Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

Si vis pacem
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

Message par Si vis pacem »

  A. Schneider a écrit :
En ces temps-là, les fidèles et la hiérarchie de l’Église savaient faire une claire distinction entre l’indestructible unité de la foi catholique dont le magistère du siège de Pierre a reçu l’assurance divine, et l’infidélité et la trahison d’un pape donné, dans l’exercice de son office magistériel.
Eh bien nous y voilà ... On ne peut attaquer de front l'infaillibilité pontificale ... Utilisons alors le subterfuge dénoncé notamment par le cardinal Manning  :
  Mgr Manning - Histoire du concile œcuménique du Vatican, Paris, 1871 a écrit :
si le Chef suprême de l’Église est infaillible dans ses décisions dogmatiques solennelles, cette infaillibilité s’attache à sa personne. Elle a été promise et donnée à saint Pierre, et elle subsiste dans les successeurs légitimes de saint Pierre. Elle n’appartient pas in solidum à l’Église particulière de Rome comme formant une agrégation d’individus ; elle n’appartient pas à la chaire ou au siège de Rome comme étant une chose distincte du Pape. La distinction entre la sedes (le siège) et le sedens (le siégeant) est un subterfuge moderne des jansénistes, inconnu à l’antiquité, qui a toujours entendu la personne de l’Évêque suprême, qu’elle attribuât l’inerrance directement à lui ou métaphoriquement à son siège. Si le Pape est infaillible, il est personnellement infaillible.
  A. Schneider a écrit :
Dom John Chapman a expliqué dans son livre The Condemnation of Pope Honorius (« La condamnation du pape Honorius », Londres, 1907) que le même troisième conseil œcuménique de Constantinople qui avait frappé d’anathème le pape Honorius avait fait une claire distinction entre l’erreur d’un pape particulier et l’infaillibilité de la foi du Siège apostolique en tant que tel. Dans la lettre par laquelle ils demandaient au pape Agathon (678-681) d’approuver les décisions conciliaires, les pères du troisième concile œcuménique de Constantinople affirment que Rome a une foi indéfectible, promulguée d’autorité à l’ensemble de l’Eglise par les évêques du Siège apostolique, les successeurs de Pierre. On peut poser la question : comment était-il possible que le troisième concile œcuménique de Constantinople puisse affirmer cela en condamnant dans le même souffle un pape pour hérésie ?
Saint Alphonse, citant le R.P. Noël Alexandre, vous répond  :
  Saint Alphonse de Liguori - Histoire des hérésies a écrit :
le sixième concile général n'a pas condamné le pape Honorius comme coupable de monothélisme, mais bien pour son indulgence envers les sectateurs de cette hérésie ; c'est ce que dit bientôt après le pape Léon II, le meilleur interprète du concile, comme l'appelle [Noël Alexandre]. Dans sa lettre à Constantin Pogonat pour la confirmation du concile, après avoir énuméré les hérétiques condamnés, comme inventeurs de la nouvelle hérésie, à savoir Théodore de Pharan, Cyrus d'Alexandrie, Sergius, Pyrrhus, Paul et Pierre, qui avaient occupé le siège de Constantinople, il anathématise de même le pape Honorius, non pour avoir adopté leur faux dogme, mais pour l'avoir laissé debout.
Si vis pacem
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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  A. Schneider a écrit :
La réponse est évidente. Le pape Honorius Ier était faillible, il avait tort, il était hérétique
Avec la multitude des auteurs catholiques ayant traité du sujet et en conformité avec le concile du Vatican, saint Alphonse apporte un démenti à cette affirmation  :
  Saint Alphonse de Liguori - Histoire des hérésies a écrit :
 Nous ne nions pas cependant qu'Honorius ait été coupable en imposant silence à quiconque parlait, soit d'une, soit de deux volontés ; puisque, quand il s'agit d'erreur, c'est la favoriser que d'imposer silence, et que partout où une erreur se glisse, il faut la mettre à nu et la terrasser : et ce fut en ce point que manqua Honorius. Au reste, il est indubitable qu'il n'embrassa jamais l'hérésie des monothélites, quoi qu'en disent ses adversaires.
  A. Schneider a écrit :
précisément parce qu’il n’a pas, comme il aurait dû le faire, affirmé d’autorité la tradition pétrinienne de l’Église romaine. Il n’en avait en rien appelé à cette tradition, se contentant au contraire d’approuver et de faire prendre de l’importance à l’hérésie. Mais une fois désavouées par ses successeurs, les paroles du pape Honorius Ier devenaient inoffensives par rapport à la réalité de l’infaillibilité de la foi du Siège apostolique. Elles se retrouvaient réduites à leur véritable valeur, celle de l’expression de son opinion personnelle.

