La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété

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InHocSignoVinces
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La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété

Message par InHocSignoVinces »

La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété.


Ce n'est pas un sujet mineur, mais essentiel en effet.

Ces citations sont extraites de LES DEGRES DE LA VIE SPIRITUELLE, Méthode pour diriger les âmes suivant leurs progrês dans la vertu, par l'Abbé A. SAUDREAU, 1905.

Ce n'est pas une nouveauté d'établir parmi les âmes chrétiennes une classification fondée sur leur degré plus ou moins élevé de perfection.
Déjà, dans l'antiquité, l'auteur des œuvres qui portent le nom de Denys l'Aréopagite posait en principe qu'il fallait reconnaître, dans
le travail de formation d'une âme par la grâce, trois phases successives
: l'état de purification, l'état d'illumination et l'état de perfection.

(...)

Au moyen âge, la même distinction devient
classique parmi les théologiens. Reprenant les
termes de Denys, ils distinguèrent la voie purgative
ou des commençants, la voie illuminative
ou des avancés et la voie unitive ou des parfaits.


(...)

Les auteurs mystiques se sont plu, eux aussi,
à diviser en des catégories distinctes les justes
qui vivent sur la terre.

Sainte Catherine de Sienne indique, dans son Dialogue,
les étapes que l'on rencontre au chemin de la perfection. Dans
cette sorte d'ascension de l'âme vers Dieu, elle compte trois degrés
et elle y ajoute plus tard un degré supérieur, qui n'est autre que
l'union parfaite et consommée, ou le mariage mystique.


Saint François de Sales, dans son Traité de l'amour de Dieu
(L. X., ch. iv), divise les serviteurs de Dieu en quatre classes. Richard
de Saint-Victor
distingue trois degrés de la charité. Sainte
Thérèse,
dans son livre du Château intérieur, traite plus
longuement et plus explicitement cette question, et son génie naturel,
sa grande expérience, les lumières surabondantes que Dieu lui
communiquait, nous ont valu un vrai chef-d'œuvre.


Si ce n'est point une nouveauté de classifier de
la sorte les états d'âme par où passent ceux qui
travaillent à leur perfection, ce n'est point non
plus une chose vaine et superflue. S'il en était ainsi,
les Pères, les théologiens, les auteurs mys-
tiques n'auraient pas insisté sur ce point comme
ils l'ont fait.
D'ailleurs cette description des
phases successives de la vie ascétique forme toute une
psychologie spirituelle , dont l'étude est aussi
instructive qu'intéressante. Et puis n'est-il pas
« certain que les commençants et les parfaits
doivent être conduits par des règles diffé-
« rentes 1 »
?


1. Articles d'Issy rédigés par Bossuet, Fénelon et Tronson, n° 34.


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InHocSignoVinces
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Re: La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété

Message par InHocSignoVinces »

Pour sagement diriger les âmes, il importe beaucoup de tenir compte du degré de perfection qu'elles ont acquis. « La grâce des commençants, dit le Père Grou (Manuel des âmes intérieures, p. 71), n'est pas la même que celle des personnes avancées, ni celle des personnes avancées la même que celle des personnes consommées en perfection. Telle disposition, qui est bonne dans un commençant, ne le serait pas dans quelqu'un de plus avancé; telle pratique convient dans un état, qui ne convient plus dans un autre. » Sainte Thérèse faillit s'arrêter dans la voie de la perfection parce qu'un prêtre, du reste bon et zélé, Gaspar Daza, voulait l'y pousser trop vite; beaucoup d'autres, au contraire, sont demeurées dans une regrettable médiocrité, qui se seraient élevées très haut si on leur avait appliqué les règles qui conviennent aux âmes généreuses et déjà avancées.


Comment faut-il établir cette classification ?

