Salaverri et Bellarmin sur l'élection d'un pape

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Re: Salaverri et Bellarmin sur l'élection d'un pape

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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Sens du mot de hiérarchie :
Hierarchica [sc. societas] ( ἱερὰ - ἀρχή = sacer principatus) erit illa societas, in qua supremam auctoritatem tenet persona sacra. (no. 121, p. 538)
Traduction : cette société est hiérarchique (hiera - arche = gouvernement sacré) quand l'autorité suprême est détenue par une personne sacrée
Dicitur sacra persona tenens auctoritatem in societate hierarchica, praesertim quia positive a Deo sive immediate sive mediate ad tale munus designata est." (Ibid.) (c'est moi qui souligne)
Traduction : la personne détentrice de l'autorité dans une société hiérarchique est dite sacrée, pour cette raison surtout qu'elle a été positivement désignée pour cette office par Dieu, que ce soit immédiatement ou médiatement.
Désignations des personnes ayant autorité :

Sed designatio subiecti auctoritatem tenentis potest esse vel a Deo vel a membris societatis. Cum Deus positive designat subiectum tenens potestatem, tunc persona sive physica sive moralis a Deo designata vere minister Dei est et merito sacra dici debet, utpote divinitus muneri positive dicata. (no. 122)
Traduction : Mais la désignation des détenteurs de l'autorité peut être faite par Dieu ou par des membres de la société. Quand désigne positivement le sujet qui détient le pouvoir, que cette personne soit physique ou morale, elle est vraiment ministre de Dieu et mérite d'être dite sacrée, par ce qu'elle est consacrée positivement par un pouvoir divin.

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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Organisation de la société hiérarchique :
Vi huius divinae designationis subiectum potestatis obtinet iura propria, quibus alia societatis membra carent; atque inde oritur hierarchica inaequalitas, quae iuxta Patres Conc. Vaticani explicanda est, `non ideo tantum, quia fidelium alii clerici sunt alii laici; sed propterea maxime, quod in Ecclesia est potestas divinitus instituta, qua alii praediti sunt alii destituuntur. (no. 122, p. 538)
Traduction : À raison de cette désignation divine, le sujet du pouvoir acquiert certains droits propres à l'exclusion des autres membres de la société ; de cela résulte une inégalité hiérarchique, qui s'explique, d'après les Pères du Concile du Vatican [le premier], `non seulement par ce que parmi les fidèles certains sont clercs et d'autres laïques, mais surtout par ce qu'il existe dans l'Église un pouvoir divinement institué que certains possèdent et d'autres pas.`
Les opposants à cette doctrine sont énumérés. Marsile de Padoue, les Protestants, le juriste gallican Richer, et le synode de Pistoie tiennent tous que le pouvoir dérive exclusivement de la communauté des fidèles ; les juristes protestants tels que Pufendorf, Boehmer, et Jurieu tiennent que l'Église est une société d'égaux, et que le pouvoir des clés a été donné au "peuple des fidèles". Plus près de nous, les rationalistes nient que le Christ ait fondé une société (Sal. nos. 123, 124, etc.), et n'acceptent donc pas la "hiérarchie" au sens de Salaverri.

Dans tous les passages que nous venons de citer de Salaverri sur la nature hiérarchique de l'Église, nous voyons qu'il ne perd jamais de vue que l'Église est un ordre sacré, gouverné exclusivement par des personnes sacrées, et dont ce caractère sacré (contrairement aux dirigeants des gouvernements séculiers, qui ont néanmoins, eux aussi, un certain aspect sacré, puisque toute autorité vient en dernière analyse de Dieu) vient de leur désignation, médiate ou immédiate, par Dieu Lui-même.
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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Les Apôtres ont reçu leur office (munus) sacré de Dieu directement ; leurs successeurs le reçoivent de Dieu aussi, mais médiatement, par la médiation des Apôtres et de leurs successeurs. Notre théologien ne s'occupe ici pas du tout de la manière dont le pouvoir sacré, qu'il soit d'ordre ou de juridiction, est conféré ; il n'en parle même jamais, que je sache. Les opposants mentionnés plus haut à sa thèse ne se souciaient pas du mode de transmission, puisqu'ils n'admettaient pas l'office divinement fondé des évêques, ou tenaient que ce pouvoir venait du peuple exclusivement. Sa thèse, étayée avec forces précisions à partir de l'Écriture, la tradition des premiers siècles de l'Église, et l'enseignement des Papes à travers les époques, ne s'occupe que de ces généralités : que l'Église a été fondée comme un ordre sacré, une hiérarchie, et continuera nécessairement de l'être jusqu'à la fin des temps.

