Le Cœur Immaculé de Marie

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Laetitia
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

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SECTION III .- Oraison inspirée divinement à sainte Brigitte, en laquelle tous les saints membres du sacré corps de la Mère Vierge, et tous les saints usages qu'elle en a faits, sont loués et honorés d'une excellente manière.(Orat.4 Birgitæ revelata)

« Ô ma très honorée Dame et ma très chère vie, Reine du ciel et Mère de mon Dieu, encore que je sois très certaine que tous les habitants du ciel sont employés à chanter incessamment et avec une merveilleuse allégresse les louanges de votre glorieux corps, et que je sois très indigne de penser à vous, je désire néanmoins de tout mon cœur louer et bénir en terre, autant qu'il me sera possible, tous vos précieux membres.

« Et pourtant, Ô très sacrée Vierge Marie, ma très honorée Maîtresse, béni soit à jamais votre sacré chef couronné d'une gloire immortelle, et plus éclatant incomparablement que le soleil; et bénis soient vos beaux cheveux, qui sont comme autant de rayons plus luisants que les rayons du soleil, parce qu'ils représentent vos divines vertus, lesquelles sont en si grand nombre qu'elles ne se peuvent non plus compter que les cheveux de la tête.

« Ô très sainte Vierge, ma très honorée Dame, bénite soit votre face très modeste, plus blanche et plus éclatante que la lune; parce que jamais aucun des fidèles ne vous a regardée en ce monde ténébreux, sans ressentir en soi-même quelque consolation spirituelle.

« Ô très sacrée Vierge Marie, ma très chère Maîtresse, bénis soient vos sourcils et vos paupières, qui sont plus brillants que les rayons du soleil.

« Bénis soient vos yeux très pudiques, parce qu'ils n'ont jamais rien convoité de toutes les choses transitoires qu'ils ont vues en ce monde; et davantage, lorsque vous les leviez au ciel, vos regards surpassaient la clarté des étoiles devant toute la Cour céleste.

« Ô très sacrée Vierge Marie, ma souveraine Dame, bénites soient vos bienheureuses joues plus blanches et plus vermeilles que l'aurore. Car, comme elle est parée à son lever d'un blanc et d'un vermeil fort agréables : ainsi, pendant que vous étiez en ce monde, vos très chastes joues étaient ornées d'une beauté merveilleusement brillante aux yeux de Dieu et des Anges, parce que la vaine gloire ni la pompe mondaine n'y ont jamais eu aucune part.

« Ô très aimable Marie, ma très chère Maîtresse, que vos très pures oreilles soient bénites et honorées éternellement, parce qu'elles ont toujours été fermées à toutes les paroles mondaines qui étaient capables de les profaner.

« Ô Vierge sainte, Ô divine Marie, ma souveraine Dame, que votre nez sacré soit béni et glorifié à jamais, dont toutes les respirations ont été accompagnées d'autant de soupirs de votre Cœur et d'élévations de votre esprit vers Dieu, même pendant que vous dormiez. Que pour ce sujet votre saint odorat soit rempli d'une très douce odeur de toutes sortes de louanges et de bénédictions, qui soit plus excellente que celle des herbes les plus odoriférantes et des senteurs les plus agréables.

« Ô Vierge sacrée, Ô divine Marie, ma très sainte Dame, louée soit infinies fois votre bénite langue, infiniment plus agréable à Dieu et aux Anges que tous les arbres portant fruit. Car, non seulement elle n'a jamais dit aucune parole qui ait porté dommage à personne, mais elle n'en a jamais proféré qui n'ait été utile à quelqu'un. Toutes les paroles qu'elle prononçait étaient assaisonnées d'une si grande sagesse et douceur, qu'il n'y a jamais eu de fruit si délicieux au goût, qu'elles étaient agréables à l'ouïe.

« Ô très précieuse Vierge, divine Marie, ma Reine et ma Souveraine, louée soit éternellement votre digne bouche avec vos saintes lèvres, plus belles incomparablement que toutes les roses et toutes les fleurs les plus agréables; spécialement pour cette très bénite et très humble parole qui en est sortie, dans la réponse que vous avez donnée à l'Ange qui vous a été envoyé du ciel, lorsque Dieu a voulu accomplir par vous, dans le monde, le dessein du mystère de l'Incarnation, qu'il avait prédit longtemps auparavant par la bouche des Prophètes. Car par la vertu de cette sainte parole, vous avez affaibli la puissance des démons dans l'enfer, et vous avez réparé les chœurs des Anges dans le ciel.

