formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

PREMIERE MEDITATION DE LA QUATRIEME SEMAINE

XXIè Exercice: Des caractères de la véritable humilité.

Premier point: Inclination à l'effacement.
Deuxième point: Inclination au mépris de soi-même.
Troisième point: Inclination à l'estime du prochain.

Préparation pour la veille.
Nous étudierons demain les caractères distinctifs de l'humilité. L'humilité est une vertu; donc, elle doit être une force permanente. Mais sur quel point portera-t-elle son effort? Sur cette tendance dangereuse qu'il faut dominer: la tendance de nous surfaire dans notre propre estime et nous surélever dans l'opinion des autres. Elle lui oppose d'abord l'inclination au simple effacement; allant plus loin, elle fait naître l'inclination au mépris, qui, en certaines âmes, devient un véritable amour.
Une telle disposition n'est-elle pas contre-nature? Point du tout, car éminemment pacificatrice et bienfaisante comme tendance, elle ne pourrait être contre nature que dans ses actes; mais si la tendance relève de la vertu spéciale dont elle est le mouvement, les actes relèvent en tout et pour tout de la prudence.
Par elle, nous le verrons plus loin, les droits des vertus seront sauvegardés; la dignité personnelle sera maintenue; toutes les initiatives utiles seront prises; en un mot, ce qui doit être fait sera fait; l'humilité n'interviendra que pour donner à toute son activité un caractère en quelque sorte impersonnel, établissant ainsi la liberté de Dieu dans son action sur l'âme dans sa parfaite obéissance à Dieu.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

MEDITATION

Prélude. Demander la grâce de ne point se décourager en voyant tout ce qu'exige l'humilité.

I.Inclination à l'effacement.

"Ama nesciri. aimez à être ignoré."(Imitation de NSJC)

1/"l'humilité cache tout ce qui est vertu et perfection humaine; elle ne fait paraître que par charité... elle est simple par dessus tout, et elle ne veut ni paraître savoir ce qu'elle ignore, ni avoir l'air d'ignorer ce qu'elle sait." Saint François de Sales.

2/ Elle n'aime pas les éloges; elle ne saurait néanmoins repousser ceux qu'elle croit mériter.
Elle s'ingénie alors à détourner l'attention, et c'est si facile! Parlez aux autres d'eux-mêmes et vous serez vite oublié. Une personne moins humble prendrait des airs effarouchés et nierait l'évidence: attitude fausse, humilité douteuse. Oh! la vérité, la simplicité, même et surtout dans l'humble effacement.
Quand elle réussit, c'est à Dieu qu'elle en fait remonter la gloire; quand elle échoue, c'est elle seule qu'elle accuse... La raison s'étonne de cette partialité,mais l'âme humble se l'explique à merveille: est-ce que Dieu n'est pas le principe premier et nécessaire à tout acte bon!
Est-ce que l'Être parfait peut avoir une part quelconque dans un insuccès?
3/ Au reste, elle pense très peu au bien qu'elle fait, encore moins aux éloges qu'elle reçoit. Elle éponge avec soin ces vaines complaisances d'orgueil qui suintent en nous de tous côtés...
Elle sait que la moindre trace qu'elle laisserait aux parois du vase, serait un principe de corruption pour tout le bien que Dieu y pourrait mettre.
4/Choisir l'emploi le moins en vue, la place la plus effacée, lui paraît tout naturel. Elle n'ambitionne rien de ce qui distingue, et si elle appelée à faire de grandes choses, elle y va enveloppée de modestie. Partout elle cherche l'oubli, comme pendant la chaleur on cherche l'ombre et elle s'y trouve bien.
5/ Par goût, elle est inclinée vers les petits et les pauvres. Quand l'orgueil ne nous aveugle pas, Jésus est transparent en eux: "Ce que vous aurez fait au plus petit, c'est à moi que vous l'aurez fait." O Humilité révélatrice!

Réflexions et sentiments.
1/Impression de paix profonde et suave:
2/ Dépendance libre et souple à tous les vouloirs divins;
3/Facilité à se faire agréer, écouter, aimer;
4/la simplicité consiste à éviter le factice, et en cela l'humilité est vraie; puis à se dégager du multiple, et en cela elle vise Dieu avant tout;
5/ Son influence heureuse sur l'intelligence des vérités de la foi;
6/Instinct mystérieux qui lui révèle le bien;
7/ Chaude atmosphère où toutes les vertus se développent;
8/ Disposition à la vie intérieure;
9/Place laissée vide et que Dieu remplit;
10/ Le plus grand bien a toujours été fait par ceux qui s'effacent: Dieu vient les prendre par la main et les accompagne;
11/ Se résoudre à cette humilité;
12/Comparer sa vie à cet idéal et prendre des résolutions pratiques.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

II. Inclination au mépris de soi-même.

_"Qui se connaît bien se méprise."(Imitation de NSJC)
L'humilité d'effacement a pour objet l'estime des autres: elle modère et dirige le désir inné que nous en avons. L'humilité qui concerne le mépris de nous-mêmes, s'adresse à une autre tendance: l'estime de soi, dont les écarts sont très funestes.

