Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

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Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

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Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

THAUMATURGE DU XIXe SIÈCLE ,
INSPIRATRICE DE L'OEUVRE DE LA PROPAGATION DE LA FOI
DU ROSAIRE VIVANT ET DES PÈLERINAGES NATIONAUX
ÉTABLIE, PAR PIE IX, PATRONNE DES ENFANTS DE MARIE

par JEAN DARCHE,
Auteur de la Vie du Curé d'Ars



AVERTISSEMENT
SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.


Depuis longtemps notre Vie de sainte Philomène,
tirée à un nombre très-considérable d'exemplaires,
était épuisée. De partout on demandait une réimpression
de ce livre si complet et si bien accueilli
des âmes affectionnées à la céleste Thaumaturge et
honoré des félicitations des vénérables Curés gardiens
de ses sanctuaires.



Nous avons profité de cet incident heureux pour
remanier, corriger, rectifier et compléter les endroits
qui semblaient l'exiger, ce qui actualise beaucoup cet
ouvrage. Nous y avons ajouté plusieurs documents
jusqu'ici inédits et qui sont de nature à intéresser.



Nous eussions pu grossir démesurément notre
volume. La seule description des lieux très-nombreux
où le culte de notre Sainte chérie est en honneur
formerait un volume in-folio ; et des in-folios
seraient insuffisants à raconter les faits miraculeux
et toutes les marques visibles de la bienveillante
protection de l'auguste Thaumaturge dans le monde
catholique.
Nous nous sommes donc borné à ce
qu'il y a de plus exact, de plus essentiel, de plus
pratique. Toute dévotion de fantaisie et qui n'est
pas consacrée par l'usage a été formellement écartée.
Du reste, le livre quatrième, qui contient de
nombreuses pratiques et formules de prières qu'on
ne trouve dans aucun autre recueil, pourra suffire
à entretenir la piété dans les âmes envers sainte
Philomène.



Pour la messe en l'honneur de la Sainte, nous
nous en sommes tenu à l'esprit de notre Mère la
sainte Église.


Nous n'insisterons pas sur la nécessité extrême
de propager dans les familles les bons livres, les publications
saines et moralisatrices. Des trois éléments
qui seuls peuvent relever notre chère patrie:
l'éducation chrétienne des enfants, la sanctification
du dimanche et les bons livres,
ce dernier n'est
pas le moins puissant.
A nos yeux, la meilleure
oeuvre que l'on puisse faire est le don d'un livre pieux,
d'une publication chrétienne.
Voici un trait qui
confirme notre longue expérience, tiré de l'Echo
de sainte Philomène,
janvier 1875 (1).

Monsieur le Directeur,

« Dans mon enfance on me donna à lire la Vie de
sainte Philomène.
Cette lecture me causa des impressions
si vives, qu'a partir de ce jour je pris la
résolution de me donner entièrement à Dieu.


«Dernièrement, une personne qui m'était chère
étant tombée gravement malade, fut condamnée
par tous les médecins.
Je me suis adressée à sainte
Philomène, et j'ai obtenu sa guérison.


«Je vous serai très-reconnaissant, Monsieur l'abbé,
de faire connaître ce fait,
afin de faire aimer sainte
Philomène de plus en plus.


« Veuillez agréer, etc. »

(I) Les Lecteurs trouveront tout ce qui concerne la glorieuse
Thaumaturge, faits, miracles, propagation de son culte béni, pratiques
autorisées en son honneur, dans l'Echo de sainte Philomène,
d'une forte et intéressante rédaction, qu'on peut appeler en toute
vérité le Moniteur de sainte Philomène.



A SUIVRE...
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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

PRÉFACE
DE LA PREMIERE ÉDITION.


Les nombreuses recherches auxquelles je me suis
livré pour composer la Vie nouvelle du vénérable
Curé d'Ars
m'ont mis à même de recueillir des documents
bien précieux sur sainte Philomène, sa
bien-aimée Protectrice. Les plus importants et les
plus authentiques nous viennent des divers lieux
de pèlerinage où la Sainte est le plus honorée :
d'Ars, Fourvières, Saint-Gervais, à Paris, Sempigny,
près de Noyon, de Thivet; d'autres lieux enfin, qu'il
serait trop long de mentionner, m'ont fourni des
matériaux que la piété des fidèles et le zèle éclairé
d'éminents prélats se faisaient un devoir d'enregistrer
depuis des années. Je ne me suis point seulement
arrêté aux sanctuaires élevés en France à la
mémoire de sainte Philomène, j'ai été assez heureux
dans mes investigations pour trouver de nouveaux
détails qui ont échappé aux écrivains qui
ont parlé de Mugnano, où reposent les reliques de
la Vierge-Martyre.