Cela est clair à la lecture de ce que dit Salaveri du hierarchico modo. Dans sa discussion de l'indéfectibilité de la hiérarchie ou "Hiérarchie", il écrit :
no. 306, p. 601 a écrit : Ut Hierarchia in Ecclesia perennis sit, requiruntur duo: 1.° Ut perenne sit ipsum munus hierarchicum, id est, ut triplex potestas docendi, sanctificandi et regendi, a Christo instituta, in Ecclesia perennis sit. 2.° Ut perennis etiam sit modus hierarchicus constitutionis subiecti muneris, id est, ut muneris subiectum, non a communitate fidelium neque a saecularibus potestatibus, sed a Deo vel saltem a hierarchis iure divinitus dato constituatur.
Traduction : Pour que la hiérarchie de l'Église soit pérenne (3), cela exige deux choses :
1° Que l'office hiérarchique lui-même, c'est-à-dire le triple pouvoir d'enseigner, de gouverner et de sanctifier, pouvoir institué par le Christ, soit lui aussi pérenne dans l'Église.
2° Que la manière hiérarchique de constituer le sujet de l'office soit pérenne elle aussi, c'est-à-dire que le sujet de l'office doit être constitué non par la communauté des fidèles ni par le pouvoir séculier, mais par Dieu ou au moins par des hiérarques, de par leur droit accordé par Dieu (4).
(3) Le terme latin est perennis et veut dire permanent, durable, qui perdure. Salaverri utilise souvent ce mot quand il discute l'indéfectibilité. Je le traduis par "pérenne" pour conserver les nuances ou distinctions peut-être voulues par l'auteur par rapport à indefectibilis ou d'autres termes utilisés par lui.

(4) Iure divinitus dato, expression récurrente dans le texte, peut être diversement traduite "par droit divin", "par un droit accordé par Dieu", "par un droit que Dieu leur a accordé". Salaverri ne définit pas ce qu'il entend par cette expression. Le sens semble être que d'abord les Apôtres, et ensuite les évêques, ont reçu le droit, et pas seulement le pouvoir sacramentel, de nommer ceux qui seront leurs successeurs pleni iuris, en accord avec le principe de succession formelle, comme nous l'expliquons plus bas.

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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Ainsi, comme nous l'avons déjà noté, pour Salaverri hierarchicus modus désigne uniquement un mode en accord avec la nature "hiérarchique" de l'Église, par opposition à une démocratie ou une section du gouvernement sous le pouvoir séculier, etc. De la transmission de pouvoir, rien de plus n'est précisé que le mode qui doit être sacré, et que la transmission doit être exécutée par des personnes sacrées.

On remarquera que dans le passage que nous venons de citer, Salaverri définit son hierarchicus modus, mais utilise ensuite sa "pérennité" ou pour ainsi dire son indéfectibilité (qu'il démontre à partir de l'Écriture et de la Tradition), comme prémisse pour démontrer l'indéfectibilité de l'Église, au lieu de faire l'inverse. Comme exemple de ce mode hiérarchique en instrument de preuve, il mentionne l'institution immédiate par le Christ du Collège des Apôtres, et la primauté de Pierre ; et ensuite, l'institution par les Apôtres de leurs successeurs. Sur ces derniers il ajoute :
no. 309, p. 602 a écrit : Iure divinitus dato ab Apostolis in Ecclesia institutum est ut subiectum muneris modo hierarchico constituatur. Etenim S. Paulus (...) docet ab Apostolis in Ecclesia subiectum muneris constitui: 1) Modo hierarchico, quia in locis citatis constitutio alicuius subiecti in aliquo munere expresse dicitur a hierarchis fieri. 2) Iure divinitus dato ...