Le saint pape Agathon ne se laissa pas embrouiller ni troubler par le comportement déplorable de son prédécesseur Honorius Ier

Il y a ici contradiction avec la déclaration même du Pape et du Concile  :
  Mgr Dechamps – Deuxième lettre au R.P. Gratry a écrit :
Ecoutez les paroles d'Agathon à ses légats, paroles que le Concile a faites siennes : « La lumière splendide de la foi, parvenue successivement des bienheureux apôtres Pierre et Paul, à travers leurs successeurs, jusqu'à notre humilité, s'est conservée pure et sans tache sans être jamais obscurcie par l'hérésie, ni souillée par l'erreur

Et vous voulez que le Concile qui confesse la vérité de ces paroles ait condamné Honorius comme ayant enseigné l'hérésie, et cela ex cathedra ! Le VI° Concile avait donc perdu la mémoire et le sens commun. Noël Alexandre vous apprend à tirer des faits conciliaires une conclusion plus légitime : Concludimus itaque Honorium a sancta Synodo damnatum non fuisse ut hæreticum, sed ut hæreseos et hæreticorum fautorem, utque reum negligentiæ in illis cœrcendis.
  A. Schneider a écrit :
Malgré ce fait, le pape Agathon conserva sa vision surnaturelle de l’inerrance du siège de Pierre par rapport à l’enseignement de la foi, comme il devait l’écrire aux empereurs de Constantinople : « Voilà la véritable règle de la foi, que notre mère spirituelle a toujours conservée et défendue dans le succès comme dans l’adversité. Par la grâce du Dieu tout puissant, cette Église ne tombera jamais dans l’erreur et ne s’écartera jamais du droit chemin de la tradition apostolique. Elle n’a jamais succombé et ne s’est jamais trouvée corrompue par les nouveautés des hérétiques. Au contraire, dès les origines de la foi chrétienne, elle a reçu le soutien de ses fondateurs, les princes des apôtres du Christ, et elle demeure sans tache jusqu’à la fin, conformément à la promesse de Notre-Seigneur et Sauveur, et à la parole qu’il adressa dans les saints Évangiles au prince de ses disciples : “Pierre, Pierre, voilà que Satan vous a recherché pour vous cribler comme on crible le froment ; mais j’ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point : lors donc que vous vous serez converti, ayez soin d’affermir vos frères” (Luc XXII, 32). » (Ep. “Consideranti mihi” ad Imperatores.)
L'arrêt de la citation à cet endroit précis (cf. pour le passage complet Mansi, tome XI, col. 242B) permet d'appréhender le sophisme sur lequel est bâtie l'argumentation de Schneider ; toujours cette distinction entre le Siège et le siègeant que le cardinal Dechamps va qualifier, après avoir cité le passage en son entier, de « rêve de la distinction du Siège et de celui qui l'occupe » :
  Mgr Dechamps – Deuxième lettre au R.P. Gratry a écrit :
Ecoutez encore les paroles d'Agathon à l'empereur, paroles souscrites par le Concile comme les paroles de Pierre toujours jugeant dans ses Successeurs :
« Voilà la règle de la vraie foi, dit-il à l'empereur, cette règle que, dans les prospérités et les adversités, n'a cessé de maintenir et de défendre la mère spirituelle de votre empire, l'Église apostolique du Christ. Cette Église par la grâce du Dieu tout-puissant, ne s'est jamais écartée du sentier de la tradition apostolique ; jamais elle n'a succombé à la dépravation des nouveautés hérétiques ; mais le dépôt que, dès l'origine de la foi chrétienne, elle a reçu de ses auteurs, les princes des Apôtres, elle le conserve sans tache, suivant la promesse que notre Maître et Sauveur Jésus-Christ a faite au premier de ses Apôtres : "Pierre, voici que Satan a demandé de vous passer au crible, comme le froment  ; mais moi j'ai prié pour vous afin que votre foi ne défaille point ; et vous, quand vous vous serez converti, confirmez vos frères." Que votre clémence daigne donc considérer que c'est le Seigneur et le Sauveur de tous, l'auteur de notre foi qui a promis que la foi de Pierre ne défaillirait jamais, et lui a ordonné de confirmer ses frères. C'est ce qu'ont fait avec confiance, comme personne ne l'ignore, tous les Pontifes apostoliques, nos prédécesseurs ; et quelle que soit mon infériorité et ma faiblesse, puisque je suis l'héritier de leur ministère, je suis résolu à suivre leurs traces. » Voilà bien l'infaillibilité de l’Église romaine ou du Saint-Siège, appuyée sur la promesse faite à Pierre et à ses successeurs, et le rêve de la distinction du Siège et de celui qui l'occupe, dissipé par ces paroles souscrites par un Concile général …
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

