L'ANNONCIATION DE LA SAINTE VIERGE ET L'INCARNATION DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST (extrait des Petits Bollandistes, au 25 mars)
Ces deux mystères, qui sont comme le principe et le fondement de notre religion, ont entre eux un si grand rapport et une liaison si étroite, qu'ils n'en font proprement qu'un seul, et qu'il est impossible de les séparer. Nous rapporterons en peu de mots ce que les Évangélistes, les Conciles et les Pères de l’Église nous en apprennent, et ce que les fidèles sont obligés d'en savoir et d'en croire avec quelques circonstances qui regardent la fête que l'on célèbre en ce jour. L’Évangéliste saint Luc est celui qui en a traité le plus amplement.
Voici une courte paraphrase de ce qu'il en dit :
Le bienheureux moment destiné de toute éternité pour la réparation du genre humain étant arrivé, l'ange Gabriel fut envoyé de Dieu en une ville de Galilée, appelée Nazareth, vers une vierge nommée Marie, qui avait épousé un homme de la maison et de la race de David, appelé Joseph. Cet ange, étant entré dans la chambre où elle était en prières, lui dit « Je vous salue, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes ». A ces paroles, la Vierge, qui était extrêmement humble, fut surprise; et elle songeait en elle-même quelle était cette forme de salut si nouvelle et si inouïe : mais l'ange, reconnaissant son trouble, ajouta aussitôt : « Ne craignez rien, Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils, et vous le nommerez Jésus. Il sera grand, et on l'appellera le fils du Très-Haut, et le Seigneur lui donnera le trône de David, son père, et il régnera éternellement en la maison de Jacob, et son règne n'aura point de fin ».
La Vierge, qui avait fait le vœu d'une chasteté perpétuelle et qui était résolue à la garder jusqu'à la mort, entendant parler de conception, d'enfantement et de fils, demanda à l'ange comment ces choses se feraient, vu qu'elle ne connaissait point son mari, et que, après le vœu qu'elle avait fait, elle ne le pouvait pas connaître. L'ange lui répliqua : « Le Saint-Esprit elle ne le pouvait pas connaître. L'ange lui répliqua surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre : c'est pourquoi le Saint qui naîtra de vous sera nommé Fils de Dieu ».
Ensuite il lui rappela le miracle que Dieu venait de faire en faveur de sa cousine Élisabeth, qui, bien que naturellement stérile et déjà fort vieille, avait conçu un fils et était grosse de six mois ce qui montrait, évidemment, qu'il n'y a rien d'impossible à Dieu. La Vierge n'en demanda pas davantage pour donner le consentement que le ciel et la terre, les anges et les hommes, les justes et les pécheurs attendaient avec impatience, et qui devait être une source de bonheur et de joie pour tous les siècles. Mais elle l'exprima d'une manière si humble et si modeste, qu'on n'en peut considérer les termes sans admiration : « Voici », dit-elle, « la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon votre parole (1) ». Ce fut à ce moment que les anciennes promesses de Dieu furent accomplies; qu'une femme renferma un homme, qu'une Vierge conçut un fils, que Dieu fut fait homme, qu'un Sauveur fut donné au monde, et que celui qui était Dieu infiniment au-dessus de nous, commença d'être Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous, et de même nature que nous. C'est ce que nous appelons le mystère de l'Incarnation, et ce que saint Jean a exprimé par ces mots : « Et le Verbe a été fait chair, et il a habité au milieu de nous, et nous avons vu sa gloire, comme la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité ».
(1) Une église qu'on appelle l'Annonciation, occupe l'emplacement de la maison de la sainte Vierge à Nazareth : elle est enfermée dans le couvent des Franciscains. Un autel marque le lieu où était la sainte Vierge, et deux colonnes de granit, celui où se tenait l'ange. - Mgr Mislin.