LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

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LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

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LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)


APPROBATION

Nous, Évéque d'Angoulême, sur le rapport qui Nous en a été fait, et après en avoir pris Nous-même
connaissance, approuvons l'ouvrage publié sous ce titre : Le Mois du Cœur Agonisant.

Nous en recommandons la lecture et l'usage, le regardant comme très-propre à nourrir la piété
chrétienne, et à exciter la dévotion envers les mystères douloureux de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
surtout celui de sa sainte agonie, qui sont pour les âmes des sources de lumière, de grâce et de vie.


Angoulême, en la fête de sainte Anne, 26 juillet 1875.

+ Alexandre-LÉOPOLD, Évêque d'Angoulême


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Message par InHocSignoVinces »

A SA SAINTETÉ LE PAPE PIE IX

Très-Saint Père,

En chacune des époques de sa longue
histoire, l'Église a toujours reproduit
quelque phase de la vie du Sauveur. On
peut dire que l'état présent des choses
et des esprits rappelle, par plusieurs traits
de ressemblance, son agonie au jardin des
Olives.

Toutes les âmes vraiment catholiques ne
gémissent-elles pas, sous le poids d'une
accablante tristesse? Ne Vous a-t-on pas
réduit, Vous le chef visible de l'Église,
Vous le vicaire de Jésus-Christ, à un jardin,
au jardin de Gethsémani, où Vous
buvez courageusement le calice de toutes
les amertumes , en Vous efforçant de
réveiller les nations plongées dans le sommeil
de l'indifférence, en offrant à Dieu vos
prières et votre vie pour le salut de
l'humanité coupable? Vos ennemis ont essayé
d'endormir, par de fallacieuses promesses,
vos disciples les plus fidèles, vos enfants
les plus dévoués ; ils espéraient Vous amener
à recevoir bientôt le baiser de la réconciliation,
sous les oliviers de la paix. Ils ont échoué,
et maintenant ils ourdissent au grand jour
ou dans l'ombre quelque trahison nouvelle,
une persécution perfide et cruelle.
Mais le Dieu qui s'apprête à déjouer
leurs projets, multiplie les anges
consolateurs de la Papauté, en multipliant
les âmes qui savent compatir à ses souffrances,
veiller et prier avec Vous, répandre comme
Vous leurs sueurs et leurs larmes, pour la
conservation de la foi dans la patrie,
pour l'exaltation de la sainte Église dans
le monde entier, pour la prospérité des
nations chrétiennes, pour la conversion
des pécheurs et le salut éternel
de tous les agonisants.

Aussi la bonté de Notre-Seigneur, toujours
attentive à tirer le bien du mal, à
mettre au service de la grâce toutes les
opportunités de la nature, avait-elle choisi
le Pontificat de Votre Sainteté, pour faire
éclore en France et propager en tous
lieux la dévotion au mystère de Gethsémani.

Qu'un regard de vos yeux et une bénédiction
de votre cœur tombent sur trois petits livres 1,
destinés à la propager encore ou à l'entretenir;
et les âmes auxquelles ils s'adressent ne
négligeront rien, pour faire de votre agonie
douloureuse une agonie triomphante.

Tel est, Très-Saint Père, l'espoir de vos
enfants dévoués,

et du dernier de tous,

F. BLOT,
Mission, apostol., Doct. en théol., Doct. ès lettres,


1. Le mois du Cœur Agonisant. — Le mois de la Sainte Agonie. — Un mois au jardin des Olives.


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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

Message par InHocSignoVinces »

PREFACE


Préparée à Paris, éclose à Vais près Le
Puy, la dévotion au Cœur agonisant du
Sauveur fut approuvée par le pape Pie IX,
alors en exil; le 2 février 1850, Sa Sainteté
enrichit d'indulgences une prière rédigée
par le R. P. Lyonnard, de la Compagnie de
Jésus. Des confréries se formèrent bientôt en
plusieurs villes; celle de Jérusalem fut érigée
en 1864, et transformée en archiconfrérie le 23
août 1867.


