LE MOUVEMENT LITURGIQUE - Abbé Didier BONNETERRE

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InHocSignoVinces
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Re: LE MOUVEMENT LITURGIQUE - Abbé Didier BONNETERRE

Message par InHocSignoVinces »

La Compagnie de Jésus ne restait pas en arrière du clergé diocésain : depuis déjà plusieurs années, le R.P. Doncoeur était l'âme d'un vaste mouvement de scoutisme catholique. Notre lecteur se souvient qu'en Allemagne le «Mouvement liturgique» était véhiculé par les mouvements de jeunesse. Le Père Doncoeur multiplia justement, dans l'entre-deux-guerres,
les voyages Outre-Rhin. Dès 1923, «il comprit à Rothenfels que la cause du «Mouvement liturgique» était désormais
liée à celle d'un «mouvement de jeunesse»
1. Dès lors, pour l'aumônier scout, la liturgie deviendra avant tout une
pédagogie, une manière incomparable d'éduquer la jeunesse ; l'aspect culturel et théocentrique s'estompera de plus en
plus...


Mais laissons parler Mlle Baud :

«Les jeux peuvent être aussi une excellente préparation au culte, qui lui-même n'apparaît pas aux petits très différent
d'un jeu. Que ceci ne nous scandalise point. Le mot jeu n'est pas dans la langue enfantine, et particulièrement en
terre scoute, synonyme de divertissement. Le jeu est une action, passionnante dans la mesure même où elle est
vraie. Or le culte officiel est éminemment vrai. L'enfant le sent. Il se trouve à l'aise dans cette atmosphère de vérité. Il
savoure cette action grave, où tout participe, les âmes et les corps, cette action collective et ordonnée comme un de
ces grands sports modernes où la jeunesse moderne trouve sa discipline et parfois sa mystique. Mais le petit coeur fidèle,
lui, sent bien que le culte est plus noble que le sport. Le culte est le Grand Jeu, le Jeu sacré, qui se joue pour le
Chef des chefs. (...) Dans les troupes, la messe est généralement dialoguée par toute l'assistance. Certaines ont
même l'offrande. Les cadets que le Père Doncoeur entraîne chaque été sac au dos sur les routes de France ont aussi
la messe dialoguée. Groupés autour de l'autel, ils répondent aux prières liturgiques, font à l'offertoire l'offrande des
hosties qui seront consacrées pour eux... »
2.


Le Père Duployé avouera plus tard du Père Doncoeur : «Sans la route des scouts de France qui lui fournit un terrain
d'expérimentation approprié à son génie, il n'eût pas été le créateur liturgique qu'il a été»
3. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que nous rencontrions nombre d'aumôniers scouts dans les «retraites» de Dom Beauduin.


Nous ne sommes pas surpris non plus d'y côtoyer des dominicains qui ont parjuré leur serment anti-moderniste.
Ils y font bon ménage avec les jésuites. Une grande fraternité les unissait, depuis qu'ils s'étaient groupés, en 1927, autour
du
nouveau prophète Jacques Maritain, contre ceux que le grand Dom Besse, lui, vrai apôtre du «renouveau liturgique», appelait «les catholiques de droite» 4. Les Pères Congar et Chenu ont récemment révélé l'état de pourrissement avancé de l'ordre dominicain et en particulier du Saulchoir dans les années 1930-1940 5.

Citons M. Paul Raynal qui résume bien l'évolution de l'Ordre :

«Après la crise de 1926, écrit-il, les éléments traditionnels, au sein de l'ordre, se sont trouvés réduits au silence, et,
un homme de grand talent, le Père Chenu, a pu s'emparer librement des esprits des jeunes frères pour leur instiller
son virus progressiste : de cette façon, aux environs de l'année 1935, se trouve prêt tout un milieu humain où vont se
recruter les équipes nécessaires aux entreprises de détournement. La principale de ces entreprises, qui servira de racine
aux autres, est la création des Editions du Cerf à Juvisy par le Père Bernadot ; là devait naître l'hebdomadaire
progressiste «Sept», et son successeur «Temps Présent»
6.

Les Editions du Cerf sont fondées en 1932, leur organe est «La vie intellectuelle». «Sept» date de 1934 ; sa tendance
nettement marxiste entraîne sa disparition en août 1937, mais «il renaît de ses cendres» sous le nom de
«Temps présent». Toutes ces révolutions intellectuelles n'étaient pas sans répercussion dans le domaine de la liturgie :
«Avant-guerre, le Père Maydieu O.P. célébrait à Notre-Dame, pour «Les amis de Sept», une messe nouveau style,
pour laquelle le prêtre faisait face au peuple, et qui était animée en français. Le Père Duployé suivait cela avec une lucidité
passionnée»
7.


A SUIVRE...


1 Les origines du C.P.L. 1943-1949, par le R.P. Duployé, Salvator 1968, p. 338.
2 Liturgia, ouvrage collectif rédigé sous la direction de l'abbé Aigrain. Bloud et Gay 1930, pp. 1000-1001.
3 Les origines du C.P.L., loc. cit. (p. 338).
4 En effet, collaborèrent à Pourquoi Rome a parlé, Spes 1927: les jésuites : Doncoeur et Lallement, les dominicains : Bernadot et Lajeume,
sans oublier l'abbé Maquart et l'inévitable J. Maritain.
5 Une vie pour la vérité, Y. Congar interrogé par J. Puyo. Centurion, 1975. Un théologien en liberté, le P. Chenu interrogé par J. Duquesne,
Centurion 1975.
Le R.P. Barbara en a fait un excellent compte rendu dans Deux modernistes témoins de leur temps, in Forts dans la foi, n° 53.
6 Liturgie et qualité dans la défense de la Tradition catholique, par P. Raynal, p. 22.
7 Un théologien en liberté, pp. 92-93.
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InHocSignoVinces
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Message par InHocSignoVinces »

Ainsi les forces modernistes françaises vont investir le «Mouvement liturgique». Rien d'étonnant à ce que toute cette
«intelligentsia» se retrouve autour de Dom Beauduin. La guerre sera le catalyseur qui fera jaillir de ce bouillon de culture
le Centre de Pastorale Liturgique (C.P.L.).



Retraçons rapidement les étapes de la fondation du C.P.L. En 1941, le Père Maydieu publie un album liturgique en
liaison avec «Temps Présent» et la J.A.C. En juin 1941, le Père Boisselot, directeur des Ed. du Cerf, lance «Fêtes et
saisons».
En 1942, les Editions de l'Abeille, à Lyon, en zone libre, lancent «La Clarté-Dieu», qui sera le premier organe
du C.P.L. dans son état embryonnaire. Toujours en zone libre, le Père Duployé, l'âme de toute cette effervescence, se lie
au Père Roguet dont les dernières années de l'avant-guerre avaient été consacrées à la liturgie radiophonique. Le Père
Roguet traduisait alors les ouvrages de Dom Vonier, et les publiait aux mêmes Editions de l'Abeille. Ces ouvrages influencèrent
considérablement l'ecclésiologie ; alors apparut le terme «peuple de Dieu», concept juif, et non chrétien,
qui plaisait tant à tous ces néo-liturges. Que notre lecteur se souvienne de Dom Parsch et de sa «Parole de Dieu». C'est
de la réunion du «Peuple de Dieu» et de la «Parole de Dieu» qu'est issue la liturgie néo-judaïsante de ces dernières
années 1.



