L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

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Abbé Zins
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L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

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L'Antéchrist, être personnel ou collectif ? :


Qui pourrait développer une réflexion

ou mieux une démonstration

sur ce point ?
Si vis pacem
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Re: L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

Message par Si vis pacem »

A. Lemmonyer, O. P. dans le Dictionnaire apologétique de la foi Catholique, col. 146-150 a écrit :
ANTÉCHRIST. — 1. Divers types d'adversaires du Messie. — II. L'Antéchrist : a) Dans l'Écriture ; b) Dans la tradition ecclésiastique primitive.

Seules dans toute la littérature, canonique et apocryphe, de l'Ancien et du Nouveau Testament, les Epîtres de S. Jean ont ce terme d'antéchrist. Étymologiquement l'antéchrist, peut signifier anti-christ et pseudo-christ. Encore que peut-être le second sens ne soit pas loin de son esprit, S. Jean s'attache directement au premier, celui d'adversaire du Christ.

I. Divers types d'adversaires du Messie.

Avant d'étudier de plus près l'Antéchrist dont parle S. Jean, il ne sera pas inutile de dresser le tableau sommaire des divers types d'adversaires du Messie que connaît la tradition apocalyptique, juive et chrétienne. Il y en a trois. Il y a la puissance politique hostile au peuple messianique et persécutrice des Saints. Il y a l'adversaire religieux agissant par séduction. Il y a enfin l'ennemi transcendant. Tous se donnent pour mission et chacun à leur manière s'efforcent d'empêcher l'établissement du règne du Messie et de Dieu.

a) Puissance politique.
C'est toujours un empire ou un tyran païen.

1. Gog et Magog. Ces personnages apparaissent pour la première fois dans Ezéchiel, XXXVIII-XXXIX. Gog est un roi et Magog le pays qui lui est soumis et que le prophète semble localiser quelque part en Arménie. Ezéchiel les voit, « après des jours nombreux », « dans la suite des jours », qui s'avancent contre Israël, entraînant à leur suite des peuples en foule. A peine ont-ils mis les pieds sur le sol palestinien que le courroux de Iahvé s'allume contre eux. Parmi les bouleversements de la nature, ils sont anéantis par Iahvé. Une ère de prospérité et de gloire commence alors pour les Israélites.

Perdant ce qu'ils pouvaient avoir à l'origine d'individualité historique et passant à l'état de types, Gog et Magog feront désormais partie de la tradition apocalyptique où ils représentent les nations hostiles au règne du Messie et au peuple messianique. C'est en cette qualité qu'ils figurent dans l'Apocalypse de S. Jean, XX, 7 et ss.



b) Adversaire religieux.

1. « L'impie » de II Thess.
Avant que se produise la parousie, un personnage doit se manifester que S. Paul appelle : « l'impie », « l'homme du péché », « le fils de la perdition ». Nul trait politique n'apparaît dans le caractère de ce personnage ni dans son rôle; c'est un adversaire purement religieux. Il agira par séduction et non par violence. Il provoquera une grande apostasie religieuse. Il s'égalera à Dieu, se mettra au-dessus même de lui, réclamera des honneurs divins.

2. La Bête qui monte de la terre, Apocalypse, XIII.
A côté de la Bête qui monte de la mer, symbole de la puissance romaine, S. Jean place une Bête qui monte de la terre. Cette seconde Bête, serviteur et fondé de pouvoirs de la première, s'emploie à promouvoir par voie de séduction, à exiger par voie de contrainte morale, le culte religieux de Rome et de César. Elle remplit un office essentiellement sacerdotal. C'est un adversaire religieux des Saints et de leur Roi.

3. L'Antéchrist des Épitres de S. Jean. Cet adversaire du Christ a pour précurseurs et serviteurs anticipés des hérétiques qui refusent de reconnaître en Jésus le Messie et le Fils de Dieu. Nous sommes fondés à le considérer lui-même comme le négateur par excellence de la Messianité de Jésus et de sa divinité. Son hostilité vis-à-vis de Jésus et des siens est d'ordre purement religieux.

c) Ennemi transcendant.

1. Satan.
C'est Satan en personne qui en plusieurs endroits de l'Apocalypse de S. Jean, mène le combat contre le Christ et les siens. L'assaut final, décrit au ch. XX, nous le montre en particulier dans ce rôle.

2. Bélial.
Ainsi s'appelle dans plusieurs apocalypses juives l'adversaire du Messie lors du conflit eschatologique. Bélial est un esprit de l'air, le prince des esprits mauvais. Il a pour adhérents dans la lutte contre le Messie les membres de la tribu de Dan. S. Paul le connaît comme l'ennemi né du Christ et, pour ainsi dire, son antithèse, II Cor., 15. C'est évidemment le même que Satan.

