La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

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Alexandre
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La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

Message par Alexandre »

St Matthieu, chap.I, 20"... Voici qu'un Ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit:"Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse..."

Je viens de découvrir la traduction d'un chant très connu chez les orthodoxes, et même au delà. Il s'agit du chant grec "Agni Parthene", écrit par Nectaire un moine orthodoxe du XIXe, et chant révélé, selon ses dires, lors d'une vision de la Très Sainte Vierge Marie. J'y vois là une tromperie, puisque la traduction en français de ce chant composé de plusieurs couplets répétant chacun " Réjouis-toi, Epouse inépousée"...
Aujourd'hui, 23 janvier, dans mon missel de 1946, nous fêtons les fiançailles de la TSVMarie et de st Joseph, et il est écrit:" Marie appartient à Joseph, et Joseph à la divine Marie; si bien que leur mariage est très véritable, parce qu'ils se sont donnés l'un à l'autre."(Bossuet)

Après cette remarque, je voudrais savoir s'il existe une déclaration pontificale ou autre émanant de notre Mère l'Eglise qui confirme les épousailles qui unis nos deux grand saints. Je vous remercie.
Sus aux hérésies!
Alexandre.
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

Message par Si vis pacem »

 
Alexandre a écrit : sam. 23 janv. 2021 13:23 
Je viens de découvrir la traduction d'un chant très connu chez les orthodoxes, et même au delà. Il s'agit du chant grec "Agni Parthene", écrit par Nectaire un moine orthodoxe du XIXe, et chant révélé, selon ses dires, lors d'une vision de la Très Sainte Vierge Marie. J'y vois là une tromperie, puisque la traduction en français de ce chant composé de plusieurs couplets répétant chacun " Réjouis-toi, Epouse inépousée"...
 
Je ne crois pas que la seule « traduction en français de ce chant composé de plusieurs couplets répétant chacun " Réjouis-toi, Epouse inépousée"... » puisse justifier une quelconque tromperie d’autant plus lorsque nous retrouvons cette même invocation au sein de l’hymne acathiste (que Migne attribue ici à Pisidès) ou dans l'Occident chrétien du XI° siècle, en l’incipit même d’une hymne de saint Anselme de Canterbury (cf. Chevallier – Repertorium hymnologicum, tome I, p. 125, n° 2129).

Quant à l’invocation, dans sa langue originale : « χαίρε, νύμφη άνύμφευτε », que le latin traduit par Ave sponsa innupta ou par Ave sponsa insponsata (cf. Maria, tome IV, p. 104), elle s'adresse à la Vierge Marie en tant que mère du Sauveur.

Le terme grec « άνύμφευτε » (innupta, insponsata) que votre traduction rend par « inépousée » peut être traduit par intacta (intacte), comme nous pouvons le lire ici.

Plus judicieusement, nous pouvons encore évoquer Amédée Nicolas qui, dans son ouvrage sur La Vierge Marie et le plan divin, traduit cette invocation par : « Salut, Épouse qui n'a pas connu d'époux » ou Maria. Études sur la Sainte Vierge (Tome I, pp. 259-265) qui pour sa part, s'en tient plus sobrement à un « Salut, Épouse, vierge ! »

Reste cependant votre question ...
 
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Alexandre
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

Message par Alexandre »

Je vous remercie Si Vis, d'avoir cherché et répondu, cela éclaircit cette traduction qui me paraissait invraisemblable.
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

Message par Si vis pacem »

 
Alexandre a écrit : sam. 23 janv. 2021 13:23 
je voudrais savoir s'il existe une déclaration pontificale ou autre émanant de notre Mère l'Eglise qui confirme les épousailles qui unis nos deux grand saints.
 
Voyez ci-après l'enseignement de saint Thomas. Veuillez cependant porter attention à cet avertissement [note (1)] de la traduction française ci-dessous : « Quant au fait, ... il est surabondamment établi par le texte même des Évangiles. Ce serait porter atteinte à la véracité comme à l'authenticité des Livres saints que d'oser le révoquer en doute. »
Sancti Thomae Aquinatis Summa theologica (Pars III, Qu. XXIX, art. 1) a écrit : 

               Utrum debuerit de virgine desponsata nasci

             IV Sent., dist. XXX, qu. ii, art. 1, q. 2, 3 ; In Matth., cap. I.



Ad primum sic proceditur. Videtur quod Christus non debuerit de virgine desponsata nasci. Desponsatio enim ad carnalem copulam ordinatur. Sed Mater Domini nunquam voluit carnali viri copula uti : quia hoc derogaret virginitati mentis ipsius. Ergo non debuit esse desponsata.

2. Praeterea, quod Christus ex virgine nasceretur, miraculum fuit : unde Augustinus dicit, in Epistola ad Volusianum : Ipsa Dei virtus per inviolata matris virginea viscera membra infantis eduxit, quæ per clausa ostia membra iuvenis introduxit. Huius si ratio quæritur, non erit mirabile : si exemplum poscitur, non erit singulare. Sed miracula, quæ fiunt ad confirmationem fidei, debent esse manifesta. Cum igitur per desponsationem hoc miraculum fuerit obumbratum, videtur non fuisse conveniens quod Christus de desponsata nasceretur.

