Découverte de la Sainte Croix

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Laetitia
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Découverte de la Sainte Croix

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Nous fêtons le 3 mai, la fête de la découverte de la Sainte Croix ou Invention de la Sainte Croix (du latin inventio qui signifie action de découvrir, de trouver ou retrouver).
 Les Petits Bolandistes, au 3 mai. a écrit :

INVENTION DE LA SAINTE CROIX

326. - Pape : Saint Silvestre Ier. - Empereur : Constantin.



                                                                                                                                                                                                                                                                         La signe de la Croix apparaîtra dans le ciel,
                                                                                                                                                                                                                                                                         lorsque le Seigneur viendra juger.
                                                                                                                                                                                                                                                                         Alors seront révélés les secrets des cœurs.

                                                                                                                                                                                                                                                                         Brév. Rom., 3 mai, 3e resp. du 2e nocturne.




L’Église a consacré le 3 mai à honorer la Croix de notre Sauveur, parce que c'est le jour où elle fut trouvée, après avoir été cachée très-longtemps.
Voici, en peu de mots, l'histoire de cette invention ou découverte :

L'empereur Constantin avait vu paraître au ciel une croix plus éclatante que le soleil, et sur laquelle ces paroles étaient écrites : Tu vaincras par ce signe (1) ; et, ayant effectivement vaincu le tyran Maxence, par la vertu de ce signe, il en conçut une si grande estime, qu'il prit d'abord un soin particulier d'en faire connaître la grandeur et le mérite dans toute l'étendue de son empire. Pour cet effet, il fit peindre des croix sur les bannières impériales, au lieu des aigles qui y étaient auparavant il en fit marquer la monnaie publique de l'empire, et se fit lui-même représenter tenant dans sa main droite un globe d'or, sur lequel était une croix, pour faire entendre que c'était par elle que le monde avait été racheté. Sainte Hélène, mère de cet empereur, eut une dévotion encore plus particulière à ce mystère de notre salut : par un mouvement divin, dès que le concile de Nicée fut terminé,elle résolut d'aller en personne à Jérusalem, pour y visiter les Saints-Lieux et y chercher ce bois salutaire, où le Rédempteur du monde avait été attaché.

Mais elle ne le trouva pas sans difficulté : il n'y avait plus personne qui sût l'endroit où on l'avait mis après que ce divin crucifié en avait été détaché ; tout l'espace du Calvaire avait été tellement rempli de décombres, qu'il était malaisé de reconnaître le lieu de son crucifiement et de sa sépulture. Elle surmonta néanmoins tous ces obstacles par le secours du ciel : elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre-Seigneur, et les anciens de la ville, qu'elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu'était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d'ardeur et de diligence, qu'elle découvrit enfin ce trésor, que la Divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu'il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations.

Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu'elle n'eût osé l'espérer : car, outre la croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir : les clous dont Notre-Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant une chose la mit extrêmement en peine : les croix des deux larrons, crucifiés avec lui, étaient aussi avec la sienne, et l'impératrice n'avait aucune marque pour distinguer l'une des autres. Mais saint Macaire, alors patriarche de Jérusalem, qui l'assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté : ayant fait mettre tout le peuple en prières, et demandé à Dieu qu'il lui plût de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant : Une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu'elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu'alors à tous les remèdes humains, et qu'elle fût entièrement désespérée des médecins.

Le même jour, saint Macaire rencontra un mort qu'une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu'on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita.

Sainte Hélène, ravie d'avoir trouvé le trésor qu'elle avait tant désiré, remercia Dieu d'une si grande faveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique elle y laissa une bonne partie de la croix, qu'elle fit richement orner une autre partie fut donnée à Constantinople enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l'église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais de Sertorius, et qui a toujours retenu depuis le nom de Sainte-Croix-de- Jérusalem.

L'empereur, signalant de nouveau son respect pour l'instrument sacré de notre salut, dans la vingtième année de son règne, défendit de crucifier désormais les malfaiteurs, ce qui s'est toujours observé depuis dans les pays chrétiens. Ainsi, ce qui avait été une marque d'ignominie, devint un titre d'honneur, et fut élevé sur la couronne des rois, et sur le sceptre des plus grands monarques de la terre.


