formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

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Alexandre
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DES FAUSSES HUMILITES

Ces études sur l'insuffisance, les faussetés et les illusions de certaines humilités, nous ont paru moins propres à la méditation qu'à la lecture et à l'examen: elles fixent principalement notre attention sur nous-mêmes, tandis que le but de la méditation est de la fixer avant tout sur Dieu. Prévoyant néanmoins que plusieurs personnes trouveraient préférable de consacrer à ces recherches, éminemment pratiques, leur méditation habituelle, nous avons disposé en conséquence les diverses parties de cette étude, ainsi qu'on le remarquera facilement.

I._ De l'humilité rationaliste

Le croirait-on? une certaine proportion de cette humilité se trouve chez presque toutes les âmes à vertu ordinaire. L'observation le constate et la simple analyse viendra bientôt le démontrer. Or, l'humilité rationaliste n'est pas celle de Jésus, celle des saints, celle des âmes qui progressent. Ne s'appuyant pas sur la foi, elle n'est pas de force à soutenir une haute vertu, elle n'attendrit pas le coeur, et ne projette pas autour d'elle le reflet du divin.
O mon Dieu, faites que cette étude me soit une révélation!... Débarrassez mon esprit des préjugés qui bornent étrangement sa vue!... Je vous le demande par l'humilité de Jésus qui dépasse la raison humaine, de toute la hauteur du Clavaire.

I. En quoi consiste l'humilité rationaliste.

1/ Que l'on ne s'estime pas follement soi-même, et que l'on ne méprise pas les gens estimables.
Que l'on n'entreprenne rien au-dessus de ses forces, et que l'on ne s'élève pas au delà de ses mérites.
Que l'on ne soit ni arrogant, ni vain: voilà qui suffit à ses exigences.
L'humilité des Saints l'offusque grandement: elle l'appelle voie extraordinaire; elle dirait volontiers fanatisme, mais elle ne l'ose.
L'enseignement des maîtres de la vie spirituelle ne trouve pas grâce devant elle. Ses idées intimes, à cet égard, varient de cette formule modérée: il faut en prendre et en laisser, à cet autre: c'est absurde.

2/ L'humilité rationaliste n'est pas toujours dogmatique, elle se contente souvent de rester pratique. Dans ce cas, ce n'est pas la raison qui nous trompe, c'est la nature qui nous entraîne. Nous admettons nonchalamment songer à nous en appliquer les conclusions.
Aussi est-ce le plus naturellement du monde que nous cherchons à paraître et à dominer.
S'il s'élève dans notre esprit un besoin de nous justifier, nous le satisfaisons par les explications les plus rassurantes:
prendre la première place n'est plus que respect que son rang.
parler avantageusement de soi, simplicité-et accepter sans façon tout ce qui flatte l'amour propre, une sainte liberté...
N'est-ce point là une vertu païenne? "Nonne ethnici hoc faciunt?" s'écrie avec tristesse le divin Maître.
Une telle humilité est fausse dans ses principes, puisque ne tenant aucun compte des dogmes de la foi, elle mutile l'humilité chrétienne.
Elle est insuffisante dans sa portée morale, car elle n'atteint pas le but: ce n'est pas une humilité de ce genre qui maintient la paix et la charité; ce n'est pas elle qui produit l'abnégation et qui écarte les illusions.

II. Combien l'humilité rationaliste est à craindre.

1/Une telle humilité se présentant sous les traits de la raison, nous séduit facilement: point d'excès qui choque; point de grave désordre non plus; aucune de ces laideurs qui trahissent le mal.

2/Ce n'est pas notre raison seule qui l'admet, c'est aussi notre nature. De nous-mêmes, nous sommes cela: nos tendances ne vont pas plus loin. Le sentiment inné du juste et du bien s'y trouve satisfait.

3/Le sens commun de l'humanité, s'accordant ici avec la raison,et avec la nature, nous voilà établis dans cet état d'esprit qui exclut le doute pratique: est-ce que tout le monde ne pense pas ainsi? Victime de l'erreur commune, j'ai beau être de bonne foi, je n'en suis pas moins sans humilité véritable.
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Alexandre
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III. Combien cette humilité est insuffisante.

