Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le XXIIIe dimanche après la Pentecôte.

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Laetitia
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Re: Sermon de Saint Louis de Grenade pour le XXIIIe dimanche après la Pentecôte.

Message par Laetitia »

A cette espérance, il faut joindre la piété et la justice, selon que le même prophète nous le recommande : « Offrez à Dieu, nous dit-il, un sacrifice de justice, et espérez au Seigneur, » Ps. iv, 6. L'espérance qui s'appuie sur un tel soutien, nous donne un gage assuré de la miséricorde divine, dont l'Esprit- Saint lui-même se fait le garant : « Mes enfants, nous dit-il par la bouche de l’Ecclésiastique, interrogez toutes les nations, et dites quel est l'homme qui a espéré au Seigneur, et qui a été confondu ? Quel est celui qui est demeuré ferme dans les commandements de Dieu, et qui en a été abandonné ? » Eccli. 11, 11. « Ayez confiance au Seigneur, dit-il encore, et il vous délivrera de vos maux ; rendez droite votre voie, et espérez en lui, » ibid. 11, 6. Efforçons-nous donc avant tout, mes frères, de marcher dans la droiture et la justice, et ne mettons aucune borne à notre foi et à notre espérance, puisant dans l'immense bonté de Dieu la certitude que notre confiance en lui ne sera jamais vaine.

Mais il est temps d'achever notre récit. Notre Seigneur étant arrivé à la maison du chef de la synagogue, commença par faire cesser le bruit et les lamentations de la multitude. Puis, ne voulant avoir avec lui que ses trois disciples de prédilection, Pierre, Jacques et Jean, et les parents de la jeune fille, il entra, et prenant la main de la défunte, il dit : « Tabitha Cumi, c'est- à-dire, jeune fille, levez-vous. » 0 admirable vertu de la puissance divine ! A cette seule parole la jeune fille, paraissant tout-à-coup se réveiller, ouvrit les yeux, à la grande surprise et à la joie non moins grande de ses parents. Saint Marc ajoute que notre Seigneur recommanda expressément à ceux-ci de ne rien dire du miracle éclatant dont ils avaient été les témoins. Il n'est pas sans intérêt de chercher à savoir pourquoi Jésus ordonne que l'on taise ce miracle, lui qui tout à l'heure, après avoir guéri l'hémorrhoïsse, voulut que ce prodige tenu secret jusqu'à ce moment fût divulgué devant toute la multitude. En agissant ainsi, notre Seigneur a voulu nous apprendre que nos bonnes œuvres et les grâces que nous recevons de sa libéralité, doivent quelquefois être publiées, et d'autres fois couvertes du silence. On les doit faire connaître, quand l'utilité du prochain ou la gloire de Dieu le demande. Ainsi saint Paul, dans sa seconde épître aux Corinthiens, énumère longuement les dons qu'il a reçus de Dieu et les fatigues et les travaux de son apostolat, parce que cet exposé était de nature à affermir la foi de ces premiers chrétiens, et à les mettre en garde contre les artifices des faux apôtres. C'est pour la même raison que le Sauveur voulut que la guérison de la femme dont parle notre évangile, fût rendue publique, afin que la foi encore chancelante du chef de la synagogue fût affermie par cet éclatant prodige.
(à suivre)
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Laetitia
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Re: Sermon de Saint Louis de Grenade pour le XXIIIe dimanche après la Pentecôte.

Message par Laetitia »

A l'égard de l'autre miracle, notre Seigneur, en recommandant si expressément le silence, ne pensait pas à lui, mais à nous qui, à cause de l'infirmité de notre nature, sommes si gravement malades de la passion de la vaine gloire. Pour vous montrer combien les hommes qui font profession de piété doivent se tenir en garde contre une telle passion, je vais donc citer un fait mémorable qui est rapporté dans les Vies des saints solitaires. On y lit que saint Apollonius, qui, à peine âgé de quinze ans, était allé vivre au désert, ayant passé quarante années dans la solitude, uniquement occupé de Dieu, entendit un jour une voix qui lui dit : Apollonius, je veux par toi perdre la sagesse des sages de l'Egypte et réprouver la science des prudents. Tu confondras aussi les sages de Babylone qui s'y trouvent et tu ruineras le culte des démons. Rends-toi donc sur l'heure en Egypte ; car tu dois m'engendrer un peuple parfait et fervent dans la pratique des bonnes œuvres. Seigneur, répondit Apollonius, éloignez de moi la vanité, de peur que, m'élevant au-dessus de mes frères, je ne vienne à perdre toutes les grâces que vous m'avez accordées. La voix de Dieu se fit entendre une seconde fois et dit : Porte la main à ta tête, serre avec force l'objet que tu y trouveras et enfouis-le dans le sable. Le serviteur de Dieu obéit, et ayant porté la main à sa tête, il y saisit un petit monstre qui ressemblait à un Ethiopien, lequel, pendant qu'Apollonius l'ensevelissait dans le sable, se mit à crier : C'est moi qui suis le démon de l'orgueil. Apollonius entendit alors le Seigneur qui lui disait : Pars maintenant, car tu obtiendras tout ce que tu demanderas à Dieu.

A l'exemple de ce saint, mes frères, défions-nous donc extrêmement de tout sentiment d'orgueil, de vaine gloire, d'arrogance et de fierté. Domptons ces ennemis, afin d'établir solidement en nous l'humilité qui est le principe et la gardienne de toutes les autres vertus ; imitons aussi la foi, la piété et le respect de cette pieuse femme guérie par le Sauveur, et nous obtiendrons la santé parfaite de l'âme, la mort de nos passions, et enfin la gloire et la vie éternelles. Ainsi soit-il.
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