Stabat Mater de la crèche

Avatar de l’utilisateur
Laetitia
Messages : 2593
Inscription : ven. 20 oct. 2006 2:00

Stabat Mater de la crèche

Message par Laetitia »


Voici le Stabat de la crèche, qui selon M. Charles Barthélémy fut publié pour la première fois par le R. P. Ozanam, et...
  Rational ou Manuel des divins offices de Guillaume Durand, Evêque de Mende au XIIIe siècle … traduit par Charles Barthélemy... 1854, tome 3 p.415 sq a écrit :
...que l'on doit au poète franciscain (1) auteur du chez-d'œuvre de pensée catholique et de divine inspiration qu'on chante le Vendredi saint dans nos églises, chaque année. « La postérité a fait un choix entre ces deux perles semblables : et, tandis qu'elle conservait l'une avec amour, elle laissait l'autre enfouie. »

Voici le texte et un essai de traduction de cette prose (2) dont on peut dire, comme du Stabat Mater dolorosa, avec M. Ozanam : «  La liturgie catholique n'a rien de plus touchant que cette complainte, si simple dans son latin populaire, que les femmes et les enfants en comprennent la moitié par les mots, l'autre moitié par le chant et par le cœur. »

(1) Le bienheureux Jacopone de Todi, au XIIIe s, p. 211-214.
(2) Bibliothèque impériale de Paris, manuscrit n°7785, fol. 109 verso.


Stabat mater speciosa,
Juxta fœnum gaudiosa,
Dum jacebat parvulus.

Cujus animam gaudentem,
Lætabundam et ferventem
Pertransivit jubilus.

O quam læta et beata
Fuit illa immaculata
Mater unigeniti.

Quæ gaudebat et ridebat,
Exultabat, cum videbat
Nati partum inclyti.

Quis est iste qui non gauderet (sic),
Christi matrem si videret
In tanto solatio ?

Quis non posset collætari
Christi matrem contemplari
Ludentem cum Filio ?

Pro peccatis suæ gentis,
Christum vidit cum jumentis
Et algori subditum.

Vidit suum dulcem natum
Vagientem, adoratum
Vili diversorio.

Nato Christo in præsepe,
Cæli cives canunt læte
Cum immenso gaudio.

Stabat senex cum puella,
Non cum verbo, nec loquela,
Stupescentes cordibus.

Eia mater, fons amoris,
Me sentire vim ardoris
Fac ut tecum sentiam !

Fac ut ardeat cor meum
In amando Christum Deum,
Ut sibi complaceam.

Sancta mater, istud agas :
Prone (sic) introducas plagas
Cordi fixas valide.

Tui nati cælo lapsi,
Jam dignati fœno nasci
Pænas mecum divide.

Fac me vere congaudere ,
Jesulino cohærere,
Donec ego vixero.

In me sistat ardor tui,
Puerino fac me frui,
Dum sum in exilio.

Hunc ardorem fac communem,
Ne facias me immunem
Ab hoc desiderio.

Virgo virginum præclara,
Mihi jam non sis amara :
Fac me parvum rapere.

Fac ut portem pulchrum fantem (sic),
Qui nascendo vicit mortem,
Volens vitam tradere.

Fac me tecum satiari,
Nato tuo inebriari,
Stans inter tripudia.

Inflammatus et accensus, 
Obstupescit omnis sensus
Tali de commercio.

Fac me nato custodiri,
Verbo Dei præmuniri,
Conservari gratia.

Quando corpus morietur,
Fac ut animæ donetur
Tui nati visio (3).

Omnes stabulum amantes,
Et pastores vigilantes
Pernoctantes sociant.

Per virtutem nati tui,
Ora ut electi sui
Ad patriam veniant.

Amen
 Elle se tenait debout, la gracieuse
Mère, joyeuse auprès de la paille où
gisait son Enfant.

Son âme pleine de joie,
tressaillante et embrasée ,
était pénétrée d'allégresse.

Oh ! qu'elle fut joyeuse et heureuse,
cette Mère immaculée du Fils unique
et seul engendré de Dieu !

Elle se réjouissait et souriait, elle
tressaillait en voyant
le Fruit illustre de ses entrailles.

Quel est celui qui ne se réjouirait pas,
s'il voyait la Mère du Christ dans
un tel et si grand bonheur ?

Qui pourrait ne pas se réjouir avec elle,
en contemplant la mère du Christ
jouant avec son Fils ?

Pour les péchés de son peuple,
elle vit le Christ au milieu des brutes,
et livré au froid.

Elle vit son doux Enfant,
vagissant, adoré
dans une vile demeure.

A l'honneur du Christ né dans la crèche,
les citoyens du ciel chantent
avec une immense joie.

Le vieillard et la jeune fille se tenaient debout,
sans parole et sans voix,
et le cœur muet de surprise.

0 Mère ! source d'amour, faites que je sente la force de l'amour qui vous consume,
faites que j'en ressente avec vous les effets.

Faites que mon cœur brûle 
de l'amour du Christ Dieu;
faites que je me complaise en lui.

Sainte Mère, faites cela;
faites à mon cœur
une profonde blessure d'amour.

Faites-moi partager les souffrances de votre fils
qui vient de descendre du ciel, et qui daigne à présent naître sur une couche de foin.

Faites-moi goûter la vraie joie qui vous anime;
que je m'assimile au petit Jésus
tant que je vivrai.

Que votre zèle habite en moi;
faites-moi jouir de votre petit Enfant 
pendant que je suis dans l'exil de cette vie.

Que la même ardeur d'amour nous consume, 
et ne me refusez pas
ce qui fait l'objet de mon désir.

Vierge, la plus illustre des vierges,
ne me soyez point sévère; faites que je puisse ravir en mon cœur le divin nouveau-né.

Faites que je porte le bel Enfant
qui, en naissant, a vaincu la mort
et veut nous donner la vie.

Faites qu'avec vous je me rassasie
et je m'enivre de votre fils,
comme dans une fête éternelle.

Enflammé et incendié d'amour,
tous mes sens sont dans la surprise, en voyant un tel commerce s'établir entre le Christ et moi.

Confiez-moi à la garde du nouveau né;
que le Verbe de Dieu soit mon rempart,
que sa grâce me conserve.

Quand la mort prendra mon corps,
faites qu'il soit donné à mon âme 
de jouir de la vue de votre Fils.

Que tous ceux qui aiment l'étable
et les pasteurs qui veillent, s'unissent pour veiller pendant la nuit de Noël.

Priez, ô Vierge mère !
pour que, par la vertu de votre Fils,
ses élus arrivent à la patrie des cieux.

Ainsi soit-il.
(3) ici doit finir la prose de Jacopone. Une main étrangère, peut-être, y ajouta les deux strophes suivantes.
Répondre

Revenir à « Temporal&Sanctoral de l'année liturgique »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 2 invités