Neuvaine à Saint Martin

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Laetitia
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Neuvaine à Saint Martin

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A l'approche de la fête de saint Martin (le 11 novembre), apôtre des Gaules, je me permets de mettre en ligne une neuvaine (datant de 1848) en son Honneur.
Neuvaine en l'honneur de St MARTIN, évêque de Tours.


PREMIER JOUR.

Vocation de Saint Martin à la foi.

Premier point :

Adorons Dieu qui est si admirable dans ses Saints ; il les prévient de ses bénédictions et de ses grâces, opère en eux le vouloir et le faire, comme dit saint Paul, et chacun d'eux peut dire, comme ce grand apôtre : C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. Rendons hommage à cette grâce puissante, qui est le fruit de la mort de Jésus-Christ, notre Sauveur.

Après saint Paul, nul plus que saint Martin ne pouvait attribuer à la grâce sa vocation à la foi de Jésus-Christ. Ce fut du sein des ténèbres du paganisme et au milieu du tumulte des camps que s'éleva cette lumière de l'Église d'Occident. Né de parents idolâtres, Martin ne pouvait avoir reçu, de sa première éducation, aucune connaissance du vrai Dieu. Toutefois, dès ses premières années, on le voyait animé de l'esprit du christianisme. Il se dérobait à la vigilance de ses parents pour fréquenter les églises des chrétiens, et, dès l'âge de dix ans, il demandait à être inscrit parmi ceux qu'on préparait au baptême.

Cette grâce lui ayant été accordée, non seulement il s'en montra digne par son assiduité aux instructions, mais ses progrès dans les vertus chrétiennes étaient si grands , qu'à l'âge de 19 ans, avant même d'avoir reçu le sacrement de la régénération , il aspirait à ce qu'il y a de plus parfait dans la religion chrétienne. Renoncer au monde et à tous les avantages qu'il lui promettait, sous le patronage d'un père qui occupait un des plus hauts rangs dans l'armée ; rêver sans cesse la vie des déserts, ne parler que de monastères et d'églises, voilà ce qui, à cet âge, occupait presqu'exclusivement l'esprit et le coeur du jeune Martin.

En vain un ordre de l'empereur qui obligeait les enfants des officiers et des soldats vétérans à porter les armes, et la volonté impérieuse d'un père qui désirait prouver son dévouement à son prince, et qui jugeait la profession des armes préférable à toutes les autres, vinrent distraire Martin dans son pieux projet ; au milieu des exercices de sa profession, il ne perdait jamais Dieu de vue , et par la pratique de toutes les vertus et de toute sorte de bonnes oeuvres , il se disposait au baptême, qu'il reçut, en effet , à l'âge de dix-huit ans.

Martin resta encore deux ans à l'armée après son baptême, s'appliquant de plus en plus à se perfectionner dans les vertus que nous ad­mirerons dans le cours de cette Neuvaine, et qui l'ont élevé au rang des Saints du premier ordre. Mais, après avoir admiré la fidélité de saint Martin à correspondre à la grâce de sa vocation, voyons, dans le second point, comment nous devons correspondre à la nôtre.


Second point :

Je vous conjure, disait saint Paul aux Éphésiens, de vous conduire d'une manière digne de l'état auquel vous avez été appelés. Nous vous exhortons, disait-il aux Corinthiens, de ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Ce sont-là autant d'avertissements par lesquels le Saint-Esprit nous exhorte à vivre conformément aux principes de la foi chrétienne, à laquelle nous avons été appelés.

Commençons par remercier le Seigneur de ce don précieux, dont il nous a gratifiés préférablement à tant d'autres qui gémissent, à cette heure, dans les ténèbres de l'erreur ou de l'infidélité ; pénétrons-nous bien de la nécessité de répondre à cette grâce , en considérant, d'un côté , les engagements sacrés que nous avons contractés au jour de notre baptême , sous la foi desquels cette grâce nous a été accordée, et de l'autre, les dangers que nous courons si nous ne remplissons pas ces obligations. Ces dangers sont qu'en punition de notre ingratitude et de nos infidélités, Dieu ne nous enlève ce don précieux et ne nous abandonne à notre propre faiblesse.

Pour nous faire une idée de ce que nous deviendrions si cette soustraction nous était faite, écoutons la peinture que saint Paul faisait de l'état de la plupart des hommes avant qu'ils eussent reçu le don de la foi. Nous étions, disait-il, en se mettant lui-même au nombre de ces malheureux, des insensés, dépourvus de la vraie sagesse, égarés du chemin de la vérité ; désobéissants, opposant à la vérité la plus coupable résistance ; asservis à une infinité de passions et de voluptés; menant une vie pleine de malignité et d'envie ; dignes d'être haïs et nous haïssant les uns les autres. Voilà ce que sont en danger de devenir des chrétiens qui ne répondent pas à leur vocation. Le bon usage des grâces de Dieu en attire d'autres ; mais l'abus que l'on en fait les éloigne de nous. Lorsqu'une terre souvent abreuvée des eaux de la pluie qui y tombe, produit les fruits qu'on en attend, disait saint Paul, elle reçoit la bénédiction de Dieu; mais si elle ne produit que des ronces et des épines, elle est en aversion à son maître ; elle est menacée de sa malédiction, et à la fin il y met le feu. Craignons cette terrible menace; réformons-nous : Renouvelons-nous dans l'intérieur de notre âme, comme disait saint Paul aux Éphésiens : Travaillons à nous revêtir de l'homme nouveau, qui a été créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables; et efforçons-nous, suivant l'avis de saint Pierre, d'affermir notre vocation et notre élection par toute sorte de bonnes oeuvres.


Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

Ainsi soit-il.
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Laetitia
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DEUXIEME JOUR.

Humilité de Saint Martin.

Premier point :

Considérons d'abord cette vertu dans la personne de Notre Seigneur Jésus–Christ, le modèle de toute perfection. Ce divin Sauveur semble n'être descendu sur la terre que pour nous enseigner cette vertu, et par son exemple et par ses discours. Si nous parcourons les circonstances de sa vie, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, nous voyons que cette vie a été un exemple continuel et un modèle vivant d'humilité. Il naît dans l'abjection, il se soumet à la loi de la circoncision et à celle de la présentation au temple, comme s'il avait été pécheur; il s'enfuit en Égypte, comme s'il n'avait pas eu la puissance de se dérober à la cruauté d'Hérode ; il veut recevoir le baptême de Jean, au milieu des pécheurs et publicains, comme l'un d'entre eux. Lorsque dans la suite on veut le proclamer roi et lui rendre les honneurs dus à cette qualité, il se cache ; mais, au contraire, il se montre au moment où les hommes lui préparent les opprobres et les supplices destinés aux plus grands scélérats ; il couronne enfin la vie la plus humble par la mort ignominieuse de la croix.

Après cela, nous ne pourrons que trouver bien juste cette expression de saint Paul : Exinanivit semetipsunt, il s'est anéanti lui-même. Adorons ce profond abaissement du Sauveur ; approchons-nous de lui pour apprendre cette vertu, suivant l'ordre qu'il nous en donne lui-même, quand il nous dit : Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur.

Considérons ensuite qu'il n'y a point de vertu solide sans humilité ; parce qu'elle est le fondement de toutes les autres vertus. C'est avec raison que saint Grégoire la nomme tantôt la maîtresse et la mère, tantôt la racine et la source des vertus chrétiennes : Car, pre­mièrement, dit ce Père, comme une fleur tire toute sa fraîcheur et toute sa beauté de sa racine, et qu'elle se fane dès qu'elle en est séparée, de même aussi, quelque vertu que l'on ait acquise, si on la détache de la racine de l'humilité, elle se flétrit aussitôt et se dessèche entièrement. Il y a plus : comme la racine est enfoncée dans la terre, qu'elle est exposée à être continuellement foulée aux pieds, qu'elle n'a d'elle–même ni beauté, ni odeur agréable, et que néanmoins elle est le principe d'où la plante tire sa vie, sa beauté et sa bonne odeur, ainsi l'humilité , qui fait qu'un chrétien aime à être, pour ainsi dire , caché sous terre , méprisé et foulé aux pieds; cette humilité, dis-je , conserve dans ce chrétien toutes les autres vertus, leur fait prendre chaque jour de nouveaux accroissements, et leur fait répandre une odeur de sainteté qui se communique à d'autres et leur inspire le goût de la vertu.
Examinons quelle a été notre estime pour cette vertu, et surtout quelle a été notre conduite relativement aux enseignements et aux exemples de notre divin Sauveur : et si, comme nous n'avons peut-être que trop lieu de le reconnaître, nous avons à nous reprocher de n'avoir pas aimé cette vertu , et de ne l'avoir pas pratiquée, humilions-nous devant Dieu ; prions-le de nous en donner le goût et la pratique ; prévoyons les occasions les plus prochaines qui pourront se présenter de la pratiquer, excités que nous sommes par les exem­ples de saint Martin.

