il s'attriste pour ses persécuteurs eux-mêmes, dont il voit déjà les châtiments terribles, et pour sa patrie aussi aveugle qu'obstinée. O divin Sauveur des sociétés et des âmes, sur la pente de cette même montagne des Oliviers, avant de faire votre entrée triomphale dans Jérusalem, vous vous étiez arrêté pour considérer cette grande capitale, pleurer sur elle et en prédire la complète destruction (Luc. XIX, 37-44). Quelle doit être votre tristesse en ce même lieu, à l'heure où vous savez qu'on va venir vous prendre, pour vous entraîner dans cette ville coupable, impatiente de consommer le déicide qui causera sa ruine ! Et moi, comment ai-je prouvé mon amour à ma patrie malheureuse ?...


III. Le Cœur de Jésus fut crucifié sur le mont des Olives, avant que son corps le fût sur la colline du Calvaire ; la croix du jardin fut même plus rigoureuse, pour lui,que celle du Golgotha. Car la compassion est proportionnée à l'amour, à la connaissance, à la sensibilité. Qui sentit comme Jésus ? Qui connut comme Jésus ? Qui aima comme Jésus ? Il sent, il goûte, il savoure toutes nos peines ; il prend sur lui le détail des douleurs de chacun, la somme des douleurs de tous ; il endure à la fois toutes les croix des apôtres, tous les tourments des martyrs, toutes les mortifications des confesseurs et des vierges, toutes les austérités des religieux, toutes les afflictions des justes calomniés ou persécutés. Ames délaissées, cœurs ulcérés, pauvres moribonds, Jésus agonisant jette sur vous un regard plein d'amour et de tendresse ; son Cœur est plus attristé de vos maux, que la Vierge-Mère n'était émue des douleurs de son Fils unique. Ai-je un peu de cette compassion pour le prochain ?...


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Pratique.


Si nous sommes tristes, ne parlons pas
davantage aux hommes par nos plaintes,
mais parlons davantage à Dieu par la prière.

— Aimons nolre patrie, comme Jésus-Christ
aimait la sienne, jusqu'à nous offrir en
victimes pour en préparer le salut
ou la conversion.



Exemple.


Saint Paul éprouva l'agonie du patriotisme,
en voyant les Juifs refuser l'Évangile,
et courir ainsi à leur perte. C'est pour moi.
dit-il, une grande tristesse tristitia mihi
magna,
c'est pour mon cœur une douleur
continuelle, continuus dolor cordi meo,
à tel point que j'eusse désiré devenir anathome,
à l'égard de Jésus-Christ, pour les Israélites
qui sont mes frères selon la chair (Rom. IX,
1-4). Que dites-vous, ô grand apôtre ! s'écrie
saint Jean Chrysostome ? Vous demandez
maintenant à être séparé de ce Christ tant
désiré, dont vous affirmiez que rien ne vous
séparerait jamais (Rom. VIII, 35-39).
N'avez-vous plus le même désir ? Je vous entends
me répondre : Mon désir n'est que plus
ardent. C'est parce que je suis brûlant
d'amour pour Jésus-Christ, que je demande
d'en être séparé, non pas séparé de son amour,
mais seulement de sa jouissance et de sa gloire.
J'y consentirais pour que mon Maître ne
fût pas blasphémé, pour qu'on ne
dise plus : Il a promis aux uns et donné aux
autres. Oui, volontiers, pourqu'on ne parlât
point ainsi, bien que ce soit injustement, je
renoncerais au royaume des cieux et à
l'ineffable gloire, j'endurerais toutes les
souffrances, estimant une grande consolation
dans mes peines, de ne plus entendre
blasphémer celui que j'aime si ardemment
1.


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1 Saint Jean Chrysostome, in Roman, hom. XVI,
n° 1,2.
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NEUVIÈME JOUR

Jusqu'à la mort.



