Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
Le premier est inconcevable parce qu'il s'ensuivrait que de deux hommes dont l'un possède une mesure de grâce incomparablement plus élevée que l'autre, celui-là se verrait réduit par le même péché véniel au même niveau de la grâce et perdrait incomparablement plus que l'autre. Le second semble plus admissible, notamment parce qu'on peut mériter par les bonnes œuvres l'augmentation de la grâce. Cependant, il est également inconcevable, parce qu'alors le péché véniel ne mériterait plus une peine temporelle, mais une peine éternelle, car la perte d'un degré de la grâce entraîne la perte d'un degré de la gloire. Cela est impossible a priori, parce que la perte d'un degré de la grâce sanctifiante, par conséquent la perte d'un degré de sainteté qu'on avait déjà, et la perte du droit acquis à un degré précis de la jouissance de Dieu, n'a pas de proportion avec la culpabilité du péché véniel. Les peines qui y sont proportionnées consistent simplement à ne pas recevoir de nouvelles et particulières faveurs, puisque le sujet en est indigne, à faire ajourner la possession de Dieu.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
Saint Paul fait une peinture grandiose des effets terribles du péché, quand il le représente comme une destruction du temple de Dieu (1 Cor. 6:19) ; et les Pères, entrant dans son esprit, le dépeignent comme une transformation de l'homme spirituel en homme animal (cf. 1 Cor. 2:14).

Tandis que le péché véniel ne fait qu'amoindrir les dispositions naturelles au bien, le péché mortel devient une cause de nouveaux péchés, de nouveaux actes vicieux. Le défaut de sainteté, suivant qu'il est absolu ou relatif, en rendant inhabile à tous les actes surnaturels, du moins à tous les actes méritoires, a ce résultat que nulle action parfaitement bonne n'est plus possible, par conséquent que toutes les actions subséquentes, quand même elles ne sont pas accompagnées de fautes nouvelles, sont pourtant défectueuses et viciées dans leur objet. Indirectement, ce défaut dispose aussi, par l'absence du secours de la grâce contenu dans la grâce sanctifiante ou se rattachant à elle, à de nouveaux péchés contre la loi naturelle.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
V. On appelle effets moraux d'un acte les effets qu'il produit en excitant la volonté d'une autre personne à les préparer ou à les produire. Dans un sens large, quand il s'agit du péché, on comprend déjà dans ces effets la haine de Dieu que le péché excite contre le pécheur. Dans un sens plus restreint, on entend par là les punitions, les maux que Dieu, dans sa haine et surtout dans sa colère contre le pécheur et dans sa justice vengeresse, lui laisse arriver ou lui inflige afin de sauvegarder, par une réaction contre le péché, la sainteté méconnue de sa volonté et de lui-même, dans le but de rendre, pour le mal contraire à sa volonté et à son honneur, un mal contraire à la volonté et au bien-être du pécheur. Il y a aussi d'autres peines essentiellement satisfactoires ou encore expiatoires, tandis que d'autres peines sont préventives et dites "médicinales" ; les termes scolastiques pour ces trois sortes de peines sont poena vindicativa, satisfactoria, medicinalis.

chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :

V. 1. C'est un dogme de foi que Dieu réserve à tout péché sans exception une peine vindicative proportionnée à sa gravité, que chaque péché impose l'obligation d'acquitter une peine plus ou moins étendue. La dette du châtiment subsiste au moins aussi longtemps que le péché, et tant que le péché n'est pas effacé.

V. 2. Tout péché entraine l'obligation de subir une peine ; mais il n'y a que le péché, et le péché individuel, qui exige proprement cette obligation, ou du moins la forme et la matière de l'obligation se modifient suivant que le péché est plus ou moins propre au sujet qui l'a commis, car la punition a sa raison dans la faute du péché. Ainsi, quand on parle de châtiments infligés à quelqu'un pour un péché physiquement commis par un autre, on considère le châtiment comme n'étant vindicatif que pour l'auteur physique, par exemple quand les pères sont punis dans leurs enfants.


chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
V. 3. Les peines du péché comprennent d'abord les effets réels et les effets formels qui résultent du péché ; dans ce cas le pécheur s'attire et se prépare non seulement la responsabilité (reatus culpae) qui en provient, mais encore le contenu du châtiment même (reatus poenae). Viennent ensuite les peines qui consistent dans la privation des biens que le sujet aurait reçus s'il n'avait point péché. Il s'agit surtout ici des biens dont la créature était digne par la grâce sanctifiante, par conséquent, pour le péché mortel qui enlève la grâce sanctifiante, de la privation de la jouissance éternelle de Dieu et des moyens efficaces de l'obtenir ; pour le péché véniel, qui n'enlève point la grâce sanctifiante, d'une privation temporaire de cette jouissance. Viennent enfin les peines qui consistent dans la privation de biens naturels et dans l'infliction de différentes peines afflictives, destinées surtout à rabattre l'orgueil qui est au fond de chaque péché et à venger le plaisir illicite qu'on y cherchait.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §157 traduit par le chartreux a écrit :
V. 4. On peut donc dire que la peine qui correspond au péché mortel est infinie en un certain sens, puisqu'elle consiste dans la perte d'un bien infini (la jouissance de Dieu) et que sa durée n'a point de fin. Cette infinité a de plus un rapport direct avec l'étendue de la malice interne du péché mortel, qui est également un mal infini, comme mépris et profanation d'un bien infini, et comme dédain de sa possession. À ce titre, il ne mérite pas seulement la perte naturellement interminable du bien suprême, mais aussi la durée continue des peines afflictives. La durée éternelle de ces deux peines, pour le péché mortel, tire surtout sa raison d'être de ce que le péché en lui-même, c'est-à-dire l'état de péché qui survit au péché actuel, ne pouvant être supprimé par son auteur, doit naturellement toujours subsister et par conséquent demeure toujours digne de châtiment.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §158 traduit par le chartreux a écrit :

Section 158. Le péché habituel. Cet état est irréparable et perpétuel.