Ainsi donc, les faits si nombreux et en même
temps si variés dont se compose mon ouvrage,
viennent tous de sources sûres.

Je n'ai pas brodé ces faits, comme on le fait dans
les romans soi-disant pieux, parce qu'ils m'ont
fourni une assez abondante matière. Des faits, des
détails, voilà, au jugement de Monseigneur d'Orléans,
ce qu'il faut pour les histoires des Saints.



Ce grand Evêque ajoute : « Je demande des détails,
je les demande vrais, non pas arbitraires et
inventés, comme dans les romans, où les détails
abondent, mais sortent tous de l'imagination du
romancier. Car un genre nouveau et bien étrange
a paru de nos jours; sur le motif spécieux de faire
agréer aux gens du monde la vie des Saints, quelques
personnes ont pensé qu'il fallait l'écrire à la
façon des romans, sous une forme dramatique avec
de longs dialogues. Cette méthode, qui expose perpétuellement
l'écrivain à prêter au Saint des sentiments
qu'il n'a jamais, eus, des paroles qu'il n'a jamais
dites, et à se substituer sans cesse à lui, est
tout simplement détestable, et serait, si elle prévalait,
un fléau. »
(Lettre de Monseigneur l'Évèque
d'Orléans à M. l'abbé Bougaud, sur la deuxième
édition de son Histoire de sainte Chantal.)


Il n'est personne qui ne souscrive à cette observation
si sage et si prudente de Monseigneur d'Orléans;
et il faut convenir que l'écrivain qui respecte son
lecteur, qui travaille à défendre la vérité, à instruire
et à édifier, tout en présentant son sujet sous
une forme agréable, se gardera bien de mêler des
fables à l'histoire des Saints.



J'ai disposé cet ouvrage de manière qu'il fût
à la portée et à l'usage de tout le monde ; enfants,
jeunes gens, époux, veufs, vieillards, prêtres, religieux
et religieuses, tous, j'en ai la confiance, y
puiseront des motifs d'une dévotion particulière envers
la bien-aimée sainte Philomène, et par suite
le moyen d'obtenir du Ciel de grandes faveurs par
sa puissante entremise.
C'est afin d'atteindre le
même but que j'ai préparé le Mois de sainte Philomène
en exemples,
ouvrage qui est le complément
de celui-ci, et où les fidèles trouveront des prières
et des pratiques de dévotion envers la Sainte.



Puisse cette Vie très-complète de sainte Philomène
contribuer un peu à rendre plus populaire
encore le nom béni du saint Curé d'Ars, Jean Vianney,
dont la dévotion à cette Sainte fut incomparable ;
puisse-t-elle par là même servir à hâter la béatification
de ce grand Serviteur de Dieu.



Tel qu'il est, j'ose l'offrir en hommage aux Associés
du Rosaire vivant dont sainte Philomène est la
grande protectrice.



Je l'offre enfin et tout spécialement à vous-même,
cher lecteur ! Qui que vous soyez, si vous le lisez et
le propagez sous les auspices du vénérable Curé
d'Ars, vous recevrez de sainte Philomène et du saint
Curé, deux âmes si bien unies, si bien faites pour
s'aimer d'une charité divine, pour vous et pour vos
amis, des faveurs bien précieuses.



Vous surtout, aimable jeunesse, enfants chrétiens,
lisez mon petit livre, et accordez-moi une part, si
faible qu'elle puisse être, dans vos prières. Le Ciel
aime et exauce surtout les prières des enfants, et la
vertu de ces prières est inexprimable.



A SUIVRE...
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Message par InHocSignoVinces »

LIVRE PREMIER

VIE ET MARTYRE DE SAINTE PHILOMÈNE

----------------------------------

CHAPITRE PREMIER

La mémoire des Saints est impérissable.