« Ô Marie, Vierge des vierges, ma Reine et mon unique consolation après Dieu, que votre sacré cou, vos saintes épaules et vos chastes reins, plus blancs que tous les lys, soient loués et honorés à jamais, parce que jamais vous n'avez fait aucun usage de ces saints membres que pour ce qui regardait l'honneur de Dieu ou la charité du prochain. Car, comme le lys ne se meut que par le souffle du vent, ainsi tous vos sacrés membres ne se remuaient et n'agissaient que par le mouvement et la conduite du Saint-Esprit.
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Laetitia
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« Ô ma Princesse, ma force et ma joie, je bénis de tout mon cœur vos très saints bras, vos sacrés doigts et vos très pures mains, ornées d'autant de pierres précieuses qu'elles ont fait de saintes actions; parce que, comme vous avez fortement attiré à vous le Fils de Dieu, par la sainteté de vos œuvres : aussi vos bras et vos mains l'ont embrassé étroitement, avec un Cœur et un amour de Mère le plus ardent qui se puisse imaginer.

« Ô la Reine de mon cœur et la lumière de mes yeux, je bénis et glorifie de toutes mes affections vos très sacrées mamelles, qui sont comme deux très douces fontaines d'eau vive, ou plutôt de miel et de lait, qui ont donné la nourriture et la vie au Créateur et aux créatures, et qui nous fournissent continuellement les remèdes convenables à nos maux, et les rafraîchissements dont nous avons besoin dans nos afflictions.

« Ô Marie, Vierge bienheureuse, ma très glorieuse Reine, bénite soit votre précieuse poitrine, plus pure que le fin or; parce qu'elle a été oppressée sous le pressoir des douleurs très violentes que vous avez souffertes, lorsque vous étiez sur le Calvaire, et que vous entendiez les grands coups de marteau que les bourreaux frappaient sur les clous, pour les enfoncer dans les mains et dans les pieds de votre bien aimé Fils. Mais, encore que vous l'aimassiez ardemment, vous avez mieux aimé néanmoins endurer ce supplice et le voir mourir pour le salut des âmes, que d'en être exempte et de le voir vivre, les âmes demeurant dans la mort et dans la perdition éternelle. Et ainsi vous êtes toujours demeurée ferme et constante au milieu des tourments. et dans une entière conformité à la divine Volonté.

« Ô Vierge incomparable, Ô très aimable Marie, la vie et la joie de mon cœur, je révère, j'aime et je glorifie, de toutes les puissances de mon âme votre très digne Cœur, qui a tellement été embrasé du zèle très ardent de la gloire de Dieu, que les flammes célestes de votre amour étant montées jusqu'au Cœur du Père éternel, ont attiré son Fils unique, avec le feu du Saint-Esprit, dans vos très pures entrailles; mais de telle sorte qu'il est toujours demeuré dans le sein de son Père.

« Ô Marie, ma très honorée Dame, Vierge très pure et très féconde tout ensemble, honneur et bénédiction éternelle à vos bienheureuses entrailles qui ont produit un fruit admirable, lequel donne une gloire infinie à Dieu, une joie incroyable aux Anges et une vie éternelle aux hommes.

« Ô très sage Vierge, ma souveraine Dame, louange immortelle à vos pieds très sacrés, qui ont porté le Fils de Dieu et le Roi de gloire pendant qu'il était renfermé dans votre ventre virginal. Oh ! Qu'il faisait beau voir la modestie, la majesté et la sainteté avec laquelle vous marchiez sur la terre ! Certainement vous ne faisiez aucun pas qui ne donne un contentement singulier au Roi du ciel, et qui ne remplit de joie toute la Cour céleste.

«Ô admirable Marie, divine Vierge, Ô Mère très aimable, j'adore, je loue et je glorifie avec vous, autant qu'il m'est possible, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dans leur majesté incompréhensible, pour toutes les faveurs qu'ils ont faites à votre très saint corps, qui a été la demeure très agréable de celui que tous les Anges louent au ciel et que toute l'Église adore dans la terre.

« Honneur éternel, louange perpétuelle, bénédiction, gloire et actions de grâces infinies à Vous, mon Seigneur, mon Roi et mon Dieu, qui avez crée cette très noble et très pure Vierge, et qui l'avez rendue digne d'être votre Mère, pour toutes les joies dont vous avez comblé par son moyen les Anges et les Saints qui sont au ciel, pour toutes les grâces que vous avez répandues sur les hommes en la terre, et pour toutes les consolations que vous avez données aux âmes souffrantes dans le purgatoire.

« C'est ainsi que Notre-Seigneur Jésus-Christ honore par soi-même et par ses Saints toutes les facultés, non seulement de l'âme, mais aussi du corps de sa glorieuse Mère. D'où je tire une conséquence très importante et très avantageuse pour le Cœur très auguste de cette Mère d'amour, que vous allez voir dans la section suivante, après vous avoir averti, mon cher lecteur, que vous trouverez encore ci-après plusieurs éloges et bénédictions conformes aux précédentes, en l'honneur des membres sacrés et de tous les sens intérieurs et extérieurs de la Reine du ciel.
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Laetitia
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SECTION IV.- Le cœur corporel de la bienheureuse Vierge étant la plus noble partie de son saint corps, mérite un honneur très particulier.

