Famille de Saint Grégoire le Grand

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gabrielle
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Sa charité se répandait par toute l'Italie et jusqu'aux provinces les plus éloignées du domaine de l'Eglise : car les receveurs qui y étaient établis de sa part, avaient charge de distribuer aux pauvres ce qu'il leur prescrivait ; et il y mettait un si bel ordre, que ceux qui prendront la peine de lire ses épîtres, sur ce sujet, en seront ravis : il y dit des choses fort belles et très-touchantes sur l'aumône. Il entretenait, dans la ville de Rome, trois mille religieuses. Il disait de ces saintes filles, qu'on avait de grandes obligations à leurs larmes et à leurs prières, et que c'étaient elles qui, par leur crédit auprès de Dieu, avaient détourné les armes des Lombards.

Il envoya à Jérusalem un abbé appelé Probe, avec une notable somme d'argent, pour y faire bâtir un hôpital, qu'il entretint toujours, durant sa vie, de tout ce qui était nécessaire. Il eut soin aussi de fournir, tous les ans, des vivres et des habits aux religieux du Mont-Sinaï, dont un, nommé Palade, était supérieur.

Son zèle pour la gloire de l'Eglise lui faisait avoir l'œil sur les évêques et sur les autres prélats, s'informant exactement de leur conduite, et les reprenant généreusement quand ils manquaient à leur devoir. Il écrivit à un évêque qui négligeait les pauvres : « Sachez que ce n'est pas assez, pour rendre un fidèle compte à Dieu, d'être retiré, studieux et adonné à l'oraison, si vos œuvres ne sont profitables à vos diocésains, si vous n'avez la main ouverte pour subvenir aux nécessités des pauvres; un prélat doit regarder la pauvreté d'autrui comme la sienne propre : c'est à tort que vous portez le nom d'évêque, si vous faites autrement ».

Il ordonna que les seuls ecclésiastiques eussent l'administration des églises et de leur revenu, et que la même personne ne pût posséder plusieurs charges; afin, suivant la doctrine de l'Apôtre, que chaque membre du corps ecclésiastique eût son office propre, et que chacun pût servir Dieu en un même esprit.

Il défendit de donner la conduite des monastères aux ecclésiastiques, disant que c'était là le moyen de les ruiner. Il ne voulait pas qu'eux, ni les religieux, intercédassent facilement auprès des juges pour les malfaiteurs; mais, s'ils le faisaient, que ce fût avec grande prudence, en sorte que leur réputation ne perdît rien de son lustre, et que l'on ne se pût imaginer que l'Eglise favorisât les crimes et retardât l'exécution de la justice. Il reprit sévèrement les évêques simoniaques et les laïques qui montaient aux évêchés sans avoir passé par les autres degrés de l'Eglise. Il était ennemi des présents ; il en fit rendre qu'on lui avait envoyés et fit reporter de l'argent à ceux mêmes qui les lui avaient faits. Il reprit Janvier, évêque de Cagliari, d'avoir excommunié un homme pour quelque injure qu'il avait reçue de lui ; il dit que l'évêque ne doit excommunier personne pour son intérêt particulier, ni employer à se venger une autorité qu'il n'a que pour le bien général de l'Eglise. Didier, archevêque de Vienne, lui avait demandé le Pallium : le saint Pape lui écrivit de ne pas expliquer au public les poètes ni les autres auteurs profanes, parce que cela ne convenait nullement à son âge ni à sa dignité.
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gabrielle
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Il ne permettait pas aux évêques de résider hors de leurs diocèses, sinon lorsque la nécessité le demandait, encore n'était-ce que pour quelque temps. Il n'approuvait pas non plus qu'ils s'embarrassassent dans les affaires du monde qui ne regardaient pas les fonctions de leur charge. Il veillait avec un soin extrême à ce que les religieuses gardassent leur vœu dans toute sa pureté : c'est pourquoi il blâma fort Vitalien, évêque de Manfredonia, d'avoir permis qu'une religieuse quittât l'habit et retournât au monde ; et il réprimanda Romain, exarque d'Italie, d'avoir consenti au mariage de quelques religieuses, le menaçant de la colère de Dieu, s'il n'en faisait pénitence. Il avertit aussi Venance, qui avait quitté l'habit religieux, que, si Ananie et Saphire étaient morts aux pieds de saint Pierre pour avoir retenu et recelé une partie de l'argent qu'ils avaient reçu de leur héritage consacré à Dieu, il pouvait, avec beaucoup plus de raison, appréhender la rigueur de sa justice, pour lui avoir dérobé, non pas des deniers, mais lui-même et ce qu'il lui avait promis, lorsqu'il s'était consacré entièrement à son service. Il ne pouvait souffrir que les ecclésiastiques fissent rien contre la sainteté de leur caractère. Il écrivit à André, évêque de Tarente, qui était accusé d'être tombé dans une faute grave contre les mœurs chrétiennes, que, s'il se sentait coupable, il devait se démettre de son évêché, parce que, bien que les hommes ne le pussent pas convaincre de ce péché, il ne pouvait pas le cacher à Dieu ni éviter les rigueurs de sa justice.

