ACTES DE PLUSIEURS MARTYRS. A LYON.

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gabrielle
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ACTES DE PLUSIEURS MARTYRS. A LYON.

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ACTES DE PLUSIEURS MARTYRS.
A LYON, DU 23 OCTOBRE 1793 AU 15 MARS 1794.

On sait généralement la férocité avec laquelle Lyon fut traitée par la république. Son clergé et ses fidèles ne furent pas épargnés. En 1792, au mois d'avril, on signale des fustigations de femmes et de religieuses chez les Clarisses, rue Sala, à l'église des Pénitentes (aujourd'hui église Saint-François), aux églises des Collinettes, de la Déserte, à celle des Carmélites, montée des Chazeaux. Quelques mois plus tard, à l'imitation de ce qui s'était vu les 2 et 3 septembre à Paris, Lyon vit des massacres. Pendant la nuit du 8 au 9 septembre, on décida de visiter Pierre-Seize et ensuite les diverses prisons de la ville. A Pierre-Seize trois officiers furent massacrés ; à la prison de Roanne, un prêtre, M. Claude Reguy ; en se rendant de là à la prison de Saint-Joseph, un autre prêtre, M. Antoine Lanoix, fourvoyé dans la foule, fut massacré ; à Saint-Joseph, ce fut M. Claude Guillermet, coupé vivant en morceaux.

Les vertus, les souffrances et l'héroïsme de ce groupe de martyrs évoquent naturellement le souvenir des martyrs de l'an 177.

BIBLIOGRAPHIE. — J. Durieux, Tableau historique du diocèse de Lyon pendant la persécution religieuse de la grande Révolution française, d'après les monuments authentiques déposés dans les archives de l'archevêché, in-8°, Lyon, 1869. L'auteur n'a pas pris soin d'indiquer ses sources. Les mémoires qu'il arrange à sa manière sont à peine cités, le livre est dénué de toute valeur comme oeuvre scientifique. Nous transcrivons un mémoire publié par D'Hesmivy d'Auribeau, Mémoires pour servir à l'histoire de la persécution française, in 8°, Rome, 1795, t. I, part II, p. 1068-1084. Nous avons fait choix de cette notice entre quelques autres parce que, écrite à l'heure même du péril, elle en porte la marque dans les réticences et les omissions de noms propres, dans la crainte de compromettre. Ce caractère saisissant nous a paru de nature à donner la préférence à ces Actes. Pour la persécution à Lyon. on peut en outre consulter : M. Glover, Collection complète de jugements rendus par la Commission révolutionnaire établie à Lyon par les Représentants du peuple, in-fol., Lyon, 1869.

LES MARTYRS
TOME XI
La Révolution (1791-1794)
Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines
du christianisme jusqu'au XX° siècle
TRADUITES ET PUBLIÉES
Par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough

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gabrielle
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ACTES AUTHENTIQUES de la confession de foi et de la mort précieuse de plusieurs personnes condamnées à mort, en haine de la religion, sur la fin de 1793 et en 1794, à Lyon.

Dans les beaux jours de l'Église, où le sang des martyrs coulait de toute part, les fidèles se faisaient un devoir de communiquer à leurs frères les actes authentiques de la confession de foi et du martyre de ceux qui souffraient la persécution. C'est de là que nous sont venues les lettres célèbres des Églises de Lyon, de Vienne, de Smyrne, sur le martyre des SS. Pothin, Irénée, Polycarpe et de tant d'autres. Ces lettres particulières servaient à ranimer la foi, le courage et la ferveur des premiers fidèles. Ils y admiraient le triomphe de la grâce sur la nature, les victoires remportées par les généreux athlètes sur l'enfer et les ennemis de notre sainte religion.