Pourquoi pensez-vous, mon cher lecteur, que je me suis tant étendu sur les excellences des saints membres du corps virginal de la Mère de Dieu, et sur la vénération qui leur est due ? C'est pour imprimer une haute estime dans votre esprit, et une dévotion spéciale dans votre cœur au regard du divin Cœur de notre Mère admirable, par le moyen d'une conséquence infaillible qui s'ensuit de toutes les choses que j'ai dites. Car, puisque le Saint Esprit, le Fils de Dieu et ses Saints célèbrent si hautement les louanges des membres sacrés du saint corps de la Mère du Sauveur, ne s'ensuit-il pas infailliblement que son bienheureux Cœur, qui est la première et la plus digne partie de son corps, mérite une vénération toute singulière ? Devons-nous pas entrer dans les sentiments de notre chef qui est Jésus, et suivre l'exemple qu'il nous donne ? Si donc le Fils aîné de Marie, qui a voulu être notre chef et notre frère, fait paraître tant de zèle à honorer les moindres choses qui sont en l'extérieur de sa très digne Mère, qui trouvera mauvais que les autres enfants de cette Mère d'amour, se conduisant par l'esprit de leur chef et imitant l'exemple de leur frère aîné, rendent un honneur particulier à son cœur maternel, et en fassent une fête spéciale avec la permission de la sainte Église ?

Dira-t-on point que, si on fait cette fête, il en faudra faire de même au regard de sa tête, de ses yeux, de ses mains et de ses pieds ? Mais cette conséquence n'est pas nécessaire. Car dites-moi, je vous prie, n'est-il pas vrai que toutes les plaies que notre Rédempteur a reçues en son saint corps, au temps de sa Passion, sont adorables et méritent d'être adorées incessamment par tous les habitants de la terre et du ciel : et que néanmoins la dévotion des fidèles regarde principalement les cinq plaies de ses mains, de ses pieds et de son côté, et que l'Église célèbre en plusieurs lieux une fête particulières en l'honneur de celles-ci seulement, et non pas des autres ?

N'est-il pas vrai que toutes les pensées, paroles, actions, mortification de ce divin Sauveur, et tous les saints usages qu'il a faits de toutes les parties de son corps et de son âme sont d'un mérite infini, et que toutes ces choses sont dignes d'autant de solennités continuelles et éternelles : et que néanmoins l'Église ne solennise qu'un petit nombre des plus signalées actions et mystères de sa vie ?

Ne savez-vous pas que tous les saints membres de son corps mystique qui sont au ciel, et dont le nombre est presque innombrable, sont dignes d'une telle vénération qu'il n'y en a pas un qui ne mérite qu'on fit ici-bas une fête spéciale à sa louange : et que pourtant il n'y a que les principaux et les plus considérables dont on célèbre la mémoire solennellement ?

Ne savez-vous pas que la glorieuse Reine du ciel a fait un très grand nombre de saintes actions, durant le cours de sa vie mortelle, qui seront jamais des sujets de louange tous les Anges et tous les Saints du ciel, et qui seraient toutes très dignes d'avoir en la terre des jours particuliers consacrés à leur honneur : et pourtant qu'on n'y célèbre la mémoire que de quelques-unes des plus remarquables, comme de celle qu'elle fit lorsqu'elle se présenta au temple, lorsqu'elle visita sa cousine sainte Élisabeth, et lorsqu'elle s'assujettit à la loi de la Purification ?

Aussi vous ne devez pas ignorer qu'il n'y a rien de petit en cette très grande Princesse, soit en son intérieur. soit en son extérieur ; mais vous devez savoir qu'il n'y a rien qui ne soit très grand. qui ne soit digne par conséquent d'un très grand honneur, et qui ne mérite que le ciel et la terre soient employés à en faire une perpétuelle solennité, parce que sa dignité de Mère de Dieu, qui est en quelque manière infinie, met une excellence en quelque sorte infinie en toutes les choses qui sont en elle.

Mais vous devez savoir que son Cœur virginal, je dis même le corporel, mérite une vénération toute singulière, pour les excellences très sublimes dont il est doué, et pour plusieurs considérations que vous allez voir. A raison de quoi, si on célèbre une fête spéciale en son honneur il ne s'ensuit pas qu'il en faille faire de même au regard des autres parties de son corps.

Si le Fils de Dieu fait tant d'état des moindres choses qui appartiennent à ses serviteurs, qu'il les assure que tous les cheveux de leur tête sont comptés et que pas un ne périra, et qu'il couronnera d'une gloire immortelle les plus petites actions qu'ils auront faites pour son service : quel honneur et quelle gloire veut-il que l'on rende au Cœur incomparable de sa très précieuse Mère ?
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Laetitia
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SECTION V .-Plusieurs autres prérogatives du Cœur corporel de la bienheureuse Vierge, qui le rendent digne d'une grande vénération.

