formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

MEDITATION

Prélude._ Demander la grâce de m'élever à une telle vue de la beauté morale des Saints, que je sente le besoin de me mépriser profondément moi-même.

L'Apôtre._C'est un saint Pierre, un saint André, un saint Paul... Il ne s'appartient plus; l'Esprit de Dieu le possède et le gouverne; son zèle s'étend au monde entier et descend au plus pauvre esclave.
_Les fatigues, les persécutions, le glaive, ne font que le stimuler; les verges humiliantes le réjouissent.
_ Les miracles l'accompagnent. Des villes, des peuples tombent à genoux... Il meurt, et il s'ensevelit dans l'humilité: l'époque et le lieu de son martyre restent souvent ignorés.
Ah! mon zèle! mon courage! mon abnégation! mes conquêtes divines! mes dons personnels! je les regarde avec pitié; et la vue de mon orgueil me couvre de confusion!... Et j'accepte les louanges; et je me complais dans le peu que je fais!
_ Me mettre à côté d'un Apôtre et me mesurer avec lui... quelle humiliation!

La Vierge martyre._ C'est une sainte Lucie, une sainte Agnès, une sainte Agathe... Elle n'a aimé que Jésus, et elle l'a aimé d'une chaste passion. Son âme est un ciel où la lumière se répand pure et douce. Pas l'ombre d'une pensée fâcheuse. L'amour est allé grandissant et n'a pas laissé la place aux rêves des sens.
Appartenir à un être mortel, jamais!...
Souriante, elle incline la tête sous la main du bourreau: mourir, c'est être à Jésus! "O quam pulchra est casta generatio cum claritate!"
Qu'elle est belle cette noble race dans son éblouissante pureté!

L'Anachorète._C'est un saint Antoine, un saint Pacôme, un saint Hilarion... suivons-le dans le désert. Oubli et silence autour de lui!
_ Le regard de Dieu est le seul astre qui éclaire ses voies.
_Prières presque continuelles.
_ Sommeil et nourriture mesurés juste assez pour éloigner la mort.
_ Effrayantes mortifications tous les jours, de toutes les nuits, de la vie entière!
Me voir, à côté d'eux, me donnant toutes les aises de ma vie!... Il le faut peut-être!.. Mais quelle dérision, si l'on me croit mortifié; quelle honte si je le crois moi-même!... Oh! qu'il m'est facile de me voir petit et de me faire humble!

Le Docteur de l'Eglise._ C'est un saint Ambroise, un saint Augustin, un saint Chrysostôme, un saint Thomas... Sa science est si étendue qu'elle nous confond encore. L'influence qu'il exerce sur son siècle et qu'il exercera jusqu'à la fin des temps, témoigne de sa haute valeur.
Et je serais fier de quelque science, peut-être sans fond et sans mérite, d'une science toujours courte et que l'on trouve d'ailleurs dans des milliers de livres!... Et je me réjouirais, d'une joie inepte, en voyant mon influence s'étendre à cent pas de distance!...

L'Âme contemplative._ Nous voici à la hiérarchie suprême des âmes. C'est un saint François d'assise, une sainte Catherine, une sainte Thérèse.
Quelles ascensions! et de ces hauteurs, quelles vues, et quels élans! Et dans ces étreintes, quel amour, quelle union!... Pureté, lucidité éclatante de toutes leurs facultés intellectuelles; embrasement de touts leurs facultés affectives; souverain détachement; effets merveilleux des faveurs célestes..., âmes en quelque sorte fondues et liquéfiées, se moulant admirablement dans le coeur de Dieu!
A genoux, les yeux en haut, je regarde s'élever cette vision, à la lumière de laquelle je me vois grossier et terne... Suis-je de la même nature? Ah! que sont mes oraisons et que produisent-elles? Quelle est mon application à Dieu? Mon amour se fait-il sans cesse plus pur, plus haut, plus intime, plus chaud, plus rayonnant?