Les mêmes motifs déterminent à donner aux catholiques, pour leur consolation, ce qu'on a recueilli de plus authentique sur la fin glorieuse de plusieurs. On croit devoir à l'édification des fidèles, de les assurer que presque tous ceux qui périrent d'après les jugements rendus eurent le bonheur de mourir dans le sein de l'Église catholique, apostolique et romaine et munis des secours spirituels que cette tendre mère offre à ses enfants. Beaucoup, avant de consommer leur sacrifice, ont confessé publiquement qu'ils mouraient pour la foi. On fut même obligé d'ordonner le silence le plus rigoureux à un grand nombre, pour ne pas irriter les juges, les autorités constituées et un peuple trompé qui s'étaient déclarés les ennemis de l'autel et du trône. Nous ne donnons point les actes de ceux dont la sentence n'a pas été directement prononcée contre leur catholicité, quoiqu'ils soient morts dans les sentiments les plus chrétiens et avec la plus parfaite résignation.


LES MARTYRS
TOME XI
La Révolution (1791-1794)
Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis les origines
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De Plantigni Ferrus, aide de camp.

M de Plantigni Ferrus, né Lyonnais, aide de camp pendant le siège de Lyon, fut condamné pour son grade ; mais le témoignage qu'il rendit à sa foi lui mérite une place dans ces actes. Son premier soin, avant d'être arrêté, fut de se confesser à un prêtre catholique. Interrogé par le tribunal militaire pourquoi il avait porté les armes : «Je les ai prises, répondit-il, en faveur de la religion catholique et de mon roi. » Cette réponse le fit condamner à mort. L'Eglise constitutionnelle existant encore, on proposa un prêtre de cette secte : « Non, je n'en veux pas, répliqua-t-il avec force, je suis catholique et j'ai mis ordre à ma conscience auprès d'un prêtre catholique avant d'être arrêté. » Pendant la route qu'il fit de Roanne (1) à Bellecour, il montra les plus grands sentiments de piété, et il ne cessait de dire hautement : « J'ai combattu pour ma religion et pour mon roi. » Arrivé où il devait être fusillé, on voulut lui mettre un mouchoir devant les yeux, selon l'usage : « Je n'en ai pas besoin, dit-il, un Catholique sait mourir avec fermeté pour sa foi. » Il mourut le 23 octobre 1793.


1. On verra plus tard que c'était le nom d'une prison.

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De Castillon, chanoine, vicaire général et promoteur diocésain.

M. de Castillon, prêtre, chanoine de Saint-Just, vicaire général du diocèse de Lyon, s'est montré zélé défenseur de la foi et de la discipline de l'Eglise. On n'a pas pu se procurer encore tous les détails de son interrogatoire et de sa mort. Tout ce qu'on sait de certain, c'est qu'il a été condamné comme prêtre inassermenté, et par conséquent en haine de la religion catholique. Il passa deux mois environ dans les caves de l'hôtel de ville, et il y travailla pour le diocèse, autant que les circonstances pouvaient le permettre. Il a existé plusieurs lettres de lui, où se peignaient admirablement sa fermeté, son courage, sa soumission à la volonté de Dieu, la vivacité de sa foi et sa résignation à la mort ; mais la plupart ont été brûlées pendant le règne de la terreur. Deux jours avant sa mort, il écrivit à...: « Je suis très tranquille. Je m'attends à la mort, je crois même que j'y suis destiné. Priez le Seigneur, et faites prier par les catholiques, pour qu'il me donne la force de confesser ma foi. Dieu répand les bénédictions les plus abondantes sur mon ministère, je travaille beaucoup... Vous savez ce que je veux dire. Je vais laisser le gouvernement du diocèse à..., car je crois que ma fin approche. Adieu : recommandez-moi aux prières de tous les prêtres et de tous les catholiques. »

Voilà les seuls détails assurés qu'on ait pu se procurer sur ce digne grand vicaire, dont le zèle était accompagné des plus aimables qualités du coeur et de l'esprit. Il mourut le 15 décembre 1793, avec cette paix et cette tranquillité que peut seul donner le témoignage d'une bonne conscience.
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Gagnière, veuve.