II. L'Antéchrist.

Parmi ces conceptions à la fois diverses et solidaires ou apparentées, essayons de distinguer et d'isoler celles qui ont trait à l'Antéchrist lui-même, en tant que type particulier d'adversaire du Christ.

a) Dans l'Écriture.
Le point de départ de la recherche doit être évidemment les Épîtres de S. Jean. Nous avons déjà vu que l'Antéchrist dont ces Épîtres nous parlent appartient à la catégorie des adversaires religieux. Ce n'est ni une puissance politique ni un tyran, mais un faux prophète et un séducteur. D'autre part, malgré qu'on lui décerne des titres, tels que le Menteur, qui dans la langue de S. Jean caractérisent ordinairement le diable; malgré qu'on nous montre son esprit déjà présent et actif dans le monde et que, sous cet aspect encore, il soit comme assimilé à Satan; il ne semble pas qu'il dépasse la sphère humaine et que S. Jean veuille nous le présenter comme un être transcendant. En lui-même, ce doit être un être humain mais en qui Satan vit et agit. De même il s'agit d'un individu plutôt que d'une collectivité. Un trait caractéristique de l'Antéchrist, c'est qu'il semble être ce que l'on peut appeler un ennemi domestique. Ce n'est pas un païen. C'est un personnage pour qui le titre et le rôle de Messie ont une importance de premier ordre. Il sort du milieu des chrétiens ou des juifs, comme un hérétique. Enfin son entrée en scène est un fait eschatologique, annonciateur de la parousie imminente.

Retrouvons-nous quelque part ailleurs dans les écrits canoniques du Nouveau Testament des conceptions identiques et dont on puisse affirmer avec cer­titude qu'elles visent l'Antéchrist ? Oui, dans la seconde lettre de S. Paul aux Thessaloniciens, II, 1-12. "L'impie", etc., est lui aussi un adversaire d'essence purement religieuse ainsi qu'il a été dit plus haut. C'est un individu plutôt qu'une collectivité ou que la personnification d'une tendance. C'est un être humain et non pas un esprit, ni Satan en personne. Toutefois il apparaît comme l'instrument et le fondé de pouvoirs de ce dernier. Lui aussi sort évidemment des rangs du peuple messianique. Lui aussi est un ennemi domestique, un antimessie et un pseudomessie. Plusieurs voient une réminiscence des exigences impies de Caligula dans le passage où S. Paul attribue à son Antéchrist la prétention de recevoir clans le temple même de Dieu des honneurs divins. C'est possible. Mais l'apôtre doit voir aussi dans ces prétentions divines de l'Antéchrist la forme extrême de ses prétentions messianiques. Il sera sur ce point en particulier l'antithèse absolue du Christ véritable dont S. Paul décrit les sentiments dans sa lettre aux Philippiens, 5 et ss. L'apparition de ce personnage marquera l'acte suprême d'un mystère d'iniquité qui opère déjà. On a l'impression que ce mystère doit être le rejet obstiné du Christ par les Juifs et leur active hostilité contre lui. Les Epltres de S. Jean, elles aussi, paraissent suggérer cette manière de voir.

En tout ceci la pensée de S. Paul et celle de S. Jean, leur conception de l'Antéchrist, est au fond identique. S. Paul ajoute des explications, obscures pour nous, sur l'obstacle qui empêche, pour le moment, l'impie de se manifester, mais qui doit, un jour, être écarté. Cet obstacle semble bien être une personne, ou une chose, une institution personnifiées. Divers savants ont suggéré récemment l'archange Michel, protecteur d'Israël. Plusieurs Pères ont pensé à l'empire romain.

Malgré qu'ils paraissent considérer l'un et l'autre, S. Jean surtout, la venue de l'Antéchrist comme devant se produire dans un avenir prochain, ni l'un ni l'autre, manifestement, ne savent ni n'enseignent rien de positif et de précis sur ce point.



b) Dans la tradition ecclésiastique primitive.
En général les anciens écrivains ecclésiastiques sont demeurés fidèles à la pensée de S. Paul et du S. Jean des Epîtres. Ils conçoivent l'Antéchrist comme étant essentiellement un séducteur, un faux prophète, un pseudo-messie. Souvent cependant dans le portrait qu'ils en donnent ils se montrent influencés à des degrés divers par les traditions relatives aux autres types d'adversaires du messie.