C'est un oracle de nos saints Livres : que « le juste
vivra éternellement dans la mémoire des hommes
(Ps. cxi), »
parce que, disent les interprètes, le souffle
impur de la calomnie ne peut ternir son nom ni obscurcir
pour longtemps l'éclat de sa vertu.
Ne vivrait-il
que dans la mémoire de l'Éternel, son Dieu, assurément
c'est une gloire qu'il lui est bien permis d'ambitionner.



Toutefois, Dieu aime à perpétuer parmi les hommes
le souvenir de ses saints amis; et, si, pour un temps,
il en laisse dans un oubli tel, que l'on peut dire avec un
saint Prophète que leur souvenir est complètement
effacé dans la mémoire des vivants ; s'il soustrait aux
investigations des mortels jusqu'au nom même de ces
Saints, il manifeste d'autant plus leur gloire inaltérable
quand l'heure désignée par sa Providence a sonné. C'est
ce que de nos jours il vient de faire à l'égard de
là vierge
martyre sainte Philomène.



Des milliers de soleils étaient passés sur sa tombe,
depuis bientôt quinze siècles que sa belle âme avait
quitté la terre, et son nom béni était à peine connu.
Sa vie était complètement ignorée. On connaissait bien
un saint Philomène, mentionné par le Martyrologe
romain le 29 novembre, qui, sous le président Félix,
après avoir été éprouvé par le feu, après avoir eu les
mains, les pieds et la tête percés de clous, couronna
son héroïque sacrifice pour la confession du nom de
Jésus-Christ. On connaissait même une sainte Philomène,
vierge, honorée au cinquième jour de juillet,
mois comme dans le Martyrologe le nom de martyre
n'est point ajouté à celui de vierge, il ne paraît pas
probable qu'il soit question de notre Sainte.



L'histoire religieuse s'était donc forcément imposé
un mystérieux silence sur cette vie pourtant-si belle, si
pure, si héroïque de l'illustre Épouse du Christ qui répandit
son sang pour lui. Mais le Très-Haut, qui appelle
les étoiles par leur nom, dit le Prophète, et auquel elles
répondent à l'instant même, a aussi, il y a un demi-siècle
et plus, appelé Philomène au rôle sublime et glorieux
que nous lui voyons remplir.



Philomène a répondu à l'appel de l'Éternel ! Elle
s'est levée de sa couche silencieuse et est apparue au
monde radieuse d'une majestueuse beauté. Et les mérites
immenses qu'elle s'était acquis par sa vie si pure
et si innocente, par son généreux et douloureux martyre
surtout, elle les fait maintenant refluer avec largesse
et avec abondance sur ses serviteurs, qui sont aussi
les serviteurs de Dieu. La carrière que sa gloire a si
bien fournie depuis l'invention de ses restes précieux
a été marquée par mille prodiges. Son doux culte s'est
merveilleusement étendu, affermi, popularisé dans l'Univers.

Du nord au sud, du levant au couchant, le nom
de la vierge martyre Philomène, ce nom béni, est grand
parmi les nations. Tous l'invoquent avec amour, avec
confiance, et par là même toujours avec fruit. Et le Seigneur,
l'Éternel, Jéhovah qui l'a faite, a été par elle
glorifié. Car les honneurs rendus à sainte Philomène,
selon le langage de l'Église, retournent à cette infinie et
adorable Majesté.



Enfin l'époque de la glorification de la Sainte, époque
désignée par la Providence, est arrivée. On trouve
d'abord les restes sacrés de Philomène, on est ensuite
instruit des circonstances particulières de son martyre.
Commençons par parler de sa vie, de sa passion et de
sa mort douloureuse, après cela nous traiterons de
l'invention miraculeuse et merveilleuse de son très-saint
corps.



A SUIVRE...
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Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE II

Sources de l'histoire de la vie et du martyre de
sainte Philomène.



Durant quinze siècles, le nom comme l'histoire de
sainte Philomène furent donc inconnus. Mais il a plu
à la Sainte de révéler, dans nos jours, les principaux
faits d'une vie si belle, les droits qu'a son glorieux et
doux nom à là vénération de nos coeurs.
A qui donc la
Sainte s'est-elle adressée pour se révéler ainsi ? Est-ce
à des monarques, à des personnes de haute influence?