Mme Françoise B..., veuve Gagnière, fut un modèle de vertu, dès l'instant où la grâce triompha de son goût pour le monde. Depuis près d'un an, cette femme riche en nombreuses oeuvres, avait un violent pressentiment qu'elle serait guillotinée... Sa seule appréhension était de ne point avoir assez de courage pour confesser sa foi ; elle craignait même d'en rougir. C'est ce qu'elle disait fréquemment à quelqu'un qui avait toute sa confiance. Cette crainte était fondée sur la grande défiance qu'elle avait, d’elle-même. Quoiqu'elle fît tout pour Dieu, elle croyait toujours ne rien faire. Le Seigneur a voulu récompenser les rares vertus auxquelles elle s'était appliquée depuis plusieurs années, mais particulièrement la dernière de sa vie, ne s'attachant plus qu'à faire ce qui lui paraîtrait plus agréable à Dieu, et spécialement à mourir à tout et à elle-même.

Elle fut arrêtée le 4 novembre 1793 et conduite au comité général, où il ne se trouvait aucune dénonciation contre elle. Sa prison n'eut d'autre terme que celui de sa mort, le 18 décembre de la même année. On ne la condamna point pour ses biens, ainsi que plusieurs l'ont pensé. Son dénonciateur qui l'avait arrêtée, le comité général, les juges, le public lui-même, savaient que la grande fortune de son mari, mort ab intestat, était à ses enfants. Il n'y eut d'autre cause de sa condamnation que d'être catholique Son dénonciateur dit lui-même à sa domestique qui le priait de s'intéresser pour sa maîtresse : « Elle est fanatique », c'est-à-dire catholique, dans le sens de ces impies. Sa section (?), interrogée sur les causes de son arrestation, répondit : « Elle est fanatique, contre-révolutionnaire. »


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Dieu la préparait par divers événements à la mort glorieuse qui l'attendait. Dès les premiers jours d'octobre 1793, elle écrivait à son guide, dans une lettre où elle lui faisait connaître les dispositions de son âme et les faveurs qu'elle recevait en récompense de sa fidélité : « Je ne sais ce que le Seigneur demandera de moi, mais il me fait une grâce bien grande, celle d'être disposée à lui faire tous les sacrifices qui lui seront agréables, le sacrifice même de ce que j'ai de plus cher, celui de mes enfants. J'ai depuis longtemps le pressentiment, et vous le savez, que je ne mourrai que par la guillotine. Je suis prête à tout, Dieu sera mon aide. »

Depuis son entrée dans la prison jusqu'à sa mort, elle disait à une de ses intimes amies qui allait fréquemment la visiter : « Je ne sortirai d'ici que pour aller au supplice. Je ne crains qu'une chose, c'est que la tendresse que j'ai pour mes enfants ne me fasse rougir de ma foi ; mais j'espère que Dieu me donnera le courage de la confesser, s'il le faut. »


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L'avant-veille de sa mort, elle renouvela généreusement à Dieu le sacrifice de ses enfants, quelque pénible qu'il fût à la nature, car elle ne pouvait s'habituer à l'idée qu'elle ne veillerait plus à leur éducation, qui était, après son salut, l'unique affaire qui l'occupait. « Je suis tranquille, écrivait-elle à..., je suis tranquille, très contente, je suis soumise à tout ce que Dieu demandera de moi : je lui renouvelle le grand sacrifice que je lui fais chaque jour, de mes enfants ; car je suis persuadée que je ne sortirai de ma prison que pour aller à la mort. La volonté de Dieu soit faite. Priez-le bien qu'il me remplisse de force et de courage. »

Le 18 décembre, jour de sa mort, elle dit, une ou deux heures avant son interrogatoire, à une personne qui lui était très attachée, et qui fut la visiter : « Je suis fâchée que tu sois venue aujourd'hui. — Pourquoi donc ? — Parce que je vais être interrogée, et que je crois que tu apprendras des choses qui te feront bien de la peine. — Pouvez-vous avoir de pareilles idées ? — Oui, je te dirai que j'ai eu un songe cette nuit, que je n'avais plus que quelques heures à vivre. Je te recommande mes enfants, ne les abandonne pas ».