(1). « Je ne puis résister », nous écrivait, le 15 février 1870, M. l'abbé Crévot, directeur-aumônier des sœurs de Saint-François d'Assise de Lyon, « à la tentation de faire quelques réflexions sur ce qui a rapport, dans Giry (3 mai) à l'apparition miraculeuse de l'étendard de Constantin. On n'a pas assez distingué les deux événements dont le Seigneur a favorisé ce premier empereur chrétien et je vois avec peine que la plupart des historiens sont en faute sur cette circonstance qui est cependant une des plus importantes de l'histoire de l’Église. Il faut distinguer deux grands événements : le premier est l'apparition de l'étendard In hoc signo vinces. qui a eu lieu à deux journées de chemin des Alpes, au moment où Constantin partait pour aller prendre possession de l'empire ; le second n'est pas une apparition, c'est un songe où Notre-Seigneur recommande à cet empereur de mettre une croix sur le bouclier de chacun de ses soldats, événement arrivé la veille du jour ou s'est livré le grand combat avec Maxence, au passage du Tibre.
Je vois avec peine que les historiens, ou confondent ces deux événements, ou n'en rapportent qu'un qu'ils ne placent pas à son lieu. Cependant des faits pareils, soit en eux-mêmes, soit dans leurs résultats, devraient être caractérisés avec soin»
.
(à suivre)
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Laetitia
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Ces merveilles nous font assez connaître que Dieu agrée les respects que nous rendons à la croix, et que l’Église a été inspirée de son esprit, lorsqu'elle a institué cette fête pour en honorer l'Invention. On ne peut rien ajouter aux éloges que les saints Docteurs lui ont donnés. Nous en rapporterons quelques-uns, pour la consolation des âmes dévotes, et pour confondre les hérétiques qui en profanent le signe salutaire.

Saint Jean Chrysostome, dans un sermon de la croix, en parle en ces termes : « La croix est l'espérance des chrétiens, la résurrection des morts, le bâton des aveugles, l'appui des boiteux, la consolation des pauvres, le frein des riches, la confusion des orgueilleux, le tourment des méchants, le trophée contre l'enfer, l'instruction des jeunes, le gouvernail des pilotes, le port de ceux qui font naufrage et le mur des assiégés. Elle est la mère des orphelins, la défense des veuves, le conseil des justes, le repos des affligés, la garde des petits, la lumière de ceux qui habitent dans les ténèbres, la magnificence des rois, le secours de ceux qui sont dans l'indigence, la sagesse des simples, la liberté des esclaves et la philosophie des empereurs. La croix est la prédiction des Prophètes, la prédication des Apôtres, la gloire des Martyrs, l'abstinence des Religieux, la chasteté des Vierges et la joie des Prêtres. Elle est le fondement de l’Église, la destruction des idoles, le scandale des Juifs, la ruine des impies, la force des faibles, la médecine des malades, le pain de ceux qui ont faim, la fontaine de ceux qui sont altérés et le refuge de ceux qui sont dépouillés ».

« Gravons», dit saint Ephrem, « au-dessus de nos portes, sur le front, sur la bouche, sur la poitrine et sur toutes les autres parties de notre corps le signe vivifiant de la croix ; revêtons-nous de cette impénétrable armure des chrétiens : car la croix est la victoire de la mort, l'espérance des fidèles, la lumière du monde, la clef du paradis, le glaive qui extermine les hérésies, le secours des âmes religieuses, le soutien de la foi, la défense, la garde et la gloire des catholiques. Porte toujours avec toi, ô chrétien ! cette arme de jour et de nuit, en tous lieux et à toutes les heures ; n'entreprends jamais rien sans faire le signe de la croix. Quand tu dors, quand tu veilles, quand tu marches, quand tu travailles, quand tu manges, quand tu bois et que tu es sur mer, que tu traverses les rivières, prends cette armure de la sainte Croix car, tant que tu en seras armé, les esprits malins s'éloigneront de toi et n'oseront en approcher.

La croix, dit saint Damascène, est notre bouclier, notre défense et notre trophée contre le prince des ténèbres. Elle est le signe dont nous sommes marqués, afin que l'ange exterminateur ne nous frappe point, et de crainte que nous ne tombions dans des filets où nous trouverions notre perte. Elle relève ceux qui sont tombés, elle soutient ceux qui sont debout, elle fortifie les faibles, elle gouverne les pasteurs ; elle est le guide de ceux qui commencent, et la perfection de ceux qui achèvent ; la santé de l'âme et le salut du corps, la destruction de tous les maux, la cause et l'origine de tous les biens, la mort du péché, l'arbre de la vie et la source de notre félicité ».

