ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

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Message par InHocSignoVinces »

ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST, FILS DE DIEU ET SAUVEUR DU MONDE

R. P. VENTURA
EX-GÉNÉRAL DES THEATINS
(1882)


HOMÉLIES SUR LES PRINCIPAUX MIRACLES DE JÉSUS-CHRIST

PREMIÈRE HOMÉLIE

Le Jeune Homme possédé du Démon.

s. Matth., XVII ; Marc, IX (1); Luc, IX.


Volo vos scire qualem sollicitudinem habeam
pro vobis ut consolentur corda.... Instructi in
charitate et in omnes divitias plenitudinis intellectus,
in agnitionem mysterii Dei Patris et Christi
Jesu : in quo sunt omnes thesauri sapientiae et
scientiae absconditi. (Coloss., XI).



C'est par ces magnifiques paroles que saint Paul
nous a clairement révélé quels sont les trésors que
Jésus-Christ nous ordonne aujourd'hui de chercher
dans le ciel : Thesaurizate vobis thesauros in caelo
(Evang. diei Cin.), et comment nous pouvons les découvrir.
Il nous apprend que ce sont les mystères
mêmes du Verbe éternel, Fils de Dieu, Fils et Sau-
veur des hommes : In agnitionem mysterii Dei Patris
et Jesu Christi.
Tous les trésors de la sagesse de l'Être
infini et de la science du salut éternel sont réunis
en lui et cachés à l'orgueil de l'homme :
In quo sunt
omnes thesauri sapientiae et scientiae absconditi.

Nulle autre sagesse, aucune autre science n'est pure, ni
sainte, ni parfaite, ni nécessaire ; en nous éclairant,
elle nous sanctifie, comme elle nous instruit et nous
gouverne ; en même temps qu'elle nous corrige, elle
nous enrichit, elle nous console par ses leçons et nous
humilie pour nous couronner :
Ut consolentur corda,
instructi in charitate, in omnes divitias plenitudinis intellectus.



(1) La narration de saint Marc se lit à la messe en la quatrième
férié de la dix-septième semaine après la Pentecôte. Ce miracle arriva
l'an 18 de Tibère Auguste, la trente-troisième année de l'âge du Sauveur,
la troisième de sa prédication, le sept du mois d'août, au pied
du mont Thabor, au sommet duquel Jésus-Christ s'était transfiguré le
jour précédent.



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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Bien différente de la sagesse humaine, laquelle,
dit saint Augustin, ne nous instruit que par les paroles,
la sagesse incarnée nous instruit par les faits;
car Jésus-Christ étant lui-même Parole, mais parole
vivante, subsistance personnelle, infinie et parfaite,
les actions de cette éternelle et ineffable parole de
Dieu sont aussi une parole, un discours, un enseignement
pour l'homme (1). Ainsi, en même temps que le
Seigneur, dans sa tendresse, nous révèle par ses divines
paroles les mystères les plus sublimes, les doctrines
les plus élevées et les vérités les plus précieuses,
il les confirme et les rend sensibles en les
traduisant en faits : ses actions divines sont, pour
ainsi dire, autant de discours visibles, que l'on
comprend et que l'on perçoit des yeux. Ainsi s'accomplit
l'oracle d'Isaïe, qui nous annonçait qu'à l'école
du Rédempteur nous nous instruirions non-seulement
en l'écoutant, mais encore en le voyant :
Et erunt oculi tui videntes praeceptorem tuum (Jac, xxx).


Toutes les choses surprenantes et admirables que
notre divin Sauveur a faites sont, continue le docteur
de la grâce, en même temps, les unes comme les
autres, des oeuvres et des paroles : des oeuvres, parce
que ce sont des faits réels; des paroles, parce qu'elles
sont mystérieuses et prophétiques (2).


Et pourquoi, disait saint Fulgence, nous, ministres
de la parole divine, ne faisons-nous pas retentir,
quand nous voulons parler des choses divines, cette
voix du Dieu incarné pour l'instruction de l'homme,
exposant au peuple ses actions, ses exemples et ses
prodiges ?
Comme la foi se raffermirait parmi les
chrétiens ! que la dévotion augmenterait et combien
les vertus chrétiennes se propageraient
(3) !