Sur certains points, les Pères ont cru pouvoir préciser les indications fournies par l'Écriture. Ils ont ajouté quelques traits au signalement de l'Antéchrist qui, selon plusieurs d'entre eux, sortira de Dan, recevra la circoncision, s'appuiera sur les Juifs, se manifestera dans Jérusalem, rebâtira le temple, etc. Ils se sont plu à décrire son mode d'action, ses prodiges et sortilèges. Surtout ils ont cherché à marquer son rôle précis dans les actes divers du drame eschatologique. Ceux d'entre eux enfin qui voyaient dans l'obstacle dont parle S. Paul aux Thessaloniciens l'empire romain suivirent non sans angoisse les crises que traversa cet empire surtout à l'époque des invasions barbares, et vécurent dans l'attente de la venue de l'Antéchrist. La part de conjectures personnelles, d'utilisation de traditions d'origine et de valeur incertaines, d'illusions même, peut être considérable en tout ceci. L'Église elle-même n'y a point engagé son autorité. Officiellement, elle ne sait que ce que S. Paul et les Épîtres de S. Jean lui ont appris. C'est peu de chose et de sens parfois incertain, mais cela échappe à toute objection motivée comme à toute démonstration rationnelle.
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Abbé Zins
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Re: L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

Message par Abbé Zins »

Si vis pacem a écrit :
A. Lemmonyer, O. P. dans le Dictionnaire apologétique de la foi Catholique, col. 146-150 a écrit :
ANTÉCHRIST. — 1. Divers types d'adversaires du Messie. — II. L'Antéchrist : a) Dans l'Écriture ; b) Dans la tradition ecclésiastique primitive.

Seules dans toute la littérature, canonique et apocryphe, de l'Ancien et du Nouveau Testament, les Epîtres de S. Jean ont ce terme d'antéchrist. Étymologiquement l'antéchrist, peut signifier anti-christ et pseudo-christ. Encore que peut-être le second sens ne soit pas loin de son esprit, S. Jean s'attache directement au premier, celui d'adversaire du Christ.

I. Divers types d'adversaires du Messie.

Avant d'étudier de plus près l'Antéchrist dont parle S. Jean, il ne sera pas inutile de dresser le tableau sommaire des divers types d'adversaires du Messie que connaît la tradition apocalyptique, juive et chrétienne. Il y en a trois. Il y a la puissance politique hostile au peuple messianique et persécutrice des Saints. Il y a l'adversaire religieux agissant par séduction. Il y a enfin l'ennemi transcendant. Tous se donnent pour mission et chacun à leur manière s'efforcent d'empêcher l'établissement du règne du Messie et de Dieu.

(....)
L'article du dictionnaire d'Apolégique de A. d'Alès ici opportunément cité par Si vis pacem comporte de nombreux éléments intéressants, mais la synthèse n'en est pas suffisamment claire et précise.
Car elle n'arrive pas à réunir en un seul faisceau complémentaire tous les divers éléments qui se trouvent assez bien traités séparément l'un après l'autre.


Cette question : L'Antéchrist, être personnel ou collectif ? est,

avec celle concernant l'obstacle ayant jusque là retenu l'avènement de l'Antéchrist,

la plus importante pour comprendre à la fois

la nature de la crise apocalyptique de la Grande Apostasie dont nous sommes les tristes contemporains

et son caractère préparatoire par rapport au règne anti-Chrétiens dont nous vivons déjà les caractéristiques.


Comme pour l'interprétation de l'Écriture Sainte, qui ne comporte pas un seul sens mais quatre, beaucoup d'auteurs imaginent à tort qu'un sens exclut forcément un autre différent.

Qu'un sens authentique exclut tout sens contraire ou opposé est manifeste. Par contre, soutenir qu'un authentique sens littéral excluerait tout autre sens spirituel : allégorique, tropologique ou anagogique, est rendre explicite une méconnaissance élémentaire du sujet.


Il en est de même avec la question importante et essentielle ici traitée.

Certains auteurs, qui n'ont le plus souvent étudié cette question qu'en passant, ne cherchent à déterminer si le terme d'Antéchrist désigne un être personnel ou collectif que pour, selon l'angle de vue qu'ils auront adopté, exclure forcément l'autre possibilité.
C'est là une erreur grossière.

