La Louange Divine

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Laetitia
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Re: La Louange Divine

Message par Laetitia »

Mgr Frayssinous, Défense du Christianisme. Du culte en général.
« Condamner et proscrire indistinctement tout culte extérieur et public, pour réduire la religion toute entière à je ne sais quelle adoration purement intérieure de l'esprit et du cœur, ce serait méconnaître tout à la fois et la nature de l'homme, et l'autorité de tous les siècles, et les premiers besoins de la société. Sans doute, c'est bien des pensées de l'esprit et des sentiments du cœur, que dépendent la véritable dignité de l'homme, et le prix des hommages qu'il rend à la Divinité. Mais enfin l'homme n'est pas une pure intelligence : il a reçu de son Auteur des sens et des organes corporels pour l'exercice même de ses facultés spirituelles ; et ne faut-il pas qu'il fasse hommage au Créateur, de son être tout entier, de son corps comme de son esprit ?

Comment serait-il pénétré de respect et d'amour pour la Divinité, sans faire éclater ces sentiments au dehors, sans inviter ses semblables, du moins par son exemple, à célébrer le Dieu Grand et Bon qu'il adore et qu'il aime ?

… Des temples, des assemblées religieuses, des cérémonies sacrées, voilà bien ce qu'on trouve, en général, dans le culte de tous les peuples civilisés.

… Si quelque philosophe nous faisait observer gravement, qu'il ne faut d'autre Temple que cet univers, où le Créateur fait éclater sa Gloire avec tant de magnificence ; que la Majesté du Très-Haut n'est pas renfermée dans une enceinte matérielle ; qu'en tout lieu nous Lui sommes présents, et que partout Il peut bien entendre nos vœux et nos prières : nous ne serions pas abusés de ce fastueux langage, et nous découvririons aisément que ce penseur, pour ne vouloir pas penser comme le peuple, est le jouet de la présomption et de l'orgueil.»
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Laetitia
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Mgr Frayssinous, La religion considérée dans son culte (suite)
Sans doute la Divinité n'a pas besoin de Temple pour Elle-même, comme un Monarque a besoin d'un palais pour en faire le siège de sa grandeur et de sa puissance ; sans doute encore ce ne sont pas précisément les lieux qui sanctifient les hommes, qui les rendent plus agréables au Créateur ; et celui qui, sous un toit de chaume, prie avec un cœur humilié, sera bien plus sûr d'être exaucé que celui qui, conduit par l'ostentation, vient prier dans le Temple avec un esprit plein de dissipation et d'orgueil.

Mais c'est nous qui avons besoin de ces lieux spécialement consacrés au culte de la Divinité, soit pour aider notre faiblesse à s'élever jusqu'à l'Auteur de tout bien, soit pour nous faciliter les moyens de Lui adresser des prières plus ferventes et plus méritoires, soit pour Lui offrir tous ensemble des hommages plus solennels et nous présenter comme les enfants d'une même famille sous les yeux de notre Père commun.

...Quelle institution sublime, que celle de réunir le peuple pour l'instruire de ses devoirs, et le consoler dans les maux de la vie ! Durant le cours de l'année chrétienne, chaque semaine a son jour de repos ; c'est par excellence le jour du Seigneur : l'artisan quitte son atelier, le laboureur sa charrue, l'homme de cabinet ses études … et le jour consacré aux exercices de la Religion est de tous le plus précieux pour la patrie.