Pour moi, mes frères, à l'exemple du grand Apôtre,
je jure de ne prêcher jamais que la vie et les
oeuvres de Jésus-Christ, le grand et unique bien de
la vertu et de la sagesse de Dieu
(4).


(1) Quia ipse Christus Verbum Dei est; etiam factum Verbi verbum
nobis est; ipsa Domini facta erant quasi verba visibilia, et aliquid significantia
(Tract. 24, in Joan.).

(2) Ea quae fecit Dominus noster Jésus Christus stupenda atque miranda,
et opéra et verba suut : opéra quia facta sunt, verba quia signa
sunt (Tract. 24, in Joan.).

(3) Si per Christum gesta omnibus momentis tractaremus, quantum in
nobis cresceret fides, augeretur devotio, salutaria incrementa promoverentur.

(4) Nos autem praedicamus Jesum Christum..., Dei virtutem et Dei
sapientiam (I Cor., 1).



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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Et puisque nous avons déjà eu le bonheur de vous
faire admirer ces trésors de la sagesse et de la puissance
de Dieu, manifestés par Jésus-Christ dans les
opprobres de sa passion, nous nous proposons encore,
dans le cours de cette station du Carême, de vous
découvrir ces mêmes trésors cachés dans la gloire
de ses principaux miracles : In quo sunt omnes thesauri
sapientiae absconditi.
Nous y découvrirons aussi la condamnation
de toutes les erreurs, la manifestation de
toutes les vérités et la réprobation de tous les vices;
car ces prodiges sont l'école des plus belles vertus,
le mérite y reçoit sa récompense, l'affligé y puise
d'abondantes consolations, et l'homme misérable y
trouve un remède à tous ses maux.



En effet, mes frères, voulez-vous connaître les ravages
affreux et les horribles ruines que Satan opère
dans les âmes par le péché ? Voulez-vous apprendre
quels sont les moyens de les réparer, écoutez
l'histoire de la guérison de ce jeune homme possédé
par l'esprit malin ; la vue d'un si grand prodige
nous apprendra ces importantes vérités. Étudions
aujourd'hui un si beau miracle, afin de bien
comprendre quelle est la misère et quels sont les
remèdes du péché, que l'Église, notre Mère, durant
le saint temps que nous commençons en ce jour, nons
exhorte à fuir et à effacer par la prière et par la pénitence.



Mais, Seigneur, je reconnais et je confesse que,
sans le secours de votre grâce, il ne m'est possible
ni d'exposer les mystères de votre puissance, ni
de les faire comprendre à cet auditoire non moins
distingué que pieux. Mon Dieu, nous vous demandons
tous ce secours par les entrailles de cette infinie miséricorde,
qui vous fit opérer de si grandes choses
par amour pour nous ; nous vous le demandons par
l'intercession de Marie, en qui commença la série de
vos prodiges; nous vous le demandons par les mérites
de votre premier apôtre saint Pierre, dont les cendres
reposent dans ce temple auguste. Faites, Seigneur,
que les uns et les autres, éclairés par la splendeur
de vos miracles, nous puissions toujours mieux
comprendre la magnificence de votre religion, les
consolations de vos promesses et les richesses de
votre amour (1)!



(1) In omnes divitias plenitudinis intellectus, ut consolentur corda
nostra, instructi in charitate. In nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti.
Amen.


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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

PREMIÈRE PARTIE.


Les Évangélistes racontent que le Sauveur du
monde étant descendu du mont Thabor, où il s'était
miraculeusement transfiguré, aperçut une grande
foule de monde qui entourait ses disciples, restés au
pied de la montagne, et avec lesquels les scribes astucieux
et méchants étaient en dispute. Et quand il
fut auprès de cette foule, il leur dit : Quel est le
sujet de vos disputes, et pourquoi êtes-vous en contestation ?