Plusieurs publications sont venues en aide
à cette pieuse association, en ont expliqué
les pratiques et entretenu l'esprit. Dans ce
but, nous publiâmes nous-même plusieurs
volumes, L'Agonie de Jésus et Le Cœur
Agonisant
; nous publions aujourd'hui un
livre moins gros et plus populaire, en adoptant
la forme d'un de ces Mois, qui sont si chers aux
fidèles et si utiles aux âmes.


Toute époque où l'on se sent plongé dans
l'affliction, est favorable pour faire le Mois
du Cœur Agonisant. Le mois de juin, qui est
le mois du sacré Cœur, paraît convenir
aussi. Mais le mois de février convient mieux
encore, parce qu'il devient ainsi une heureuse
transition, entre les plaisirs du renouvellement
de l'année et les austérités du carême. Nous
conseillons même fortement de se régler sur
la sainte quarantaine, de commencer ce Mois
le quatrième jeudi avant le carême, le second
avant la septuagésime, de manière que la fête
de l'archiconfrérie du Cœur agonisant, l'oraison
de Notre-Seigneur sur le mont des Oliviers,
qui ne tombe jamais plus tôt que le 20 janvier, ni plus
tard que le 24 février, toujours le mardi de
la septuagésime, se rencontre le treizième
jour, et que ces pieux exercices servent à s'y
préparer, au moins durant une neuvaine.
Ils se termineront le premier samedi de
carême, par un hommage rendu au Cœur
compatissant de Marie.


Chrétiens dévoués au Cœur agonisant de
Jésus, méditez-en les angoisses, partagez-en
les souffrances, et laissez votre cœur devenir
un autel et un calvaire. La dévotion
n'est-elle pas l'embonpoint spirituel d'une
âme engraissée de charité ? Pendant un
mois engraissez-vous d'amour, de compassion,
de générosité, de dévouement et de
patience, pour continuer l'œuvre du Cœur
sacré du Rédempteur, en nous obtenant
l'application des mérites de son agonie.
Restez ensuite toute votre vie, comme
durant ce mois, à l'école du divin agonisant,
pour apprendre à compatir efficacement aux
douleurs des autres, et à faire de vos propres
agonies un apostolat fécond.



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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

Message par InHocSignoVinces »

LE MOIS DU CŒUR AGONISANT

LA VEILLE

LECTURE PRÉPARATOIRE.



La dévotion au douloureux mystère du
jardin des Olives, et la dévotion au Cœur de
Jésus, ont une commune origine, les révélations
de Notre-Seigneur à la bienheureuse
Marguerite-Marie, qui reçut de lui la pratique
de l'heure-sainte, et la mission de
répandre le culte de son divin Cœur. Le
Cœur agonisant c'est le Cœur même de
l'Homme-Dieu, considéré dans son état
passif, dans ses souffrances, ses angoisses,
ses tristesses, ses craintes et ses ennuis,
L'expression de Cœur agonisant était usitée
dès les premières années du XVIIIe siècle.



Les peines intérieures commencèrent et finirent
pour Jésus avec sa vie mortelle, et il y fait allusion
quand il nous dit par la bouche du Psalmiste :
« J'ai été dans le trouble, l'anxiété, les travaux
dès ma jeunesse , in laboribus a juventute mea

( Ps. lxxxvii, 16). Mais il modérait à son gré
cette agonie morale, et ce ne fut qu'à Gethsémani
qu'il la laissa tourmenter pleinement son Cœur,
et même déborder sur son corps. Aussi est-ce au
jardin des Olives que tous les chrétiens fervents
accourent en esprit, pour partager les souffrances de
Jésus, pleurer avec Jésus, unir leurs cœurs au Cœur
agonisant de Jésus.



Par la dévotion au Cœur agonisant du
bon Maître, nous voulons d'abord lui offrir
nos hommages et nos réparations, l'honorer
dans ses douleurs et réparer les outrages
qu'il reçoit.



Nous voulons même prévenir ces outrages,
les empêcher, en travaillant à convertir les
pécheurs qui l'offensent, et surtout ceux que
la mort va jeter dans l'éternelle damnation.
Préserver de l'enfer, préserver de
l'impénitence finale les quatre-vingt mille
mourants de chaque jour, voilà l'objet principal
de notre intercession, de nos supplications au
Cœur agonisant de Jésus. Qui n'en
voit l'opportunité ? Autrefois tout chrétien
qui se sentait mourir, voulait se réconcilier avec
Dieu, et en prenait lui-même les moyens.