3. Praeterea, Ignatius Martyr, ut dicit Hieronymus, super Matth., hanc causam assignat desponsationis Matris Dei, ut partus eius celaretur diabolo, dum eum putat non de virgine, sed de uxore generatum. Quæ quidem causa nulla esse videtur. Tum quia diabolus ea quæ corporaliter fiunt perspicacitate sensus cognoscit. Tum quia per multa evidentia signa postmodum dæmones aliqualiter Christum cognoverunt : unde dicitur Marc. I, quod homo in spiritu immundo exclamavit, dicens : « Quid nobis et tibi, Iesu Nazarene ? Venisti perdere nos ? Scio quia sis Sanctus Dei ». Non ergo videtur conveniens fuisse quod Mater Dei fuisset desponsata.

4. Praeterea, aliam rationem assignat Hieronymus, ne lapidaretur Mater Dei a Iudæis sicut adultera. Hæc autem ratio nulla esse videtur : si enim non esset desponsata, non posset de adulterio condemnari. Et ita non videtur rationabile fuisse quod Christus de desponsata nasceretur.

Sed contra est quod dicitur Matth. I : Cum esset desponsata mater eius Maria Ioseph ; et Luc. I : Missus est Gabriel angelus ad Mariam, virginem desponsatam viro cui nomen erat Ioseph.

 
 
Saint Thomas d'Aquin - Somme théologique (Pars III, Qu. XXIX, art. 1) a écrit : 

                    Le Christ devait-il naître d'une femme mariée ?

Il parait que le Christ ne devait pas naître d'une femme mariée. 1° Le mariage a pour but l'union réelle. Or la Mère du Seigneur en a toujours repoussé la pensée, comme contraire à la virginité de son âme. Donc elle n'eût pas dû être mariée.

2° Que le Christ soit né d'une Vierge, c'est un miracle ; de là ce que dit saint Augustin dans sa lettre à Volusien : « C'est la puissance même de Dieu qui a fait sortir l'enfant du sein virginal de la Mère sans porter la moindre atteinte à sa chasteté ; c'est elle aussi qui plus tard l'introduisit dans le cénacle les portes étant fermées ; si l'on pouvait donner la raison de ce fait, il n’aurait plus rien d'admirable, si l'on pouvait en donner un exemple, il n’aurait plus rien de particulier. » Or les miracles ont lieu pour servir de témoignage à la foi, et dès lors ils doivent être manifestes. Par conséquent, comme le mariage était un voile jeté sur ce miracle, il ne convenait pas, ce semble, que le Christ naquît d'une femme mariée.

3° Saint Ignace, martyr, au témoignage de saint Jérôme dans son commentaire de saint Matthieu, cap. 1, donne pour cause au mariage de la Mère de Dieu la nécessité « de dérober son enfantement à la connaissance du diable, qui ne pensait pas que le Messie dût naître d'une Vierge, mais bien d'une femme mariée. » Mais cette raison paraît nulle, soit parce que le diable connaît par sa perspicacité naturelle tout ce qui s'accomplit dans le domaine des corps, soit parce que les démons reconnurent plus tard le Christ à des signes évidents ; et de là ce que dit l’Évangéliste, Marc. I, 24 : « Un homme possédé de l'esprit immonde s'écria, qu'y a-t-il entre vous et nous, Jésus de Nazareth ; vous êtes venu avant le temps ruiner notre empire ; je sais qui vous êtes, le Saint de Dieu. » Donc il ne convenait pas, ce semble, que la Mère de Dieu fût mariée.

4° Saint Jérôme lui-même en donne une autre raison : « C'est, dit-il, afin que la Mère de Dieu ne fût pas lapidée par les Juifs comme coupable d'adultère. » Or voilà encore une raison qui paraît nulle ; car si elle n’avait pas été mariée, elle n’aurait pu être condamnée comme coupable d'adultère. Il ne convenait donc pas que le Christ naquit d'une Vierge mariée.

Mais le contraire résulte du fait même consigné dans l’Évangile, Matth., I, 18 : « Comme Marie, Mère de Jésus, était mariée à Joseph ; » et Luc., I, 26 : « L'ange Gabriel fut envoyé à la Vierge Marie, qui était mariée à un homme appelé Joseph (1). »

(CONCLUSION. - ll convenait que le Christ naquit d'une Vierge mariée, soit pour que sa naissance demeurât cachée au diable, soit pour que sa Mère ne fût exposée ni au supplice, ni à l'infamie, soit enfin pour que Marie fût la figure de l’Église, qui étant Vierge est néanmoins liée à un époux unique, qui est le Christ.)