L'aimable Sauveur avait encore la face
toute rayonnante de lumière, de cette ineffable beauté
de la majesté divine avec laquelle il s'était montré aux
trois apôtres ; en sorte que le peuple, en le voyant si
majestueux, si resplendissant et si beau, fut saisi
d'étonnement et de stupeur; pressés autour de
lui, ils le saluaient tous avec respect, lui adressant
leurs hommages; mais personne n'osait répondre à ses
questions.
Il n'y eut qu'un homme affligé qui, se prosternant
devant le Sauveur, lui dit : Mon Seigneur et
mon Maître, je suis le plus infortuné de tous les
pères : je n'ai qu'un seul fils qui, hélas! fait ma désolation :
un esprit mauvais s'est emparé de lui et le
fait souffrir cruellement ; souvent il tombe dans le
feu et souvent dans l'eau ; il crie soudain, ou devient
sourd et muet , et l'esprit l'agite en écumant, et il le
brise, et il le quitte à peine après l'avoir déchiré. Je
l'ai présenté à vos disciples pour le guérir, mais ils
n'ont pu. Ah! guérissez-le, Seigneur, si vous le pouvez ;
ayez pitié d'un père et d'un fils tous deux malheureux

(1).


(1) Descendentibus illis de monte (Luc., IX, 37) ; et veniens ad
discipulos suos, vidit turbam magnam circa eos , et scribas conquirentes cum
illis (Marc., XIII). —Et cum venisset ad turbam (Matth., XIV), interrogavit
eos : Quid inter vos conquiritis (Marc, XV) ? — Et omnis populus
videns Jesum, stupefactus est, et expaverunt. — Et accurrentes, saluta-
bant eum (Matth., XIV). — Genibus provolutus ante eum (Matth., XIV)
— Et obtuli eum discipulis tuis ; et non potuerunt curare eum (Matth., XV).
— Sed, si quid potes, adjuva nos, misertus nostri (Matth., XXI).

Ce jeune homme qui, selon saint Marc et saint Luc, était possédé du
démon, était, selon saint Matthieu, lunatique. Cependant celui-ci n'est
cas en désaccord avec les autres évangelistes; car, premièrement saint
Matthieu dit aussi qu'il était possédé du démon ; secondement les lunatiques,
selon les saints Pères, sont aussi souvent obsédés, et tel était
celui dont il s'agit ici. Les lunatiques sont ceux qui sont atteints d'épilepsie
ou du mal caduc ; ils sont ainsi appelés parce que la bile, principale
cause de cette maladie, se répand dans la cervelle, le plus souvent
à la nouvelle lune. Son acrimonie irrite les fibres et les nerfs qui y ont
leur origine ; ce qui produit les chutes imprévues, les convulsions, les
contorsions, l'écume de la bouche, le tremblement de tout le corps, et
quelquefois la manie ou le délire. Quoique ce soit une maladie comme
une autre, née de la malignité et de la perturbation des humeurs, cependant
le démon y a souvent part, ou parce qu'il la produit, ou parce qu'il
l'augmente, irritant de plus en plus les humeurs qui la causent; et
cela, dit la Glose, pour pousser l'homme au désespoir ou au suicide.
Saint Thomas ajoute que le démon vexe davantage les épileptiques quand
la lune est sur son croissant, afin de cacher son action et de la faire
attribuer à la lune ; ou, selon la Glose, pour diffamer la créature et
faire blasphémer contre le Créateur. C'est encore l'opinion des anciens
Pères; car Origène, saint Jérôme, saint Chrysostôme, cités par Corneille
de La Pierre, affirment que l'épilepsie n'est pas tant l'effet de la mali-
gnité des humeurs, ou de l'influence de la lune, que de l'action diabolique.
Telle était sans doute l'épilepsie de
Mahomet,
qu'il attribuait à l'invasion de l'esprit; en cela il disait vrai, parce que cet esprit était
diabolique, bien loin d'être saint, comme il s'en vantait.


De là vient que les Turcs vénèrent les épileptiques comme des personnes agitées par
l'esprit divin et prophétique. Les Gentils eux-mêmes attribuaient le mal
caduc plutôt à une puissance spirituelle qu'à un désordre corporel ; c'est
peut-être à cause de cela qu'ils l'appelaient mal sacrée mal divin, et
les Romains mal comitial, parce que si quelqu'un en était atteint devant
les comices, celles-ci étaient aussitôt interrompues, comme dans un
cas d'augure sinistre, et comme à un signe de la volonté divine qu'on
cessât de délibérer. Nous ne voulons pas dire par là que tous les épileptiques
et tous les maniaques soient obsédés, mais que plusieurs le sont, et
que leur maladie se guérirait mieux par les exorcismes de l'Église que
par les prescriptions de la médecine.