Mais aujourd'hui beaucoup de malades à
l'extrémité ne veulent pas même voir le
ministre de la réconcilialion ; la société
satanique des Solidaires travaille,
nuit et jour, à réaliser sa devise : Plus de
prêtre, ni à la naissance, ni au mariage,
ni à la mort. Elle séduit les faibles et les
pauvres, par l'appât d'un enterrement civil
où le nombre augmente le scandale.



Enfin le Cœur agonisant del'Homme-Dieu
est pour nous un objet d'imitation. Au dernier
jour de sa vie mortelle , le Sauveur voulut
endurer trois passions, une passion eucharistique
et sacramentelle sur le mont Sion, une passion
mystique et intérieure sur le mont des Oliviers,
une passion extérieure et sanglante sur la colline
du Calvaire. Ces trois passions se continuent ou
se réitèrent à travers tous les siècles. Tous
les jours dans nos temples et sur nos autels
Jésus lui-même continue, par le ministère
du prêtre, sa passion eucharistique.
Souvent au milieu des peuples civilisés ou
barbares, dans les prisons ou sur les places
publiques, la sanglante passion du Sauveur
a été renouvelée, dans la personne des martyrs,
par le ministère des bourreaux. En qui
donc se réitérera sa passion intérieure ? en
quelques âmes privilégiées, dont le cœur est
tantôt un autel et tantôt un calvaire, mais
quelquefois aussi une montagne et un jardin
des Olives, où, sous la pression des
épreuves mystiques et des souffrances morales,
qui les réduisent à une agonie pire
que la mort, coule l'huile de la prière et de
la résignation, du renoncement et de la charité.



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Message par InHocSignoVinces »

Le même religieux qui répandit la dévotion au Cœur agonisant de Jésus, publia
L'Apostolat de la souffrance, et propagea la société des victimes volontaires. N'est-ce
pas le désir d'imiter le Cœur agonisant du Sauveur, qui a fait naître cette société, pour
les besoins actuels de l'Église et des nations catholiques ? Plus un pays est souillé par
les iniquités de ses habitants, plus il convient de le purifier et de l'assainir, en y
introduisant les plantes salutaires issues du sang de Jésus-Christ, qui répandent autour
d'elles une suave odeur de vie et de pureté ; plus il importe d'y établir des paratonnerres,
qui détournent loin des têtes coupables les foudres de la divine justice, prête à
éclater sur elles. Ces plantes, ces paratonnerres, ce sont toutes les communautés
ferventes, ce sont particulièrement les victimes volontaires.



Dieu choisit indistinctement ces victimes spéciales,
dans tous les rangs de la société chrétienne, et leur
donne une large participation aux souffrances de son
Fils unique, par conséquent à son titre de victime,
à sa fonction de sauveur. La tendre prédilection
qu'il a pour elles, le dispose à leur accorder
des miracles de grâce, quand elles lui présentent
leurs prières mêlées aux larmes, au
sang et aux agonies de Jésus, ainsi qu'à
leurs propres larmes et à leurs propres agonies.
La Vierge-Mère fut au premier rang
dans cette généreuse phalange ; vint ensuite
saint Jean, le disciple bien-aimé du Cœur
agonisant de Jésus, et l'enfant privilégié du
Cœur compatissant de Marie. Puis, à toutes
les époques de crise religieuse et sociale,
le Seigneur suscita en nombre plus ou moins
grand ces victimes cachées, dont l'action latente,
comme celle de la grâce en chacun
de nous, opère avec elle et par elle d'une
manière intime et vitale
1.


Le but de ce Mois est de faire de nous des
apôtres par la souffrance, aussi bien que
par la prière. Soyons intercesseurs et suppliants,
mais en même temps acceptons patiemment nos peines,
nos maladies, toutes nos tribulations, la mort même pour
l'Église et pour les âmes. Cet emploi apostolique de nos
afflictions nous fera puiser, dans le Cœur agonisant de Jésus,
les plus fortes et les plus suaves consolations.
Peut-on mieux se consoler dans ses propres
agonies, qu'en méditant les agonies d'un
Dieu , et en soulageant les agonies des
hommes ?