Saint Grégoire prêchait lui-même à son peuple, et, lorsque les maladies ou quelque empêchement légitime lui ôtaient cette consolation, il composait des sermons et des homélies, et les faisait prononcer en public par quelque autre. Enfin, il était si soigneux, si vigilant et si infatigable à s'acquitter de la charge de bon pasteur, qu'il semble presque impossible qu'un homme seul ait pu faire tant et de si différentes choses à la fois : procurer la paix par sa médiation, penser à la guerre, régler les ecclésiastiques et les séculiers , traiter avec Dieu en l'oraison, et avec les hommes en la conversation, s'appliquer au gouvernement du spirituel et du temporel de l'Eglise, prêcher si souvent, dicter des lettres si admirables à tant de personnes de diverses conditions ; en un mot, composer les beaux ouvrages qui nous restent de lui. Aussi l'Eglise, durant sa vie, étendit ses rameaux en divers endroits, et, pour me servir des termes du Prophète : « La vigne du grand Dieu des armées couvrit presque toute la terre 1 » ; plusieurs saints personnages fleurirent et éclatèrent en miracles durant son pontificat, comme nous le pouvons apprendre par ce qu'il en dit lui-même dans ses Dialogues. Sa fermeté à défendre la pureté des mœurs, mit souvent sa vie en danger. Il excommunia un chevalier romain qui, étant tombé en adultère, avait répudié sa femme légitime. Ce misérable, voulant se venger de lui, eut recours aux magiciens; pour l'exécution de ce dessein, ceux-ci lui promirent qu'un jour que le Saint irait à la ville, ils feraient entrer un esprit malin dans le corps de son cheval, afin que celui-ci, l'ayant jeté par terre, lui marchât sur le ventre et lui ôtât la vie. Ce détestable dessein fut exécuté de la manière qu'il avait été projeté : un démon se saisit du cheval et lui fit faire des bonds si étranges, qu'il ne put être arrêté par ceux qui étaient auprès du Saint-Père ; mais Grégoire découvrant, par une inspiration divine, la source du mal, fit le signe de la croix et chassa le démon hors du corps de son cheval. Les magiciens, en punition de leur malice, perdirent la vue corporelle ; mais cet accident leur ouvrit les yeux de l'âme, et, leur faisant connaître l'énormité de leur crime, ils renoncèrent à tout commerce avec le démon, et demandèrent le baptême. Le saint Pontife le leur donna, sans néanmoins leur rendre la vue, de crainte qu'ils ne revinssent à leurs maléfices et à la lecture des livres d'enchantements et de magie ; aimant mieux les faire entretenir aux dépens de l'Eglise que de leur donner un sujet de se perdre.


1. Ps.LXXXIX, 12
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gabrielle
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Comme nous l'avons déjà dit, Grégoire joignait à un grand courage pour la défense des intérêts de Dieu, une si profonde humilité et une douceur si merveilleuse, que c'est un prodige de voir si bien unies ensemble, en une même personne, deux choses si différentes : la fermeté et la constance d'un souverain Pontife à soutenir et à conserver les droits du Saint-Siège, avec l'humilité d'un simple particulier qui se considérait comme le dernier des hommes. C'était une merveille digne des yeux de Dieu, de le voir tantôt donner des lois, et commander aux prêtres, aux magistrats et aux princes même de les garder, et cela, avec une telle autorité, qu'il les privait de leurs dignités s'ils n'obéissaient ; et tantôt s'humilier et s'abaisser comme s'il était le moindre de tous et le plus indigne d'honneur. Car, ainsi qu'il le dit lui-même, les supérieurs ne doivent pas se laisser aveugler par leur puissance, mais regarder qu'ils ont une nature humaine commune avec leurs inférieurs ; et, au lieu de se réjouir de se voir les supérieurs des hommes, ils doivent se faire un plaisir de pouvoir leur être utiles par les fonctions de leur charge.