Tertullien, auteur très-ancien, et que saint Cyprien appelle son maître, nous apprend quel était l'usage des chrétiens touchant le signe de la croix : « A tous les pas que nous faisons », dit-il, « en entrant, en sortant, quand nous nous habillons, quand nous nous levons, quand nous nous mettons à table, quand nous nous asseyons, quand on nous apporte de la lumière, quand nous nous couchons, et généralement dans toutes nos actions, nous faisons le signe de la croix sur le front ». Cet exemple des chrétiens des premiers siècles devrait faire impression sur nos esprits, et nous devrions, à leur imitation, faire continuellement le signe sacré de la croix, puisque nous apprenons qu'il n'est point de remède plus prompt ni plus assuré contre les traverses et les tentations de la vie.
Afin que les Gentils reçussent plus facilement la lumière de l’Évangile, et crussent avec moins de peine que Dieu s'était fait homme pour mourir sur une croix, une des sybilles (qui étaient des prophétesses parmi les païens) prédit, plusieurs années auparavant, par une providence particulière, les merveilles de ce mystère par ces paroles : Ô bois heureux, où Dieu sera suspendu ! et les Égyptiens, dans leurs hiéroglyphes, signifiaient par la croix la santé et la vie éternelle. Socrate, auteur d'une histoire de l’Église, écrit que les chrétiens, en ruinant le temple de Sérapis, trouvèrent des croix gravées sur les pierres dont il était bâti, et que plusieurs Gentils se firent chrétiens à la vue de cette merveille.

Les miracles que Notre-Seigneur a faits par le moyen de la sainte Croix sont en si grand nombre, qu'il ne serait pas possible de les rapporter tous, d'autant plus qu'il ne s'en est jamais fait qui n'aient tiré d'elle leur origine et que l'on ne puisse attribuer à sa vertu toute-puissante.

L'invention de la sainte Croix arriva l'an 326, ou, selon la chronique d'Eusèbe, en 328.
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Laetitia
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 Les Petits Bollandistes au 3 mai a écrit :

LES INSTRUMENTS ET LES RELIQUES DE LA PASSION.



La vraie Croix. - Le récit de l'Invention de la vraie Croix a été donné par Eusèbe, saint Cyrille, saint Ambroise, Théophane, Rufin, Paulus, Nicéphore, Callixte, etc.. On ne peut donc rien objecter contre cette authenticité, on peut dire de premier ordre. Nous avons le nombre et la qualité des historiens ; ils étaient la plupart contemporains. Ils sont parfaitement d'accord ; ils ont écrit dans des langues et des pays différents. Dira-t-on qu'il est impossible que le bois de la vraie Croix se soit conservé si longtemps sous terre et depuis tant de siècles après l'invention ? Nous répondons qu'on trouve à Herculanum et à Pompéï du bois ancien très-bien conservé. M. Rouhault de Fleury, dans son important Mémoire sur les instruments de la Passion, p. 53 , rapporte que des bois, certainement antiques, ont été trouvés dans la construction de Carthage. Un morceau de ce bois fut soumis à l'examen de l'Académie, et M. Pelligot, dans son mémoire, déclara qu'il appartenait à une portion d'aqueduc ancien où il était engagé dans le pisé et néanmoins d'une conservation parfaite.

Sous le règne d'Héraclius, Kosroës II s'empara de la ville sainte, pilla les églises et emporta ce qui restait de la Croix de Jésus-Christ. Après dix ans de revers, Héraclius battit le roi de Perse, délivra les chrétiens emmenés en captivité et obligea le successeur de Kosroës à rendre la vraie Croix que l'empereur ramena à Jérusalem comme le plus beau trophée de ses victoires. Il la porta lui-même sur ses épaules jusque sur le Calvaire, à travers les rues de Jérusalem, ayant les pieds nus, suivi de ses soldats et d'un peuple immense qui répandait des larmes de joie. Ce fut là l'origine de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, que l’Église célèbre le 14 septembre. Peu de temps après, la sainte Croix fut envoyée à Constantinople à l'archevêque Sergius, et fut reportée à Jérusalem.