Traduction : Par le droit qu'ils sont reçu de Dieu, les Apôtres ont statué que dans l'Église le sujet de l'office doit être constitué hierarchico modo. S. Paul enseigne en effet (...) que le sujet de l'office est constitué dans l'Église par les Apôtres : 1) modo hierarchico, par ce que dans les endroits cités, la constitution d'un sujet pour un office est expressément signalée comme étant faite par des hiérarques. 2) Par un droit divin ...
Ce dernier aspect ("par un droit divin") est illustré par des passages de l'Écriture ou des personnes nommées par les Apôtres sont dites a Spiritu Sancto positi (placées par le Saint-Esprit), dabatur gratia Dei (il leur a été donné par la grâce de Dieu) par l'imposition de mains, Dei dispensatores, οἰκονόμοι (intendants de Dieu), etc.


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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Il continue sa démonstration avec des citations des premiers Pères de l'Église qui vont dans le même sens : que la hiérarchie de l'Église, dument constituée, est faite de ministres divins, précisément par ce que (d'après Salaverri) ils ont été constitués hierarchico modo, iure divinitus dato, et ab hierarchis. Mais dans aucune de ces explications il ne décrit une méthode particulière pour élire ou nommer un évêque ou tout autre détenteur d'office, puisqu'il s'agit là de quelque chose dont les opposants à sa doctrine ne se souciaient pas.

Après avoir montré que l'Église a été fondée par le Christ comme une "Hiérarchie" (toujours dans ce sens de "gouvernement sacré"), Salaverri passe ensuite à la démonstration que cette hiérarchie est pérenne, c'est-à-dire indéfectible. La forme de cette preuve n'ajoute rien d'essentiel à sa conception de hierarchico modo et ab hierarchis, mais il y a cependant quelques points intéressants sur la succession des papes et des évêques. Voici ce qu'il en dit :
Art. 2, Thes. 8, p. 608 a écrit : Thesis 8. Apostolis in ordinario eorum munere iure divino succedunt Episcopi, quorum singuli Ecclesiis particularibus singulis praesunt.

Traduction : Thèse 8. Les évêques sont, de droit divin, les successeurs des Apôtres dans leur office ordinaire (5), et chacun préside à une Église particulière.


(5) Il faut distinguer les pouvoirs ordinaires et extra-ordinaires des Apôtres : ces derniers sont propres aux Apôtres et ont servi à établir l'Église : ainsi le don des miracles, la juridiction universelle, l'inspiration individuelle, l'enseignement infaillible, etc. Les évêques ne leur succèdent que dans les pouvoirs ordinaires, d'enseigner, de gouverner et de sanctifier, dans l'Église post-apostolique.

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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :


Successeurs de droit divin :
no. 334, p. 609 a écrit : IURE DIVINO succedere intelligimus eo sensu quo a Conc. Vaticano est intellectum, id est, `ex ipsius Christi Domini institutione` (D. 1825) (...) Hoc autem duo praesertim importat: 1) obiective, ut munus ipsum a Deo positive sit institutum; 2) subiective, ut persona munus obiens, illud obtinuerit iuxta legem ad illud conferendum divinitus positive statutam. Unde tale munus non solum est in se ipso divinitus institutum, sed etiam est divinitus seu iuxta divinam legem positivam subiecto collatum; quare qui munus obtinet, illud possidet et exercet relate ad homines ut sibi proprium, non ut locum vel vices tenens alterius personae humanae.

Traduction : Nous entendons l'expression `successeurs de droit divin` au sens du concile du Vatican [le premier], c'est-à-dire `par l'institution du Christ Notre-Seigneur Lui-même` (D 1825) (...) Cela signifie spécialement deux choses : 1) Objectivement, que l'office lui-même a été positivement institué par Dieu ; 2) Subjectivement, que la personne qui entre dans l'exercice de son office, l'a obtenu par la loi établie divinement et positivement à cette fin. Cet office est donc non seulement divinement institué en lui-même, mais aussi divinement conféré au sujet, c'est-à-dire conféré en vertu de la loi divine positive. Ainsi celui qui obtient l'office le possède et l'exerce envers les hommes comme lui appartenant en propre, et non comme remplaçant ou représentant d'une autre personne humaine.