Pendant ce temps, Dom Beauduin multipliait ses «retraites sacerdotales» : La Pierre-qui-vire (1936), Clamart (1937),
Paray-le-Monial (1938) ; fréquemment, on le retrouve au Thieulin dans le diocèse de son ami l'évêque de Chartres.

«Une nouvelle retraite sacerdotale donnée par lui à Clamart en 1942, produisit une telle impression sur ses participants
que, pour en prolonger les effets, Mgr Chevrot organisa des réunions périodiques au cours desquelles on discutait
sur l'esprit de la liturgie et sur la pastorale liturgique. Ce groupe de prêtres constitua l'un des noyaux du Centre à
sa fondation, à côté d'autres qui, venant d'autres horizons, avaient peut-être d'autres conceptions de la liturgie. Du
moins, en apportant au projet dominicain d'un Centre de pastorale liturgique son patronage enthousiaste et souriant,
Dom Beauduin lui fournissait aussitôt des adhérents déjà convaincus et expérimentés»
2.


Le 20 mai 1943, se tint aux Editions du Cerf la réunion de fondation du Centre de Pastorale Liturgique ; Dom Beauduin,
vieux prophète âgé de soixante-dix ans, présidait. Ce jour fut son triomphe, il voyait là la consécration des idées
pour lesquelles il avait combattu près de trente ans. Le primat de la pastorale sur le culte était officialisé.



Ne peut-on pas dire, en reprenant l'expression de saint Pie X, que le C.P.L. est l'«égout collecteur de toutes les
hérésies» anti-liturgiques ?
En tout cas, il est certain qu'il réunit dans son sein toutes les déviations du «Mouvement liturgique» :
inversion des rapports culte-pastorale ; archéologisme ; mépris du «rubricisme» ; primat de la Parole de Dieu ;
conception activiste de la participation ; collectivisation des assemblées liturgiques, etc.



Retenons le nom des principaux collaborateurs du C.P.L. à cette époque : Les R.P. Duployé, Roguet, Chenu, Chéry,
Maydieu, tous de l'ordre des prêcheurs, bien sûr Dom Beauduin O.S.B., les jésuites Doncoeur et Daniélou, sans oublier le
P. Louis Bouyer de l'Oratoire, et l'abbé A.G. Martimort de Toulouse. Les éléments les plus conservateurs de ces assemblées
étaient le Rdm° Père Dom Bernard Capelle et Dom Botte,
tous deux de Maredsous 3. Le monastère bénédictin de
Vanves, près de Paris, devient le lieu habituel des réunions de l'association. En octobre 45, c'est la création de la collection
«Lex Orrandi» qui publia aux Ed. du Cerf nombre d'ouvrages liturgiques dont nous reparlerons. Avant, en janvier
1945, était paru le premier numéro de «La Maison-Dieu», organe officiel du C.P.L. Dom Lambert en écrivit l'éditorial:
nous l'étudierons dans notre prochain chapitre ; contentons-nous aujourd'hui d'en donner le titre, il est d'ailleurs tout un
programme : «Normes pratiques pour les réformes liturgiques» 4.


Nous concluerons sur un satisfecit du Père Chenu adressé en mars 1945 au C.P.L. :

«Il est vrai que j'aime ce que vous êtes en train de faire, comme vous dites - que le Père Congar et moi-même
reconnaissons et reconnaîtrons les beaux fruits mûris sur les sauvageons poussés en pétulance vers
1935»
5.


Que faisaient les autorités ecclésiastiques à cette époque ? Les évêques ignoraient la chose, quand ils ne la bénissaient
pas. La terrible guerre 1939-1945 préoccupait trop le Saint-Siège pour qu'il pût agir. D'ailleurs était-il informé ?
En tout cas le silence de l'épiscopat français ne nous fera que
mieux apprécier la courageuse prise de position de Mgr Gröber en Allemagne.


A SUIVRE...


1 Le Peuple de Dieu, de Dom Vonier, traduit par le P. Roguet, Ed. de l'Abeille, Lyon 1943.
2 Dom Lambert Beauduin et le C.P.L., article de A.G. Martimort in Questions liturgiques et paroissiales, 1959.
3 Dom Botte soutenait alors énergiquement la différence essentielle entre le sacerdoce des prêtres et celui des fidèles : notions très
contestées par les autres membres du C.P.L. dès ses origines. Cf. «Le Mouvement liturgique» par Dom Botte, p. 64. «En 1943, écrit
Dom Botte, je fus invité à un conseil de rédaction de «La Maison-Dieu». Il était question de faire un numéro sur le Sacerdoce des fidèles.
Puisqu'on me demandait mon avis, je le donnai en toute simplicité, et ,j'eus l'impression d'être hérétique, proférant des blasphèmes
au milieu de pères orthodoxes».
4 La Maison-Dieu, janvier 1945, no° 1, Cerf.
5 Les origines du C.P.L., p. 288.
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Message par InHocSignoVinces »

EN ALLEMAGNE, LE CONFLIT ECLATE ENTRE LES CONSERVATEURS ET LE MOUVEMENT


Comme nous l'avons déjà dit, le clergé allemand, confiné dans les églises et les sacristies par les nazis, se livrait à
une véritable «révolution liturgique» avant la lettre. Une vague de protestations s'éleva dans tous les milieux catholiques.
La controverse, d'abord orale, trouva écho dans deux ouvrages : «Irrwege und Umwege der Frômmigkeit» (Erreurs et détours
de la piété) de Max Kassipe, et «Sentire cum Ecclesia» de Doerner. Ces livres franchement hostiles au «Mouvement
liturgique» allemand poussèrent les dirigeants du «Mouvement» à mettre un peu d'ordre dans leurs affaires. Rome
ne supporte pas le désordre... des sanctions étaient imminentes. Il fallait faire vite pour éviter les condamnations romaines.
Une assemblée privée, tenue à Fulda en août 1939, désigna comme chef du «Mouvement» l'évêque de Passau,
Monseigneur Landesdorfer O.S.B. , ses assistants étaient le P. Jungmann et Romano Guardini.


Le comité dirigeant ne perdit pas son temps. La première nécessité était de maîtriser l'ensemble de l'épiscopat allemand.
La manoeuvre fut habile :

«La controverse allant en s'amplifiant, l'épiscopat allemand résolut, lors de l'assemblée des évêques à Fulda en
août 1940, de prendre lui-même en main les affaires liturgiques. Comme rapporteurs des questions liturgiques, l'Assemblée
désigna, sous l'instigation de Monseigneur Landesdorfer, Monseigneur Stohr, de Mayence (ami intime de
Guardini), protecteur de la jeunesse (ainsi vit-on jeunesse et liturgie côte à côte) et Monseigneur Landesdorfer de
Passau lui-même 1. Bien sûr, ce «Liturgisches Referat» s'entoura de spécialistes, «d'experts», de «periti» qui n'étaient
autres que les grands meneurs du «Mouvement» allemand. En un an donc, le tour avait été joué, «le cheval de Troie
était rentré dans la cité» :
l'Assemblée épiscopale allemande était aux mains du «Renouveau».