Message par Abbé Zins »

A. Schneider a écrit :
Dom Prosper Guéranger a donné une explication théologique courte et lucide de ce cas concret d’un pape hérétique. Il affirme :

« Quels applaudissements dans l’abîme, quand, un jour, [Honorius Ier] le représentant de Celui qui est la lumière parut de complicité avec les puissances des ténèbres pour amener la nuit ! Un nuage avait semblé s’interposer entre le ciel et les monts où Dieu réside en son vicaire ; sans doute, l’apport social de l’intercession n’avait point été ce qu’il devait être.» (L’Année Liturgique, Paris 1911, Le temps après la Pentecôte, Tome 3, p. 403.)

Dom Prosper Guéranger se montre ici très circonspect : parut de complicité ; Un nuage avait semblé s’interposer ..

Et A.S. cherche ici encore à lui faire dire au sujet d’Honorius le contraire de ce qu’il démontre.
Si vis pacem
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
Dom Prosper Guéranger a donné une explication théologique courte et lucide de ce cas concret d’un pape hérétique.
A priori notre auteur a quelque difficulté de lecture ... dom Guéranger nous l'assure : « Ce n'est point comme Pape qu'Honorius a été anathématisé par le VI° Concile » :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870) a écrit :
S'il est quelque chose de démontré, c'est qu'Honorius n'a point enseigné à l'Église le monothélisme, c'est que sa lettre à Sergius, et pour le fond et pour la forme, est totalement dépourvue des caractères d'une définition doctrinale. Ce n'est donc point comme Pape qu'Honorius a été anathématisé par le VI° Concile ; ce ne peut être que comme docteur privé. […] Honorius, comme homme privé, a-t-il été ce qu'en bonne théologie on appelle un hérétique ? En émettant un tel doute, je sais bien à quoi je m'expose. Le R. P. Gratry qui lance l'excommunication contre Monseigneur de Westminster, ne m'épargnera certainement pas, moi simple prélat inférieur.
Comment alors notre bénédictin pourrait-il nous donner « une explication théologique courte et lucide de ce cas concret d’un pape hérétique » ?

A. Schneider a écrit :
Il y a en outre un autre fait de poids : pendant deux mille ans, il n’y a pas eu un seul cas d’un pape déposé pendant la durée de son office à cause du crime d’hérésie. Le pape Honorius Ier a été déclaré anathème seulement après sa mort.
Schneider nous montre par cet aveu l'inanité de son attaque ; il est donc bien vrai ce constat :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870) a écrit :
on exhibe Honorius, on s'en fait un trophée ; en décriant l'infortuné Pontife, on croit avoir tout gagné. Ce fut une illusion chez les Jansénistes au dix-huitième siècle ; c'en est une encore aujourd'hui (contre la définition dogmatique de l'infaillibilité pontificale), chez les demeurants du gallicanisme. Les courageux évêques qui bravèrent les audaces du parti soutinrent avec fermeté dans leurs savants mandements, que la lettre d'Honorius ne fut point adressée par lui à l'Église, qu'elle n'eut jamais le caractère de définition de foi, et que jusqu'au sixième Concile, ce qui donne une période de quarante ans, elle n'eut jamais d'autre caractère que celui d'écrit privé.
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
Le dernier exemple d’un pape hérétique ou semi-hérétique est celui du pape Jean XXII (1316-1334) qui avait enseigné sa théorie selon laquelle les saints ne jouiraient de la vision béatifique qu’après le Jugement dernier lors du Second avènement du Christ.