Elle s'arrête au seuil du surnaturel, et manquant d'horizon, elle ne distingue dans l'humilité que la région humaine. Or, pour juger sainement un objet, il ne suffit pas de le voir en partie, si bien qu'on le voie. Ici, l'erreur n'est pas de mal voir, mais de ne pas tout voir; et le tort est de conclure comme si l'on voyait tout. En effet, les dogmes relatifs au péché originel et à la nécessité de la grâce, élèvent singulièrement le point de vue; des horizons inconnus de dépendances se révèlent alors aux yeux de la foi; et, devant ces découvertes supérieures, l'inanité de l'humanité rationaliste apparaît éclatante.
Rappelez-vous les méditations de la deuxième semaine et le saisissement qu'elles vous laissèrent sans doute. Tout dogme, disions-nous, par là même qu'il est une vérité, devient un principe légitime de raisonnement, et les conclusions qui en découlent, quelque inattendues qu'elles soient, entrent de plein droit, dans le domaine de la vertu.
Rien n'est donc plus strictement raisonnable que l'humanité surnaturelle; mais si raisonnable qu'elle soit, elle est loin de nous le paraître. Nous ressemblons terriblement à ces hommes de nature vulgaire, qui s'entêtent à ne pas admettre ce qui les dépasse. Parlez-leur de désintéressement, et ils vous répondront, le sourire aux lèvres, qu'au fond, chacun a pour mobile un intérêt quelconque; que le désintéressement n'existe pas; et qu'après tout, s'il se rencontrait par hasard, il ne serait que duperie... Et ces gens-là se croient très forts!
Très forts aussi ces campagnards qui appuyés sur leur gros bon sens, se refusent avec dédain aux améliorations scientifiques les plus autorisées.
En fait d'humilité, méfions-nous beaucoup de ce qu'on est convenu d'appeler le bon sens et qui n'est ici que terre à terre. Le terre à terre ne suffit pas pour juger les choses d'en haut. C'est ce sens humain qui, chez les païens, traitaient de folie le sublime l'anéantissement du Calvaire, et qui, chez les chrétiens eux-mêmes, suscitait "ces ennemis de la Croix dont saint Paul ne parle qu'en pleurant." Ne se retrouve-t-il pas, hélas! dans l'esprit rationaliste d'aujourd'hui?... Qui peut s'assurer ne pas subir quelque atteinte?... Notre instinct naturel en est plein, et notre esprit n'en est peut-être pas entièrement dégagé. Combien d'âmes réputées pieuses qui, ayant affadi en elles le sens chrétien, ont dépouillé de ses exigences surnaturelles l'humilité de Jésus. "Evacuerunt crucem Christi!"
cherchons donc à mieux savoir et à mieux sentir. C'est lentement que le jour se fait; c'est péniblement qu'une habitude nous quitte, alors même qu'elle n'est qu'une habitude d'esprit, car l'esprit lui aussi a besoin d'une certaine accoutumance, pour bien croire à ce qu'il n'admet que par raisonnement.

Réflexions. Si mon humilité n'est pas l'humilité de Jésus, elle est sans force pour soutenir l'édifice surnaturel, et sans valeur aux yeux de Dieu pour attirer ses grâces. Elle ne possède ni cette douceur profonde qui assure la paix, ni ce charme particulier qui accrédite auprès des hommes... elle n'est plus qu'une sorte de vertu courte, sèche et inféconde.
Et dire que l'on se croit humble parce que l'on est ni arrogant, ni vain , ni ambitieux, ni susceptible! Ah! revenons à l'école de Béthléem, de Nazareth et du Calvaire; prêtons une oreille plus attentive aux enseignements de divin Maître; et prenons pour idéal, non point la modestie des sages, mais l'humilité des saints.
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Alexandre
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II. DE L'HUMILITE ETROITE ET PUSILLANIME