Certaines natures ont grand besoin de cultiver l'inclination au mépris de soi-même, car, si le désir de l'estime des autres est plus général, le sentiment excessif de l'estime de soi est bien plus violent. C'est lui qui fait les vrais orgueilleux, ces hommes qui tranchent et s'imposent, brisent les oppositions les plus légitimes, dédaignant les conseils, et méprisent leur entourage.
Il n'est pas nécessaire que l'orgueil atteigne ces excès pour être odieux et perturbateur.
Jetons sur notre vie un regard sincère, prenons conscience de notre véritables sentiments; et, si nous y découvrons quelque chose de cette dangereuse tendance, ayons le courage de nous incliner résolument au mépris de nous-même.

1/ l'âme humble s'applique à connaître le peu qu'elle vaut; et, pour cela, elle pense souvent à ce qui la rabaisse au point de vue du talent, des avantages extérieurs, des dons même de la grâce. etc.
Se voyant des défauts, des penchants misérables; sentant sa vertu toujours chancelante, elle rougit des témoignages d'estime qu'elle est obligée de subir:"Si l'on savait!" dit-elle.

2/Lui arrive-t-il de commettre l'une de ces maladresses qui ne nuisent qu'à l'amour-propre elle s'applique à l'aimer, et se défend d'en atténuer, sans motif, la fâcheuse impression.
S'il s'agit d'une faute, elle l'envisage sous deux aspects: la faute contient l'offense de Dieu, et elle la hait;_ mais la faute contient aussi l'humiliante manifestation de nos mauvais instincts et de notre incurable faiblesse, et elle se réjouit... Oui, elle se réjouit, car la faute est pardonnée; elle n'est plus, tandis que l'humiliation demeure. Or, toute humiliation est bonne, elle nous aide à devenir humble, et fait ressortir la miséricorde de Dieu.

3/Toujours défiante d'elle-même, l'âme humble consulte volontiers; et, quand la prudence le permet, elle s'adresse même à ses inférieurs._ Elle sera heureuse ensuite d'attribuer le succès aux avis qu'elle a reçus.

4/Dans les milieux où est établi l'usage de la monition, elle rend facile et douce la tâche de l'amitié. "Dites-moi bien librement tout ce que vous avez remarqué de défectueux...Oh! que c'est juste, et je vous remercie... vous verrez que, grâce à vous, je finirai par devenir meilleur..." Et tout cela sent la sincérité et la joie ans l'amour de l'humilité et de la perfection.

5/ C'est au confessionnal qu'elle donne libre carrière à son besoin d'humiliation... Certains motifs bas dont on rougit; certaines fautes avilissantes du passé... elle se plaît à les faire connaître et à les rappeler.
_Elle se garde bien de changer l'effet de ses aveux par l'exagération ou par quelqu' autre habile moyen...elle veut paraître vile et non pas humble, même aux yeux de son confesseur..._Avons-nous besoin de le dire: la vérité défend de s'attribuer des torts que l'on aurait pas; et la sagesse ne saurait permettre de se faire connaître, sous prétexte de s'humilier.

6/ Certaines occasions mettent particulièrement à l'épreuve le mépris de soi. On vous reprend; on vous averti d'une erreur, d'une imprudence. réfléchissez d'abord, et si l'observation est juste, remerciez franchement; et gardez-vous d'ajouter l'une de ces protestations qui sentent le désarroi d'un amour-propre blessé: oh! vous avez bien raison! je n'ai que des défauts! ah! si vous connaissiez toute ma misère!...

7/ Par contre, lorsque vous donnez un avis et qu'on le dédaigne, si vous montrez quelque dépit, si vous prononcez quelques-unes de ces paroles d'humeur:"Après tout, c'est votre affaire, d'ailleurs, vous en savez plus que moi..." vous ne parlez pas sûrement sous l'influence de l'humilité. D'un acte de charité, vous faites une question d'amour-propre, et votre zèle s'arrête déconcerté; tandis que d'une humilité profonde, ne considérant que le plus grand bien, eût conseillé peut-être de douces instances, s'il s'agit d'un égal, de fermes remontrances, s'il s'agit d'un inférieur dont on a la charge.

Réflexions et sentiments.
1/ Beauté morale de cette disposition.
2/Principe de sagesse.
3/ Sauvegarde très sûre.
4/Puissance incomparable pour le bien.
5/Foyer de tendresse.
6/ Qui n'aimerait une telle âme?
7/Qui lui refuserait sa confiance?
8/ Quels sont à l'égard les sentiments de Dieu, ses dispositions généreuses, son indulgence au besoin?... Ne le voyez-vous pas sans cesse prêt à témoigner son amour?
9/Ah! qui me donnera de m'oublier et de me perdre dans un sincère mépris de moi-même!
10/ Long regard sur Jésus humilié.
11/ Demander vivement la grâce de comprendre, de désirer, de vouloir.
12/ Se mettre de son mieux dans cette disposition du mépris habituel de soi, et se tenir dégagé de toute vaine complaisance.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

III. Inclination à estimer les autres.

"N'avoir aucune bonne opinion de soi et estimer beaucoup les autres, c'est une grande sagesse et une haute perfection." (L'Imitation de NSJC)
l'estime pour le prochain n'est pas un acte direct de l'humilité, mais elle en est le résultat le plus constant et la preuve la plus certaine.
On peut craindre de se tromper sur l'amour que l'on croit voir pour l'effacement et le mépris; qu'on se rassure si, parallèlement, on se sent une inclination franche à estimer les autres.
Si j'ai l'amour réel de l'effacement, nul ne me fait ombrage; si j'éprouve pour moi-même un sincère mépris, je relève d'autant les autres par comparaison. C'est le contraire de l'orgueil qui, en se surélevant les rabaisse.