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1. L' Apostolat de la souffrance, ch. XX et XXI
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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

Message par InHocSignoVinces »

PREMIER JOUR - L'agonie continuelle.


La continuité de l'agonie du Cœur en
Jésus-Christ, depuis le premier instant
de sa conception jusqu'à son dernier soupir,
est attestée par les auteurs les plus graves, qui
s'appuient sur le titre d'homme de douleurs
donné au Messie parle prophète (Isaï. LIII, 3),
et sur plusieurs paroles du psalmiste
(PS. XXX, 11 ; XXXVII, 18 ; LXXXVII, 16).
Au jardin des Olives, il éprouva toute
l'intensité de cette agonie.

Lisez dans L'Agonie de Jésus, liv. I, ch. II,
L'agonie de Nazareth.


Méditation.

I. Pendant que les anges chantaient au-
dessus de sa crèche : Gloire à Dieu au plus
haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes
de bonne volonté (Luc. II, 14),
Jésus disait en son Cœur ce qu'il devait
redire sur le mont Olivet : « Mon Père, que
votre volonté soit faite, et non pas la mienne
(Luc. XXII, 42). Anges du ciel, pouvait-il
ajouter, vous applaudissez à mon humiliation
volontaire pour la gloire de Dieu et la paix
des hommes. Vous êtes les avant-coureurs
du céleste esprit, qui viendra me visiter
dans une humiliation plus grande encore,
dans la lutte de ma nature humaine
contre ma volonté divine, lorsque je serai
prosterné sur la terre, en proie à l'agonie et
tout sanglant. En pensant à vous, je ne puis
m'empêcher de penser à lui. »
De même
voyait-il des victimes ? il savait qu'elles
étaient la figure du sacrifice, qu'il consommerait
par son immolation sur le Calvaire. Voyait-il
Jérusalem ? il savait que dans cette ville il
perdrait la vie, au milieu des opprobres et
des tourments. Regardait-il sa Mère
bien-aimée ? il s'imaginait la voir déjà de-
bout au pied de sa croix. C'était pour son Cœur
une continuelle torture. Pourquoi la vue d'un
jardin, d'une fleur, d'un bouquet, ne vous
ferait-elle pas aussi penser à ce jardin des Olives,
à cette fleur des champs, à ce bouquet de myrrhe
(Cant. I, 12; II, 1), tout arrosés de sueur et de sang? ...



II. Par la prévision de ses maux, Jésus
endura dans son Cœur et pendant trente ans
toutes les afflictions à la fois. De tous les organes
de sa sainte humanité, son Cœur fut
le premier et le dernier à souffrir : toutes les
souffrances des autres membres s'y étaient
ramassées. Il se faisait un flux et reflux continuel
des peines de l'esprit au Cœur, et des
peines du Cœur à l'esprit. C'était un calice
qui se remplissait à tout moment, et que le
Sauveur buvait aussi sans relâche et jusqu'à
la lie. Ce qui rendait ce calice plus amer,
c'était la certitude que ses peines seraient
en partie inutiles; ce qui rendait cette agonie
plus poignante, c'était de savoir qu'après
tant de combats il ne remporterait pas une
victoire plus achevée, Il pensait non-seulement
aux idolâtres, aux juifs, aux mahomètans,
à qui les mérites de sa passion ne seraient
point appliqués ; il pensait encore aux chrétiens
qui foulent aux pieds le Fils de Dieu,
et souillent le sang du Testament
(Heb. X, 29). Ne pensait-il point aussi que,
devenu notre juge, il nous demanderait un
compte sévère du sang que nous avons profané?...



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Message par InHocSignoVinces »

III. Notre-Seigneur avait sans cesse sous
les yeux les supplices de tous les martyrs, et
il en discernait les détails les plus horribles;
il voyait les tribulations de tous les affligés,
toutes les indigences et toutes les persécutions.
Combien ne souffre pas une mère qui
voit souffrir son enfant ! Or, Jésus nous aimait
incomparablement plus qu'une mère. Si la tendresse
de toutes les mères se réunissait en un seul cœur,
ce serait moins qu'une étincelle en comparaison de
l'incendie de charité qui dévorait le Cœur de l'Homme-Dieu.

