Le Cœur Immaculé de Marie

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Laetitia
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Le Cœur Immaculé de Marie

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LE CŒUR ADMIRABLE DE LA TRÈS SACRÉ MÈRE DE DIEU
de Saint Jean Eudes.




LIVRE PREMIER

QUI FAIT VOIR CE QUE C'EST QUE LE CŒUR DE LA BIENHEUREUSE VIERGE.



CHAPITRE I . Que le Cœur de la très sacrée Vierge est bien appelé le Cœur admirable; que c'est un abîme de merveilles, et qu'il n'y a que son Fils Jésus qui les connaisse parfaitement et qui en puisse parler dignement.

JÉSUS, Fils unique de Dieu, Fils unique de Marie, ayant choisi cette incomparable Vierge entre toutes les créatures pour être sa Mère, sa nourrice et sa gouvernante; et son infinie bonté nous l'ayant donnée pour être notre Reine, notre Mère et notre refuge en tous nos besoins, il veut que nous l'honorions comme il l'honore, et que nous l'aimions comme il l'aime.

Il l'a exaltée et honorée par-dessus tous les hommes et tous les Anges; il veut aussi que nous lui rendions plus de respect et plus de vénération qu'à tous les Anges et qu'à tous les hommes. Comme il est notre chef et que nous sommes ses membres, à raison de quoi nous devons être animés de son esprit, suivre ses inclinations, marcher par ses voies, et continuer sa vie sur la terre et l'exercice des vertus qu'il y a pratiquées: aussi il veut que notre dévotion vers sa divine Mère soit une continuation de la sienne vers elle, c'est-à-dire que nous ayons en nous les sentiments d'honneur, de soumission et d'affection qu'il a eus pour elle étant ici-bas, et qu'il aura éternellement dans le ciel. Elle a toujours occupé et occupera pour jamais la première place de son Cœur, et elle a toujours été et sera dans toute l'éternité le premier objet de son amour, après son Père éternel : il veut aussi qu'après Dieu, elle soit le principal sujet de nos dévotions et le premier objet de nos vénérations. A raison de quoi, après les services que nous devons à sa divine Majesté, nous ne pouvons lui en rendre de plus grands, ni rien faire qui lui soit plus agréable, que de servir et honorer sa très digne Mère.

Mais parce que notre esprit ne peut pas se porter, estimer et aimer une chose sans connaître ce qui la rend digne d'être estimée et aimée, le zèle infini dont ce Fils unique de Marie est embrasé pour les intérêts de sa très chère Mère, lui fait prendre un grand soin de nous manifester, par la bouche des saints Pères et par les oracles des divines Écritures, même dans cette vallée de ténèbres, quelque petite partie des excellences nonpareilles dont il l'a enrichie, réservant la pièce qui surpasse infiniment son échantillon, pour le pays des lumières, qui est le ciel.

Entre ces divins oracles, j'en trouve un dans le chapitre douzième de l'Apocalypse, qui est comme un abrégé de tout ce qui se peut dire et penser de plus grand et de plus avantageux de cette merveilleuse Princesse. C'est celui qui est contenu en ces paroles : Signum magnum apparuit in caelo (1): « Un grand signe, un merveilleux prodige, un prodigieux miracle a paru dans le ciel : une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et portant sur sa tête une couronne de douze étoiles. » Quel est ce grand prodige ? quelle est cette femme miraculeuse ? Saint Épiphane (2), saint Augustin (3), saint Bernard (4) et plusieurs autres saints Docteurs demeurent d'accord que c'est la Reine des femmes, la Souveraine des hommes et des Anges, la Vierge des vierges; et que c'est cette femme qui a porté dans ses entrailles virginales un homme parfait, un Homme-Dieu : Foemina circumdabit virum (5) .
(1) Apoc. XII, 1.
(2) Heres. 78.
(3) De Symbolo. lib. 4.
(4) Sermo in Signum magnum.
(5) Jerem. XXXI, 22.
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Elle parait dans le ciel, parce qu'elle est venue du ciel, que c'est le plus illustre chef d’œuvre du ciel, que c'est l'Impératrice du ciel, que c'est la gloire et la joie du ciel, qu'il n'y a rien en elle qui ne soit céleste; et que, lors même qu'elle faisait sa demeure en la terre, selon le corps, elle était toute d'esprit, de pensée, de cœur et d'affection dans le ciel.

Elle est revêtue du soleil éternel de la Divinité, et de toutes les perfections de la divine essence, dont elle est tellement environnée, remplie et pénétrée, qu'elle est toute transformée en la lumière, en la sagesse, en la puissance, en la bonté, en la sainteté de Dieu, et en toutes ses autres grandeurs, comme nous verrons amplement ci-après (1) .