1/ "Alios reputa meliores te.":" estimez les autres meilleurs que vous", dit saint Paul.
Voilà votre règle pratique.

2/ L'âme humble ne se préfère à personne et ne pense jamais mal des autres.
Ses propres défauts l'occupent assez pour qu'elle cherche à voir ceux du prochain. Quand elle les rencontre, elle les excuse; et , si elle ne le peut, elle les regarde avec indulgence.- Cela n signifie point qu'elle approuve ce qui est mal ou imparfait, et cette conduite ne s'applique pas aux cas où l'on a le devoir de juger, soit pour diriger les autres, soit pour se défendre soi-même. Incliner à juger les autres meilleurs que soi, n'implique nullement le désir de les imiter dans leur conduite, si cette conduite est défectueuse.- Elle est encore plus jalouse de cette délicatesse pour ses pensées qu'elle ne l'est pour ses paroles; car c'est aller plus avant dans la vertu.

3/Un sentiment lui est particulièrement en horreur, le mépris du prochain, ce signe caractéristique de l'orgueil.
Un tel sentiment vient-il à faire invasion dans son coeur, aussitôt elle le désavoue; et, pour en faire disparaître l'influence, elle réagit contre l'impression fâcheuse, en s'efforçant de la remplacer par une impression favorable. dans ce but, elle fixe sa pensée sur les bonnes qualités de la personne, ou sur l'amour que Jésus lui porte.

4/ Est-elle par hasard l'objet de quelque injustice ou de quelque violence, bien loin de se livrer à l'indignation, elle commence par examiner si elle n'y aurait pas donné lieu; puis, songeant à ses propres offenses, elle reconnaît que Dieu a bien le droit de se servir des autres pour la punir. Aussi rien n'est plus suave que le coeur humble; il semble avoir perdu le triste pouvoir de s'irriter: il se sent si pauvre.-Cette disposition ne s'oppose pas à la défense légitime de nos droits et de nos intérêts; elle la rend, au contraire, plus sûre, par le calme qui permet de voir plus clair, et par la bienveillance qui amène les conciliations.-

Réflexions et sentiments.
1/ Admirer la divine ordonnance des vertus. La charité naissant en quelque sorte de l'humilité, trouvant sous ses ailes sa sauvegarde la plus efficace, la chaleur qui la fait généreuse.

2/Voyez combien, avec cette disposition, le support du prochain serait facile.

3/ Seule, l'estime qu'on a pour les autres, permet de les encourager efficacement; or, l'encouragement est le plus puissant moyen d'agir sur les volontés.

4/ Que serait une famille, un groupe de personne, où chacun aurait une charité faite d'humilité: jamais plus d'aversion, jamais de reproches amers, jamais de jalousies, ni de comparaisons pénibles, pas de susceptibilités et de froissements.

5/ Remarquez-le bien, l'estime du prochain, né de l'humilité, est une estime spontanée, sortant d'une conviction intime.
Celle qui serait déterminée par le précepte de charité, pourrait se porter aux mêmes actes, mais en les imposant. Or, les actes commandés, s'ils sont vertueux, ne sont ni aussi forts, ni aussi suaves.

6/Concevoir un vif désir d'estimer tout prochain et plus particulièrement les personnes de mon entourage.

7/ Examiner ma conduite à leur égard, mon attitude, mes procédés, mes paroles.

8/ Sonder mon coeur, : n'y trouverai-je que bienveillance? ne suis-je pas au contraire difficile, exigeant, mécontent?

9/Appeler fortement l'humilité qui dispose à l'estime des autres; la demander avec instance.

à suivre: "éclaircissement sur le rôle la volonté et de la sensibilité dans la vertu".
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

ECLAIRCISSEMENTS SUR LE ROLE DE LA VOLONTE ET DE LA SENSIBILITE DE LA VERTU

A la suite de ces méditations qui déconcertent nos habitudes d'esprit, étudions sérieusement les impressions qu'elles nous laissent.
La principale est une sorte de découragement, de terreur peut-être: "A ces conditions, je ne suis pas, je ne peux pas être humble!"
Je m'abaisse, c'est à contre-coeur; si je conçois du mépris pour moi-même, c'est sans beaucoup de conviction; et je ne me sens pas pour autrui une cordiale estime! Sans inclination pour ces choses, je suis donc sans vertu?
Désirez-vous ces dispositions? Assurément.
Eh bien! c'est aller vers elles.
Que tout cela vous coûte ou non, êtes-vous résolu à vous y exercer? Sans doute.
Mais voilà le mouvement vertueux, l'humilité de volonté; et, pour beaucoup d'âmes, la seule seulement possible!

