Famille de Saint Basile

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gabrielle
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Re: Famille de Saint Basile

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Sainte Emmélie dut à ses prières la naissance de son fils Basile; mais à peine était-il au monde, qu'il causa de vives alarmes à la tendresse de sa famille. Il fut attaqué d'une maladie dangereuse que les médecins jugèrent incurable, Le rétablissement de sa santé fut regardé comme le fruit des prières que l'on avait faites pour lui. Nous apprenons ces particularités de saint Grégoire de Nysse.

On l'envoya, dès son enfance, chez sainte Macrine l'Ancienne, son aïeule, qui demeurait à la campagne, auprès de Néocésarée, dans le Pont : ce fut là qu'il puisa les premiers principes de vertu. « Je n'ai jamais oublié », disait-il depuis, « les fortes impressions que faisaient sur mon âme encore tendre les discours et les exemples de cette sainte femme ». Son père, qui passait la plus grande partie de sa vie dans le Pont, et qui était l'ornement de cette province, autant par sa piété que par son éloquence, se chargea lui-même de lui enseigner les premiers éléments de la littérature; et il le fît jusqu'à sa mort, arrivée peu de temps après la naissance de saint Pierre de Sébaste. Le jeune Basile fut alors envoyé à Césarée, où les sciences étaient très-florissantes ; il s'y distingua au-dessus de ceux de son âge par la rapidité de ses progrès, et il s'attira en même temps par sa régularité et par sa ferveur l'admiration de toutes les personnes qui le connaissaient. II était, dit saint Grégoire de Nazianze, " au-dessus de son âge par son instruction, au-dessus de son instruction par la fermeté de ses mœurs : rhéteur parmi les rhéteurs, même avant de s'asseoir devant les chaires des sophistes ; philosophe avant les dogmes de la philosophie, et, ce qu'il y a de plus grand, prêtre pour les chrétiens avant le sacerdoce ».
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gabrielle
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Les plus habiles maîtres de Césarée n'ayant plus rien à lui apprendre, ses parents le firent partir pour Constantinople, où Libanius, le plus célèbre rhéteur de son temps, et l'un des premiers hommes de l'empire, donnait des leçons publiques avec un applaudissement universel 1. Ce grand maître sut distinguer Basile dans la foule de ses disciples ; il ne pouvait se lasser d'admirer en lui les plus heureuses dispositions pour les sciences, jointes à une modestie rare et à une vertu extraordinaire. Il dit, dans ses Épîtres, qu'il se sentait comme ravi hors de lui-même toutes les fois qu'il entendait Basile parler en public. Il entretint toujours depuis avec lui un commerce de lettres, et il ne cessa de lui donner des marques de cette haute estime et de cette vénération profonde qu'il avait conçues pour son mérite 2. De Constantinople, Basile se rendit à Athènes, dans le dessein d'y puiser de nouvelles connaissances 3. Cette ville avait toujours été regardé comme le temple des muses depuis Périclès. On s'y rendait de toutes parts pour se former a cette pureté de langage et à cette élégance antique qui ont rendu si célèbres les bons écrivains de la Grèce 3.


1. Libanius, païen de religion, enseigna la rhétorique à Constantinople, à Nicomédie et à Antioche. Il fut singulièrement honoré da Julien. l'Apostat. Il survécut à l'empereur Théodose, qui l'éleva à la dignité de préfet du prétoire. Nous avons encore de lui des Épitres, des Oraisons et des Déclamations, où l'on trouve de fréquentes invectives contre l'empereur Constantin le Grand et contre la religion chrétienne.