La lune est sous ses pieds, pour montrer que tout le monde est au-dessous d'elle, n'y ayant que Dieu seul par dessus elle, et qu'elle a une puissance absolue sur toutes les choses créées.

Elle est couronnée de douze toiles, pour représenter toutes les vertus qui éclatent en elle souverainement; tous les mystères de sa vie, qui sont autant d'astres beaucoup plus lumineux que tous les flambeaux du ciel; tous les privilèges et prérogatives que Dieu lui a données, dont la moindre surpasse incomparablement tout ce qu'il y a de plus brillant dans le firmament ; et tous les Saints du ciel et de la terre, qui sont sa couronne et sa gloire à meilleur titre que les Philippiens n'étaient la couronne et la joie de S. Paul (2) .

Mais pourquoi est-ce que le Saint-Esprit lui donne cette qualité: Signum magnum, « un grand miracle »? C'est pour nous faire connaître qu'elle est toute miraculeuse ; c'est pour publier partout les merveilles dont elle est remplie; c'est pour l'exposer aux yeux de tous les habitants du ciel et de la terre, comme un spectacle d'admiration, et pour la rendre l'objet des ravissements des Anges et des hommes.

C'est pour cette même fin que ce divin Esprit fait chanter à son honneur, par tout l'univers et par toutes les bouches des fidèles, ce glorieux éloge: Mater admirabilis. O Mère admirable, que c'est bien avec raison que l'on vous appelle ainsi ! Car véritablement vous êtes admirable en toutes choses et en toutes manières.
Admirable en la beauté angélique et en la pureté séraphique de votre corps virginal.
Admirable en la sainteté très éminente de votre âme bienheureuse.
Admirable en toutes les facultés de l'un et de l'autre, dont vous avez toujours fait un très saint usage pour la gloire du Saint des saints.
Admirable en toutes vos pensées, en toutes vos paroles, en toutes vos actions: En vos pensées, qui n'ont jamais eu d'autre but que de plaire à Dieu seul. En vos paroles, qui ont toujours été comme les paroles de Dieu, conformément à ce divin précepte : Si quelqu'un parle, que ses paroles soient comme les paroles de Dieu (3). En vos actions, qui ont toutes été consacrées à sa divine Majesté.
Admirable en vos souffrances, qui vous ont rendue digne d'être associée avec le Sauveur en l’œuvre de la Rédemption du monde.
Admirable en tous les états et en tous les mystères de votre vie, qui sont tous autant d'abîmes de merveilles.
Admirable en votre Conception immaculée, qui est pleine de miracles.
Admirable en votre sainte Naissance, qui a été le sujet d'une joie indicible et éternelle à tout l'univers.
Admirable en votre sacré Nom de Marie, qui contient un monde de choses grandes et merveilleuses.
Admirable en votre Présentation au temple dès l'âge de trois ans, après avoir oublié dans un âge si tendre la maison de votre père et de votre mère, et d'un père et d'une mère si saints, et après avoir entièrement renoncé à vous-même et à toutes choses pour vous consacrer totalement à Dieu dans son saint temple.

