Petits morceaux choisis pour rallumer et ranimer la Foi et la Piété

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Re: Petits morceaux choisis pour rallumer et ranimer la Foi et la Piété

Message par InHocSignoVinces »

DU BON USAGE DES CROIX, ET DES BIENS QU'ELLES NOUS PROCURENT
(tiré de LA VOIE DE LA PAIX INTÉRIEURE, PAR LE P. DE LEHEN DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS)


On a bien de la peine à se convaincre de la bonté
avec laquelle Dieu accable de croix ceux qu'il aime.

Pourquoi, dit-on, prendre plaisir à nous faire souffrir ?
ne saurait-il nous rendre bons sans nous rendre
misérables ? Oui, sans doute, Dieu le pourrait, car
rien ne lui est impossible. Il tient dans ses mains
toutes-puissantes les cœurs des hommes et les tourne
comme il lui plaît, ainsi que la main d'un fontainier
donne aux eaux, sur le sommet d'une montagne,
la pente qu'il veut.
Mais Dieu , qui a pu nous sauver
sans croix, n'a pas voulu le faire, de même qu'il a mieux
aimé laisser les hommes croître peu à peu, avec
tous les embarras et toutes les faiblesses de l'enfance,
que de les faire naître avec toute la force d'un
âge mûr.
Sur cela il est maître; nous n'avons qu'à nous
taire et qu'à adorer sa profonde sagesse sans la comprendre.

Ce que nous voyons clairement, c'est que nous ne pouvons
devenir entièrement bons qu'autant que nous deviendrons
humbles, désintéressés, détachés de nous-mêmes,
pour rapporter tout à Dieu sans retour sur nous.



L'opération de la grâce qui nous détache de nous-mêmes
et qui nous arrache à notre amour-propre, ne peut,
sans un miracle de la grâce, éviter d'être douloureuse.
Dieu , dans l'ordre de la grâce, non plus que dans celui
de la nature , ne fait pas tous les jours des miracles.
Ce serait pour la grâce un aussi grand miracle de voir
une personne pleine d'elle-même, en un moment morte
à toute sensibilité, que ce serait un grand miracle de
voir un enfant qui se couche enfant et qui se lèverait
le lendemain grand comme un homme de trente ans.



Dieu cache son opération, dans l'ordre de la grâce
comme dans celui de la nature, sous une suite insensible
d'événements. Non seulement il fait son ouvrage peu à peu,
mais il le fait ordinairement par des voies qui paraissent simples
et convenables pour y réussir, afin que, les moyens paraissant
propres au succès, la sagesse humaine attribue le succès aux
moyens qui sont comme naturels, et qu'ainsi le doigt de Dieu
y soit moins marqué : autrement tout ce que Dieu ferait serait
un perpétuel miracle qui renverserait l'état de foi où Dieu veut
que nous vivions.



Cet état de foi est nécessaire non seulement pour
exercer les bons en leur faisant sacrifier leur raison
dans une vie pleine de ténèbres, mais encore pour
aveugler ceux qui méritent, par leur présomption, de
s'aveugler eux-mêmes. Ceux-ci, voyant les ouvrages
de Dieu, ne les comprennent point; ils n'y trouvent
rien que de naturel. Ils sont privés de la vraie intelligence,
parce qu'on ne la mérite qu'autant qu'on se défie de son
propre esprit, et que la sagesse superbe est indigne de
découvrir les conseils de Dieu.



C'est donc pour tenir dans l'obscurité de la foi l'opération
de la grâce que Dieu rend cette opération lente et douloureuse.
Il se sert de l'inconstance, de l'ingratitude des créatures,
des mécomptes et des dégoûts qu'on trouve dans les prospérités,
pour nous détacher des créatures et des prospérités trompeuses.
Il nous désabuse de nous-mêmes par l'expérience de notre
faiblesse et de notre corruption dans une infinité de rechutes.
Tout cela paraît naturel, et c'est cette suite de moyens comme
naturels qui nous fait brûler à petit feu. On voudrait bien être
consumé tout d'un coup par les flammes du pur amour;
mais cette destruction si prompte ne coûterait presque
rien. C'est par un excès d'amour-propre qu'on voudrait ainsi
devenir parfait en un moment et à si bon marché.