Il va être en effet montré à la suite que les deux interprétations sont non seulement possibles en soi, s'appuient toutes deux sur des interprétations patristiques et autorisées, mais encore qu'elles sont dès lors toutes deux authentiques, nullement opposées ou contradictoires mais tout à fait complémentaires, se corroborant et s'enrichissant l'une l'autre.
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Abbé Zins
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Re: L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

Message par Abbé Zins »

Citons d'abord le passage suivant déjà publié ailleurs :

A l'imitation de Notre divin Maître en l'Évangile de ce jour (Mardi 4e S. de Carême), je puis dire avec véracité :
« Ma doctrine n'est pas doctrine.» (Jn. 7,16)
Ma notion de l'Antéchrist n'est pas mienne, elle est celle des Pères et des Saints Docteurs.

Afin de mieux résumer ici le chapitre VII, de mon livre sur l'Antéchrist, intitulé : Notion d'Antéchrist, comportant 2 parties :
1°) Être collectif ; 2°) Être individuel,

distinguons brièvement ici trois termes se rapprochant :

antichrist, anti-Chétiens et Antéchrist.


Le terme antichrist est employé par Saint Jean dans ses Épîtres pour désigner tous ceux qui s'opposent au Christ et refusent de croire en sa divinité.


Cette notion est à la fois élargie et précisée comme suit par les Saints Docteurs : ce terme tiré du grec signifie à la fois un adversaire et une contre-façon du Christ, quelqu'un rejetant le vrai Christ, cherchant à s'en donner les apparences, à prendre sa place ou à se faire passer pour lui, et par extension tout séducteur trompant en usant du Nom du Christ, tout faux prophète ou pseudo-messie.

D'où ce qu'écrit Saint Jérôme (in Mt. 24,5) :
« J'estime, quant à moi, que tous les hérésiarques sont des antéchrists (ou : antichrists : même mot, en latin tiré du grec) qui enseignent au Nom du Christ des choses qui sont opposées au Christ
(cf.a. S. Ambroise in Lc. 21 ; S. Augustin, C.D. 20,19 ; Cornelius in II Thes. 2,3)


Anti-Chrétien(s), désigne ceux qui sont opposés tant au Christ individuel, qu'au Christianisme, au Christ en son Corps Mystique qu'est l'Eglise, qu'à ses membres que sont les Chrétiens.

Antéchrist dérive de anti-Christ et désigne soit personnellement de façon singulière l'Antéchrist individuel, personnel, de la fin du monde, soit le corps social formé par les antichrists ou anti-Chétiens devant lui préparer la voie, celle de son règne mondial éphémère sur les plans à la fois religieux, social et politique.

D'où ce qu'écrit Saint Jean Damascène (De Fide orth. 4,27) que nous fêtions hier :
« Le mot antéchrist est composé de anti, qui marque l'opposition, et de Christos ou Christ.
Dans le sens général, il qualifie tous ceux qui nient la divinité ou l'humanité de Jésus-Christ ;
dans le sens particulier, il dénomme l'infâme scélérat qui doit souiller la terre de ses crimes à la consommation des siècles.»
(cf.a. le Cardinal Saint Robert Bellarmin : Démonstr. vict. de la Foi, ch. 6, in "Controverses" et De Romano Pontifice 3,2)
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Abbé Zins
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Re: L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

Message par Abbé Zins »

« Aucun doute, il dit tout cela de l'Antéchrist.

L'Apôtre déclare que le jour du Jugement (qu'il appelle le Jour du Seigneur) ne doit pas se produire avant l'arrivée de celui qu'il nomme le rebelle, au Seigneur évidemment.
Car si on peut le dire à juste titre de tous les impies, combien plus de celui-là !

Mais en quel Temple de Dieu doit-il s'asseoir, cela est incertain ; sera-ce sur les ruines de ce temple que bâtit le Roi Salomon, ou plutôt dans l'Église ?

En effet, l'Apôtre n'appellerait pas le temple d'une idole ou d'un démon, Temple de Dieu.


C'est pourquoi, en ce passage (II Thes. 2,1-11),

plusieurs veulent voir dans l'Antéchrist,

non pas le chef lui-même,

mais son corps pour ainsi dire tout entie
r
,

c.à.d. la multitude des hommes qui lui appartiennent,

conjointement avec leur chef ;

ils estiment aussi qu'il est préférable de dire en latin,

comme il est dit en grec, non pas qu'

il siégera « dans le Temple de Dieu » ,

mais « en Temple de Dieu » ,

comme s'il était lui-même

le Temple de Dieu qu'est l'Église
;



de même que nous disons : Il s'assied en ami, c.à.d. comme un ami, et mainte autre locution que l'on emploie couramment dans le même sens.»

(Saint Augustin, Cité de Dieu, 20. 19,2)

Ainsi donc, une société apostate, antichrétienne,

installée dans les lieux saints

comme si elle était l'Eglise de Dieu !