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Message par InHocSignoVinces »

Que signifie cette prière ? Elle nous apprend, selon
la remarque d'Etienne,
que le fils de ce Juif était
moins malade dans son corps que son père dans son
âme; que si l'un n'était pas heureux dans sa situation,
l'autre était faible dans sa foi ; car, au lieu de s'en
prendre à son peu de foi, il accuse les disciples de
n'avoir pu chasser le démon
(1). Et puis, s'écrie
saint Chrysostôme, qu'elle est cette étrange prière ?

Tandis qu'il implore avec tant d'humilité le secours
du Maître, il jette publiquement le discrédit sur les
disciples (2) !
Ainsi, de nos jours encore, on voit les
chrétiens s'en prendre aux ministres du Seigneur
des désordres et des crimes qu'enfantent l'incroyance
et l'irréligion des peuples; c'est qu'il est plus commode
de rejeter sur autrui la cause des maux qui arrivent
par notre propre faute. A la vérité, il est des
ministres, hélas! infidèles et prévaricateurs; mais si
tel pasteur n'a ni l'esprit ni les oeuvres de son état,
n'y a-t-il point, parmi les chrétiens, un grand nombre
de vices et de scandales? Et sont-ils eux-mêmes bien
plus exacts dans l'accomplissement de leurs devoirs ?

Ah! un peuple corrompu ne mérite point d'avoir des
saints pour pasteurs.
Mais que dire de ceux qui, feignant
un respect hypocrite pour Jésus-Christ, ne se
lassent point, en public comme en particulier, d'avilir
ses ministres ? Et comment ensuite osent-ils espérer
d'obtenir les secours qu'ils demandent au Seigneur,
quand ils sont tout remplis de fiel et de rage, de mépris
et de haine secrète contre ses prêtres ?
Ils méritent
de n'avoir d'autre réponse que celle faite par le
Sauveur au père de cet enfant possédé du démon,
et au peuple juif, qui partageait son infidélité et son
mépris pour ses disciples :
génération incrédule,
infidèle et perverse ! jusqu'à quand serai-je au milieu
de vous, vous faisant inutilement miséricorde ?
Ne lasserez-vous point ma patience par vos injustes
plaintes, par vos injurieuses prières et par votre hypocrite
piété
(3)?



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(1) Hunc hominem Scriptura infirmum fide ostendit; sed et si infidelitas
ejus occasio exstitit daemonem non pellendi, incusat tamen discipulos
(Exposit.).

(2) Vide insipientem , Jesum precatur, in médium turbarum discipulos
incusat (Cat.).

(3) O generatio incredula, infidelis et perversa, quousque ero vobiscum ?
usquequo patiar vos (Matth., XVI; Luc, XLI)?


En parlant ainsi , Jésus-Christ, dit saint Jérôme, se montra très soucieux
du salut des Juifs. Quand le médecin voit que le malade
ne tient pas compte de ses ordonnances, il finit par lui dire : Devrai-je
venir encore inutilement chez vous ? Devrai-je encore perdre mon temps
avec vous, puisque je vous dis une chose et que vous en faites une autre ?
Selon d'autres Pères, ces paroles du Sauveur sont le langage du plus
tendre amour: car premièrement il manifesta ainsi le désir qu'il avait de
mourir pour nous; secondement il montra la volonté qu'il avait de nous
envoyer son Évangile, à nous peuples gentils.
Enfin, en disant : Jusqu'à
quand vous souffrirai-je ?
il voulait faire comprendre qu'il les
souffrait, non par nécessité, mais par longanimité de son amour,
de cet
amour qui attend le retour du pécheur et non point sa mort.
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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Cependant ce Sauveur toujours tendre, après avoir
ainsi condamné la dureté des Juifs et de tant de
chrétiens cent fois plus endurcis qu'eux, ajouta aussitôt :
Apportez cet enfant près de moi (1). C'était
pour nous apprendre, dit Bède, que l'homme de zèle
doit, à l'imitation de Jésus-Christ, s'élever contre le
péché, mais user de charité et de compassion pour
le pécheur
(2).