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Message par InHocSignoVinces »

Qu'est-ce qui nous révolte contre la longueur des croix ?
c'est l'attachement à nous-mêmes, et c'est cet attachement que
Dieu veut détruire; car tandis que nous tenons encore à nous-mêmes,
l'œuvre de Dieu ne s'achève point. De quoi pouvons-nous donc nous
plaindre? notre mal est d'être attachés aux créatures, et encore plus
à nous-mêmes. Dieu prépare une suite d'événements qui nous détache
peu à peu des créatures, et qui nous arrache enfin à nous-mêmes.
Cette opération est douloureuse; mais c'est notre corruption qui la rend
nécessaire, et qui est cause de la douleur que nous souffrons.
Si notre chair était saine, le chirurgien n'y ferait aucune incision.
Il ne coupe qu'à proportion que la plaie est profonde, et que la
chair est plus corrompue. Si l'opération nous cause tant de douleur,
c'est que le mal est grand. Est-ce cruauté au chirurgien de couper
jusqu'au vif ? Non, tout au contraire, c'est affection, c'est habileté ;
il traiterait ainsi son fils unique.



Dieu nous traite de même. Il ne nous fait jamais aucun
mal que malgré lui, pour ainsi dire. Son cœur
de père ne cherche point à nous désoler; mais il coupe
jusqu'au vif pour guérir l'ulcère de notre cœur. Il faut
qu'il nous arrache ce que nous aimons trop, ce que nous
aimons au préjudice de son amour. En cela que fait-il ?
il nous fait pleurer comme des enfants à qui on ôte le
couteau dont ils se jouent et dont ils pourraient se tuer.
Nous pleurons, nous nous décourageons, nous crions
les hauts cris : nous sommes prêts à murmurer contre
Dieu, comme des enfants se dépitent contre leurs mères.
Mais Dieu nous laisse pleurer, et nous sauve. Il ne nous
afflige que pour nous corriger. Lors même qu'il paraît
nous accabler, c'est pour notre bien, c'est pour nous
épargner les maux que nous nous ferions à nous-mêmes.
Ce que nous pleurons nous aurait fait pleurer éternellement;
ce que nous croyons perdu était perdu quand
nous pensions le posséder : Dieu l'a mis en sûreté pour
nous le rendre bientôt dans l'éternité qui approche.
Il ne nous prive des choses que nous aimons que pour
nous les faire aimer d'un amour pur, solide et modéré,
pour nous en assurer l'éternelle jouissance dans son
sein, et pour nous faire cent fois plus de bien que nous
ne saurions nous en désirer à nous-mêmes.



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Message par InHocSignoVinces »

Il n'arrive rien sur la terre que Dieu n'ait voulu.
C'est lui qui fait tout, qui règle tout, qui donne à chaque
chose tout ce qu'elle a. Il a compté les cheveux de notre
tête, les feuilles de chaque arbre, les grains de sable du
rivage, et les gouttes d'eau qui composent les abîmes
de l'Océan. En faisant l'univers, sa sagesse a mesuré et
pesé jusqu'au dernier atome. C'est lui qui en chaque
moment produit et renouvelle le souffle de vie qui nous
anime; c'est lui qui a compté nos jours, qui tient dans
ses puissantes mains les clefs du tombeau pour le fermer
ou pour l'ouvrir. Ce qui frappe le plus n'est rien aux yeux
de Dieu : un peu plus ou un peu moins de vie sont des
différences qui disparaissent en présence de
son éternité. Qu'importe que ce vase fragile, ce corps
de boue soit brisé et réduit en cendres un peu plus tôt
ou un peu plus tard ?