Second point :

La première impression que la grâce de Dieu laissa dans l'âme du jeune Martin, en lui inspirant le désir d'embrasser le christianisme, fut l'amour de l'humilité. Il commença par humilier sa raison sous le joug de la foi, en acceptant avec soumission les mystères incompréhensibles de la religion chrétienne, qui révoltaient si fort l'orgueil des Gentils. Quant à la morale du paganisme, si favorable aux passions, quelle humilité ne lui fallut-il pas pour s'y soustraire et embrasser la morale de l'Évangile, qui ne prêche que renoncement, abnégation et mépris de soi-même ? Sous ce rapport, nous voyons Martin s'exercer, dès le début, à la pratique de l'humilité, non pas par de timides essais, mais par des actes dignes des plus parfaits. Engagé dans une profession qui semble n'avoir pour but que la gloire et tout ce qui peut flatter l'orgueil, élevé dans une condition qui semblait lui donner droit de fouler aux pieds un troupeau d'esclaves, il ne veut avoir avec lui qu'un seul domestique, qu'il traite même comme son égal, et auquel il rend les services les plus abjects.

Dégagé du service militaire et devenu enfin libre de suivre ses pieux penchants, Martin se retire auprès de saint Hilaire, évêque de Poitiers, pour être formé par ce grand maître dans la pratique des humbles vertus du Christianisme. Bientôt ce saint évêque, appréciant le mérite du jeune néophyte, veut l'ordonner diacre et l'attacher à son Église; mais Martin oppose la plus vive résistance, se disant indi­gne d'une si grande dignité, et ne consent qu'en tremblant à se laisser ordonner exorciste. L'éclat de ses vertus et de ses miracles attirant sur lui l'admiration de tout le monde, il se cache au fond du monastère de Ligugé, où il se montre le plus humble des Frères, s'appliquant aux emplois les plus vils, et cherchant, par l'extérieur le plus négligé, à donner de lui-même l'opinion la plus désavantageuse au point que, lorsqu'il fut question de choisir un évêque pour le siége de Tours, qui était vacant , le peuple désignant Martin comme le plus digne , les évêques de la province arguaient au contraire de cet extérieur si négligé et si commun, pour l'exclure de cette dignité. Martin désirait ardemment que l'avis des prélats prévalût, pour échapper à la dignité qu'on voulait lui conférer, et il n'y eut pas de moyen qu'il n'employât pour s'y soustraire. Il fallut avoir recours à un pieux stratagème pour l'arracher à la retraite où il s'était caché. S'étant présenté à la porte pour donner sa bénédiction à une malade qu'on lui apporta, on se saisit de lui et on le conduisit, sous bonne garde, à Tours, où il fut sacré évêque et installé immédiatement dans la chaire épiscopale, à la grande satisfaction du clergé et du peuple.

Le nouvel évêque ne changea rien dans sa manière de vivre. Il se logea dans une petite cellule près de l'église, où le bruit de sa sainteté et de ses miracles lui attirant encore trop de visites, il se retira dans un lieu plus désert, près de la Loire, et habita avec ses moines dans des cellules de bois, ou dans des creux de rochers.

Dans ses rapports avec ses moines, Martin, loin de se prévaloir de la supériorité que son double titre d'évêque et d'abbé lui donnait sur eux , aimait à se rabaisser et se réjouissait lorsqu'il avait à recevoir de leur part quelque marque de mépris.

Nous ne finirions pas si nous voulions rapporter tous les traits d'humilité dont est remplie la longue vie de Martin de Tours. C'en est assez pour nous confondre, à la vue de notre orgueil et de l'extrême susceptibilité à laquelle nous sommes sujets sur la moindre marque de mépris qu'on semble faire de nous, sur la plus légère observation qu'on nous fait et que nous traitons de reproches immérités, ou à propos de quelque manque de prévenances que nous croyons nous être dues.

Entrons dans les vues que notre divin Sauveur nous a montrées par ses paroles et par ses actions sur la vertu d'humilité. Profitons des exemples de saint Martin. Prévoyons les occasions qui pourront se présenter de pratiquer cette vertu si nécessaire et prions ce grand Saint de nous obtenir de Dieu la grâce de n'y manquer jamais.


Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

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TROISIEME JOUR.

Douceur de Saint Martin.

Premier point

Adorons Notre Seigneur Jésus-Christ se présentant à nous comme un modèle de douceur, au même endroit où il s'offre comme le plus parfait exemplaire d'humilité.

Ce divin Sauveur a voulu nous faire envisager ces deux vertus dans un seul et même regard, pour nous faire entendre sans doute que l'une nous est aussi nécessaire que l'autre. Quant à lui, il serait bien difficile de dire laquelle de ces deux vertus lui a été plus chère que l'autre, les ayant pratiquées toutes les deux également. Ayant déjà admiré en lui la vertu d'humilité, considérons aujourd'hui en particulier sa douceur.

Cette vertu devait tellement être la sienne, que les Prophètes, qui l'avaient annoncé, s'accordaient tous à lui accorder ce caractère distinctif. Si le prophète Isaïe, exprimant les vœux de tous les peuples qui attendaient le Messie, prie le Seigneur d'envoyer ce divin domi­nateur sur la terre, c'est sous l'emblème d'un agneau qu'il le désigne; et, continuant à esquisser à grands traits le portrait de ce divin réparateur, il relève surtout la douceur de son ministère. Il ne disputera point, dit-il, il ne criera point ; on n'entendra point sa voix dans les rues, il n'achèvera point de briser le roseau déjà fracassé, ni d'éteindre la mèche qui fume encore. Mais c'est surtout lorsque ce Prophète annonce le grand sacrifice par lequel ce Sauveur devra racheter les hommes et les réconcilier avec son Père, que, lui donnant de nouveau le nom d'Agneau, il nous le représente comme une victime pleine de douceur entre les mains de ses bourreaux, n'ouvrant pas même la bouche pour se plaindre : Il sera conduit à la mort, dit le Prophète, comme une brebis qu'on va égorger, il demeurera dans le silence sans ouvrir la bouche , comme un agneau est muet devant celui qui le tond.

C'est sous cette même dénomination que le saint Précurseur l'annonce sur les bords du Jourdain : Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui efface les péchés du monde.
Tel on l'a vu pendant toute sa vie mortelle, tel nous le représente saint Jean dans l'Apocalypse, depuis qu'il est remonté dans le ciel, à la droite de Dieu, son Père, et continuant à faire l'office d'intercesseur pour les hommes. Ne soyons plus étonnés que ce divin Sauveur ait si souvent recommandé à ses Apôtres, et dans leur personne, à tous les chrétiens, cette douceur qu'il a pratiquée lui-même le premier, et qu'il en fait une des huit béatitudes, à laquelle est attachée la possession, non pas de cette misérable terre que nous foulons aux pieds, ni des biens, des honneurs et des plaisirs passagers qu'elle procure quelquefois, non sans quelque mélange d'amertume, mais la terre des vivants, où n'habiteront ni les pleurs, ni les cris, ni les afflictions d'aucune sorte. Rendons nos hommages à ce divin Sauveur; remercions-le de nous avoir enseigné, par ses exemples et par ses paroles, la vertu si aimable de la douceur. Concevons, sur ce premier motif, une grande estime pour cette vertu, et tâchons de nous fortifier dans ces sentiments par les exemples que nous allons en voir dans la personne de saint Martin.