La pratique de l'humilité ne me serait-elle pas une source de préoccupations? Ne me rendrait-elle pas hésitant pour prendre un parti, craintif pour donner un ordre, facilement troublé à l'occasion d'un acte de fermeté nécessaire? Ne me ferais-je pas des obligations personnels trop gênantes? Ne serais-je pas enclin à me scandaliser au sujet des autres? L'humilité ne doit pas rétrécir les idées, elle ne doit pas non plus paralyser l'action et rendre timide.
1/S'éloigner d'une pratique de vertu ou d'une oeuvre de zèle, indiquées par les circonstances, sous prétexte qu'on en pourrait concevoir quelque vanité, est le propre d'une âme étroite et exclusive. Trembler devant toutes les difficultés, n'est pas humilité, mais pusillanimité.
Notre premier regard doit se porter sur la volonté de Dieu,unique règle de nos actes; et notre sécurité doit se fonder sur la grâce qui l'accompagne. Faut-il donc défendre contre Dieu même cette ombrageuse vertu; ou plutôt, appellera-t-on vertu cet égoïste frayeur qui, ne songeant qu'à sa sécurité, rétrécit le coeur et paralyse le zèle?
2/Se complaire en soi, est un vice; mais s'attrister de soi jusqu'au découragement, en est un autre: il arrête tout avancement.
voir en mal tout ce que l'on fait, n'est pas plus juste que sage,: le bien qui est en moi n'est pas de moi, puisqu'il est surtout de Dieu.
Se dépiter de ses fautes, c'est se mal connaître et mal connaître Dieu. L'humilité véritable avive le regret, la prière, l'effort. l'humilité fausse produit la lâcheté, qui n'a pas la même vigueur de s'élever au regret, encore moins à la prière et au combat.
3/ C'est surtout dans l'exercice de l'autorité que se font sentir la façon la plus déplorable des conséquences de cette étroitesse.
On n'osera donner des ordres, on le fera timidement, sans songer qu'on prive les subordonnés d'une force qui est leur droit.
On se laissera critiquer et reprendre, sans songer que c'est Dieu présent dans le supérieur qu'on livre au mépris: tout cela au grand préjudice du bien!
Ce genre de défaut est l'opposé du précédent.
L'humilité rationaliste arrête la vertu à des limites trop courtes; l'humilité étroite et pusillanime lui fait dépasser certaines limites sages. Ce défaut est loin d'être aussi commun. cela s'explique sans peine: l'humilité rationaliste est le fait de la raison laissée à elle-même, tandis que l'humilité étroite et pusillanime suppose, outre une défectuosité naturelle, la préoccupation exagérée des vues de la foi.
Pour distinguer ce travers, et pour instituer les moyens de s'en débarrasser, il est bon d'analyser à part les causes qui les produisent: l'une, étroitesse, tient à la nature de l'esprit; l'autre, la pusillanimité, dépend du caractère. Grâce à cette distinction, chacun saura où faire porter sa réforme.
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Alexandre
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I. De l'humilité étroite

1/Comme le rationalisme, l'étroitesse d'esprit ne voit l'humilité qu'en partie, mais elle la voit dans ses exigences. Elle suppose donc l'orgueil où il n'est pas, dans tel principe, comme dans tel acte qu'elle en croit entachés.
On se tromperait en se persuadant que ce défaut est le propre des personnes peu intelligentes. L'étroitesse, comme le mot l'indique, n'est qu'un manque d'étendue. La vue n'est pas assez large, elle n'embrasse pas cet ensemble qui seul permet de déterminer la valeur de chaque détail; au contraire, saisissant avec beaucoup de clairvoyance et de vivacité, tel point particulier qui la frappe, elle lui prête des proportions excessives. Elle ne distingue pas non plus les circonstances qui font que telle autre vertu, la charité par exemple, interdit à l'humilité, non pas d'exister, mais de paraître.
Or, la portion de vérité qui se trouve dans son erreur même, satisfait son jugement et le fixe.
Que ne voit-elle tout autour et plus loin!

2/ Le remède est l'application difficile, car il consiste à douter de soi, et cette partie de soi que l'on défend avec l'acharnement le plus convaincu, son jugement.
Il n'y a pourtant pas à hésiter, c'est cette défiance qu'il faut éveiller à tout prix. Qu'on y joigne la lecture de livres capables d'éclairer, l'ouverture confiante au directeur, et les idées deviendront plus larges en devenant plus justes.
la formation première a été souvent la seule cause de ces défectuosités. Quand elle n'a fait qu'introduire des principes étroits, un autre formation plus intelligente peut tout restaurer; mais si, par une action prolongée, elle a fini par déterminer une sorte d'entorse morale,la guérison est plus laborieuse; elle le serait davantage encore, si le mal s rattachait à la nature même de l'esprit... Comment avoir assez de jugement pour reconnaître le jugement faux?
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Alexandre
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II. De l'humilité pusillanime.

1/La pusillanimité, avons-nous dit, ne provient pas du jugement, mais du caractère: elle se compose de toute disposition donnant accès à une crainte. La crainte peut provenir d'une circonspection trop inquiète, soit d'une volonté trop faible.
Ces deux défectuosités déterminent également l'hésitation et l'inconstance, mais d'une manière différente. L'esprit trop circonspect s'embrouillera au milieu des nombreuses possibilités qui entourent chaque décision, et ne saura quel parti prendre; le caractère faible voudra et ne voudra pas, tout en voyant bien ce qu'il devait faire. Ni l'un ni l'autre ne parviennent à se fixer; et l'un comme l'autre, dans le cours de l'action, peut se laisser arrêter par le moindre accident.

2/Ce défaut n'est pas spécial aux âmes médiocres. Certaines personnes, qui montrent de la fermeté dans le gouvernement des autres, restent livrées, pour elles-mêmes, à des craintes qui les torturent; elles voient de l'orgueil dans tout ce qu'elles font et dans tout ce qu'elles pensent. La pusillanimité ne suppose donc pas précisément un manque d'intelligence, mais une intelligence d'un genre particulier; elle s'allie le plus souvent à une extrême subtilité d'esprit. Des vues trop multipliées aveuglent, et l'abondance des solutions déconcerte.

