Reprenons « les normes de l'élection papale qui ont eu cours jusqu'à Paul VI inclusivement » :A. Schneider a écrit :
L’Église a toujours enseigné que même une personne hérétique, qui est automatiquement excommuniée pour cause d’hérésie formelle, peut néanmoins validement administrer les sacrements et qu’un prêtre hérétique ou formellement excommunié peut même dans un cas extrême poser un acte de juridiction en accordant à un pénitent l’absolution sacramentelle. Les normes de l’élection papale qui ont eu cours jusqu’à Paul VI inclusivement, admettaient que même un cardinal excommunié pouvait participer à l’élection du pape et qu’il pouvait lui-même être élu pape : « Aucun cardinal électeur ne peut d’aucune manière être exclu de la participation active et passive à l’élection du Souverain Pontife pour le motif ou sous le prétexte de n’importe quelle excommunication, suspense, interdit ou autre empêchement ecclésiastique ; ces censures doivent être considérées comme suspendues, mais seulement en ce qui concerne cette élection » (Paul VI, Constitution Apostolique Romano Pontifice eligendo, n. 35).
Ce principe théologique doit être appliqué également au cas d’un évêque hérétique ou d’un pape hérétique, qui en dépit de leurs hérésies peuvent validement poser des actes de juridiction ecclésiastique et qui par conséquent ne perdent pas ipso facto leur office pour cause d’hérésie.
Clément V – Ne Romani, 6 décembre 1311, § 4 a écrit :
§ 4. Caeterum, ut circa electionem praedictam eo magis vitentur dissensiones, et schismata, quo minor eligentibus aderit dissidendi facultas, decernimus, ut nullus Cardinalium cujuslibet excommunicationis, suspensionis, aut interdicti praetextu, a dicta valeat electione repelli, juribus aliis circa electionem eandem hactenus editis, plene in suo robore duraturis.
Pie IV – In eligendis, 9 octobre 1562, § 29 a écrit :
§ 29. Et ne dissensionis occasio aut schismatis oriatur, volumus, censurarum et excommunicationum praefatarum et aliarum quarumcumque praetextu, cardinales a Pontificis electione active vel passive excludi nullo modo posse, quas quidem excommunicationes et censuras, ad electionis effectum tantum, illis alias in suo robore permansuris, suspendimus et suspensas esse volumus et declaramus. Decernentes quoque excommunicationes et censuras ipsas eum solum afficere, qui deliquerit, non autem alios conclavi durante cum eo conversantes.
Grégoire XV – Æterni Patris Filius, 15 novembre 1621, § 22 a écrit :
§ 22. Volumus etiam et decernimus, censurarum et excommunicationum praedictarum et aliarum quarumcumque praetextu vel causa cardinales a summi Pontificis electione activa et passiva excludi nullo modo posse, quas quidem censuras et excommunicationes ad effectum huiusmodi electionis tantum, illis alias in suo robore permansuris, suspendimus ; decernentes easdem excommunicationes et censuras eos solum afficere, qui deliquerint, non autem alios, conclavi durante, qui cum iis conversati fuerint.
Saint Pie X – Vacante Sede Apostolica, 25 décembre 1904, § 29 a écrit :
§ 29. Nullus Cardinalium, cuiuslibet excommunicationis, suspensionis, interdicti aut alius ecclesiastici impedimenti praetextu vel causa a Summi Pontificis electione activa et passiva excludi ullo modo potest ; quas quidem censuras et excommunicationes ad effectum huiusmodi electionis tantum, illis alias in suo robore permansuris, suspendimus.
Pie XII – Vacantis Apostolicae Sedis, 8 décembre 1945, § 34 a écrit :
§ 34. Nullus Cardinalium, cuiuslibet excommunicationis, suspensionis, interdicti aut alius ecclesiastici impedimenti praetextu vel causa a Summi Pontificis electione activa et passiva excludi ullo modo potest ; quas quidem censuras ad effectum huiusmodi electionis tantum, illis alias in suo robore permansuris, suspendimus.
Encore une fois, sans entrer dans de grandes considérations, l'affirmation de l'auteur est battue en brèche par la simple lecture du Magistère !Montini - Romano pontifici eligendo, 1 octobre 1975, § 35 a écrit :
§ 35. Nullus Cardinalis elector, cuiuslibet excommunicationis, suspensionis, interdicti aut alterius ecclesiastici impedimenti causa vel praetextu, a Summi Pontificis electione activa et passiva excludi ullo modo potest; quae quidem censurae, ad effectum huiusmodi electionis tantum, suspensae putandae sunt.
Nous voyons bien en effet que « même un cardinal excommunié pouvait participer à l’élection du pape et qu’il pouvait lui-même être élu pape » cependant la raison de cette mesure nous est donnée : « Afin que ne naisse aucune occasion de dissension ou de schisme. »
Comment dès lors accepter une explication aussi fumeuse que celle avancée par Schneider, puisque l'électeur hérétique (et pourquoi pas comme élu) serait un facteur plus pernicieux encore que les dissensions ou les schismes ? L'explication donnée n'est donc qu'une absurdité de plus !