L'humilité de saint Grégoire faisait qu'il appelait les prêtres ses frères, les autres ecclésiastiques, ses très-chers enfants, et les laïques ses seigneurs ; et, quoiqu'il fut le souverain Pontife, le pasteur et le patriarche universel de toute l'Eglise, il ne voulut pas souffrir néanmoins, comme nous avons dit, qu'on lui donnât ce titre, mais il prit seulement la qualité de Serviteur des serviteurs de Dieu, de laquelle il usait en ses lettres apostoliques, et, depuis, tous les autres papes ont suivi ce bel exemple de modestie. Dans une lettre qu'il écrivit à Grégoria, dame d'honneur de l'impératrice, il lui parle en ces termes : « Quant à ce dont vous me menacez, que vous me serez toujours importune jusqu'à ce que je vous écrive que Dieu m'a révélé qu'il vous a pardonné vos péchés, vous me demandez une chose difficile et inutile ; difficile, parce que je ne suis pas digne d'avoir des révélations ; inutile, parce que vous ne devez pas être assurée du pardon de vos péchés jusqu'au dernier soupir de votre vie, lorsque vous ne les pourrez plus pleurer ; tant que cette heure tardera à venir, soyez toujours en crainte et en appréhension pour vos fautes : lavez-les tous les jours de vos larmes ». Ecrivant à Etienne, évêque, il dit : « Vous faites paraître par vos lettres que vous avez beaucoup d'estime pour moi, et plus que je n'en mérite ; le Sage nous avertit de ne point louer l'homme durant sa vie ; cependant, encore que je ne sois pas digne d'entendre les choses que vous dites de moi, je vous supplie de m'en rendre digne par vos prières, afin qu'ayant dit de moi du bien qui n'est point, il soit en moi dans la suite, parce que vous me l'avez dit».

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gabrielle
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De cette humilité naissait le mépris qu'il faisait de lui-même. Il parle en ces termes à l'empereur Maurice, dans une lettre qu'il lui écrivit au plus fort de sa persécution : « Je suis un grand pécheur ; mais si j'offense continuellement mon Dieu, j'espère qu'au jour de son redoutable jugement, il me pardonnera mes péchés, pour lesquels je suis affligé en cette vie ; et je crois, ô empereur, que vous apaisez la justice divine en me persécutant comme vous faites, puisque je ne suis qu'un serviteur lâche et paresseux ». De cette même humilité procédait un grand détachement de toutes les choses de la terre, car, quoiqu'il possédât beaucoup de biens, son cœur n'y était nullement attaché. Un ermite, qui était demeuré longtemps dans les déserts, en perpétuelle oraison et en pénitence, avait prié Noire-Seigneur de lui faire connaître la récompense qu'il pouvait espérer pour avoir abandonné toutes les commodités de cette vie, afin de le servir dans une si étroite pauvreté ; il entendit une voix durant son sommeil : cette voix lui dit qu'il pouvait espérer le même prix qui était dû à la pauvreté du pape Grégoire. Le solitaire s'affligea extrêmement de cette réponse, craignant que sa pauvreté ne fût pas agréable à Dieu, puisqu'il ne promettait point d'autre récompense que celle qu'il donnait à un homme élevé à la première dignité du monde, et qui possédait des trésors immenses ; il s'en plaignit pendant plusieurs jours, qu'il passa dans les soupirs et les gémissements, jusqu'à ce que Dieu lui apprit, par un second oracle, que ce n'était pas la possession des biens qui faisait le riche, mais la seule convoitise, et qu'ainsi il ne devait pas préférer sa pauvreté aux richesses de Grégoire, puisqu'il aimait son chat plus que Grégoire n'avait d'affection pour tous les biens et les trésors qu'il possédait; car Grégoire, au lieu de les aimer, les méprisait et en faisait libéralement part aux pauvres.