(1) Livres VI et VII.
(2) « Itaque, fratres mei carissimi et desideratissimi, gaudium meum et corona mea. » Philipp. IV, 1.
(3) « Si quis loquitur, quasi sermones Dei.» I Petr. IV, 11.
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Admirable dans le saint emploi que vous y avez fait de tout le temps que vous y avez demeuré avec les saintes vierges et veuves qui y vivaient en société, et dans tous les rares exemples que vous leur avez donnés par la pratique excellente de toutes sortes de vertus.
Admirable en votre angélique et divin mariage avec saint Joseph.
Admirable en votre céleste entretien avec l'Archange saint Gabriel, quand il vous a annoncé le mystère ineffable de l'Incarnation.
Admirable dans toutes les choses grandes qui se sont passées en vous, au moment heureux que ce mystère incomparable y a été accompli.
Admirable en tous les moments des neuf mois que le Verbe incarné a résidé en qualité de Fils unique de Marie dans vos bénites entrailles.
Admirable dans tous les pas du voyage que vous avez fait, allant visiter votre cousine Élisabeth.
Admirable en toutes les paroles qui sont contenues dans le divin Cantique que vous avez prononcé après l'avoir saluée.
Admirable en tous les effets miraculeux de lumière, de grâce et de sanctification que vous avez opérés dans l'âme du petit Jean-Baptiste, et dans les cœurs de son père et de sa mère, durant les trois mois ou environ que vous avez demeuré avec eux dans leur maison.
Admirable en tous les pas que vous avez faits, allant de Nazareth en Bethléem pour y enfanter le Sauveur du monde ; pas que je révère de tout mon cœur et en tout le respect qu'il m'est possible, baisant en esprit la terre sur laquelle vous avez marché, et tous les vestiges de vos pieds sacrés.
Admirable en tous les miracles qui se sont faits dans votre divin Enfantement.
Admirable en la douloureuse et sanglante Circoncision de votre Fils.
Admirable dans l'imposition du très saint Nom de Jésus que vous lui avez donné avec saint Joseph, selon l'ordre que vous en aviez reçu de la part du Père éternel, par l'entremise de saint Gabriel.
Admirable dans le mystère de son Épiphanie, c'est-à- dire de sa manifestation aux saints Rois, qui ont trouvé l'Enfant de Bethléem avec Marie sa très digne Mère, et qui l'ont adoré avec elle.
Admirable dans l'humilité prodigieuse et dans l'obéissance merveilleuse par laquelle vous vous êtes assujettie à la loi de la Purification, et dans la charité incroyable par laquelle vous avez offert au Père éternel votre Fils unique et bien-aimé dans le temple, pour être un jour immolé dans la croix en expiation des crimes de tous les hommes.
Admirable en toutes les choses extraordinaires qui se sont passées durant le voyage que vous avez fait, avec votre adorable Enfant et avec votre époux saint Joseph, de Nazareth en Égypte et d’Égypte en Nazareth, pour sauver le Sauveur du monde en le préservant de la fureur d'Hérode, qui le cherchait pour le perdre.
Admirable dans le très saint usage que vous avez fait, O Mère de Jésus, de la douleur très sensible et de la joie indicible dont votre Cœur a été rempli successivement, lorsque vous avez égaré votre très cher Enfant dans le temple de Jérusalem, et que trois jours après, vous l'y avez retrouvé entre les Docteurs.
Admirable dans la très sainte et très douce conversation que vous avez eue avec ce Fils bien-aimé, spécialement durant les trente premières années de sa vie, qu'il semble n'avoir employées que pour vous et pour vous sanctifier de plus en plus. Oh! qui pourrait dire, qui pourrait penser les choses grandes et incompréhensibles qui se sont passées, durant un si long temps, entre le Fils de Marie et la Mère de Jésus !

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Admirable dans le très parfait usage que vous avez fait, O divine Mère, de la privation que vous avez portée de la présence de ce même Fils, pendant les quarante jours qu'il a été retiré dans le désert, et de la solitude conforme à la sienne que vous avez soufferte durant cette quarantaine.
Admirable dans la part que votre charité nonpareille vous a donnée dans le premier miracle qu'il a fait aux noces de Cana.
Admirable dans le très grand fruit que vous avez tiré de ses saintes prédications, et dans l'honneur très particulier que vous avez rendu tous les mystères qu'il a opérés durant le temps de sa vie conversante avec les hommes.
Admirable en la communication très singulière qu'il vous a faite de sa croix et de toutes ses souffrances.
Admirable dans le sacrifice que vous avez fait de lui-même au pied de sa croix, avec tant de douleur et avec tant d'amour pour tout le genre humain et pour ceux même qui le crucifiaient.
Admirable en ce que vous avez contribué, par vos ardentes prières, à sa glorieuse Résurrection.
Admirable dans les choses tout à fait extraordinaires qui se sont passées entre un tel Fils et une telle Mère, lorsque, étant ressuscité, il vous a visitée toute la première.
Admirable en la part très avantageuse que vous avez eue en sa triomphante Ascension.
Admirable dans les divines dispositions avec lesquelles vous avez reçu le Saint-Esprit, au jour de la Pentecôte, et dans les effets prodigieux qu'il a opérés dans votre âme.
Admirable dans le zèle très ardent et dans la charité incomparable que vous avez exercée vers l'Église naissante, pendant le temps que vous avez demeuré ici-bas après l'Ascension de votre Fils.
Admirable en tous les moments de votre vie, qui sont tous pleins de prodiges, et que vous avez tous employés au service et en l'amour du Roi des siècles. Admirable en votre très sainte Mort, qui doit être plutôt appelée vie que mort.
Admirable en votre miraculeuse Résurrection, en votre glorieuse Assomption, en votre merveilleux établissement à la droite de votre Fils, et en votre auguste couronnement en qualité de Reine éternelle du ciel et de souveraine Impératrice de l'univers.
Admirable dans la puissance absolue que votre Fils vous a donnée sur toutes les choses corporelles et spirituelles, temporelles et éternelles qui dépendent de lui.
Admirable dans la part infinie que vous avez au très saint Sacrement de l'autel. Que dis-je : vous y avez part vous y avez tout.
Admirable dans la charité incompréhensible avec laquelle vous continuez à nous donner avec votre Fils, par ce divin Sacrement, les trésors immenses que vous avez donnés à tous les hommes en général par le mystère de l'Incarnation.
Admirable dans la vie souverainement glorieuse et infiniment bienheureuse que vous avez eue dans le ciel, depuis que vous y êtes, et que vous y aurez à toute éternité.
Admirable encore en toutes les vertus que vous avez exercées en ce monde, en un degré le plus sublime qui se puisse penser.
Admirable en votre foi très vive, en votre espérance très ferme, en votre amour très pur vers Dieu, en votre charité très parfaite envers les hommes, en votre humilité très profonde, en votre obéissance très exacte, en votre patience invincible, et en toutes les autres vertus chrétiennes.
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Admirable en toutes les qualités très éminentes dont Dieu vous a ornée: en la qualité de Fille aînée et infiniment aimée du Père éternel, de Mère du Fils de Dieu, d'Épouse du Saint-Esprit, de Sanctuaire de la très sainte Trinité, de Trésorière et dispensatrice des grâces divines, de Reine des hommes et des Anges, de Mère des chrétiens, de Consolatrice des affligés, d'Avocate des pécheurs, de Refuge de tous les misérables, et de Dame souveraine et universelle de toutes les créatures Admirable enfin dans les privilèges très singuliers et dans les prérogatives incommunicables à toute autre créature, dont Dieu vous a honorée.