Second point :

Déjà chrétien en esprit et en oeuvres, avant d'en avoir reçu le caractère par le baptême, Martin s'appliquait à la pratique des vertus qui devaient lui donner plus de ressemblance avec le divin exemplaire, que Dieu a montré aux hommes, dans la personne adorable de son Fils. Les mêmes circonstances où ce grand Saint s'est montré si humble, nous le montrent en même temps rempli de douceur et de prévenance envers son prochain. Tel on le vit au milieu de ses moines, dans les divers monastères qu'il a fondés, tel on le vit après qu'il eut été élevé sur le siége de Tours. Il se souvenait sans cesse de l'avis que saint Paul donnait à son disciple Timothée, évêque d'Éphèse, qu'il fallait qu'un évêque se rendit recommandable par sa bonté et sa douceur envers tous; aussi le voyait-on s'appliquer sans cesse à cette vertu envers tous ceux avec lesquels il avait à traiter quelque affaire, de quelque rang et de quelque condition qu'ils fussent. C'est ainsi qu'il en usa particulièrement à la cour de l'empereur Maxime, meurtrier de Gratien, où , sans rien relâcher de ses devoirs d'évêque, il se rendit à l'invitation que ce prince lui avait faite de manger à sa table, et obtint, par sa douceur, des grâces que saint Ambroise, avec son inflexible fermeté, n'avait pu obtenir. Il est vrai qu'un moment Martin parut avoir porté sa douceur et sa condescendance un peu trop loin, en communiquant avec les Ithaciens, dans la vue d'obtenir la grâce d'un grand nombre de personnes condamnées à mort, et Martin lui-même se désolait d'être allé si loin; mais un ange lui apparut et le consola en lui disant que sa charité rendait sa faute très excusable, s'il y en avait une, ce qui n'était pas certain, attendu que les Ithaciens n'avaient pas été excommuniés, et que par conséquent il n'avait violé aucun canon en communiquant avec eux; tant il est vrai que les Saints s'alarment de la moindre apparence de péché !

Quelle confusion pour nous, qui ne nous effrayons de rien et qui cherchons mille excuses frivoles pour pallier les torts que nous avons! Apprenons aujourd'hui de cet exemple de saint Martin, à reconnaître jusqu'à nos moindres fautes, et à mettre tant de douceur dans nos rapports avec notre prochain, que nous puissions avoir la paix avec ceux même qui sont les plus grands ennemis de la paix. C'est par là que nous nous rendrons agréables à Dieu, et que nous attirerons sur nous les grâces qui nous sont nécessaires et que Dieu refuse aux esprits turbulents; car, comme dit l'Écriture : le Seigneur ne se plaît pas dans les orages d'un esprit passionné. C'est par là encore que nous goûterons celte joie solide et cette paix qui sont les fruits du Saint-Esprit. Ce sont-là des avantages assez précieux pour nous engager à chérir la douceur, et à faire tous nos efforts pour la pratiquer partout et envers tous. Prenons là-dessus des résolutions efficaces, et prions notre Saint de nous aider, par sa puissante intercession auprès de Dieu, à obtenir la grâce d'y être fidèles.


Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

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QUATRIEME JOUR.

Patience de Saint Martin.

Premier point :

Parce que vous étiez agréable à Dieu, dit l'ange Raphaël à Tobie , il a été nécessaire que la tentation vous éprouvât. Les gens attachés au monde ne peuvent comprendre cette nécessité d'être éprouvé, lorsqu'on est agréable à Dieu ; c'est qu'ils ne songent point que les disciples d'un Homme-Dieu qui a dit de soi : fallait qu'il souffrît et qu'il entrât ainsi dans sa gloire, doivent s'attendre d'être conformes à leur divin chef , s'ils veulent comme lui , entrer dans sa gloire. C'est sur ce modèle, que nos devons d'abord adorer en commençant cette méditation, que tous les Justes de l'ancien et du nouveau Testament ont été formés. En parcourant l'histoire des saints Patriarches, Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, et celle des Prophètes, on y trouve mille exemples de Justes persécutés par les méchants, et endurant avec patience toutes ces persécutions, parce que la grâce de la loi nouvelle agissait dès lors en eux par avance, en vue de la Passion et de la mort de Jésus-Christ.

Ce sont surtout les Saints de la loi nouvelle qui se sont montrés pénétrés de cet esprit de patience, qui devait les rendre conformes à leur divin chef. Il serait trop long, pour avoir la preuve de cette vérité, de parcourir la carrière sanglante des Apôtres et des Martyrs des trois premiers siècles; nous ne nous arrêterons pas non plus sur l'histoire innombrable des Saints qui, dans les déserts et même dans les diverses conditions du monde, ont montré la patience la plus héroïque au milieu des traverses de toute sorte, qui ont éprouvé leur vertu. Occupons-nous seulement, dans cette méditation, des exemples de patience que nous trouvons dans saint Martin.

Sans parler des épreuves que sa foi naissante eut à endurer de la part d'un père idolâtre, qui regardait le projet de son fils comme un obstacle à son avancement dans le monde, que de railleries le jeune Martin n'avait-il pas à essuyer de la part de ses compagnons d'ar­mes, qui tournaient en ridicule la conduite régulière du jeune catéchumène ! Quiconque connaît la susceptibilité ordinaire des jeunes militaires doit comprendre quelle dut être la patience du jeune Martin dans ces rencontres critiques.

Mais d'autres épreuves l'attendaient dans la vie religieuse, où il croyait qu'ayant à vivre avec des hommes qui avaient quitté le monde comme lui, il jouirait de la vie la plus paisible et la plus calme; mais, parmi les personnes qui semblent être les plus mortes au monde pour ne vivre que pour Dieu , la nature n'est pas toujours si morte aux passions qu'elles n'en ressentent souvent les plus tristes atteintes, et l'on a vu quelquefois l'envie, la haine et la vengeance régner dans des coeurs que la religion et la piété semblaient devoir animer de la charité la plus tendre et de l'émulation la plus sainte pour la perfection. C'est ainsi qu'au milieu de la solitude, Martin devint l'objet du mépris et même de la haine de quelques-uns de ses Frères, pour qui sa conduite sainte était une censure continuelle; mais, loin de leur faire aucun reproche et de les punir, comme sa qualité de supérieur lui en donnait le droit , il supporta tout avec une patience admirable, s'appliquant au contraire à leur donner les marques de l'affection la plus tendre.

C'est surtout dans les rapports qu'il eut avec les hérétiques et les schismatiques de son temps, qu'on le vit opposer à leur mépris et même aux mauvais traitements qu'ils lui firent subir, une patience inaltérable. Ces malheureux aveugles, ne pouvant résister à la puis­sance des raisons que Martin faisait valoir pour les retirer de l'erreur, ne lui répondirent que par des injures et des persécutions, dans lesquelles ils furent souvent soutenus par les Puissants du siècle. Martin, se souvenant de cet avis de notre divin Maître : Quand on vous persécutera dans une ville, relirez-vous dans une autre, s'était choisi, près de Milan, un lieu extrêmement retiré, où il se croyait assez caché pour pouvoir y pratiquer, avec ses fervents religieux, les exercices de la vie monastique; mais Auxence, arien furieux, qui avait usurpé le siége de cette ville, l'ayant découvert, le chassa non seulement de cette retraite , mais de toute l'étendue de son diocèse. Martin, sans se plaindre, quitta cette chère retraite et se retira dans une petite île, non loin de Gênes, où il ne cessa de donner à ses Frères les exemples de la patience la plus héroïque.

A cette époque Martin n'était pas encore évêque. Lorsqu'il fut élevé à cette éminente dignité, son caractère parut empreint d'une plus grande patience, témoin la conduite qu'il tint envers un de ses moines, appelé Brice, qui ne cessait de tourner en ridicule les actions les plus saintes de son saint évêque, et vomissait encore contre lui les injures les plus abominables que lui suggérait l'esprit impur dont il était possédé. Chacun était indigné de la témérité et de l'insolence de cet enfant de Bélial ; on pressait le Saint de le chasser de son clergé et on allait jusqu'à blâmer l'excessive patience du saint Evêque; mais Martin leur ferma la bouche par ces paroles : Si Jésus-Christ a supporté Judas, pourquoi ne supporterais-je pas Brice?