Remarquez encore, mes frères, la manière sage et
douce avec laquelle le Sauveur reprit ce père, qui
venait de lui dire : Si vous avez quelque pouvoir: Si
quid potes.
Voyez, il doute, dit la Glose, de la puissance
de Jésus-Christ et montre l'imperfection de sa
foi
(3). Mais le Sauveur ne paraît nullement se ressouvenir
de cette offense; il ne lui adresse aucun reproche,
pas même une plainte. Il lui recommande
seulement de croire, lui assurant que la foi est toutepuissante

(4). Dieu, dit saint Chrysostôme, avait
permis la maladie de ce jeune homme pour attirer son
père à la foi par la vue du miracle de sa guérison
(5).




(1) Afferte illum ad me (Matth., XVI).
Le Sauveur ne pouvail-il pas guérir de loin cet enfant ? Il le pouvait
sans doute; ce fut donc un nouveau reproche adressé aux Juifs. Il voulait
leur dire :
Apportez ici cet enfant, afin que vous, qui n'avez pas voulu
me croire quand je vous parlais de la part de Dieu, vous me croyiez en
entendant le démon me rendre témoignage, et que vous rougissiez de
vous reconnaître plus obstinés que le démon et plus méchants que lui.


(2) In tantum autem non est homini iratus, sed vitio, ut statim intu-
lerit : Afferte illum ad me (Com. in Marc.).

(3) Ilis verbis exprimit suae fidei defectum : manifestât enim de sua
potentia dubitare.

(4) Si potes credere, omnia possibilia sunt credenti (Marc.,XXII).

(5) Permisit Deus propter patrem pueri , ut ad fidem future miraculo
traheretur (Cat.).



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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Mais, voyez combien sont admirables et mysté-
rieuses ces paroles du Sauveur : Si vous pouvez croire,
tout est possible à celui qui croit !
Le lépreux qui,
plein de confiance en la puissance de Jésus-Christ,
s'écrie : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me
guérir,
mérita de recevoir aussitôt cette belle réponse :
Oui, je le veux, soyez guéri à l'instant ; mais
il arriva tout le contraire à ce père dont l'évangile
de ce jour nous rapporte la prière. Il s'exprime en
cette manière douteuse : S'il vous est possible, guérissez
mon fils ;
et le Sauveur lui répond précisément en
ies termes exprimant le doute : Si vous pouvez croire,
vous obtiendrez ce que vous demandez.
Ainsi parle le
vénérable Bède (I). Cette réponse du Sauveur nous
donne une admirable leçon :
elle nous fait connaître
que Dieu, en quelque sorte, nous tient précisément
le même langage dont nous nous servons en le
priant ;
elle nous montre que c'est dans notre propre
coeur qu'il prend la règle de sa conduite à notre
égard ; que nous participons à ses faveurs selon les
dispositions avec lesquelles nous les recevons, ou
par la foi plus ou moins parfaite, qui accompagne
nos prières; et elle nous apprend enfin que ce qui
met un terme à ses grâces, ce n'est point l'épuisement
de sa puissance ou de sa miséricorde, puisqu'elles
sont l'une et l'autre infinies, mais bien la fai-
blesse et l'imperfection de notre foi.
Celle-ci est donc
la mesure de ses bienfaits : qui croit tout, obtient
tout.



(1) Congruum responsum; ille ait : Si quid potes; et Dominus inquit :
Si potes credere. At contra leprosus, qui fideliter clamavit : Si vis potes
me mundare; sue fidei responsum accepit : Volo, mundare (Com. in
Marc.
).



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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Ainsi le comprit heureusement ce père affligé; car
éclatant en sanglots, il s'écria à plusieurs reprises :
Oui, Seigneur, je crois, mais ajoutez par votre grâce
ce qui manque à la perfection de ma foi
(1). Saint
Jérôme tire de ces paroles cet enseignement important :
la vraie foi, celle qui est solide et parfaite,
et qui plaît à Dieu, n'est point celle qui est
l'effet du raisonnement, mais plutôt celle qu'on obtient
par la prière ; de plus, notre foi sera toujours
faible et infirme si celui qui nous l'inspire par sa
grâce ne la soutient par son secours
(2).


Jésus demanda au père du possédé : Depuis
combien de temps cela lui arrive-t-il ?
Et le père
dit : Depuis son enfance (3). Or ce Dieu, à qui tous
les temps sont présents à la fois, n'avait nul besoin
d'appreudre d autrui quand avait commencé la possession
de ce malheureux. Il ne fit donc point cette
demande pour apprendre ce qu'il savait déjà, mais
pour le faire connaître aux chrétiens qui l'ignoraient,
que cette possession dès l'enfance était la punition
du péché que ce père avait commis en consacrant dès
l'âge le plus tendre cet enfant au démon, comme il
est dit dans l'Écriture : Ils ont consacré leurs fils et
leurs filles aux démons
(4).