Oh! que nos vues sont courtes et trompeuses !
On est consterné de voir une personne mourir
en la fleur de son âge : Quelle horrible perte ! dit-on.
Mais pour qui est la perte ? Que perd celui qui meurt ?
Quelques années de vanité, d'illusion et de danger pour la mort
éternelle; Dieu l'enlève du milieu des iniquités, et se hâte de
l'arracher au monde corrompu et à sa propre fragilité.
Que perdent les personnes dont il était aimé ?
Elles perdent le poison d'une félicité mondaine ;
elles perdent un enivrement perpétuel; elles perdent
l'oubli de Dieu et d'elles-mêmes où elles étaient plongées :
ou plutôt elles gagnent , par la vertu de la croix, le bonheur
du détachement. Le même coup qui sauve la personne qui
meurt, prépare les autres à se détacher par la souffrance
pour travailler courageusement à leur salut.
Oh !
qu'il est donc vrai que Dieu est bon, qu'il est tendre,
qu'il est compatissant à nos vrais maux, lors même
qu'il paraît nous foudroyer, et que nous sommes tentés
de nous plaindre de sa rigueur !



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Re: Petits morceaux choisis pour rallumer et ranimer la Foi et la Piété

Message par InHocSignoVinces »

Quelle différence trouvons-nous maintenant entre deux
personnes qui ont vécu il y a cent ans ? L'une est morte vingt ans
avant l'autre; mais enfin elles sont mortes toutes deux. Leur
séparation, qui a paru dans le temps si longue et si rude, ne nous
paraît plus maintenant, et n'était dans la vérité qu'une courte
séparation. Bientôt ce qui est séparé sera réuni, et il ne paraîtra
aucune trace de cette séparation si courte. On se regarde comme
immortel, ou du moins comme devant vivre des siècles. Folie de
l'esprit humain ! Ceux qui meurent tous les jours suivent de bien
près ceux qui sont déjà morts. Celui qui va partir pour un voyage ne
doit pas se croire éloigné de celui qui prit les devants il n'y a que
deux jours. La vie s'écoule comme un torrent. Le passé n'est plus
qu'un songe; le présent, dans le moment que nous croyons le tenir,
nous échappe, et se précipite dans cet abîme du passé. L'avenir ne sera
point d'une autre nature, il passera aussi rapidement. Les jours, les mois,
les années se pressent comme les flots d'un torrent qui se poussent
l'un l'autre. Encore quelques moments, encore un peu, dis-je, et tout sera
fini. Hélas ! que ce qui nous paraît long par l'ennui et par la tristesse nous
paraîtra court quand il finira !



C'est par faiblesse d'amour-propre que nous sommes
sensibles à notre état. Le malade qui dort mal la nuit,
trouve la nuit d'une longueur sans fin, mais cette nuit
est aussi courte que les autres. On exagère , par lâcheté,
toutes ses souffrances : elles sont grandes, mais la délicatesse
les augmente encore. Le vrai moyen de les raccourcir,
c'est de s'abandonner à Dieu courageusement. Il est vrai
qu'on souffre, mais Dieu veut cette souffrance pour nous
purifier et pour nous rendre dignes de lui.
Le monde nous
riait, et cette prospérité empoisonnait notre cœur.
Voudrait-on passer toute sa vie jusqu'au moment terrible
de la mort, dans cette mollesse, dans ces délices, dans cet éclat,
dans cette vaine joie, dans ce triomphe de l'orgueil,
dans ce goût du monde ennemi de Jésus-Christ, dans
cet éloignement de la croix qui seule nous doit sanctifier ?
Le monde nous tournera le dos, nous oubliera avec ingratitude,
nous méconnaîtra, nous mettra au rang des choses qui ne sont
plus. Hé bien! faut-il s'étonner que le monde soit toujours monde,
injuste, trompeur, perfide ? C'est pourtant là ce monde que nous
n'avions pas honte d'aimer, et que, peut-être, nous voudrions
pouvoir aimer encore.
C'est à ce monde abominable que Dieu
nous arrache pour nous délivrer de sa servitude maudite,
et pour nous faire entrer dans la liberté des âmes détachées;
et c'est là ce qui nous désole!
Si nous sommes si sensibles à
l'indifférence de ce monde, qui est si méprisable et si digne d'horreur,
il faut que nous soyons bien ennemis de nous-mêmes.
Quoi ! nous ne pouvons souffrir ce qui nous est si bon,
et nous regrettons tant ce qui nous est si funeste ! Voilà
donc la source de nos larmes et de nos douleurs.