Non, mais à un artisan dont toute la science était celle
de craindre Dieu, et de le servir; à un prêtre pieux,
zélé, grandement dévoué à son culte ; à une religieuse
enfin, dont la vertu éprouvée, la pureté des moeurs et
la singulière dévotion à notre Sainte la rendaient digne
en quelque sorte d'être la dépositaire des secrets que
sainte Philomène voulait découvrir au monde.



Le mot de révélation, que nous allons employer assez
fréquemment, ne doit certes pas nous effrayer. Dès
l'origine du monde, comme nous l'apprend la sainte
Bible, l'Éternel a révélé aux hommes plusieurs choses
jusqu'alors connues de lui seul. Saint Paul, le représentant
de la sacrée Théologie, nous assure que c'est ce
que Dieu a fait en plusieurs endroits et de bien des
manières, mais dans les derniers temps surtout par son
Fils adorable et bien-aimé (Hébr., i).



Or donc, ce que Dieu a fait si souvent, ne pourrait-il
le faire dans nos jours ? Qui oserait lui en contester le
droit ou lui eu interdire l'exercice ?
Mais, dira-t-on,
Dieu est si grand et l'homme est si petit, si misérable
comparativement à lui ! Ah ! rappelons que notre Dieu
est le Dieu de miséricordes infinies; rappelons que
l'homme, quelque vil qu'il paraisse, est toujours son enfant,
le chef-d'oeuvre de ses mains, la manifestation vivante
de ses perfections, destiné à régner avec lui
dans la céleste Patrie, où il lui sera éternellement associé.



Dira-t-on que ces sortes de communications entre
Dieu et l'homme sont inutiles ? Mais où en sont les
preuves ?
Le grand Pape Benoît XIV, dont les paroles ont
après tout le plus grand poids dans ces matières, pensait
bien autrement.
Il déclare que si ces révélations
sont pieuses, saintes et avantageuses au salut des âmes,
elles doivent être admises dans les procès qui se font à
Rome, lorsqu'il s'agit de canoniser des saints
(De Beatif. SS. lib. III).


A SUIVRE...
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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

Or les révélations qui ont rapport à la vie et au martyre
de sainte Philomène sont sans contredit de celles
que l'illustre et saint Pontife dit être pieuses, saintes et
avantageuses au salut des âmes. D'ailleurs, en dehors
du sérieux examen qui en a été fait à Rome, de la permission
donnée par le Saint-Siège pour les publier à la
gloire de Notre-Seigneur,
l'Éternel ne les a-t-il pas
sanctionnées en quelque sorte par l'autorité irrécusable
des miracles, vrais, certains, et tout à fait merveilleux,
qui ont eu lieu, à cette occasion, à Rome même et en divers
autres lieux ?
Nous allions dire que la sainte Église
aussi les avait approuvées, et c'est l'exacte vérité, en ce
sens, bien entendu, qu'elle ne les a jamais condamnées,
mais en a, au contraire, toujours toléré la publication.

Que le sceptique pèse ces raisons et qu'il se taise !
Quant à l'impie, qu'il prenne bien garde de blasphémer
ce qu'il ignore !
Que l'un et l'autre sachent que toute
prophétie ne saurait être méprisée, selon le mot de
saint Paul (I Thess., v), et qu'il est permis de donner
une pieuse croyance aux révélations de sainte Philomène,
comme à toutes celles qui, selon les règles approuvées
par l'Église, et suivies par ses saints Docteurs, portent
les caractères de la vérité.



Et puisque nous traitons ici tout particulièrement des
révélations que fit sainte Philomène à trois personnes

d'un caractère et d'une profession qui leur étaient personnels,
faisons observer au lecteur que ces trois personnes
ne se connaissaient point; qu'elles n'ont jamais
eu entre elles aucune sorte de relation; qu'elles habitaient
des pays éloignés les uns des autres; que les
récits qu'elles ont faits, soit de vive voix, soit par
écrit, pleinement d'accord quant au fond et aux principales
circonstances, loin de contredire les données
offertes par la pierre sépulcrale du tombeau de la
Sainte, sont au contraire parfaitement en harmonie
avec elles, et leur donnent par les détails qu'ils y
ajoutent un développement aussi clair qu'édifiant.



