Revue Sub Tuum Praesidium, n° 146 (Avril - Mai 2021)
3. A C T U A L I T E D O C T R I N A L E
Saint Robert Bellarmin, Docteur de l’Eglise,
Champion du Catholicisme et de la Papauté
« .. Dans le neuvième de ses discours de Louvain sur la Foi Catholique, Bellarmin a mis en parallèle les fauteurs d’hérésie et les Pères de l’Église. Le Dieu Un et Trine que nous adorons, faisait-il observer aux étudiants qui l’écoutaient, est d’une puissance, d’une sagesse et d’une bonté infinies.
Or, Il lui a plu de rendre admirables les maîtres de la doctrine en Son Église, par une participation des attributs de Sa Divinité. Il les a armés de Sa puissance pour faire des choses prodigieuses par delà le cours normal des choses ; Il a versé dans leur esprit la sagesse, les rendant capables de savoir même l’avenir ; Il a allumé dans leur cœur une charité souveraine et très ardente, par la vertu de laquelle ils ont entrepris leur magnifique apostolat, convertissant les âmes, non seulement par leur prédication et par leurs miracles, mais aussi par la sainteté de leur vie.
En portraiturant ainsi cette lignée des grands Docteurs d’Église, qui va de Saint Irénée à Saint Grégoire le Grand, à Saint Bernard et à Saint Thomas d’Aquin, Bellarmin, sans le vouloir, s’est peint lui-même.
Comme eux, il a fait, de son vivant, des miracles et des prophéties ; comme eux par ses vertus, « il a montré du doigt le chemin qui conduit au ciel », entraînant à sa suite ceux qui l’approchèrent ; comme leurs écrits, les siens « respirent la religion, la chasteté, l’intégrité, la charité » ; comme eux il fut rempli de cet esprit de sagesse et d’intelligence qui lui permit de goûter délicieusement les choses de Dieu et de mettre en splendide lumière les vérités de la Foi. Et c’est là proprement le rôle des docteurs.»
Quatrième centenaire de Saint Robert Bellarmin
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Saint Robert Bellarmin, Docteur de l’Eglise,
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« .. Assurément, il haranguait à Rome avec la même ardeur les jeunes hommes qui, sous sa conduite, se préparaient à venger dans ces contrées les droits de la vraie Foi. ..
Tout ensemble indigné et ému de pitié par les écrits des Protestants, Bellarmin disputait contre eux d’une voix tranquille, amassant sans hâte, autour de chaque dogme attaqué, les témoignages des Conciles et des Pères les plus fameux. Au bout de six années, les leçons du professeur au Collège Romain devinrent le puissant livre De Controversiis Fidei.
.. Autour de la chaire de Bellarmin se groupaient empressés près de deux mille élèves.
Attaché à tous parce que son âme de Saint voyait en eux de futurs apôtres plus encore que des disciples, il aimait d’un amour de prédilection les élèves du collège germanique et du collège anglais, fils de ces pays du Nord ravagés par l’hérésie.
C’est pour eux surtout qu’il travaillait, désireux de leur fournir les inébranlables convictions, le savoir lucide et complet, dont ils auraient besoin pour disputer les âmes à l’erreur ; plus jaloux encore de voir leur cœur brûler de la flamme du zèle et de la soif du Martyre.
.. Le 23 avril 1579, à genoux devant l’Archevêque de Milan, délégué du Cardinal Morone, et devant le Père Robert Bellarmin, cinquante Prêtres anglais jurèrent sur les Saints Évangiles qu’ils étaient prêts à repartir pour leur pays, au premier appel de leurs supérieurs ecclésiastiques.»
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Saint Robert Bellarmin, Docteur de l’Eglise,
Champion du Catholicisme et de la Papauté
« Si peut-être le succès miraculeux du professeur de controverse donna à Grégoire XIII l’idée de bâtir ce Collège Romain qui porte encore au-dessus de sa porte le nom de son glorieux mécène, le même professeur connut un Sixte-Quint qui le mit à l’Index et Clément VIII n’hésita pas à éloigner de lui, en le faisant Archevêque, le théologien dont la franchise lui avait déplu.
Bellarmin sentit ces coups sans perdre la paix. Peut-être ceux qu’il reçut des mains de ses frères lui furent-ils plus sensibles.
.. Dans les premières années qui suivirent l’apparition du protestantisme, l’Église trouva des docteurs pour la défendre.
Jean Eck et Jean Gropper en Allemagne, Albert Peghius, Ruard Tapper et Guillaume Lindanus, dans les Pays-Bas, Josse Clichtove en France firent preuve de savoir et de zèle.
.. Parmi ces docteurs, Bellarmin est le premier.
Tous, y compris ceux de la seconde génération, lui cèdent en valeur et en renom. Il l’emporte sur tous, par l’ampleur de son information, l’équilibre de ses constructions doctrinales, l’ordre lucide, la précision et la force de ses preuves.