Voici cinq merveilleuses prérogatives du cœur corporel de notre Mère admirable, qui le rendent digne d'être à jamais l'objet de la vénération des Anges et des hommes.

La première est qu'il est le principe de la vie de cette divine Mère ; principe de toutes les fonctions de sa vie corporelle et sensible. qui a été toute sainte en soi-même et en tous ses usages ; principe de la vie d'une Mère de Dieu ; de la vie de celle qui a donné naissance au Fils de Dieu ; de la vie de la Reine du ciel et de la terre ; de la vie de celle par laquelle Dieu a donné la vie à tous les enfants d'Adam, qui étaient abîmés dans le gouffre de la mort éternelle ; enfin d'une vie si noble, si digne et si sainte. qu'elle est plus précieuse devant Dieu que toutes les vies des hommes et des Anges.


La seconde prérogative de ce saint Cœur, est qu'il a préparé et donné le sang virginal dont le sacré corps de l'Homme-Dieu a été formé dans les entrailles de sa précieuse Mère. Remarquez, s'il vous plaît, que je ne dis pas que Notre-Seigneur Jésus ait été formé, en son incarnation dans le cœur de sa Mère. C'est une erreur qui, au rapport du cardinal Cajetan, s'est levée de son temps, et qui a été aussitôt condamnée et étouffée comme une pernicieuse hérésie, qui était directement contraire à ces paroles de l'Ange : Ecce concipies in utero : « Vous concevrez dans vos entrailles » ; et qui détruisait la divine maternité de notre Reine, parce que, si elle n'avait conçu le Fils de Dieu dans son ventre virginal, elle ne serait pas véritablement sa Mère. Mais je dis que son Cœur a préparé et donné le sang dont son corps a été formé.

C'est le sentiment de plusieurs Docteurs signalés qui disent que d'abord la bienheureuse Vierge ayant été troublée et saisie de crainte par les louanges que l'Ange lui donna en la saluant, le sang, comme il a coutume en telle occasion, se transporta aussitôt en abondance vers le cœur pour le fortifier ; et qu'ensuite saint Gabriel l'ayant rassurée et lui ayant déclaré les choses grandes que Dieu voulait faire en elle, ce même Cœur fut rempli d'une si grande joie, que venant à s'ouvrir et se dilater comme une belle rose, il en sortit du sang qui découla dans ses très pures entrailles, dont le Saint-Esprit se servit pour former le sacré Corps du Sauveur, le joignant avec le sang virginal des mêmes entrailles qui était propre pour l'accomplissement du mystère de l'Incarnation.

Mais pour mieux entendre ceci remarquez premièrement que les saints Pères, et même le sixième Concile général tenu à Constantinople, assurent que la matière que la bienheureuse Vierge a donnée pour former un corps au Verbe éternel a été son très pur sang.

Secondement, remarquez qu'il y a aujourd'hui plusieurs excellents Docteurs en la philosophie du corps humain, lesquels, fondés sur la doctrine d'Aristote qui assure que le cœur est la première origine du sang, et sur plusieurs raisons et expériences, tiennent que c'est dans le cœur qu'il se fait ,premièrement ; et qu'il y a deux concavités, là où il se trouve de petites ouvertures par où il passe pour se communiquer aux autres parties du corps. Je sais bien qu'il y a plusieurs autres Docteurs, tant anciens que modernes, qui disent que c'est le foie qui est le premier principe du sang. Mais quoi que c'en soit du lieu de sa première production, tous sont d'accord que tout le sang qui est dans le corps humain passe par le cœur, qu'il y reçoit sa perfection, et qu'il n'a aucun usage et n'est propre ni à la nourriture du corps, ni à la génération, ni à la conservation de la vie, ni à aucune autre fonction, qu'après avoir reçu sa dernière perfection dans le cœur.

Cela étant ainsi, l'on peut dire véritablement, ou que le très pur sang dont le corps adorable de Jésus a été formé dans le ventre sacré de Marie, est sorti directement et immédiatement du Cœur maternel de cette divine Vierge, au même temps que le Fils de Dieu s'est incarné en elle ; ou, s'il n'en n'est pas sorti immédiatement, qu'il y a pris son origine, et que ce Cœur virginal en est la première source ; ou, s'il n'y a pas pris sa première origine, que du moins, il y a passé, et qu'il y a reçu les qualités et les dispositions nécessaires et convenables pour être employé en la génération ineffable et en la naissance admirable d'un Enfant Dieu dans les bienheureuses entrailles d'une Mère de Dieu.