Cependant l'enfant ayant été amené auprès du
Sauveur, l'esprit malin, confus et furieux de se
trouver en sa présence, le troubla aussitôt, en sorte
que, tombant par terre, il se roulait en écumant.
Mais le Sauveur, pour nous apprendre qu'en faisant
la correction aux hommes dévoyés, nous devons nous
attacher avant tout à détruire le péché par nos paroles,
et embrasser le pécheur pour le sauver, ne fit
point de reproches à l'enfant, mais il commanda au
démon : Esprit sourd et muet, lui dit-il, je te l'ordonne,
sors de cet enfant et n'y rentre plus
(5). C'est
comme s'il avait dit : Esprit immonde, qui n'obéis
point aux disciples, tu obéiras à présent à leur Maître.
Ce n'est plus l'homme qui te parle, mais c'est
Dieu qui te l'ordonne. Non-seulement tu sortiras à
l'instant de ce corps, mais tu le respecteras tellement
que tu n'y l'entreras jamais : c'est le Seigneur qui
parle.
Voix toute-puissante, comment yous résister?
Aussi ce démon poussant un grand cri et agitant yio-
Iemment sa victime, sortit, et l'enfant demeura comme
mort, de manière que plusieurs disaient qu'il avait
expiré. Alors Jésus se baissant, le prit par la main, et
le soulevant, il se dressa, puis il le rendit à son
père (6). O puissance, miséricorde infinie, amour immense
du Sauveur : par le seul tact de sa main divine,
il rappelle à la vie le pauvre enfant que le cruel
ennemi de l'homme avait laissé comme mort
(7).


A SUIVRE...


(1) Et continuo exclamans pater pueri, cum lacrymis aiebat : Credo
Domine; adjuva incredulitatem meam (Marc., XXIII).

(2) Per hoc monstratur quod credulitas nostra infirma est, nisi innixa
subsistat adjutorio Filii Dei (Com. in Matth.).

(3) Et interrogavit patrem ejus : Quantum temporis est ex quo ei hoc
accidit? At ille ait : Ab infantia (Marc.,XX).

Saint Pierre Chrysologue fait peut-être ici allusion à ce que rap-
porte saint Jérôme, quand il dit que les Juifs, dans les derniers temps,
étaient parvenus à un si grand excès de sacrilège, d'impiété et de cruelle
démence, que souvent les pères, abandonnant le temple de Dieu, qui était
voisin, descendaient dans la vallée qui sépare Jérusalem du mont des
Oliviers, pour offrir, et plusieurs pour immoler leurs enfants à l'idole
de Moloc, les faisant brûler à son houneur, puis ils en jetaient les cendres
au torrent voisin, appelé pour cela Cédron, c'est-à-dire noir ou obscur.


(4) Requirit passionis tempus auctor temporis, non ut nescius, sed ut
sciens nescientibus prodat, ut tauti mali causa non tangat sobolem, sed
parentem , qui a Deo sibi datum pignus, daemonum retulit ad honorem,
dicente Scriptura (Psal. CV) : Et obtulerunt filios suos et filias suas
daemoniis (Serm. 51).

(5) Et cum accederet et vidisset eum, statim daemonium dissipavit
eum ; ut elisus in terram, volutabatur spumans (Luc., XLII; Marc.,XIX).
— El increpavit spiritum immundum (Luc., XLIII).— Non puero, sed daemoni
comminatus est : qui enim peccantem emendare desiderat, vitium
utique debet exterminare, hominem amando refovere (Beda, Com. in
Marc
). — Surde et mute spiritus, ego praecipio tibi, exi ab eo, et amplius
non introeas in eum (Marc., XXIV).

(6) Et exclamans, et multum discerpens eum, exiit ab eo daemonium,
et factus est sicut mortuus, ita ut multi dicerent, quia mortuus est (Matth.,
XVII; Marc, XXIV et XXV). — Jesus autem, tenens manum ejus, elevavit
eum et surrexit; et sanavit puerum, et reddidit eum patri ejus (Marc,
XXVI ; Luc, XLIII).