Il y a d'abord la distinction classique des trois voies qu'il serait téméraire de rejeter. Nous
l'adopterons comme base. Mais cette classification est bien large et les auteurs spirituels ont imaginé
d'autres distinctions plus détaillées ; pour ces subdivisions nous croyons ne pas pouvoir prendre
de meilleur guide que sainte Thérèse, non seulement parce que son autorité en matière
spirituelle est de premier ordre,
mais aussi parce qu'elle a traité longuement et explicitement
cette question dans ses Demeures ou Château intérieur. La doctrine des autres maîtres
de la vie spirituelle viendra, du reste, souvent confirmer et compléter l'enseignement de cette grande Sainte.



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InHocSignoVinces
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Re: La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété

Message par InHocSignoVinces »

Les âmes dissipées et sensuelles, leur vie purement naturelle


« Il y a, dit sainte Thérèse (Château inté-
rieur,
chap. 1.) un grand nombre d'âmes qui
n'habitent que dans l'enceinte extérieure du
château, elles ne se mettent nullement en peine
de pénétrer dans l'intérieur »,
c'est-à-dire,
selon l'explication de la Sainte, elles ne rentrent
jamais en elles-mêmes
1. « Ces âmes qui ne
s'exercent en aucune manière à l'oraison »
(la
Sainte entend par là — elle le déclare elle-même
— toutes sortes de considérations et réflexions
sur les choses de la foi) « ressemblent à un corps
paralysé, qui a des pieds et des mains mais ne
peut plus les remuer.
Elles sont si malades, si
« habituées à vivre dans les choses extérieures,
qu'elles sont inguérissables; il semble qu'elles
ne peuvent plus rentrer en elles-mêmes. Elles
se sont si bien habituées à vivre avec les rep-
tiles et les animaux qui sont autour du château,
qu'elles sont devenues comme l'un d'eux. Elles
qui ont reçu en partage une si noble nature et
le pouvoir de s'entretenir avec leur Dieu, elles
ont par leur faute perdu ce pouvoir. "



1. V. infra, n" 31.


Il y a donc des âmes qui ne vivent que de la vie animale, de la vie des sens, chez qui l'esprit chrétien est fort peu développé, et qui, comme le déclare encore la Sainte, sont fort exposées à se perdre.


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InHocSignoVinces
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Re: La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété

Message par InHocSignoVinces »

Ils sont nombreux les chrétiens de cette catégorie,
même dans les bonnes paroisses. A première vue ils ne se
distinguent guère des vrais fidèles : le même couvert de
religion enveloppe les uns et les autres, comme le même uniforme
les braves et les lâches.
Mais si les mauvais soldats n'ont du soldat
que l'habit, pour les personnes dont nous parlons, la religion semble
aussi se réduire aux rites purement extérieurs, elle ne pénètre pas
jusque dans le fond de l'âme, dans l'intime des sentiments et des
idées, elle exerce très peu d'influence sur la conduite de la
vie.



Il peut se faire que, grâce à une bonne éducation, à un heureux tempérament, ou à d'autres
circonstances favorables, ces personnes se trouvent préservées des vices et des défauts trop
sensibles, et qu'elles soient relativement bonnes; le monde peut les juger favorablement, et l'on en
rencontre, en effet, qui ne méritent pas de très grands reproches.



Cependant il en va rarement de la sorte, la plupart
commettent de temps à autre, publiquement ou
en secret, des fautes graves.
Quand vient
le moment de se confesser pour communier, par
exemple à l'approche de Pâques, elles ont encore
assez de foi pour exciter en elles une contrition
rigoureusement suffisante et se relever momentanément;

mais leur bonne volonté est si faible, les grandes vérités,
à la pensée desquelles elles ne s'arrêtent presque
jamais, font sur elles si peu d'impression, que l'on
a souvent lieu de douter de leur repentir et que
les rechutes sont pour ainsi dire inévitables.



En fait de pratiques chrétiennes , ces personnes
ne gardent que l'essentiel : l'assistance à la messe
du dimanche, de rares prières, faites avec bien peu
de recueillement.
Les lectures pieuses, les exercices
de dévotion ne leur inspirent que du dégoût ;
du reste, absorbées par des préoccupations toutes
matérielles, elles n'y songent pas. Ce n'est point
dans cette sphère que s'agite leur esprit, et si une
influence extérieure vient à les amener dans la
région des choses spirituelles, elles s'y trouvent
comme dépaysées et n'y font pas longue demeure.