...S'il est vrai que le culte public soit un puissant moyen d'unir les hommes, d'adoucir la férocité des mœurs, de leur inspirer des sentiments mutuels de bienveillance, et de contenir les passions dans les bornes du devoir ; par la raison contraire, le défaut de culte public ne pourrait amener que le trouble, la confusion et la ruine entière des bonnes mœurs. Un peuple sans Religion, on le verrait bientôt rétrograder vers l'état sauvage. »
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Mgr Frayssinous, Défense du Christianisme. Du culte en général.
« Si vous bornez le culte de la Divinité à des hommes purement intérieurs, qu'arrivera-t-il ? C'est que bientôt les sentiments de la piété s'affaibliront, jusqu'à ce qu'ils finissent par s'éteindre entièrement.
...Il faut prendre l'homme tel qu'il est : son esprit est si faible, son imagination si volage, son cœur si facile à s'égarer, qu'on ne doit négliger aucun des moyens qui peuvent fixer son inconstance, éveiller son attention, et nourrir dans son âme de pieux sentiments. »
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Saint Augustin, La cité de Dieu, Liv. X, ch.3.
« C'est à notre Dieu que nous devons rendre le culte de latrie, soit dans les actes extérieurs, soit au dedans de nous ; car nous sommes son temple, tous ensemble comme chacun en particulier, et il daigne également prendre pour demeure et chaque fidèle et le Corps de l'Eglise, sans être plus Grand dans le tout que dans chaque partie, parce que sa Nature est incapable de toute extension et de toute division. Quand notre cœur est élevé vers Lui, il est son autel, son Fils unique est le Prêtre par qui nous Le fléchissons ; nous Lui immolons des victimes sanglantes, quand nous versons notre sang pour la vérité et pour Lui ; l'amour qui nous embrase en sa présence d'une flamme sainte et pieuse Lui est le plus agréable encens ; nous Lui offrons les dons qu'Il nous a faits, et nous nous offrons, nous nous rendons nous-mêmes à notre Créateur ; nous rappelons le souvenir de ses bienfaits, par des fêtes solennelles, de peur que le temps n'amène l'ingratitude avec l'oubli ; enfin, nous Lui vouons sur l'autel de notre cœur, où rayonne le feu de la charité, une hostie d'humilité et de louange. »
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Saint Augustin, La cité de Dieu, Liv. X, ch.3.
« C'est pour Le voir, autant qu'Il peut être vu, c'est pour être unis à Lui que nous nous purifions de la souillure des péchés et des passions mauvaises, et que nous cherchons une consécration dans la vertu de son Nom ; car Il est la source de notre béatitude et la fin de tous nos désirs. Nous attachant donc à Lui, ou plutôt nous y rattachant, au lieu de nous en détacher pour notre malheur. Le méditant et Le relisant sans cesse (d'où vient, dit-on le mot religion), nous tendons vers Lui par l'amour, afin de trouver en Lui le repos et de posséder la béatitude en possédant la perfection. Ce souverain bien, en effet, dont la recherche a tant divisé les philosophes, n'est autre chose que l'union avec Dieu ; c'est en Le saisissant, si on peut ainsi dire, par un embrassement spirituel, que l'âme devient féconde en véritables vertus. Aussi nous est-il ordonné d'aimer ce Bien de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre vertu. Vers Lui doivent nous conduire ceux qui nous aiment ; vers Lui nous devons conduite ceux que nous aimons.

Pour apprendre à l'homme à s'aimer lui-même comme il convient, une fin lui a été proposée à laquelle il doit rapporter toutes ses actions pour être heureux ; car on ne s'aime que pour être heureux, et cette fin, c'est d'être uni à Dieu. Lors donc que l'on commande à celui qui sait déjà s'aimer comme il faut, d'aimer son prochain comme soi-même, que lui commande-t-on, sinon de se porter, autant qu'il est en son pouvoir, à aimer Dieu ? Voilà le vrai culte de Dieu, voilà la vraie religion, voilà la solide piété, voilà le service qui n'est dû qu'à Dieu. »
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Actes du culte par lesquels s'exerce la vertu de religion.

P. Scaramelli, S.J.
« Il est bien établi que le culte de la Religion s'exerce principalement par les actes intérieurs d'hommage à la suprême excellence du Créateur ; et, secondairement, par les actes extérieurs, qui nous excitent, en les traduisant par le cérémonial sacré, à une soumission intérieure de notre cœur au Dieu que nous servons. »
L'Adoration.