Sachez que la vertu réside dans la volonté seule; et que l'inclination qui forme son essence, est une inclination de volonté et non de sensibilité. Le goût suivra peut-être une longue habitude, où résultera d'un très grand amour; il deviendra pour les actes un très puissant secours; il donnera à la vertu un plus doux attrait, mais il ne constituera jamais la vertu par lui-même; et la vertu, sans lui, pourra toujours exister, agir et se développer. Essayons d'établir par une analyse rigoureuse cette importante distinction. Elle n'éclairera pas seulement le cas présent, elle prêtera aussi sa lumière à un grand nombre d'incertitudes diverses.

I

1/ Ne confondons pas la volonté et la sensibilité. la volonté, c'est la détermination, le choix; la sensibilité, c'est tantôt le goût et tantôt le dégoût. Le goût c'est l'impression heureuse qui attire; le dégoût c'est l'impression pénible qui éloigne.

2/ La sensibilité et la volonté obéissent à des lois distinctes. la sensibilité aime à ce qui est conforme à ses goûts; la volonté ce qui est conforme au devoir.
L'on peut donc aimer et détester en même temps le même objet. Ainsi la nature se complaît elle-même ans une satisfaction d'amour-propre qui désavoue la volonté. Ainsi conserve-t-elle du dégoût pour une humiliation pleinement acceptée cependant. En fait de vertu, préférer, c'est aimer.
La vertu, répétons-le, réside dans la volonté seule.

3/ Elle a pourtant sous sa dépendance la sensibilité, car elle étend son mouvement à toute nature morale. Or, plus elle est puissante, plus elle passe avant la sensibilité, qui, à son tour, lui prête l'important concours de ses goûts et de ses ardeurs.

II

Remarquons-le, toutefois, le pouvoir de la vertu sur la sensibilité n'est ni un pouvoir direct, ni un pouvoir absolu.

1/ La volonté ne peut commander à cette capricieuse faculté d'avoir telles ou telles impressions; mais elle peut lui présenter, en les faisant valoir, les objets qui les déterminent.

2/ Ce pouvoir, qui n'est qu'indirect dans ses moyens, n'est pas absolu dans ses effets. L'impression provoquée peut ne pas se produire.
Mille dispositions difficiles à analyser, viennent y mettre obstacle. Le goût sensible, en effet, dépend du tempérament, de la nouveauté, etc., toutes ces choses qui échappent à notre choix.

3/ Dieu intervient aussi. Tantôt il se contente de permettre le jeu régulier de ces dispositions contraires, tantôt il agit de lui-même: "J'augmenterai ta sensibilité" dit le Sauveur à la Bienheureuse Marguerite- Marie. Souvent, en effet, notre amour-propre acquiert une impressionnabilité maladive. Telle humiliation jusque -là bien supportée, nous paraît tout-à-coup intolérable...

4/Que la tentation, à son tour, nous apporte le trouble, le dégoût, la révolte... l'épreuve est complète; mais la vertu demeure intacte dans les hauteurs de la volonté.

COURAGE! Dieu veille. Nous sortirons de là plus détachés, plus fermes, plus aimés de Dieu, et, ce qui nous intéresse particulièrement ici..., PLUS HUMBLES.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

DEUXIEME MEDITATION DE LA QUATRIEME SEMAINE

XXIIIè Exercice dont on peut faire utilement trois méditations: De la véritable Humilité SES EFFETS

Premier point: La Paix.
Deuxième point: La Ferveur.
Troisième point: La Fécondité.

Préparation pour la veille. Une vertu peut être connue, soit par ses caractères, soit par ses effets. Les caractères révèlent son essence; les effets, son action. Les deux méthodes arrivent au même résultat, quoique d'une manière différente. Une humilité qui a toute son essence, est nécessairement vraie; une humilité qui produit tous les effets qu'on en doit attendre, l'est également. Ces deux preuves ne se contredisent jamais, et leur examen successif fait entrer toujours plus avant dans la connaissance de la vertu.
Quel encouragement si l'on découvre en ses dispositions, quelques traits de l'humilité, ou dans sa vie la manifestation de quelques-uns de ses effets!
Quel avertissement si l'on constate des caractères ou des effets contraires!
La paix, la ferveur, la fécondité sont les effets de l'humilité. Mais alors, l'humilité serait la vie spirituelle dans son plein épanouissement: une vie qui se possède, qui agit et qui se répand!L'atmosphère est pure, la sève puissante et la moisson riche! Le coeur se dilate, l'action devient facile, et le succès couronne l'effort!

O mon Dieu, faites que je comprenne et que je goûte ces choses; faites que j'y puise un grand courage et quelque joie. Si le remords me saisit, si le découragement lui-même m'assiège, à la vue de ma vie sans ferveur et sans fécondité, montrez-moi que tout peut se préparer encore, et que j'ai dans mon infidélité même, dans cette triste indigence qui me trouble, la raison la plus forte de me faire humble.
Il y va de votre gloire, ô mon Dieu!
Il y va de votre règne dans les âmes, ô Jésus!
S'il le faut, abaissez-moi, broyez-moi; j'y consens : je serai peut-être le grain de froment, qui, pour éclore, a besoin d'être caché sous terre et foulé aux pieds.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

MEDITATION

Prélude. Demander la grâce de comprendre comment tous les biens m'arriveront avec l'humilité.