Chacune de nos souffrances faisait une plaie à cet aimable
Cœur, qui, percé de tant de blessures, ne conservait la
vie que par miracle. Il était devenu le confluent de
toutes nos douleurs, et le calvaire où toutes nos croix
étaient plantées. Jamais l'esprit humain ne comprendra
quelle agonie, quel martyre, le Cœur du Fils de Dieu
endura, depuis l'incarnation jusqu'à la mort, par sympathie
et commisération pour nous. Quand nous sommes affligés,
est-ce une consolation de savoir que toutes nos peines
ont passé par le Cœur de Jésus, qu'il les a le premier
ressenties et portées par amour pour nous ? En
sommes-nous plus généreux à les porter par amour pour lui ?...



Pratique.

Ne nous faisons pas un christianisme
mitigé, un christianisme à concessions, un
christianisme sans combat. — Ne nous plaignons
plus de la longueur de nos souffrances
et de nos épreuves. — Mais consentons que
notre vie soit comme celle des saints, comme
celle de Jésus, une continuelle agonie.



Exemple.

«Je trouve dans la vie de sainte Catherine
de Gênes, dit le P. Eudes, qu'un jour Dieu
lui fit voir l'horreur du moindre péché véniel,
et elle assure que, quoique cette vue ne durât
qu'un moment, elle vit néanmoins un objet
si effroyable que le sang lui glaça dans les veines,
qu'elle tomba dans l'agonie, et qu'eIle serait
morte si Dieu ne l'avait conservée
miraculeusement, pour raconter aux autres
ce qu'elle avait vu. Ensuite de quoi elle disait
que, si elle était dans le plus profond
d'une mer de feux et de flammes, et qu'il
fût en son pouvoir d'en sortir à la condition
de voir encore une fois en sortant de là une
chose si épouvantable, elle aimerait mieux
y demeurer que d'en sortir à cette condition.
Or, si la vue du moindre péché véniel a mis
cette sainte dans un tel état, que faut-il
penser de l'état auquel notre Sauveur a été
réduit par la vue de tous les péchés de l'univers ?
Car il les avait tous continuellement
devant les yeux, et sa lumière étant plus
grande infiniment que celle de sainte Catherine,
il y avait plus d'horreur infiniment qu'elle n'y
en voyait. Tous ces péchés et toutes
ces vues navraient son Cœur d'une
infinité de plaies 1. »



1 Eudes, le Cœur admirable, t. II, liv. VI, ch. X


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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

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DEUXIÈME JOUR

UNE COUTUME DE JÉSUS.


Accomplissant les figures et les prophéties,
Jésus sort de Jérusalem, traverse le torrent
et la vallée du Cédron, malgré les ténèbres
de la nuit, et va là où il sait qu'on
viendra le trahir et le prendre. Pourquoi ?
pour rester fidèle à son habitude d'aller
prier Dieu, le soir, sur le mont des Oliviers,
egressus ibat secundum consuetudinem
(Luc. XXII, 39). Lisez dans L'Agonie de Jésus
liv. IV, ch. II. Le passage du Cédron.


Méditation.

1. Notre-Seigneur avait coutume de rendre
grâces publiquement, de prier, après chaque
repas ; il le fit encore la veille de sa mort,
après avoir mangé l'agneau pascal et institué
l'Eucharistie. Les religieux l'imitent, en
nourrissant leur esprit par une lecture durant
le repas, et en visitant aussitôt après
le Saint-Sacrement ou quelque pieuse
image, pour nourrir leur cœur par la prière.
Imitons-le aussi, en prenant la nourriture
du corps avec tempérance et modestie,
afin que l'âme puisse toujours se nourrir
d'oraison, afin que nos repas mêmes glorifient
le Seigneur. Soit que vous mangiez, soit que
vous buviez, dit l'Apôtre, faites tout pour la
gloire de Dieu
(I Cor. X, 31).
Le fait-on d'ordinaire
parmi nous ? Parfois ne contentons-nous pas
nos sens, de manière que l'excès de la nourriture
appesantisse notre âme et l'empêche de prier ?
Combien même de chrétiens aujourd'hui qui,
comme les païens d'autrefois, ont l'idolâtrie
du ventre, adorent le dieu ventre, deus venter
(Philipp. III, 19), se montrent plus fidèles à servir
leur ventre qu'à servir Jésus-Christ (Rom. xvi, 18) ?..