Mais la première de ces trois propositions étant la plus avantageuse pour le divin Cœur de notre glorieuse Reine, et étant appuyée de l'autorité de plusieurs grands Docteurs, je la préférerais volontiers aux autres ; mais en la manière que Carthagena l'explique, disant que le Saint-Esprit ayant pris quelque partie du très pur sang de la bienheureuse Vierge, qui sortit ou qui était encore dans son très saint Cœur, et l'ayant jointe au sang virginal de ses bénites entrailles, qui était propre pour l'accomplissement du mystère de l'Incarnation, il s'en servit pour la formation du corps adorable de l'Enfant-Dieu.
Comme tout ce qui se voit dans l'ordre de la nature est une ombre et un crayon de ce qui se passe dans l'ordre de la grâce : aussi je trouve une petite merveille dans le monde visible et naturel, qui nous représente aucunement ce grand miracle du monde invisible et surnaturel, dont il est ici question. C'est qu'au rapport du Prince de la philosophie naturelle [Aristote] , et de quelques autres auteurs , il se voit un oiseau merveilleux dans l'Arabie, que quelques-uns appellent ormomegia ou ormontella, d'autres le nomment avis regia, « l'oiseau royal » qui ne produit point son semblable en la manière des autres oiseaux, mais d'une façon extraordinaire. C'est que son cœur envoie quelque portion du sang qui est en lui, dans la partie du corps où les autres oiseaux forment leurs œufs, là où, par la chaleur naturelle et par la vertu des rayons du soleil, il conçoit et produit un autre petit oiseau royal.
N'est-il pas vrai, mon cher lecteur, que ce merveilleux oiseau est une agréable figure de la Mère du Roi des rois ? Il s'appelle l'oiseau royal : et il n'y a rien en cette Princesse du ciel qui ne soit tout royal. L'ormomegia conçoit son fruit d'une manière virginale : et Marie est Vierge et Mère tout ensemble. L'ormontella forme son petit poussin du sang de son cœur : et la Reine des Anges produit le Monarque de l'univers du très pur sang de son cœur. L'oiseau royal conçoit son semblable par la vertu du soleil : et la Reine des vierges produit, par la vertu du Saint-Esprit, un Fils qui est le Père de sa Mère.

Ô Jésus, Fils de Marie, le Dieu de mon cœur, c'est l'amour incompréhensible de votre Père éternel qui vous a donné à nous. C'est votre amour infini qui vous a fait sortir du sein de votre Père, pour venir dans le sein de votre Mère et dans le sein de nos âmes. C'est par la vertu de l'amour personnel, qui est le Saint-Esprit, que vous avez été formé dans les entrailles virginales. C'est pourquoi il était bien convenable, Ô Dieu d'amour, que la matière dont votre saint corps devait être formé, fût prise dans le Cœur tout embrasé de charité de la Mère d'amour : afin que vous fussiez véritablement le fruit du ventre et du cœur de votre Mère, comme vous êtes le fruit du sein de votre Père, qui soit à jamais béni, loué et glorifié avec vous et avec le Saint-Esprit.
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Laetitia
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La troisième prérogative du cœur corporel de la bienheureuse Vierge, est qu'il est le principe de la vie humaine et sensible de l'Enfant Jésus, pendant qu'il demeure dans les bienheureuses entrailles de Marie. Car pendant que l'enfant est dans le ventre de sa mère, le cœur de la mère est tellement la source de la vie de l'enfant, aussi bien que de sa propre vie, que la vie de l'enfant n'en dépend pas moins que celle de la mère.

Ô cœur royal de la Mère d'amour, duquel le Roi des vivants et des morts a voulu que sa vie fût dépendante l'espace de neuf mois ! Ô cœur incomparable, qui n'avez qu'une même vie avec celui qui est la vie du Père éternel et la source de toute vie ! Ô cœur admirable, qui êtes le principe de deux vies si nobles et si précieuses : principe de la vie très sainte d'une Mère de Dieu ; principe de la vie humainement divine et divinement humaine d'un Homme-Dieu !

Non seulement ce cœur merveilleux a été le principe de la vie de Jésus, pendant les neuf mois qu'il a demeuré dans le ventre virginal ; mais outre cela il a encore contribué durant plusieurs années, à la conservation de cette vie si digne et si importante : d'autant que, par sa chaleur naturelle, il a formé et produit dans les sacrées mamelles de la vierge Mère le très pur lait dont cet adorable Enfant a été nourri.

La quatrième prérogative de ce très aimable Cœur est celle qui est marquée en ces paroles de la sainte Épouse à son divin Époux, c'est-à-dire de Marie à Jésus, qui est son Fils et son Père, son Frère et son époux tout en semble : Lectulus noster floridus : « Notre lit est tout couvert et tout embaumé de fleurs. » Quel est ce lit, sinon le cœur très pur de la bienheureuse Vierge, sur lequel le divin Enfant Jésus a reposé si doucement ?