I. La paix.

1/ "Invenietis requiem... Vous trouverez la paix." C'est la promesse du divin Maître; elle est formelle; elle est spéciale à l'humilité. C'est la nature des choses. En effet, la paix se définit: l'ordre maintenu: pax est tranquilitas ordinis (saint Augustin).
Or, l'humilité, c'est l'ordre à tous les degrés: elle nous rend soumis à Dieu, doux au prochain, résignés à nos propres misères... D'où viendrait donc le trouble?
La paix est le plus grand bien de l'exil, comme la jouissance est le grand bien de la patrie; car elles sont l'une et l'autre le règne de Dieu.
La paix est le plus impérieux besoin de l'âme... Pour avancer vers Dieu, il faut être pur, c'est vrai: mais il faut aussi être en paix.

2/ L'orgueil est un désordre qui nous déplace.
Un rouage déplacé produit le trouble. L'orgueilleux se plaint facilement, et des hommes, et des événements, et de Dieu même.
Il tient à sa volonté et il s'irrite de ses résistances.
Il est ambitieux et il se dépite. L'insuccès l'abat et le succès ne lui apporte pas la paix.
Il se recherche au lieu de chercher Dieu; et il n'est jamais satisfait.
Heureux si atteint de quelque déception plus amère, il sait courber le front; dans l'humble aveux de son erreur, il trouvera la paix. L'humilité calme la douleur et répare le mal... Elle nous remet à notre vraie place... Elle nous rend à nous-mêmes, et nous ouvre le coeur de Dieu.
Quel repos dans ce Coeur après tant d'agitations! Quel bien-être après tant de souffrances: Invenietis requiem!

3/ Il y a de grandes humiliations qui remplissent d'une immense paix. Elles avaient envahi l'âme dans ses profondeurs les plus délicates; mais elles ont trouvé pour les accueillir une humilité généreuse; et, dans leur embrasement céleste, où rien d'humain ne se mêle, s'est allumée cette joie supérieure qui consume la victime, comme un holocauste d'un incomparable parfum.
Cette joie, il est vrai, n'illumine que les hauteurs. La partie de l'âme qui touche à la terre, demeure parfois dans les ombres... C'est que l'âme immolée elle-même a besoin de rester humble à ses propres yeux.
"Mon fils, dit l'Imitation, appliquez-vous à faire la volonté des autres plutôt que la vôtre, choisissez toujours d'avoir moins que plus. Prenez constamment la dernière place et le rôle soumission. Demandez que la volonté se fasse pleinement en vous cette par cette voie que l'homme pénètre dans la région du repos."
Cette route vers la paix, n'est-ce pas l'humilité elle-même qui l'a tracée?
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

La paix! Ne suis-je point parfois déconcerté, triste, mécontent des autres et de moi-même? Cet état ne se produit-il pas à la suite de quelque humiliante déception, de quelque insuccès, de quelque faute commise, de la vue désolée d'une misère persistante... Je n'avais donc point de moi une idée assez basse! Je n'étais donc pas prêt à subir l'humiliation! Je ne trouve point en moi la facilité, l'inclination qui appartient à la vertu. Et que je suis loin d'avoir l'amour de l'abjection!

Quel sacrifice d'amour-propre me faut-il accepter dès maintenant pour m'assurer la paix? Si je mettais à aimer tout ce qui m'abaisse, soit au dehors, soit au dedans? Si, du moins, j'accueillais l'abjection avec une douceur amie? J'admire la paix des grandes âmes sous l'opprobre, car elle est le signe d'une force maîtresse d'elle-même; cette beauté morale, je l'envie, mais Dieu seul la donne!

II.La ferveur.

" Humilitas... Praebethominem patulum ad suscipiendum influxum divinae gratiae. L'humilité rend l'homme malléable à l'action de la grâce divine." (Saint Thomas)

1/ La ferveur n'est pas la sainteté; elle n'est pas la perfection; elle est l'activité spirituelle.
Sous son influence, les vertus agissent, s'entr'aident, se développent. Tantôt cet exercice se fait avec facilité, tantôt il exige des efforts pénibles. C'est tantôt le printemps avec ses fleurs qui charment, et tantôt l'automne avec ses feuilles qui jaunissent en laissant voir des fruits mûrs.
Mais, consolation ou épreuve, printemps ou automne, c'est toujours le mouvement intense de la vie.
Or, cette activité qui caractérise la ferveur, dépend de l'abondance des grâces.
Elle en dépend à tel point que, sans grâce, on reste inerte; et qu'avec beaucoup de grâces on court, on vole. La grâce c'est la sève qui monte, c'est le sang qui circule, c'est la chaleur vitale qui se répand dans l'être tout entier.

2/ D'autre part, la distribution des grâces relève entièrement de Dieu. Or, Dieu est libre et entend rester libre. Sans doute la coopération assure des grâces; mais il faut des grâces pour cette coopération même. Quel meilleur moyen de les obtenir que de lui plaire? Or, l'âme lui plaît par sa physionomie, et le touche par son attitude.
Etudions la physionomie de l'âme humble.
C'est un mélange de respect, de soumission et d'amour; un reflet du profond sentiment de sa misère; une expression inimitable de vérité et de simplicité. Comment ne plairait-elle pas à Dieu?
Considérons son attitude. C'est celle du pauvre qui sent ses besoins et qui prie. Son mouvement le plus naturel est de regarder Dieu, à genoux.
"La prière de l'humble pénétrera le ciel. Oratio humiliantis se nubes pene trabit."

