Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Luçon

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Laetitia
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Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Luçon

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Lettre pastorale de Monseigneur l'Évêque de Luçon, Jacques-Marie-Joseph Baillès, approuvant un ouvrage intitulé : Dévotion au glorieux saint Joseph, imprimé à Luçon en 1854.
Monseigneur l'Evêque de Luçon a écrit :JACQUES-MARIE-JOSEPH, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège Apostolique Évêque de la sainte Église de Luçon, AU CLERGÉ ET AUX FIDÈLES DE NOTRE DIOCÈSE, Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

L'incomparable patriarche saint Joseph, fils de David, honoré du titre de père de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1), époux de la très-sainte Vierge Marie, a été associé d'une manière si ineffable au mystère de l'Incarnation du Verbe et de la rédemption du monde, qu'il résume en lui des prérogatives, des faveurs, des grâces, des gloires dont les esprits créés ne pourront jamais pénétrer toute l'étendue.

Il entre avec Jésus et Marie dans l'ac­complissement des décrets éternels de Dieu pour le salut du genre humain; il est préparé dès l'origine du monde pour ces hautes destinées; et la suradorable Trinité, en formant le coeur de Jésus et en façonnant le coeur de Marie sur le mo­dèle de son divin Fils, fait le coeur de Joseph aussi ressemblant à celui du fils et de la mère que peuvent le permettre la gloire divine du Fils et la gloire incom­municable de la Mère.
Bien plus, le Père éternel verse par torrents dans ce grand coeur la pure et sainte fécondité de son adorable pater­nité, les virginales et intimes communi­cations de la société incompréhensible des trois personnes divines; afin que, par le plus grand des prodiges, la virginité de saint Joseph devienne féconde (2), que son ineffable pureté soit la gardienne de la pureté même, et qu'il soit le Père de Jésus et l'Époux de Marie.


(1) S. Luc, II, 48; III, 23; IV, 22.
(2) S. August., serm. LI, de Concord. Matth. et Luc., n. 30 et suiv., t. V, col. 298, 299.
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Laetitia
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Monseigneur l'Evêque de Luçon a écrit :Saint Augustin ne veut point qu'on mette de différence entre la réalité de ces deux titres d'Époux et de Père (1). « Joseph est juste, dit-il, Marie est juste; or l'Esprit-Saint, se reposant sur la justice de l'un et de l'autre, donne un fils à l'un et à l'autre (2). Il forme dans les chastes entrailles de Marie, qui doit être la Mère de Dieu. Celui qui, en naissant, devient ainsi le Fils de Joseph (3). » Car « la très-grande pureté de Joseph est une preuve plus forte de sa paternité (4). Joseph est d'autant plus incontestablement père, qu'il le devient par une chasteté plus parfaite (5).
Le Docteur de la grâce fait consister cette paternité de saint Joseph dans son ineffable piété et son incomparable charité envers Jésus (6). Or, cela posé, tâchons de pénétrer dans les gloires les plus, sublimes du Père du Sauveur.


(1) Sicut caste maritus, sic caste pater est. (S.Aug., serm. LI, de Concord. Matth. et Luc., n. 30 et suiv., t V, col. 298, 299)
(2) Justus ergo vir, justa femina; Spiritus sanctus in amborum justitia requiescens, ambobus filium dedit. (Ibid.)
(3) (Ibid.)
(4) Major puritas confirmet paternitatem. ( Ibid.)
(5) Quare pater ? Quia Canto firmius pater, quanto castius pater. ( Ibid. col. 299.)
(6) Pietati et caritati Joseph natus est de Maria Virgine Filius. ( S .Aug., serm. LI, de Concord. Matth. et Luc., n. 30 et suiv., t. V, col. 298, 299.) Omnino pater non carne, sed caritate firmatur. (Ibid.)
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Laetitia
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Re: Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Luçon