3/Le choix du remède dépend de la cause qui produit le mal.
_Êtes-vous prudent à l'excès, très regardant, très méticuleux? forcez-vous à couper court. Décidez-vous à première vue dans les choses ordinaires. Ne réfléchissez pas trop, même dans les cas graves et prenez toujours une résolution bien tranchée. Surtout ne remettez pas en question ce qui a été décidé; et gardez-vous bien de vous reprocher les erreurs où vous avez pu tomber, car les plus réfléchis eux-mêmes n'échappent pas à ces accidents de l'insuffisance humaine.
Si vous êtes d'une nature peu résolue, facilement troublée par les obstacles ou les oppositions, prenez garde, vous n'avez pas le droit d'en faire une question d'humilité; vous cédez tout bonnement à votre faiblesse. Relevez donc votre courage et imposez-vous le devoir de sauvegarder davantage vos droits et votre dignité. Maintenez vos commandements et vos observations, toutes les fois qu'il n'est pas évident que vous vous êtes trompé.

_L'humilité étroite et pusillanime imprime à la physionomie, à la parole, à l'extérieur tout entier, quelque chose de gêné, souvent quelque chose de faux qui met les autres mal à l'aise, ou les porte à abuser. Ici la direction sera utile, moins pour éclairer que pour soutenir.
Au fond, l'étroitesse et la pusillanimité proviennent d'une préoccupation, celle de soi, et d'un oubli, l'oubli de Dieu.
_Ce défaut est contraire à la prudence, qui a la mission de gouverner toutes les vertus. Il porte atteinte à l'ordre social et discrédite l'humilité.

O mon Dieu, donnez-moi cette humilité simple et courageuse qui ne regarde que vous, mais qui vous regarde tellement qu'elle se sent toutes les énergies du devoir et toutes les saintes hardiesse du zèle!
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Alexandre
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Message par Alexandre »

III. DE L'HUMILITE FAUSSE DANS SON EXPRESSION.

Que nul ne passe rapidement sur ce sujet, car bien peu échappent entièrement à ce travers; or, plus un travers est commun, moins il frappe. Je peux donc avoir beaucoup à réformer ici, sans m'en rendre compte. Cependant, je ne veux rien de factice, encore moins rien de faux dans mes paroles ou dans mon extérieur. Que mon humilité, si elle n'est pas haute, soit du moins loyale.
Votre lumière, ô mon Dieu, votre indulgence, votre secours!

à suivre...
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Message par Alexandre »

I. Nature de ce défaut.
L’homme a cette tendance invétérée de placer la vertu dans les actes extérieurs, tandis que ces actes n’en sont que la manifestation et les effets. Or, il est amené, par la logique de cette erreur, à se contenter finalement de simples protestations ou de vaines apparences. La dégénérescence qui en résulte, accuse, mais trop tard, la fausseté de cette conception. Les juifs, du temps de Notre-Seigneur, en était descendus là. Quand ils avaient dit à leurs parents pauvres : » Tout ce qu’il nous plaira ! » ils se croyaient parfaitement en règle avec la loi divine ; sans songer que cette loi, outre e respect qui s’incline, exige l’amour qui assiste et ne se contente pas d’une formule. De leur côté, les pharisiens se tenaient pour humbles parce qu’ils se prosternaient bien bas dans les rues,tout en conservant la conviction entière de leur supériorité, et, qui plus est, le mépris des autres.

Certes, nous n’en sommes pas là ! Les enseignements de l’Evangile ont trop pénétré la société chrétienne pour que nous puissions descendre à de tels abus ; mais prenons-y garde ! Notre nature appartient toujours à l’humanité ; et l’humanité ne laisse pas que de pousser sa tendance, aussi loin que le lui permettent l’irréflexion et les usages. Jésus exige que nous soyons humbles ?
Disons que nous ne valons rien ; montrons aux yeux du prochain un air doucereux et des manières déférentes ; prenons à l’église une attitude abaissée : nous voilà humble !
Assurément, nul ne fait cette déduction explicite, mais plus d’un en subit l’influence secrète. Sondez bien votre coeur. En disant que vous ne valez rien, le pensez-vous ?
En vous courbant, permettriez-vous aux autres de vous regarder de haut ?… Voyez vos révoltes quand on vous juge moins capable, quand on vous contredit ou tout simplement quand on vous néglige !
Citons saint François de Sales :
« Il se trouve souvent des personnes qui disent qu’elles ne sont rien , qu’elles ne sont qu’abjection, misère et imperfection, et qui ne saurait souffrir qu’on leur dise la moindre parole de mésestime, qu’aussitôt elles ne s’en plaignent ; et si vous reconnaissez en elles quelques imperfections, gardez-vous bien de le dire, car elles s’en offenseraient. 
Je n’appelle point humilité, dit encore saint François de Sales, ce cérémonieux assemblage de paroles, de gestes, de baisements de terre, de révérences et d’inclination, quand il se fait comme il advient souvent, sans aucun sentiment intime de sa propre abjection et de la juste estime du prochain ; car tout cela n’est qu’un vain amusement de faibles esprits et doit être plutôt nommé fantôme d’humilité. »


