Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

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SWS, Livre IV, C1, §156 traduit par le chartreux a écrit :
En d'autres termes, celui qui pèche mortellement se préfère en fait ou préfère le bien créé en vue duquel il pèche, à Dieu lui-même ; il le met au-dessus des droits de Dieu et de sa possession, puisqu'il néglige ces droits, là même où ils s'énoncent le plus impérieusement, et qu'il néglige la possession de Dieu là même où elle est complètement en jeu. Il agit donc, comme si, au lieu de Dieu, il était lui-même ou quelque bien créé, le bien souverain. Celui qui pèche véniellement ne préfère à Dieu ni soi-même, ni aucun bien créé, il ne manifeste pas le dessein de ne reconnaître les droits de Dieu sous aucune forme et de renoncer à sa possession ; car le péché véniel n'empêche pas d'avoir la volonté de l'omettre, si Dieu l'avait défendu ou le défendait sévèrement.

La différence ressort encore plus nettement du langage de l'Écriture sainte, où l'homme qui pèche mortellement est représenté comme un ennemi de Dieu, par conséquent comme encourant aussi son inimitié, ce qu'elle ne dit jamais du péché véniel.
chartreux
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SWS, Livre IV, C1, §156 traduit par le chartreux a écrit :
Après les explications que nous en avons données, il est évident que la différence de la malice du péché mortel et celle du péché véniel ne consiste pas formellement dans la diversité de rapport qu'ont les deux sortes de péchés aux préceptes spéciaux de la loi morale, mais dans la diversité de leur rapport au principal et au plus universel précepte de la loi, celui de l'amour de Dieu. Ainsi, tandis que le péché véniel n'est pas incompatible avec la persistance substantielle des sentiments d'amour envers Dieu, ces sentiments sont absolument inconciliables avec le péché mortel, qui les supprime et y renonce formellement.
chartreux
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SWS, Livre IV, C1, §156 traduit par le chartreux a écrit :
Il y a une incompatibilité morale entre l'affection au péché et l'existence simultanée de l'aptitude de la charité, et en général de la sainteté habituelle. De là cette conséquence que l'apparition du péché mortel rend impossible la persistance de la grâce sanctifiante, qui est exclue du sujet par l'acte coupable. Or, comme le principe de la vie surnaturelle consiste dans la grâce sanctifiante, et que celle-ci disparaissant, le principe s'évanouit et entraîne la mort spirituelle du sujet, lequel ne peut plus retrouver cette vie spirituelle par ses propres moyens. Cf. S. Thomas, Ia IIae, q. 72, art. 5; qq. 88, 89.
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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
Section 157. Effets du péché actuel dans celui qui la commet.

I. Le premier effet du péché est de souiller l'âme à la manière dont les choses sales souillent le corps. Un autre effet est qu'il rend le pécheur coupable et punissable (reatus culpae et poenae). Ces deux effets sont inséparables. L'Écriture sainte conçoit ordinairement l'état où le péché précipite le pécheur sous le nom d'injustice de l'homme. Le sujet du péché actuel devient 1) nécessairement un objet de déplaisance et de répulsion, 2) l'objet de la haine de Dieu ; il se rend haïssable à ses yeux, en ce sens du moins qu'il est indigne que Dieu lui rende désormais toute son ancienne bienveillance, et 3) l'objet de la colère divine et se place dans la nécessité d'en encourir les effets ; car Dieu doit maintenir l'ordre en réagissant violemment contre le péché ou en lui infligeant des châtiments ; il est donc punissable.

On peut dire avec saint Bonaventure que l'acte coupable est lui-même à divers égards une faute et une peine. Cette peine est même quelquefois très sensible, et se manifeste sous les formes du malaise, de la honte, du remords. De là cette maxime célèbre de saint Augustin : Jussisti, Domine, et sic est, ut omnis iniquus animus sibi ipsi sit poena ("Vous avez décrété, et il en est ainsi, que toute âme désordonnée sera à elle-même sa propre punition").
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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
II. Le péché laisse après lui certains effets réels et durables désignés communément sous le nom de "diminution de la bonté naturelle" (diminutio, corruptio, vitiation, boni naturae).

Il est constant d'abord, au point de vue catholique, que la corruption de la nature n'est pas une destruction de la nature. En ce qui concerne les forces et la substance de l'esprit, qui est en soi indestructible, il est évident que ces forces ne peuvent être amoindries, corrompues ou détruites en elles-mêmes, ni à plus forte raison dans leur racine. Ainsi l'effet corrupteur que le péché produit dans son sujet ne peut se manifester que par une diminution, une altération de cette bonté que les forces ou la substance de l'esprit possèdent relativement à leur exercice normal, ou par suite d'un don surnaturel.
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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
À parler d'une manière tout à fait générale, dans l'ordre naturel comme dans l'ordre surnaturel, qu'il s'agisse de péchés véniels ou de péchés mortels, l'acte coupable, à raison de l'énergie avec laquelle il est posé, engendre (quoique, chez les hommes, cela n'ait lieu d'une manière sensible que par une répétition fréquente) une inclination positive, et par là une disposition, une habileté à renouveler le péché, un penchant désordonné et permanent vers le bien créé qui a excité la volonté au mal, un accroissement de la passion déjà existante, une irritabilité au péché. Cette inclination engendre évidemment une difficulté à éviter le péché et à pratiquer le bien.