La manière dont ce cas particulier a été traité à l’époque était celle-ci : il y eut des admonestations publiques (l’université de Paris, le roi de France Philippe VI), une réfutation des théories papales erronées à travers des publications théologiques, et une correction fraternelle de la part du cardinal Jacques Fournier, qui devait lui succéder sous le nom de Benoît XII (1332-1342).

L’Eglise, dans les cas concrets très rares d’un pape coupable d’erreurs théologiques graves ou d’hérésie, parvenait décidément à vivre avec un tel pape.

La pratique de l’Eglise jusqu’à présent a été de laisser le jugement définitif à propos d’un pape hérétique régnant aux soins de ses successeurs ou d’un concile œcuménique ultérieur, comme ce fut le cas pour le pape Honorius Ier. La même chose se fût probablement produite pour le pape Jean XXII s’il n’avait pas rétracté son erreur.


Le Pape Jean XXII a toujours présenté comme une opinion privée ce qu’il soutenait, à savoir le report de la vision béatifique après la Parousie et la résurrection générale (point alors non encore défini même si le contraire était l’enseignement commun) ; n’a pas cherché à la prétendre obligatoire, et de surcroît, sur l’intervention de la Sorbonne et de multiples autorités ecclésiastiques s’opposant à son erreur, a fini par l’abandonner.

Le contraire ayant été défini par Benoît XII, son successeur.
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
Le dernier exemple d’un pape hérétique ou semi-hérétique est celui du pape Jean XXII (1316-1334) qui avait enseigné sa théorie selon laquelle les saints ne jouiraient de la vision béatifique qu’après le Jugement dernier lors du Second avènement du Christ.
« Pape hérétique » ?! :
  Histoire littéraire de la France. Paris, 1938, tome 37 a écrit :
[Benoit XII] prit à tâche de résoudre la controverse très vive que lui avait léguée son prédécesseur sur la vision béatifique. On se rappelle que, sur cette question, Benoit XIl, au temps où il n'était que cardinal, avait professé ouvertement la doctrine traditionnelle, conforme à celle de la majorité des théologiens, mais contraire à l'opinion émise par Jean XXII en tant que docteur privé.
A. Schneider a écrit :
La manière dont ce cas particulier a été traité à l’époque était celle-ci : il y eut des admonestations publiques (l’université de Paris, le roi de France Philippe VI), une réfutation des théories papales erronées à travers des publications théologiques, et une correction fraternelle de la part du cardinal Jacques Fournier, qui devait lui succéder sous le nom de Benoît XII (1332-1342).
« Théories papales » ?! :
  Histoire littéraire de la France. Paris, 1938, tome 37 a écrit :
La controverse prit une grande extension en Occident lorsque Jean XXII, à la vérité comme docteur privé, prit ouvertement parti pour la thèse des Orientaux.

Le pontife, fidèle à son habitude d'avoir recours aux experts, provoqua Jacques Fournier à étudier cette question. De cette invitation résultèrent trois écrits. L'un d'eux, qui paraît perdu, avait trait aux accusations d'hérésie dirigées contre Jean XXII, à propos de la vision béatifique, par les franciscains rebelles, Michel de Césène (s'appuyant sur les doctrines d'Olivi), Ockham et leurs partisans ; nous ne savons sur quel terrain s'était placé le cardinal de Sainte-Prisque. En revanche, les deux autres écrits nous sont parvenus, à savoir : le mémoire De statu animarum sanctorum ante generale judicium, et celui intitulé Decem quæstiones in Durandum. Ils parurent à des époques très rapprochées l'une de l'autre, sans qu'on puisse en établir l'ordre chronologique ; ils datent vraisemblablement des derniers temps, peut-être de la dernière année du pontificat de Jean XXII.