II. Origines de ce défaut.
Toute société se forme un langage ; et toute personne qui en fait partie, lui emprunte ses expressions. Un milieu de piété adopte nécessairement des formules humbles qui, absolument sincères chez quelques personnes, ne sont chez la plupart des autres qu’un simple écho. Cet abus est le plus souvent inoffensif, il faut en convenir, car nul ne tient compte de ces formules ; il nuit toutefois à l’humilité puisqu’il la dépare, et à la piété, car il la discrédite. Ce que nous disons des paroles, étendons-le aux attitudes : il doit y avoir une correspondance parfaite entre nos sentiments et leur expression.
Qu’elle est belle l’humilité où tout s’harmonise dans la sincérité ! Mais que la sincérité soit en défaut sur un seul point, sur une seule note : plus d’harmonie, partant plus de beauté, plus de charme, plus d’unité ; la parole du sentiment est en désaccord avec la parole qui sort des lèvres ; et l’extérieur se trouve violemment séparé de ce qui doit être dans l’âme, la conviction intime. Grande leçon pour les vertus ordinaires. Si la nôtre ne va pas jusqu’à nous inspirer les bas sentiments que les saints professent d’eux-mêmes, ne les exprimons pas, n’en prenons l’attitude, gardons de ce qui est moindre, mais vrai. Il y aura toujours certaines défectuosités que nous pourrons avouer, certaines infériorités dont nous serons convaincus, certains torts que nous accepterons de bonne grâce ; faisons de cela notre humilité.
Elle sera moins profonde, mais elle sera plus sincère ; elle ne nous inspirera pas une attitude très abaissée, elle nous laissera du moins une attitude exempte de prétention.
En même temps, désirons que notre vue devienne plus pénétrante, que la grâce nous fasse entrer plus avant dans les secrets divins, et à mesure que, par ce contraste, notre misère se révélera plus clairement à nos yeux, nos paroles et notre attitude traduiront ces sentiments nouveaux avec une sincérité toujours égale.

Saint François de Sales affirme que « parler de soi-même est aussi périlleux que de marcher sur la corde ». On peut ajouter que le plus périlleux c’est d’en parler en mal. Qui, en effet, pense beaucoup de mal de soi et qui donc a grande envie de se faire croire ? Laissons aux vrais saints les expressions méprisantes dont ils s’accablent ; leur humilité est seule assez profonde pour aller jusque-là.
Ne parlons de nous que par nécessité et, avant de le faire, interrogeons notre conscience pour lui demander si vraiment elle nous impose le devoir.

Il sera bon de récapituler ici les divers sujets de confusion que nous venons de découvrir.
Que petites faussetés ! Que d’exagérations calculées ! Que de secrets désirs d’estime sous des aveux humiliants !
Il importe aussi de débarrasser notre langage de certaines expressions que l’usage, et l’usage seul se maintient dans certains milieux. Ces expressions choquent ceux qui ne croient pas à leur sincérité, et répandent à travers chez ceux qui ne sont pas sur leurs gardes.

III. Calculs de l’orgueil.
Bien autrement grave est l’abus de ces mêmes formules quand au lieu d’être l’effet d’une simple coutume elles deviennent un moyen cherché de s’attirer l’estime.
L’humilité au service de l’orgueil, quoi de plus vil ! L’Ecriture l’a stigmatisé en ces termes : " est qui nequiter humiliat se, interiora ejus plena sunt dolo. c’est s’humilier d’une odieuse façon, que de le faire dans des vues hypocrites. »
On affecte de s’effacer et l’on ne songe par là qu’à se faire rechercher.
On dit du mal de soi pour en faire du bien.
On demande d’être averti, pour obtenir d’être loué.
Si l’on s’accuse d’une faute, c’est parce qu’elle bien connue.
On exagère ses torts pour les noyer dans l’humilité de l’aveu, et l’on insiste davantage à mesure que l’on est moins cru…
Cette humilité, dit Rodriguez, doit s’appeler une humilité à crochet, parce qu’on s’en sert pour s’attirer des louanges, comme on se sert d’un crochet pour faire venir à soi les objets que l’on ne peut atteindre.