(1) Il ne s'agit pas ici, comme on le comprend, de démontrer le fait même du mariage de la sainte Vierge. Celle question, envisagée sous un aspect spécial, sera discutée dans la thèse suivante. Quant au fait, abstraction faite de sa portée et de sa valeur intrinsèque, il est surabondamment établi par le texte même des Évangiles. Ce serait porter atteinte à la véracité comme à l'authenticité des Livres saints que d'oser le révoquer en doute. Il s'agit donc seulement de rechercher la raison ou le but de cette union entre Marie et Joseph. Pourquoi cette Vierge prédestinée qui devait être la Mère du Rédempteur, sans altération pour son admirable chasteté, devait-elle être engagée dans les liens du mariage ? C'est ce que les théologiens aussi bien que les interprètes de l’Écriture ont examiné avec la plus sérieuse attention ; et l'on conçoit aisément l'importance qui s'attache à la réponse donnée par le docteur angélique.

 
à suivre ...
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

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Sancti Thomae Aquinatis Summa theologica (Pars III, Qu. XXIX, art. 1) a écrit : 

               Respondeo dicendum quod conveniens fuit Christum de desponsata virgine nasci, tum propter ipsum ; tum propter matrem ; tum etiam propter nos. Propter ipsum quidem Christum, quadruplici ratione. Primo quidem, ne ab infidelibus tamquam illegitime natus abiiceretur. Unde Ambrosius dicit, super Luc. : Quid Iudæis, quid Herodi posset adscribi, si natum viderentur ex adulterio persecuti ? — Secundo, ut consueto modo eius genealogia per virum describeretur. Unde dicit Ambrosius, super Luc. : Qui in sæculum venit, sæculi debuit more describi. Viri autem persona quæritur, qui in senatu et reliquis curiis civitatum generis asserit dignitatem. Consuetudo etiam nos instruit Scripturarum, quæ semper viri originem quærit. — Tertio, ad tutelam pueri nati : ne diabolus contra eum vehementius nocumenta procurasset. Et ideo Ignatius dicit ipsam fuisse desponsatam ut partus eius diabolo celaretur. — Quarto, ut a Ioseph nutriretur. Unde et pater eius dictus est, quasi nutritius.

Fuit etiam conveniens ex parte Virginis. Primo quidem, quia per hoc redditur immunis a pœna : ne scilicet lapidaretur a Iudæis tanquam adultera, ut Hieronymus dicit. — Secundo, ut per hoc ab infamia liberaretur. Unde dicit Ambrosius, super Luc., quod desponsata est ne temeratæ virginitatis adureretur infamia, cui gravis alvus corruptelæ videretur insigne præferre. — Tertio, ut ei a Ioseph ministerium exhiberetur : ut Hieronymus dicit.

Ex parte etiam nostra hoc fuit conveniens. Primo quidem, quia testimonio Ioseph comprobatum est Christum ex virgine natum. Unde Ambrosius dicit, super Luc. : Locupletior testis pudoris maritus adhibetur, qui posset et dolere iniuriam et pindicare opprobrium, si non agnosceret sacramentum. — Secundo, quia ipsa verba Virginis magis credibilia redduntur, suam virginitatem asserentis. Unde Ambrosius dicit, super Luc. : Fides Mariae verbis magis asseritur, et mendacii causa removetur. Videtur enim culpam obumbrare voluisse mendacio innupta prægnans : causam autem mentiendi desponsata non habuit, cum coniugii præmium et gratia nuptiarum partus sit feminarum. Quæ quidem duo pertinent ad firmitatem fidei nostræ. — Tertio, ut tolleretur excusatio virginibus quæ, propter incautelam suam, non vitant infamiam. Unde Ambrosius dicit : Non decuit virginibus sinistra opinione vipentibus velamen excusationis relinqui, quod infamia Mater quoque Domini ureretur. — Quarto, quia per hoc significatur universa Ecclesia, quæ, cum virgo sit, desponsata tamen est uni viro Christo : ut Augustinus dicit, in libro de Sancta Virginitate. — Potest etiam quinta ratio esse quia, quod Mater Domini fuit desponsata et virgo, in persona ipsius et virginitas et matrimonium honoratur : contra hæreticos alteri horum detrahentes.

 
 
Saint Thomas d'Aquin - Somme théologique (Pars III, Qu. XXIX, art. 1) a écrit : 

                    Il convenait sous un triple rapport que le Christ naquit d'une Vierge mariée : par rapport à lui-même, par rapport à sa Mère, par rapport à nous. Cela convenait d'abord par rapport au Christ, et pour quatre raisons : 1° De peur qu'il ne fût rejeté par les infidèles comme un enfant illégitime ; de là ce que dit saint Ambroise, Super Luc., I : « Que pourrait-on dire contre les Juifs, que pourrait-on dire contre Hérode, s'ils avaient paru poursuivre le fils d'une adultère ? » 2° Pour que la généalogie du Christ pût se continuer par les hommes, selon l'usage de sa nation ; ce qui fait encore dire à saint Ambroise, Ibid., III : « Puisqu'il venait vivre au milieu des hommes, il devait subir les lois qui règnent parmi eux. Or, d'après ces lois, c'est l'homme qui paraît dans le sénat et les autres assemblées publiques, pour soutenir l'honneur de sa race ; et les divines Écritures elles-mêmes concourent à nous montrer cette vérité, puisque dans la série des générations elles ne tiennent compte que des hommes. » 3° Pour la sécurité de l'enfant qui venait de naître et de peur que le diable ne lui suscitât des embûches encore plus terribles ; et c'est là ce que dit saint Ignace martyr : « Elle fut mariée pour que la nature de son enfantement demeurât cachée au diable. » 4° Pour que le Sauveur fût nourri par saint Joseph, et que celui-ci eût ainsi quelques droits à être appelé son père.