C'était compter sans le courage et l'énergie d'un grand évêque, Monseigneur Gröber, archevêque de Fribourg-en-Brisgau. En effet, au milieu de janvier 1943, ce prélat adressa à ses collègues allemands (de la «Grande Allemagne»
d'après l'Anschluss) une longue lettre où, d'un ton grave, il énumérait en 17 points les principaux sujets d'inquiétude que
lui donnaient les mouvements de jeunes ; certains de ces griefs portaient sur la théologie générale ou l'ecclésiologie ;
nous ne retiendrons ici que les passages de sa lettre qui ont le plus de rapport avec la liturgie
2.

Le point n° 1 : la notoire scission spirituelle à l'intérieur du clergé de la grande Allemagne, les uns étant partisans du
«Mouvement», les autres lui étant opposés.

Le point n° 5 : «Ce qui m'inquiète, c'est, en même temps qu'une critique radicale et injustifiée de ce qui a été valable
jusqu'à présent et de ce qui est apparu au cours de l'histoire, le retour pratique, audacieux et brutal, à des époques et à
des normes et à des formes anciennes et très anciennes, en déclarant ouvertement qu'entre-temps s'est produite une
"évolution qui serait une déviation"».


Monseigneur Gröber vise ici, à n'en pas douter, l'archéologisme de Maria-Laach. Notons au passage que Pie XII reprendra ce point particulier et plusieurs autres dans «Mediator Dei» de 1947.

Le point n° 11 : Erreurs graves sur le Corps Mystique de Jésus-Christ. Notons là encore que Pie XII fera écho à l'Archevêque de Fribourg par son encyclique «Mystici Corporis» du 29 juin 1943.

Le point n° 13 : On met l'accent de façon excessive sur le sacerdoce général au détriment du sacerdoce ministériel.
Eh oui ! déjà ! Monseigneur Gröber avait décidément vu juste.


A SUIVRE...


1. La Maison-Dieu, n° 25, 1951, Le mouvement liturgique en Allemagne, par Johann Wagner.
2. Cf.L'encyclique Mediator Dei sur la liturgie, par Dom J. Froger, in La pensée catholique, n° 7, 1948, pp. 56 à 75.
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Message par InHocSignoVinces »

Le point n° 14 : L'insistance particulière sur la thèse du «sacrifice-repas» et du «repas-sacrifice». Ainsi donc, en pleine guerre, la théologie luthérienne de l'institutio generalis du N.O.M. se trouvait à l'état diffus dans le «Mouvement liturgique» allemand.

Le point n° 15: L'excès avec lequel on insiste sur l'élément liturgique. On prétend que seule la liturgie peut constituer
une véritable pastorale et on ridiculise les formes précédentes d'apostolat. Dans le même temps, on traite les rubriques
de la façon la plus cavalière, se permettant toutes les excentricités.


Le point n° 16: Les efforts pour rendre obligatoire la messe dialoguée.

Notre lecteur se souvient que la messe dialoguée a été, dès le début, un des chevaux de bataille du «Mouvement liturgique».
Le pape Pie XI l'avait autorisée à partir de 1922, avec l'accord de l'ordinaire du lieu. Dom Gaspar Lefebvre
avait publié, en 1923, une apologie de la messe dialoguée dans la savante revue «La vie spirituelle». En soi, la messe
dialoguée n'est pas une mauvaise chose, elle est un moyen de faire participer les fidèles à l'Action sacrée.
Mais ce n'est
qu'un moyen, il ne faut pas l'imposer comme un remède universel.


C'est ce qu'écrivait Monseigneur Gröber : «Je n'ai pas la moindre objection à faire contre les messes dialoguées
comme telles, tant qu'elles sont célébrées avec une fréquence restreinte (...). On peut bien en faire l'essai, mais sans y
placer des espoirs excessifs. Malgré tout, je considérerai toujours la messe dialoguée comme quelque chose qui se situe
en marge, et comme la chose d'un moment, que bientôt les lois du changement et de la réaction modéreront et feront
passer de mode».


Ce qui inquiétait le plus ce sage évêque, c'était la constatation «que les néo-liturges voyaient dans la messe dialoguée
l'expression de leurs conceptions sur le sacerdoce général, et une manière d'insister sur les droits des laïques à
coopérer au sacrifice de la messe».
Cette participation «activiste», sous-tendue par la théorie du sacerdoce général, voilà
ce qui faisait trembler l'évêque de Fribourg.
Là encore, Pie XII se fera l'écho de cette inquiétude dans «Mediator Dei», en condamnant la nouvelle théologie du sacerdoce, et en marquant les limites de la messe dialoguée 1, mais laissons l'analyse de «Mediator Dei» à notre prochain chapitre.


Le point n° 17 : La forte tendance non seulement à mettre en allemand plus d'une prière lors de l'administration des
sacrements,
mais aussi à prévenir les désirs du peuple en introduisant la langue allemande jusque dans la sainte messe, en dépit du «non expedire» du Concile de Trente (Session XII, c.8, can.9).

L'archevêque de Fribourg achevait sa lettre en ces termes pathétiques : «Je soumets toutes ces appréhensions au
Vénérable Episcopat, pour dégager ma responsabilité pro parte mea (...). Cette liste des choses qui m'inquiètent, je pourrais
l'allonger encore en y ajoutant plus d'un point pareillement problématique et, me semble-t-il, contraire à la doctrine
catholique. Pouvons-nous garder le silence, nous, les évêques de la Grande Allemagne, et Rome ?»


Rome allait agir très vite. Par une lettre du Cardinal Bertram, archevêque de Breslau, aux membres de la Conférence
Episcopale de Fulda 2, le Saint-Siège fit savoir : la vive inquiétude que lui causait le «Mouvement liturgique» allemand,
son désir de recevoir des informations sur cette question, son appel à la vigilance des Ordinaires, l'interdiction de toute
discussion sur ce sujet, et enfin qu'il était prêt à examiner avec bienveillance certains privilèges qui pourraient être avantageux
pour le bien des âmes. Le Saint-Siège était donc saisi de l'affaire. Il fallait s'attendre à une intervention pontificale.



A SUIVRE...


1. Mediator Dei, du 26 nov. 1947, Ed. Solesmes, Liturgie I n°578 à 581.
2. Lettre du 15 janvier 1943, cité par Dom Froger, loc. cit.
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Message par InHocSignoVinces »

Devant ce danger pour le «Mouvement», l'épiscopat allemand soutint avec passion les néo-liturges. Le 24 février, le
Cardinal Innitzer répondit à Monseigneur Gröber que la situation en Allemagne et en Autriche n'était pas aussi inquiétante
qu'il voulait bien le dire ; l'existence de courants doctrinaux divergents n'avait rien que d'assez normal ; il convenait
de laisser les théologiens continuer librement leurs recherches ; une intervention du magistère ecclésiastique courrait le
risque de décourager l'enthousiasme des liturgistes 1.