IV. Humilité fausse dans son sentiment même.

Quand on se pose cette question : mon humilité est-elle vraie?on porte aussitôt son attention, comme nous venons de le faire, sur la conformité de la parole avec le sentiment.
Il est rare que, poussant plus avant l’examen, on s’inquiète de LA VERITE DU SENTIMENT lui-même.
Il y a pourtant des convictions factices, et qui, chose étonnante, peuvent être sincères.
Or, quoique sincères, elles ne sont pas réelles et restent par conséquent incapables de soutenir la vertu : De là l’importance de cette nouvelle étude.
L’humilité d’impression peut être attribuée à plusieurs causes ; toutes néanmoins ont leur point de départ et leur base commune dans l’estime dont jouit cette vertu : l’estime est un éclat dont l’orgueil aime à se parer. Cet éclat qui entoure l’humilité, est le plus séducteur de tous, dans u milieu de piété ; et plus ce milieu est élevé, plus son action est puissante.
Dans la cinquième méditation, cette influence a été recherchée au point de vue de la formation ; mais comme elle s’exerce à toutes les périodes de la vie spirituelle, il est bon de se demander, de loin en loin, si l’humilité sur laquelle on se repose, n’est qu’une humilité plus ou moins factice. Commençons par analyser les diverses origines de cette illusion.

I. Influence des idées régnantes ou humilité factice.
Le milieu qui transmet ces formules, ainsi que nous venons de le voir, communique aussi ses impressions. Les personnes pieuses ont lu les vies des Saints ; elles ont ressenti pour leur vertu héroïque une vive admiration ; mais ce qui les a surtout frappées, c’est le miracle de leur humilité, contraste saisissant de soi-même dans une éclatante perfection. De là le désir de descendre dans les profondeurs de cette vertu.
Jusqu’ici, tout est bon : le sens de l’émulation et celui de l’imitation nous sont donnés pour être les agents les plus actifs du progrès. Mais une fatale déviation se produit le jour où ces âmes, encore peu avancées, se persuadant avoir l’humilité des Saints parce qu’elles l’admirent, se croient obligées de professer à leur tour le mépris que les Saints professaient d’eux-mêmes.
Ces accents désolés, parvenus jusqu’à nous font vibrer toutes les générosités de leur émulation. Ne puis-je pas les exprimer aussi ?pensent-elles. Une excellente raison les presse et les rassure : Ces sentiments ne conviennent-ils pas mieux à ma misère ?… Eh Bien ! Essayez répéter à loisir cette longue litanie de leur plaintes humiliantes, mais supposez que tout à coup telle amie vous interrompe et vous dise : est-ce donc vrai ? Seriez-vous si vil, si abject, si coupable ? Le croyez-vous ?… A l’instant vous vous sentez subitement refroidi et tout étonné : une piqûre a dégonflé le ballon. N’ayant pas les vues lumineuses et les grâces spéciales des saints, vous n’êtes qu’un reflet, qu’un écho ! Cette humilité est en vous toute de surface ; elle ne baigne pas les profondeurs de la conviction.
Aux saints, Dieu se révèle si beau et si saintement exigeant, si aimable aussi, que leur propre misère les épouvante et les désole. A genoux, le front dans la poussière, ils savourent leur abaissement. Les cris déchirants que jette leur prière, sortent de leurs entrailles ; ils ont beau les redire, ils ont beau chercher des expressions encore plus fortes, ils ne parviennent pas encore à égaler par leurs sentiments l‘absolu de leur conviction.
Si nous n’avons pas ces grands sentiments d’humilité, ayons au moins l’humilité de le reconnaître ; et n’essayons pas de combler par des apparences ce vide réel. Contentons-nous d’implorer la grâce de mieux connaître les mille imperfections, qui, a notre insu, remplissent peut-être notre vie ; les défauts, qui, très visibles aux yeux des autres,nous restent cachés. Adoptons cette règle très sage d’incliner à nous condamner nous-même dans les cas douteux ; mais ne laissons pas notre conscience, notre reflet de Dieu, pure expression de notre âme, se ternir et se fausser par une habitude de sentiments conventionnels.

Rien de factice !
Soyons vrais même et surtout devant Dieu qui lit dans nos coeurs !