Définition de la succession :
no. 334, p. 609 a écrit : SUCCESSIO est continuatio unius personae post aliam in aliquo officio. Successio duplex distinguenda est, alia materialis alia vero formalis: a) Successio materialis est mera temporalis continuatio alicuius personae post aliam in aliquo munere. b) Successio formalis est plena suffectio alicuius personae in iura et obligationes alterius in aliquo munere, seu est subiecti substitutio sine ulla iuris mutatione in aliquo munere.

Traduction : la succession est la continuation d'une personne par un autre en un office quelconque. Il faut distinguer deux types de succession, matérielle et formelle. (a) La succession matérielle est une simple continuation temporelle d'une personne par un autre en un office. (b) La succession formelle est une substitution intégrale d'une personne par une autre dans les droits et les devoirs d'un office donné, c'est-à-dire que l'identité du sujet change, mais pas les droits.
L'indéfectibilité de l'Église consiste en une succession non seulement matérielle, mais formelle des détenteurs de l'autorité. La succession matérielle est présente à des degrés divers en dehors de l'Église, comme chez les schismatiques orientaux, les hérétiques nestoriens ou les anglicans ; mais il leur manque la désignation légitime par l'Église qui fait la succession formelle.
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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
On peut donc joindre les divers éléments qui font la succession, telle qu'établie par le Christ chez les Apôtres et continuée par l'Église, ainsi : iure divinitus dato, hierarchico modo, ab hierarchis, iuxta legem ad illud conferendum divinitus positive statutam (par droit accordé par Dieu, par voie hiérarchique, par des hiérarques, suivant la loi établie divinement et positivement pour conférer l'office.

Bien qu'il ne le dise pas expressément, il semble bien que Salaverri a en vue à la fois la transmission du pouvoir de juridiction (cela est impliqué dans l'expression iure divinitus dato) et du pouvoir sacramentel. Celui-ci peut être conservé dans une succession purement matérielle, celui-là dans une succession formelle exclusivement. Les deux sont essentiels et indéfectibles bien sûr, mais le pouvoir de juridiction est l'élément formel dans l'Église, considérée comme une société visible.

De tout cet exposé, il devrait maintenant clairement ressortir que le modus hierarchicus étudié par Salaverri n'est rien d'autre que ce principe général suivant lequel la succession dans l'Église doit se faire suivant la loi divinement instituée de l'Église, et donc sous son autorité légitime, évidemment ; ce qui exclut spécifiquement tout primat de la démocratie ou toute autorité de l'extérieur des pouvoirs séculiers. Cette opposition est claire aussi chez les divers opposants à sa thèse, qu'il mentionne et réfute. Ils ne s'occupaient pas des détails de la nomination à un office mais niaient que l'office soit divinement institué, ou bien niaient implicitement que la succession dans l'office doive suivre la loi propre à l'Église, telle qu'elle a été pratiquée dès ses débuts.
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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Mais après avoir dit que la succession est l'affaire des seuls hiérarques (le Pape et les évêques), Salaverri n'aborde nulle part plus précisément les questions qui se posent actuellement : que faire lors d'une vacance prolongée de la papauté ; si une telle vacance est possible et le cas échéant pour combien de temps ; comment traiter les hiérarques qui ont quitté la tradition de l'Église et dans les lois et dans la doctrine. Quand à la question de la chute d'un pape dans l'hérésie, il la mentionne très rapidement, en passant (n. 447, p. 547, note 41e n bas de page), et se borne à citer une remarque de Vatican I, que "Dieu ne nous abandonnera pas" - sentiment qui, à mon sens, sera partagé avec ferveur par tous les catholiques : "At Deus in necessariis non deest; ac proinde, si Ipse permitteret tantum malum, non deerunt media ad providendum" (6) (paroles du Relator Fidei, Mgr. Zinelli, Ms. 52, 1109)

(6) "Mais Dieu ne manque de pourvoir à aucune nécessité ; si, donc, il permet un jour un si grand mal, les moyens d'y remédier ne manqueront pas. Sal. no. 657, p. 712. Cf. aussi p. 647, note 41 en bas de page.