Admirons ces exemples de patience; félicitons notre Saint d'avoir été si pénétré de l'esprit de Jésus-Christ, qui n'a tant souffert, dit saint Augustin, que pour nous apprendre, par sa patience, quelle devait être la nôtre.


Second point :

Notre patience, pour être véritable, doit avoir trois qualités :

1° - Elle doit être universelle , c'est-à-dire qu'il faut tout souffrir : maladies, pauvreté, injures, calomnies, humiliations, contradictions, persécutions ; il faut souffrir de tous, des supérieurs des égaux, des inférieurs. Je ne puis souffrir cela d'un tel, disons-nous peut-être ; mais, pourquoi cette réserve? Celui-là n'est pas vraiment patient, dit le pieux auteur de l'Imitation, qui ne veut souffrir qu'autant qu'il lui plaît, et de qui il lui plaît. Le véritable patient ne prend pas garde par qui il est exercé; si c'est un supérieur, un égal ou un inférieur; si c'est un homme de bien ou un méchant; mais il reçoit indifféremment de tout le monde, avec reconnaissance et comme venant de Dieu, tout le mal qui lui arrive, en quelque manière et autant de fois que ce soit.

2° - Elle doit être invincible et persévérante, évitant de perdre, par l'impatience d'un moment, les mérites que nous pourrions avoir acquis par de longs et pénibles efforts.

3° - Enfin, notre patience doit être chrétienne, c'est-à-dire que Dieu doit en être la fin. Il faut souffrir, non par humeur, ni par politique, ni par intérêt, ni par force, ni par aucune mauvaise complaisance, mais par des motifs de foi et de religion, parce que Dieu le veut et que le devoir d'un chrétien nous y oblige.

Examinons si notre patience a eu toutes ces qualités. Examinons celles qui nous manquent et demandons-les à Jésus-Christ, le vrai doc­teur de la patience, par l'intercession de saint Martin, son fidèle imitateur.
Grand saint Martin, courageux confesseur de la foi, vous que le Seigneur daigna visiter de bonne heure par la tribulation, obtenez-nous de souffrir, à votre exemple, les peines et les persécutions que nous aurons à endurer pendant notre vie : faites que notre foi, iné­branlable comme la vôtre, ne se laisse point abattre par les revers, ni les contradictions qui nous attendent, soit de la part de nos amis, soit de nos proches, et même de nos ennemis; mais qu'au contraire elles ne servent qu'à la soutenir et à la rassurer; qu'elles nous purifient de nos souillures, afin de nous faire paraître plus purs aux yeux de Dieu, afin qu'ayant acquis ce trait de ressemblance avec notre divin Sauveur, nous puissions régner avec lui, si compatimur et conregnabimus.



Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

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Laetitia
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CINQUIEME JOUR.

Détachement de Saint Martin.

Premier point :

Adorons Notre Seigneur Jésus- Christ nous apprenant, par son exemple et par ses discours, le détachement des choses de ce monde. Quoique maître de tout, il naît dans l'indigence, il n'a pas même, comme il le disait plus tard à un docteur de la loi, une pierre où il pût reposer sa tête. Quoique plein de tendresse pour sa sainte Mère et pour saint Joseph, qui avait pourvu à son entretien pendant son enfance, lorsqu'à l'âge de 12 ans la première occasion se présente, dans le temple de Jérusalem, de procurer la gloire de son Père céleste, il semble n'avoir plus de parents sur la terre; sa sainte Mère a-t-elle l'air de se plaindre à lui de cette apparence d'oubli qu'il semble avoir fait d'eux, il leur répond, avec une apparente dureté, qu'ils devaient savoir qu'il devait s'occuper à ce qui regardait le service de son Père. Dès qu'il a commencé sa vie publique, on ne lui voit presque plus aucun rapport avec ses parents selon la chair. Depuis la circonstance du temple de Jérusalem, où il était resté à l'insu de ses parents l'Évangile ne fait même plus mention de saint Joseph. Nous ne voyons, plus près de lui, sa sainte Mère, si ce n'est aux noces de Cana; encore même, dans cette circonstance, cette tendre mère, mue par un sentiment de compassion pour les époux de cette noce, qui allaient manquer de vin, et, pleine de confiance en la bonté et en la toute-puissance de son Fils, lui ayant exposé ce besoin, il lui répond avec la même apparente dureté : Femme, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi? Mon heure n'est pas encore venue. Dans une autre circonstance où on lui annonce que sa mère et ses autres parents l'attendent à la porte et demandent à lui parler, il répond avec le même détachement : Qui est ma mère , et qui sont mes frères? Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma soeur et ma mère.
Mais ce n'est pas seulement par son propre exemple que ce divin Sauveur a voulu nous prêcher le détachement des choses de ce monde. Tous ses discours tendaient à recommander cette disposition à tous ceux qui voulaient être ses disciples. Celui qui aime son père et sa mère, son fils ou sa fille plus que moi, n'est pas digne de moi. Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut pas être mon disciple, et une foule d'autres passages où le divin Sauveur exige cette disposition de renoncer à tout, s'il est nécessaire, plutôt que de renoncer à son service. Remercions-le de ces importantes leçons et surtout des exemples qu'il nous a donnés d'un saint détachement de toutes les choses de ce monde, et pour nous encourager davantage à entrer dans ses vues, après lui avoir rendu nos hommages, contemplons, dans le second point, les exemples de saint Martin.


Second point :

Plein d'ardeur à s'avancer dans la carrière des conseils évangéliques, saint Martin donna, dès le commencement, des marques d'un grand détachement. Si son père, en le faisant enrôler dans la milice dès l'âge de 15 ans, n'a en vue que des projets d'ambition pour son fils, celui-ci, au contraire, ne se soumet aux ordres de son père que par renoncement à sa volonté propre, mais avec l'intention de se consacrer exclusivement, aussitôt qu'il en aura la liberté, au service
du vrai Dieu. Il n'attend même pas ce moment si désiré, pour montrer le peu de cas qu'il fait des choses de ce monde. Il lui arrivait souvent lorsqu'on distribuait la solde aux troupes, de refuser la sienne, et si quelquefois il l'acceptait pour ne pas se faire remarquer, après en avoir employé une très petite partie à son usage, il employait le reste à soulager les malheureux. On sait avec quel détachement, n'ayant plus rien à donner à un pauvre qui se présenta à lui, aux portes d'Amiens, il se défit de la moitié de son manteau pour la lui donner. Si son humilité le porta à refuser la dignité de diacre, que saint Hilaire lui offrait pour l'attacher à son Église, on peut dire que ce fut encore plus pour éviter la possession des avantages temporels, qui, par un effet de la générosité et de la charité des fidèles, commençaient dès lors à être attachés aux dignités ecclésiastiques. S'il fait un voyage dans son pays, ce n'est pas pour recueillir l'héritage de ses parents; tout l'or et l'argent du monde n'est à ses yeux que de la boue; ce n'est pas non plus pour avoir la consolation de leur fermer les yeux, il a appris de son divin Maître qu'il faut laisser aux morts le soin d'ensevelir les morts; il y va par le mouvement de la charité qui le presse, pour les retirer des ténèbres de l'infidélité et leur ouvrir les yeux à l'admirable lumière de l'Évangile, qui a éclairé les siens. Il est même si détaché de la vie, qu'ayant été arrêté par des brigands, en traversant les Alpes, et l'un d'eux ayant déjà levé son sabre pour le tuer, il ne laissa pas seulement paraître la moindre émotion, ce qui, les ayant rempli d'admiration, ils renoncèrent à leur projet homicide ; celui même qui l'avait le plus menacé, s'étant converti à la vue d'un détachement si héroïque de la vie, qui ne pouvait qu'être surnaturel, il embrassa la religion chrétienne, voulut suivre le Saint, embrassa même la vie monastique, et raconta , depuis, ce fait qui avait donné lieu à sa conversion. Depuis son élévation sur le siége de Tours, Martin fut toujours le même; toujours également éloigné du faste et de tout ce qui, selon le monde doit répondre à la dignité du rang qu'on y occupe; ses habits, ses meubles, sa table, son extérieur, tout, en un mot, annonçait le mépris qu'il faisait de ces choses périssables, dont tant d'autres se montrent si soigneux, alors même qu'ils se tiennent dans les bornes les plus légitimes et qu'ils n'en usent qu'avec une sainte modération.
Réfléchissons sur ces admirables exemples de détachement que nous donne saint Martin; examinons si nous ne nous sommes pas fait, sur ce point, des illusions dangereuses, et si, comme il est à craindre, nous avons à nous faire des reproches justement mérités, amen­dons-nous et voyons ce qui nous reste à faire pour les éviter à l'avenir.


Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

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SIXIEME JOUR.

De l'amour de Saint Martin pour la pénitence et la mortification.

Premier point :

Tous ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, disait saint Paul aux Galates , ont crucifié leur chair avec ses vices et ses convoitises. Aussi disait-il de lui-même et des autres disciples du Sauveur : Partout et en tout temps nous portons dans nos corps la mortification de Jésus-Christ, afin que la vie de Jésus se fasse voir dans nos corps; et pour qu'on ne crût pas qu'il voulait parler seulement des souffrances morales qu'il avait à éprouver dans l'exercice du ministère apostolique, mais bien encore des souffrances physiques et vo­lontaires par lesquelles il affligeait sa chair, après avoir dépeint, dans l'épître aux Corinthiens, la faim, la soif, la nudité et mille mauvais traitements qu'il avait éprouvés, il ajoute ces paroles : Je traite rudement mon corps et le réduits en servitude, de peur qu'ayant prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé. Voilà comment les Saints ont entendu cette violence qu'il faut se faire, d'après Notre Sei­gneur, pour ravir le ciel, et cette pénitence qu'il nous commande à tous, si nous ne voulons pas périr éternellement. Fidèle imitateur de saint Paul, et malgré les fatigues immenses auxquelles il se livrait pour procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes, saint Martin de Tours affligeait sa chair par des macérations qui font frémir la nature. Indépendamment des jeûnes longs et rigoureux, pendant lesquels il n'usait aucunement de vin, ni d'aucune boisson qui pût relever ses forces épuisées; il n'usait que de vêtements grossiers, faits ordinairement de poils de chameau et qui équivalaient à un grand silice; une couche de paille lui aurait paru une vraie sensualité; aussi sa couche ordinaire était un silice des plus rudes, sur lequel le moindre mouvement lui causait des tortures atroces, et c'est ainsi qu'il en usa jusqu'à sa mort.

Rendons grâces à Notre Seigneur Jésus-Christ, le modèle des vrais pénitents; c'est lui qui a donné aux martyrs la force d'endurer les tourments les plus cruels, et à tant d'autres Saints qu'il n'a pas honoré de la palme du martyre, celle d'endurer un autre martyre, peut-être plus méritoire, parce qu'il était plus long, en exerçant sur leur corps des macérations qu'on ne peut comprendre qu'en admettant un courage surnaturel, seul capable de surmonter la délicatesse ordinaire à la plupart des hommes. Tout en nous confondant, à la vue de notre lâcheté, voyons, dans le second point, quelle instruction nous pouvons tirer pour nous-mêmes de ces exemples admirables.


Second point :

Il règne dans le monde une grande erreur, une erreur des plus grossières et des plus dangereuses; c'est de prétendre que les maximes de Jésus-Christ et des Apôtres sur la pénitence et la mortification de la chair ne regardent que les personnes consacrées à Dieu, dans la profession religieuse; mais, quand saint Paul, fidèle interprète des sentiments de son Maître, prononçait l'oracle par lequel nous avons commencé cette méditation, à qui parlait-il? à des solitaires? à des religieux? Mais, du temps de saint Paul, il n'y avait ni religieux, ni solitaires. Il parlait donc à des hommes, à des femmes, à de jeunes personnes du monde, sans distinction de qualités, ni de rangs. Que les gens du monde viennent dire, après cela, que tant de mortifications ne sont bonnes que pour les monastères. Autant vaudrait qu'on dit qu'il n'y a que les religieux qui soient coupables devant Dieu; qu'il n'y a que les religieux qui soient exposés aux révoltes des sens ; qu'il n'y a que les religieux à qui le royaume de Dieu doive être durement vendu, taudis que les gens du monde peuvent l'acheter à vil prix, et qu'ils peuvent y atteindre par une voie large et spacieuse où rien ne les incommode. Abus intolérable ! Erreur grossière et des plus dangereuses! Il n'y a pas deux Évangiles; c'est le même pour le séculier et pour le religieux. Ce qu'il est pour l'un, il l'est pour l'autre, car Jésus-Christ n'est pas divisé. Raisonnons tant qu'il nous plaira et comme il nous plaira : malgré tous nos raisonnements, si nous n'avons pas toujours vécu dans l'innocence, comme nous avons tout sujet de le craindre, il ne nous reste plus, pour aller au ciel, que la voie de la pénitence; et malheur à nous, si nous croyons pouvoir être pénitents et traiter délicatement notre corps. Comment pourrons-nous être à couvert de ces anathèmes du Fils de Dieu : Malheur à vous qui ne manquez de rien, et qui avez en ce monde votre consolation; malheur à vous qui êtes rassasiés et délicatement nourris; malheur à vous qui passez vos jours agréablement, dans la joie et dans les plaisirs.

Concluons donc que nous devons joindre à la pénitence du coeur celle de notre chair, et que, si la mortification chrétienne consiste principalement à rompre sa volonté, à modérer ses vivacités, à réprimer ses désirs trop naturels, à se rendre maître de son coeur et de tous ses mouvements, il n'est pas moins vrai que , selon la loi de Jésus-Christ, il faut que la mortification des sens accompagne tout cela et lui serve de complément, suivant ce que saint Paul disait de lui-même, dans son épître aux Colossiens : J'accomplis dans ma chair ce qui reste des souffrances de Jésus-Christ, ce qui ne veut pas dire que les souffrances de Jésus-Christ aient été incomplètes pour la rédemption du monde, puisque la moindre des souffrances de l'Homme-Dieu aurait suffi pour racheter mille mondes; mais que ce Sauveur a voulu, suivant que nous l'apprennent les interprètes, que nous eussions quelque chose à souffrir pour nous rendre con­formes, comme membres, à notre divin chef et nous appliquer plus abondamment les mérites de ses souffrances. Prenons donc la réso­lution de nous imposer quelque mortification corporelle, prenant conseil de notre directeur, pour éviter toute indiscrétion et toute impru­dence et pour ne pas tomber dans les piéges du démon.


Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

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SEPTIEME JOUR.

Zèle de Saint Martin pour la gloire de Dieu.

Premier point :

Adorons Notre Seigneur Jésus-Christ se préparant, par une vie cachée, à la vie publique, qui devait avoir pour objet de procurer la gloire de son Père et le salut des âmes. Il passe trente ans dans l'obscure retraite de Nazareth, obéissant à Marie et à Joseph, partageant leurs travaux et les peines inséparables de la condition pauvre à laquelle étaient réduits ces descendants des rois de Juda. Quel spectacle pour les habitants du ciel, seuls témoins des actes de résignation, d'humilité, de patience, de charité et de mutuelle prévenance de la sainte famille !

C'est à cette école inconnue au monde que les hommes apostoliques sont allés se former, avant de paraître en public et de déployer le zèle que Dieu leur avait mis au coeur, pour procurer sa gloire et le salut du prochain. Tel est l'ordre que présente la vie de saint Martin, tel aussi a dû être l'ordre que nous avions à suivre en méditant sur cette vie admirable.

Nous avons admiré jusqu'ici les vertus, pour ainsi dire secrètes, du Saint : sa fidélité à la grâce, son humilité, sa douceur, sa patience, son détachement ; il est temps que nous jetions les yeux sur ces vertus éclatantes, qui se sont produites au-dehors par des actes de zèle et de charité, qui l'ont rendu la gloire des Gaules et l'ont fait surnommer, par les historiens de son temps, la perle des prêtres et des évêques. Gemma sacerdotum. Mais arrêtons-nous un moment pour remercier Dieu de la protection qu'il ne cesse d'accorder à son Église, en perpétuant dans son sein cette chaîne glorieuse et non interrompue d'hommes apostoliques qui, de siècle en siècle, ont renouvelé les Prodiges de zèle opérés par les Apôtres. Reconnaissons à cette marque la véritable Église,cette épouse toujours belle et sans tache, toujours féconde et toujours riche en miracles de sainteté, pour laquelle son divin époux a donné sa vie, et qu'il remplit sans cesse de son Saint-Esprit, pour lui faire atteindre ses glorieuses destinées. Félicitons-nous d'être ses enfants. Attachons-nous de plus en plus à elle et à son auguste chef, sous la houlette duquel nous sommes sûrs, si nous sommes des brebis fidèles, d'être réunis dans le divin bercail du prince des pasteurs, qui est Jésus‑Christ.