Nous ne connaissons ces mémoires que par une recension faite d'après les ordres et sous la direction de l'auteur lorsqu'il fut devenu chef de l'Église, et sans doute quand il eut tranché la controverse par la bulle Benedictus Deus, réprouvant l'opinion de Jean XXII. Cette recension est contenue dans le très beau manuscrit 4006 de la Vaticane, dont la présence à la librairie pontificale est constatée au temps de Grégoire XII. Le pontife ne manqua point de marquer la ferme intention de laisser à ces écrits leur caractère d'œuvres privées, ne contenant que des opinions personnelles de l'auteur, si élevé que pût être son rang dans la hiérarchie.
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
L’Église, dans les cas concrets très rares d’un pape coupable d’erreurs théologiques graves ou d’hérésie, parvenait décidément à vivre avec un tel pape.
« pape coupable d’erreurs théologiques graves ou d’hérésie » ?! ... Ce ne semble pas être le sentiment de Benoît XII :
  Louis François Guérin - Dictionnaire de l'histoire universelle de l'Église. Montrouge, 1857, tome III a écrit :
« Au reste, continue la Préface du Pape Benoît, quoique tout ce qui a été avancé par mon prédécesseur soit de vive voix, soit par écrit, n'ait été que pour le sentiment que je combats, il a néanmoins toujours déclaré au peuple dans les églises, et aux prélats de sa cour dans les consistoires, qu'il ne parlait ainsi que par forme de conférence et pour éclaircir la vérité sur une opinion jusque-là peu soutenue. C'est ce qu'il a encore assuré sur la fin de sa vie, et de plus il a fait un Acte qu'il se proposait d'ériger en bulle, par lequel il déclare qu'il avait cru et qu'il croyait sincèrement que les âmes saintes voient Dieu face a face avant le jugement général. Je dis tout cela dans cette Préface, de peur qu'on ne s'imagine que mon prédécesseur a tenu et assuré le contraire de ce que j'ai décidé, de l'avis des cardinaux, après mon élévation au pontificat. »

cf. Baronius – Annales ecclesiastici, Tome 25, p. 29 n. 22
  
A. Schneider a écrit :
La pratique de l’Église jusqu’à présent a été de laisser le jugement définitif à propos d’un pape hérétique régnant aux soins de ses successeurs ou d’un concile œcuménique ultérieur, comme ce fut le cas pour le pape Honorius Ier.
Écoutons alors le jugement de Benoit XII sur le sujet qui nous occupe :
  Louis François Guérin - Dictionnaire de l'histoire universelle de l'Église. Montrouge, 1857, tome III a écrit :
« C'est pourquoi Dieu m'ayant donné dans son Église le rang que j'y occupe, j'ai résolu, à l'exemple des deux princes des apôtres, de réfuter de tout mon pouvoir les opinions qui se sont élevées contre la saine doctrine, depuis le temps que j'ai été élevé au cardinalat : en quoi j'ai suivi le mouvement de ma conscience et les ordres que m'en avait donnés le Pape Jean XXII, mon prédécesseur, mon bienfaiteur et mon père. »

cf. Baronius – Annales ecclesiastici, Tome 25, p. 26 n. 9
  
A. Schneider a écrit :
La même chose se fût probablement produite pour le pape Jean XXII s’il n’avait pas rétracté son erreur.
Drôle de « rétractation » ... !
  Louis François Guérin - Dictionnaire de l'histoire universelle de l'Église. Montrouge, 1857, tome V a écrit :
Le 3 décembre [1334] [Jean XXII] fit venir des secrétaires auxquels il dicta la déclaration suivante, qu'il avait faite d'abord de vive voix devant les cardinaux : De peur qu'on interprète mal nos sentiments, et que l'on ne dise que nous avons eu ou que nous avons une opinion contraire à l’Écriture sainte, ou à la foi orthodoxe, nous déclarons et protestons expressément que, sur la question de la vision de l'essence divine par les âmes saintes, comme sur tout autre objet, nous n'avons eu intention, en ce que nous avons dit, allégué ou proposé dans nos conférences ou sermons, ni de déterminer, ni de décider, ni d'admettre rien qui fût contraire à l’Écriture ou à la foi. Si, par hasard, il nous est échappé quelque chose qui n'y semble pas conforme, notre volonté n'y a été pour rien, et nous le révoquons expressément, renonçant à garder et à défendre cette opinion pour le présent et pour l'avenir.
  
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
Des papes ont plusieurs fois été déposés par le pouvoir séculier ou par des clans criminels. Cela s’est produit particulièrement au cours de ce qu’on appelle l’âge des ténèbres (Xe et XIe siècles) où des empereurs germaniques déposèrent plusieurs papes indignes, non point à cause de leur hérésie mais en raison de leur vie scandaleuse et immorale, et de leurs abus de pouvoir. Cependant, ils ne furent jamais déposés selon une procédure canonique, car cela est impossible en raison de la structure divine de l’Eglise. Le pape reçoit son autorité directement de Dieu et non de l’Eglise ; par conséquent, l’Eglise ne peut le déposer, pour quelque raison que ce soit.