Les Âmes inconnues._ Elles auront passé, travaillant, priant et souffrant... Elles faisaient le bien si paisiblement que nul bruit ne s'en est répandu... Dieu seul a su les grâces données par leur intercession... D'autres auront récolté la moisson extérieure qu'elles avaient semée...
Que d'héroïsme dans certaines vies de pauvres femmes aux prises avec les duretés de l'existence! On les voyait calmes, on les croyait heureuses; et elles l'étaient en effet..., mais d'une autre manière.
Nous en avons connu peut-être; les valons-nous?

Résolution._Retenir une de ces vues._Se la représenter plusieurs fois dans ce jour.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

SEPTIEME MEDITATION -BIS- DE LA DEUXIEME SEMAINE

XIVè Exercice bis: En face de Dieu

Préparation pour la veille:Evoquer l'infini et le contempler, pour éteindre dans l'éblouissement de sa beauté les vaines lueurs de l'estime propre: voilà le but.
Ménagez-vous demain un long moment de méditation et beaucoup de tranquillité extérieure. Nos yeux ont besoin d'une attention prolongée pour sonder les mystérieuses splendeurs de l'Etre par excellence. Tous nos sens intérieurs ont besoin d'un grand dégagement pour s'ouvrir à ces vues qui n'ont rien de sensible.

1/ Vous considérerez une à une les perfections divines, et vous mettrez en regard vos lacunes et vos laideurs. Ce contraste est à la fois facile, suggestif et pénétrant; vous en retirerez des sentiments d'humble confusion, qui vont suivront dans la vie pratique. Se sentir abaissé, anéanti devant Dieu, dispose plus qu'on ne le croit à ne point se prévaloir devant les hommes.
2/Voyez, dès ce soir, quel serait le penchant le plus fâcheux de votre nature ou le genre de fautes le plus humiliant de votre vie, et proposez-vous de la faire comparaître devant celles des perfections divines qui en fera le mieux ressortir la laideur par le contraste: l'inaltérable pureté opposée à nos souillures, la serein immutabilité opposée à nos inconstances, la paix souveraine à nos agitations, et à nos troubles, etc... etc...
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

MEDITATION[b][/b]

Prélude._Demander la grâce de ressentir une telle impression des grandeurs divines, qu'elle absorbe tout sentiment de vaine estime personnelle.

De la contemplation des Saints montons à la contemplation de Dieu. Goutte d'eau tremblante en face du majestueux Océan, petite lampe des nuits sous les feux du Soleil, telle est la sainteté de l'homme devant la perfection de Dieu!