L'année 1099, lorsque les croisés entrèrent dans la ville sainte, un de leurs premiers soins fut de s'enquérir du bois sacré. Les chrétiens, enfermés dans la ville, l'avaient dérobé aux regards des musulmans (Cédrénus, l. Ier, p. 171) ; mais il n'y en avait plus qu'une faible partie, puisque, selon l'expression d'Albert d'Aix, elle n'avait qu'une demi-aune de longueur. Son aspect inspire les plus vifs transports parmi les pèlerins. « De cette chose, dit une vieille chronique citée par Michaud, furent les chrétiens si joyeux comme s'ils eussent vu le corps de Jésus-Christ pendu dessus icelle ».

Peu après nous voyons les guerriers chrétiens sortir de Jérusalem, ayant à leur tête le patriarche Arnould, qui portait la sainte Croix ; ce fut ainsi qu'ils marchèrent contre le calife du Caire, qui s'avançait vers Ascalon. Ils la portèrent depuis dans un grand nombre de batailles. A la désastreuse journée d'Hiltin, la sainte Croix tomba au pouvoir de Saladin. Elle était portée par l’évêque de Ptolémaïs, qui, blessé mortellement, la laissa à l’évêque de Lydda. Celui-ci fut pris, ainsi que le roi et tous ceux qui la défendaient. « La grande Croix fut prise », dit Amad-Eddin, auteur musulman, « la grande Croix fut prise avant le roi, et beaucoup d'impies (de chrétiens) se firent tuer autour d'elle. Quand on la tenait levée, les infidèles fléchissaient le genou et inclinaient la tête. Ils disent que c'est le véritable bois où fut attaché le Dieu qu'ils adorent. Ils l'avaient enrichie d'or fin et de pierres brillantes. Ils la portaient les jours de grandes solennités ; et lorsque leurs prêtres et leurs évêques la montraient au peuple, tous s'inclinaient avec respect. Ils regardaient comme leur premier devoir de la défendre  ; la prise de cette Croix leur fut plus douloureuse que la captivité de leur roi ; rien ne put les consoler de cette perte. (Bibliothèque des croisades, t.IV, p.195) ».

Lorsque l’évêque de Salisbury visita la ville sainte au nom du roi, Richard, Saladin lui montra le bois de la vraie Croix. Les historiens racontent que les Francs et les Grecs voulurent racheter la vraie Croix, et que Saladin leur répondit que le roi des Géorgiens en avait fort inutilement offert deux cents pièces d'or... (Boad., de vita Salad., c. 164). Elle ne fut rendue aux chrétiens que trente-deux ans après la prise de Damiette. Déjà plusieurs fragments en avaient été détachés, et depuis ce moment, elle a été divisée à l'infini, en sorte qu'on en trouve aujourd'hui des parcelles dans tous les pays du monde.

Indépendamment du fragment qui est à Rome, dont nous avons déjà parlé, et de celui de Constantin, nous voyons dans l'histoire de la Norwège par Torpheus, que le roi Sigur demanda et obtint pour prix du service qu'il rendit aux Croisés au siège de Sidon, avec ses dix mille Norwégiens, un morceau de la vraie Croix, qu'à son retour dans sa patrie il déposa dans la ville de Konghell. Waldemar III, roi de Danemark, eu obtint aussi un fragment du pape Urbain V, à condition qu'il marcherait à la délivrance des Saints-Lieux.
(à suivre)
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Re: Découverte de la Sainte Croix

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Forme de la Croix, support et dimension. - M. Rohault (page 66) cite un passage de saint Justin et un autre de saint Augustin, pour prouver que la forme de la croix, qui a prévalu dans l'art catholique, est vraiment celle qui était en usage au moment de la mort de Notre-Seigneur. Innocent III confirme cette opinion en disant : Fuerunt autem in cruce dominica ligna quatuor : stipes erectus, et lignum transversale truncus suppositus et titulus superpositus.

La Croix de Jésus-Christ n'était donc pas un simple tau T, ni la croix grecque +, ni la croix de saint André X, mais la croix in-missa(*), où la traverse se trouve à peu près aux deux tiers de la hauteur.