2. Libanius, ap. S. Basil., Ep. 145, 132.

3. Saint Basile fait une excellente remarque clans sou traité de Legendis gentilium libris. L'Écriture et les maximes de la vie éternelle doivent, dit-il, faire la principale étude des chrétiens; mais il ne faut pas conclure de la que l'éloquence et les autres parties de la littérature leur soient inutiles; on doit au contraire les regarder comme les feuilles qui servent aux fruits d'ornement et de protection. Partant de ce principe, il veut que l'on prépare la jeunesse à l'étude sublime des oracles sacrés, par la lecture réfléchie des meilleurs poètes et des meilleurs orateurs de l'antiquité profane, il ordonne en même temps que l'on use de discrétion dans le choix; des livres que l'on met entre les mains des jeunes gens. On doit, ajoute-t-il, leur interdire absolument tous ceux où il se trouverait des exemples et des maximes capables de leur corrompre le coeur.

Julien l'Apostat sentait mieux que personne l'utilité que notre religion retirait de l'étude des belles-lettres; il jugeait qu'il lui serait impossible d'anéantir le christianisme, comme il se l'était proposé, tant qu'il aurait pour défenseurs les plus savants hommes de l'empire, tels qu'un saint Athanase, un saint Grégroire de Naziance , un saint Hilaire, un Diodore do Tarse, un Apollinaire. Ce fut ce qui le porta à défendre aux chrétiens d'enseigner la grammaire, l'éloquence et la philosophie. Les Pères ne furent pas les seuls qui regardèrent cet édit comme un acte insigne de tyrannie; les païens en portèrent le même jugement. On peut voir ce qu'en dit Ammieu-Marccllin, qui était de la religion de Julien, et le panégyriste de ce prince, 1. XXX,c. 10:1. 1. xxv, c. 4. On lira aussi avec beaucoup de satisfaction ce qui concerne ce trait d'Histoire, dans l'Histoire du. Bas-Empire, par Le Beau, I. XII, n. 21, t. II, p. 171.
Cet historien observe, d'après le témoignage des Pères et des historiens contemporains, que Julien donna un second édit, par lequel il était détendu aux chrétiens de lire les auteurs profanes. Pour suppléer à cette perte, Apollinaire et saint Grégoire de Nazianze composèrent des poèmes sur des sujets de piété; mais on n'était pas dédommagé des chefs-d'oeuvre de l'antiquité par des ouvrages faits à la hâte, quelques beautés qu'ils pussent d'ailleurs renfermer.

4. La langue grecque se conserva dans l'Orient avec une grande partie de sa pureté primitive, jusqu'à la prise de Constantinople par les Turcs, au milieu du XVe siècle. Le goût de la belle littérature périt plus tôt en Occident. Il commença a déchoir sous le règne de Tibère, et il s'évanouit entièrement a l'arrivée des Barbares, dont les incursions ramenèrent les ténèbres de l'ignorance.
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gabrielle
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Ce fut en 352 que saint Basile arriva à Athènes. Il y trouva saint Grégoire de Nazianze, avec lequel il avait formé à Césarée la liaison la plus intime. Comme celui-ci connaissait déjà les mœurs des Athéniens, il donna de sages avis à son ami, et disposa tous les esprits à le bien recevoir. La gravité de Basile, jointe à l'idée avantageuse que l'on avait conçue de lui, le préserva des mauvais traitements auxquels les nouveaux venus étaient toujours exposés de la part de ceux qui fréquentaient les écoles publiques .1

L'amitié de nos deux Saints était bien différente de celle des jeunes gens, qui n'est fondée d'ordinaire que sur l'intérêt ou l'amour du plaisir. Ils s'aimaient, parce qu'ils s'estimaient et se respectaient mutuellement. Il y avait d'ailleurs en eux une admirable conformité de penchants et une ardeur égale pour l'acquisition de la vertu et des sciences. Leur unique objet était de se consacrer parfaitement au service de Dieu ; et, pour parvenir à cette grande fin, ils saisissaient toutes les occasions de s'animer et de se soutenir l'un et l'autre : mais comme il peut se glisser des abus dans les amitiés même les plus saintes, ils étaient continuellement sur leurs gardes, afin de ne pas tomber dans les pièges de l'ennemi. Ils priaient assidûment, et vivaient dans une mortification continuelle de leurs sens. A juger d'eux par la gravité de leur conduite, on les aurait pris pour des anges dénués de corps. Avec cette vigilance sur eux-mêmes, ils trouvaient dans leur amitié réciproque mille consolations et mille moyens pour s'entr'exci-ter à la pratique du bien. Ils demeuraient ensemble et avaient une table commune. Leur union n'était jamais interrompue par la diversité des sentiments, et ils paraissaient n'avoir qu'une même volonté. L'esprit de propriété ne régnait point parmi eux. Dans toutes leurs actions, ils n'envisageaient que la gloire de Dieu : c'était là qu'ils rapportaient leurs travaux, leurs études, leurs veilles, leurs jeûnes et généralement l'emploi de toutes les facultés de leur âme.