Attributs divin, mystérieux abîmes, où la pensée se perd avec un trouble plein de ravissement, si vous vous entr'ouvrez pour quelques âmes, vous restez fermés à la plupart. Le coeur a besoin d'être si pur pour plonger dans vos profondeurs! L'intelligence a besoin d'être si attentive pour écouter vos grands silences!...
Nous n'essayerons pas de tracer ici une route qui vous livre à tous, et nous serions mal venu d'offrir notre aide à ceux qui ont su trouver le chemin de la lumière. Laissez-nous seulement vous saluer en passant; laissez-nous mettre en contraste notre petitesse devant votre majesté.
Ainsi les peintres placent un homme au pied d'un grand monument, dont ils veulent faire sentir l'écrasante dimension.
O Dieu! vous êtes la toute-puissance; et je suis l'infinie faiblesse!
Vous êtes l'immensité; et j'occupe dans l'espace un point imperceptible!
Vous êtes la sagesse, la paix, l'harmonie, la mesure; et je suis l'erreur, l'imprévoyance, l'empressement, le trouble, le désordre...
Vous êtes la sainteté pure, élevée, complète, impérieusement ennemie de tout mal; et moi je suis le défaut, la convoitise, le péché!
Vous êtes l'immutabilité; ce que vous êtes, vous l'êtes toujours; ce que vous pensez, ce que vous voulez, vous le pensez et le voulez éternellement; moi je suis l'inconsistance, l'instabilité. Mes impressions et mes goûts dépendent d'un nuage qui passe!...
Vous êtes la beauté sans tache, sans ombre, sans déclin: tout ce qui, sur la terre, nous séduit, nous enchante, nous arrache à nous-même, n'est qu'un reflet lointain de votre ravissante beauté!Voûte du ciel avec ton doux azur et tes pensives étoiles; tièdes haleines du printemps, ivres du parfum de mille fleurs; grandes voix des forêts et des eaux, qui êtes le concert de la nature; flots de lumière qui semez de toute parts des éblouissements, qu'êtes-vous?... Un peu de mouvement, un peu d'apparence, un rien!
Âme de l'homme, génie de l'homme,qu'êtes-vous?... Un reflet plus haut de l'éternelle intelligence, mais un simple reflet!... Coeur de l'homme, source de tous nos sentiments; foyer de toutes nos générosités; plus grand, plus haut que tout par ton amour, tu n'es qu'une étincelle auprès de l'amour infini!
Cette vue des perfections de Dieu, en contraste avec nos inénarrables misères, provoque deux ordres de réflexions et de sentiments.
1/ Que suis-je près de lui?... et si je m'y compare: quelle dérision! Donc sentir le vide de l'orgueil.
2/Qu'est-ce que l'offense de Dieu?... Toutes ses perfections sont atteintes; toutes ses perfections se dressent contre nous et nous condamnent._C'est une injure, une profanation, une folie.
Qu'elle serait belle et douce, l'humilité faite de ces deux regards: regard sur Dieu, regard posé et ravi!...Regard sur moi, attristé et reconnaissant mais toujours humble!... Qu'il ferait bon s'écrier alors, comme saint François, durant des nuits entières:"Mon Dieu et mon Tout! Mon Dieu et mon Tout!!!" Humilité d'amour et d'adoration.

Résolution: Honte de mes haillons, honte plus profonde de mon orgueil_Sainte émulation aussi.
Dieu ne m'est-il pas donné pour modèle? Que faut-il à la toute-puissance pour faire de moi un saint?
Beaucoup d'humilité de ma part.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

TROISIEME SEMAINE: JESUS HUMBLE

PREPARATION A LA TROISIEME SEMAINE


Abordons ces méditations avec respect: Jésus est Dieu.
Avec docilité: Jésus est maître.
Avec confiance: Jésus est bon.

Il nous appelle pour nous former lui-même.
O douce initiation, ô doux commerce, ô doux espoir!
Il a ses exemples, il a ses leçons, il a ses secrets.
Par ses exemples, il marche devant nous pour nous montrer comment il est humble.
Par ses paroles, il commente des exemples.
Par ses secrets, il nous révèle l'humilité de son coeur:" Mitis sum et humilis corde."
Toutefois, il réserve cette haute notion à ceux qui sont petits et à ceux qui veulent l'être:" Revelasti ea parvulis."
Le coeur est un foyer; sa chaleur en arrive parfois à devenir lumière: méditons d'une façon affective.
Mais, plus que le coeur, la grâce est lumière: attirons-la rayonnante au dedans de nous.
O Saint-Esprit, Esprit créateur, créez en moi des idées, des vouloirs rajeunis,une terre nouvelle, au ciel nouveau. Enseignez-moi Jésus, "donnez-moi de Jésus: de meo accipit et annuntiabit vobis." Je veux être humble, comme Jésus et par lui.
Cette semaine nous fera avancer dans la connaissance de l'humilité, en mettent dans un plus grand jour les vérités déjà méditées, et en étendant encore nos horizons.
Elle nous animera pour la pratique de cette vertu, de toute la force de l'exemple le plus autorisé. Puisse-t-elle transformer véritablement notre coeur, pour de là transformer notre vie!
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

SUITE DE L'INTRODUCTION A LA TROISIEME SEMAINE "JESUS HUMBLE"


I

Afin de permettre à ces méditations d'exercer sur nos résolutions toute leur influence, dégageons-nous de certaines persuasions confuses qui représenteraient les actes et les sentiments de Jésus comme trop en dehors des conditions où nous sommes, pour qu'ils puissent nous servir d'exemple.
Assurément, l'état où se trouve élevé l'âme de Jésus par son union personnelle avec le Verbe est si différent du nôtre qu'il nous est impossible d'en préciser la nature et les lois. Les expressions même nous manquent. Mais si les horizons lointains se dérobent à notre regard, les régions prochaines lui restent accessibles. Nous n'aborderons que celles-ci.
Deux questions principales s'imposent à nos préoccupations en face de Jésus souffrant et humilié.