Sa patience ne paraissait pas avec moins d'éclat que son humilité ; c'était une chose digne d'admiration de voir comment il souffrait les calamités publiques qui arrivèrent de son temps, la guerre sanglante que les Lombards firent aux Romains, les persécutions et les mauvais traitements de ses ennemis, et les maladies douloureuses dont il fut attaqué. Voici ce qu'il en dit dans ses épîtres : « Il y a presque deux ans que je suis sur un lit, tourmenté de si grandes douleurs de goutte, qu'à peine me puis-je lever les jours de fêtes pour célébrer la messe ; je ne suis pas plus tôt levé que la violence de la douleur me fait remettre au lit, et me presse de telle sorte, qu'elle me fait soupirer. Quoique cette douleur soit plus ou moins supportable, jamais elle n'est si petite qu'elle me quitte entièrement, ni si aiguë qu'elle me fasse tout à fait mourir ; ainsi, mourant tous les jours, je ne puis cesser de vivre. Je ne m'étonne pas de ce qu'étant si grand pécheur, Dieu me tient si longtemps en prison ». Il dit dans une autre épître : « Je vous prie de ne point cesser de faire oraison pour moi, qui suis un pauvre pécheur ; parce que la douleur que je souffre sur mon corps, et l'amertume dont mon cœur est rempli en voyant la désolation et le ravage que causent les barbares, m'affligent extrêmement ; ce n'est pas qu'au milieu de tant de maux je cherche une consolation temporelle, je ne demande que l'éternelle ; mais comme je ne saurais l'obtenir par moi-même de mon souverain Seigneur, je ne l'attends que par le moyen de vos oraisons ».
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Enfin, lorsqu'il fut purifié par tant de traverses, il plut à Dieu, qui donne récompense aux âmes justes, de sa-tisfaire ses désirs et de délivrer sa belle âme, pour lui donner la couronne de gloire qu'il avait si bien méritée par ses vertus héroïques. Il avait gouverné le Siège apostolique treize ans, six mois et quelques jours. Il mourut l'an 604, la seconde année de l'empire de Phocas, le 12 mars, jour auquel l'Eglise célèbre sa fête, et fut enterré dans l'église de Saint-Pierre.

Les Docteurs de l'Eglise, qui lui ont succédé, lui ont donné des éloges magnifiques : ils l'appellent « un homme de très-grande érudition, le prince des théologiens, la lumière des philosophes, la splendeur des orateurs, le miroir de la sainteté, l'organe du Saint-Esprit». Saint Ildefonse, archevêque de Tolède, parle de lui en ces termes : « Il fut tellement doué des mérites de tous les anciens, que nous ne trouvons rien de semblable à lui dans l'antiquité : il a vaincu Antoine en sainteté, Cyprien en éloquence, Augustin en science, etc. » Saint Isidore écrit que pas un des Docteurs de son temps, ni des anciens, ne pouvait entrer en comparaison avec lui. Et le huitième concile de Tolède dit que, dans les choses morales, saint Grégoire doit être préféré presque à tous les Docteurs de l'Eglise.


à suivre : Saint Félix III, pape
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gabrielle
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SAINT FÉLIX III, PAPE

483-492. — Empereur d'Orient : Zenon ; Rois d'Italie : Odoacre et Théodoric

La croix assure la victoire !

Saint Félix appartenait à la famille Anicia, la plus puissante, la plus riche et la plus noble de Rome. Son père avait été marié avant que d'être prêtre. Mais, en s'engageant dans les liens du sacerdoce, il avait, selon les règles canoniques, renoncé à ceux du mariage. Félix lui-même avait été marié avant d'entrer dans les Ordres et de devenir Pape. Saint Grégoire le Grand, qui était de la même famille patricienne des Anicii, rappelle ce fait en ces termes dans une homélie prononcée devant le peuple romain à la basilique de Saint-Clément :