Jusqu'à la mort, dit Notre-Seigneur, mon
âme est triste, usque ad mortem (Matth. XXVI,
38.) Cet aveu nous rappelle et le royaume
sans fin qu'un ange lui avait prédit (Luc, I, 33),
et l'amour qu'il nous témoigna jusqu'à
la fin (Joan. XIII, 1). Son règne commencé
par la mort s'accroîtra par la mort; des
douleurs sans limites et un dévoûment
sans réserves seront une semence de nouveaux
sujets.

Lisez dans L'Agonie de Jésus, Liv. V, ch. VII,
Jusqu'à la mort.


Méditation.


1. Jusqu'à la mort, c'est la rigueur de la justice.
Pour satisfaire surabondamment à la justice de Dieu,
le Sauveur veut s'attrister, à cause de la mort qu'il doit
subir en expiation de nos crimes, mort ignominieuse et
cruelle, mort précédée de mille affronts et de mille
tourments. Il aura beau prier son Père, il aura beau
suer du sang, il devra bientôt s'humilier et obéir
jusqu'à la mort, jusqu'au crucifiement ; il devra
passer entre toutes les hontes et toutes les douleurs,
comme une victime expiatoire, jusqu'à ce qu'il
embrasse la croix et meure entre ses bras.
Quelles répugnances en son humanité
il lui faudra dompter auparavant ! Mon âme
sera triste, dit- il à ses trois apôtres privilégiés,
jusqu'à ce que j'aie vaincu mes répugnances naturelles,
jusqu'à ce que ma volonté soit morte à elle-même
et ne vive plus qu'à Dieu. Sommes-nous tristes,
nous aussi, jusqu'à la mort de la nature ? Ne cherchons
-nous de vraie joie que dans la mortification
parfaite des appétits et des passions ?...



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II. Jusqu'à la mort, c'est l'excès de l'amour.
Un prodigieux amour fait que Jésus s'attriste de tous les délais,
de tous les retards apportés à sa mort, parce que retarder son
supplice c'est retarder notre Rédemption. Oh! que je souffre,
s'écrie-t-il, jusqu'à ce que ce grand mystère soit accompli,
quomodo coarctor usque dum perficiatur (Luc, XII, 50) !
Combien ce retardement me cause d'anxiété, d'impatience
et de tristesse ! N'est-ce pas ainsi qu'un vaillant soldat s'afflige de
voir retarder le signal de la bataille ? Ne pouvant plus tolérer
ce délai, notre charitable Rédempteur s'abandonne lui-même
à une si profonde tristesse, que tous les efforts de ses ennemis
n'eussent jamais pu lui en causer une pareille, parce que la haine
qu'ils ont contre lui, ne peut égaler l'amour qu'il a pour nous.

Avons-nous cette sainte impatience de nous signaler au service de
Dieu, de l'Église et de l'humanité ?...



III. Jusqu'à la mort, c'est la mesure de
l'intensité. Suivant l'Écriture, un esprit triste dessèche
les os (Prov. XVII, 22), et il est une tristesse qui fait
mourir (II, Cor. VII, 10.) Incomparablement plus intense,
plus accablante, plus excessive que toutes les autres,
la tristesse de Jésus agonisant aurait dû mille fois lui
donner la mort.
« Mon âme est aussi triste, disait-il,
que si je mourais déjà, que si j'expirais en ce moment.
Cette tristesse serait même capable de m'ôter la vie,
si je ne faisais un miracle de toute-puissance pour
soutenir ma vie, jusqu'à ce qu'il me plaise de la sacrifier
au milieu des tourments extérieurs, sur le Calvaire.
Je puis dire encore que mon âme est triste, comme
on est triste dans la mort éternelle ou dans l'enfer,
non pas avec une rigoureuse égalité, mais avec une juste
proportion. Je ressens la perte de chaque réprouvé,
comme la perte d'un de mes membres, et je conçois
une indicible tristesse de son malheur éternel ! »

Sommes-nous disposés à faire pénitence pour les
âmes, que nous voyons courir à leur damnation ?...



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