N'est-ce pas une chose singulièrement admirable et admirablement singulière, de voir une créature qui fait naître celui qui l'a créée, et qui donne l'être à celui qui est, et la vie à celui de qui elle l'a reçue ? de voir une étoile qui produit un soleil, une Vierge qui enfante et qui est Vierge avant que d'enfanter à l'heure même qu'elle enfante et après qu'elle a enfanté, et qui est la Sœur et l'Épouse, la Fille et la Mère tout ensemble de son Père  ?

N'est-ce pas une chose extraordinairement prodigieuse de voir une fille du pécheur Adam, qui engendre le Saint des saints, qui engendre un Dieu, qui est Mère du même Fils dont Dieu est le Père, et qui lui peut dire avec ce Père divin: Vous êtes mon fils, aujourd'hui je vous ai engendré (1) ?

N'est-ce pas une chose au-delà de toute admiration de voir une créature mortelle et passible faire ce qu'un Dieu ne peut pas faire ? N'est-il pas vrai que Dieu ne peut pas, de soi-même et par sa vertu propre et naturelle, engendrer un Fils qui soit Dieu comme lui et qui soit homme comme nous : Dieu in fini, immense, immortel, immuable, éternel, invisible, impassible; et homme mortel visible et passible ? Oui sans doute, il est impossible à Dieu de faire cela. Et néanmoins n'est-il pas véritable que notre admirable Marie engendrant ce même Fils, elle engendre un Dieu et un homme tout ensemble : un Dieu égal à son Père en grandeur, en puissance, en majesté; et un homme semblable à nous en impuissance, en indigence et en infirmité ?

N'est-ce pas une chose qui doit mettre le ciel et la terre dans un ravissement éternel, de voir une Vierge de quinze ans renfermer dans son ventre celui que les cieux des cieux ne sont-pas capables de comprendre; allaiter et nourrir de son lait virginal celui qui est la vie éternelle et le principe de toute vie; faire reposer sur son sein celui qui est la vertu de Dieu, et qui est reposant de toute éternité dans le sein adorable de son Père; porter entre ses bras celui qui porte toutes choses par la vertu de sa parole ; conserver, régir et gouverner celui qui est le créateur, le conservateur et le gouverneur de l'univers ; et avoir une puissance et autorité de Mère sur le Fils unique de Dieu, qui est Dieu comme son Père, et qui a été une éternité sans aucune dépendance de son Père : et si, depuis son incarnation, il est sujet à son Père comme il l'est à sa Mère, selon ces paroles évangéliques : Erat subditus illis (2) , c'est par elle que ce Père divin est entré dans l'autorité qu'il n'avait pas sur lui auparavant, puisque c'est elle qui lui a donné ce qui l'assujettit à la puissance de son Père.

(1) « Filius meus es tu : ego hodie genui te,» Hebr. V, 5.
(2) Luc. II, 51.
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Que de prodiges ! que de miracles ! que de choses grandes et merveilleuses ! Certainement ce n'est pas sans cause que le Saint-Esprit appelle la bienheureuse Vierge, Signum magnum (1) , « un grand miracle ». Ce n'est pas sans raison que les saints Pères lui donnent plusieurs semblables qualités.

N'oyez-vous pas saint Ignace, martyr, qui l'appelle Caeleste prodigium, Sacratissimum spectaculum (2) , « un prodige céleste, un sacré et très sacré spectacle », digne des yeux de Dieu et des admirations des hommes et des Anges  ?