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Monseigneur l'Evêque de Luçon a écrit :Vous connaissez tous ... ce mot célèbre du saint évêque d'Hippone : « Marie a été plus heureuse en recevant la foi de Jésus-Christ qu'en concevant la chair de l'Homme-Dieu (1): » témoignage qui repose sur la parole même du divin Sauveur (2); en sorte que cet admirable docteur ne craint pas d'ajouter « que la parenté maternelle n'aurait servi de rien à Marie, si elle n'eût porté plus heureu­sement Jésus-Christ dans son coeur que dans sa chair (3); et que c'est par sa ma­ternité spirituelle que Marie réunit plus de gloire et plus de vraie béatitude (4). »

Raisonnant d'après ces principes, et distinguant en Marie la maternité spiri­tuelle et la maternité corporelle, mais de telle sorte que la première est incompa­rablement au-dessus de la dernière, c'est ici que nous trouvons le plus grand et le plus solide éloge de notre saint Patriarche; car,s'il a été dépourvu, comme il le fallait, de la paternité corporelle, il a été doué merveilleusement de la paternité spiri­tuelle, qui est la plus excellente. « A cause, dit encore saint Augustin, de son union conjugale avec Marie, union dont la fidé­lité fut si grande, ils méritèrent l'un et l'autre d'être appelés le Père et la Mère de Jésus-Christ; en sorte que Marie fut non seulement sa Mère, mais que Joseph fut encore son Père, comme l'Époux de Marie. Mais l'un et l'autre furent les parents de Jésus par l'esprit; de telle sorte néan­moins que Joseph n'est le Père de Jésus que par l'esprit, tandis que Marie l'est par l'esprit et par la chair (5)


(1) Beatior Maria percipiendo fidem Christi, quam concipiendo carnem Christi. ( De S. Virginit., c. 3, t. VI, col. 341.)
(2) S. Luc., XI, 28.
(3) Materna propinquitas nihil Mariae profuisset nisi felicius Christum corde quam carne gestasset. (lb.)
(4) Hinc enim Maria et laudabilius atque beatius Christi mater est. (Ibid.)
(5) Propter quod fidele conjugium parentes Christi vocari ambo meruerunt , et non solum illa mater, verum etiam ille pater ejus, sicut conjux matris ejus, utrumque mente non carne, sive tamen ille pater sola mente, sive illa mater et carne. ( De Nupt. et Concup., lib. I,c. 11 , n. 12, t. X, col. 282.)
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Re: Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Luçon

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Monseigneur l'Évêque de Luçon a écrit :Réunissons donc ... tout ce que nous pourrons imaginer de grâces, de grandeur, de gloire pour former en saint Joseph une paternité spirituelle qui soit en rapport avec la maternité spiri­tuelle de Marie, et nous parviendrons à nous faire une idée bien grossière, il est vrai, mais un peu moins incomplète des sublimes perfections de celui qui devait être appelé le Père de Jésus-Christ.

Saint Joseph est donc participant de la maternité divine, c'est-à-dire du titre le plus glorieux qui puisse être communiqué à une pure créature; et si Marie est au-dessus de tout ce qui est créé, comme Mère de Dieu, quelle ne doit pas être la gloire de Joseph, à qui la sainte Écriture décerne le titre de Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?

Combien le Fils de Dieu fait homme ne s'est-il pas plu à rapprocher du trône de la Mère celui auquel il donnait le doux nom de Père, et qui pouvait, d'une ma­nière aussi prodigieuse que vraie, lui donner la qualité de Fils !

Il me semble voir toutes les hiérar­chies célestes contempler avec respect, et combler d'honneur et de gloire dans l'éternité cet heureux Père, cet heureux époux, à qui le Fils de Dieu et la Mère de Dieu ont été soumis et obéissants.
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Monseigneur l'Evêque de Luçon a écrit :Les Séraphins trouvent dans son coeur embrasé d'amour des ardeurs qui augmen­tent la flamme dont ils sont eux-mêmes consumés; les Chérubins contemplent la plénitude et la perfection de la science et des lumières de ce saint Patriarche, et ils rencontrent dans ce chérubin de la terre de divines clartés qui semblaient ne pouvoir rayonner qu'au plus haut des cieux ; les Trônes ne cessent point d'admirer celui qui, encore placé sur la terre, y a porté et y a soutenu son Dieu avec le plus complet détachement de toutes choses, et dans l'exercice continuel de la plus sublime contemplation.