1/ Souffrait-il réellement, Lui qui était plongé dès ici-bas dans la vision béatifique? Pouvait-il avoir sincèrement de bas sentiments de lui-même, Lui qui se savait si grand? A l'extérieur, il est vrai, l'humiliation et la souffrance apparaissaient évidentes; mais régnaient-elles au dedans? Ces faits ne se produisaient-ils pas, uniquement, dans le but de constituer en notre faveur le grand enseignement des exemples?

2/ En tout cas, si ces humiliations et ces souffrances furent réelles, Jésus avait, pour les supporter toute sa vertu divine: Il était l'infini, le tout-puissant, le fort par excellence...; et moi je ne suis qu'une pauvre petite créature pétrie de faiblesse!... Son humilité fut de sa taille comme tout le reste... C'est à peine si mes regards peuvent s'élever assez haut pour en contempler la grandeur, comment ma vie serait-elle capable de l'atteindre? Laissez-moi tomber à genoux devant ces prodiges pour les admirer: mais ne me le demandez pas de les reproduire.


II

Quoi! l'humilité de Jésus ne serait qu'une apparence, qu'un décor, qu'un modèle sans vie?
Quoi, ses exemples sont réels, ils n'appellent pas mon imitation, parce qu'ils se retrouveraient en dehors des conditions de ma nature?
Oh! non, mille fois non! L'humilité de Jésus, mon frère, n'est point une simple apparence; elle n'est point non plus un exemple hors de ma portée, sans quoi le Dieu de vérité se tromperait! Le Dieu juste nous entraînerait à subir douloureusement des humiliations dont il n'aurait point souffert lui-même; le Dieu sage nous imposerait que seules des épaules divines sauraient porter!...
Jésus a senti la honte de l'humiliation avec cette répulsion naturelle qu'inspire le sentiment de la dignité personnelle; il l'a acceptée comme une chose juste,nous le verrons bientôt.
Il fallait, en effet, ces deux conditions: sentir et accepter: sentir réellement dans son coeur d'homme, accepter librement dans sa volonté de fils soumis, pour que son humilité fût une vertu et pour que ses actes fussent un mérite.
L'âme de Jésus ressemblait à notre âme comme son corps ressemblait à notre corps. Ils étaient faits l'un et l'autre des éléments qui nous constituent nous-mêmes: son corps avait notre sang, nos nerfs, nos organes; son âme, ainsi que la nôtre, était douée d'intelligence, de volonté, de sensibilité. Si notre sang coulait dans ses veines, nos sentiments humains palpitaient dans son coeur.


III

Deux grandes différences s'accusent néanmoins entre sa manière de sentir et la nôtre; mais ces deux différences ne font qu'ajouter à la force de l'exemple; Jésus, mieux doué que nous,sentait plus vivement, acceptait plus filialement.

1/ Ne sait-on pas qu'une plus grande souffrance est dans la vie le partage des natures d'élite? Plus hautes, elles voient de plus loin; plus affinées, elles saisissent les moindres nuances; plus constantes, elles sont moins capables d'oubli. Ainsi, plus il aura souffert, ce Jésus adoré, plus il aura le droit de nous donner ses actes et ses sentiments comme de vrais exemples:

2/Sans doute, ces exemples laisseront toujours bien loin en arrière notre trainante imitation; et ce n'est pas seulement par la grandeur des actes qu'ils la dépasseront, mais aussi par la perfection de l'offrande: Jésus alla au devant de la souffrance et il l'aima:" Desiderio desideravi."