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Elle fut citée environ deux heures après. Les juges, n'ayant aucune connaissance des causes de son arrestation, avaient fait demander les motifs à sa section, qui répondit que la veuve Gagnière était fanatique contre-révolutionnaire. C'est sur cette simple accusation qu'elle fut condamnée ; et pour couvrir l'injustice d'un tel jugement, ils firent afficher qu'elle était jugée à mort, pour avoir volé 3.000 livres à ses enfants pour les frais de la guerre, tandis qu'il a été démontré, et qu'elle a dit hautement aux juges, qu'elle y avait tellement été forcée, que, pour défendre sa cause, elle s'était rendue deux fois malade ; tandis que par son bien particulier, quoique modique, elle pouvait donner cette somme, et que son dénonciateur l'avait accusée de fanatisme. Les juges, ne voulant pas même alors paraître la condamner à cause de sa religion, cachèrent aux yeux du public la cause de sa mort.

Mais il n'est pas moins certain que son catholicisme, généralement connu, fut le motif de l'arrêt prononcé contre elle à onze heures et demie du matin et qu'elle subit saintement à une heure après-midi.

Les enfants firent aussitôt toutes les démarches qu'inspire l'amour filial, pour conserver la vie à une mère si digne de leur tendresse. Ils se jetèrent aux pieds des juges qui, indignés sans doute de tant de fermeté, les repoussèrent avec dureté, leur disant dans leur fureur : « Retirez-vous, vous êtes bien heureux de ne pas être plus grands, vous y passeriez comme votre mère. »

Le sacrifice de sa vie ne cogita(?) pas à cette illustre héroïne; mais elle regrettait ses enfants qu'elle s'attachait à former à la piété, en ne se séparant jamais d'eux, et qui par sa mort se trouvaient privés d'une tendre mère et d'un exemple de vertu qui leur était plus utile encore que ses leçons. Elle renouvela cependant ce sacrifice, et alla recevoir sa couronne avec cette sérénité, cette tranquillité qui frappèrent tous les spectateurs et les plus grands ennemis mêmes de notre sainte religion. Elle eut jusqu'à sa mort une si grande présence d'esprit, qu'elle demanda en grâce au bourreau de lui laisser l'un des deux mouchoirs qu'elle portait sur son sein, faveur qu'elle savait n'avoir été accordée jusqu'alors à aucune, pas même à Mlle Pouthau, d'heureuse mémoire, qui ce même jour et la première remporta la palme. Mme Françoise veuve Gagnière fut immolée le 18 décembre 1794, âgée seulement d'environ 34 ans.


à suivre, Auroze, prêtre.
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Auroze, prêtre.

M. Pierre Auroze, prêtre habitué de Saint-Nizier, âgé de 42 ans, était connu par son zèle, sa charité, sa fidélité aux vrais principes et par sa vie édifiante. Il fut arrêté deux fois ; mais la première, il ne resta qu'un jour à l'hôtel commun, d'où un officier municipal ou un notable le fit sortir. « Pourquoi es-tu arrêté, lui dit-il ? — Parce que je suis prêtre. — Mais as-tu prêté le serment ? — Je n'en ai prêté aucun. » Il fut mis en liberté et accompagné par la même personne.

Il fut arrêté de nouveau le 14 novembre 1793 et conduit aux Recluses, où il demeura jusqu'à sa translation à l'hôtel commun pour y être interrogé. On demanda à sa section les motifs de son arrestation ; la haine qu'elle portait, ainsi que les autres sections, à la religion et aux prêtres, se fit connaître dans sa réponse. N'ayant aucune dénonciation à faire contre lui, elle répondit : « Il est prêtre, c'en est assez. »

Ce digne ministre de notre sainte religion, interroge sur son état, répondit : « Je suis prêtre — As-tu prêté le serment ? — Non. — Veux-tu le prêter ? — Non. — Veux-tu donner tes lettres de prêtrise ? — Ma conscience me le défend. — A la cave de mort. »