II. L’influence du tempérament ou humilité d’illusion.
Le milieu est la cause qui agit de l’extérieur, le tempérament est la cause qui agit au du dedans.
S’il y a des milieux qui communiquent l’impression superficielle de l’humilité, il y a des tempéraments qui en créent l’illusion ; ce sont où l’imagination domine.
Une âme d’artiste habite souvent une région éthérée, tout en dehors du réel. Ce qu’elle sent, ce qu’elle exprime, jaillit certainement d’une conviction du moment. C’est un rôle qu’elle joue au naturel, et qui la trompe elle-même.
Comme précédemment, tout ici est en surface.
N’a-t-on pas vu des poètes, au coeur sec, parcourir toute la gamme de la sensibilité et, malgré leur égoïsme féroce, exalter avec enthousiasme les plus purs dévouements ! Le lecteur tout en larmes de s’écrier : quel coeur ! Et l’entourage immédiat de répondre : si on le connaissait !
Son imagination saisit une situation, s’y enferme, et finit par s’identifier avec elle. C’est elle qui sent, qui parle, qui agit. n’allez pas dire à cet homme, que, dans la vie pratique, on ne lui voit ni ces sentiments, ni cette conduite;il se détournerait de vous avec dédain : vous ne l’avez jamais compris ! Et il est sincère. Ce que traduit son imagination seule, lui semble le traduire lui-même : il a deux vies et il ne s’en connaît qu’une.
Il y a aussi des humbles d’imagination. Ils admirent cette vertu, et, par l’effet de ce sentiment, sa beauté passe dans leur esprit et le pénètre ; ils en ont l’amour, le désir, l’inclination peut-être, mais, toujours dans cette particulière région séparée du réel.

à suivre...
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II. L’influence du tempérament ou humilité d’illusion. (suite)

Qu'ils aient à en parler fréquemment, à en exalter les charmes: l'impression gagne du terrain et devient plus profonde. Un travail latent se fait, par lequel tout ce qu'ils admirent, tout ce qu'ils exaltent, semblent leur être acquis. hélas! c'est dans l'imagination seule que ces merveilles s'accomplissent. Elles s'y étendent, comme elles y sont écloses, par la fiction, et en gardant toute la fragilité. C'est un rêve. Au lever du jour, c'est-à-dire au contact de la réalité, tout a disparu: on ne retrouve qu'une âme préoccupée d'elle-même et sensible à toute orgueil. Il y avait là comme deux personnes: le dédoublement s'est opéré! Nous ne disons pas que l'homme possède deux personnalités distinctes, comme le veulent à tort, certains rêveurs; il a simplement deux manières d'être dissemblables. S'il se trouve dans le réel, il est lui; s'il s'enferme dans l'idéal, il devient un être de convention, victime de lui-même.
Si votre imagination est vide et ardente, prenez garde: elle est capable de porter en humilité comme en tout, sa puissance d'illusion. Elle ne se réalise qu'en rêve. Descendue au terre à terre de la pratique, elle a subitement perdu ses ailes; et bientôt lasse, sinon détrompée, elle s'arrête dans son essor, lâchement.
Nous verrons bientôt comme on discerne le vrai du factice, car enfin l'imagination, loin d'être en soi une ennemie, est un auxiliaire: auxiliaire puissant, mais peu sûr, qui appelle tous les contrôles.
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Alexandre
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Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

III. Influence des habitudes ou humilité sans vie.

A l'influence du milieu et à celles du tempérament s'ajoute une troisième source d'illusion: l'influence persistante de vertus disparues.
Il se rencontre des personnes vraiment orgueilleuses qui éprouvent le besoin de faire des actes d'humilité, de confesser leur misère et quelques-uns de leurs torts._Elles se mettent au dernier rang et s'accusent même des maux publics... Chose étonnante, elles font cela avec une sorte de conviction.
Quelle est l'explication de ce phénomène?
Nous la trouverons dans une observation magistralement présentée par saint François de Sales. Elle porte, il est vrai, sur la charité, mais comme elle part du principe même des vertus,l'habitude, elle s'applique parfaitement à l'humilité. "Ce reste d'amour qui survit à la charité dans l'âme coupable, dit-il, n'est pas la charité, mais un pli et une inclination que la multitude des actes a donné à notre coeur..., c'est un simple écho qui répète la voix. Ce n'est pas la parole d'un vivant, mais celle d'un rocher creux et vain."
Oui, quand l'orgueilleux profère contre lui-même tant d'âpretés, son accent sonne faux; il se répète avec une insistance de mauvais aloi; et, devant son exagération et son amertume, sans trop savoir pourquoi, on demeure inquiet.
Formule autrefois senti et qui persiste dans la seule habitude!... telle est la nature de cette humilité, dont la puissance est encore si grande qu'elle provoque parfois des émotions et des larmes, et que tout cela ne manque ni de douceur ni de quelque sincérité.
"Eh bien! ajoute saint François de Sales, n'est-ce pas une grande pitié de voir une âme qui se flatte en cette imagination d'être sainte, demeurant en repos... et se trouvant enfin que sa sainteté est feinte, que son repos est léthargie et sa joie une manie."
Terminons par une remarque qui doit attirer l'attention des personnes ferventes:
Une personne admirée pour son humilité et qui le sait, trouvera de nouvelles délices à se faire humble, à se croire humble. Plus elle verra l'impression qu'elle produit,plus elle s'enfoncera dans le sentiment de son néant...
Mais tandis qu'elle croit goûter la pure humilité, c'est peut-être la douceur de l'estime commune qu'elle savoure; et c'est l'action de ce poison qui lui communique ce surcroît d'ardeur...