Mais alors où est son mérite, si rien ne lui coûte, s'il fait tout par amour?...
Depuis quand l'amour qui rend tout facile sera-t-il donc regardé comme une diminution du mérite?
Donnerons-nous au moins de reconnaissance à une affection très vive qui se fait un bonheur de panser nos blessures ou de nous sacrifier ses joies?
Depuis quand la vertu, qui, elle aussi, rend tout facile, a-t-elle fait perdre à des actes accomplis avec aisance, le droit d'être admirés. Quoi! à mesure qu'ils grandissaient, l'amour divin et la vertu feraient baisser la valeur de nos actes!

3/ Si les actes de Jésus furent déterminés par son immense amour, ils le furent librement comme douloureusement; car en Jésus, sachez-le bien, ce n'était pas la Divinité qui sentait , mais la nature humaine, cette nature plus sensible que la nôtre et plus accessible encore à la souffrance. Ne dites donc plus: je ne suis point Dieu, je ne puis faire ce que fait le Tout-Puissant.
Vous avez devant vous, non le Dieu, mais le Fils de l'homme; et c'est Lui qui est offert à votre imitation.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

PREMIERE MEDITATION DE LA TROISIEME SEMAINE

XV è Exercice: Enfance et vie cachée Humilité d'effacement

Préparation pour la veille: Ce sont les faits qui vont parler d'abord: c'est sous nos regards que l'humilité de Jésus va se produire dans la douce lumière de sa vie cachée, à travers les émouvants mystères de sa Nativité, de sa Présentation, de sa fuite en Egypte, puis le long des années monotones qui s'écoulent lentement dans les obscurités voulues de Nazareth.
Trente ans sur trente-trois! Quelle préférence marquée! Jésus est venu pour parler aux hommes et il est très près d'eux. Quoique petit enfant, il a une lèvre éloquente; il sent bouillonner dans son jeune coeur le zèle le plus ardent... et il se tait. Y aurait-il donc quelque chose de mieux que de sauver des âmes, y aurait-il des moyens plus puissant que de se montrer et d'agir?...

1/ Oui, c'est l'humilité qui prépare le succès, elle dépouille l'homme de cette encombrante préoccupation de soi qui intercepterait l'action divine; elle rend insensible à ce qui est dur et déconcertant, tandis qu'au dedans elle tient le coeur tendre, et comme amolli à 'égard de tous. Mais pour une telle réforme, il faut à la nature humaine de longs espaces, remplis de nombreuses victoires... Jésus avait besoin de l'enseigner à notre empressement.

2/ L'humilité vraie tend d'ailleurs à l'effacement. C'est sa place choisie; c'est le lieu où elle est à l'aise; elle s'y porte de toute sa force quand rien ne s'y oppose, et elle y demeure tant que la voie de Dieu ne l'appelle pas à en sortir:"Ama nesciri, aimez à être inconnu."

3/ Et puis cette retraite sacrée, pleine de silence, n'est-elle pas comme un sanctuaire où Dieu se révèle et se donne plus intimement?...
Comment ne pas lui accorder ses préférences quand on a le coeur plein d'amour?
Demain nous parcourrons avec tendresse les textes sacrés, qui nous racontent cette période tout imprégné de douce humilité: c'est calme, c'est touchant, c'est délicieux!
O Marie, ô Joseph, ô anges, heureux et seuls témoins de ces anéantissements, prêtez-moi vos yeux et vos coeurs, pour que je contemple Jésus humble.

Note de bas de page: La tendance à l'effacement n'est-elle pas contraire au développement des grands caractères, et, par suite, à l'intérêt public? Ce serait vrai si l'ambition était le seul mobile capable de former de grands caractères et d'inspirer de grandes actions. Heureusement la vertu chrétienne trouve dans son amour pour la gloire de Dieu un mobile à la fois plus puissant et plus noble. Lisez par exemple, la vie des fondateurs d'ordres religieux.
Cette vérité est d'ailleurs mise en lumière dans la 5è semaine.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

MEDITATION

Premier prélude: Se représenter le contraste du ciel immense et rayonnant où règne le Verbe, en face de ce pauvre coin de terre froide où descend le Sauveur. Entrevoir,en haut les splendeurs incréées; contempler en bas l'humilité d'une étable abandonnée.