Les pensées ordinaires de ces âmes, les désirs
qu'elles forment le plus habituellement, leurs
préoccupations, les rêveries qui hantent leur
imagination, tout cela est purement naturel ;
jamais ou presque jamais de réflexions plus sérieuses
inspirées par la foi; point de désir de s'amender.

Si elles ont quelque vertu, si elles savent parfois
faire abnégation d'elles-mêmes, se dévouer pour
leurs proches ou leurs amis, ce n'est point qu'elles
suivent les inspirations de la grâce ; elles obéissent
à l'instinct de la nature ou à des considérations
tout humaines. Si elles combattent leurs défauts,
c'est bien plus pour des motifs humains que dans
des vues chrétiennes ; bien plus pour s'épargner
les accidents fâcheux, suite ordinaire du péché,
que pour éviter d'offenser Dieu.



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Re: La grande importance de la direction spirituelle dans la formation de la piété

Message par InHocSignoVinces »

De loin en loin , la grâce leur inspire quelques
bons mouvements, leur foi se réveille; une cérémonie
brillante, une occasion extraordinaire fera naître en
elles de bons sentiments. De même, après leurs fautes,
surtout si elles sont tombées dans quelque faute nouvelle
ou plus grave, elles sentiront des remords;
mais en dehors
de ces circonstances, dans l'ordinaire de la vie, elles n'en-
tendent guère cette voix intime de Dieu , dont le doux
murmure exige le calme et le recueillement —
non in commotione Dominus
(3 Reg. xiv, 11).

Le Seigneur ne parle guère au milieu du trouble
et du bruit, et ces âmes, toutes livrées à la dissipation,
ne sont guère capables de l'écouter.



C'est donc à peine une vie chrétienne que celle de ces malheureuses âmes; la foi reste bien au fond de leur cœur, mais elle y demeure comme engourdie, leurs jours sont vides devant Dieu et leur salut est en grand péril. Elles peuvent être maintenues dans cet état par les circonstances
extérieures; si elles sont entourées de personnes chrétiennes, préservées du contact des compagnies mauvaises, éloignées des occasions dangereuses, elles ne donneront pas dans de grands écarts. Mais que ces secours extérieurs viennent à leur manquer, qu'elles soient par exemple transplantées dans un milieu indifférent ou impie, vite elles perdront leurs bonnes habitudes, délaisseront leurs pratiques religieuses, et seront bientôt semblables à ceux qui les entourent.



(...)


Comment on peut inspirer à ces âmes de meilleures dispositions.


Comment faut-il s'y prendre pour tirer ces âmes de leur dissipation et leur inspirer quelques
désirs de vie chrétienne ? Disons, une fois pour toutes, que les deux grands moyens signalés
plus haut comme indispensables quand il s'agit de la conversion de pécheurs invétérés,
la prière et la pénitence, sont toujours les plus puissants pour faire du bien aux âmes, à quelque degré de la vie spirituelle qu'elles soient parvenues, et donneront à tous les autres moyens qu'on pourra employer une bien plus grande efficacité.



Pour ces personnes plongées dans la vie des sens, le directeur ne devra jamais oublier qu'elles ne voient pas la vérité aussi clairement que lui, aveuglées qu'elles sont par les passions; il faut donc éviter de leur présenter certaines considérations excellentes en soi et de nature à produire une bonne impression sur des âmes plus avancées, mais au-dessus de la portée de celles-ci. Avant tout, on doit chercher à les éclairer; pour cela leur rappeler souvent les grandes vérités : le ciel, l'enfer, la bonté de Dieu et sa providence si paternelle, l'amour qui éclate dans l'Incarnation, l'Eucharistie, la Passion; insister sur l'importance du salut, le néant de la vie qui est si peu de chose en face de l'éternité. C'est ainsi que saint Ignace convertit saint François Xavier, en lui répétant prudemment et aimablement, mais avec insistance, ces paroles de Notre-Seigneur : « Que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme ? "
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