Cela convenait, en second lieu, par rapport à la Vierge : 1° Elle était ainsi mise à l'abri du châtiment prononcé par la loi contre l'adultère, châtiment qui consistait à être lapidé, et cette observation est de saint Jérôme ; 2° Pour qu'elle fût encore à l'abri de l'infamie ; et c'est saint Ambroise qui fait cette remarque : « Il ne fallait pas qu'elle eût à rougir comme ayant perdu sa virginité, quand deviendraient apparents les signes de sa grossesse ; » 3° Pour que Joseph lui consacrât sa protection et ses soins, comme le dit encore saint Jérôme.

Nous avons dit que cela convenait, en troisième lieu, par rapport à nous-mêmes : 1° Le témoignage de saint Joseph nous est de la sorte acquis, pour établir que le Christ est né d'une Vierge : « c'est là, dit saint Ambroise, un témoin d'autant plus irrécusable de la chasteté de Marie, qu'il eût pu ressentir et venger son opprobre, s'il n’avait reconnu le mystère qui s’était accompli. » 2° Les paroles de la Vierge Mère attestant elle-même sa propre virginité, acquièrent ainsi une autorité plus grande : « On devait par là même, continue le saint évêque de Milan , ajouter plus de foi aux paroles de Marie, et moins soupçonner le mensonge. Si elle n’avait pas été mariée, on eût pu croire qu'elle voulait, par une invention fabuleuse, cacher la honte de sa grossesse ; mais du moment où elle était mariée, elle n’avait plus de raison pour mentir, puisque le bonheur et l'honneur du mariage, c'est la fécondité de la femme. » Ces deux premières considérations regardent notre foi. 3° Toute excuse était ainsi ôtée aux vierges qui par leur imprudence s'exposent à l'infamie ; « Il ne fallait pas, poursuit le même docteur, que cette excuse fut laissée aux vierges imprudentes qui ne craignent pas de s'exposer au jugement des hommes, et qu'elles pussent dire que la Mère du Sauveur avait elle-même paru déshonorée. » 4° Marie figure ainsi l’Église universelle, qui est vierge, et néanmoins l'épouse du Christ, selon la pensée de saint Augustin, De Virgin., cap. 12. On pourrait enfin ajouter une cinquième raison ; c'est que la Mère du Sauveur fut en même temps épouse et Vierge pour que dans sa personne la virginité et le mariage fussent également honorés, à l'encontre des hérésies qui devaient attaquer l'un ou l'autre de ces deux états (2).


(2) C'est là le résumé de tout ce qui a été dit, et, nous le croyons du moins, de tout ce qu'on pouvait dire sur le mariage de la Vierge immaculée qui devait enfanter le Fils unique de Dieu, le Rédempteur des hommes, comme le fruit même de son incomparable pureté. On aura remarqué le soin avec lequel notre saint auteur appuie sur l'autorité des plus célèbres docteurs de la primitive Église, chacun des points de vue qu'il se contente de signaler. En nous montrant ainsi les irrécusables monuments de la foi catholique , les grands témoignages de la tradition, il nous indique les sources fécondes de la science sacrée. C'est ce que l'on verra d'une manière non moins évidente dans la réponse aux arguments.

 
à suivre ...
 
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

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Sancti Thomae Aquinatis Summa theologica (Pars III, Qu. XXIX, art. 1) a écrit : 

               Ad primum ergo dicendum quod Beata Virgo Mater Dei ex familiari instinctu Spiritus Sancti credenda est desponsari voluisse, confidens de divino auxilio quod nunquam ad carnalem copulam perveniret : hoc tamen divino commisit arbitrio. Unde nullum passa est virginitatis detrimentum.

Ad secundum dicendum quod, sicut Ambrosius dicit, super Luc., maluit Dominus aliquos de suo ortu quam de matris pudore dubitare. Sciebat enim teneram esse virginis verecundiam, et lubricam famam pudoris : nec putavit ortus sui fidem matris iniuriis adstruendam.

Sciendum tamen quod miraculorum Dei quædam sunt de quibus est fides : sicut miraculum virginei partus, et resurrectionis Domini, et etiam Sacramenti Altaris. Et ideo Dominus voluit ista occultiora esse, ut fides eorum magis meritoria esset. — Quædam vero miracula sunt ad fidei comprobationem. Et ista debent esse manifesta.

Ad tertium dicendum quod, sicut Augustinus dicit, in III de Trin., diabolus multa potest virtute suæ naturæ, a quibus tamen prohibetur virtute divina. Et hoc modo potest dici quod virtute suæ naturæ diabolus cognoscere poterat Matrem Dei non fuisse corruptam, sed virginem : prohibebatur tamen a Deo cognoscere modum partus divini.