Après ces considérations importantes, nous allons
sans crainte parler successivement des trois révélations
en question. Et, pour ne point contrarier l'ordre et le
plan suivis jusqu'à ce jour par les auteurs qui en ont
écrit, nous réserverons la plus circonstanciée pour être
traitée en dernier lieu. Nous protestons à l'avance que
nous n'ajouterons ni ne changerons rien au fond de
l'histoire et à la tradition la plus généralement suivie
sur sainte Philomène.



A SUIVRE...
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Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE III

Première révélation du martyre de sainte
Philomène.



La première révélation que fit sainte Philomène de
ses souffrances et de leur cause, elle la fit à un jeune
artisan, ignorant il est vrai,
mais aussi d'une humilité
et d'une simplicité sincèrement chrétiennes.
Don François
de Lucia
(1), le premier et le plus grand des histo-
riens de la Sainte, dans un ouvrage répandu à des milliers
d'exemplaires dans le royaume de Naples et dans
les États environnants, rend un témoignage public à la
pureté de la conscience et à la piété solide et éclairée
de ce dévot artisan.



Si cet artisan eût été un homme instruit dans les
sciences, un homme simulé, sa révélation pourrait difficilement
être admise,
et encore, pourtant, elle aurait
toujours ce mérite irrécusable d'être exactement en
harmonie avec les deux autres dont nous parlerons
bientôt. Voici donc deux conditions de cette révélation
qui naturellement doivent nous la rendre croyable et
respectable ;
l'ignorante simplicité de celui à qui la révélation
fut faite; la parfaite identité du fond de cette
révélation avec celles qui furent faites à d'autres personnes.



A SUIVRE...


(I) Don François de Lucia naquit à Mugnano, diocèse de Noie,
le 19 septembre 1772. Élevé pieusement par sa mère, il continua
cette éducation et fit ses études chez les religieux du Saint-Sacrement
de Lucera. Bientôt il fut nommé professeur dans la maison de
Deliceto. Ordonné prêtre en 1796, il vint se fixer à Naples, où il enseigna
la philosophie et les belles-lettres. Des troubles politiques
ayant eu lieu dans la capitale en 1799, il vint se réfugier à Mugnano,
où il déploya le zèle le plus éclairé et le plus ardent dans
l'exercice du saint ministère, non-seulement dans son pays, mais
dans diverses provinces du royaume, par le moyen surtout des missions.
Il accompagna don Barthélemy de Césarée, évoque nommé
de Potenza, à Rome où il allait recevoir sa consécration ; — comme
il sera dit plus loin, dans la vie de sainte Philomène, c'est à ce digne
et saint prêtre que notre Thaumaturge doit sa célébrité et le culte
universel dont elle est de nos jours en possession dans l'Église. Ce
grand admirateur de la Sainte voulut laisser dans sa patrie un
souvenir vivant de son zèle et de sa piété à son égard ; à cet effet
il institua une Congrégation de jeunes filles qui devaient, autant
que le permet la faiblesse humaine aidée de la grâce, retracer dans
leur conduite les vertus de sainte Philomène, et les nomma Monacelle
di Santa Filomena,
ou Filles de Sainte-Philomène. Ces pieuses
religieuses vivent dans le monde sans être du monde. Leur costume
et leur vêtement est de laine noire, leur tète est couverte d'un long
voile blanc, un petit crucifix repose sur leur poitrine.

Quant au vénérable Don François, après avoir consacré sa vie
au service de Dieu, à la sanctification des âmes et à la glorification
de sainte Philomène, après s'être acquis l'affection, l'estime et
la vénération publique par ses vertus et sa piété, il mourut des
suites d'une chute, le 9 avril 1847. Il était âgé de soixante-quatorze
ans et il avait été le premier recteur de l'église sainte Philomène
de Mugnano durant quarante-un ans. La perte d'un si saint
homme fut pleurée dans les contrées les plus éloignées, plusieurs
l'invoquèrent comme un puissant intercesseur auprès de Dieu et de
sainte Philomène. Un monument de pieuse vénération lui fut consacré
sur la pierre qui couvre son tombeau dans le sanctuaire même
à Mugnano.

