SAINTE POMPOSA, RELIGIEUSE, MARTYRE A CORDOUE, EN L'ANNÉE 853.
Tandis que la nouvelle du martyre de sainte Colombe par-venait aux oreilles de tous les fidèles et se répandait non seulement dans toute la ville, mais encore dans ses environs, une vierge vénérable, nommée Pomposa, sortit du monastère de Saint-Sauveur, bâti au pied du mont Pinno Mellario, dans lequel elle s'était enfermée avec ses parents, ses frères et ses amis pour servir le Christ, et vint s'offrir elle aussi au martyre. C'est de ce monastère qu'était également sorti le bienheureux prêtre Fandilla, martyrisé un peu auparavant. Cette vierge bienheureuse, qui habitait Cordoue, était parvenue à décider toute sa famille à abandonner les biens périssables de ce monde pour faire voeu de chasteté et travailler à l'acquisition des biens éternels.
Les parents vendirent donc leur patrimoine et firent bâtir ce monastère, qu'on appela Pinno Mellario à cause des nombreux gâteaux de miel qu'y fabriquent les abeilles, cela de toute antiquité et aujourd'hui encore. Ils se livrèrent en ce lieu aux exercices de la vie monastique, et la vierge Pomposa surpassa tous ses compagnons par l'éclat de sa sainteté. Ainsi, celle qui par l'âge tenait le dernier rang s'éleva jusqu'au premier par son innocente simplicité. Elle était tellement absorbée dans la méditation des saintes Ecritures, qu'elle n'en était distraite ni le jour ni la nuit ; et il fallut les tempêtes menaçantes de la persécution pour la détourner de cette occupation. Quand quelque mal la menaçait, on la voyait s'y résigner docilement avec la prodigieuse humilité qui la distinguait. Elle s'adonnait aux veilles, se soumettait à des peines rigoureuses, faisait de longues prières, pour obtenir de Dieu la grâce de garder inviolablement les voeux qu'elle avait faits.
BOLL., Acta sanct.,19 sept., t. VI, p. 92-95.