Deuxième prélude: Demander la grâce de sentir vivement l'amour de Jésus pour tout ce que tient effacé, de comprendre qu'un tel abaissement, qui n'était point nécessaire, devait être surtout une leçon.

I

Et Verbum caro factum est, comparons le deux termes: le Verbe, lumineuse image du Père, et la chair, poussière animée, la chair infime de l'homme. Ils se rapprochent jusqu'à s'unir. Ce mot: factum est, ne semble-t-il pas emprisonner, cacher le Verbe dans la chair, et comme l'anéantir:

Exinanivit semetipsum! Ce premier acte appartient à Dieu seul, ceux qui vont suivre appartiendront à l'Homme-DIEU.

Edictum a Caesare. Le voilà dès avant sa naissance soumis à un maître; il subit ses exigences; César aura un sujet de plus, et Jésus n'aura ni demeure ni berceau... il l' a voulu, il l'a choisi.

Non erat eis locus in diversorio, c'est chose toute naturelle: ils étaient pauvres, ils furent rebutés...

Reclinavit eum in praesepio. L'auge où mangent les animaux devient son berceau: une poignée de paille soutient et entoure son petit corps si tendre. Doux enfant endormi dans la crèche, vous semblez reposer dans l'humilité!

Pastores erant in regione illa: des pâtres, de pauvres gens, voilà ceux qu'il honore de sa première audience. Il les préfère parce qu'il est humble.

Et hoc vobis signum, le signe qui révèlera le Dieu sauveur, c'est sa petitesse: invenietis infantem, un petit être sans parole et sans regard.

In praesipio, comme un faible agneau dans son nid de paille.

Les bergers l'adorent et s'en retournent.
Jésus reste ignoré._Est-ce par ordre de Dieu que es bergers ne parlent pas?
_Est-ce par simple permission?
_Peut-être parlaient-ils? mais alors ils ne furent pas écoutés:c'étaient de trop petites gens._Jésus ne quitte l'étable que pour aller dans une pauvre maison voisine.
_Les anges l'ont proclamé le Messie...; mais ils n'ont point écarté les voiles dont le couvre l'humilité.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

II


Postquem impleti sunt dies purgationis. Quarante jours sont écoulés. Ils vont à Jérusalem, ils sont seuls, nul ne s'occupe d'eux.
Au Temple, cependant, des prophètes les accueillent: Siméon, vénéré du peuple, le déclare lumière des nations, et Anne parle de lui à ceux qui attendaient le Rédempteur d'Israël.
C'est l'éclat d'un instant, et le voile de l'humilité se referme aussitôt sur lui; et quand les mages viennent le chercher à Jérusalem, Jérusalem qui l'a reçu dans son temple, ne le connaît même pas!
_La caravane des fils de l'Orient trouble durant un jour le repos de la cité. La science déclare que le Messie doit être né, et né à Béthléem. Béthléem est à deux lieus de là; et nul n'y court, nul n'y accompagne les mages!
Quel prodige d'indifférence!
_Surge, fuge. Au milieu de la nuit une voix retentit: Joseph, lève-toi! prends l'enfant et fuis! Voilà tout ce que Dieu veut faire pour son fils!... Songeons au ressources de la toute-puissance et admirons en Jésus la volonté bien arrêtée de n'être compté pour rien.
Le retour en Galilée est aussi dépendant, aussi obscur et aussi humble.