Quoique l'effet corrupteur du péché actuel n'ait lieu directement que dans la volonté, il s'étend aussi plus ou moins, à cause de la liaison qui existe entre les facultés de l'âme, à toutes les autres facultés, notamment à la raison, et dans l'homme, à la concupiscence sensible ; et ces facultés elles-mêmes influent les unes sur les autres.

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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
Grâce à cette influence réciproque des facultés de l'âme, l'énergie de la volonté qui se manifeste dans le péché actuel, ou la répétition de ce péché, par conséquent la grandeur et le nombre des difficultés et des obstacles accumulés, peuvent accroître indéfiniment l'indisposition et l'inaptitude au bien ; ils peuvent arriver enfin à rendre la pratique du bien moralement impossible et la continuation du péché moralement nécessaire. Cet état est appelé aveuglement dans l'Écriture (cf. Is. 6:9 ; Actes 28:26 ; Rom. 11:8 ; Matth. 13:14, etc.).

Ordinairement cependant, l'inaptitude au bien n'a pas dans l'homme ce caractère absolu ; elle n'est que relative à certaines espèces d'actions déterminées ; elle n'est que restreinte et n'implique pas une impossibilité ou une nécessité morale absolue.
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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
III. Dans l'ordre surnaturel, le péché mortel ajoute à la diminution de la bonté propre de la nature, la destruction totale de la bonté surnaturelle. La perte de la grâce sanctifiante, laquelle constitue la bonté surnaturelle, n'est pas seulement en fait une punition méritée par le péché : c'est aussi une production effective, c'est-à-dire un effet direct du péché mortel. En se plaçant par le péché mortel dans une situation absolument contraire à la sainteté de la grâce et à la complaisance divine, inconciliable avec sa présence, le pécheur se prive de la lumière de la grâce, de la même manière qu'en couvrant un corps, on empêche la lumière de s'y répandre du dehors ; on amène la perte de son principe de vie supérieure comme on détruirait d'un coup d'épée la vie d'un organisme corporel.
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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
Le péché mortel, quel qu'il soit, n'a pour effet direct, nécessaire et instantané que la perte de la charité et de la grâce sanctifiante (gratia gratum faciens) ; la foi et l'espérance ne sont détruites que par des péchés qui leur sont spécifiquement contraires. Par contre, chaque péché mortel, mérite comme châtiment la perte de toutes les vertus surnaturelles, parce que celui qui le commet se rend indigne de tous les dons de la grâce divine, et que ces dons sont naturellement attachés à la grâce sanctifiante. Quand le péché n'est pas enlevé, ce châtiment a lieu plus tard, au moins dans la damnation éternelle ; mais il n'est pas nécessaire, comme simple châtiment, qu'il soit immédiatement effectué. Ainsi, tant que Dieu laisse le pécheur aspirer à sa fin surnaturelle, il ne lui retire les dons qui servent à ce but et qui en soi sont donnés pour toujours, qu'autant que le sujet s'en rend non seulement indigne, mais incapable.
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

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SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
IV. C'est le sentiment général des théologiens que le péché véniel ne diminue pas la grâce sanctifiante en elle-même ou en général les dons de la sainteté infuse. Quoique les dons infus de la sainteté ne soient pas impérissables, comme la substance spirituelle, ils partagent cependant, comme formes et comme forces spirituelles immédiatement produites de Dieu et destinées à l'éternité, ils partagent, tant qu'ils subsistent, l'incorruptibilité de l'âme spirituelle et de ses forces, en ceci du moins qu'ils ne peuvent être amoindris par une cause créée dans ce qui constitue en eux le don infus : c'est en cela qu'ils se distinguent essentiellement des vertus et des aptitudes acquises par la propre énergie du sujet, et qui diminuent naturellement sous l'influence d'une action contraire. Si donc les péchés véniels pouvaient amener une diminution des vertus infuses, ce devrait être de même manière que le péché mortel entraîne l'anéantissement complet de ces dons, c'est-à-dire parce que le péché véniel serait incompatible avec un certain degré des vertus infuses, ou du moins mériterait la perte d'un degré de la grâce qu'on possédait déjà. Or, l'un et l'autre sont évidemment impossibles.
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