Mais inutilement auraient-ils apporté les précautions dont nous venons de parler, pour mettre leur innocence à l'abri du danger, s'ils n'eussent été fidèles à éviter les mauvaises compagnies. C'est la remarque que fait saint Grégoire de Nazianze 2. « Nous n'avions », dit-il, « aucune liaison avec les étudiants qui montraient de la grossièreté, de l'impudence et du mépris pour la religion : nous ne fréquentions que ceux qui étaient paisibles et réguliers, que ceux dont la conversation pouvait nous être profitable Nous nous étions persuadés que c'était une illusion de se mêler avec les pécheurs sous prétexte de travailler à les convertir, et que nous devions toujours craindre qu'ils ne nous communiquassent leur poison ».

Saint Grégoire de Nazianze ajoute, en parlant de lui et de son ami : « Nous ne connaissions que deux rues de la ville : l'une conduisait à l'église et aux ministres sacrés qui y célébraient les divins mystères et nourrissaient le troupeau de Jésus-Christ du pain de vie ; l'autre, pour laquelle nous n'avions pas à beaucoup près la même estime, conduisait aux écoles publiques et chez ceux qui nous enseignaient les sciences. Nous laissions aux autres les rues par lesquelles on allait au théâtre, aux spectacles et aux lieux où se donnaient les divertissements profanes. Notre sanctification faisait notre grande affaire ; notre unique but était d'être appelés et d'être effectivement chrétiens: c'était en cela que nous faisions consister toute notre gloire ».

1. S. Greg. de Naz., Or. xx. -- 2. Ibid.
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gabrielle
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Saint Basile et saint Grégoire de Nazianze mettent souvent l'éloquence au nombre des choses qu'ils abandonnèrent en renonçant au monde ; mais par là ils entendent ce vain assemblage de fleurs et d'ornements qui n'ont d'autre effet que de charmer les oreilles. Peut-être parlent-ils de l'usage profane de l'éloquence, auquel on ne renonçait point à leur âge sans faire un grand sacrifice. Quoi qu'il en soit de leur pensée, on voit par leurs écrits qu'ils n'ont point condamné l'éloquence considérée en elle-même ; et leur exemple servira toujours à confondre ceux qui, sous prétexte d'imiter la simplicité des Apôtres, annoncent la parole de Dieu avec une rusticité qui vient de leur paresse ou de leur ignorance.