.. Les traités de Bellarmin sur la Parole de Dieu, l’Église, le Pontife Romain, les Sacrements, la Grâce, le Libre Arbitre .. en font .. le roi des théologiens positifs du seizième siècle.
Et s’il est vrai que le grand effort de Calvin et de Luther a été de rendre suspecte au monde moderne l’Église Romaine, celle-ci a trouvé, dans Bellarmin, un champion digne d’elle et du Christ son Maître.
.. Dès avant l’intervention des Pontifes Romains ou des Conciles, les fauteurs de schisme et d’hérésie sont contredits avec force par des témoins et des vengeurs de la Tradition.»
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Saint Robert Bellarmin, Docteur de l’Eglise,
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« .. Par l’action concordante des Pères de l’Église, des Conciles et des Papes, une synthèse magnifique de la doctrine s’est peu à peu édifiée, dont les proportions et l’harmonie contrastent singulièrement avec les systèmes chaotiques des hérésiarques. ..
Comme ce fut le propre du protestantisme de mettre en cause, avec la primauté de l’Église Romaine, les certitudes traditionnelles sur la grâce, les sacrements, le libre arbitre, la prédestination et le péché, il est advenu que le Concile de Trente, assemblé pour combattre la “Réforme”, a pris, dans l’histoire de la doctrine catholique, un rang à part.
Et, par voie de conséquence, le théologien dont les leçons ont le mieux illustré les décrets du Concile de Trente a fait une œuvre entre toutes importante et signalée.
Là est la gloire incontestable de Bellarmin.
Parfait serviteur et ami de Dieu sa vie durant, pasteur évangélique du diocèse de Capoue dont il fut trois ans l’Archevêque, éminent par la science dans cette chaire du Collège Romain où il enseigna onze années comme un maître écouté de toute l’Europe Chrétienne, conseiller des Papes dans les multiples travaux des congrégations romaines, son mérite l’apparente à ces Pères de l’Église dont il parlait magnifiquement à ses étudiants de Louvain.»
(R.P. Paul Dudon, Saint Robert Bellarmin -1542-1621 -, Méditation historique)
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Champion du Catholicisme et de la Papauté
Multiples éloges et immenses fruits des Controverses :
« Avant d’apprécier la valeur des Controverses, il convient d’en donner une idée sommaire.
Dans cet ouvrage, Bellarmin groupe les articles discutés entre Catholiques et hétérodoxes, autour de quelques chefs principaux, auxquels du reste l’histoire et la logique les rattachent tout naturellement.
La Parole de Dieu écrite ou conservée par la Tradition, le Christ, Chef de l’Eglise ; le Souverain Pontife, Son représentant sur la terre ; l’Eglise Militante, l’Eglise Souffrante, l’Eglise Triomphante, fournissent la matière d’un premier volume que l’auteur préféra bientôt diviser en deux.
Les Sacrements en général, le Baptême avec la Confirmation, l’Eucharistie, la Pénitence, l’Extrême-Onction, avec l’Ordre et le Mariage, tels sont les traités contenus dans le troisième.
Le dernier volume enfin est rempli par les traités sur la grâce accordée au premier homme, la perte de la grâce, la grâce comparée avec le libre arbitre, la justification et les bonnes œuvres.»
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Multiples éloges et immenses fruits des Controverses :
« .. Son argumentation est serrée. Il possède à la perfection les Pères, les Conciles et les auteurs anciens ; pas une partie de la théologie qui ne lui fournisse un appui.
Suffisamment maître de l’hébreu et du grec, il tient tête aux hérétiques modernes qui font souvent appel aux textes écrits dans ces langues.
L’auteur suit un ordre parfait et procède avec beaucoup de modestie. Son style, quoique scolastique, est élégant et a du charme.
Tout l’ouvrage est digne d’une gloire immortelle et lui a conquis le titre de roi des controversistes. ..
Le P. Coton, Saint François de Sales et d’autres encore ont rendu témoignage à l’adresse de sa divine tactique. .. peu de controversistes ont converti autant que lui. ..
« Bellarmin, disait Benoit XIV, a mérité le nom de marteau des hérétiques, en confondant l’erreur par ses écrits.»
« On ne trouve nulle part, dit Cornélius a Lapide, un ouvrage de controverse comparable pour la force et la solidité des arguments. Depuis l’époque de Jésus-Christ jusqu’à nos jours, rien n’a paru de semblable en ce genre.» ..
De son côté, le cardinal Baronius, après avoir appelé les Controverses un ouvrage plane nobilissimum, ne craignait pas d’ajouter :
« L’Église possède dans ce livre incomparable une forteresse semblable à celle que bâtit David. Mille boucliers et toutes les armes destinées à ses courageux soldats s’y trouvent suspendus.» ..»
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Multiples éloges et immenses fruits des Controverses :
« Mais écoutons ses ennemis : leurs éloges ont une double valeur.