Cette petite Notice n'est qu'un hommage rendu à Ia mémoire
d'un si grand serviteur et imitateur de notre bien-aimée Sainte.
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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

Une fois que le jeune homme en question priait dévotement
à genoux le Seigneur qu'il lui plût faire connaître
au monde les mérites et la gloire de sa servante
qui, depuis quelques années, projetaient un si vif éclat
dans l'Italie, afin qu'elle fût plus connue et mieux honorée
à l'avenir, ses yeux se fermèrent. Tout à coup,
les scènes du martyre de Philomène se présentèrent en
une forme si sensible à son intelligence, qu'il les lut et
les comprit comme il eût fait dans un livre. Et bientôt,
à la sollicitation de son confesseur et de Don François,
il leur fit part des choses intéressantes et singulières
qu'il avait apprises. Nous abrégeons un peu. Il dit
donc :



«Je vis le tyran Dioclétien, éperdu d'affection pour
la vierge Philomène. Il la condamnait à plusieurs tourments,
et il se flattait que leur atrocité amollirait enfin
son courage, et la forcerait de se rendre à ses désirs.
Mais il s'aperçut bientôt que toutes ses espérances
étaient vaines;
rien ne pouvat fléchir la ferme volonté
de la Vierge martyre.
Furieux, il tombait dans des accès
de démence, et, agité par sa rage, il se plaignait
amèrement de ne pouvoir l'obtenir pour épouse. »



Ici notre artisan cite les épreuves et les tourments
divers par lesquels Dioclétien fît passer sainte Philomène;
ce sont précisément les mêmes que ceux relatés
dans la dernière révélation dont nous aurons à nous
occuper. Seulement toute la différence est quelquefois
dans la manière de raconter. Ils sont aussi parfaitement
conformes à ceux désignés par les symboles trouvés sur
sa pierre sépulcrale, et dont l'artisan n'avait pu avoir
connaissance, car il n'avait connu, avant cette révélation,
sainte Philomène que de nom. Nous ne rapportons
pas de cette narration la partie qui est en tout conforme
à celle plus détaillée que nous donnerons au
long. Nous le laissons continuer.



« Enfin, après l'avoir mise à l'épreuve de diverses
tortures, le tyran la fit décapiter.



« A peine cet ordre eut-il été exécuté que l'âme de Dioclétien
se trouva abîmée dans un désespoir affreux. On
l'entendit qui s'écriait :
« Oh ! c'est bien fini, Philomène
ne sera jamais mon épouse! Jusqu'au dernier soupir,
elle a été rebelle à ma volonté; maintenant que la voilà
morte, pourrai-je lui survivre ? »



« Et, disant ces choses, des larmes amères coulaient
abondamment de ses yeux, il s'arrachait la barbe en furieux,
il entrait en d'affreuses convulsions. A peine le
croirait-on ? il se jetait du haut de son trône sur le pavé,
tant il était emporté. Tels étaient ses accès de fureur,
qu'il saisissait de ses dents tous les objets qui s'offraient
à ses regards, jurant qu'il ne serait plus empereur.
Du regret qu'il éprouvait de n'avoir pas eu la
main de Philomène, il appelait la mort à grands cris. »



Voilà, en peu de mots, le résumé de cette vision,
conforme à ce que l'histoire nous apprend des dernières
années de Dioclétien, ou du moins à ce qu'elle
nous donne à entendre.



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CHAPITRE IV

Seconde révélation du martyre de sainte
Philomène.




Cette révélation fut faite à un prêtre zélé, depuis
chanoine, à qui la dévotion singulière à la sainte Martyre,
dont il se faisait partout où il se trouvait le panégyriste,
valut des grâces rares et précieuses pour sa
sanctification et le soulagement des affligés qui s'adressaient
à lui. Ce prêtre vénérable n'était pas seulement
très-pieux, il était aussi fort savant dans la sainte
Théologie et dans la mystique chrétienne; par conséquent
son témoignage est du plus grand poids.



Don François, qui mit en lumière cette révélation,
assure qu'il n'y a rien, dans tout ce qu'il en écrit, dont
il n'ait été directement informé par ce même prêtre. Il
dit qu'il le lui a entendu raconter dans l'église de Mugnano,
où repose le précieux corps de sainte Philomène.


Or voici le récit du prêtre-chanoine :


« Je me promenais un jour dans la campagne, en
repassant dans mon esprit les merveilles que j'avais
depuis quelques jours entendu raconter de sainte Philomène.
Tout à coup, ces touchants souvenirs m'attendrissent,
je lève les regards vers le ciel, lorsque je
vois venir vers moi une femme qui m'était inconnue.