N'oyez-vous pas saint Germain, patriarche de Constantinople, qui lui parle en cette façon: Omnia tua admirabilia sunt, o Deipara; Omnia ingentia, et aliorum vires superantia (3) : « Tout est grand en vous, o Mère de Dieu, tout y est admirable, et vos merveilles surpassent tout ce qu'on en peut dire et penser. »

N'oyez-vous pas saint Chrysostome qui publie hautement que cette divine Marie a toujours été et sera éternellement Magnum miraculum (4) , «un grand miracle. »

N'oyez-vous pas saint Épiphane qui nous annonce qu'elle est Caeli terraeque mysterium, et stupendum miraculum (5) , « le miraculeux mystère du ciel et de la terre, et un prodigieux miracle » qui doit ravir tout le monde  ? « O Vierge très sacrée, dit encore ce saint Père, vous avez mis dans l'extase toutes les armées des Anges; car de voir une femme au ciel revêtue du soleil, c'est un prodige qui met tous les habitants du ciel dans le ravissement; de voir une femme en la terre qui porte un soleil entre ses bras, c'est une merveille qui doit ravir tout l'univers (6). »

N'entendez-vous pas saint Basile, évêque de Séleucie, qui parle en cette façon: On a vu, dit-il, en la terre un prodige qui n'en a jamais eu de semblable, c'est un Fils qui est le Père de sa Mère, et un enfant qui est infiniment plus ancien que la Mère qui l'a engendré (7).

J'entends encore saint Jean Damascène qui nous déclare (8) que la Mère du Sauveur est Miraculum miraculorum, « le miracle des miracles »; que c'est Officina miraculorum, « le trésor et la source des miracles »; que c'est Abyssus miraculorum, « un abîme de prodiges »; et que la divine Puissance a fait plusieurs ouvrages merveilleux avant la bienheureuse Vierge; mais que c'étaient comme des petits essais, s'il faut ainsi parler; et comme des préparatifs pour arriver au miracle des miracles qu'il a fait en cette divine Marie : Per tot miracula via sternebatur ad Mariam. Il fallait passer par tous ces miracles pour parvenir à la merveille des merveilles.

Enfin saint André, archevêque de Candie, nous assure qu'après Dieu elle est la source de toutes les merveilles qui ont jamais été opérées en l'univers : Omnium miraculorum quae facta sunt quomodocumque Matrem Dei effectricem esse dicimus (9) ; et que Dieu a fait en elle de si grands miracles et en si grand nombre, qu'il n'y a que lui seul capable de les connaître parfaitement et de les louer dignement : Deus solus laudare potest miracula quae in ea fecit (10) .

(1) Apoc. XII, 1.
(2) Epist. ad Joan.
(3) Orat. de Zona B. Virg.
(4) Serm. de Virg.
(5) Serm. de Laud. Deiparae.
(6) « O Virgo sanctissima, quae exercitus Angelorum in stuporem deduxisti ! Stupendum enim est miraculum in coelis, mulier amicta sole; stupendum miraculum in terris, mulier gestans lucem in ulnis. » Ibid.
(7) In Annunt. Mar.
(8) Orat. I de Nat. B. Virg.
(9) Orat. 2 de Assumpt
(10) Orat. 1 de dormit. Virg.
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

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Mais entre toutes ces merveilles, en voici une qui passe toutes les autres  : c'est le Cœur incomparable de cette grande Reine; c'est ce qu'il y a de plus admirable en elle. C'est un monde de merveilles ; c'est un océan de prodiges ; c'est un abîme de miracles ; c'est le principe et la source de toutes les choses rares et extraordinaires qui sont dans cette glorieuse Princesse  : Omnis gloria filiae regis ab intus (1) .

Car ça été par l'humilité, par la pureté et par l'amour de son très saint Cœur, qu'elle est arrivée à la très sublime dignité de Mère de Dieu, et qu'elle s'est rendue digne par conséquent de toutes les grâces, faveurs et privilèges dont Dieu l'a remplie en la terre; de toutes les gloires, félicités et grandeurs dont il l'a comblée dans le ciel, et de toutes les choses grandes et merveilleuses qu'il a opérées et qu'il opérera éternellement en elle et par elle.

Je ne suis pas surpris de ce que plusieurs grands auteurs rapportent (2) d'un saint religieux de la Compagnie de Jésus, grand serviteur de la Mère de Dieu, que l'ayant suppliée de lui faire connaître quelle était la qualité qui lui plaisait davantage parmi celles que la sainte Église lui donne dans les Litanies qu'elle chante tous les jours en son honneur, elle lui déclara que c'était celle-ci : Mater admirabilis. Mais ne vous étonnez pas aussi si je dis que le Cœur virginal de cette Mère d'amour est un Cœur admirable. Il est vrai qu'elle est admirable en sa Maternité, parce que être Mère de Dieu, dit saint Bernardin, c'est le miracle des miracles  : Miraculum miraculorum. Mais il est vrai aussi que son Cœur très auguste est un Cœur admirable, puisqu'il est le principe de sa très digne Maternité et de toutes les merveilles qui l'accompagnent. O Cœur admirable de la Mère incomparable, que toutes les créatures de l'univers ne sont-elles autant de cœurs qui vous admirent, qui vous aiment et qui vous glorifient éternellement  !