C'est un privilège très avantageux du disciple bien-aimé de Jésus d'avoir reposé une fois seulement sur sa poitrine adorable, là où il a puisé des lumières et des secrets merveilleux. Mais combien de fois ce divin Sauveur a-t-il pris son repos sur le sein et sur le Cœur virginal de sa très chère Mère ! Quelle abondance de lumières, de grâces et de bénédictions ce Soleil éternel, qui est la source des lumières et des grâces, a-t-il versées dans ce Cœur maternel sur lequel il a reposé cent et cent fois ; dans ce Cœur qui n'a jamais eu en soi aucun empêchement aux grâces divines ; dans ce Cœur qui était toujours parfaitement disposé à les recevoir ; dans ce Cœur qu'il aimait par-dessus tous les cœurs, et duquel il était plus aimé que de tous les cœurs des Séraphins ! Quelle union, quelles communications, quelles correspondances, quels embrasements entre ces deux Cœurs et ces deux fournaises d'amour que le souffle divin du Saint-Esprit enflammait incessamment !

Ô mon Sauveur, j'entends votre voix qui dit à chaque âme fidèle qu'elle vous mette comme un sceau sur son cœur . C'est ce que votre sainte Mère a fait excellemment, gravant sur son Cœur une image vivante de votre vie, de vos mœurs et de toutes vos vertus. Mais non content de cela, vous avez voulu vous-même vous mettre comme un sceau dessus son Cœur, pour le fermer à tout ce qui n'est point vous, et pour vous en rendre très uniquement le souverain et le maître absolu. Vous vous êtes imprimé Vous-même sur ce Cœur maternel d'une manière digne de l'amour d'un tel Fils vers le Cœur d'une telle Mère.

Que tous les cœurs et tous les esprits de la terre et du ciel Vous aiment et Vous bénissent éternellement, pour toutes les faveurs innombrables dont vous avez comblé ce Cœur admirable.
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Laetitia
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SECTION VI.--Continuation du même sujet.

Voici la cinquième prérogative de ce divin cœur. C'est qu'il est le saint Autel où se fait un grand et continuel sacrifice, et très agréable à Dieu, de toutes les passions naturelles qui ont toutes leur siège dans le cœur, là où réside la partie concupiscible de l'âme, avec l'irascible (1), que Dieu a données à l'homme et aux autres animaux pour les porter et pour les aider à haïr, craindre, fuir, combattre et détruire les choses qui leur sont contraires et dommageables ; et à aimer, désirer, espérer, rechercher et poursuivre celles qui leur sont convenables et avantageuses.

Ces deux parties ou ces deux passions capitales en contiennent onze, qui sont comme autant de soldats qui combattent sous ces deux capitaines, ou si vous voulez, autant d'armes et d'instruments dont ils se servent pour les deux fins précédentes.

Il y en a cinq dans la partie irascible, à savoir : l'espérance et la défiance, la hardiesse et la crainte, avec la colère.

Et il y en a six dans la concupiscible qui sont : l'amour, la haine, le désir, la fuite, la joie et la tristesse.

Depuis que l'homme s'est rendu rebelle aux commandements de son Dieu, toutes ses passions se sont révoltées contre lui, et sont tombées dans un tel désordre, qu'au lieu qu'elles devraient être entièrement assujetties à la volonté, qui est la reine de toutes les facultés de l'âme, elles la rendent souvent leur esclave ; et au lieu d'être les gardes du cœur, dans lequel elles font leur résidence, et d'y conserver la paix et le repos, ce sont pour l'ordinaire autant de bourreaux qui le déchirent et qui le remplissent de trouble et de guerre.

(1) Le Vénérable suit ici la psychologie d'Aristote, adoptée par saint Thomas et par la Scolastique.
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Mais il n'en va pas de même des passions qui sont dans le cœur de la Reine des Anges, lesquelles ont toujours et dans un entier assujettissement à la raison et à la divine Volonté, qui régnait souverainement sur toutes les parties de son âme et de son corps. Car, comme ces mêmes passions ont été déifiées dans le cœur divin de Notre-Seigneur Jésus-Christ : aussi elles ont été sanctifiées d'une manière très excellente dans le saint cœur de sa très précieuse Mère. D'autant que le feu sacré de l'amour divin, qui brûlait jour et nuit dans la fournaise ardente de ce cœur virginal, a tellement purifié, consumé, et transformé en soi-même les susdites passions que, comme ce feu céleste n'avait point d'autre objet que Dieu seul, vers lequel il s'élançait continuellement avec une ardeur et une impétuosité nonpareille : aussi, ces mêmes passions étaient toujours tournées vers Dieu, n'étaient employées que pour Dieu, et n'étaient employées que par le mouvement et la conduite de l'amour de Dieu, qui les possédait, les animait et les embrasait d'une façon merveilleuse, et qui en faisait un continuel et admirable sacrifice à la très sainte Trinité.