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Re: Petits morceaux choisis pour rallumer et ranimer la Foi et la Piété

Message par InHocSignoVinces »

O mon Dieu! vous qui voyez le fond de notre misère, vous seul pouvez nous en guérir.
Hâtez-vous de nous donner la foi , l'espérance , l'amour, le courage chrétien qui nous manquent.
Faites que nous jetions sans cesse les yeux sur vous, ô Père tout-puissant, qui ne donnez rien à
vos chers enfants que pour leur salut, et sur Jésus, votre Fils, qui est notre modèle dans les
souffrances. Vous l'avez attaché sur la croix pour nous, vous l'avez fait homme de douleurs pour nous
apprendre combien les douleurs sont utiles. Que la nature molle et lâche se taise donc à la vue de Jésus
rassasié d'opprobres et écrasé par les souffrances. Relevez mon cœur, ô mon Dieu ! donnez-moi un cœur
selon le vôtre, qui s'endurcisse contre soi-même , qui ne craigne que de vous déplaire, qui, du moins,
craigne les douleurs éternelles, et non pas celles qui nous préparent votre royaume. Seigneur,
vous voyez la faiblesse et la désolation de votre créature : elle n'a plus de ressources en elle-même,
tout lui manque. Tant mieux, pourvu que vous ne lui manquiez jamais, et qu'elle cherche en vous
avec confiance tout ce qu'elle désespère de trouver dans son propre cœur...



Les choses pénibles qui se mettent entre Dieu et nous, ce sont des croix qu'il faut porter patiemment,
et qui seront des moyens pour nous unir à lui, si nous les souffrons humblement. Les choses qui confondent
et qui accablent notre orgueil nous font encore plus de bien que celles qui nous animent à la vertu.
Nous avons besoin d'être abattus, comme saint Paul aux portes de Damas , et de ne trouver plus de
ressources en nous-mêmes, mais en Dieu.

La nature n'inspire qu'un courage fier et dédaigneux, et s'irrite contre les personnes dont Dieu se
sert pour nous humilier.

Il faut porter ses croix en silence avec un courage
humble, paisible; être grand en Dieu , et point en soi;
grand par la douceur et la patience , et petit par l'humilité.

Quand Dieu touche au vif en humiliant, tant mieux : c'est le médecin charitable qui
applique un remède à nos maux qu'il veut guérir. Taisons-nous : adorons Celui qui nous
frappe ; n'ouvrons la bouche que pour dire : Je l'ai bien mérité. Quelque amer que soit
le calice, il faut l'avaler jusqu'à la lie, comme Jésus-Christ.
Il est mort pour ceux qui
le faisaient mourir, et il nous a enseigné à aimer, à bénir et à prier pour ceux qui nous
font souffrir.



Il faut redoubler ses prières dans les temps de trouble et de tentation.
On trouvera, dans le Cœur de Jésus-Christ mourant sur la croix, tout
ce qui manque au nôtre pour aimer ceux que notre orgueil voudrait haïr.

La croix aimée n'est qu'une demi-croix, parce que
l'amour adoucit tout, et l'on ne souffre beaucoup que
lorsque l'on aime peu. Oh ! que l'on est heureux de
bien souffrir, et qu'on est malheureux de ne pas souffrir
avec Jésus- Christ, puisqu'on n'est en ce monde
que pour se purifier en souffrant !



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Message par InHocSignoVinces »

Dieu éprouve par les maladies et par les sujétions
du dehors : il faut mettre tout à profit. Nous avons besoin
de toutes nos croix. Quand nous souffrons beaucoup,
c'est que nous avons beaucoup d'attachements
qu'il faut retrancher. Nous résistons; nous retardons
l'opération divine; nous repoussons la main salutaire,
et c'est toujours à recommencer : nous en serions
quittes à meilleur marché , si nous nous livrions sans
cesse à Dieu.