Cette intervention tant redoutée eut pourtant lieu. Elle se fit en deux temps par les Encycliques «Mystici Corporis» et
«Mediator Dei». L'énergique «coup de frein» de Pie XII aurait certainement sauvé la situation, si, dans le même temps, la
Secrétairerie d'Etat n'avait encouragé le «Mouvement» allemand par la concession de privilèges spéciaux.

En effet, en avril 1943, le Cardinal Bertram envoyait un mémorandum au Saint-Père au nom de tous les autres
évêques. Ce mémorandum est une défense universelle et chaleureuse du «Mouvement liturgique» ; il juge la liturgie exclusivement
latine peu apte à favoriser la participation des fidèles et défend la messe communautaire, la messe-communautaire-
avec-chants et la grand-messe en langue allemande. Le Cardinal profite de l'occasion pour proposer
quelques réformes : l'atténuation de la discipline du jeûne eucharistique prolongée au delà du temps de guerre, une nouvelle
traduction latine du psautier, un enrichissement du Rituel par l'insertion de passages de la Sainte-Ecriture, le transfert
des cérémonies du Jeudi Saint et du Vendredi Saint au soir 2.

Le Cardinal Maglione, secrétaire d'Etat 3, répondit le 24 décembre 1943.

«Dans sa réponse, écrit F. Kolbe, les observations critiques ne manquèrent pas, il est vrai ; mais la décision sur la
manière de célébrer la messe communautaire et la messe-communautaire-avec-chants est laissée à la discrétion des
évêques, et la grand-messe allemande est permise expressément. Cette lettre assurait le développement ultérieur de
la célébration de la messe dans la ligne du «Mouvement liturgique», sous la protection des évêques»
4.

Le mal était fait, et il n'y aurait plus moyen de l'endiguer. Pie XII aura beau apporter toutes les précisions doctrinales
voulues, la révolution continuera de gagner du terrain. La Secrétairerie d'Etat savait-elle que les évêques de la Commission
liturgique allemande, à qui elle confiait la responsabilité des formes de la célébration de la messe, étaient parmi les
éléments le plus avancés du «Mouvement» ? Pie XII était-il au courant des agissements du Cardinal Maglione ? Autant
de questions auxquelles il est impossible de répondre. Mais, ce qui est sûr, c'est que nous assistons là aux toutes premières
victoires du «Mouvement liturgique» dévoyé sur l'Autorité romaine. Et nous savons maintenant, en 1980, jusqu'où
nous a menés cette longue série de reculades qui assombrit tant l'histoire de l'Eglise, en cette seconde moitié du XXè
siècle.


Ainsi, à la fin de la seconde guerre mondiale, le «Mouvement liturgique» a considérablement renforcé ses positions. Il
a mis au point un puissant organisme de subversion liturgique, le Centre de Pastorale Liturgique. Et surtout, il a élaboré
sa tactique de guerre :
gagner à sa cause les évêques et ainsi agir dans la légalité, faire présenter ses requêtes au
Saint-Siège par les évêques, toujours sous prétexte d'avantages pastoraux.
Il ne restera plus à Dom Beauduin qu'à
mettre tout cela en forme dans l'éditorial du n° 1 de «La Maison-Dieu», en janvier 1945 :
«Normes pratiques pour les réformes liturgiques».


A SUIVRE...


1. La Maison-Dieu, n° 7, pp. 108 à 114.
2. Liturgisches Jahrbuch, 1953, pp. 108 ss., article de J. Wagner.
3. Le Cardinal Maglione mourut en 1944, et fut remplacé par deux pro-secrétaires : Monseigneur Tardini pour les affaires extraordinaires
et Monseigneur Montini pour les affaires ordinaires.
4. Allemagne, par F. Kolbe in La Maison-Dieu, n° 74, 1963.
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Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE IV - L'APRES-GUERRE

DOM ROUSSEAU FAIT LE POINT. DOM BEAUDUIN ÉLABORE LES «NORMES PRATIQUES POUR LES RÉFORMES LITURGIQUES»,
CHARTE DU CENTRE DE PASTORALE LITURGIQUE FRANÇAIS (C.P.L.) : ÉVITER LE CONFLIT AVEC LA HIÉRARCHIE (ALLEMAGNE).
«MEDIATOR DEI» REPREND LES THÈSES DE MGR GRÖBER, MAIS IL EST TROP TARD : ON CONTOURNE L'ENCYCLIQUE. LES OBJECTIFS
RÉFORMISTES DU «MOUVEMENT».



Les années troublées de la guerre ont permis aux dirigeants du «Mouvement» de mettre au point leur stratégie. Le
Centre de Pastorale Liturgique est né. Les épiscopats français et allemand sont circonvenus. Rome hésite... Les années
de l'après-guerre vont être décisives pour l'avenir du «Mouvement liturgique».



DOM ROUSSEAU FAIT LE POINT

En 1945, un bénédictin de Chevetogne 1, Dom Olivier Rousseau, publie aux éditions du Cerf une «Histoire du Mouvement
liturgique».
Ce moine, disciple lucide de Dom Lambert Beauduin, fait dans ce livre une pénétrante analyse de l'histoire
des origines du «Mouvement». Mais c'est la conclusion de son ouvrage qui retiendra notre attention : Dom Rousseau
y lance un cri d'alarme.

«L'Eglise est vivante, écrit-il ; le passé demeure vivant en elle - et il arrive quelquefois aux modernes de l'oublier - ;
mais le présent y est vivant aussi. Disons plus : le passé n'y vit point sans le présent, ni le présent sans le passé. Sachons
reconnaître l'incontestable prépondérance des premiers siècles de l'Eglise, prépondérance qui demeurera
toujours et à laquelle nous ne pourrons jamais rien changer. Mais disons-nous bien que si c'est mal comprendre
l'Eglise que de la «faire commencer» à quelque période postérieure de son histoire, c'est aussi mal la comprendre que
de la faire cesser à quelque moment. Qu'une telle disposition, chez Dom Guéranger, ait quelquefois été excessive, cela
ne doit pas trop nous étonner chez un homme de sa puissance. Son ultramontanisme, son conservatisme, son
dogmatisme même et son goût de la bataille ne sont que les extrêmes de ses qualités. Il fallait qu'il eût pareille trempe
pour donner à son mouvement une ossature inflexible. C'est sur cette ossature que sont venus s'appuyer ses disciples,
et principalement ceux qui, rattachés à sa filiation dans l'Ordre monastique, ont propagé ses enseignements et
ses idées. Ils l'ont fait avec une entière sécurité, et une persuasion absolue qu'ils ne communiquaient aux autres que
le plus pur esprit de l'Eglise».