Voyons les yeux du Tout-Puissant séduits par la vue cette âme, et ses oreilles charmées par l'accent de sa prière.
Son Coeur s'ouvre et verse sur elle des grâces aussi continuelles que son humble attitude, aussi puissantes que ses humbles instances.
Divinement éclairée et excitée, cette âme avance, d'un pas aussi rapide que sûr, vers la perfection de la sainteté: la perfection, c'est la vertu longuement exercée; la sainteté, c'est le mérite lentement accumulé.

3/Jetons un coup d'oeil sur l'âme orgueilleuse. Elle déplaît à Dieu, ferme son Coeur et éloigne ses miséricordes.
Elle ne sent pas le besoin de prier, elle prie peu ou mal; aussi demeure-t-elle languissante, comme un plante sans soleil.
Il lui reste peut-être assez de grâces pour vivre, pas assez pour vivre avec intensité. Elle ne saurait donc être fervente.

La ferveur! Je me plains de ma langueur intime, de mes sécheresses dans ma prière, de mon peu d'ardeur en face des devoirs ennuyeux. Je constate que, contrairement à la loi de toute vie, je ne progresse point. Ma vigilance est distraite, mon action molle, mon goût des choses de Dieu presque nul.
Comment expliquer cet affadissement?
Ne serait-ce pas que l'humilité me manque, l'humilité, ce stimulant de mes activités, cette disposition qui attire toutes les grâces?
Pour avoir cette humilité qui stimule, il ne suffit pas de tenir à l'écart toute sorte de vanité, toute prétention excessive, j'ose dire, il ne suffit pas de n'être point orgueilleux: l'humilité négative exclue la faute; elle ne fait pas surgir la ferveur.
Il y faut une action plus positive, un regard plus suppliant, un vif sentiment de sa bassesse, une inclination décidée vers ce qui est humble, un cri vers Dieu!
Cherchons la ferveur dans la pratique de l'humilité, dans son sentiment vivifié, et, s'il se peut, rendu sensible; défendons-nous surtout de toute agitation d'amour-propre où la force s'épuise.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

III. La fécondité.

1/ Nisi granum frumenti... Si le grain de froment est jeté en terre et foulé aux pieds, s'il prend toute l'apparence de la mort, c'est alors qu'il porte des fruits en abondance.

Cette terre qui cache... Ces pieds qui écrasent... cette apparence de mort qui anéantit: voilà l'image parlant de l'humilité; voilà la condition de la fécondité spirituelle.

La ferveur est l'effet de la grâce agissant au dehors. L'une produit le bien dans notre âme propre; l'autre le produit par nous dans l'âme du prochain. Elles obéissent d'ailleurs à des lois semblables.

2/ Voyons le goût de Dieu dans le choix de ses auxiliaires. Il s'adresse aux petits, aux hommes qui ne peuvent lui apporter qu'un concours dérisoire. Infirma mundi..., quae stulta sunt elegit.
Quel est son but? Dégager son action, la rendre manifeste, éclatante; en obtenir toute la gloire... Un instrument de grande valeur paraîtrait faire triompher la cause de ses propres ressources... Il serait peut-être assez vain pour le croire lui-même.
Le choix des Apôtres et des premiers chrétiens se répète dans tous les temps; et, quand Dieu suscite des hommes de grandes valeur, il les fait encore plus grand que l'humilité, car il n'a pas coutume de demander à l'orgueilleux son concours, hélas! ni de lui prêter le sien.
Que de talents restés inféconds pour cette seule raison; et par contre, que d'oeuvres merveilleuses sorties des labeurs d'un humble saint François, d'un humble saint Vincent, d'une humble sainte du peuple!...
Tout prospère entre ses mains, et l'on s'en étonne... Tout s'évanouit entre les mains de l'orgueilleux, et il ne peut le comprendre. "Il a plus d'habileté que cet autre, et s'est largement dépensé pourtant!... Mais il est écrit:" Ce n'est pas celui qui plante ou arrose qui donne la fécondité! neque qui plantat est aliquid, etc..."

3/A cette cause générale: la bénédiction de Dieu, nous pourrions ajouter l'action des causes secondes.
L'humble se défie de lui-même, réfléchit et consulte... Or, ces actes constituent la prudence.
L'orgueilleux tient une conduite opposée.
D'autre part, il suscite autour de lui toutes les oppositions par sa raideur, ou toutes les antipathies par sa suffisance.
Dieu, pour arriver à ses fins, n'a donc très souvent qu'à laisser les causes elles-mêmes produire leurs effets.