Second point :

Le zèle apostolique a eu toujours pour double but de répandre la vérité évangélique, de la défendre contre les erreurs qui l'attaquaient, et d'établir, dans les âmes, le règne de cette loi toute pure du Seigneur, qui, en convertissant les âmes leur communique la vraie sagesse, qui les conduit au ciel. Tel a été le caractère du zèle de saint Martin. Il l'exerça d'abord dans la Pannonie, sa patrie, où il eut le bonheur de gagner plusieurs personnes à J.-C., et plus particulièrement au sein de sa famille, à laquelle il voulut communiquer le don précieux de la foi qu'il avait eu le bonheur d'embrasser, et, s'il n'eut pas la consolation de convertir son père, qui ne voulut pas sortir des ténèbres de l'infidélité, il eut du moins celle de rendre sa mère chrétienne.

En Illyrie, il combattit les Ariens avec une force et une telle puissance de raisonnement, que ces ennemis de la foi, ne trouvant aucune réplique et ne voulant pas néanmoins se rendre à la vérité, eurent recours à leurs armes ordinaires, c'est-à-dire aux injures et aux mauvais traitements. Mais, semblable à Pierre et à Jean, que les princes des prêtres firent fustiger, pour prix de la réponse triomphante que ces apôtres leur avaient faite et qui les avait réduits au silence, Martin se retira en se réjouissant, comme ces apôtres, d'avoir été trouvé digne de souffrir quelque chose pour le nom de Jésus–Christ.

Dès qu'il eut été élevé sur le siége de Tours, son zèle redoubla d'activité : malgré son amour pour la retraite, il ne cessait de parcourir son diocèse où, par ses travaux incessants et ses instructions multipliées, il parvint à dissiper entièrement les erreurs du paganisme. Il faisait une guerre sans relâche à tous les abus et à toutes les superstitions, témoin la destruction d'un autel qu'on voyait près de son monastère et qui attirait un grand concours de peuple. Ne pouvant découvrir l'origine et la cause de cette dévotion, et ne voulant auto­riser aucune pratique qui n'eût une source authentique et sainte, Martin a recours aux informations et surtout à la prière. Le Seigneur daigna récompenser son zèle pour la pureté de son culte, en lui faisant connaître qu'au lieu d'un martyr qu'on prétendait honorer en ce lieu, ce n'était rien moins qu'un scélérat qui avait été supplicié pour ses crimes, et dont les ossements avaient été ensevelis en cet endroit. Il fit aussitôt démolir l'autel et mit fin par là à la superstition.

Que d'oeuvres de zèle n'aurions-nous pas encore à rapporter, par lesquelles le saint Évêque de Tours s'efforça, pendant son long épiscopat, d'établir le règne de Dieu dans les âmes et les porter à la perfection ! Mais arrêtons-nous, pour nous confondre nous-mêmes à la vue de notre indifférence et de notre lâcheté. Nous pourrions peut-être sans être apôtre, faire des oeuvres de zèle autour de nous, remontrer à propos aux pécheurs qui nous environnent, le danger qu'ils courent pour leur salut, en vivant, comme ils font, sans religion ; un mot, une prière, un bon exemple nous coûteraient peu et suffiraient souvent pour opérer ce bien, et nous ne le faisons pas... Que dis-je ! Nous n'avons peut-être aucun zèle pour notre propre sanctification ! Ah ! Humilions-nous profondément au sujet de notre négligence. Prenons les résolutions que les exemples de zèle de saint Martin doivent nous inspirer et prions ce grand Saint de nous obtenir de Dieu la grâce d'en mettre au moins quelques–unes en pratique, suivant les occasions qui s'en présenteront.



Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

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HUITIEME JOUR.


De la charité de saint Martin.

Premier point :

Adorons Notre Seigneur Jésus-Christ qui, comme dit l'apôtre saint Pierre, est passé sur la terre en faisant du bien partout. En effet, indépendamment du bienfait inestimable et général de notre rédemption, qu'il a opérée au prix de tout son sang, sa vie mortelle est toute remplie des bienfaits qu'il a accordés aux malheureux. D'abord, il a annoncé son Evangile aux pauvres, suivant la prophétie d'Isaïe; il a rendu la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds , la parole aux muets ; il a ressuscité les morts et guéri toute sorte de maladies; il a délivré les possédés du démon; il a multiplié miraculeusement les pains plutôt que de laisser souffrir la multitude de peuple qui le suivait ; il a enduré enfin toute sorte de fatigues et de peines pour chercher les brebis égarées de la maison d'Israël et les ramener au bercail. Oh ! que l'apôtre saint Paul avait bien raison de s'écrier, dans un saint transport : Charitas Christi urget nos, la charité de Jésus-Christ nous presse ! Nous tombons accablés sous le poids des bienfaits de l'amour de Dieu. Ne soyons pas étonnés que ce saint Apôtre, pour répondre à l'amour de son divin maître, se soit à son tour livré à mille travaux et à mille dangers pour l'amour de ses frères , qu'il ait traversé les mers et passé rapidement d'Orient en Occident et d'Occident en Orient, pour porter des secours à des malheureux, et qu'après avoir dit que, non content d'avoir dépensé tout ce qu'il avait, il était prêt à se donner lui-même par amour pour eux, il soit allé jusqu'à vouloir être anathème pour ses frères. Aussi saint Jean Chrysostôme hors de lui-même en contemplant les actes héroïques de la charité de saint Paul , s'écriait avec un saint enthousiasme : Combien je souhaiterais voir la cendre de ce coeur que l'on pourrait appeler le coeur du monde entier ; puisque, dans les saintes effusions de sa charité, il embrassait tous les peuples et toutes les contrées de l'univers ; de ce coeur qui vivait, non plus d'une vie humaine, mais de la vie même de Jésus-Christ ; de ce coeur enfin qu'on pourrait appeler un autre coeur de Jésus-Christ ; cor Pauli, cor erat Christi.

Rendons mille actions de grâces à Notre Seigneur pour la charité qu'il a eue pour nous et pour celle qu'il a inspirée à ses Saints, et voyons, dans le second point, quelle a été en particulier celle de saint Martin de Tours.


Second point :

Nous avons déjà vu un trait éclatant de la charité de saint Martin, lorsque, à la porte d'Amiens, il aperçut un pauvre demi-nu, qui demandait l'aumône aux passants. Voyant que ceux qui le précédaient n'avaient pas regardé ce malheureux, il crut que Dieu le lui avait réservé; mais il avait déjà distribué tout ce qu'il avait, et il ne lui restait plus que ses armes et ses vêtements. Que faire? Il ne délibère pas longtemps : il coupe son manteau en deux il en donne la moitié au pauvre et s'enveloppe, comme il peut, de l'autre moitié. Mais, ô miracle ! la nuit suivante, notre divin Sauveur, qui a dit dans l'Évangile qu'un verre d'eau donné à un pauvre ne demeurera pas sans récompense, apparait à Martin , couvert de cette moitié de manteau , et, s'adressant à une troupe d'anges qui l'environnent, leur fait entendre ces paroles : Martin, qui n'est encore que catéchumène, m'a couvert de ce vêtement.