Et Dom Olivier Rousseau de conclure dans la dernière phrase de son livre :

«Et ceci nous fait comprendre aussi combien il importe pour l'avenir que le mouvement liturgique issu de lui, tout
en suivant de près l'évolution des idées et en s'y mêlant le plus possible, reste fidèle à ce sens catholique primordial,
sans lequel, tôt ou tard, il est exposé à faillir»
2.

Notre lecteur nous pardonnera cette trop longue citation, mais nous ne pouvions l'omettre, tant elle est remarquable.
Dom Rousseau a vu juste, et nous regrettons seulement qu'il ne l'ait pas dit avec plus de force : le «Mouvement liturgique» est en train de perdre, s'il n'a déjà perdu, le sens catholique de l'Eglise. Pour un catholique, l'Eglise est la
seule Arche du Salut ; Société divine, elle demeure vivante à travers les siècles, toujours pure et immaculée, sans ride,
son dogme 3 comme sa liturgie connaissent un «développement homogène». Cette vérité fondamentale, Dom Guéranger
s'en est fait l'intrépide défenseur dans ses «Institutions Liturgiques». C'est au nom de ce principe qu'il a combattu les manifestations
diverses de «l'hérésie anti-liturgique». Pour Dom Guéranger, comme pour tout catholique, la liturgie est enfantée
par l'Eglise, assistée de l'Esprit Saint tout au long de son chemin sur la terre. A ce titre, la liturgie tridentine et post-tridentine
est tout aussi vénérable que la liturgie du Moyen Age ou de l'ère patristique.


Cela, les dirigeants du «Mouvement liturgique» ne le comprennent plus. Pour eux, la liturgie de «l'époque baroque»,
la liturgie du Moyen Age sont des liturgies mortes. «L'Esprit» n'y souffle plus comme au temps des Apôtres et des premiers
Pères. Il s'agit de revenir coûte que coûte à cette liturgie primitive, qui seule pourra être l'âme d'un véritable renouveau,
d'un véritable «essor de l'Eglise»
4.


A SUIVRE...


1 Chevetogne, le monastère oecuménique de Dom Beauduin, d'abord installé à Amay.
2 Histoire du Mouvement liturgique, par Dom O. Rousseau, Cerf, 1945, p. 231-232.
3 Cf. L'évolution homogène du dogme catholique, 2 tomes, par le R.P. Marin Sola, O.P., éd. S. Paul à Fribourg (C.H.), 1924.
4 Cf. La lettre pastorale du Cardinal Suhard, Essor ou déclin de l'Eglise, de 1947.
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Re: LE MOUVEMENT LITURGIQUE - Abbé Didier BONNETERRE

Message par InHocSignoVinces »

DOM BEAUDUIN PRECHE LA REFORME LITURGIQUE

Dom Rousseau venait à peine de poser sa plume, lorsque Dom Lambert Beauduin étouffa, de toute son autorité de
«vieux prophète», le cri d'alarme de son disciple trop vigilant.


En effet, en janvier 1945, Dom Lambert Beauduin écrivait l'éditorial du n° 1 de «La Maison-Dieu», organe officiel du
C.P.L. ; son titre est tout un programme : «Normes pratiques pour les réformes liturgiques» 1.

Nous allons analyser en détail cet article qui constitue vraiment la charte du «Mouvement liturgique» dévoyé. Nous
verrons à quel point Dom Beauduin a perdu ce «sens catholique primordial» que rappelait à l'instant Dom Olivier Rousseau.
Cet éditorial contient une véritable méthode de subversion à mettre en oeuvre dans l'Eglise : nous ne comprenons
pas, ou plutôt nous comprenons trop bien comment un tel écrit a pu être imprimé «cum permissu superiorum».


Tout d'abord, Dom Beauduin expose le but du C.P.L., il le fait de façon adroite, en rappelant le mot célèbre de saint
Pie X
2 : «Nous voulons mettre en pleine valeur la liturgie et ramener non pas seulement une élite, mais les fidèles, tous
les fidèles, tout le peuple de Dieu, à cette source authentique de la vie chrétienne».
Ensuite, notre auteur fait une double
constatation : d'une part, l'appauvrissement actuel de la liturgie (il a même ce mot blasphématoire : «Liturgie momifiée»),
d'autre part, le dynamisme évangélique antique. En 1909, Dom Lambert Beauduin se serait dit devant ce fait : travaillons
à expliquer les rites, à les faire vivre, mais respectons-les. En 1945, le même moine conclut à l'absolue nécessité d'une
réforme. «Faut-il s'affranchir prudemment, écrit-il, de la discipline trop étriquée des règles liturgiques actuelles et rendre
aux signes sacramentels et aux institutions chrétiennes toute leur vertu et leur efficacité ?»


Mais Dom Beauduin sait que l'Eglise (à l'époque !) ne supporte pas l'anarchie et les expériences trop avancées ; il a
lui-même eu affaire à l'autorité romaine lors de ses aventures oecuméniques, et il ne veut surtout pas que se reproduisent
en France les graves troubles qu'a connus l'Allemagne. C'est pourquoi, il affirme avec justesse :

1) la liturgie appartient à l'Eglise ;

2) le Saint-Siège, depuis le Concile de Trente, se réserve d'une façon exclusive le pouvoir de légiférer dans le domaine
liturgique ;

3) le droit liturgique, par une disposition exceptionnelle, est soustrait au jeu de la coutume légitime, laquelle sans cela
a la force d'abroger la loi et de rendre licite ce qui, littéralement, pourrait être illicite.

Ainsi donc, le «Mouvement» ne pourra pas s'attaquer de front à la liturgie de l'Eglise, il ne pourra la détruire que par le
moyen d'une méthode subversive très étudiée.
Mais laissons parler notre moine, passé maître en l'art de la révolution
dans l'Eglise.


«Si le Saint-Siège, écrit-il, est justement soucieux du maintien intégral des observances liturgiques et très sévère
pour toute entreprise ou toute initiative contraire à ses lois, il se montre, d'autre part, très compréhensif et très accueillant
pour tous les efforts faits dans le cadre des lois actuelles et encourage sans réserve les travaux historiques qui
recherchent l'origine et l'évolution de nos rites. Le Saint-Siège désire donc que sa discipline soit étudiée par toutes
les méthodes historiques. Le C.P.L. peut donc réaliser largement ce point de son programme. Sa discipline, sa théologie,
les Saintes Ecritures bénéficient largement de tous les résultats des progrès de la science. Il en sera de même
dans le domaine des réformes liturgiques, à une triple condition que notre mouvement doit remplir».


Nous allons maintenant citer en synthèse ce texte d'un cynisme inouï :

«Il faudra procéder hiérarchiquement : ne prendre comme initiative pratique que ce qui est conforme aux règles actuelles
de la liturgie. Procéder patiemment : utiliser modestement ce qui est légitime aujourd'hui et préparer l'avenir
en faisant désirer et aimer toutes les richesses contenues dans la liturgie antique ; disposer les esprits :
Rome craint par-dessus tout le scandale des fidèles. Procéder méthodiquement : faire des études sérieuses de vulgarisation
(Offices de la Semaine Sainte, Nuit Pascale, Concélébration). Accentuer aussi l'aspect moral et pratique :
Communion fréquente, jeûne eucharistique, heures de la Messe : l'Eglise ne craint pas de modifier sa discipline pour
le bien de ses enfants».