III

Nazareth se montre à nous avec ses longues années d'oubli: Petit village perdu au milieu de la verdure, avec ses deux ou trois rues où ne passe jamais un étranger, dans le silence de ses maisons, qu'interrompt seulement, de loin en loin,le bruit monotone de quelques instruments de travail. Et dans ce milieu obscur où les jours et les heures s'écoulent lentement, Jésus, Dieu anéanti, reste ignoré de ceux qui l'emploient, de ceux qui l'entendaient!... Seuls, Marie et Joseph sont là pour l'adorer...; mais eux non plus, ne le révèlent pas...Tout ce qui convient à un enfant dans une famille pauvre, voilà sa vie!... Les perspectives se déroulent, à l'infini, devant l'âme qui refait, par la méditation, le cadre des lieux, le détail de chaque journée. Elle voit ce qui se passe, elle entend ce qui se doit, elle contemple comment tous ses actes sans éclats créent sur la terre la véritable humilité.
O Jésus, votre volonté de l'anéantissement est d'une évidence et d'une persistance qui impressionnent ma raison et mon coeur!
O Jésus voie, vérité et vie, ayez pitié de mon orgueil qui m'égare et me tourmente!
Habituez-moi à vous aimer assez pour que l'oubli des créatures ne me soit point amer.
Enseignez-moi à m'effacer pour que j'attire vos regards!
Défendez-moi contre le désir empressé d'agir et de réussir!...
Vous prolongez durant trente ans ce long enseignement, pour m'apprendre à en garder l'esprit, non par occasion et de temps en temps, mais tous les jours de ma vie.
Que trouveriez-vous donc de si délicieux au fond de l'oubli, pour n'en vouloir point sortir?
Vous y trouveriez l'infini: car l'ombre le fait rayonner et le silence le fait entendre!

Résolution: pour sortir de l'effacement et de la retraite, attendre que Dieu me prenne comme par la main.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

DEUXIEME MEDITATION DE LA TROISIEME SEMAINE

XVIè Exercice: Humilité d'action

Premier point: L'humilité de Jésus fut simple.
Deuxième point:: Elle fut magnanime.

Préparation pour la veille: Pour profiter pleinement de cette méditation, comprenons bien que dans la vie active, l'humilité change de rôle: elle n'est plus effacement, nous l'avons médité, mais vient-elle à rencontrer le volonté de Dieu qui s'oppose à ses préférences, elle se replie dans le coeur sans se diminuer en rien. Alors, toujours active, elle reporte son utile influence sur l'exercice des autres vertus, et leur communique ce cachet de simplicité et de désintéressement personnel qui fait leur puissance.
Etre humble au sein de l'effacement est relativement facile; mais rester humble au milieu de l'action demande une vertu solide et de sages précautions. Se complaire dans la louange, dans la simple vue du bien que l'on fait, est un poison si subtil! S'élever en soi-même à mesure que s'élève la position, et changer d'attitude avec elle, n'est-ce pas,hélas, la règle commune? Ne faut-il pas d'ailleurs se montrer, agir, parler et réussir?

O Jésus, vous m'éclairerez de votre exemple.
Si je vous aime, il me sera facile de le suivre et de ne plus prendre le change.
O Jésus, vous mettre à ma place et vous mettre en moi, n'agir que pour vous et par vous, n'est-ce pas l'idéal de l'humilité dans la vie active?
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

MEDITATION

Premier prélude: Composition du lieu: contemplons Jésus quittant Nazareth sans bruit, comme il y a vécu. L'humilité de ses trente années obscures ne lui suffit pas; il veut commencer son ministère par des humiliations plus apparentes._Voyons-le s'acheminer vers le Jourdain, se mêler à la foule des publicains, et recevoir le baptême des pécheurs._ Suivons-le ensuite au désert, où il subit le voisinage des bêtes fauves et le contact du démon, se laissant tente comme une âme capable de faiblir.

Deuxième prélude: Demandons la grâce d'être libres de toute vaine assurance en nos ressources personnelles et de toute dangereuse complaisance dans l'estime qu'on nous témoigne.

I.L'humilité de Jésus fut simple.

_Son humilité a tout l'éclat de la vérité, tout le charme de la simplicité. Son abord ne présente rien qui étonne. Ses vêtements sont pauvres, sa démarche est modeste, sa tête légèrement penchée en avant. Qu'il regarde, qu'il parle ou qu'il agisse, tout est d'un naturel parfait: Jésus ne pose pas.
Son entourage. _C'est le peuple en costume de travail, ce sont les petits enfants et leurs mères, ce sont aussi les publicains méprisés, souvent les personnes perdues de réputation. Voilà ceux qu'ils préfère, qu'il attire à lui, qu'il relève. Pour eux, il a des trésors d'indulgence.
Comment se trouve-t-il dans ce même coeur tant de répulsions indignées? Jésus a la haine de l'orgueil, et il est sans pitié pour les orgueilleux pharisiens! Il ne leur tient compte ni de leur probité, ni de leurs prières prolongées... La vertu inspirée par l'orgueil lui est en horreur.