4/Disons-le cependant, il fait passer quelque fois le bien par les mains de l'orgueilleux, il agit ainsi, soit par respect pour une mission qu'Il lui a confiée, soit par des prières venues d'ailleurs, soit enfin par amour pour les âmes qui n'ont à leur portée que cette ressource.
Son action n'en ressortira pas moins lumineuse au jour des révélations dernières. Mais, dès ici-bas, l'imbécilité de ces intermédiaires sera plus d'une fois dévoilée: "insipientia eorum manifestavit erit." Ainsi l'ouvrier rejette un mauvais instrument après s'en être servi.


La fécondité! D'où vient que j'ai si peu d'action sanctifiante sur mon entourage? D'où vient que les occasions d'agir sur les âmes se présentent si rarement pour moi? Combien de personnes dans ma position qui savent se faire une vie féconde!
Et je me l'explique. Leurs moindres paroles ont le charme qui pénètre, le charme de ce qui est impersonnel. Leur attitude seule désarme d'avance toute résistance: on sent qu'elles ne s'imposent pas; il semble toujours qu'on leur fait grâce.
Elles ne dépriment pas non plus: on vit auprès d'elles dans une atmosphère d'estime qui dilate la confiance et porte devenir meilleur. Sans humilité, le talent n'est qu'un froid rayon; et l'activité, un simple effort humain. La vie seule produit la vie.

Attirer en soi le Dieu Créateur avec sa grâce: voilà le secret du bien.
L'humilité profonde nous vide de nous-même et lui fait place; l'humilité suppliante l'attire par d'irrésistibles appels.
O mon Dieu, donnez-moi une humilité non commune, une humilité vivante et sensible, la seule qui soit fécondé.
Ah! je m'humilierai sans cesse, dans les succès comme dans les revers...
Mon unique assurance consiste à reconnaître toujours que tout bien vient de vous et que je suis un serviteur inutile!...
Quand vous verrez que je ne peux plus dérober votre gloire, peut-être répandrez-vous sur mes pauvres efforts, une fécondité qu'ils ne connurent jamais.(1)
La paix, la ferveur, la fécondité, mais c'est la vie dans sa régularité, dans son mouvement, dans son extension!
La vie qui s'épand sous un ciel profond et lumineux, sans orage;
La vie qui fait surgir de toutes parts des efflorescences pleines d'éternité;
La vie qui se multiplie en des âmes voisines;
La vie surnaturelle qui est la vie du Christ en nous, la vie de Dieu dans le Christ et en nous tout ensemble.
La paix! O donnez-moi cette paix que rien ne trouble parce que l'on est mort à tout ce qui trouble.
La ferveur! O donnez-moi cette ferveur qui s'élance, qui court, qui vous atteint ô Dieu, suprême objet de nos poursuites.
La fécondité! O donnez-moi des âmes, des âmes issues de la mienne, de mon amour béni, de mon action dégagée de toute vue propre; cette fécondité, ô mon Dieu, qui sème dans votre vie dans les âmes pour les transformer en vous.
O humilité, dispensatrice de tous ces dons, je t'admire belle et puissante; je t'aime, bienfaisante; je veux te conquérir!


(1)Dieu peut permettre que l'humble semble rester infécond. Méconnu dans ses intentions ou dans ses capacités, tenu à l'écart ou paralysé dans l'essor de son zèle, il accumule des richesses de grâces qui se répandront par d'autres voies. Ne faut-il pas, dans l'Eglise, des sources cachées, comme sur nos terres des eaux silencieuses qui portent au loin la fécondité!
Avatar de l’utilisateur
Alexandre
Messages : 357
Inscription : mer. 11 mars 2020 16:35
Localisation : bethune pas de calais

Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

Message par Alexandre »

TROISIEME MEDITATION DE LA QUATRIEME SEMAINE

XXIVè Exercice: De l'humilité dans nos rapports avec Dieu

Premier point: L'esprit de soumission.
Deuxième point: L'esprit de religion.
Troisième point: L'esprit de reconnaissance et de générosité.

Préparation pour la veille.
J'ai vu ailleurs ce que je suis devant Dieu. Tout ce que j'ai médité m'a rendu sensible le contraste de nos situations respectives; demain je me mettrai plus particulièrement en face des devoirs qui en résultent. Ces devoirs embrassent toute la vie chrétienne. Mon but ne sera pas de les constater, mais plutôt de m'apprendre à les pénétrer d'humilité. L'humilité sera la lumière qui me fera saisir l'étendue; l'onction qui m'en fera sentir les délicatesses; l'admiration qui exaltera la générosité de mon coeur; Je veux me plonger dans ces vues, en faire ma vie.
Je veux que le sentiment de l'humilité accompagne tout le mouvement de mon âme vers Dieu: il passera dans mon obéissance pour la rendre profonde, résolue et douce; en même temps, il se mêlera à mes actes de religion pour les maintenir dignes de Celui qu'on adore à genoux; et sans cesse il me tiendra sous une impression très vive de reconnaissance et d'amour.

MEDITATION


Prélude. Demander la grâce de faire pénétrer l'influence de l'humilité dans mes rapports avec Dieu, pour les perfectionner pratiquement.