Cela ne vous rappelle-t-il rien !?
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Laetitia
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Re: L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

Message par Laetitia »

Voici ce que nous propose l'abbé Arminjon dans sa deuxième conférence : Persécution de l'Antéchrist et conversion des Juifs en 1881, pp.54-55 de son ouvrage Fin du monde présent et mystères de la vie future :
L'abbé Arminjon a écrit : Saint Thomas nous dit que dans sa personne et dans ses œuvres il se manifestera comme l’antipode du Fils de Dieu et qu’il sera la parodie de ses miracles et de ses œuvres.

L’esprit mauvais depuis son origine n’a jamais poursuivi qu’un seul but, celui d’usurper la place du Tout‑Puissant, de se constituer ici‑bas un royaume qui le dédommage du royaume du Ciel, dont sa révolte l’a exclu, et pour atteindre plus sûrement ce but, il a coutume, dit Tertullien, de se faire le singe de Dieu, de le contrefaire dans toutes ses œuvres.

L’adversaire des derniers temps ne se posera donc pas seulement comme l’ennemi déclaré et personnel de Jésus‑Christ. Mais il aspirera ouvertement à le détrôner, à le supplanter dans les hommages et la vénération des hommes, à se faire adjuger à lui-même l’adoration et la gloire qui ne sont dues qu’au Créateur. Il affirmera, dit saint Thomas, qu’il est l’Être suprême et éternel, et à ce titre il se fera rendre des honneurs et un culte de latrie. Ainsi, il aura des prêtres, il se fera offrir des sacrifices, exigera que son nom soit invoqué dans les serments et que les hommes s’en servent pour sceller la foi des traités : Ita ut ostendens tanquam sit Deus. Afin de mieux accréditer cette persuasion, il opposera aux révélations divines de fausses révélations ; aux cérémonies du culte divin, ses rites impies : à l’Église éternelle fondée par Jésus‑Christ, une société abominable, dont il sera le chef et le pontife. Et de même, ajoute saint Thomas, que la plénitude de la Divinité habite corporellement dans le Verbe incarné, ainsi la plénitude de tout mal habitera dans cet homme effroyable, dont la mission et les œuvres ne seront qu’une copie à rebours et une exécrable contrefaçon de la mission et des œuvres de Jésus‑Christ.
Cela rejoindrait l'explication précédente de monsieur l'abbé, si l'on considère l'Antéchrist comme étant cette société abominable dont parle l'abbé Arminjon et non son chef.
Si vis pacem
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Re: L'Antéchrist, être personnel ou collectif ?

Message par Si vis pacem »

Cardinal Lépicier - Tractatus de Novissimis, Paris 1921, pp.351-352 a écrit : Realis Antichristi persona. — Nonnullorurn fuit sententia, per Antichristum, non singularem personam, in fine mundi adventuram, designari, sed quemcumque hominem Christo contrarium, ut Iulianum Apostatam, Arium, Mahumetum, vel etiam generalius crescentem in fine saeculorum infidelitatem. — Contra quos sedulo retinendum est, ex mente Scripturae, per Antichristum designari determinatam personam, in fine mundi prodituram, ad Christum eiusque salvificam operam acriter debellandam. Sic quippe de eo expresse legimus (1) : Homo peccati, filius perditionis, qui adversatur et extollitur supra omne quod dicitur Deus aut colitur, ita ut templo Dei sedeat, ostendens se tanquam sit Deus (2).

Notandum. — Opportune autem hic monebitur, interdum, Scripturae more, nomen hoc, Antichristus, communiter stare pro designando quocumque Incar­nationis dominicae adversario, iuxta illud (3) : Quis est mendax, nisi is qui negat quoniam Iesus est Christus? Hic est Antichristus, qui negat Patrem et Filium ; quocirca nomen Antichristus intelligi potest dictum per antonomasiam, quatenus ille unus in se adunabit omnem quae in ceteris hominibus sparsa invenitur. — Quae cum ita sint, praesentis articuli finis est ostendere tum quanta convenientiae ratione Deus decreverit ut Antichristi adventus mundi extrema praenuntiet, tum quibusnam characteribus praeditus ille apparere debeat.


(1) - 2 Thessal., II, 3, 4.
(2) - Omittimus plurium protestanticorum hominum deliramenta qui, duce Luthero, eousque insaniam produxerunt, ut nomine Antichristi, antonomastice in Scriptura significari censuerint Romanum Pontificem, cui proinde eos attribuunt characteres, quibus homo ille peccati ab inspiratis auctoribus dotatus exhibatur.
(3) - 1 Io., II. 22.
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