Saint Herménégilde faisant passer la confession de la Foi avant les Sacrements, ainsi que son épouse Indegonde, préférant subir le martyr plutôt que d'apostasier : beaux exemples pour notre temps !
(à suivre)Les Petits Bollandites, tome IV, au 13 avril a écrit :
SAINT HERMENIGILDE, ROI, MARTYR
586 – Pape : Pélage II.
Il y a de l'honneur à exposer et confesser les œuvres de Dieu.
Tob., XII, 7.
Herménigilde était fils aîné de Leuvigilde, roi des Visigoths, en Espagne, et faisait profession, comme lui et la plupart des Visigoths, de l'arianisme.
Leuvigilde avait un autre fils nommé Récarède ; comme la couronne avait été jusque-là élective chez les Goths d'Espagne, ce prince, voulant l'assurer à ses descendants, associa ses deux fils à la royauté. Il donna même à chacun une portion de ses Etats à gouverner. Séville fut la capitale du pays qu'Herménigilde eut en partage. Son père lui chercha une épouse, dont la famille fût assez puissante pour rehausser et consolider sa royauté. Il demanda par une pompeuse ambassade, et obtint Indegonde, fille de Sigebert, roi d'Austrasie et petit-fils de Clovis. Le mariage dut être d'abord agréable à Goswinde, seconde femme de Leuvigilde et mère de Brunehaut, femme du roi Sigebert ; elle avait la satisfaction de voir réunir le sang des deux familles royales.
Indegonde, accompagnée des principaux seigneurs de la cour, et suivie d'un grand nombre de seigneurs français, fut menée en Espagne ; elle y fut reçue avec de grands applaudissements, et, partout où elle passa, on lui rendit les honneurs dus à sa naissance, à son mérite et à son rang. Le prince Herménigilde, qui la considéra plus attentivement que personne, ayant remarqué qu'elle était accomplie, en conçut une joie qu'on ne saurait exprimer ; il lui donna d'abord tout son amour et toute son estime, et, dès la première entrevue, il sentit son esprit gagné par une si douce violence, qu'il lui sembla que cette princesse étrangère venait pour traiter avec lui d'un amour tout autre que celui de la chair et du sang. Indegonde, qui s'en aperçut aisément, s'insinua encore plus avant dans l'esprit du prince son mari, et voyant enfin que leur amitié était si étroitement liée, que rien n'était capable de la relâcher ni de la rompre, elle entreprit sa conversion.
Elle commença par lui représenter que leur union ne lui paraîtrait jamais accomplie, tant qu'elle verrait entre eux une muraille de division qui les séparait de croyance et de sacrements. « Pour moi », lui disait-elle avec tendresse, « si je voyais le moindre rayon de vérité en la secte que vous professez, et quelque espérance de salut, je m'y rangerais de bon cœur pour me lier davantage à votre personne, que j'aime après Dieu plus que toutes les choses du monde mais il est certain que vous êtes dans l'erreur, que vous suivez un fantôme au lieu de la vérité, et que, mourant en cet état, vous perdez votre âme, que je voudrais racheter au prix de tout mon sang ».
Herménigilde ne savait que répondre à la force de la vérité et de l'amour ; il disait seulement que cette affaire méritait bien qu'il y pensât, et que ces changements, dans les personnes de sa qualité, étaient sujets à beaucoup de censures, s'ils n'avaient de grandes raisons pour expliquer leur conduite. Cette princesse, après lui avoir donné du temps pour y réfléchir, fit si bien, par son adresse, qu'elle l'engagea à en traiter avec saint Léandre, archevêque de Séville. Ce sage prélat ménagea si bien l'esprit du prince, qu'avec l'assistance de Dieu et les bons offices d'Indegonde, qui n'épargnait rien pour cette conversion, il le retira de l'erreur. Ainsi se vérifia ce que dit saint Paul : « Que l'homme infidèle est gagné à Dieu et sanctifié par une femme fidèle (I., Cor, VII) ». Dès que ce généreux prince se vit éclairé de la vérité, il la voulut suivre. Il reçut donc le saint Baptême des catholiques des mains de saint Léandre, parce que celui des Ariens, qui n'était pas administré au nom et par l'invocation de la très-sainte Trinité, était nul.
Le saint évêque lui donna le nom de Jean, bien que celui d'Herménigilde, comme le plus connu, lui soit toujours demeuré. Il lui administra ensuite le sacrement de la Confirmation : le prince le reçut avec tant de pompe et de de solennité, qu'il fit battre exprès des pièces d'or, sur lesquelles il fit graver son image, avec ces paroles « Evitez l'homme hérétique ( Haeriticum hominem devita)» , pour les distribuer à cette cérémonie.