Voilà donc pour ce que dit Salaverri des conditions générales de la succession des papes et des évêques nécessaires à l'indéfectibilité de l'Église. C'est seulement à la fin des temps que cette indéfectibilité sera pleinement apparente, par ce que c'est seulement là qu'elle sera pleinement accomplie. C'est la raison pour laquelle elle n'est pas une des notes de l'Église la séparant absolument de toutes les autres pseudo-"églises".
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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
Néanmoins, en un certain sens relatif, l'existence continuelle de l'Église dans sa succession matérielle et formelle, est un signe évident de sa divinité. Ses rivales ont disparu, ou bien sont manifestement nées à une époque postérieure à celle des Apôtres, ne possèdent pas de vraie succession, ou de vraie continuité dans leurs offices et la manière de les conférer. Nous n'avons plus besoin maintenant de nous attarder sur l'excellente explication de Salaverri sur ce point, par ce qu'elle s'éloigne de notre sujet principal, et ses principes ne sont contestées par personne que je sache, d'un côté ou de l'autre de la contreverse sédévacantiste.

On peut donc en conclure que toute résolution de la vacance (ou vacance apparente) actuelle devra nécessairement être faite hierarchice et ab hierarchis, et donc hierarchico modo, en accord avec les lois concernant l'élection d'un pape (iuxta legem divinitus positive statutam) par des clercs électeurs (hierarchice), et sous la direction, ou bien avec l'acceptation après coup, d'évêques orthodoxes (ab hierarchis), qui se réuniront en concile à cet effet ou pas.

La question de juridiction ne se pose pas ici, par ce qu'élire n'est pas un acte de juridiction ; ils n'en ont pas besoin, mais appliquent seulement la loi (iure divinitus dato) applicable à une periode de sede vacante. C'est un acte d'obéissance et non de commandement. Et comme le Pape n'a pas de supérieur, il est évident qu'il n'existe pas de juridiction dans l'Église censée lui conférer son office. Comme le constatent tous les théologiens, son office est conféré directement par le Christ.
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Re: Salaverri et Bellarmin sur l'élection d'un pape

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J. Larrabee traduit par le chartreux a écrit :
En accord avec ce que nous venons de dire, la seule manière pratique de procéder (étant évident que les usurpateurs modernistes ne partiront pas de leur plein gré) semble être un rassemblement de membres orthodoxes du clergé romain, d'où qu'ils soient, dans lequel ils éliraient l'un d'entre eux, tout en collectant tout le soutien possible des membres de la hiérarchie du Novus Ordo (on constate aujourd'hui des ébauches dans ce sens).

De tels quasi-hiérarques, s'ils se montrent disposés à s'opposer à Bergoglio et à condamner l'hérésie de Vatican II, montreront par là une volonté d'agir contre l'hérésie et pour l'unité de l'Église en matière de foi et de discipline. On pourrait alors les considérer comme s'étant purifiés de l'hérésie et du schisme, et donc capables de devenir pleinement les hiérarques qu'ils sont extérieurement, et d'agir alors en tant que subiectum potestatem tenens.

Une autre possibilité est que des cardinaux conciliaires, considérés comme des électeurs extérieurs (ou au moins comme extérieurement clercs), pourraient, eux aussi, faire une élection (si peu nombreux qu'ils soient), entre eux ou avec quelques autres membres apparents du clergé romain. Tout cela semble compatible, voire découler nécessairement, de la thèse de Cassiciacum de Mgr Guérard des Lauriers.

Ce n'est pas mon propos ici de parcourir toutes les ramifications du sujet de l'élection d'un pape, mais seulement de la question du hierarchico modo du Fr. Salaverri. Ainsi, excepté quelques appendices ci-dessous, je laisse tout le reste à d'autres occasions ou d'autres auteurs qui peuvent en parler avec plus de compétence que moi.
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