Mais laissons parler saint Grégoire de Nazianze, et nous verrons ce qu'il pensait sur ce point. « Après avoir abandonné le monde », dit-il, «je ne me suis réservé que l'éloquence. Je ne me repens point des peines et des fatigues que j'ai essuyées tant sur mer que sur terre pour acquérir la connaissance de cet art ; je voudrais, et pour moi et pour mes amis, que nous en possédassions toute la force et toute la perfection ». Il dit dans un autre endroit : « Il ne me reste que l'éloquence de tout ce que j'ai possédé ; je l'offre et la consacre entièrement à mon Dieu. La voix de ses commandements et l'impulsion de son esprit m'ont fait abandonner tout le reste, afin d'échanger ce que j'avais contre la pierre précieuse de l’Évangile. Je suis donc devenu, ou plutôt je souhaite avec ardeur devenir cet heureux marchand qui donne des biens périssables pour s'en procurer d'éternels : mais, en qualité de ministre de l’Évangile, je me dévoue uniquement au soin de le prêcher; Voilà mon partage, et jamais je ne manquerai au devoir qui m'est imposé ».
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Basile, après sa retraite, ne voulut plus vivre que pour Dieu. Persuadé que le nom de moine ne servirait qu'à sa condamnation, s'il ne remplissait fidèlement les obligations de son état, il entreprit, en 357, de voyager dans la Syrie, dans la Mésopotamie et dans l'Egypte. Son but était de visiter les moines et les ermites qui habitaient les déserts de ce pays, afin d'acquérir une connaissance parfaite des devoirs auxquels son nouveau genre de vie l'assujétissait. Il fut très-édifié en voyant ces saints solitaires, qui montraient par toute leur conduite qu'ils se regardaient comme étrangers sur la terre, et comme les citoyens du ciel. Leurs exemples et leurs discours l'affermirent encore dans sa première résolution. Nous apprenons de lui-même 3 que dans tous ses voyages il ne choisit pour directeurs que ceux dont la foi était conforme à celle de l'Eglise catholique.

En 358, il revint dans la Cappadoce. Diané, son évêque, qui l'avait autrefois baptisé, l'ordonna lecteur. Ce prélat faisait profession d'être attaché à la doctrine de l'Eglise; mais il eut l'imprudence de s'engager dans des démarches favorables aux Ariens. Cette conduite causa une vive douleur à Basile, qui respectait Diané comme son pasteur, et qui de plus remarquait en lui plusieurs belles qualités; mais l'obligation de garder l'unité dans la foi agissant sur lui plus puissamment que tout autre motif, il se sépara de sa communion, surtout lorsqu'il l'eut vu souscrire le formulaire de Rimini.



3. Ep. cciv.
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Le Saint quitta la Cappadoce en 358, et se retira dans le Pont, où il choisit pour demeure la maison de son aïeule, qui était située sur le bord de l'iris, à Amési. Emmélie, sa mère, et Macrine, sa sœur, avaient fondé là un monastère pour les personnes de leur sexe. Ce monastère était alors gouverné par Macrine. Basile on fonda un pour des hommes de l'autre côté de la rivière, et il en eut la conduite pendant quatre années, c'est-à-dire jusqu'à l'an 362, époque à laquelle il se démit de cette place en faveur de saint Pierre de Sébaste, son frère. A sept ou huit stades du monastère de Sainte-Macrine était l'église des Quarante-Martyrs, enrichie d'une portion considérable des reliques de ces bienheureux soldats de Jésus-Christ, et si renommée dans les écrits de saint Basile et de ses amis. Cette église n'était pas éloignée de Néocésarée.

Outre le monastère dont nous avons parlé, saint Basile en fonda plusieurs autres, tant pour des hommes que pour des femmes, dans différents endroits du Pont. Il conserva une inspection générale sur ces communautés, même durant son épiscopat. Ce fut pour leur instruction qu'il composa ses ouvrages ascétiques, entre autres ses grandes et ses petites règles. Il y donne à l'état des cénobites la préférence sur celui des ermites; le premier lui paraissait en général beaucoup plus sûr que le second. Souvent il y répète qu'un moine doit découvrir à son supérieur ce qu'il y a de plus secret dans son âme, et se soumettre en tout à ses décisions. En même temps qu'il prescrit l'hospitalité envers les étrangers, il défend qu'on lui serve des mets délicats; ce qui, selon lui, serait aussi ridicule que si les moines changeaient d'habit pour les recevoir. Une vie austère, continue-t-il en parlant à ses religieux, vous délivrera des visites inutiles, et éloignera de chez vous les personnes qui ont l'esprit du monde. Votre table doit prêcher la sobriété même aux étrangers 1. Il fait l’énumération des heures canoniales et en montre l'excellence. Par celle de Prime, dit-il 2, nous consacrons à Dieu les prémices de nos pensées, nous remplissons nos cœurs de pieux sentiments et de cette joie salutaire qu'excite en nous la pensée de Dieu 3. Les Constitutions monastiques, qui portent le nom de saint Basile, diffèrent en plusieurs articles des règles dont nous venons de parler, et ne sont point attribuées à ce Père par les anciens auteurs : elles paraissent être d'une date un peu postérieure 4. La Règle de Saint-Basile est suivie encore aujourd'hui par tous les moines d'Orient, par ceux même qui se disent de l'Ordre de Saint-Antoine.