(7) Quem impius hostis mortuo similem reddidit, hunc pius Salvator
piae dexterae tactu erexit ad vitam (Beda, Com. in Marc).
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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Jésus-Christ, par ce grand miracle, a voulu,
selon les saints Pères, figurer le grand mystère du
salut, qu'il était sur le point d'accomplir en faveur
des chrétiens, dans un ordre de choses bien plus noble
et plus important.
En effet, ce jeune homme,
que l'esprit malin possédait depuis son enfance,
signifie tout le genre humain tombé depuis son origine
sous l'empire du démon par la faute de son
premier père. Les disciples et les scribes qui disputent
entre eux, et qui ne peuvent réussir à guérir ce
démoniaque, représentent les docteurs de la loi et
les philosophes païens, qui, durant tant de siècles,
s'étaient vainement efforcés de purifier les hommes
de leurs péchés et de les soustraire à la servitude
de l'esprit de ténèbres; car un tel succès n'était réservé
ni à la loi mosaïque, bien que donnée de Dieu,
ni à la sagesse des hommes.
Enfin ce jeune homme
qui ne fut guéri qu'après que Jésus-Christ fut descendu
du Thabor, où il était apparu dans la gloire
de sa divinité, est le peuple fidèle, qui n'a pu être
exaucé qu'après l'Incarnation du Verbe éternel, lequel
est descendu sur la terre des hauteurs inaccessibles
de sa gloire.
Et remarquez, mes frères, qu'à
l'apparition du Sauveur dans la plaine, toute dispute
cesse ;
les scribes et les disciples se taisent, se mêlent
au peuple et se pressent autour du Sauveur; ils le
contemplent avec admiration et l'honorent d'une
crainte filiale.
L'évangéliste a voulu par là montrer
le grand prodige par lequel les savants et les ignorants,
les juifs et les gentils devaient, à la prédication
de l'Evangile, mettre fin à toutes leurs disputes
sur les destinées de l'humanité, pour se réunir et ne
former qu'un seul peuple, plein de foi, de respect et
d'amour pour Jésus-Christ, attendant de lui seul, par
la foi à sa puissance et par la fidélité à sa grâce,
leur bonheur et leur salut
(1).


A SUIVRE...


(1) Intelligat Scriba doctus in regno caelorum in hoc daemonico, a Domino curato,
salvationem omnium fidelium esse designatam, qui originalis culpae reatu adstricti
venirent in mundum, nec nisi unius Redemptoris Jesu Christi sunt fide et gratia salvandi (Loc. cit.).
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InHocSignoVinces
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Re: ÉCOLE DES MIRACLES, ou LES OEUVRES DE LA PUISSANCE ET DE LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST

Message par InHocSignoVinces »

Ce possédé est plus particulièrement la figure du
peuple des gentils, qui, selon le témoignage de saint
Paul, était possédé par les puissances aériennes.

C'est pourquoi, lorsqu'un gentil veut devenir chrétien,
on commence par chasser le démon au moyen
de l'imposition des mains et des exorcismes.
L'esprit
mauvais avait rendu sourd et muet ce possédé :

cela signifie que les gentils étaient devenus, par
l'esprit diabolique qui les dominait, sourds aux
préceptes de la loi primitive et muets pour reconnaître
et pour confesser le vrai Dieu.
Il nous apprend
en dernier lieu que les disciples ne purent
guérir ce misérable, pour nous indiquer que nulle
créature n'était capable de guérir les nations idolâtres
de leur surdité spirituelle, ni de leur rendre la
parole pour confesser la divinité véritable,
et que
ce prodige était réservé au Fils de Dieu fait
homme
(1).


(1) Quare discipuli non potuerunt ejicere ? Quia hic homo, gentilis
populi producitur in figuram, siquidem juxta Apostolum (Ephes. II)
gentilis populus habebat spiritum aeris hujus. Hic ergo erat surdus et
mutus, qui nec audire legem poterat, nec Deum poterat confiteri. Nec
poterat a discipulis vel ab ullo homine sanari... Hinc est quod veniens
ex gentibus, impositione manuum et exorcismis, aute a daemonio purgatur
(S. Petr. Chrys., serm. 52).



A SUIVRE...
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