LE MARTYRE DE JOHN ROBERTS, MOINE BÉNÉDICTIN, LE 10/12/1610

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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE JOHN ROBERTS, MOINE BÉNÉDICTIN, LE 10/12/

Message par gabrielle »

Le P. Jean ayant ainsi achevé ses bénédictions et bonnes imprécations, le Juge ostant son chapeau, le remercia de ce qu'il souhaitoit tant de biens au Roy et aux autres cy dessus mentionnez. Après il fut reconduit en prison ou il attendit le jour, auquel la sentence de mort se mit en execution :

« Nous, Fr. Augustin de Saint-Jean, prieur et vicaire général des moines Anglais de decà les monts, de la Congrégation de St Benoist en Espaigne, tesmoignons que la sus-dite manière tenue et passée en l'examen et jugement du R. P. Jean de Mervinia est translatée fidèlement de l'Anglois en Latin, jouxte l'exemplaire qu'icelui mesure B. Martir a escrit de sa propre main dedans la prison, après sa condamnation : mais, ce qui s'est ensuivy depuis cela jusques à la fin et exécution de la sentence de mort, jouxte l'exemplaire à nous donné par le R. P. Robert de St Benoit moyne du mesme ordre qui a esté présent à l'execution d'icelle sentence et était chef de ceux qui tirèrent les corps des martyrs hors la fosse comme dessus. Ainsi je l'atteste frère Augustin de St Jean que dessus.

« Ce discours est digne d'être mis en lumière. — Faict à Douay, le quatriesme de May 1611, George Colveneere, Docteur et Professeur en la S. Theologie, visitateur et censeur des livres en l'Université de Douay. »

[Les condamnés rentrés dans la prison furent séparés des détenus catholiques et enfermés dans une cellule dégoûtante avec les seize autres condamnés du même jour. Ils y passèrent la nuit du samedi et la matinée du dimanche. Ce jour-là ils reçurent la visite de dopa Luisa di Carjaval, dont le biographe Luis Munoz raconte ainsi l'héroïque audace.]
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gabrielle
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Re: LE MARTYRE DE JOHN ROBERTS, MOINE BÉNÉDICTIN, LE 10/12/

Message par gabrielle »

« Avec une grande consolation de coeur, elle visita, quelques heures avant leur mort, les saints martyrs Père Jean Roberts, moine bénédictin, et Thomas Somers, prêtre séculier. Elle les avait vus souvent les jours précédents et leur avait envoyé des tartes aux poires faites à la manière espagnole. Ils étaient confinés dans une affreuse cellule sans air ni lumière.

Pendant un emprisonnement de 8 à 10 mois, le bienheureux Père Roberts , s'était préparé à la mort avec un redoublement de dévotion et de tranquillité d'âme. Il avait été plusieurs fois incarcéré auparavant, mais jamais sous le coup d'une sentence capitale. Peu de jours avant qu'il fut conduit au tribunal, quelques-uns de ses compagnons de captivité pratiquèrent une ouverture dans le mur, par laquelle ils s'échappèrent, mais il ne voulut pas profiter de cette occasion, pensant que le pasteur devait a son troupeau l'exemple du courage et de la résignation. Il montra pendant le temps de son incarcération, l'humilité et la piété la plus profonde. Après son procès à l'audience, il fut renvoyé en prison, où il trouva Luisa qui l'attendait.

« Quand on vint le chercher pour entendre lire sa sentence, il était si faible et épuisé par une récente maladie, qu'il fut pris de tremblement au point que ses mains purent à peine boutonner son habit et nouer les cordons de son manteau. « Voyez comme je tremble », dit-il a Luisa. Elle le pria de se rappeler comment le grand capitaine lui-même avait tremblé en s'armant pour le combat, et avait dit que sa chair avait peur de son cœur. Le saint homme sourit et inclina la tête pour la remercier de ses paroles.

« Revenu du tribunal, il fut enfermé dans la partie du bâtiment occupée par les voleurs et les traitres. Afin de ne pas le laisser isolé une seule minute dans un moment aussi difficile, sa fidèle amie gagna les geôliers et obtint d'arriver jusqu'à lui. Non contente de ce résultat, elle augmenta les présents jusqu'à ce qu'on consentît à le transférer, par un passage secret, dans la partie de la prison où étaient relégués les autres catholiques. Son entrée fut saluée par des exclamations de joie de la part de tous ceux qui étaient rassemblés dans ce lieu, parmi lesquels bon nombre d'amis et de connaissances de Luisa étaient venus prendre congé de lui. Quand on annonça qu'ils allaient, lui et Mr Somers, mourir pour la foi, Luisa tomba à leurs pieds, les baisa avec la plus grande ferveur, leur souhaitant de la joie et exprimant son envie pour leur bonheur. « Je voudrais, disait-elle dans une lettre à un ami, malgré l'indignité et le mauvais choix de son représentant, montrer en quelle juste et haute estime la nation espagnole tient le nom et l'état de martyr, et exciter au plus haut point le courage de ces âmes héroïques si libres de la moindre teinte de présomption et de vaine gloire, et même de l'horreur qu'il serait bien naturel de ressentir à une mort telle que celle décrite par leur sentence. »
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