Depuis cette vision, la charité de Martin prit chaque jour de nouveaux accroissements. Mais ce fut surtout depuis son élévation sur le siége de Tours que cette vertu brilla avec éclat dans le saint Evêque. Que de courses dans toute l'étendue de son diocèse pour instruire les ignorants, consoler les affligés, et secourir toutes les infortunes Malgré son amour pour la retraite et son éloignement pour le grand monde, que de voyages à la cour des empereurs pour solliciter la grâce des malheureux condamnés à mort ! Que de rebuts et d'avanies n'essuya-t-il pas pour réussir dans ces entreprises? N'imita-t-il pas la charité de saint Paul, qui voulait être anathème pour ses frères, lorsque, pour obtenir la grâce de quelques personnes condamnées à mort, il alla jusqu'à communiquer avec les Ithaciens, et s'exposer à être privé de la faveur que Dieu lui avait accordée, d'opérer des miracles ? 0 charité apostolique, à quels saints excès n'as-tu pas porté saint Martin ! que de mérites ne lui donna-t-elle pas auprès de Dieu ! Aussi, la diminution de la faveur céleste d'opérer des miracles, que saint Martin attribuait à cet excès de condescendance, ne fut-elle pas de longue durée, et Dieu continua à honorer son serviteur du pouvoir de commander à la nature, par la résurrection de plusieurs morts, et par une foule d'autres miracles qui l'ont fait appeler le Thaumaturge des Gaules, au Veme siècle (1).

Concevons une grande estime pour cette vertu, qui fait le caractère des élus de Dieu. Soyons miséricordieux et bienfaisants. Ne perdons jamais de vue qu'un jugement favorable ou funeste nous attend au dernier jour, suivant que nous aurons accompli ou non les œuvres de miséricorde et de charité. Humilions-nous si par le passé nous avons manqué à ces devoirs de la justice chrétienne ; prévoyons les occasions où nous pourrons accomplir ces devoirs à l'avenir, et prenons la résolution de les accomplir fidèlement.

(1) Les historiens de sa vie rapportent particulièrement le miracle d'un globe de feu qui parut sur la tête du saint Pontife. pendant qu'il célébrait les saints mystères, et que l'on regarde comme un signe miraculeux de la charité ardente dont son coeur n'avait pas cessé d'être embrasé.


Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.

Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.

Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

Ainsi soit-il.
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Laetitia
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Re: Neuvaine à Saint Martin

Message par Laetitia »

NEUVIEME JOUR.



Mort de Saint Martin.

Premier point :

Aux yeux de l'homme, la mort est horrible; aux yeux de la foi, elle est consolante, digne même de tous nos désirs. La mort est terrible pour les pécheurs, car elle termine pour eux un passé qui désole; elle les tient dans un présent qui les accable; elle ouvre devant eux un avenir qui les désespère. Mais pour les Saints, elle est toute belle tout aimable, la mort; pour les Justes, elle est précieuse, dit saint Bernard, comme étant le terme de leurs travaux, la consommation de la victoire, la porte de la vie.

Qu'est-elle, en effet, la vie, qu'une longue misère? — L'homme vit peu de temps, dit Job, et sa vie est pleine de tourments. Et qu'est-ce que vivre, s'écriait saint Augustin, qu'est-ce que vivre, sinon souffrir ? Oh ! non, dit un autre Père, la vie d'ici-bas n'est pas un repos, c'est un travail, et par nos fatigues incessantes seulement nous méritons la vie éternelle. Aussi, disait l'apôtre saint Jean, heureux ceux qui meurent dans le Seigneur .......car ils se reposent de leurs travaux. Leur mort n'est qu'un sommeil, une douce quiétude dans les bras de Jésus. In pace in idipsum dormiam et requiescam.

Mais encore, quelle douloureuse angoisse que la vie? C'est un combat incessant. Le
chrétien, soldat du Christ, doit être toujours en armes; toujours, il est en face de ses ennemis; toujours, en guerre ouverte avec l'enfer; à tout moment, exposé à perdre son âme et son Dieu. Nous sommes entourés de piéges, dit un Père, nous marchons au milieu des embûches =, et ne devons-nous pas voir dans la mort l'asile protecteur de notre faiblesse, le rempart qui pare les coups de nos ennemis, le sûr garant que le laurier de nos victoires ne se flétrira pas dans nos mains ? Aussi pouvons-nous nous écrier avec l'apôtre : Qui me délivrera de ce corps de mort ? Oh ! oui, la vie m'est à charge et la mort m'est devenue un gain : Mihi ..... mori lucrum.

Tant que nous vivons, dit saint Paul, nous sommes loin du Seigneur; pour nous approcher de lui, il faut sortir de cette vie et la porte de la vie nouvelle, c'est la mort dit saint Bernard. O mort, ô ma soeur, disait saint Jérôme, si tu ne m'ouvres la porte je ne pourrai jouir de mon Seigneur ! Je brûle, disait saint Paul, de voir mon corps se dissoudre pour aller jouir de mon Jésus, qui est la vérité et la vie. Heureuse mort, pouvons‑nous dire, nous aussi, avec saint Ambroise, je vous bénis, car vous êtes le tombeau de nos vices, et, pour notre âme, le passage à l'indéfectible vie!


Second point :

Voilà la mort telle que les Saints l'ont comprise, et faut-il s'étonner qu'elle ait fait l'objet constant de leurs désirs ? Saint Martin infatigable ne l'a pas vue différemment; aussi n'a–t–il jamais su la craindre. Apôtre généreux et infatigable de Jésus-Christ, n'avait-il pas le droit, lui aussi, de ne voir dans la mort que la fin de ses travaux et de ses sacrifices ?

Il était déjà chargé d'années et de mérites; Dieu lui avait fait connaître que bientôt il l'appellerait à lui, et, comme saint Paul, il avait pu dire à ses disciples : « Voilà que je décline de jour en jour et le temps de ma mort approche. » Déjà même l'affaiblissement de ses forces lui faisait pressentir que l'heure allait sonner, où il paraîtrait devant son Dieu. Et cependant il ne laisse pas d'entreprendre un pénible voyage que les devoirs de sa charge et le bien des âmes lui imposent. Il se rend à Cande, paroisse située à l'extrémité de son diocèse, où une funeste division aigrissait des coeurs que la charité seule aurait dû remplir; mais, ô puissance de l'homme juste sur les âmes ! La concorde et la paix y arrivent avec lui. Ne devait-il pas dès-lors regarder ce nouvel acte de dévouement comme le couron­nement des ses fatigues et la consommation de ses vertus ? Ne pouvait-il pas dire aussi comme l'Apôtre : « J'ai bien combattu; j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi ; il ne me reste qu'à attendre la couronne de justice qui m'est réservée, et que le Seigneur, comme un juste juge, me donnera en ce grand jour ? » Martin se préparait à revenir à Tours, quand il se vit atteint d'une maladie aiguë qui lui enleva en un instant toutes ses forces. Il fit alors assembler ses disciples, compagnons de son voyage, et leur dit qu'il allait les quitter. A ces mots, ce fut autour de lui des sanglots, des gémissements et des larmes. Quels assauts pour son âme ! Fort du secours de Dieu, il avait tant de fois guéri les infirmes, rendu la vie aux morts; ses disciples le savaient, ils avaient été les témoins de ses prodiges, et ils font un appel à son coeur : « Père, lui disent‑ ils, vous quittez vos enfants ? vous les laissez orphelins et désolés , et les loups ravissants ne disperseront-ils pas le troupeau lorsque le pasteur ne sera plus là pour le défendre ? Vous désirez J.-C., mais pourrez-vous jamais le perdre ? Votre récompense pour être différée n'en sera pas moins certaine; de grâce, prenez pitié de vos enfants et ne les abandonnez pas. » Le Saint entend ces paroles, ces soupirs, ces regrets; son coeur en est ému, il mêle ses larmes à celles de ses disciples; et levant les yeux au ciel : « Seigneur, s'écrie-t-il, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse pas le travail; que votre volonté soit faite. » Flottant entre deux amours, il ne savait plus ce qu'il voulait. Son coeur souffrait du délaissement de ses disciples, il souffrait violemment aussi d'une plus longue séparation de son Dieu. Et quel combat pour un cœur que le divin amour possède ! Couché sur la cendre et le cilice, Martin priait comme le plus grand des coupables. Ses disciples lui ayant offert de mettre un peu de paille. « Un chrétien ne doit mourir que sur la cendre, répondit-il, et malheur à moi si je vous donnais un autre exemple. » Comme on lui proposait de le tourner de l'autre côté pour alléger ses douleurs : « Laissez, dit-il, que je regarde le ciel plutôt que la terre, afin que mon âme se prépare à prendre son vol vers le Seigneur dont elle veut jouir. » Le démon lui apparut pour l'effrayer; mais Martin, qui tant de fois l'avait chassé du coeur des autres : « Que fais-tu donc ici, cruelle bête ? lui dit-il, ne sais-tu pas , infâme, qu'il n'y a rien en moi qui puisse t'appartenir ? Déjà je vois ouvert le sein d'Abraham, qui va me recevoir. » Sa bouche murmurait ces dernières paroles d'espérance sur la terre, et déjà son âme était au ciel.