I.L'esprit de soumission.
"Humilitas praecipue consistit in submissione hominis ad Deum. L'humilité consiste surtout dans la soumission de l'homme à Dieu."(saint Thomas)
Soumission universelle: c'est le vaste champ de ses volontés et de ses désirs.
Soumission ferme et sans hésitation: c'est l'ordre des choses; c'est le devoir.
Soumission heureuse: c'est mon bien , c'est ma grandeur.
L'humilité fait disparaître la volonté de la créature, en tant que principe indépendant de détermination, pour y substituer les déterminations divines.
L'âme bien humble réalise donc la sublime demande. Que votre volonté se fasse sur la terre comme au ciel.
Les commandements lui paraissent sages et bons: tout ce qui leur est opposé lui semble détestable._Ce n'est pas elle qui dirait: Ah!, si telle chose n'était pas défendue! Ce n'est pas elle qui distinguerait un péché plus ou moins grave,car elle n'en tolère pas le moindre.
Les conseils évangéliques la trouve facilement décidée; elle les admire tous, et, pour les pratiquer à l'occasion, elle n'attend qu'une indication d'en haut.
Elle écoute le maître au-dedans d'elle-même.
Elle reconnaît sa parole à la paix qu'elle laisse.
Comment résisterait-elle à ses inspirations?
Elle n'oublie pas cependant que le contrôle de ses attraits appartient au Directeur; mais c'est son Dieu, là aussi, qu'elle écoute.
L'esprit de foi lui dit que la Providence gouverne les atomes comme les astres, et trace les sentiers de nos vies comme les routes des nations; qu'elle étend ses soins paternels, de notre existence même au moindre de nos cheveux; enfin, que tous les événements, grands ou petits, connus ou inconnus, ont été prévus et disposés par tous les attributs ensemble.
Docile à ces touchantes vérités, elle ne comprend pas le murmure:
_elle est douce à toutes les afflictions;
_elle est calme en face de tous les contre-temps;
_la résignation lui est comme naturelle:"Dieu l'a permis, Dieu l'a voulu, Dieu est le maître, ce Maître est bon!"
Voilà toute sa philosophie; et elle est admirable.


Les tentations, même les plus importunes; les peines intérieures, même les plus inexplicables, la trouvent toujours soumise. Sans doute elle souffre, elle gémit, elle craint, mais elle ne dit jamais "pourquoi?"ni comme certaines âmes sans humilité: ce n'est pas juste!
Elle se rappelle ses fautes, ses résistances, son orgueil:_C'est leur punition méritée, pense-t-elle, et ce sera leur remède!...
Elle vit ainsi au milieu de ces ténèbres et de ces assauts, confiante, quand même et toujours plus humble... ah! si elle pouvait lire dans les yeux de son Père du Ciel!

II. L'esprit de religion.

Un des effets les plus remarquables de l'humilité, c'est l'esprit de religion; elle le produit de toute la force de son inclination propre.
On aura autant l=d'esprit de religion qu'on aura d'esprit d'humilité, c'est-à-dire que l'on sentira davantage la distance qui sépare le néant de l'infini.Quand cette pleine lumière s'est levée sur une vie, elle donne des proportions et des couleurs merveilleuses à tout ce qui concerne Dieu.


Tout est splendide: et la nature, et l'église pauvre, et le nom seul de Dieu. La vue d'une plante, d'un insecte, d'un petit nid d'oiseau... remplit d'une respectueuse tendresse.
L'univers est un grand temple où l'on ne doit passer qu'avec recueillement. L'humilité ressemble à une voix qui nous répète sans cesse: voyez combien Dieu est sublime.
Quelle joie pour elle de s'écrier: Celui qui protège mes pas tremblants, est celui qui dirige l'évolution de ce vaste univers.
Cet esprit de religion, l'âme humble le porte partout. Saint François de Sales, seul dans sa chambre, se sent en présence de la Majesté divine et se comporte avec le même respect qu'en public.
_Arrivons au culte, qui est l'objet spécial de la vertu de religion.
L'Eglise est la palais où réside l'Eternel, le trône où il reçoit officiellement nos hommages;
_l'autel où lui sont offerts tous les sacrifices;
_Elle est encore le LIEU SAINT où ruissellent l'onction des sacrements et la lumière de la parole divine,
_le lieu consacré où chaque pierre mérite une vénération émue.
L'esprit de foi fait comprendre ces choses; l'esprit d'humilité les fait sentir.
L'humble, en franchissant le seuil sacré, se voit couvert de haillons; il se considère comme un mendiant introduit dans le palais d'un roi.
Cette impression se reconnaît à sa manière d'y prendre l'eau bénite, d'y marcher, de s'y choisir une place.
Il voudrait toujours rester à genoux. Si la fatigue l'oblige à s'asseoir, il en demande filialement la permission, et garde une posture modeste. Il ne se permettrait pas la moindre liberté de regard, la moindre distraction de pensée...
N'est-il pas bien indigne d'être souffert là!
Que sera-ce durant les offices, les sermons, la messe! que sera-ce à la sainte Table... Quoi! cette pauvre petite créature de néant, de péché... qui occupe dans l'espace un point imperceptible, la voilà admise dans l'intimité de Celui qui est tout!... Elle s'étonne, elle aime, elle adore.
Ainsi, partout et toujours, l'humble est incliné à traiter Dieu en Dieu.
Répondre

Revenir à « L'humilité exaltée et l'orgueil rabaissé »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 3 invités