Tout périssait, mais tout fut sauvé dès qu'il parut. MAIMBOURG.
On était dans l'été de l'année 1097. Les corps commandés par Bohémond, par Tancrède et par Robert de Normandie prirent la gauche; ceux qui obéissaient à Godefroid de Bouillon, à Hugues de Vermandois, à l'évêque Adhémar, au comte de Flandre et à Raymond, se dirigèrent par la droite. Le 1er juillet, dès le matin , la colonne de gauche aperçut des nuages de poussière. Ils annonçaient l'approche de l'ennemi. Les croisés savaient qu'une armée de Turcs devait les attaquer. Tout le monde aussitôt prend les armes. Les chrétiens avaient devant eux une petite rivière, et derrière eux un marais couvert de roseaux. Ils barricadèrent leurs flancs avec les chariots et improvisèrent des palissades au moyen des pieux qui soutenaient les tentes dans leurs campements. On avait mis au centre les prêtres, les enfants et les femmes.
A peine les premiers préparatifs sont terminés que les Turcs paraissent. Impétueux et hardis, ils font pleuvoir une grêle de flèches.
On n'était séparé d'eux que par la petite rivière. Les chevaliers chrétiens, impatients de se mesurer avec un ennemi qu'ils ont déjà battu, la franchissent en colère et tombent sur les musulmans, qui fuient, se dispersent, mais, selon leur coutume, reviennent bientôt à la charge, et le combat s'anime avec une fureur inouïe. A chaque instant on voit les Turcs devenir plus nombreux; les soldats de la Croix ne suffisaient plus à leurs ennemis. Guillaume, frère de Tanorède, est tué ; Tancrède lui-même n'est sauvé que par la valeur de Bohémond. Le vaillant Robert de Paris et quarante chevaliers qui l'entourent reçoivent la mort. Après une longue défense, le camp est pris, les femmes sont captives des infidèles. Bohémond, Tancrède, Bobert de Normandie ne peuvent plus soutenir le choc. Tout semble perdu, — quand subitement le courage des chrétiens se relève. Ils ont vu briller au loin des bannières amies. Les rayons du soleil se reflètent sur les casques et les boucliers de la seconde colonne, qui s'avance au pas de charge. Godefroid de Bouillon, Hugues de Vermandois, Robert de Flandre, prévenus du péril de leurs frères, accouraient en toute hâte.
A la tête de cinquante chevaliers, Godefroid devance ses bataillons; et sa seule approche jette l'épouvante parmi les infidèles. Le sultan de Roum, comptant que Godefroid n'oserait l'attaquer sur ces montagnes, l'ait sonner la retraite. Biais les Turcs emmenaient des captifs, et les guerriers francs reconnaissaient leurs compagnons mourants sur le champ de bataille que l'ennemi abandonnait. Ils poussent leur terrible cri de guerre : Dieu le veut ! ils gravissent les rochers, mettent de nouveau les Turcs en désordre, reprennent les prisonniers, et vengent par la mort de vingt mille infidèles la défaite du matin.
A suivre...