Références illisibles.
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gabrielle
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Basile s'est peint dans ses écrits avec la plus grande vérité : mais il faut le représenter dans sa retraite, pour ne pas priver sa vertu des hommages qui lui sont dus; d'ailleurs, considéré sous ce rapport, il a toujours servi du modèle à ceux qui, dans les différents siècles, ont voulu parvenir à une sainteté éminente. Jamais il ne portait qu'une tunique et un manteau; il couchait sur la dure, veillait quelquefois les nuits entières et ne faisait point usage de bains, ce qui était une grande mortification dans les pays chauds, surtout avant qu'on se servît de linge.

Il se couvrait pendant la nuit d'un cilice, qu'il quittait le jour, afin de cacher aux hommes son amour pour la pénitence. Il s'accoutuma, malgré toutes les répugnances de la nature, à souffrir le froid excessif qui règne sur les montagnes du Pont. Chaque jour il ne faisait qu'un repas, et ce repas consistait en un peu d'eau et de pain, à quoi il ajoutait quelques herbes les jours de fêtes. La nourriture qu'il prenait était en si petite quantité qu'on eût presque dit qu'il vivait sans manger. Saint Grégoire de Nysse comparait son abstinence au jeûne d'Elie; et saint Grégoire de Nazianze lui disait, à l'occasion de son extrême pâleur, que son corps paraissait à peine animé . Il ajoute dans un autre endroit, en parlant toujours du Saint, qu'il était dénué de biens, de chair, et presque de sang. Basile nous apprend lui-même qu'il traitait son corps comme un esclave toujours prêt à se révolter, s'il n'avait soin de le tenir continuellement en bride. On voit par ses épîtres qu'il était sujet à des infirmités fréquentes et même continuelles. Il dit dans une lettre que dans le temps où il se portait le mieux, il était plus faible que ne le sont ordinairement les malades abandonnés des médecins.

La mortification des sens était accompagnée en lui de celle de la volonté ; et celle-ci tenait en quelque sorte du prodige ; il y joignait encore une humilité extraordinaire. C'était par un effet de cette vertu qu'il avait un désir si ardent de s'ensevelir pour ainsi dire dans la solitude et de vivre entièrement inconnu aux hommes. La solitude cependant ne lui communiquait rien de triste ni d'austère; il était d'une douceur et d'une patience à l'épreuve de tous les événements. Son inaltérable douceur de caractère avait causé à Libanius la plus grande admiration ; elle tirait un nouveau lustre d'une aimable gravité par laquelle elle était tempérée. La moindre faute contre la chasteté lui faisait horreur, et son amour pour cette vertu le porta à bâtir plusieurs monastères pour des vierges auxquelles il donna une règle écrite.
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gabrielle
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Durant une famine qui fit sentir ses ravages vers l'an 359, il vendit le reste de ses biens pour assister les malheureux. Il voulut vivre, dit saint Grégoire de Nazianze, dans la plus grande pauvreté possible, et jamais rien ne put l'ébranler dans sa résolution. En se dépouillant de tout ce qu'il possédait au monde, il se mettait en état de passer plus sûrement la mer orageuse de cette vie. Son dépouillement fut si entier qu'il ne se réserva pas la plus petite partie de ses biens ; et même, quand il eut été élevé à l'épiscopat, il n'avait, pour fournir à sa subsistance, que les libéralités de ses amis. Suivre dans une nudité parfaite Jésus crucifié, voilà quelles étaient ses richesses. Dans les différents exercices de la vie monastique, il s'efforçait d'imiter et même de surpasser les excellents modèles qu'il avait vus en Syrie et en Egypte. A l'exemple de ces pieux solitaires, il portait un habit fait d'une étoile grossière qu'il attachait avec une ceinture ; mais ces marques extérieures de pénitence n'étaient en lui, comme en eux, que les symboles d'un grand fond d'humilité, de détachement et de mortification. Il partageait son temps entre la prière, le travail des mains et la méditation de l'Ecriture. Souvent il allait dans les villages voisins pour enseigner les principes de la foi aux paysans et pour les exhorter à la pratique de la vertu .