Quod autem postmodum eum aliqualiter cognovit diabolus esse Filium Dei, non obstat : quia iam tempus erat ut Christus suam virtutem contra diabolum ostenderet, et persecutionem ab eo concitatam pateretur. Sed in infantia oportebat impediri malitiam diaboli, ne eum acrius persequeretur : quando Christus nec pati disposuerat, nec virtutem suam ostendere, sed in omnibus aliis infantibus se similem exhibebat. Unde Leo Papa, in Sermone de Epiphania, dicit quod Magi invenerunt puerum Iesum quantitate parvum, alienæ opis indigentem, fandi impotentem, et in nullo ab humanæ infantiæ generalitate discretum.

Ambrosius tamen, super Luc., videtur magis referre ad membra diaboli. Præmissa enim hac ratione, scilicet de fallendo principem mundi, subdit : Sed tamen magis fefellit ? principes sæculi. Dæmonum enim malitia facile etiam occulta deprehendit : at vero qui sæcularibus vanitatibus occupantur, scire divina non possunt.

Ad quartum dicendum quod iudicio adulterorum lapidabatur secundum legem non solum illa quæ iam erat desponsata vel nupta, sed etiam illa quæ in domo patris custodiebatur ut virgo quandoque nuptura. Unde dicitur Deut. XXII : Si non est in puella inventa virginitas, lapidibus obruent eam viri civitatis illius, et morietur : quia fecit nefas in Israel, ut fornicaretur in domo patris sui.

Vel potest dici, secundum quosdam, quod Beata Virgo erat de stirpe sive parentela Aaron : unde erat cognata Elisabeth, ut dicitur Luc. i. Virgo autem de genere sacerdotali propter stuprum occidebatur : legitur enim Levit. XXI : Sacerdotis filia, si deprehensa fuerit in stupro, et violaverit nomen patris sui, flammis exuretur.

Quidam referunt verbum Hieronymi ad lapidationem infamiæ.

 
 
Saint Thomas d'Aquin - Somme théologique (Pars III, Qu. XXIX, art. 1) a écrit : 

               Je réponds aux arguments :

1° Nous devons penser que c'est par une inspiration particulière de l'Esprit saint que la B. Vierge a voulu entrer dans l'état du mariage ; elle dut compter sur un secours spécial pour sauvegarder sa virginité, s'en remettant du reste à la volonté divine, qui sut bien la mettre à l'abri de toute atteinte.

2° Saint Ambroise fait cette remarque : « Le Seigneur aima mieux que l'on pût douter de son origine céleste, que de l'intégrité de sa Mère ; il savait que la pudeur d'une vierge est une chose tendre et délicate, que rien n'est plus facile que d'en ternir la réputation, il ne voulait pas élever l'honneur de sa naissance sur les ruines de l'honneur maternel. » Observons néanmoins que parmi les miracles il en est qui sont plus spécialement l'objet de notre foi ; ainsi l'enfantement de la Vierge, la résurrection du Sauveur, le sacrement de l'autel. Et le Seigneur a voulu que ceux-là nous fussent plus cachés, pour rendre notre foi plus méritoire. Il est d'autres miracles qui ont pour but de servir de témoignage à notre foi ; et ceux-ci doivent être plus manifestes.

3° Comme saint Augustin le dit, De Trin., III, 7 et 8, il est beaucoup de choses que le diable pourrait faire par la puissance de sa nature, mais dont il est empêché par la puissance divine. Il est donc possible qu'il fût en état de connaître que la Mère du Christ était Vierge ; Dieu l’empêchait néanmoins de savoir ce qu'il y avait de divin dans cet enfantement. Et si plus tard le diable a pu soupçonner que le Christ était le Fils de Dieu, cela ne prouve pas le contraire ; car alors le temps était déjà venu où le Christ devait montrer sa puissance contre le diable, et souffrir la persécution que cet ennemi de tout bien exciterait contre lui. Mais pendant son enfance il devait mettre la malice du diable dans l'impossibilité de le persécuter avec trop d'acharnement, puisqu'il avait résolu de ne pas endurer alors sa passion et de ne pas laisser éclater sa puissance, voulant se montrer en tout semblable aux autres enfants. Voilà pourquoi saint Léon pape, dans un sermon sur l’Épiphanie, IV, 3, s'exprime ainsi : « Les mages virent et adorèrent l'enfant Jésus, petit, pauvre, ne sachant pas encore parler, et ne différant en rien des autres enfants des hommes. » Saint Ambroise applique la parole de saint Ignace, martyr, à ceux qui sont les membres et les instruments du diable ; car, après avoir rappelé ce motif du mariage de la Vierge, il ajoute : « Ce fut plutôt les princes de ce siècle qui furent ainsi trompés ; la malice des démons découvre aisément les choses cachées, tandis que ceux qui sont absorbés par les vanités du siècle ne savent pas comprendre les choses divines. »