Les hiérarchies angéliques sont créées surtout pour le ciel : Joseph les remplacera sur la terre. Il remplira seul avec Marie, d'une manière suréminente, toutes les fonctions de ces armées de la Jérusalem d'en haut. Séraphin, chérubin et Trône de la nouvelle alliance, dans les élans continuels de son amour, de sa vision fortunée et de sa prodigieuse sainteté, il s'élève par delà tous les esprits célestes, pour ne s'arrêter, à l'exemple de la Reine de ces sublimes intelligences, que dans le coeur de son divin Fils, où il aime, contemple et se repose comme le Père de Jésus, comme l'Époux de Marie.

Aussi, comment se représenter la gloire dont il jouit ? Les Dominations sont ravies de rencontrer un si grand empire au-dessus de toutes les choses terrestres en celui qui a été investi de si peu d'autorité aux yeux des hommes; les Vertus célèbrent l'énergie et la force d'âme inébranlable de celui qui, au sentiment de plusieurs saints docteurs, sanctifié avant sa naissance, fut dès ce moment solidement affermi dans la pratique des plus héroïques vertus; les Puissances bénissent Dieu d'avoir réuni tant d'autorité et de modération, de force et de douceur, de pouvoir et d'obéissance dans le même cœur; et les Principautés ne se lassent point d'admirer de quelle dignité, de quel honneur, de quelles prérogatives est investi auprès de Dieu celui qui fut si peu considéré, si peu estimé des hommes.

Les Archanges se prosternent devant le chaste et virginal Époux de Marie. Gabriel ne pénètre point sous le toit béni de la maison de Nazareth sans envier le bonheur de celui que Dieu a si intimement uni à la Reine des hiérarchies angéliques, de l'Époux qui a été donné du ciel à la femme bénie entre toutes les femmes (1), à celle qui doit écraser la tête du dragon infernal (2). Il admire le pouvoir de celui dont le consentement présumé doit précéder l'Incarnation du Fils de Dieu, et sans lequel ne peut désormais s'opérer la rédemption du monde. Les Anges sont dans l'étonnement à la vue des services que Joseph aura le bonheur de rendre pendant toute sa vie à Jésus et à Marie; ils reconnaissent en lui l'apôtre chargé de la mission de transporter Jésus-Christ (3), l’ange de la nouvelle alliance, député pour nourrir son Créateur, pour entretenir son Dieu, pour vêtir sa Providence, pour garder, protéger et défendre le Tout-Puissant , pour porter Celui qui porte le monde, pour contempler Celui qui fait le bonheur des saints, pour couvrir de ses baisers et de ses caresses, par le privilège d'un père sur son fils, le Verbe de Dieu fait homme pour nous, enfin pour être le sauveur de son propre Sauveur.


(1) S. Luc, I, 28.
(2) Genèse, III, 15.
(3) S. Hilar., in Matth., cap. 2, n.1, p. 614.
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Re: Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Luçon

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Monseigneur l'Evêque de Luçon a écrit :On se perd ... au milieu de tant de mystères; on est ébloui de tant de gloire, et l'on comprend que ni le lan­gage des hommes ni celui des anges ne peut s'élever à des hauteurs aussi inaccessibles à tout ce qui est créé.

Joignons- nous donc aux hiérarchies célestes, que le Fils a établies dans la maison de son Père et qu'il a chargées de former la cour de celui à qui il a voulu se rendre soumis et obéissant ; et offrons par elles à l'époux de Marie, à ce glo­rieux prince du ciel, nos prières, nos voeux, nos supplications et nos hom­mages.