Ainsi mourut saint Martin, de cette mort précieuse qui n'est ici-bas que le terme posé à nos douleurs, la consommation de nos victoires, le passage à une meilleure vie. Quelle est heureuse la mort de cet auguste Saint s'endormant dans le Seigneur ! Autour de son corps glorieux, que les peuples se disputaient comme un trésor, sachons recueillir nous-mêmes des leçons de sagesse. Qui de nous ne voudrait mourir de cette mort des Justes ? Mais qui de nous s'applique à vivre de la vie des Justes ? Le juste vit de la foi, dit l'Ecriture, et c'est cette foi qui l'anime, qui forme aussi en lui ses pensées, ses sentiments, qui inspire ses oeuvres; c'est par là que sa vie est sainte, et que sa mort aussi est sainte comme sa vie. Vivons nous-mêmes de cette vie de foi qui rendra saintes toutes nos actions; et n'oublions pas que, tel l'homme a été dans la vie, tel il entre dans la maison de son Eternité. — Amen.


LITANIES EN L'HONNEUR DE SAINT MARTIN, Évêque de Tours.


Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Dieu le Père, des cieux où vous êtes assis, ayez pitié de nous.
Dieu le Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.
Dieu le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.
Saint Martin, priez pour nous.
Généreux soldat de Jésus-Christ, priez pour nous.
Parfait modèle des guerriers, priez pour nous.
Vous, qui avez su mépriser les biens et les plaisirs du monde, priez pour nous.
Vous, qui, n'étant encore que catéchumène, vous êtes dépouillé d'une partie de vos vêtements pour en couvrir le pauvre, priez pour nous.
Vous, qui avez si bien prêché par votre exemple l'humilité et la douceur, priez pour nous. Vous, qui fûtes un modèle de sobriété et d'abstinence, priez pour nous.
Vous, qui supportiez les injures avec tant de patience, priez pour nous.
Vous, qui montrâtes toujours tant de réserve lorsqu'il s'agissait de juger du prochain, priez pour nous.
Vous, qui ne parliez que de J.-C., qui ne recommandiez rien tant que la paix et la charité, priez pour nous.
Homme d'oraison, priez pour nous.
Vous, dont la charité était si ardente, priez pour nous.
Vous, qui soupiriez après le martyre, priez pour nous.
Vous, qui étiez si ami de la pauvreté, priez pour nous.
Vous, qui étiez le consolateur des affligés, priez pour nous.
Vous, qui étiez le défenseur des opprimés, priez pour nous.
Homme vraiment apostolique, priez pour nous.
Vous, qui avez opéré tant de merveilles, priez pour nous.
Vous, à qui des anges apparurent sous une forme sensible, priez pour nous.
Gloire du sacerdoce, priez pour nous.
Excellent pontife, priez pour nous.
Vous, qui fîtes la joie et le bonheur de l'Église, priez pour nous.
Vous, qui sûtes allier les exercices de la vie solitaire avec les fonctions de l'épiscopat, priez pour nous.
Pasteur de la province de Tours, priez pour nous.
Vous, qui fûtes dans les Gaules ce que fut Saint Paul dans la Grèce, priez pour nous.
Vous, dont la tête parut surmontée d'un globe de feu pendant que vous offriez le saint sacrifice, priez pour nous.
Vous, qui portiez la paix partout où vous alliez, priez pour nous.
Vous, qui avez ressuscité des morts, priez pour nous.
Vous, qui avez renversé tant d'idoles, priez pour nous.
Vous, qui étiez la terreur des démons, priez pour nous.
Défenseur de la foi catholique, priez pour nous.
Confesseur du dogme de la Très-Sainte Trinité, priez pour nous.
Vous, à qui la ville de Tours fut plusieurs fois redevable d'avoir été sauvée de la fureur de ses ennemis, priez pour nous.
Vous, qui fûtes honoré du don de prophétie, priez pour nous.
Vous, à qui les reliques de saint Gratien furent miraculeusement découvertes, priez pour nous.
Zélé prédicateur de l'Evangile, priez pour nous.
Homme puissant en oeuvres et en paroles, priez pour nous.
Vous, dont le nom et la sainteté sont connus de toute la terre, priez pour nous.
Vous, qui meniez ici-bas une vie angélique, priez pour nous.
Vous, qui ne vous êtes jamais refusé au travail, priez pour nous.
Vous, qui avez montré jusqu'à la mort une entière soumission à la sainte volonté de Dieu, priez pour nous.
Vous, qui avez connu longtemps d'avance le terme de votre vie, priez pour nous.
Vous, en qui l'ennemi du salut ne trouva rien qui lui appartint, priez pour nous.
Vous, qui avez été reçu dans le sein d'Abraham, priez pour nous.
Vous, dont le visage, après votre mort, parut tout éclatant de lumière, priez pour nous.
Vous, dont le tombeau a été illustré par tant de miracles,
Vous, dont le sépulcre est glorieux, priez pour nous.
Vous, dont la vie et la mort sont admirables, priez pour nous.
Vous, dont les funérailles ressemblaient à une sorte de triomphe, priez pour nous.
Vous, qui régnez maintenant avec notre Seigneur J.-C., priez pour nous.
Vous, qui êtes la joie de l'Église de J.-C., priez pour nous.
Vous, qui du haut du Ciel vous intéressez particulièrement à votre troupeau, priez pour nous.
Glorieux patron de cette paroisse, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.
Christ, écoutez-nous. Christ, exaucez-nous.



Prière à Saint Martin.

Grand Saint Martin, du sein de l'éternelle félicité, où, depuis près de quinze siècles, vous jouissez de la récompense dont Dieu couronne les vertus, qui ont fait de vous le modèle parfait des vrais chrétiens, des pieux Solitaires et des plus glorieux Pontifes dont s'honore l'antique église des Gaules, jetez les yeux, je vous en conjure sur cette paroisse, qui vous est dédiée et qui se félicite de vous avoir pour son glorieux patron.
Héritiers de la foi de nos pères, nous nous trouvons heureux de pouvoir perpétuer, parmi nous, le culte qu'ils ont rendu à vos vertus, et d'invoquer cette puissante protection que vous n'avez cessé de faire éclater, dans le cours des siècles, en faveur de ceux qui ont eu recours à vous.
Daignez donc, grand Saint, intercéder pour nous auprès de Dieu. Obtenez-nous l'esprit de foi qui vous dirigeait dans toutes vos actions; le feu de la charité qui vous rendait, en quelque sorte, la Providence de tous les malheureux ; l'amour de la chasteté qui vous fit mener, sur la terre, une vie presque angélique, ainsi que l'humilité, la mortification, par lesquelles vous conservâtes cette vertu si belle. Obtenez-nous surtout la conservation de la foi catholique dans notre commune patrie, afin qu'éclairés par son flambeau lumineux, nous puissions, en remplissant fidèlement les devoirs qu'elle nous impose, jouir, dès ce monde, des bienfaits sans nombre dont elle est la source, et mériter la suprême félicité qu'elle nous montre, dans la vie à venir, comme la juste récompense de nos vertus dans celle-ci.

Ainsi soit-il.
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Abbé Zins
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Re: Neuvaine à Saint Martin

Message par Abbé Zins »

Merci à Laetitia pour cette riche neuvaine à Saint Martin qui allie si bien, comme il se doit en une prière digne de ce nom, les belles récitations vocales aux profondes méditations mentales.

L'auteur fait remarquablement bien passer de l'honneur rendu à Dieu, aux édifiants exemples de la vie de Saint Martin et aux leçons que nous devons en tirer pour les imiter à notre niveau en notre propre vie.

Ceci rappelle divers textes des Pères, dont Saint Jean Chrysostome et Saint Bernard, qui expliquent que nous ne devons pas nous contenter de louer les Saints mais encore nous appliquer à imiter et exercer leurs vertus.
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