« Mon père eut trois sœurs, Tharsilla, Gordiana et Amiliana, qui, éprises d'une même ardeur de perfection, se consacrèrent le même jour au Seigneur, prirent le voile des vierges et vécurent ensemble dans leur maison, observant les règles monastiques. Ma tante Tharsilla se distinguait par son assiduité à la prière, ses mortifications, son abstinence et l'édification d'une vie consommée en Dieu. Une nuit, dans une vision, mon quatrisaïeul le pontife Félix, qui me précéda sur ce siège de Rome, lui apparut, et découvrant à ses regards les magnifiques splendeurs du royaume des cieux, lui dit : Ma fille, l'heure est venue où je dois t'introduire dans ce séjour de la gloire éternelle. Quelque temps après, Tharsilla fut prise d'une maladie soudaine, et bientôt on comprit qu'elle allait mourir. Selon la coutume dans les familles nobles, une foule considérable remplit la demeure pour assister la malade et consoler ses proches. Ma mère se trouvait au chevet de la mourante. Elle la vit tout à coup lever les yeux au ciel, comme dans une extase; puis, en se tournant vers les assistants, elle dit : Retirez-vous, retirez-vous, Jésus vient à moi ! A ces mots, cette âme sainte se dégagea des liens du corps; un parfum céleste se répandit dans l'appartement, comme si l'au-leur de toute suavité qui venait d'apparaître à son humble servante eût voulu laisser à tous cette marque de sa présence ».


Les Petits Bollandistes
Mgr Paul Guérin
1872
pages 19 -22

à suivre
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gabrielle
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Félix succéda à Simplicius et fut élu le 8 mars de l'année 483, par le sénat, le clergé et le peuple assemblés dans la basilique de Saint-Pierre. Durant l'interrègne qui fut de six jours, selon les uns, de vingt-six jours, suivant les autres, Odoacre, en sa qualité de roi d'Italie, intrigua pour diriger les affaires de l'assemblée et s'arroger le droit de confirmer l'élection. Le mémoire qui contenait ces prétentions fut condamné vingt ans plus tard comme impie et sacrilège par un concile de Rome : toute l'antiquité ecclésiastique ratifia cette condamnation ; quant aux manœuvres d'Odoacre, elles échouèrent complètement.

Le début du pontificat de saint Félix coïncida avec la nouvelle apportée à Rome du rétablissement de l'hérétique Pierre Monge 1 sur le siège épiscopal d'Alexandrie, par l'influence d'Acace, archevêque de Constantinople. Le vénérable Félix cita Acace à son tribunal et déposa Pierre Monge. Il fit partir pour Constantinople les deux évêques Misenus et Vital, les chargeant de notifier la sentence. Mais ces légats furent circonvenus par les intrigues des deux prélats schismatiques. Ils se laissèrent corrompre, moyennant une somme d'argent, et n'exécutèrent pas les ordres du Saint-Siège. A leur retour en Italie, Félix réunit un synode où ils furent convaincus de simonie et excommuniés. Après la déposition des légats, les Pères du concile prononcèrent de nouveau la déposition solennelle de Pierre Monge. Le Pape ne voulait point encore sévir contre Acace dont les derniers événements lui avaient fait connaître la mauvaise foi. Cependant, comme il ne daignait pas même répondre aux lettres paternelles


(1) Son hérésie était l'Eutychianisme
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gabrielle
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Cependant, comme il ne daignait pas même répondre aux lettres paternelles du souverain Pontife et qu'il continuait à demeurer en communion avec Pierre Monge, Félix fut obligé de le ranger parmi les hérétiques et de le séparer de la communion catholique. Pour porter ce décret à Constantinople, le Pape fit choix du prêtre Tutus. Il lui remit de plus deux lettres, l'une pour l'empereur Zénon, l'autre pour le clergé et le peuple de Constantinople : cette dernière était destinée à réparer le scandale donné publiquement par ses précédents légats. Acace refusa obstinément de recevoir le décret du Pape : pour qu'il ne pût pas prétexter de son ignorance sur une sentence qui l'excommuniait, un moine du couvent où le légat avait trouvé un refuge fut assez hardi pour attacher le décret à son manteau pontifical, un dimanche qu'il entrait dans la basilique pour y célébrer. Cet acte de courage attira la vengeance d'Acace sur tous les moines de Constantinople : un certain nombre d'entre eux furent égorgés par ses affidés. C'est ainsi qu'Acace eut le triste honneur de commencer la séparation entre Rome et Constantinople. Ce premier schisme dura trente-cinq ans (484-519). Qui pourrait dire toutes les violences, toutes les persécutions, toutes les cruautés des Eutychiens triomphants centre les catholiques?