Ce fut là qu'il employa au salut de ses frères le peu de temps qui lui restait à vivre. Il confessa plusieurs des condamnés, deux entre autres qui avaient été l'un et l'autre persécuteurs des catholiques, dans le temps qu'existait l'Église constitutionnelle. Il entreprit leur conversion et Dieu bénit ses travaux. Tous les deux écrivirent à leurs épouses, en leur annonçant leur heureux retour, avouant leurs erreurs et reconnaissant combien ils étaient coupables d'avoir persécuté la religion et les catholiques. « C'est à M. Auroze, prêtre de Saint-Nizier, que nous devons notre retour. Que nous sommes malheureux d'avoir été si aveugles ! Nous désirerions réparer le scandale que nous avons donné. » Ils consolent leurs femmes, leur annoncent qu'ils sont contents, qu'ils ont mis ordre à leur conscience, qu'ils meurent dans le sein de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, grâce aux soins de ce prêtre que le Seigneur leur a envoyé dans sa miséricorde.

Le généreux confesseur vit un instant quelqu'un de sa famille à travers les barreaux de la cave et lui dit quelques paroles de consolation et de courage. Il écrivit aussi à ses parents une lettre que nous savons être remplie d'édification et d'une sainte joie, mais elle ne nous est point encore parvenue. Il s'approcha de la mort avec une paix inaltérable. Dans l'ardeur de sa prière, on lui entendit prononcer distinctement ces paroles : « Mon Dieu, je vous offre ma mort en expiation de mes péchés ; mon Dieu, je vous recommande mon âme. » C'est dans ces beaux sentiments qu'il donna sa vie pour la foi, le 21 décembre 1793.
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Auroze, négociant.

M. Claude Auroze, négociant, était un de ces fervents catholiques qui ne s'étaient jamais démentis. Il avait toujours singulièrement aimé les pauvres, et leur faisait de très grands biens. Il accompagnait toujours ses aumônes de quelques paroles de consolation et d'encouragement. Il a rendu pendant le schisme beaucoup de services à nombre de personnes ; mais la prudence ne nous permet pas de les révéler encore.

Il fut arrêté le 4 novembre 1793 et il demeura en prison jusqu'au 18 janvier. Dans cet intervalle, il subit deux interrogatoires sur les matières purement civiles et fut mis avec ceux qui devaient être délivrés. Mais sa section, qui voulait sa mort, écrivit au moins cinq lettres pour l'obtenir.

L'avant-veille de son élargissement, il fut cité de nouveau devant les juges qui avaient reçu de la section une dénonciation qui lui mérita le bonheur de répandre son sang pour Jésus-Christ. « N'étais-tu pas à une certaine prière faite à Saint-Nizier par un fanatique ? — Je n'y étais pas, citoyen. — Mais cependant tu te trouvas dans le temps du bruit ? — Oui, je m'y rendis. — Pourquoi y étais-tu ? — Pour sauver la vie à mon semblable, à un second moi-même. — Tu es donc fanatique ? — Je serai tout ce que tu voudras, mais je suis catholique. — A la cave de mort. »

On l'y conduisit aussitôt et, après avoir écrit un billet à un de ses amis, il était de la plus parfaite tranquillité. Le lendemain, comme on les conduisait tous au supplice, un Parisien dit en pleine cour de l'hôtel commun : «Voyez comme ils vont avec gaieté à la mort ! » M. Auroze répondit hautement : « Il n'y a aucune raison de s'attrister quand on va à la mort pour sa foi. » Il possédait tellement son âme en paix pendant la route qu'il avait à faire jusqu'à l'échafaud, qu'il rendit deux fois, avec son air ordinaire, le salut à quelqu'un de sa connaissance. Ce fut avec une admirable sérénité et cette foi vive qu'il consomma son sacrifice le 18 janvier 1791, âgé de 60 ans.
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