Car je regarde le très pur corps de la Mère de Dieu comme un temple sacré, et comme le temple le plus auguste qui ait été et qui sera jamais après le temple de l'humanité sainte de Jésus. Je vois que son cœur virginal est le saint autel de ce temple. Je considère l'amour divin comme le grand prêtre qui offre à Dieu des sacrifices continuels dans ce temple et sur cet autel, et des sacrifices très agréables à sa divine Majesté. Je contemple la divine Volonté qui lui amène plusieurs victimes pour être sacrifiées sur cet autel. Entre ces victimes j'y aperçois les onze passions naturelles, qui sont occises par le glaive flamboyant que ce grand prêtre tient en sa main, c'est-à-dire par la vertu du divin amour ; qui sont consumées et transformées dans le feu céleste qui brûle sur cet autel, et qui ainsi sont immolées à la très sainte Trinité en sacrifice de louange, de gloire et d'amour.

Tout amour humain y est consumé et transformé en un amour divin, qui n'ont point d'autre objet que Dieu seul.
Toute haine humaine et naturelle, au regard de quelque créature que ce soit, y est détruite et transformée en une haine surnaturelle et divine qui ne regarde rien que le péché et tout ce qui conduit au péché.

Tout désir de quoi que ce soit y est anéanti, et converti en un très simple et très pur désir d'accomplir en tout et partout la divine Volonté.
Toute aversion des choses que l'amour propre, la sensualité et l'orgueil de l'homme refusent, comme les mortifications, les privations des commodités de la vie présente, et les mépris et humiliations, y est anéantie et transformée en une sainte aversion, et en une soigneuse fuite de toutes les occasions de déplaire à Dieu, comme aussi des honneurs, des louanges, des satisfactions sensuelles, et de tout ce qui peut contenter l'ambition, l'amour propre et la propre volonté.
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Toute vaine joie des choses caduques et périssables de ce monde, et des succès qui sont conformes aux inclinations humaines, y est morte et transformée en une sainte joie de tout ce qui est selon le bon plaisir de Dieu .
Toute tristesse procédant des choses qui sont contraires à la nature et aux sens, y est étouffée et changée en une tristesse salutaire qui ne prend naissance que des choses par lesquelles Dieu est offensé.

Toute espérance et prétention des richesses, plaisirs et honneurs de la terre, et toute confiance en soi-même ou en quelque chose créée, y est entièrement éteinte et transformée en la seule espérance des biens éternels, et en l'unique confiance en la divine Bonté.
Toute défiance de la puissance de Dieu, de sa bonté, de la vérité de ses paroles et de la fidélité de ses promesses, y est totalement anéantie et transformée en une grande défiance de soi-même et de tout ce qui n'est point Dieu, qui fait que la Vierge très fidèle ne s'appuie jamais sur elle-même ni sur aucune chose créée, mais sur la seule puissance et miséricorde de Dieu. Car elle sait fort bien ce qui est écrit : Vae dissolutis corde, qui non credunt Deo, et ideo non proteguntur ab eo.(1) : « Malheur à ceux qui abandonnent leur cœur à la lâcheté et au découragement, manque de s'appuyer et de se confier en Dieu, car ils se rendent indignes de sa protection ! »

Toute hardiesse ou courage à entreprendre des choses qui regardent le monde, ou même des choses bonnes mais sans vocation de Dieu, et sans l'avoir consulté et sans avoir pris conduite de son esprit, y est détruite et convertie en une force divine, qui lui fait combattre généreusement et vaincre glorieusement toutes les difficultés et tous les obstacles qui s'opposent à l'accomplissement de ce que Dieu demande d'elle.

Toute crainte de la pauvreté, de la douleur, du mépris, de la mort et de tous les autres maux temporels, que les hommes de chair et de sang ont coutume d'appréhender ; comme aussi toute crainte de Dieu mercenaire et servile, y est étouffée et changée en la seule crainte amoureuse et filiale de Lui déplaire tant soit peu, ou de manquer faire quelque chose pour Lui plaire davantage.

Toute colère et indignation au regard de quelque créature que ce soit, et pour quelque sujet que ce soit, y est tout à fait éteinte et transformée en une très juste et divine colère contre toute sorte de péché, qui la met dans la disposition d'être mise en poudre et d'être sacrifiée mille fois pour anéantir le moindre de tous les péchés, si tel était le bon plaisir de Dieu.

Ainsi ce grand prêtre, qui est l'amour divin, sacrifie la très adorable Trinité sur le saint autel du cœur de Marie, toutes ses passions, inclinations et sentiments d'amour, de haine, de désir, de fuite ou d'aversion, de joie, de tristesse, d'espérance, de défiance, de hardiesse, de crainte et de colère.
Et ce sacrifice se fait dès le premier instant auquel ce saint cœur a commencé à se mouvoir dans sa poitrine virginale, c'est-à-dire dès le premier instant de la vie de cette Vierge immaculée ; et il se continue incessamment jusqu'au dernier soupir, s'accomplissant toujours avec plus d'amour et de sainteté de moment en moment.

Ô grand et admirable sacrifice, et merveilleusement agréable au Dieu des cœurs ! Ô bienheureux cœur de la Mère d'amour, d'avoir servi d'autel à ce divin sacrifice !