Saint Thomas, IIe IIe q. LXXXIV, art.1.
« L'adoration a pour but de révérer et d'honorer celui qui la reçoit. Or, le propre de la Religion c'est d'honorer et de révérer Dieu : donc l'adoration rendue à Dieu est un acte de la Religion. »
Saint Thomas, IIe IIe q. LXXXIV, art.2.
« Selon saint Jean Damascène, comme nous avons deux natures, l'une intellectuelle et l'autre sensible, nous rendons à la Majesté suprême une double adoration ; l'une spirituelle, consistant dans la dévotion intérieure de l'esprit ; l'autre corporelle, que constitue l'humiliation extérieure du corps. Et puisque, dans les actes du culte, l'extérieur se rapporte à l'intérieur comme l'accessoire au principal, l'adoration corporelle est ordonnée à l'adoration spirituelle : les signes d'humilité données par le corps doivent porter l'esprit à se soumettre à Dieu ; car telle est la nature de l'homme, qu'il va des choses sensibles aux choses intelligibles. »
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Mgr d'Hulst, Conférences de N.-D., Carême 1893, 2e conf.
« L'adoration est la loi universelle de la créature. Elle a son siège au dedans, mais elle rayonne au dehors ; elle s'exprime par des actes divers qui associent le corps à l'âme, la société domestique, la société civile elle-même à l'homme individuel. »
Mgr d'Hulst, Conférences de N.-D., Carême 1893, 1ere conf.
« Dieu est la cause universelle. C'est le premier fondement de la Religion. Mais cette cause n'est point causée ; ce principe n'a pas d'origine ; cet Etre de qui tout participe existe par Lui-même. Qui L'atteindra dans cette Lumière inaccessible où il semble qu'Il Se retire, lorsque, oubliant sa qualité de Créateur, je Le veux contempler en Lui-même ? Ce sera encore l'adoration. Dieu veut être adoré pour ce qu'Il a fait. Il veut aussi être adoré pour ce qu'Il est. C'est la seconde raison du devoir religieux, c'est sa forme la plus haute, la plus pure, la moins aperçue du grand nombre. L'Esprit-Saint pourtant nous l'a révélée.

Suivons Moïse au désert. Dieu l'appelle : Il veut lui confier le salut de son peuple. Mais Moïse a peur : on ne me croira pas, dit-il ; on me demandera un signe pour prouver ma mission. Qui est-Il, me demanderont les enfants d'Israël, qui est-Il ce Dieu qui t'envoie ? Quel est son nom ? « Je suis Celui qui suis, répond le Seigneur ; tu diras aux fils d'Israël : CELUI QUI EST m'envoie vers vous. » Exod., III, 14

« Celui qui est ! La parole la plus sublime qui ait retenti dans la langue des hommes ! Et à qui s'adresse-t-elle ? A ce peuple grossier, que ni les merveilles de la sortie d'Egypte, ni les foudres du Sinaï n'empêcheront de porter bientôt son hommage au veau d'or.
Ah ! C'est que cette révélation qui se préparer est destinée à tous les lieux, à tous les temps. Elle désigne à l'humanité le dernier terme de la Religion, son suprême point d'attache, ce Mystère de l'Etre divin que nul ne peut ni voir, ni comprendre, envers Lequel pourtant la créature a des devoirs et qu'elle ne peut atteindre que par l'adoration... »

« L'âme humaine, avec toutes ses puissances est donc envahie par la Religion. Mais elle ne saurait si bien l'enfermer en elle-même, qu'elle n'en laisse déborder quelque chose sur ce compagnon de chair dont la destinée ici-bas est liée à la sienne. Il y a la Religion du corps, exprimée en tout temps, en tout lieu, par l'attitude, par le geste, par les cris ou le silence, par le tremblement ou les larmes, par le regard abîmé dans la confusion ou jeté éperdument dans l'infini. L'âme qui adore, plie son corps à l'humble contenance qui exprime et traduit l'adoration ; le corps, ainsi orienté vers le culte, en facilite à l'âme les actes spirituels. »
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Ch. Sauvé, Elévations dogmatiques, 26e Elév., Dieu intime.
« Parce que Dieu a créé le monde, le conserve et le gouverne, en un mot, la grandeur de Dieu Créateur, son Altitude infinie, voilà le motif suprême de l'adoration ; voilà pourquoi l'âme doit se prosterner devant Lui, et parfois prosterner le corps lui-même, et jeter à ses pieds sa couronne, c'est-à-dire tout ce qu'elle peut avoir de grandeur, de gloire, de perfection. Ce sentiment profond d'adoration, qui doit nous maintenir en présence de la divine Majesté, est tellement nécessaire que dans la vision béatifique les Anges ne cessent de l'éprouver : Tremunt potestates. Ils ressentent un saint tremblement qui n'arrête pas la jubilation, et ce sentiment leur assure un bonheur complet. L'Immensité de Dieu ne cesse jamais de se faire sentir à eux ; leur contentement c'est de mesurer cette Altitude de Dieu dont ils ne se feront jamais une idée parfaite, et de descendre toujours plus bas dans leur néant … Au Ciel, nous comprendrons que nous n'avons qu'un être d'emprunt, tandis que Dieu est par Lui-même, qu'Il est l'Acte réalisé éternellement, et que ce qui nous convient, c'est l'adoration ; nous comprendrons comment les plus grands Saints ont été les plus humbles des hommes sur la terre. La Sainte Vierge a été la plus humble des créatures, parce qu'Elle a été la plus éclairée, parce qu'Elle comprenait mieux que les Séraphins et les Chérubins la Grandeur de Dieu et le néant des créatures. Comment ne pas se prosterner en comparant l'un à l'autre ! »
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Ch. Sauvé, Elévations dogmatiques, 26e Elév., Dieu intime. (suite)
« L'adoration doit être aussi complète que profonde : elle doit répandre tout notre être devant Dieu. L'adoration, c'est comme une libation de tout ce que nous sommes en l'honneur de notre Créateur. Comme on répandait le vin dans les sacrifices, ainsi tout notre être doit être répandu devant Dieu. Bien plus, l'adoration doit prendre dans l'état présent, la forme de l'immolation, du sacrifice. Je vois un Dieu S'anéantissant dans l'Incarnation, souffrant et mourant sur la Croix, S'abaissant, pour ainsi dire, jusqu'au néant dans son Tombeau et dans l'Eucharistie. Qu'il faut que Vous soyez Grand, mon Dieu, pour réclamer l'adoration, l'immolation d'un Dieu !