Elle m'adresse la parole et me dit :


— Est-il bien vrai, Monsieur, que vous avez exposé
dans votre église un tableau de sainte Philomène ?

— Oui, Madame, ce que l'on vous en a dit est vrai.

— Mais que savez-vous de particulier sur cette
Sainte ?


— Peu de chose; nous n'avons pu, jusqu'à ce jour,
savoir de son histoire que ce que nous en apprennent
l'inscription et les symboles peints sur la pierre qui
couvrait sa tombe.

Ici, dit le prêtre, je me mis à lui expliquer cette inscription
et ces symboles. Elle me laisse achever, puis,
d'un ton vif, elle reprend :

— Vous n'en savez donc rien davantage ?

— Non, rien de plus.

Oh! il y a pourtant bien d'autres choses à dire
sur cette Sainte. Quand le monde les entendra, il ne
pourra revenir de son étonnemenl.
Savez-vous, du
moins, la cause de sa persécution et de son martyre ?


— Pas davantage.

— Eh bien! Monsieur, je vais vous l'apprendre. Ce
fut pour avoir refusé à contracter mariage avec Dioclétien,
qui la voulait pour épouse. Et le motif de ce
refus était d'autant plus juste, qu'outre le paganisme
dont ce prince faisait alors profession,
elle avait fait
le voeu de demeurer toujours vierge par amour pour
Jésus-Christ.


A ces mots, je me suis trouvé inondé de joie, comme
quelqu'un qui vient d'entendre des nouvelles après lesquelles
il soupirait depuis longtemps. Je lui dis :

— Vous ne vous trompez pas ? Êtes-vous bien certaine
de ce que je viens d'entendre de votre bouche ?

— Oui, je le sais de source sûre.

— Mais où donc l'avez-vous lu ? Depuis nombre d'années
nous sommes à chercher quelque auteur qui nous
ait laissé des détails sur cette Sainte que nous vénérons
avec tant d'amour, et jusqu'à ce moment nos recherches
ont été inutiles. Dites-moi, s'il vous plaît,
dans quel livre vous avez puisé ce que vous venez de
raconter?

— Dans quel livre ? me répliqua la femme d'un ton
où perçait je ne sais quelle surprise et quelle gravité ;
c'est bien à moi qu'il faut adresser une demande pareille !
à moi !... Comme si je pouvais l'ignorer !
Non,
assurément, je ne vous trompe point, j'en ai l'assurance,
vous pouvez m'en croire. Oui, je le sais, j'en suis
certaine, croyez-moi.


Et, en disant ces paroles, je la vis disparaître avec
la rapidité d'un éclair. »

Remarquons ici que la personne inconnue au prêtre,
et qui, après cet entretien, fut parfaitement reconnue
de lui pour sainte Philomène, parle de la main de
Dioclétien qui lui aurait été offerte par ce prince. Ce
qui nous donne à entendre que le martyre de la Sainte
aurait eu lieu dans le temps que Dioclétien était veuf,
ou qu'il était sur le point de l'être par la mort de son
épouse, sainte Sérène, qu'il fit périr avec sa propre
fille, en haine de la foi que l'une et l'autre avaient embrassée.



L'empereur, comme il sera dit plus loin, se trouvait
alors à Rome, où il condamna à la mort de saints, et
illustres Martyrs, entre autres saint Sébastien.



Ces observations ont leur portée. Elles tendent à déterminer
à peu près l'époque du martyre de la Sainte,

et à réfuter l'objection que certains critiques ont faite,
en se fondant sans motif sur le long séjour que Dioclétien
fit en Orient.



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InHocSignoVinces
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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

CHAPITRE V

Troisième révélation et la plus complète sur la vie
et le martyre de sainte Philomène.



La troisième révélation, qui est la plus circonstanciée,
fut faite en 1832 à une religieuse de Naples. Elle
demeurait dans le couvent des Soeurs des Douleurs de
Marie,
dont l'occupation est d'élever chrétiennement
de petites filles pauvres. Là, sainte Philomène était en
grande vénération. Marie-Louise, c'est le nom de la
soeur, savait à peine lire et écrire. Mais ses correspondances
avec les personnes de haute qualité qui la consultaient
de tous côtés, et surtout les nombreux écrits
qu'elle a publiés depuis le moment où elle a reçu de
Dieu les dons de science et d'intelligence, ont rendu
son écriture plus lisible et son orthographe plus correcte.