« Vous voulez, écrit Witlacher, que je vous révèle ma pensée sur Bellarmin : c’est un homme instruit, d’un génie heureux, d’un jugement subtil et qui a lu beaucoup.
Il a même ordinairement plus de franchise et de simplicité que les autres papistes ; il pousse aussi plus vigoureusement l’argumentation et s’attache plus étroitement à son sujet.»
Les éloges sont parfois plus positifs encore :
« Nous reconnaissons sans envie, voire même nous louons hautement l’érudition et les travaux de Bellarmin.»
« Il n’y a point de jésuite, écrivait Bayle, qui ait fait plus d’honneur que lui à son Ordre, et il n’y a point d’auteur qui ait soutenu mieux que lui la cause de l’Église Romaine en général et celle du Pape en particulier ; les protestants l’ont bien reconnu.» »
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Multiples éloges et immenses fruits des Controverses :
« Mais écoutons ses ennemis : leurs éloges ont une double valeur. (..)
Un auteur hétérodoxe, témoin des conversions déterminées par la lecture des Controverses, se refuse à y reconnaître l’action de la grâce de Dieu, et préfère les attribuer à je ne sais quelle grâce de style réputée irrésistible. « Les disciples de Luther se convertissent, dit-il, séduits par les charmes de ce langage » ; gratia quadam sermonis obstupefacti.
Les hérétiques lui donnèrent une autre sorte d’éloges non moins significatifs, en se refusant à croire qu’il pût être seul l’auteur des Controverses.
« Ce nom, disaient-ils, cache une légion.»
Et, en le décomposant, ils y trouvaient la preuve de leur plaisante incrédulité :
« Robertus c’est le mot robur, force. Bellarminus c’est, en un seul nom, des guerres, bella ; des armes, arma ; des menaces, minœ ; toute l’armée jésuitique.».»
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Multiples éloges et immenses fruits des Controverses :
« Mais écoutons ses ennemis : leurs éloges ont une double valeur. (..)
A Heidelberg, en 1600, David Parée inaugure son cours en annonçant qu’il emploiera toute l’année à combattre Bellarmin, c’est-à-dire, affirme-t-il, tous les Jésuites à la fois.
Il se plaint que les princes n’aient pas eu le courage d’exterminer cette race.
Pour lui, Bellarmin est un Goliath ; et dans son ardeur belliqueuse, David Parée souhaite qu’un nouveau David (lui, sans doute) jette au front du terrible géant le caillou de la Parole de Dieu (silice verbi Dei), le terrasse, et, de son propre glaive, tranche son orgueilleuse tête.
Plus tard, le nouveau David comparait l’Eglise de Rome à une forteresse dont Bellarmin gardait l’entrée, et d’avance, sur la foi de je ne sais quelle récente apocalypse, il saluait dix rois, exterminateurs du redoutable Cerbère. »
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Multiples éloges et immenses fruits des Controverses :
« Les hérétiques anglais parurent surtout frappés de la netteté des Controverses.
« Jusqu’à présent, écrivait leur grand Witlacher, nous ignorions quelle était la vraie pensée de l’Église de Rome. Depuis que Bellarmin a paru, nous savons avec plus d’exactitude ce qu’elle enseigne sur chaque article de sa doctrine, et quels arguments elle apporte pour la soutenir. Nous possédons enfin la moelle du papisme.»
Pour le réfuter, chacun cherchait dans de profondes méditations des armes nouvelles ou mieux trempées ; c’était même comme un proverbe, quand on voyait un docteur anglican se promener tout absorbé dans ses pensées, de dire aussitôt : « Il doit chercher quelque réplique à Bellarmin.»
La vigueur d’une attaque contre le grand controversiste donnait la mesure du talent. Qu’un prédicant ou un professeur eût le courage de le prendre à partie, il était jugé, c’était un grand homme.
Aussi Gretzer a pu dire, dans sa préface à la Défense des Controverses :
« Les novateurs tournent toutes leurs forces et toutes leurs machines de guerre contre le seul Bellarmin. On aurait peine à trouver un prédicant qui, dans ses escarmouches ou dans ses attaques, ne se croie obligé de prendre l’élan et de se précipiter sur lui. Leur obscurité, pensent-ils, resplendira si elle va heurter un écrivain si brillant de gloire.»
Tant de témérité suscitait bien des étonnements : « Je ne comprends pas, écrivait André du Saussay, comment Aubertin a osé s’attaquer au grand Bellarmin, dont le bras ne cesse d’abattre tant de milliers de sectaires.»
Ceux-ci, d’autre part, étaient au comble du bonheur lorsqu’ils pouvaient trouver chez leur adversaire quelque proposition paraissant venir à l’appui de leur doctrine.»
Ita dicit Bellarminus vester ; « C’est l’opinion de votre Bellarmin, » répétaient-ils triomphants, comme s’ils eussent cité Saint Augustin ou Saint Jérôme.»
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