C'est de ce Cœur admirable que nous avons à traiter en ce livre. Mais il faudrait être tout cœur pour parler et pour écrire comme il faut du Cœur tout divin de la Mère d'un Dieu. Il faudrait avoir tous les esprits et tous les cœurs des Chérubins et des Séraphins pour connaître parfaitement les perfections, et pour annoncer dignement les excellences du très noble Cœur de la Reine des Anges. Que dis-je  ? ce n'est pas assez; il serait nécessaire d'avoir l'esprit, le cœur, la langue et la main de Jésus, le Roi des cœurs, pour pouvoir comprendre, honorer, annoncer et coucher par écrit les merveilles ineffables qui sont renfermées dans ce Cœur sacré, le plus digne, le plus royal et le plus merveilleux de tous les cœurs, après le Cœur adorable du Sauveur.

Aussi ne suis-je pas si téméraire que de prétendre enclore dans ce livre les trésors immenses et les miracles innombrables qui sont contenus dans ce Cœur incomparable, qui est et qui sera éternellement l'objet des ravissements de tous les habitants du ciel. Car si les Anges, regardant leur Reine et la nôtre au moment de sa Conception immaculée, et la voyant si pleine de grâce, de beauté et de majesté, demeurent tout transportés et n'en parlent qu'avec étonnement, disant : Quelle est celle-ci, qui parait et qui s'élève comme l'aube du jour, belle comme la lune, choisie comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille (3) ? je vous laisse penser quels sont leurs transports et leurs extases, quand ils voient dans le ciel tant de choses merveilleuses qui se sont passées dans son Cœur virginal, depuis ce premier instant de sa vie sur la terre jusqu'au dernier.


(1) Psal. XLIV, 14.
(2) Voir la Triple Couronne du R. P. Poiré, traité 4, ch. 9, § 9.
(3) « Quae est ista, quae progreditur quasi aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata  ?» Cant. VI, 9.
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

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Si le Dieu des Anges, contemplant les démarches et les pas de cette grande Princesse, les trouve si saints et si adorables aux yeux de sa divine Majesté, qu'il en parle avec ces termes d'admiration : Oh! que vos démarches sont belles, Fille du souverain Prince (1) ! et s'il porte son Église, tant militante que triomphante, à célébrer pendant plusieurs siècles en la terre, et durant toute l'éternité dans le ciel, les pas qu'elle a faits pour aller visiter sa cousine sainte Élisabeth : jugez de quelle manière il admire et honore, et de quelle façon il veut que nous admirions et honorions avec lui tous les saints mouvements et toutes les productions admirables de son très aimable Cœur.

Si la plus petite action de vertu de cette divine Vierge, représentée par un de ses cheveux, est si agréable à Dieu, que lui-même déclare hautement qu'elle a blessé son Cœur et qu'elle le lui a ravi par un cheveu de son cou (2) : que faut-il penser de tant de millions d'actes d'amour qui, comme autant de flammes sacrées, sortaient continuellement de la fournaise ardente de son Cœur virginal tout embrasé de l'amour divin, et qui s'élançaient incessamment vers le ciel et vers le Cœur adorable de la très sainte Trinité ?

Si la sainte Église, conduite par le Saint-Esprit en tout ce qu'elle fait, célèbre depuis longtemps en la terre, et célébrera pour jamais dans le ciel, plusieurs fêtes en l'honneur de quelques actions particulières de la Mère de Dieu, lesquelles n'ont duré que peu de temps: comme la fête de sa Présentation, en l'honneur de l'action qu'elle a faite lorsqu'elle s'est présentée à Dieu dans le temple de Jérusalem; la fête de sa Purification, en l'honneur de l'action qu'elle a faite lorsqu'elle a obéi à une loi laquelle elle n'était point sujette; la fête de Notre-Dame des Neiges, en mémoire de la dédicace du premier temple qui a
été bâti en son honneur et par son ordre; et si quelques églises particulières solennisent des fêtes, comme nous le verrons ailleurs, pour honorer quelques vêtements qui ont servi à son saint corps: quels honneurs, quelles louanges, quelles solennités mérite son divin Cœur, qui durant soixante-douze ou du moins soixante-trois années a produit tant et tant de saints actes de foi, d'espérance et d'amour vers Dieu, de charité vers les hommes, d'humilité, d'obéissance et de toutes sortes de vertus, et qui est le principe et la source, comme nous le ferons voir ci-après, de toutes les saintes pensées, affections, paroles et actions de toute sa vie ? Quel esprit pourrait comprendre, quelle langue pourrait exprimer les richesses inestimables et les raretés prodigieuses qui sont renfermées dans ce Cœur nonpareil, le Roi de tous les cœurs consacrés à Jésus ?