Il manqua d'abord quelque chose à son bonheur, parce qu'il ne jouissait pas de la présence de saint Grégoire de Nazianze. Il lui écrivit donc plusieurs lettres pour l'engager à venir partager avec lui les charmes de la solitude, et il le pressa de la manière la plus vive de ne pas lui refuser le secours qu'il attendait de sa compagnie et de ses exemples. Dans une de ses lettres, il lui dépeint admirablement les avantages que fournit la retraite pour prier avec ferveur et pour remporter une victoire complète sur ses passions. Un moine, selon la définition qu'il en donne, est un homme qui prie continuellement ; qui sanctifie le travail des mains par une union continuelle avec Dieu, surtout par le chant des psaumes ; un homme dont le cœur est toujours élevé vers Dieu et qui n'a d'autre objet que d'orner son âme des vertus par la méditation des livres saints. Il dit qu'un moine ne doit vivre que de pain et d'eau, et ne faire qu'un repas par jour ; que son sommeil ne peut être prolongé au-delà du milieu de la nuit, et qu'il faut que, se levant alors, il persévère jusqu'au jour dans la prière. Basile, au rapport des deux saints Grégoire, a tracé son véritable portrait dans la lettre dont il est ici question.
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Saint Grégoire de Nazianze se rendit aux invitations de son ami et alla le joindre dans le Pont. Renfermés l'un et l'autre dans une pauvre cabane, ils y menaient une vie fort austère. Ils avaient un petit jardin dont le sol était extrêmement stérile et qu'ils cultivaient eux-mêmes . Grégoire, ayant été depuis tiré de sa solitude, regrettait amèrement la tranquillité et le bonheur dont lui et Basile jouissaient en chantant les psaumes, en veillant dans la prière, qui élevait leurs âmes jusqu'au ciel, en exerçant leurs corps par le travail des mains, qui consistait à porter du bois, à tailler des pierres, à planter des arbres, à creuser des canaux , etc. Les deux Saints avaient aussi des heures réglées pour l'étude de l'Ecriture. En 362, Basile prit avec lui quelques-uns de ses moines, et retourna à Césarée en Cappadoce.

Julien l'Apostat avait été revêtu de la pourpre l'année précédente. A son avènement à l'empire, il écrivit à Basile, qu'il avait autrefois connu à Athènes, pour l'inviter à venir à sa cour. Le Saint lui répondit qu'il ne pouvait se rendre à ses désirs, à cause du genre de vie qu'il menait. Le prince dissimula pour lors son ressentiment; mais quand Basile fut arrivé à Césarée, il lui écrivit une seconde lettre pleine d'artifice, où, après lui avoir dit qu'il conservait toujours pour lui les mêmes sentiments, il lui ordonnait de payer mille livres d'or aux officiers chargés de ses finances; ajoutant qu'en cas de refus il ferait raser la ville de Césarée . Le Saint ne se laissa point effrayer par de telles menaces; il répondit tranquillement qu'il n'était pas en état de fournir une telle somme et qu'il n'avait pas même de quoi subsister pour un jour. Prenant ensuite un ton plus ferme, il marque au prince qu'il est surpris de voir qu'il néglige les devoirs essentiels de la souveraineté et qu'il allume contre lui la colère céleste en méprisant ouvertement le culte du Seigneur. L'empereur fut vivement piqué de ce refus, et il jura d'immoler suint Basile et saint Grégoire de Nazianze à son ressentiment, après son retour de l'expédition de Perse, où l'on sait qu'il périt en 363.