Et moi, misérable créature et plus misérable pécheur, je ne m'anéantirais pas devant Vous, et je n'accepterais pas les humiliations et les souffrances de la vie, l'immolation de la mort, pour reconnaître que Vous seul êtes Grand, et seul Vous êtes la Vie, la Majesté, la Sainteté infinie ! Mon Dieu, je ne veux jamais prier sans m'être intimement prosterné devant votre Grandeur suprême. Que je voudrais avoir envers Vous toutes les tendresses et toutes les familiarités de l'enfant envers sa mère ! Mais en même temps je ne veux jamais me permettre devant Vous, le sans-façon et le sans-gêne est peut-être l'attitude la plus révoltante qui se puisse concevoir devant le Tabernacle, devant la Majesté infinie.

Hélas ! Combien l'adoration en esprit et en vérité est oubliée ! A notre époque d'orgueil, on oublie le Créateur, on ne parle plus d'adoration, et on n'en rend pas plus qu'on en parle … L'adoration est pourtant la base de tout : la conduite des premiers chrétiens, et la Sainte Écriture nous le montrent … Et c'est ce sentiment d'adoration que l'Église veut nous enseigner dans la liturgie par les génuflexions, les inclinations, etc... et tant de prières où Elle exprime cette disposition et la réclame de ses fidèles : Venite adoremus... Il s'agit de reconnaître avec Elle que Dieu est Grand, que nous sommes de rien, que nos qualités procèdent de Lui, et que tout se fait pour sa gloire. Il s'agit de reconnaître tout cela de façon à y trouver sa joie et son repos. Mon Dieu, en songeant plus vivement à vis Perfections infinies, je me demande si j'ai jamais bien adoré, en esprit et en vérité. Et je me prends à douter de ma vie, des dispositions les plus élémentaires, tant elles me paraissent indignes de votre Majesté, de vos grandeurs. »
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Re: La Louange Divine

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La Louange.

St Thomas, IIe IIe, q XCI, art. 1.
« La louange de Dieu fait partie de son culte, puisqu'elle est un acte de Religion. »
P. Scaramelli, S.J., 2. Paralip., VII, 3.
« Aux actes extérieurs du culte doivent s'unir les actes d'adoration exprimés par des louanges, à l'imitation des Israélites, dont parle le texte sacré, qui, après s'être prosternés la face contre terre pour adorer le Très-Haut, se mirent à entonner de grandes louanges en son honneur, en exaltant, par leurs cantiques, la Bonté et la Miséricorde infinie, éternelle et sans bornes du Dieu qui les comblait d'insignes faveurs. « Tous les enfants d'Israël virent descendre le feu et la gloire du Seigneur sur ce Temple : ils se prosternèrent la face contre la terre sur le pavé qui était de pierre, ils adorèrent le Seigneur et Le louèrent, parce qu'Il est Bon, et que sa Miséricorde est éternelle. »
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