C'est une mer de grâces qui n'a ni fond ni rive; c'est un océan de perfections qui n'a point de bornes; c'est une fournaise immense d'amour. Oh! que je me perde comme une goutte d'eau dans cette mer ; que Je sois consumé comme une paille dans cette fournaise, afin qu'il n'y ait rien ici du mien, mais que tout y soit de lui, qui est tout, et qui est le très unique principe de tout bien !

C'est votre Fils Jésus, ô divine Marie, qui a fait ce grand océan: il n'y a que lui qui connaisse les trésors infinis qu'il y a cachés. C'est lui qui a allumé le feu qui brûle dans cette fournaise: il n'y a que lui qui voit jusqu'à quelle hauteur montent les flammes qui en sortent; il n'y a que lui qui puisse mesurer les perfections immenses dont il a enrichi ce chef-d’œuvre de sa toute puissante bonté; il n'y a que lui qui puisse compter les grâces innombrables qu'il a versées dans cet abîme de grâce: Ipse creavit, et vidit, et dinumeravit, et mensus est (3). Aussi il n'appartient qu'à lui d'en parler dignement.

Afin donc que je ne me trouve point dans les discours qui seront faits ici sur ce sujet, et que ma voix n'y soit point entendue, je vous conjure, par votre très bon Cœur, ô Vierge sainte, et pour l'honneur de ce même Cœur, de m'offrir à votre Fils bien-aimé, et de le prier qu'il m'anéantisse et qu'il s'établisse dans mon néant; qu'il soit lui-même l'auteur de ce livre ; que je ne sois que l'instrument de son amour incompréhensible vers vous, et du zèle très ardent qu'il a de l'honneur de votre très digne Cœur; qu'il me suggère toutes les choses dont il désire qu'il soit composé; qu'il m'inspire les termes et la manière en laquelle il veut qu'elles y soient exprimées; qu'il verse abondamment sa sainte bénédiction sur ceux qui le liront; et qu'il change toutes les paroles qui y seront en autant de charbons ardents et luisants, pour purifier, éclairer et embraser leurs cœurs du feu sacré de son amour, afin qu'ils soient dignes d'être selon le Cœur de Dieu, et d'être mis au rang des enfants du Cœur maternel de la Mère de Dieu.

(1) « Quam pulchri sunt gressus tui in calceamentis, filia principis   ? » Cant. VII, 1
(2) « Vulnerasti Cor meum, soror mea sponsa, vulnerasti Cor meum... in uno crine colli tui. » Cant. IV, 9.
(3) Eccli. I, 9.
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Laetitia
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

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CHAPITRE II. Ce que l'on entend par le Coeur de la très sacré Vierge.

Ayant à parler des excellences prodigieuses et des merveilles incomparables du Cœur admirable de la très sainte Mère de Dieu, selon les lumières qu'il plaira à Celui qui est la lumière essentielle et la source de toute lumière de me donner, par le moyen des divines Écritures et des écrits des saints Pères, je dirai premièrement que ce nom de Cœur a plusieurs significations dans l'Écriture sainte.

1. Il signifie ce cœur matériel et corporel que nous portons dans notre poitrine, qui est la partie la plus noble du corps humain, le principe de la vie, le premier vivant et le dernier mourant, le siège de l'amour, de la haine, de la joie, de la tristesse, de la colère, de la crainte, et de toutes les autres passions de l'âme. C'est de ce cœur que le Saint Esprit parle quand il dit  : Omni custodia serva cor tuum, quia ex ipso vita procedit (1) : « Gardez soigneusement votre cœur, car il est l'origine de la vie »; qui est comme s'il disait : Ayez grand soin de dompter et régler les passions de votre cœur; car, si elles sont bien assujetties à la raison et à l'esprit de Dieu, vous vivrez d'une vie longue et tranquille selon le corps, et d'une vie sainte et honorable selon l'âme; mais au contraire, si elles possèdent et gouvernent votre cœur à leur gré, elles vous donneront la mort temporelle et éternelle par leur dérèglement.

2. Le nom de cœur est employé dans les saintes Écritures pour signifier la mémoire. C'est en ce sens qu'il peut être pris dans ces paroles de Notre-Seigneur à ses Apôtres  : Ponite in cordibus vestris, non praemeditari quemadmodum respondeatis (2) : « Mettez ceci dans vos cœurs », c'est-à-dire,
souvenez-vous, quand on vous mènera pour mon nom devant les rois et les juges, « de ne vous mettre point en peine sur ce que vous devez répondre».