Les croix sont le pain quotidien :, notre âme a besoin
tous les jours d'une certaine mesure de souffrances
pour se détacher, comme le corps a besoin
d'une certaine quantité d'aliments. Nous avons besoin
de croix : nous ne vaudrions rien , si Dieu n'avait soin
de nous tourner en amertume le monde et la vie pour
nous en détacher.

La croix n'est jamais sans fruit quand on la reçoit en
esprit de sacrifice. Il faut l'accepter en adorant la main
de Dieu , qui nous en charge afin de nous sanctifier.
Heureux qui est prêt à tout, qui ne dit jamais :
C'est trop; qui compte non sur soi-même, mais sur
le Tout-Puissant; qui ne veut de consolation qu'autant
que Dieu lui-même en veut donner, et qui se nourrit
de sa pure volonté !


Il y a, dans les croix, tant de marques de miséricorde
et une si grande moisson de grâces pour les âmes fidèles,
que, si la nature s'en afflige, la foi doit s'en réjouir.
On y trouve la paix, par la soumission et par le sacrifice
sans réserve des plus purs plaisirs. C'est jusque-là que
Dieu pousse une âme pour la détacher de tout ce qui n'est
point lui-même. Que reste-t-il à faire? que d'embrasser
la croix qu'il présente et se laisser crucifier. Quand il a
bien crucifié, il console; mais il ne fait pas comme les
créatures, qui donnent des consolations empoisonnées
pour nourrir le venin de l'amour-propre; il ne console
que d'une manière solide et véritable.


La paix que l'on trouve dans la soumission sans aucun
adoucissement extérieur est un grand don : par
là Dieu nous acoutume à être exercés sans être abattus.
Quoique la nature lâche et sensible s'abatte , le fond
demeure soutenu; c'est une paix d'autant plus pure
qu'elle est sèche.


La vue de Dieu, qui a tout droit sur sa créature,
et celle de nos misères, qui ne méritent qu'humiliations
et croix, sont le pain dont il faut nous nourrir dans
les épreuves. Laissons faire Dieu, les hommes ne
peuvent rien : quand tout semble perdu, tout est
quelquefois sauvé. Dieu se plaît à nous précipiter
et à nous relever du précipice par sa seule main.


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Message par InHocSignoVinces »

Qu'on est heureux quand on souffre, pourvu qu'on
veuille bien souffrir et satisfaire à la justice de Dieu !
Que ne lui devons-nous pas, et quelles peines ne
mériterions-nous pas en rigueur ! Une éternité de
supplices changée en quelques infirmités; la perte de Dieu,
la rage et le désespoir des démons changés en une
souffrance tranquille et courte, où l'on adore la main
dont on est frappé par miséricorde ! De telles croix
méritent des remerciments, et non pas des plaintes.
Ce sont des grâces qu'il faut sentir avec un cœur
attendri sur les bontés de Dieu. Nous eût-il couvert
de la lèpre, il nous épargne encore :
la lèpre de l'orgueil,
du péché et de l'idolâtrie de soi-même est bien plus affreuse.



Les croix que l'on choisit ne sont presque rien :
il n'y a que Dieu qui sache crucifier.

Les croix que Dieu nous donne, et sous lesquelles
il veut nous courber, ne réprimeront pas seules notre
hauteur : ce ne sera qu'à force de renoncer à notre
propre esprit , dans le silence , devant Dieu , que nous
pourrons être apetissés et adoucis par sa grâce.