Vers le mémo temps, Diane, évêque de Césarée, tomba malade. Il envoya chercher le Saint; il lui protesta qu'en souscrivant le formulaire de Rimini, il n'avait pas connu le venin qu'elle contenait; que jamais il n'avait eu d'autre foi que celle des Pères de Nicée, et qu'il déclarait y être sincèrement attaché. Sur cette déclaration, Basile se réconcilia avec lui.
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Cependant, Valens, associé à l'empire (364) par son frère Valentinien, qui lui abandonna l'Orient, s'étant laissé séduire par Eudoxe de Constantinople et par Euzoïus d'Antioche, se déclara le protecteur de l'arianisme. En 366, il fit un voyage à Césarée, dans l'intention de mettre les églises de cette ville entre les mains des hérétiques. Basile fut alors rappelé par l'évêque Eusèbe. Alarmé du danger que courait la foi, il se hâta de voler à son secours. Il montra tant de zèle et de prudence, que les Ariens furent obligés, après plusieurs tentatives inutiles, de se désister de leurs prétentions. Les discours qu'il prononça confirmèrent le peuple dans la doctrine de l'Eglise. Il ne se borna pas à prémunir les fidèles contre le venin de l'hérésie ; il les exhorta encore à pratiquer l'Evangile de la manière la plus parfaite. Il réunit les cœurs divisés, par de sincères réconciliations, et vint à bout d'étouffer toutes les semences de discorde.

Durant une famine qui désola le pays, il donna des preuves d'une charité sans bornes et fit trouver aux pauvres une ressource assurée dans les aumônes des personnes riches. Il leur lavait les pieds, les servait à table et leur distribuait de ses propres mains toutes les provisions nécessaires à leur subsistance. Une telle conduite lui gagna l'amitié d'Eusèbe ; ce prélat conçut même pour lui une haute estime et n'entreprit plus rien d'important sans l'avoir consulté. Après sa mort, arrivée vers le milieu de l'année 370, Basile fut élu pour lui succéder. La nouvelle de ce choix causa une satisfaction extraordinaire à saint Athanase, et il annonça dès lors les victoires que saint Basile remporterait sur l'hérésie régnante.

Cette nouvelle dignité fit briller plus que jamais les vertus de Basile ; il parut autant se surpasser lui-même qu'il avait précédemment surpassé les autres. Il prêchait soir et matin, même les jours où les fidèles vaquent à leurs travaux ordinaires. Son auditoire était si nombreux qu'il lui donne le titre de mer a. On courait à ses discours avec un tel empressement, qu'il se compare à une mère qui, lorsque ses mamelles sont épuisées ne laisse pas de les présenter encore à son enfant, afin que par là elle puisse empêcher ses cris. Son troupeau, comme il nous l'apprend lui-même, avait une si grande faim de la parole de Dieu, qu'il était obligé de faire entendre sa voix dans un temps où une longue maladie lui avait ravi ses forces, et où il était à peine en état de parler. Il établit à Césarée plusieurs pratiques de dévotion qu'il avait vu observer en Egypte, en Syrie et en d'autres endroits, surtout celle de s'assembler le matin à l'église pour faire la prière en commun et pour chanter certains psaumes avant le lever du soleil. La plupart de ceux qui se trouvaient à cette assemblée paraissaient pénétrés d'une vive componction et versaient un torrent de larmes. Le peuple communiait le dimanche, le mercredi, le vendredi, le samedi et toutes les fêtes des martyrs .
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