3. Il dénote l'entendement, par lequel se fait la sainte méditation, qui consiste en un discours et raisonnement de notre intellect sur les choses de Dieu, lequel tend à nous persuader et convaincre nous-mêmes des vérités chrétiennes. C'est ce cœur qui est marqué par ces paroles  : Meditatio cordis mei in conspectu tuo semper (3) : « Mon cœur », c'est-à-dire mon entendement, « est toujours appliqué à méditer et considérer vos grandeurs, vos mystères et vos œuvres.»

4. Il exprime la volonté libre de la partie supérieure et raisonnable de l'âme, qui est la plus noble de ses puissances, la reine de ses autres facultés, la racine du bien ou du mal, et la mère du vice ou de la vertu. C'est de ce cœur dont Notre-Seigneur fait mention quand il dit Bonus homo de bono thesauro cordis sui profert bonum, et malus homo de malo thesauro profert malum (4) : « Un bon cœur », c'est-à- dire la bonne volonté de l'homme juste, « est un riche trésor duquel il ne peut sortir que toute sorte de bien; mais un mauvais cœur », c'est-à-dire la mauvaise volonté de l'homme méchant, « est une source de toute sorte de mal».

(1) Prov. IV, 23.
(2) Luc. XXI, 14.
(3) Psal. XVIII, 15.
(4) Luc. VI, 45.
(à suivre)
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Laetitia
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Re: Le Cœur Immaculé de Marie

Message par Laetitia »


5. Il donne à entendre cette partie suprême de l'âme que les Théologiens appellent la pointe de l'esprit, par laquelle se fait la contemplation, qui consiste en un très unique regard et une très simple vue de Dieu, sans discours, ni raisonnement, ni multiplicité de pensées. C'est de cette partie que les saints Pères entendent ces paroles que le Saint-Esprit fait dire à la bienheureuse Vierge  : Ego dormio, et Cor meum vigilat (1) « Je dors, et mon cœur veille. » Car le repos et dormir de son corps n'empêchait point, dit saint Bernardin de Sienne et plusieurs autres, que son Cœur, c'est-à-dire la partie suprême de son esprit, ne fût toujours uni à Dieu par une très haute contemplation (2).

6. Il donne à connaître quelquefois tout l'intérieur de l'homme; je veux dire tout ce qui est de l'âme et de la vie intérieure et spirituelle, suivant ces paroles du Fils de Dieu à l'âme fidèle : Pone me ut signaculum super cor tuum, ut signaculum super brachium tuum : « Mettez-moi comme un sceau sur votre cœur et sur votre bras »; c'est-à-dire, imprimez, par une parfaite imitation, l'image de ma vie intérieure et extérieure en votre intérieur et en votre extérieur, en votre âme et en votre corps.

7. Il signifie le divin Esprit, qui est le Cœur du Père et du Fils, qu'ils nous veulent donner pour être notre esprit et notre cœur: Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai un esprit nouveau au milieu de vous (3) .

8. Le Fils de Dieu est appelé le Cœur du Père éternel dans les saintes Écritures; car c'est de ce Cœur que ce Père divin parle à sa divine Épouse, la très pure Vierge, quand il lui dit : Vous avez blessé mon cœur, ma sœur et mon épouse (4) ; ou selon les Septante: Vous avez ravi mon cœur: Et ce même Fils de Dieu est aussi appelé, dans les mêmes Écritures, Spiritus oris nostri (5) , « notre esprit », c'est-à-dire l'âme de notre âme, le Cœur de notre cœur.

Tous ces cœurs se trouvent dans la Mère d'amour, et n'y font qu'un seul Cœur, tant parce que toutes les facultés de la partie supérieure et intérieure de son âme ont toujours été très parfaitement unies ensemble, que d'autant que Jésus, qui est le Cœur de son Père, et le divin Esprit, qui est le Cœur du Père et du Fils, lui ont été donnés pour être l'esprit de son esprit, l'âme de son âme, et le Cœur de son Cœur.

(1) Cant. V, 2.
(2) « Somnus qui abyssat et sepelit nobis rationis et liberi arbitrii actus, non credo quod talia in Virgine fuerit operatus, sed anima ejus libere ac meritorio actu tunc tendebat in Deum. Unde illo tem pore erat perfectior contemplatrix, quam unquam fuerit aliquis alius dum vigilavit », Saint Bernardin, Serm. 51, art. 1, c. 2.
(3) « Et dabo vobis cor novum, et spiritum novum ponam in medio vestri. » Ezech. XXXVI, 26.
(4) « Vulnerasti cor meum, soror mea sponsa.» Cant. IV, 9.
(5) Thren. IV, 20.
(à suivre)
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