Athanasius Schneider n’est ici pas assez précis, niant péremptoirement ailleurs en son étude ce qu’enseignent les Papes et Saints Docteurs cités plus haut et plus bas.

« Si jamais le Pape, comme personne privée tombait dans l'hérésie, il serait à l'instant déchu du Pontificat ; car comme il serait alors hors de l'Eglise, il ne pourrait plus en être la tête ; l'Eglise devrait alors non pas le déposer, puisque personne n'a autorité sur le Pape, mais le déclarer déchu du Pontificat.» (Saint Alphonse de Liguori, Oeuvres complètes t. 9 p. 232)

« Respondemus, quod si unquam papa ut privata persona in heresim incideret, tunc ipse statim a papatu decideret, cum enim tunc esset extra Ecclesiam, Ecclesiae caput amplius esse non posset. Unde eo casu Ecclesia deberet non quidem eum deponere, quia nemo supra papam jus habet, sed eum a pontificatu lapsum declarare. Diximus, papa ut privata persona, laberetur haresim ; nam papa tanquam papa, nempe docens totam Ecclesiam ex cathedra, non posset aliquem errorem contra fidem docere..» (De suprema Pontificis potestate, ch. 8, n. 8)

« Non potest exui jam nudatus » (6e décret, Gratien caus. 24 q 1 c 1)


En outre, il commence ici à mettre sur un même plan ce qui se rapporte à la confession publique de la Foi et ce qui concerne le comportement moral personnel.
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
C’est un dogme de foi que le pape ne peut proclamer l’hérésie ex cathedra. Il s’agit là de la garantie divine selon laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur la cathedra veritatis, c’est-à-dire le Siège apostolique de l’apôtre saint Pierre. Dom John Chapman, expert de l’histoire de la condamnation du pape Honorius Ier, écrit : « L’infaillibilité est en quelque sorte la pointe d’une pyramide. Plus les énoncés du Siège apostolique sont solennels, plus nous pouvons être certains de leur véracité. Lorsqu’ils atteignent le maximum de solennité, c’est-à-dire : lorsqu’ils sont strictement ex cathedra, la possibilité de l’erreur est entièrement éliminée. L’autorité d’un pape, même dans les occasions où il n’est pas effectivement infaillible, doit être suivie et révérée sans réserve. Qu’elle puisse se trouver du mauvais côté est une contingence dont la foi et l’histoire ont montré qu’elle est possible » (The Condemnation of Pope Honorius, Londres 1907, p. 109).
La doctrine véhiculée par dom Chapman (voyez le § 23), n'est pas tout à fait celle de la Constitution dogmatique Pastor Æternus : « dans le Siège Apostolique c'est sans tâche toujours que la religion catholique a été conservée et la sainte doctrine publiée. »

Comme quoi on peut être « expert de l'histoire de la condamnation du pape Honorius Ier » et piètre théologien catholique … Mais ceci s'explique peut-être par les antécédents anglicans de dom Chapman ...
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
C’est un dogme de foi que le pape ne peut proclamer l’hérésie ex cathedra. Il s’agit là de la garantie divine selon laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur la cathedra veritatis, c’est-à-dire le Siège apostolique de l’apôtre saint Pierre.

Athanasius Schneider devrait donc d’autant plus méditer ceci :

« Il est hors de doute que si un Pape était hérétique déclaré (manifeste), comme le serait celui qui définirait publiquement une doctrine opposée à la loi divine, il pourrait, non pas être déposé par un Concile, mais être déclaré [déjà] déchu du Pontificat en sa qualité d'hérétique.» (Saint Alphonse de Liguori, Oeuvres complètes t.9 p. 262)

« Respondetur non esse dubius quod si papa esset haereticus declaratus, sicut ille qui publice aliquam doctrinam lege divinae oppositam defineret, posset a concilio non quidem deponi, sed tanquam haereticus a pontificatu declarari lapsus..» (De suprema Pontificis potestate, ch. 9, n. 19)


Autrement dit, si quelqu’un tenu jusque là comme Pape faisait ainsi ce que la Foi nous enseigne qu’un Souverain Pontife légitime ne saurait faire, cet individu montrerait par là que, malgré les apparences contraires, il n’était pas ou plus Pape au moment d’une telle apparente définition publique.
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