Trois intrus, trois apostats occupaient les trois grands sièges d'Orient : Pierre le Foulon à Antioche, Pierre Monge à Alexandrie, Acace à Constantinople : tout puissants à la cour de Zénon et unis dans leur révolte contre le Saint-Siége, ils durent croire avoir triomphé et regarder l'eutychianisme implanté pour jamais en Orient. Mais Dieu allait confondre leurs orgueilleuses pensées. Pierre le Foulon mourut le premier en 488 ; Acace le suivit au tombeau quelques mois après: il expira chargé de la malédiction de Dieu et des hommes. Quant a Zénon, qui n'avait pas eu le courage de se montrer ce qu'il était au fond, un prince vraiment catholique, il fut enterré tout vif par sa propre femme : il mourut dans son tombeau de faim et de rage. Félix ne se contenta pas de donner des soins tendres et bienveillants aux intérêts de l'Eglise d'Orient ; il se tourna avec compassion vers cette malheureuse Eglise d'Afrique foulée aux pieds par les Vandales. Il écrivit à l'empereur pour qu'il intervînt auprès de Hunéric, leur roi, et qu'il l'engageât à cesser ses cruautés envers les catholiques. Le roi persécuteur vécut de courtes années, et Gondamond, son successeur, rendit la paix à l'Eglise. Ceux qui étaient tombés pendant la persécution demandèrent à rentrer en grâce : Félix régla les conditions de leur pénitence et rétablit les anciens Canons.

Dans le domaine politique, le pontificat de saint Félix III fut marqué par l'invasion de Théodoric, roi des Ostrogoths, en Italie, et l'expulsion d'Odoacre, roi des Hérules. Les habitants des provinces et des villes, horriblement pressurés par les barbares, n'avaient d'autres ressources que la charité des évêques. L'Eglise ne faillit pas à sa mission. Saint Félix mourut pendant cette lutte qui amenait une domination arienne en Italie (492). D'un carac ère très énergique, prudent et modéré, il sut, au milieu des difficultés de l'Orient agité par l'hérésie, et de l'Occident déchiré par des guerres sanglantes maintenir l'autorité du Siège apostolique, et la faire respecter malgré les intrigues, malgré les défections. Le talent, la capacité, la vertu qu'il déploya sur le trône, lui valurent les honneurs de la canonisation. Il fut inhumé dans la basilique du bienheureux Paul, apôtre.


Sainte Sylvie, (3 novembre) mère : Martyrologe Romain , tome 13, p. 120 ; A Rome, sainte Sylvie, mère de saint Grégoire, pape.


Sainte Émilienne, (5 janvier), tante : Martyrologe Romain, tome 1, pages 134-135 A Rome, sainte Émilienne, vierge, tante de saint Grégoire, pape, laquelle étant appelée par Tharsille sa soeur, qui l'avait précédé auprès de Dieu, passa ce même jour de ce monde en la compagnie du Seigneur. VIes.


à suivre


Sainte Tharsille, (24 décembre) tante : tome 14, pages 443-444.
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SAINTE TARSILE VIERGE ROMAINE (VIe siècle).

Saint Grégoire parle ainsi de sainte Tarsile, sa tante :

« Mon père avait trois sœurs qui, toutes trois, consacrèrent leur virginité à Notre-Seigneur -, l'une se nommait Tarsile, l'autre Gordienne, et la troisième Emilienne. Elles renoncèrent aux vanités du monde avec une égale ferveur ; et, après avoir été sacrées vierges en un même jour, elles entreprirent une vie parfaitement régulière dans leur propre maison. Elles y-faisaient de merveilleux progrès dans la vertu par les bons exemples qu'elles se donnaient l'une a l'autre. Cependant, au bout de plusieurs années, on -vit de la différence entre elles. Car Tarsile et Emilienne progressèrent tellement de jour en jour, dans l'amour de Dieu, qu'on pouvait dire qu'elles n'avaient que leurs corps sur la terre, et que leur âme était déjà passée dans les délices de l'éternité ; mais Gordienne ayant, par sa négligence, laissé refroidir cet amour intime dont son cœur brûlait auparavant, tomba insensiblement dans le relâchement et commença peu à peu a reprendre l'amour du siècle.