4° La loi condamnait comme adultère, non-seulement la femme coupable qui était déjà épouse ou mariée, mais encore celle qui demeurait dans la maison paternelle et qui pouvait s'engager plus tard dans les liens du mariage. Voici comment s'exprime le Deutéronome, XXII, 20 : « S'il se trouve que la jeune fille a perdu sa virginité, elle sera lapidée par les habitants de cette ville, et elle mourra parce qu'elle a commis le crime dans Israël, en commettant la fornication dans la maison de son père. » On pourrait dire aussi avec quelques-uns que la B. Vierge était de la race d'Aaron, puisqu'elle était parente d’Élisabeth, comme il est dit dans l’Évangile, Luc., 1 ; et une jeune fille de race sacerdotale qui avait prévariqué subissait un autre genre de mort ; car il est dit, Levit., XXI, 9 : « Si la fille d'un prêtre est reconnue coupable de fornication, et se trouve ainsi avoir flétri le nom de son père, elle sera consumée par les flammes. » Plusieurs ne voient dans la parole de saint Jérôme qu'une expression métaphorique ; c'est l'infamie qu'il aurait désignée par la lapidation.

 
à suivre ...
 
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

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Sancti Thomae Aquinatis Summa theologica (Pars III, Qu. XXIX, art. 2) a écrit : 

               Utrum inter Mariam et Joseph fuerit verum matrimonium

            IV Sent., dist. xxx, qu. ii, art. 2; In Matth., cap. I.



Ad secundum sic proceditur. Videtur quod inter Mariam et Ioseph non fuerit verum matrimonium. Dicit enim Hieronymus, contra Helvidium, quod Ioseph Mariæ custos fuit, potius quam maritus eius. Sed si fuisset verum matrimonium, vere Ioseph maritus eius fuisset. Ergo videtur quod non fuerit verum matrimonium inter Mariam et Ioseph.

2. Praeterea, super illud Matth. I, Iacob genuit Ioseph virum Mariæ, dicit Hieronymus : Cum virum audieris, suspicio tibi non subeat nuptiarum : sed recordare consuetudinis Scripturarum, quod sponsi viri et sponsæ vocantur uxores. Sed verum matrimonium non efficitur ex sponsalibus, sed ex nuptiis. Ergo non fuit verum matrimonium inter Beatam Virginem et Ioseph.

3. Praeterea, Matth. I dicitur : « Ioseph, vir eius, cum esset iustus, et nollet eam traducere », idest, in domum suam ad cohabitationem assiduam, « voluit eam occulte dimittere », idest, tempus nuptiarum mutare, ut Remigius exponit. Ergo videtur quod, nondum nuptiis celebratis, nondum esset verum matrimonium : praesertim cum, post matrimonium contractum, non liceat alicui sponsam dimittere.

Sed contra est quod Augustinus dicit, in II de Consensu Evangelist., non est fas ut Ioseph ob hoc a coniugio Mariæ separandum Evangelista putaret (cum dixit Ioseph virum Mariae), quod non ex eius concubitu, sed virgo peperit Christum. Hoc enim exemplo manifeste insinuatur fidelibus coniugatis, etiam servata pari consensu continentia, posse permanere vocarique coniugium, non permixto corporis sexu.

 
 
Saint Thomas d'Aquin - Somme théologique (Pars III, Qu. XXIX, art. 2) a écrit : 

               Y eut-il entre Marie et Joseph un véritable mariage ?


Il paraît qu'il n'y eut pas entre Marie et Joseph un véritable mariage.

1. Saint Jérôme dit, Contra Helvid., cap. 2, que Joseph fut plutôt le gardien que l'époux de Marie. Or il n'en serait pas ainsi s'il y avait eu entre eux un véritable mariage. Donc ce mariage n’existait pas.

2. Sur cette parole, Matth., I : « Jacob engendra Joseph époux de Marie, » saint Jérôme dit : « Quand vous entendez ce mot d'époux, ne vous imaginez pas des noces ordinaires ; souvenez-vous que d'après l'usage des Écritures, les noms de mari et de femme sont donnés après même les simples épousailles. » Or cela ne constitue pas un véritable mariage. Donc il n'exista pas entre Marie et Joseph.

3. Il est dit, Matth., I, 19 : « Joseph son époux, qui était un homme juste, ne voulut pas la traduire, » c'est-à-dire l'emmener dans sa maison pour cohabiter constamment avec elle, « mais la renvoyer en secret, » c’est-à-dire changer l'époque des noces, selon l'explication de Remigius. Donc les noces n’étaient pas encore célébrées, il n'y avait pas non plus de vrai mariage, si l'on considère surtout que, le mariage une fois contracté, il n’était plus permis à l'homme de renvoyer sa femme.

Mais saint Augustin enseigne ainsi le contraire, De consensu Evang., II, 1 : « Il ne faut pas croire que Joseph eut le droit, d'après l’Évangéliste, de renvoyer Marie par la raison qu'elle était Vierge, quand elle enfanta le Christ ; c'est là un magnifique exemple pour prouver aux fidèles, engagés dans les liens du mariage, que, alors même qu'on observe la continence d'un mutuel consentement, le mariage subsiste de fait et de nom. »

(CONCLUSION. — Entre la Mère du Christ et saint Joseph il y eut un véritable et légitime mariage, emportant seulement une fidélité réciproque, et l'union des cœurs plutôt que celle des corps.)