Joignons-nous à ces choeurs de la mi­lice angélique, qui considérèrent avec admiration, à Bethlehem, dans un saint ravissement, la contemplation sublime, les extases ravissantes, les divines ardeurs de l'artisan de Nazareth.

Joignons-nous à Marie occupée à con­templer la perfection ineffable de son Époux et à recueillir dans son coeur, pour s'en nourrir sans cesse (1), les exemples d'une vertu qui se maintient toujours à une hauteur suréminente, et qui n'a rien de nos faiblesses et de nos tristes vicissi­tudes dans la ferveur.

Joignons-nous à Jésus se communi­quant à son Père avec toutes ses grâces et sa vérité (2), lui ouvrant tous les trésors de son coeur, et l'assistant lui-même avec Marie à son heure dernière, pour que la mort de Joseph fût le plus doux des som­meils et le passage de la contemplation de la terre à la contemplation céleste, qu'il lui avait préparée même pour les jours de l'attente.

Dans tous les siècles de l'Église, Jésus-­Christ n'a pas cessé de dire au coeur des âmes pieuses : Allez à Joseph, allez à mon père, et faites tout ce qu'il vous dira (3).

(1) S. Luc, II, 19.
(2) S. Jean, I, 14,17.
(3) Genèse, XLI, 55.
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Re: Lettre pastorale de Mgr l'Evêque de Luçon

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Monseigneur l'Évêque de Luçon a écrit :Notre siècle semble avoir re­cueilli plus spécialement les bénédictions attachées à cette parole prophétique, de­puis que l'immortel confesseur, le glo­rieux pontife Pie VII, a ouvert avec tant de libéralité, devant le sacerdoce et les simples fidèles, les trésors de l'Église en faveur de ceux qui invoquent ce saint Patriarche.
Ces faveurs apostoliques ont dû con­tribuer bien puissamment à augmenter la dévotion à l'égard de saint Joseph, sur­tout après que la solennité de son Patro­nage a été étendue à toute l'Église par le grand pape Pie IX, qui occupe si glo­rieusement la chaire de saint Pierre; et que plusieurs autres faveurs insignes ont été accordées par le Saint-Siège à ceux qui sont dévots à l'Époux de Marie.
Ce saint Patriarche remplit donc bien ... la signification de son nom (1), puisque sa dévotion prend tou­jours de nouveaux et merveilleux accroissements dans le coeur des fidèles, et dans les pratiques de la piété chrétienne. Comment en serait-il autrement? Si Jésus ne rougit pas de nous appeler ses frères (2), s'il nous a donné Marie pour Mère (3), Joseph est donc par un double titre notre Père; et combien ne devons-nous pas l'aimer en qualité de ses enfants !
...

Ô Joseph ! vos grandeurs sont ineffa­bles; votre pouvoir sur les coeurs de Jésus et de Marie dépasse tout pouvoir. Dans le mois que la piété des fidèles vous a con­sacré, vous êtes le distributeur des faveurs célestes, et les dons précieux de la grâce et des vertus chrétiennes passent par vos mains bénies pour descendre jusqu'à nous. Soyez invoqué, exalté, loué, glori­fié par tous nos bien-aimés diocésains, dans cette Église de Luçon, consacrée à la très sainte Vierge, votre Épouse. Que tous viennent à vous, qu'ils accourent à votre trône, qu'ils invoquent votre toute-puissante protection, afin de vivre sainte­ment et de mourir délicieusement comme vous entre les bras de Jésus et sous les yeux de Marie.

Donné en cours de visite pastorale, à Pouzauges, en notre résidence au presby­tère, sous notre seing et le sceau de nos armes, et sous le contre-seing de notre secrétaire, le 25 février de l'an de grâce 1854.
Jac.-Mar.-Jos., Évêque de Luçon.
Par Mandement de Monseigneur,
G. CALLOT, Chanoine honoraire, secrétaire.


(1) Gen., XLIX, 22.
(2) Ép. aux Hébr , II, 11.
(3) S. Jean ,XIX, 27.
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