Notre lecteur comprend maintenant pourquoi les néoliturges se sont lancés avec autant de zèle dans l'histoire de la
liturgie, histoire conçue d'ailleurs d'une façon très rationaliste, sans tenir aucun compte du caractère sacré de la liturgie.
Les Jungmann 3, les Bouyer, et autres Roguet ont multiplié alors les ouvrages de ce genre. La création de la collection
«Lex Orandi» au Cerf est un exemple parmi d'autres de l'effervescence de ces productions littéraires. Les néoliturges
cherchaient par là à influencer la Section Historique de la Sacrée Congrégation des Rites créée par Pie XI en
1930. Ce travail habile de pressions indirectes n'a pas tardé à porter ses fruits empoisonnés, comme nous le verrons
bientôt.


Dom Lambert Beauduin expose ensuite un second mode de pression indirecte. Il constate que l'Eglise romaine est
animée d'un esprit fortement hiérarchique. Pour ne pas heurter de front cette hiérarchie, il fera présenter ses voeux et
ses requêtes par les évêques : «Il faut, écrit-il, que nous puissions compter sur des sympathies convaincues et agissantes».
Là, notre moine utilisa à plein ses dons de séduction : «Il avait des amis partout» nous dit le P. Bouyer 4. Ses
amis les plus influents étaient alors NN. SS. Roncalli, Suhard, Harscouèt, Richaud et le R. Père Dom Capelle. Dom
Lambert Beauduin met ensuite la touche finale à son programme de subversion liturgique : «Le C.P.L. doit prendre la
peine de faire connaître et apprécier ses travaux des consulteurs de la Sacrée Congrégation, des membres de l'Académie
liturgique, etc... S'il ne doit jamais se permettre de devancer les décisions des autorités compétentes, il a le droit et le
devoir de faire connaître à celles-ci les «desiderata» et les voeux sages et motivés des pasteurs les plus zélés et du
peuple fidèle, en particulier des membres dévoués de l'Action Catholique 5. Voyons maintenant la mise en pratique de ce
manifeste dans les années de l'immédiat après-guerre.



A SUIVRE...


1. La Maison-Dieu, n° 1, de janvier 1945, Cerf, p. 9 à 22.
2. Tra le Sollecitudini, du 22 novembre 1903, éd. Solesmes, Lit. 1, N° 220.
3. Son plus fameux ouvrage est le célèbre Missarum Sollemnia, trad. française, 3 vol. Coll. théologie, 19, 20, 21, Paris, Aubier, 1951-
1954.
4. Dom Lambert Beauduin, un homme d'Eglise, L. Bouyer, Castermann, 1964.
5. La Messe et sa Catéchèse, Vanves, 30 avril-4 mai 1946, Coll. Lex Orandi, Cerf, 1947.
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Message par InHocSignoVinces »

LE C.P.L. REALISE LE PROGRAMME DE DOM LAMBERT BEAUDUIN


En juillet 1945, a lieu la réunion d'une équipe réduite, à Ligugé, sous la protection du Père Abbé, Dom Passet ; en
septembre 1945, se tient le premier congrès à Saint-Flour, grâce à l'appui de l'évêque Mgr Pinson et à celui du Cardinal
Gerlier. En avril-mai 1946, ce sont les journées de Vanves, dirigées par l'abbé Martimort, sur la Messe et sa catéchèse 1.
Lors de ces sessions, le Cardinal Suhard avoue : «De divers côtés on nous sollicite actuellement pour obtenir des facilités
en matière de discipline liturgique».
Il s'agissait alors de la Messe du soir et de l'introduction du vernaculaire dans
l'administration des sacrements. Notre lecteur se souvient qu'au même moment, en Allemagne, les mêmes requêtes
étaient présentées à Rome par le Cardinal Bertram. Simple coïncidence ? Nécessités pastorales communes, peut-être..,
mais ne s'agit-il pas plutôt de la mise en oeuvre de la tactique de Dom Lambert : faire présenter à Rome par les évêques
les desiderata de la subversion liturgique, sous couvert d'exigences pastorales ? Pour notre part, nous retiendrons la
dernière hypothèse, tout en reconnaissant l'existence de certaines nécessités pastorales.



Durant l'année 1946, le C.P.L. travaille activement en Alsace ; là se fait la jonction définitive de «l'effort liturgique» allemand
et du «Mouvement liturgique» français. Notons au passage une confidence du P. Duployé : «Nous avons aussi
lié des contacts avec les représentants des différentes Eglises chrétiennes. Dom Beauduin nous a appris pour
toujours à ne pas dissocier oecuménisme et liturgie»
2. Dans le même temps, le «Mouvement» pénètre dans les séminaires
(notamment celui de la Mission de France) ; au Saulchoir, le P. Roguet enseigne la liturgie. Des sessions régionales
s'organisent, notamment à Rodez où elles groupent 120 prêtres.



Le C.P.L. a mis en branle une gigantesque révolution qu'il ne maîtrise plus :

«Les risques existent, avoue le P. Duployé, et ils sont redoutables... Nous constituons une pointe avancée dans le
clergé français. Nous ne parlons pas la même langue que la plupart des curés et si la plus grande partie de l'épiscopat
suit notre effort avec sympathie, nous ne devons pas nous dissimuler que cette sympathie, dont je ne mets pas en
doute la sincérité, peut fort bien coïncider avec une ignorance presque complète des principes qui nous guident...
Entre cette pointe avancée et le gros du clergé français, nous devons, selon une tactique qui a été très bien mise en
valeur par le P. Doncoeur, veiller à ne pas se laisser créer d'intervalles... Les intervalles redoutés se produiront si nous
ne procédons pas à une dispensation économique et pédagogique de la vérité découverte par nous... Nous devons
savoir nous taire et savoir attendre... A Ligugé ou à Vanves, il ne s'agit que d'une étape de notre travail... Mais il serait
terriblement périlleux, et il serait simplement bête de jeter telles quelles ces apories à la tête du clergé français. Nous
ne pouvons, publiquement, que lui apporter du beau pain cuit. Depuis le début de notre effort, nous parlons d'adaptation
et d'évolution liturgique. Je me demande parfois si nous ne sommes pas dupes de ces mots... Nous sommes sur
une machine lancée à grande vitesse. Sommes-nous capables encore de la conduire ? Je vous avoue pour terminer
ma lassitude et mes craintes»
3.