 
à suivre ...
 
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

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Sancti Thomae Aquinatis Summa theologica (Pars III, Qu. XXIX, art. 2) a écrit : 

               Respondeo dicendum quod matrimonium sive coniugium dicitur verum ex hoc quod suam perfectionem attingit. Duplex est autem rei perfectio : prima et secunda. Prima quidem perfectio in ipsa forma rei consistit, ex qua speciem sortitur : secunda vero perfectio consistit in operatione rei, per quam res aliqualiter suum finem attingit. Forma autem matrimonii consistit in quadam indivisibili coniunctione animorum, per quam unus coniugum indivisibiliter alteri fidem servare tenetur. Finis autem matrimonii est proles generanda et educanda : ad quorum primum pervenitur per concubitum coniugalem ; ad secundum, per alia opera viri et uxoris, quibus sibi invicem obsequuntur ad prolem nutriendam.

Sic igitur dicendum est quod, quantum ad primam perfectionem, omnino verum fuit matrimonium Virginis Matris Dei et Ioseph : quia uterque consensit in copulam coniugalem ; non autem expresse in copulam carnalem, nisi sub conditione, si Deo placeret. Unde et Angelus vocat Mariam coniugem Ioseph, dicens ad Ioseph, Matth. I : Noli timere accipere Mariam coniugem tuam. Quod exponens Augustinus, in libro de Nuptiis et Concupiscentia, dicit : Coniux vocatur ex prima desponsationis fide, quam concubitu nec cognoverat, nec fuerat cogniturus.

Quantum vero ad secundam perfectionem, quæ est per actum matrimonii, si hoc referatur ad carnalem concubitum, per quem proles generatur, non fuit illud matrimonium consummatum. Unde Ambrosius dicit, super Luc. : Non te moveat quod Mariam Scriptura coniugem vocat. Non enim virginitatis ereptio, sed coniugii testificatio nuptiarum celebratio declaratur. - Habuit tamen illud matrimonium etiam secundam perfectionem quantum ad prolis educationem. Unde Augustinus dicit, in libro de Nuptiis et Concupiscentia : Omne nuptiarum bonum impletum est in illis parentibus Christi : proles, fides et sacramentum. Prolem cognoscimus ipsum Dominum Iesum ; fidem, quia nullum adulterium ; sacramentum, quia nullum divortium. Solus ibi nuptialis concubitus non fuit.

 
 
Saint Thomas d'Aquin - Somme théologique (Pars III, Qu. XXIX, art. 2) a écrit : 

               Un mariage est vrai quand il atteint sa perfection. Or il faut distinguer dans les choses la première et la seconde perfection : l'une consiste dans la forme elle-même, de laquelle résulte l'espèce ; l'autre consiste dans l'opération, par laquelle chaque chose obtient en quelque manière sa fin. Or la forme du mariage consiste dans cette union indivisible des cœurs, qui fait que chacun des conjoints demeure uni à l'autre par les liens d'une foi indissoluble ; et la fin du mariage consiste dans l'éducation des enfants. L'une et l'autre de ces deux choses sont comprises dans le consentement des époux, dans leur entente et le concours qu'ils se donnent pour atteindre le même but.

Sous l'un et l'autre rapport, il y eut entre la Vierge et Joseph un véritable mariage, du moins quant à ce que nous avons appelé la perfection première. Ils avaient embrassé l'état du mariage sans restriction et sans condition autre que le bon plaisir de Dieu. Aussi l'Ange appelle-t-il Marie « la femme de Joseph, » Matth., I. 20 : « Ne craignez pas de recevoir Marie votre femme. » Sur quoi saint Augustin dit, De Nupt. et Concup., I, 2 : « Elle est appelée sa femme en vertu de la foi qu'ils s’étaient jurée, bien qu'il n'y eût jamais eu, et qu'il ne dût jamais y avoir de commerce entre eux. »

Quant à la seconde perfection, elle ne fit pas même entièrement défaut à ce mariage ; elle n'eut pas lieu sans doute dans un sens grossier et charnel ; et là dessus saint Ambroise dit, Super Luc., cap. 1 : « Ne soyez pas émus de ce que l’Écriture appelle souvent Marie la femme de Joseph ; cela est dit sans préjudice pour sa virginité, mais comme un témoignage rendu à la vérité et à la légitimité de son mariage. » Cette seconde perfection eut néanmoins lieu sous le rapport de l'enfant qu'ils eurent à élever ; et de là ces paroles de saint Augustin, Ibid. : « Tout bien renfermé dans le mariage se trouve chez les parents du Christ, l'enfant, la foi, le sacrement. Nous savons quel est leur enfant, c'est le Seigneur Jésus lui-même ; leur foi exclut toute ombre d'adultère ; le sacrement n'y fut pas moins respecté, puisqu'il n'y eut pas là de divorce ; le commerce charnel en fut seul exclu (1). »


(1) De tous les Pères de l’Église, c'est saint Augustin qui a le plus parfaitement mis en lumière cette vérité, qu'il y eut un véritable et légitime mariage entre la Mère du Sauveur et saint Joseph. Et c'est dans les deux ouvrages cités ici par notre auteur que le grand évêque d'Hippone a surtout rendu témoignage à ce point important de la tradition chrétienne. Après lui viennent saint Jérôme, saint Grégoire et saint Bernard.