Sortons de nous-mêmes, ne nous aimons plus d'un amour déréglé;
et la volonté de Dieu, qui se développera à chaque moment en tout,
nous consolera aussi à chaque moment de tout ce que Dieu fera autour
nous et en nous.
Les contradictions des hommes, leurs inconstances,
leurs injustices même
nous paraîtront les effets de la sagesse,
de la justice et de la bonté immuable de Dieu. Nous ne verrons plus
que Dieu infiniment bon, qui se cache sous les faiblesses des hommes
aveugles et corrompus.
Ainsi cette figure trompeuse du monde,
qui passe comme une décoration de théâtre, nous deviendra un
spectacle très réel et digne d'éternelles louanges du côté de Dieu.



Qu'attendons-nous des hommes ? Ils sont faibles,
inconstants, aveugles : les uns ne veulent pas ce qu'ils
peuvent, les autres ne peuvent pas ce qu'ils veulent. La
nature est un roseau cassé; si l'on veut s'appuyer dessus,
le roseau plie, ne peut nous soutenir, et nous perce la main.

Quelque grands que paraissent les hommes, ils ne sont rien
en eux-mêmes;
mais quand Dieu est grand en eux , c'est lui
qui fait servir l'humeur bizarre, l'orgueil chagrin, la dissimulation,
la vanité et toutes les folles passions au conseil éternel qu'il
a sur les élus : il emploie et le dedans et le dehors, la corruption
des autres hommes, nos propres imperfections et notre propre
sensibilité,
en un mot,
il emploie tout à notre sanctification ;
il remue le ciel et la terre pour sauver ce qui lui est cher ;

rien ne se fait que pour nous purifier et nous rendre dignes de
lui.
Réjouissons-nous donc lorsque le Père céleste nous éprouve
ici-bas par diverses tentations intérieures et extérieures, qu'il
nous rend tout contraire au dehors et tout douloureux au dedans.
Réjouissons-nous, car c'est par de telles douleurs que notre foi,
plus précieuse que l'or, est purifiée. Réjouissons-nous d'éprouver
ainsi le néant et le mensonge de tout ce qui n'est pas Dieu ;
car c'est par cette expérience crucifiante que nous sommes
arrachés à nous-mêmes et aux désirs du siècle. Réjouissons-nous,
car c'est par ces douleurs de l'enfantement que l'homme nouveau
naît en nous.
Quoi ! nous nous décourageons, et c'est la main de
Dieu qui se hâte de faire son œuvre ! C'est ce que nous souhaitons
tous les jours qu'il fasse : et dès qu'il commence à le faire,
nous nous troublons; notre lâcheté et notre impatience arrêtent
la main de Dieu ! Une piété sans croix est une piété en idée.



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Message par InHocSignoVinces »

Tandis que nous demeurons renfermés en nous-mêmes,
nous sommes en butte à la contradiction des hommes, à leur
malignité et à leur injustice : notre humeur nous expose à celle
d'autrui ; nos passions s'entre-choquent avec celles de nos voisins ;
nos désirs sont autant d'endroits par où nous donnons prise à
tout le reste des hommes ; notre orgueil, qui est incompatible
avec celui du prochain, s'élève comme les flots de la mer agitée ;
tout nous combat , tout nous repousse, tout nous attaque ;
nous sommes ouverts de toutes parts par la sensibilité de nos
passions et par la jalousie de notre orgueil. Il n'y a nulle paix
à espérer en soi, où l'on vit à la merci d'une foule de désirs
avides et insatiables , et où l'on ne saurait contenter ce moi du
vieil homme si jaloux, si délicat, si ombrageux sur tout ce qui
le touche.



De là vient que l'on est dans le commerce du prochain comme des malades qui ont langui longtemps
dans un lit; il n'y a aucune partie du corps où l'on puisse toucher sans le blesser. L'amour-propre malade
est attendri sur lui-même; il ne peut être touché sans pousser les hauts cris; touchez-le du bout du doigt,
il se croit écorché. Joignez à cette délicatesse la grossièreté du prochain plein d'imperfections qu'il ne
connaît pas lui-même; joignez-y la révolte du prochain contre nos défauts, qui n'est pas moins grande
que la nôtre contre les siens. Voilà tous les enfants d'Adam qui se servent de supplices les uns aux autres;
voilà la moitié des hommes qui est rendue malheureuse par l'autre et qui la rend misérable à son tour ;
voilà dans toutes les nations, dans toutes les communautés , dans toutes les familles, et jusque entre
deux amis, le martyre de l'amour-propre.