Devant cette accélération excessive du «Mouvement», Dom Beauduin prenait peur... Nous assistons là aux premiers
phénomènes de «dépassements permanents», propres à toutes les révolutions : les meneurs d'hier sont dépassés par
les agitateurs d'aujourd'hui, les premiers révolutionnaires vont faire figure de réactionnaires, les incendiaires vont crier au
feu !
En effet, le P. Bouyer note de Dom Lambert Beauduin : «Je ne saurais dissimuler, cependant, que tout ne le ravissait
pas dans le nouveau mouvement. L'engouement précipité pour les «paraliturgies», passées si vite du rôle de liturgie
du seuil à la prétention d'être une liturgie de l'avenir, un avenir faisant litière trop facilement du passé traditionnel, ne lui
disait rien de bon»
4. Ces tensions internes vont provoquer, en juillet 1946, l'autonomie du C.P.L. par rapport aux éditions
du Cerf. L'abbé Martimort prend dès lors une influence grandissante au sein de l'organisation, peu à peu, le P. Duployé
va se retirer... la révolution avance, et se radicalise.



Notons enfin une session au Thieulin près de Chartres. Quarante supérieurs et directeurs de Séminaires y sont groupés
sous la présidence de Mgr Harscouet. Les orateurs sont l'abbé Perrot, directeur du Séminaire de la Mission de
France, le P. Régamey de l'Art Sacré, l'abbé Martimort, les RR. PP. Duployé et Congar, et bien sûr l'inévitable Dom
Beauduin. L'esprit de la réunion dut être des plus subversifs, car le P. Duployé avoue :


«Quelques jours avant la réunion du Thieulin, j'avais reçu la visite d'un lazariste italien, le Père Bugnini, qui m'avait demandé d'être invité. Le père écouta très attentivement sans dire un mot, pendant quatre jours. Comme nous
revenions à Paris, et que le train passait à la hauteur de la pièce d'eau des Suisses, à Versailles, il me dit : «J'admire
ce que vous faites, mais le plus grand service que je puisse vous rendre est de ne jamais dire à Rome un mot
de tout ce que je viens d'entendre».
Pour le plus grand bien du Concile Vatican II, dont il fut l'un des plus intelligents
ouvriers, le Père Bugnini ne devait heureusement pas tenir sa parole»
5.


Ce texte révélateur nous montre une des premières apparitions du «fossoyeur de la Messe», un révolutionnaire plus
habile que les autres qui a tué la liturgie catholique,
avant de disparaître de la scène officielle 6.
C'est donc à cette époque que la «Contre-Eglise» a pénétré de façon complète le «Mouvement liturgique». Jusqu'alors, il avait été investi par les forces modernistes et oecuméniques : après-guerre, son degré de pourrissement est suffisant pour que la Francmaçonnerie
en prenne directement les rênes :
Satan pénètre dans le Cheval de Troie.


A SUIVRE...


1. Dom Botte l'avoue dans son «Mouvement liturgique», p. 102. «Prendre des initiatives sans l'accord de la Congrégation, écrit-il, c'était provoquer un phénomène de freinage. On choisit alors une solution moyenne : préparer en privé des projets de réforme et les faire
présenter à Rome par l'épiscopat de divers pays. Mais pour cela, il ne fallait pas travailler en ordre dispersé. Il importait au contraire de
concentrer les efforts des divers groupes de travail. De là l'origine des réunions internationales».


2. Les origines du C.P.L., 1943-1949, par le P. Duployé, Salvator, 308.

3. Ibidem, p. 310 à 312.

4. Dom Lambert Beauduin, un homme d'Eglise, p. 178-179.

5. Les origines du C.P.L., p. 320 en note.

6. Lettre aux amis et bienfaiteurs, n° 10, de S. Ex. Mgr M. Lefebvre, du 27 mars 1976.
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Re: LE MOUVEMENT LITURGIQUE - Abbé Didier BONNETERRE

Message par InHocSignoVinces »

LE PAPE PIE XII ET L'ENCYCLIQUE «MEDIATOR DEI»


Nous avons déjà constaté les reculades de la Secrétairerie d'Etat devant les exigences de «L'effort liturgique» allemand.
Pie XII était trahi et mal informé. Cependant, son génie exceptionnel et ses grandes qualités de Pasteur lui firent prendre des initiatives énergiques pour tenter d'enrayer «l'hérésie anti-liturgique». Le Pasteur Angélique avait été impressionné par la lettre pastorale de Mgr Gröber. Il devait répondre aux inquiétudes de l'évêque de Fribourg-en-Brisgau par deux encycliques adressées à l'Eglise universelle : ce furent «Mystici Corporis» du 29 juin 1943, et «Mediator Dei» du 20 novembre 1947.


L'encyclique «Mediator Dei», une des plus longues qui soit jamais sortie de la Chancellerie pontificale, est incontestablement un des plus beaux enseignements du Pape Pie XII 1. Avec un discernement et une habileté extraordinaires, le Pape va retenir tout ce qu'il y a de bon dans le «Mouvement liturgique», et condamner énergiquement ses déviations. Nous allons résumer ce document unique, nous soumettant en tout à son jugement, mais en regrettant tout de même qu'il n'ait pas été accompagné de réalisations concrètes et de sanctions précises contre les révolutionnaires de la liturgie.


Dans l'introduction de son encyclique 2, le Pape rappelle que le sacerdoce catholique prolonge l'action du Christ Rédempteur
(508 à 510). Il se félicite ensuite du renouveau de ferveur pour la liturgie, né à la fin du siècle dernier, incitant au zèle ceux qui demeurent encore endormis, mais surtout blâmant les éléments progressistes du «mouvement» : «Nous remarquons, écrit Pie XII, non sans préoccupation et sans crainte, que certains sont trop avides de nouveauté et se fourvoient hors des chemins de la saine doctrine et de la prudence... ils souillent d'erreurs cette sainte cause, d'erreurs qui touchent à la foi catholique et à la doctrine ascétique». (511 à 515). L'encyclique se divise ensuite en quatre parties : Nature de la liturgie - Le Culte eucharistique - L'Office divin - Directives pastorales.


La partie consacrée à la nature de la liturgie (516 à 550) est une admirable synthèse doctrinale, elle contient la plus
profonde définition de la liturgie : «Le culte public intégral du Corps mystique de Jésus-Christ, c'est-à-dire du Chef et de
Ses membres».
A la fin de cette partie de l'encyclique, Pie XII condamne à nouveau les innovations téméraires : «Néanmoins, il faut réprouver l'audace tout à fait téméraire de ceux qui, de propos délibéré, introduisent de nouvelles coutumes
liturgiques ou font revivre des rites périmés, en désaccord avec les lois et rubriques maintenant en vigueur».
Ces paragraphes 547 et 548 constituent une véritable condamnation de «l'archéologisme», «de sorte que, écrit le Pape, ce serait sortir de la voie droite de vouloir rendre à l'autel sa forme primitive de table, de vouloir supprimer radicalement des couleurs liturgiques le noir, d'exclure des temples les images saintes et les statues, etc.»


La seconde partie du document (551 à 598), consacrée au Culte eucharistique, est un véritable traité de l'eucharistie,
tant au point de vue dogmatique et liturgique qu'au point de vue ascétique. Pie XII y condamne énergiquement les erreurs
théologiques sur la nature du sacerdoce des fidèles (563), et les exagérations sur la notion de participation. Il
précise exactement la participation «mystique» des fidèles à l'oblation (565 à 572) et à l'immolation (573 à 577). Il indique
ensuite les moyens de promouvoir cette participation : missels, participation active aux chants et à la Messe dialoguée, à
laquelle il impose des limites précises (579).