Nous ne dirons rien ici de la manière dont ces dons
précieux lui furent concédés, ni des beaux, pieux et
savants commentaires en vingt-huit volumes sur toute
la sainte Bible, qui en furent le fruit. Ces ouvrages, si
dignés d'être publiés en France, sont lus avec délices
par notre saint Pontife Pie IX. Notre plan à nous est
de ne faire connaître cette sainte religieuse que tout
autant que sa vie pieuse et cachée en Dieu l'a mise en
rapport avec sainte Philomène et son culte. Nous laissons
à ceux qui feront la biographie de cette humble
servante de Dieu le soin de nous en révéler les moindres
circonstances. C'est bien notre plus grand désir
qu'une plume savante et disserte nous raconte un jour
ces épisodes édifiants d'une existence si sublime. Reve-
nons à la révélation que sainte Philomène lui fit de sa
Vie et de son Martyre.



Cette sainte Fille, âgée alors d'environ trente-quatre
ans, était également pieuse et sérieuse, également éloignée
de l'âge des illusions et de celui des hallucinations.
Elle était dans toute la plénitude de ses forces et
dans la maturité de la raison. En un mot, elle réunissait
si bien en elle les vertus et les qualités qui font le type
de la religieuse, qu'uniquement à raison de cela, on
l'avait choisie pour gouverner, en qualité de supérieure,
le couvent qu'elle habitait, et d'une observance
très-austère.



Depuis longtemps cette religieuse manifestait une
tendre dévotion pour sainte Philomène. En retour, la
Sainte la comblait de faveurs bien rares, marques sensibles
de sa protection toute particulière sur elle. C'est
ainsi que Philomène l'avait délivrée des tentations si
pénibles de défiance et d'impureté, par lesquelles Dieu
avait voulu purifier davantage cette pieuse Fille, et lui
avait fait goûter ensuite les douceurs ineffables d'une
intime joie et d'une profonde paix. Elle lui avait enfin
obtenu une intelligence parfaite des choses divines.



A SUIVRE...
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InHocSignoVinces
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Re: Vie très-complète de SAINTE PHILOMÈNE

Message par InHocSignoVinces »

Dans les communications intimes qui, aux pieds du
Crucifix ou de l'adorable Sacrement, avaient lieu entre
ces deux épouses du Sauveur, la Sainte lui donnait des
avis pleins de sagesse. Ces avis roulaient sur la direction
de la communauté, ou sur la conduite personnelle
de sœur Marie-Louise.
Ce dont ces deux âmes saintes
conversaient le plus ordinairement ensemble était le
prix et le mérite de la virginité, des avantages qu'elle
procure, des moyens dont sainte Philomène s'était servie
pour la conserver toujours intacte, même au
milieu des plus grands dangers.
Également, la prière,
l'union à Dieu, la méditation de la Croix, les fruits de
la pénitence, étaient des sujets que sœur Marie-Louise
aimait a rappeler dans ses colloques avec sa bien-aimée
sainte Philomène. Marie immaculée, qu'elle aimait à appeler
du doux nom de Mère, les saints Anges, qu'elle regardait
comme ses frères, et avec lesquels sainte Philomène avait
eu tant de rapports si intimes, revenaient souvent à son
souvenir et dans ses invocations.
On concevra quels progrès
dans la vertu et la sainteté Marie-Louise dut faire à une si
sainte École et sous une Maîtresse si habile, sainte Philomène.



Mais telle est la prudence des amis de Dieu. Ces
grâces extraordinaires, accordées à une âme qui,
pénétrée de ses misères, s'en jugeait tout à fait indigne,
lui firent craindre l'illusion. Elle recourait assidûment
à la prière et aux conseils de ses directeurs spirituels.
Et pendant que ceux-ci soumettaient à un lent et judicieux
examen les diverses faveurs dont le Ciel avait honoré cette
religieuse, des révélations d'une autre nature lui étaient
faites par l'entremise de sainte Philomène.
Ces révélations
avaient pour but de manifester au monde les grandeurs et
la gloire, ainsi que la puissance de la protection de cette
sainte.
Voyons comment elles lui furent transmises.


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