L'auteur du mémoire que nous venons de citer, s'appuie sur Plaute, saint Justin, saint Jérémie et Grégoire de Tours pour établir que le crucifié avait, un marche-pied, et cette opinion est confirmée par les peintures du VIIIe siècle, dans les souterrains de Saint-Clément. Le même auteur, après diverses considérations très-judicieuses, soit sur ce que peut porter(**) un homme valide pendant un trajet de huit à neuf cents mètres, soit sur l'état où se trouvait Notre-Seigneur, est arrivé à conclure que la croix devait avoir cent soixante-dix-huit millions de millimètres cubes et peser environ quatre-vingt-dix kilogrammes.

D'après une ancienne tradition rapportée par Gretzer, la Croix se composait d'un montant dont la hauteur était de quinze pieds (quatre mètres quatre-vingt centimètre), et d'une traverse de sept ou huit pieds (deux mètres trente centimètres à deux mètres soixante centimètres). Par l'inspection de la croix du bon larron, qui est encore à Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome, on voit que ce grand morceau correspond à la longueur d'une traverse de deux mètres vingt-cinq centimètres ou cinq coudées. La pièce a cent cinquante-cinq millimètres de longueur, mais l'épaisseur n'a pu être déterminée ; il est probable que ce morceau de bois était carré, et que s'il ne l'est plus aujourd'hui, c'est que, pour multiplier cette relique, on l'aura sciée.

Ce morceau de la croix du bon larron a précisément une échancrure au milieu avec un trou pour la cheville, ce qui confirme que cet instrument était une croix in-missa, c'est-à-dire que la tige perpendiculaire dépassait la forme du tau.

M. Rohault, après l'examen de l'essence du bois de la vraie Croix, avait établi que c'est une essence résineuse. Après l'examen de la croix du bon larron, Dixmas, il ne peut rester aucun doute ; comme ce morceau est plus considérable, la vérification a été plus facile. Il est évident que ce bois est une espèce de sapin; même avant tout examen il devait paraître probable que la croix de Notre-Seigneur et celle des deux larrons, ayant été préparées le même jour et pour la même fin, devaient être de la même essence.

D'après une tradition rappelée par la table qui se trouve dans le cloître de Saint-Jean de Latran, Jésus-Christ était d'une très-haute stature (un mètre quatre vingt-quatre centimètres). Simon le Cyrénéen devait être plus petit, et saint Luc est rigoureusement exact lorsqu'il le place derrière Jésus-Christ, post Jesum ; la pente du bois sacré le mettant à la hauteur de son épaule. La liturgie suit donc la tradition et la raison la plus sévère, en admettant que le poids était partagé entre Jésus-Christ et Simon.
Notes de Laetitia extraits du Mémoire sur les instruments de la Passion de M. Rohault de Fleury.:

(*) Extrait du Mémoire sur les instruments de la Passion de M. Rohault de Fleury.
 Forme de la Croix, page 63 a écrit :
Chez les anciens, les croix étaient en général élevées & placées dans des lieux très-apparents, afin que l'exemple du supplice attirât les yeux & l'attention de tous. On les fabriquait avec le bois qu'on trouvait sous la main ; quelquefois on se servait des arbres bruts. Le crucifié qui n'avait pas d'abord été étranglé devait être attaché à un bois droit, soit avec des clous, soit avec des cordes, jusqu'à ce que mort s'ensuivit. Les anciens avaient plusieurs sortes de croix :

Crux simplex, la croix simple , qui se composait d'un arbre ou d'un poteau auquel on attachait le criminel.

Crux composita, le pal, pieu pointu, instrument du plus horrible supplice, encore en usage dans l'extrême Orient.

Crux decussata, en forme de X ou croix de Saint-André.

Crux commissa, en forme de T.

Crux capitata ou immissa, croix latine, dont la traverse est aux deux tiers de la hauteur du montant.

Crux græca, croix grecque, dont la traverse est à moitié de la hauteur de la tige.
[...]

(**) Extrait du Mémoire sur le Portement de Croix.
 Sur le portement de croix, Préliminaires, page 39 a écrit :
Chez les Romains, les condamnés portaient leurs croix . Artémidore & Plutarque l'attestent. Plaute a dit : « Patibulum ferat per urbem, deinde offigatur cruci. »
Pendant les portements de croix, un joueur de flûte précédait le cortège, pour faire venir le peuple. Les bourreaux criaient par la ville la cause du supplice, & , pour augmenter les souffrances de ces malheureux, ils les aiguillonnaient, puis les crucifiaient nus .
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