I. Les effets réels et moraux du péché actuel peuvent subsister en soi et continuent de subsister en partie, sans qu'on puisse dire que le sujet est encore pécheur. Il est évident, au contraire, que la continuité des effets formels du péché ne se peut concevoir que lorsque le sujet peut être appelé pécheur et qu'il l'est réellement. Ainsi, quand les effets formels se continuent après que l'acte coupable est passé, on doit admettre que le péché lui-même subsiste encore ; il faut donc que l'acte ait produit ou plutôt qu'on ait produit avec l'acte un état durable dans lequel le péché actuel survit et continue d'agir comme dans une empreinte de lui-même, qui dépend de lui et qui est son complet équivalent. Et de fait, les expressions de « pécheur, injuste, désagréable à Dieu, digne de haine, » sont prises dans la langue de l'Écriture et de l'Église pour corrélatives, soit après, soit pendant l'acte coupable. On parle aussi expressément d'un péché qui demeure après l'acte et qui est précisément celui qui est détruit par le rétablissement de la justice. Ce péché, les théologiens l'appellent péché habituel, peccatum habituale.

chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §158 traduit par le chartreux a écrit :
Pour éviter certains malentendus, notons tout de suite que cette expression ne désigne pas le péché dans lequel on a l'habitude de tomber.

I. 1. Le péché habituel, dans sa véritable acception, n'est pas un état d'activité présente, mais un état qui provient d'une activité antérieure et qui se continue. Cet état demeure quand même le péché actuel a disparu non seulement de la volonté, mais de la réflexion. Il peut même subsister en soi après que le premier vouloir coupable a été non seulement interrompu, mais formellement rétracté et condamné. Selon la doctrine catholique, l'essentiel du péché habituel n'est pas supprimé par un acte du pécheur lui-même, mais par un acte de Dieu, en face duquel la conduite subséquente du pécheur n'est qu'une condition de son efficacité, une préparation. Et à ce point de vue même, toute révocation ne suffit pas pour supprimer sur le champ le péché habituel, ainsi que le montre la doctrine de l'Église sur la contrition naturelle et la contrition imparfaite.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §158 traduit par le chartreux a écrit :
Quand on détermine l'essence du péché habituel, il faut admettre en première ligne qu'il renferme, non moins que le péché actuel, l'élément de la faute et celui de l'imputabilité. Or, comme la faute ne peut résulter que d'une conduite active du libre arbitre, donnant à l'objet coupable le caractère de volontaire, et que, dans le cas présent, il n'y a pas d'autre acte de la volonté que celui qui engendre le péché actuel, le péché habituel doit nécessairement avoir quelque rapport à l'acte libre de la volonté qui a procuré le péché actuel. Ce rapport entre également d'une certaine manière dans la constitution du péché habituel et passe dans ce péché qui est son effet comme cause de la permanence de la faute : c'est ainsi que dans la génération d'un être de même espèce, la substance du principe générateur passe dans cet être, ou plutôt que la semence ou la racine demeure unie aux branches qui en sortent et entretient leur vivacité.
chartreux
Messages : 2777
Inscription : mar. 19 janv. 2016 17:50

Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre IV : La chute et le péché

Message par chartreux »

SWS, Livre IV, C1, §158 traduit par le chartreux a écrit :
Tout acte coupable a des effets réels, c'est-à-dire des maux contraires à l'ordre ou des transgressions de l'ordre qui subsistent après que l'acte est passé. Ces effets sont de deux sortes : les uns ne sont que la violation affective et objective du bien dédaigné par le péché ; ils offensent, ils ne troublent pas ; ils offensent, ils attaquent la sainteté de l'ordre moral, la volonté de Dieu et Dieu même ; ils demeurent attachés, dans l'estimation morale, à l'objet offensé, même après que l'acte est passé. Les autres sont des effets du péché dans le pécheur lui-même, dont ils altèrent la bonté ; ce sont des effets corrupteurs, des effets subjectifs. Ces maux sont de telle nature que le sujet est non seulement obligé de les prévenir, à plus forte raison de ne pas les occasionner, mais encore d'empêcher qu'ils continuent.

Il suit de là que le sujet, en se rendant coupable de ces maux, n'est pas seulement coupable de leur survenance, mais encore de leur continuation naturelle. Cette culpabilité, cette imputabilité des effets dure naturellement tant qu'ils ne sont pas supprimés en eux-mêmes, rachetés, tant qu'on n'a pas été dispensé du devoir de les supprimer. En d'autres termes, l'obligation générale d'empêcher ces effets, obligation qui se change en devoir de les supprimer parce qu'ils sont animés d'une manière coupable, est un lien moral entre l'acte coupable de la liberté et ses effets permanents et coupables. Ce lien les unit de telle sorte que, tant que les effets subsistent, le sujet doit être moralement considéré comme aussi coupable que si l'acte de la liberté existait encore ; par conséquent la faute actuellement passée produit un état de culpabilité habituel et durable.
Répondre

Revenir à « Résumé de théologie dogmatique »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 6 invités