REFLEXIONS
O mon Dieu, j'ai peur! quoi, tant d'illusions possibles!... mais c'est à désespérer!... Si je me sens l'éloignement pour l'humilité, je ne suis pas humble; et, si j'éprouve pour elle de l'admiration, peut-être le suis-je davantage!
J'en fais des actes nombreux dans mes méditations; je me contiens dans les occasions où mon amour-propre est blessé; j'éprouve du plaisir à dire du mal de moi-même et la pensée de l'humilité répand en mon coeur une joie sensible: suis-je humble?
Attendez! De ces actes nombreux dans la méditation, nous n'avons rien à dire, sinon qu'elles comportent trop peu de difficultés pour témoigner formellement en faveur de la vertu.
_de ce que l'on se contient dans les occasions où l'amour-propre est blessé,il ne ressort pas la preuve absolue que l'on se contient par humilité: la simple prudence y suffit d'ordinaire, et, dans certains milieux, l'amour-propre commande lui-même cette conduite: le désir de ne point passer pour orgueilleux pourrait être le seul agent de cet effort.
_Quant au plaisir que l'on éprouve à parler en mal de soi et au goût sensible qu'éprouve la pensée de l'humilité, il ne faut pas faire grand état: ces goûts, très réels chez les grandes âmes, ne sont le plus souvent, chez les âmes ordinaires, qu'un certain contentement de soi, ou tout au plus un amour platonique de la vertu.
_Attendez des occasions positives: un mépris que rien ne compense, une préférence pour les autres qui vous rabaisse, un insuccès dont on vous rend responsable, une confiance qui se retire, tout simplement un reproche, bien mérité d'ailleurs... Ah! si le goût persiste, s'il accueille sans ostentation ces abaissements, s'il répand dans l'âme un contentement profond et donne à la vie spirituelle un surcroît d'ardeur, rassurez-vous: un tel goût, produisant de tels effets, est un goût de bon aloi. Il ne vient pas de la nature; Dieu seul peut l'inspirer.
Sans doute, il est bon de s'étendre vers tout progrès, et de porter aussi loin que possible l'humilité comme les autres vertus, mais il faut le faire dans la vérité. Nous ne saurions trop le redire: N'affirmons que ce que nous voyons; soyons sincères devant nous-mêmes, comme nous nous l'imposons de l'être devant le prochain. Dans nos prières, dans nos élévations de coeur vers Dieu, ayons la probité de nous interdire toutes les formules , que nous dicteraient seuls, ou les sentiments des saints, ou notre propre imagination. Ces formules ne produisent que l'illusion de la vertu, l'orgueil peut-être. Ne fussent-elles que vaines et vides, elles ne sont ni dignes de Dieu, ni, pour nous, fortifiantes.
_Ah! que le vrai est bon et qu'il est beau! Seul, il est à la fois lumière et force, car seul c'est la vertu.
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Alexandre
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Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

COUP D'OEIL SUR LES DEUX MEDITATIONS QUI VONT SUIVRE (4è semaine)

Au sortir de ces considérations pénibles, attristantes même, sur les fausses humilités, élevons nos regards vers l'humilité véritable.
Ses traits vont nous apparaître plein de clarté, dans la tendance prononcée à l'effacement et au sincère mépris de soi-même, et dans cette ravissante disposition qui en émane, l'inclination à estimer les autres.
son action directe produira la paix, la ferveur, la fécondité, cette triple manifestation de la belle santé de l'âme.
Etude facile, car, pour amener au grand jour ces riches découvertes, elle n'a qu'à les dégager des principes établis déjà; _étude instructive néanmoins, parce qu'elle fait surgir à chaque pas des conséquences imprévues;_étude éminemment utile, puisque de ces principes et de ces conséquences, elle compose une doctrine pratique; _étude encourageante aussi, où tout est lumière, beauté, dilatation.


NOTA.
Les personnes qui en auraient le temps et l'attrait, pourraient utilement consacrer trois méditations à chacun des deux exercices qui vont suivre. A cause de leur importance, nous indiquerons quelques séries de réflexions et d'affections.
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