A. Schneider a écrit :
La réponse est évidente. Le pape Honorius Ier était faillible, il avait tort, il était hérétique
Avec la multitude des auteurs catholiques ayant traité du sujet et en conformité avec le concile du Vatican,
saint Alphonse apporte un démenti à cette affirmation :
Saint Alphonse de Liguori - Histoire des hérésies a écrit :
Nous ne nions pas cependant qu'Honorius ait été coupable en imposant silence à quiconque parlait, soit d'une, soit de deux volontés ; puisque, quand il s'agit d'erreur, c'est la favoriser que d'imposer silence, et que partout où une erreur se glisse, il faut la mettre à nu et la terrasser : et ce fut en ce point que manqua Honorius. Au reste, il est indubitable qu'il n'embrassa jamais l'hérésie des monothélites, quoi qu'en disent ses adversaires.
A. Schneider a écrit :
précisément parce qu’il n’a pas, comme il aurait dû le faire, affirmé d’autorité la tradition pétrinienne de l’Église romaine. Il n’en avait en rien appelé à cette tradition, se contentant au contraire d’approuver et de faire prendre de l’importance à l’hérésie. Mais une fois désavouées par ses successeurs, les paroles du pape Honorius Ier devenaient inoffensives par rapport à la réalité de l’infaillibilité de la foi du Siège apostolique. Elles se retrouvaient réduites à leur véritable valeur, celle de l’expression de son opinion personnelle.
Le saint pape Agathon ne se laissa pas embrouiller ni troubler par le comportement déplorable de son prédécesseur Honorius Ier
Il y a ici
contradiction avec la déclaration même du Pape et du Concile :
Mgr Dechamps – Deuxième lettre au R.P. Gratry a écrit :
Ecoutez les paroles d'Agathon à ses légats, paroles que le Concile a faites siennes : « La lumière splendide de la foi, parvenue successivement des bienheureux apôtres Pierre et Paul, à travers leurs successeurs, jusqu'à notre humilité, s'est conservée pure et sans tache sans être jamais obscurcie par l'hérésie, ni souillée par l'erreur.»
Et vous voulez que le Concile qui confesse la vérité de ces paroles ait condamné Honorius comme ayant enseigné l'hérésie, et cela ex cathedra ! Le VI° Concile avait donc perdu la mémoire et le sens commun. Noël Alexandre vous apprend à tirer des faits conciliaires une conclusion plus légitime : Concludimus itaque Honorium a sancta Synodo damnatum non fuisse ut hæreticum, sed ut hæreseos et hæreticorum fautorem, utque reum negligentiæ in illis cœrcendis.
A. Schneider a écrit :
Malgré ce fait, le pape Agathon conserva sa vision surnaturelle de l’inerrance du siège de Pierre par rapport à l’enseignement de la foi, comme il devait l’écrire aux empereurs de Constantinople : « Voilà la véritable règle de la foi, que notre mère spirituelle a toujours conservée et défendue dans le succès comme dans l’adversité. Par la grâce du Dieu tout puissant, cette Église ne tombera jamais dans l’erreur et ne s’écartera jamais du droit chemin de la tradition apostolique. Elle n’a jamais succombé et ne s’est jamais trouvée corrompue par les nouveautés des hérétiques. Au contraire, dès les origines de la foi chrétienne, elle a reçu le soutien de ses fondateurs, les princes des apôtres du Christ, et elle demeure sans tache jusqu’à la fin, conformément à la promesse de Notre-Seigneur et Sauveur, et à la parole qu’il adressa dans les saints Évangiles au prince de ses disciples : “Pierre, Pierre, voilà que Satan vous a recherché pour vous cribler comme on crible le froment ; mais j’ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point : lors donc que vous vous serez converti, ayez soin d’affermir vos frères” (Luc XXII, 32). » (Ep. “Consideranti mihi” ad Imperatores.)
L'arrêt de la citation à cet endroit précis (cf. pour le passage complet
Mansi, tome XI, col. 242B) permet d'appréhender le sophisme sur lequel est bâtie l'argumentation de Schneider ; toujours cette distinction entre le Siège et le siègeant que le
cardinal Dechamps va qualifier, après avoir cité le passage en son entier, de «
rêve de la distinction du Siège et de celui qui l'occupe » :
Mgr Dechamps – Deuxième lettre au R.P. Gratry a écrit :
Ecoutez encore les paroles d'Agathon à l'empereur, paroles souscrites par le Concile comme les paroles de Pierre toujours jugeant dans ses Successeurs :
« Voilà la règle de la vraie foi, dit-il à l'empereur, cette règle que, dans les prospérités et les adversités, n'a cessé de maintenir et de défendre la mère spirituelle de votre empire, l'Église apostolique du Christ. Cette Église par la grâce du Dieu tout-puissant, ne s'est jamais écartée du sentier de la tradition apostolique ; jamais elle n'a succombé à la dépravation des nouveautés hérétiques ; mais le dépôt que, dès l'origine de la foi chrétienne, elle a reçu de ses auteurs, les princes des Apôtres, elle le conserve sans tache, suivant la promesse que notre Maître et Sauveur Jésus-Christ a faite au premier de ses Apôtres : "Pierre, voici que Satan a demandé de vous passer au crible, comme le froment ; mais moi j'ai prié pour vous afin que votre foi ne défaille point ; et vous, quand vous vous serez converti, confirmez vos frères." Que votre clémence daigne donc considérer que c'est le Seigneur et le Sauveur de tous, l'auteur de notre foi qui a promis que la foi de Pierre ne défaillirait jamais, et lui a ordonné de confirmer ses frères. C'est ce qu'ont fait avec confiance, comme personne ne l'ignore, tous les Pontifes apostoliques, nos prédécesseurs ; et quelle que soit mon infériorité et ma faiblesse, puisque je suis l'héritier de leur ministère, je suis résolu à suivre leurs traces. » Voilà bien l'infaillibilité de l’Église romaine ou du Saint-Siège, appuyée sur la promesse faite à Pierre et à ses successeurs, et le rêve de la distinction du Siège et de celui qui l'occupe, dissipé par ces paroles souscrites par un Concile général …