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II. Sous le coup des plus dures épreuves,
le Sauveur n'interrompt ni ne change ses pieuses habitudes.
Il n'ignorait rien de ce qui l'attendait au jardin des Olives,
et saint Jean nous fait remarquer que c'était un lieu bien
connu de Judas, parce que le Maître et les disciples
s'y étaient fréquemment réunis (Joan. XVIII, 2).
La certitude d'y être facilement trouvé, pris, garrotté,
ne suffit pas pour que Notre -Seigneur manque à une
sainte coutume.
En est-il ainsi de nous ? Une mince
contrariété, une légère fatigue, un malaise imaginaire,
la moindre crainte, celle d'une critique, d'une raillerie,
d'un regard ou d'un sourire désapprobateur, nous font
interrompre nos meilleures coutumes, omettre nos
exercices de dévotion, quelquefois même nos devoirs
de religion, comme l'assistance à la messe, la communion,
l'abstinence...



III. Les habitudes du divin Maître venaient
d'une conviction si profonde et d'une
volonté si ferme, qu'il allait, sortait, entrait,
priait selon sa coutume, secundum consuetudi-
nem,
et non point par coutume.
Nous, au
contraire, que de choses nous faisons par
simple habitude, par routine, machinalement,
sans élan ni entrain, sans esprit intérieur ni
générosité spirituelle ! Si nos lèvres récitent
une formule, notre mémoire seule y prend part,
notre cœur est loin de Dieu (Matth. XV, 8).
N'est-ce pas même parce que notre piété est
comme un corps sans âme, que nous sommes
souvent renversés par le choc de la tentation,
ou du moins arrêtés dans notre marche vers la
perfection ?
O Cœur agonisant de Jésus, venez
combattre le sensualisme et la mollesse de notre
siècle ; venez nous aider à prendre des habitudes
austères et viriles, qui nous fassent avancer
encore, comme par la force d'une vitesse acquise,
quand les résistances de la nature et du monde
voudraient nous ralentir et nous entraver !...



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Re: LE MOIS DU COEUR AGONISANT, par le P. Blot (1876)

Message par InHocSignoVinces »

Pratique.

Mettons autant de régularité à nourrir
notre âme qu'à nourrir notre corps.

Durant l'agonie morale, le trouble
et l'obscurité, ne faisons aucun changement
à nos bonnes résolutions, mais changeons-nous
courageusement nous-mêmes.
— Soyons
fidèles à passer chaque année un mois au
jardin des Olives, à faire l'heure-sainte
chaque semaine, malgré les dégoûts,
les contradictions, les ennuis et les tristesses.



Exemple.

La pratique de l'heure-sainte, dont le parfum suave et
discret embaume aujourd'hui toute l'Église, nous vient
de la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, religieuse
de la Visitation, à laquelle Notre-Seigneur confia le soin
de cette plante bénie. Elle rapporte ainsi le commandement
qu'il lui donna : « Toutes les nuits du jeudi au vendredi,
je te ferai participer à cette mortelle tristesse, que j'ai
bien voulu ressentir au jardin des Olives, et cette partici-
pation à ma tristesse te réduira à une espèce d'agonie
plus rude à supporter que la mort. Tu m'accompagneras
dans cette humble prière, que je présentai alors à mon Père
parmi toutes mes angoisses, et pour cela tu te lèveras
entre onze heures et minuit, et tu demeureras prosternée
avec moi pendant une heure la face contre terre, tant pour
apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour
les pécheurs, que pour honorer et adoucir en quelque façon
l'amertume que je sentis alors de l'abandon de mes
apôtres ; ce qui m'obligea de leur reprocher qu'ils n'avaient
pu veiller une heure avec moi. Tu feras pendant cette
heure-là ce que je t'enseignerai 1."



1 Mémoire de la B. Marguerite-Marie, n° XXXVII.


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