« Ce changement, dont Tarsile s'aperçut bien, lui faisait souvent dire à Emilienne : « Je vois bien que notre sœur n'est plus de notre société ; elle s'épanche trop au dehors, et elle n'a pas le soin qu'elle devrait avoir pour conserver son cœur dans les bonnes résolutions qu'elle a prises ». Elles la reprenaient toutes deux avec toute la douceur possible, lui remontrant que sa grande légèreté était peu séante à la profession qu'elle avait faite de vivre dans la réforme. Gordienne semblait, à la vérité, vouloir profiter de leurs charitables répréhensions, et, lorsqu'on lui parlait de se corriger, son visage reprenait aussitôt la gravité convenable à une vierge ; mais, dès que la réprimande était finie, elle quittait cette modestie pour s'abandonner de nouveau à une grande liberté de paroles et à une entière dissipation, cherchant avec ardeur la compagnie des demoiselles séculières, et ne pouvant souffrir celles qui ne vivaient pas selon les maximes du monde.


à suivre
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« Tarsile étant la plus assidue à l'oraison, la plus soigneuse à pratiquer des austérités pour affliger sa chair, et la plus sévère pour l'abstinence et pour la modestie, elle arriva bientôt à un éminent degré de sainteté. Elle m'a raconté qu'un jour elle eut une vision, dans laquelle le bienheureux Félix, mon bisaïeul, évêque de l'Eglise romaine, lui apparut, et, lui montrant une demeure remplie d'une clarté admirable, il lui dit : « Venez, parce que c'est dans ce lieu de lumière que je vous reçois ». En effet, le lendemain elle fut saisie d'une fièvre qui la conduisit, en peu de temps, au tombeau ; et, comme c'est la coutume de s'assembler lorsque des personnes de condition sont en danger de mort, pour essayer de consoler les parents, plusieurs hommes et quantité de femmes, parmi lesquelles était ma mère, se trouvèrent à l'heure de l'agonie. Tout le monde était autour de son lit, lorsque tout d'un coup elle éleva la voix, et dit aux assistants : « Retirez-vous, et faites place ; je vois Jésus qui vient à moi ». Et tandis qu'elle regardait fixement celui qu'elle voyait, sa sainte âme fut délivrée des liens de son corps.

« L'odeur dont toute la chambre fut en même temps remplie, fit bien juger à la compagnie que l'Auteur même de toute suavité l'avait honorée de sa présence. Quand on découvrit son corps pour le laver, selon l'usage, on trouva que ses coudes et ses genoux étaient couverts de calus, semblables à ceux que l'on voit aux chameaux; c'était un témoignage authentique des longues prières qu'elle avait faites durant sa vie. Ces merveilles arrivèrent avant la fête de la naissance du Sauveur. Incontinent après la fête, Tarsile apparut à Emilienne, et lui dit : « Venez, ma sœur, je n'ai point célébré avec vous la solennité du jour de la naissance du Seigneur ; mais nous ferons ensemble la fête de l'Epiphanie ». — « Si vous m'appelez seule », répondit Emilienne, « que ferons-nous de notre sœur, et à qui en donnerons-nous le soin? » — « Venez, vous dis-je », répliqua la Sainte d'un visage tout triste ; « Gordienne est résolue de demeurer avec les mondaines ». Après cette vision, Emilienne tomba malade et mourut avant la fête de l'apparition du Seigneur, ainsi que sa sœur le lui avait prédit. Pour Gordienne, dès qu'elle se vit seule, elle se relâcha encore davantage ; car, perdant la crainte de Dieu, renonçant à la pudeur et à la bienséance, et oubliant tout à fait sa consécration, elle se maria à son receveur.

« Vous avez vu trois sœurs », ajoute saint Grégoire, « qui se sont données à Dieu en même temps, avec une égale ardeur, mais qui n'ont pas toutes persévéré, parce que, selon la parole de Jésus-Christ, « il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus ». Que ceux qui pratiquent la vertu ne se fient donc pas en leurs propres forces, mais qu'ils soient dans une continuelle défiance d'eux-mêmes, de crainte de perdre demain ce qu'ils ont acquis jusqu'aujourd'hui avec tant de travail ".


Saint Grégoire le Grand, Homélie XXXVII sur les Evangiles, et Dialogues, livre iv, chapitre 16.

Fin de l'histoire de la famille de Saint Grégoire le Grand.

Saints et saintes de Dieu, priez pour nous.
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