(1) Eccli. II. 15.
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Laetitia
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

Message par Laetitia »

Bienheureux cœur, de n'avoir rien aimé ni désiré que Celui qui est uniquement aimable et désirable ! Bienheureux cœur, d'avoir mis toute sa joie et tout son contentement à aimer et honorer Celui qui est seul capable de contenter le cœur humain ; et de n'avoir jamais eu de tristesse que celle qui procédait des offenses qu'Il savait être faites contre sa divine Majesté !

Bienheureux cœur, qui n'a jamais rien haï, rien fui, rien redouté que ce qui pouvait blesser les intérêts de son Bien-aimé ; et qui n'a jamais eu de colère que contre ce qui s'opposait à sa gloire !

Bienheureux cœur, qui a tellement été fermé à toutes les prétentions de la terre et du propre intérêt, que jamais aucune n'y a eu place ; qui n'a pas eu moins de confiance en Dieu que de défiance de soi-même ; et qui, étant armée de la ferme espérance qu'il avait en la divine Bonté, et d'une sainte générosité, n'a jamais cédé aux difficultés et obstacles que l'enfer et le monde lui ont suscitées pour l'empêcher de s'avancer dans les voies de l'amour sacré ; mais les a toujours surmontés avec une force invincible et une constance infatigable !

Bienheureux les cœurs des vrais enfants de Marie, qui tâchent de se conformer au très saint cœur de leur très bonne Mère !

Bienheureux les cœurs qui sont autant d'autels sur lesquels l'amour divin fait un sacrifice continuel de toutes leurs passions, en les consumant dans son feu et en les transformant en celles de Jésus et de Marie ; c'est-à-dire en faisant que ces mêmes cœurs sachent aimer et haïr, désirer et fuir, se réjouir et s'attrister, se défier et se confier, être hardis et craintifs, et avoir de l'indignation et de la colère, non pas à la mode des enfants du siècle et des hommes de chair et de sang ; mais à la mode du Fils de Dieu, de la Mère de Dieu, et de leurs vrais enfants !

Ô Jésus, faites-nous cette grâce, je vous en conjure par le très aimable cœur de votre très digne Mère et par toutes les bontés de votre Cœur adorable !

(à suivre)
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Laetitia
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

Message par Laetitia »

Voilà quelque chose des prérogatives merveilleuses de ce cœur admirable qui est dans la poitrine sacrée de la Mère de Dieu. Que dites-vous à cela, mon cher frère ? Dites-moi, je vous prie, n'est-il pas vrai que, quand il ne serait question que de ce cœur sensible et corporel de la Reine du ciel, il mériterait toute sorte d'honneur et de vénération ?

Quel honneur est dû à ce cœur qui est la plus noble partie de ce corps virginal, lequel a donné un corps au Verbe éternel, qui sera éternellement l'objet des adorations de tous les Esprits célestes et bienheureux !
Quel honneur est dû à ce cœur qui a disposé et donné le très pur sang dont le corps adorable du Fils de Dieu a été formé dans les entrailles de sa Mère !
Quel honneur est du à ce cœur qui est le principe de la vie d'une Mère de Dieu et d'un Homme-Dieu !
Quelles louanges doit-on rendre à ce cœur qui a contribué à former le lait, lequel a servi à nourrir et conserver la vie du Sauveur du monde !
Quelles louanges doit-on rendre à ce cœur sur lequel un Enfant Dieu a tant de fois reposé, et qu'il a comblé de tant de faveurs !
Quelle vénération mérite ce cœur qui n'a jamais eu d'autre objet de son amour, de ses désirs, de ses craintes, de ses espérances, de ses joies, que Dieu seul ; qui ne s'est jamais attristé que de ce qui déplaît à Dieu ; qui a été si rempli de défiance de soi-même et de confiance en Dieu, et qui a employé toutes ses haines, ses aversions, ses indignations et son courage contre les choses qui offensent sa divine Majesté !

Enfin quelle vénération mérite ce cœur que Dieu aime et glorifie plus hautement, et qui honore et aime Dieu plus parfaitement que tous les cœurs du ciel et de la terre ! Certainement quand toutes les créatures de l'univers seraient changées en autant de cœurs et de langues de Séraphins, et que tous ces cœurs et toutes ces langues seraient employés à célébrer éternellement les louanges de ce divin cœur, ils ne pourraient jamais lui rendre autant d'honneur qu'il en mérite.

Ô cœur incomparable, qui ne vous admirera ? qui ne vous aimera ? qui ne vous honorera ? et qui n'emploiera toutes les affections de son cœur pour vous bénir, pour publier vos perfections, et pour inviter tous les cœurs du ciel et de la terre à chanter continuellement :

Vive le cœur sacré de Marie !
Vive le cœur royal de la Reine du ciel !
Vive le Roi des cœurs !
Et que tous les cœurs des hommes et des Anges le louent et le glorifient éternellement !

(à suivre)
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