 
à suivre ...
 
Si vis pacem
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Re: La Très Sainte Vierge Marie épouse de st Joseph

Message par Si vis pacem »

 
Sancti Thomae Aquinatis Summa theologica (Pars III, Qu. XXIX, art. 2) a écrit : 

Ad primum ergo dicendum quod Hieronymus accipit ibi maritum ab actu matrimonii consummati.

Ad secundum dicendum quod nuptias Hieronymus vocat nuptialem concubitum.

Ad tertium dicendum quod, sicut Chrysostomus dicit, super Matth., Beata Virgo sic fuit desponsata Ioseph quod etiam esset domi habita. Nam sicut in ea quæ in domo viri concipit, intelligitur conceptio maritalis, sic in ea quæ extra domum concipit, est suspecta coniunctio. Et ita non esset sufficienter provisum famæ Beatæ Virginis per hoc quod fuit desponsata, nisi etiam fuisset domi habita. Unde quod dicit, et nollet eam traducere, melius intelligitur, idest, nollet eam diffamare in publicum, quam quod intelligatur de traductione in domum. Unde et Evangelista subdit quod voluit occulte dimittere eam. Quamvis tamen esset domi habita propter primam desponsationis fidem, nondum tamen intervenerat solemnis celebratio nuptiarum : propter quod etiam nondum carnaliter convenerant. Unde, sicut Chrysostomus dicit, non dicit Evangelista, « antequam duceretur in domum sponsi » : etenim intus erat in domo. Consuetudo enim erat veteribus multoties in domo desponsatas habere. Et ideo etiam Angelus dicit Ioseph : Ne timeas accipere Mariam coniugem tuam : idest, Ne timeas nuptias eius solemniter celebrare. - Licet alii dicant quod nondum erat in domum introducta, sed solum desponsata. Primum tamen magis consonat Evangelio.

 
 
Saint Thomas d'Aquin - Somme théologique (Pars III, Qu. XXIX, art. 2) a écrit : 

               Je réponds aux arguments :

1° Saint Jérôme entend parler en cet endroit du mariage consommé.

2° C'est le sens qu'il attache aussi au mot de noces.

3° Saint Jean Chrysostome, ou plutôt l'auteur de l'ouvrage inachevé, dit que la B. Vierge étant l'épouse de Joseph demeurait aussi dans sa maison ; car si la fécondité dans la maison du mari est chose honorable, elle devient suspecte en dehors. Ce n'eût donc pas été assez pour mettre à couvert la réputation de Marie, qu'elle fût l'épouse de Joseph, si elle n’avait été en même temps dans sa maison. Cette parole de l’Évangile : « Comme il ne voulait pas la traduire, » signifie, par conséquent, qu'il ne voulait pas la diffamer en public, et cela ne veut pas dire qu'il ne voulait pas l'introduire dans sa maison ; l’Évangéliste ajoute d'ailleurs que Joseph « eut l'intention de la renvoyer en secret. » Et cependant, bien qu'elle habitât la maison de Joseph en vertu de leur premier engagement, la célébration solennelle du mariage n’avait pas encore eu lieu. Et voici comment s'exprime saint Jean Chrysostome, Ibid. Matth., homil. II : « L’Évangéliste ne dit pas, avant qu'elle eut été conduite dans la maison de son époux ; car elle y était déjà. L'usage chez les anciens était que les épouses fussent reçues dans la maison de leurs époux. » Aussi l'Ange dit à Joseph : « Ne craignez pas de recevoir Marie votre femme ; » ce qui veut dire ne craignez pas de procéder à la solennelle célébration du mariage. Plusieurs soutiennent néanmoins que Marie n’était pas encore introduite dans la maison de Joseph, et qu'elle lui était seulement fiancée ; mais l'autre sentiment doit prévaloir comme étant plus conforme à l’Évangile (1).


(1) Il ne faudrait pas néanmoins conclure de là que lors de la salutation angélique, il n'y avait pas un véritable mariage entre Marie et Joseph, ni dire, avec quelques-uns, que le mariage ne fut réellement contracté que trois mois après l'incarnation du Verbe et quand la sainte Vierge revint de chez sa cousine Elisabeth. C'est là une opinion purement imaginaire, qui n'a aucun fondement dans les monuments chrétiens, mais qui plutôt est démentie d'avance par l'enseignement formel des Pères. Saint Ambroise, in Luc, cap. I, saint Jean Chrysostome, in Matth., homil. V, saint Bernard, Super Missus, homil. II, saint Pierre Chrysologue, Serm. CLXXV, disent d'un commun accord que le mariage existait à l'époque où l'ange fut envoyé de Dieu vers Marie.

 
 
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