L'unique remède pour trouver la paix est de sortir de soi.
Il faut se renoncer et perdre tout amour-propre
pour n'avoir plus à perdre, ni à craindre ni à ménager.
Alors on goûte la vraie paix réservée aux hommes de
bonne volonté, c'est-à-dire à ceux qui n'ont plus d'autre
volonté que celle de Dieu, qui devient la leur. Alors
les hommes ne peuvent plus rien sur nous, car ils ne
peuvent plus nous prendre par nos désirs ni par nos craintes;
alors nous voulons tout ce que Dieu veut, et nous ne voulons
rien de ce qu'il ne veut pas. C'est être inaccessible à l'ennemi ;
c'est devenir invulnérable. L'homme ne peut que ce que Dieu
lui donne de pouvoir faire contre nous; tout ce que Dieu lui donne
de pouvoir faire contre nous, étant à la volonté de Dieu,
est aussi la nôtre. En cet état on a mis son trésor si haut,
que nulle main ne peut y atteindre pour nous le ravir. On
déchirera notre réputation, mais nous y consentons;
car nous savons combien il est bon d'être humilié
quand Dieu humilie. On trouve du mécompte dans les amitiés :
tant mieux; c'est le seul véritable ami qui
est jaloux de tous les autres, et qui nous en détache
pour purifier nos attachements. On est importuné,
assujetti, gêné; mais Dieu le sait, et c'est assez: on
aime la main qui écrase ; la paix se trouve dans toutes
ces peines. Heureuse paix qui nous suit jusqu'à la croix !
On veut ce que l'on a, et l'on ne veut rien de
ce que l'on n'a pas. Plus cet abandon est parfait, plus
la paix est profonde ; s'il reste quelques attaches et
quelque désir, la paix n'est qu'à demi; si tous les
liens étaient rompus, la liberté serait sans bornes.
Que l'opprobre, la douleur et la mort viennent sur moi ;
j'entends Jésus-Christ qui me dit : Ne craignez
point ceux qui tuent le corps, et qui ensuite ne peuvent plus
rien. Oh ! qu'ils sont faibles lors même qu'ils ôtent
la vie ! que leur puissance est courte ! Ils ne peuvent
que briser un pot de terre , que faire mourir ce qui
de soi-même meurt tous les jours, qu'avancer un peu
cette mort qui est une délivrance; après quoi on
échappe de leurs mains dans le sein de Dieu , où tout
est tranquille et inaltérable.



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Re: Petits morceaux choisis pour rallumer et ranimer la Foi et la Piété

Message par InHocSignoVinces »

Nous ne sommes sur la terre que pour souffrir :
Malheur à ceux qui ont leur consolation en ce monde !
ils ne l'auront point dans l'autre. Cette vie n'est qu'un
temps de tentation et d'épreuves pour nous corriger,
pour nous purifier, pour nous détacher. Quand nous
n'aurons plus à souffrir, nous n'aurons plus à vivre,
comme on fait sortir un malade de l'hôpital dès qu'il
est guéri : ce n'est que par la souffrance que notre
guérison s'opère... La souffrance est la vie secrète des âmes
d'ici-bas : car ce n'est que par un sentiment de mort que
se forme en nous le principe d'une nouvelle vie. Tout ce
qui semble faire pourrir dans la terre le grain, le fait
germer et croître pour la moisson...



Il ne faut songer aux personnes qui nous font de la peine
que pour leur pardonner. Il faut voir en elles Dieu qui s'en
sert pour exercer notre humilité, notre patience, notre amour
pour la croix. On verra un jour devant Dieu combien les personnes
qui nous crucifient nous sont utiles en nous attachant sur la croix avec
Jésus-Christ. La peine qu'elles causent passera bientôt,
et le fruit qui en reviendra sera éternel.



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