La troisième partie de l'encyclique (599 à 628) traite de la liturgie laudative, c'est-à-dire de l'Office divin. Pie XII réaffirme
que cette liturgie constitue la prière officielle de l'Eglise (509 à 607). Il analyse ensuite l'année liturgique et la nature
du culte des Saints.



Vient ensuite la quatrième partie de la lettre (629 à 651) qui contient les directives pastorales «afin, écrit le Pape,
d'écarter plus aisément de l'Eglise les erreurs et les exagérations de la vérité, dont Nous avons parlé ci-dessus, et afin de
permettre aux fidèles de s'adonner très fructueusement, en suivant des règles très sûres, à l'apostolat liturgique».
L'encyclique
traite d'abord des rapports de la liturgie et des dévotions privées, et elle conclut : «Il ferait une chose pernicieuse et
pleine de tromperie celui qui oserait, témérairement, assumer la réforme de ces exercices de piété, pour les ramener aux
seules cérémonies liturgiques. Il est nécessaire toutefois que l'esprit de la sainte Liturgie et ses préceptes influent avec
profit sur eux, pour éviter que ne s'y introduise quoi que ce soit d'inadapté ou de peu conforme à la dignité de la maison
de Dieu...»



A SUIVRE...


1. Cf. l'excellent article de Dom Froger : L'encyclique Mediator Dei, in La pensée catholique, n° 7, de 1948.

2. Ed. Solesmes, Lit. I, N° 508 à 653. Les numéros donnés dans le texte renvoient à cette édition.
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Re: LE MOUVEMENT LITURGIQUE - Abbé Didier BONNETERRE

Message par InHocSignoVinces »

Le Pasteur Angélique traite ensuite des Arts liturgiques (639 à 646) ; il rappelle avec opportunité : «Dans tout ce qui
regarde la liturgie, il faut que se manifestent le plus possible ces trois caractères, dont parle Notre prédécesseur Pie X : le
caractère sacré, qui rejette avec horreur l'inspiration profane, la tenue et la correction des oeuvres d'art, vraiment dignes
de ce nom ; enfin le sens universel, qui, tout en tenant compte des coutumes locales et des traditions légitimes, affirme
l'unité et la catholicité de l'Eglise»
(640). Pie XII exhorte ensuite à l'acquisition d'une solide formation liturgique (647 à
651), particulièrement pour le jeune clergé. Avant de terminer sa lettre, le Pontife met à nouveau les Pasteurs en garde
contre «l'introduction d'une fallacieuse doctrine, altérant la notion même de la foi catholique», et contre un «retour excessif
à l'«archéologisme» en matière liturgique».



Le saint Pape nous donne ensuite la conclusion de son encyclique (652 à 653) ; il appelle au zèle les «tièdes et les
récalcitrants»,
et il s'adresse pour finir aux progressistes : «A ceux qu'un zèle intempestif pousse quelquefois à dire ou à
faire ce que Nous avons le regret de ne pouvoir approuver, nous redisons le conseil de saint Paul : «Mettez tout à
l'épreuve ; gardez ce qui est bon». Et Nous leur demandons paternellement de vouloir bien rectifier leur façon de voir et
d'agir, d'après une doctrine chrétienne qui soit conforme aux leçons de l'épouse sans tache de Jésus-Christ, Mère des
saints».
La traditionnelle bénédiction apostolique conclut le document.



Cette encyclique est admirable, et nous recommandons à tous nos lecteurs de la lire et de la méditer. C'est une véritable
«Somme liturgique». C'est en tout cas la dernière recommandation de l'Eglise à ses fils avant de pénétrer dans
cette mystérieuse grande nuit dont nous ne voyons pas encore l'issue.
Nous n'avons qu'un regret, nous le disions tout à
l'heure, c'est que cette si belle lettre n'ait pas été accompagnée de mesures concrètes, voire de sanctions. Le Grand Pie
XII n'a-t-il pas prêté des intentions trop pures, des intentions à la mesure de sa sainteté, aux meneurs du «Mouvement liturgique
» ? Il est clair qu'il n'a pas vu dans ces hommes les «brigands» qu'ils étaient. Il a cru avoir affaire à des intellectuels
un peu égarés, alors qu'il s'agissait au moins pour certains de véritables meneurs révolutionnaires. Pouvait-il en
être autrement, lorsque ces meneurs étaient présentés, soutenus, encouragés par d'influents prélats ?



Saint Pie X ne s'était pas contenté d'écrire «Pascendi», il avait excommunié Tyrel et Loisy, il avait fait prêter le serment
anti-moderniste. Nous regrettons que Pie XII n'en ait pas fait autant vis-à-vis de l'hérésie anti-liturgique. Mais, redisons-
le, pouvait-il en être autrement, alors que le Pape était trahi, mal informé, et que de nombreux modernistes
s'étaient déjà infiltrés aux postes clefs de l'Eglise ?



Pie XII avait parlé clairement, restait aux pasteurs d'âmes à diffuser l'enseignement du Père commun et à le mettre en
pratique.
Mais, là encore, ce fut la trahison : on ne retint de l'encyclique que les encouragements au zèle pour le renouveau liturgique, et on tut délibérément les innombrables mises en garde du document. Le modèle de ces commentaires
édulcorants est celui que fit Dom Beauduin lui-même dans «La Maison-Dieu» 1. Mais écoutons l'abbé Martimort qui écrivait
ces lignes en 1959 : «Les mises en garde de l'encyclique n'effarouchaient pas le P. Lambert Beauduin. Avec l'extraordinaire
vigueur de son regard, il situait le document dans une perspective catholique universelle. Avec le recul de
douze ans, il faut reconnaître que le P. Lambert Beauduin avait vu juste : l'encyclique «Mediator Dei» a donné, dans le
monde entier, le branle à un ressort liturgique inouï»
2. Eh oui ! c'est le drame : on a fait servir «Mediator Dei» à la subversion liturgique. Utiliser un document pontifical à une fin contraire aux intentions du Pape, c'est là la marque de Satan.
Le Cheval de Troie est bien dans la Cité de Dieu...
Plus rien n'arrêtera la marche en avant du «Mouvement liturgique
» dévoyé, et nous ne pouvons que regretter la création, le 18 mai 1948, d'une «Commission pontificale pour la Réforme
de la Liturgie». Non pas qu'une telle réforme, dans des proportions données, soit impossible en soi, mais parce
que, dans le contexte de l'époque que le Pape ne pouvait pas soupçonner, c'était se livrer pieds et mains liés à l'Adversaire.



A SUIVRE...


1. La Maison-Dieu, n° 13, Cerf, 1948, p. 7 à 25.
2. Article Notre père Dom Lambert Beauduin, par A.G. Martimort, in Les questions liturgiques et paroissiales, de septembre 1959.
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