Sa vie est dénûment de tous les jours: il n'a pas une pierre à lui, pour reposer sa tête: de pauvres gens le reçoivent dans leurs maisons; de pauvres femmes pourvoient à ses besoins._Pour prêcher, il n'exige ni temple, ni chaire; un tertre de gazon, l'angle d'un carrefour, le bord d'une barque, lui suffisent.
Son langage est si simple dans son élévation, que tous le comprennent. Il est si limpide, il laisse si bien voir la vérité elle-même, que les mots semblent disparaître. Il emprunte les expressions, les usages, les idées même du peuple. Rien n'est plus éloigné de la recherche que les discours.
Et sa vertu, comme elle est simple! Jésus habituellement ne manifeste rien d'extraordinaire. _Il mène une vie commune, il mange et boit comme tout le monde, il a des heures de fatigue. _Quand il veut se livrer aux longues méditations, il se retire sur la montagne._ Sans doute, sa parfaite vertu se trahit partout; mais elle est pénétrée de tant de naturel qu'elle n'étonne pas, semblable à des monuments dont l'harmonie dissimule la grandeur.

II. L'humilité de Jésus fut magnanime.


_Dès que l'heure marquée par son Père a sonné, Jésus sort de l'obscurité, se montre, parle et s'entoure de disciples.
_Il entraîne les foules et fait trembler les pouvoirs publics.
_Il guérit les malades, ressuscite les morts et apaise les tempêtes... Or, il fait ces grandes choses comme naturellement; il ne recherche pas les honneurs, il ne fuit pas les opprobres, il paraît indifférent aux uns et aux autres.
Admirons cette magnanime humilité qui affranchit l'âme de toute pusillanimité et de toute hésitation. Ecoutons le divin Maître nous en révélant le secret: "c'est mon Père en moi qui fait ces grandes oeuvres." Jésus s'attribue le rôle de simple instrument.
_ Un instrument ne doit pas résister, _ un instrument ne peut s'enorgueillir!
L'humilité, quand elle est vraie, rend le coeur généreux. Devant une volonté supérieure, elle ne permet ni refus, ni réserve; elle inspire un désir du bien qui a Dieu seul pour objet; et une confiance qui attend tout de lui. L'humilité qui n'aurait pas ce caractère serait fausse ou incomplète.
Jésus se présente et parle avec autorité, tanquam potestatem habens. Il se présente pour ce qu'il est, il dit ce qu'il a mission de dire. Il n'a point de ces timidités qui sentent la préoccupation personnelle, ni de ces formules d'humilité qui contiennent souvent un orgueil condensé.
_Cet exemple nous donne des leçons importantes.
Quand nous remplissons une mission, oublions-nous, faisons-nous oublier. Que Dieu seul apparaisse, et que les âmes soient sauvées!
N'est-ce point attirer l'attention que de trop répéter qu'on est incapable et indigne! Il s'agit bien de nous! Prêtons à Dieu ce que nous tenons de lui, et que le sentiment de notre inutilité aille grandissant avec le succès de nos oeuvres.
Sur la fin de sa vie, Saint François d'Assise laissait les foules s'agenouiller devant lui et baiser ses stigmates sacrés. Un frère lui en témoigna son étonnement: "Ah! répondit le Saint, je ne m'y trompe point! Ce n'est pas moi que l'on vient voir ici: je reçois ces hommages et je les rends à Dieu."

Résolution: dans le bien que je suis appelé à faire, ne voir que Dieu, le voir sans cesse. Danger de me rechercher moi-même, ne fût-ce que par une fugitive complaisance.
Répondre

Revenir à « L'humilité exaltée et l'orgueil rabaissé »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invités